L’odyssée de Zarouny (Vargala 3) – 29 –Le Kiribati par Nicolas Solovionni
Paavo Aaven
Revenons un peu en arrière. Les autorités de Novassa ont sommé le capitaine Aaven de quitter illico presto la planète sous le prétexte qu’ils y avaient fait débarquer des espions. Ces prétendus espions ce sont Zarouny de retour de mission et Morgan travesti en femme. Ces derniers avaient disparu de la circulation après leur débarquement, mais la version officielle les prétendait fusillés après un procès expéditif
Le capitaine Paavo Aaven avait la rage au cœur. La perte de Morgan l’affectait bien plus que ce qu’il aurait cru. S’il criait à qui voulait bien l’entendre son désir de vengeance, il avait néanmoins autre chose de plus urgent à penser pour le moment.
Aaven restait le seul technicien à bord, et n’envisageait de reprendre le chemin de l’espace profond qu’en dernière extrémité.
Il fit donc un tour complet de la planète avant de survoler de nouveau le territoire contrôlé par les novassiennes.
Il réunit rapidement ce qui restait de l’équipage ainsi que ses turbulentes et aguichantes passagères dans le mess.
– Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, j’ai plusieurs tristes nouvelles à vous annoncer.
– Ils ont tué Morgan ? Demanda Tatiana qui devait avoir l’oreille qui traînait quand le capitaine conversait avec les autorités portuaires.
– C’est ce que m’a annoncé la capitainerie. Morgan et Zarouny ont été capturé et passé par les armes.
– Zarouny aussi ! S’exclame Sovona.
– Oui, ils l’ont accusé d’espionnage, et comme on est considéré comme complices, et bien, ils nous ont expulsé manu-militari sans que nous ayons la possibilité de nous affréter. Mais ce n’est pas le plus grave, Morgan et Tambu n’étant plus là, je n’ai plus d’équipe technique. Donc on va se poser et attendre Tambu.
Il se posa à 800 kilomètres au sud de la capitale.
Au cas fort probable où les autorités l’auraient repéré, il enregistra un message de détresse en boucle. « Vaisseau en avarie, nous repartons dès que possible », puis tenta de joindre Tambu, l’un des officiers non réembarqués.
Ce dernier ne répondait pas et ses acolytes pas davantage.
« Ils roupillent dans un coin, où ils sont ronds comme des queues de pelles, où ils sont en train de baiser comme des lapins… en espérant que ce ne soit pas pire… »
Ce n’est qu’après une demi-journée complète que Tambu consentit à répondre.
– Comment ça, le Kiribati a décollé ?
– On a eu une sommation ! Cette planète est gouvernée par des vraies folles, elles ont fusillé Morgan et sa passagère.
– Quoi ?
– Ben oui, on s’est posé à 800 km de Novassa-city, vous pouvez vous débrouiller pour nous rejoindre.
– Attendez ! 800 kilomètres ! On fait comment.
– Faut sortir de l’astroport, voler un véhicule et rouler.
– Bon je vais voir, on se rappelle.
Le petit groupe de laisser pour compte se réunit autour de Tambu.
– On ne va pas prendre des risques pareils, ces cinglées se mettent à fusiller tout le monde. On va attendre gentiment qu’un vaisseau atterrisse et on proposera nos services…
– On est six !
– On tirera au sort l’ordre de départ.
– Qu’est-ce qu’on va dire à Aaven ?
– Qu’il ne nous attende pas !
– Non, on ne sait jamais, si on devait rester coincé ici, ce serait la dernière solution pour s’en sortir, on va lui dire qu’on est d’accord, puis ensuite on le fera lanterner jusqu’à ce qu’on soit tous partis d’ici.
Aaven attendit donc. Il recevait des messages sibyllins « obligé de rester caché plusieurs jours », « obligé de faire un grand détour », puis « on ne capte plus grand-chose, mais on avance »
En fait le groupe de Tambu n’allait pas très bien. Un vaisseau se posa dix jours après le décollage du Kiribati, mais n’avait besoin d’aucune personne supplémentaire à son bord. Ce qui doucha pas mal leurs espérances. Du coup chacun voulut en faire à sa tête, apprenant que l’on pouvait sortir du tarmac par son côté nord, deux hommes tentèrent leur chance. On ne les revit jamais.
Il y avait près des docks, une dizaine de clochards qui survivaient, Tambu en aborda un.
– Si tu veux te faire prendre par un vaisseau, il faut que ce soit tout de suite, moi dans l’état où je suis personne ne veut de moi… lui dit l’épave.
– Il n’y a pas un endroit où aller ?
– Les miliciennes tirent à vue sur tout mâle qui se balade en dehors des zones autorisées.
– Et il n’y a pas moyen de trouver du travail !
– Si t’étais mignon, tu pourrais faire la pute, mais t’es pas vraiment mignon.
Tambu réprima l’envie de lui mettre un pain.
– Sinon ?
– Sinon tu as l’enclave mâle, mais si tu cherches du boulot, ils vont te détruire tes papiers et tu ne pourras plus jamais revenir.
Deux autres hommes tentèrent une sortie par le nord, et ne donnèrent plus de nouvelles, un autre eut la chance de pouvoir embarquer sur un vaisseau de passage mais plusieurs semaines après, quant à Tambu il finit par venir grossir les rangs des clochards des docks.
Et pendant ce temps-là, le capitaine Aaven attendait.
A bout de six semaines, il fallut se rendre à l’évidence, Tambu ne rejoindrait jamais le vaisseau.
Tatiana avait choisi la sécurité en jetant son dévolu sur le capitaine et en devenant sa maîtresse, cela au grand dam de Sovona qui aurait bien voulu la place
L’ambiance à bord se dégradait, ça se chamaillait, chacun faisait un peu ce qu’il voulait, bref un beau bordel.
Le capitaine réunit tout le monde dans le mess, afin de faire le point.
– Plus de nouvelles de Tambu et des autres. Il va falloir qu’on se débrouille. Dans un premier temps on va se mettre en orbite autour de la planète. Si quelqu’un a des connaissances en navigation, en pilotage et en ingénierie de bord, c’est le moment de sortir du rang.
– Quand je pense que Rachel et Florentine savaient faire ! Se lamenta Sovona.
– Ben, oui, mais elles n’ont pas pris le bon vaisseau.
– J’ai fait de la reconnaissance satellite pendant deux ans. Annonça timidement Nakura, l’une des filles dont les longs cheveux bruns et soyeux et ses yeux en forme d’amande trahissait ses origines asiatiques. Ça peut aider ?
– Oui tu pourras surveiller les cadrans, je vais te faire un peu de formation accéléré. D’autres idées ? Non ? Bon, ben réfléchissez quand même et n’hésitez pas à me déranger même si ça vous semble farfelu. Je vais réfléchir à la façon dont on peut s’organiser et après on se lance.
Sovona prit Tatiana à part :
– On est mal barrée, non ? Commença-t-elle.
– Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ?
– Tu pourrais influencer le capitaine pour qu’il atterrisse de nouveau sur Novassa, mais plus près de la capitale. Une fois qu’il aura atterrit, on se casse, on essaie de regagner l’astroport et on attend qu’un vaisseau veuille nous prendre.
– Et si elles nous attrapent ? Objecta Tatiana
– C’est un risque à prendre ! Parce qu’il y aussi autre chose. Admettons qu’Aaven arrive à s’en sortir avec son vaisseau. Il n’a pas de fret, mais il a à son bord douze très belles femmes. Ça m’étonnerait qu’il ne soit pas tenté de nous revendre à un maquereau sur une planète pourrie.
– Je n’avais pas pensé à ça !
– Donc OK tu lui fais une opération « charme »
– Remarque, on pourrait y aller toute les deux ! Proposa Tatiana
– Pourquoi pas ? Attends- moi je vais chercher un petit gode, ça pourra servir.
– Qu’est-ce que vous mijotez toutes les deux ? Demanda Aaven en voyant les deux jeunes femmes pénétrer de conserve dans sa cabine.
– On a envie de faire un trio ! Répondit Tatiana, la petite brunette bronzée et frisée.
– Et ça vous prend comme ça ?
– Ben oui !
– Je vous croyais en froid toutes les deux, vous vous êtes réconciliées ?
– Nous en froid, mais où as-tu été chercher ça ? On s’adore, toutes deux ! Répondit Sovona la grande métisse.
Et histoire d’en mettre plein la vue au capitaine, cette dernière se jeta au cou de sa camarade et les deux femmes échangèrent un long baiser baveux.
– Arrêtez, vous allez me faire bander ! Fit-il mine de protester.
– Mais on en a bien l’intention ! Répondit Tatiana.
– Tu sais ce qu’on va faire ! On va se gouiner toutes les deux, tu vas nous regarder, ça va bien t’exciter et après on finira à trois.
– Vous croyez que c’est le moment de faire des trucs pareils ? Objecta le capitaine, mais uniquement pour la forme.
– Le sexe ça déstresse ! répondit Sovona. Alors d’accord, reste assis sur ta couchette, on va t’en mettre plein les mirettes.
Les deux femmes se firent face et s’embrassèrent de nouveau, mais cette fois en se pelotant tout ce que leur position laissait d’accessible. Puis elles se déshabillent mutuellement et progressivement.
Bien sûr Aaven connaissait par cœur le corps de ces deux superbes créatures, mais ne dit-on pas qu’on ne se lasse jamais des belles choses. Il commença à se tripoter frénétiquement la braguette avant de sortir tout son attirail au grand air.
– Vas-y mon biquet ! Lui dit Tatiana, mets-toi à l’aise mais reste à ta place, on n’est pas pressé.
Quand les deux filles furent en sous-vêtements, elles en profitèrent pour se peloter les fesses, puis elles retirèrent leurs culotes.
Sovona se tint alors bien droite en direction du capitaine, Tatiana se baissa lui écarta ses grandes lèvres exhibant une jolie chatte pleine de promesse.
– Oh, Que c’est beau ! S’exclama Aaven
– Derrière aussi ce n’est pas mal ! Répondit la brunette qui après avoir demandé à la métisse de se retourner lui écarta les fesses afin de dévoiler son petit trou du cul.
Evidemment, ensuite, elles intervertirent les rôles.
– Ne te branle pas trop fort, Capitaine, lui conseilla Tatiana, ce serait quand même mieux si tu jouissais avec nous.
– Vous êtes drôles, vous !
– Mets-toi tes mains derrière le dos !
– Non, c’est inhumain !
– Ce n’est pas inhumain, c’est un merveilleux supplice, après ton plaisir n’en sera que meilleur !
– Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire !
Il restait les soutien-gorge à enlever, les filles le retirèrent l’une après l’autre et très doucement en faisant durer le plaisir.
– Vous êtes vraiment des pros, toutes les deux !
– Eh ! Qu’est-ce que tu crois ? De vraies pros !
Cette fois elles sont nues toutes les deux, magie des contrastes, La peau couleur de caramel de Tatiana contre celle couleur de chocolat au lait de Sovona.
De nouveau elles sont l’une contre l’autre et se frottent poitrine contre poitrine pendant une très longue minute, puis Tatiana fait signe à sa camarade de se coucher sur le sol, elle s’accroupit ensuite sur elle, chatte contre bouche. Et c’est parti pour un joli broute minou.
– On simule on le fait pour de vrai ? Demande Sovona en chuchotant !
– Je crois que je n’aurais pas besoin de simuler, vas-y lèche moi !
Et pendant que Sovona s’active de sa langue, Tatiana déjà passablement excitée se met à se pincer les pointes de ses seins afin de faire monter plus vite son plaisir. L’affaire dure assez peu de temps. Qu’importe !
– On le rejoint ? demande Tatiana à voix basse.
– Attends, fais-moi jouir d’abord !
Inversion des rôles et c’est donc cette fois ci la brune qui travaille à faire fait jour la métisse, elle fut un peu plus longue à la détente mais son l’orgasme fut fulgurant.
Et les voilà toutes les deux qui s’approchent du capitaine, l’une à gauche, l’autre à droite. Pelotages et bisous se succèdent dans une mêlée sensuelle où les corps se confondent. Aaven renonce à prendre des initiatives devant ces deux créatures en furie, et décide de faire dans la passivité. Après tout il aime bien que l’on s’occupe de lui.
Elles ne s’occupent pas trop de sa bite, préférant le chauffer différemment, en lui pinçant les tétons ou lui introduisant un doigt dans son cul, puis en se concertant par geste, elles plongèrent vers la bite fièrement dressée, chacune y allant de sa langue le long de verge. Sovona prodigua à l’homme une fellation en règle pendant que Tatiana après lui avoir gobé les couilles faisait feuille de rose à son œillet intime.
– En place pour le final ? Sovona, à toi l’honneur ! Couche toi, il va te prendre.
– J’aurais préféré une autre position…
– Fais-moi confiance.
Sovona s’allonge de tout son long et écarte les cuisses, le capitaine Aaven la pénètre, heureux de pouvoir enfin donner libre court à sa jouissance. Et pendant qu’il besogne la jolie métisse, Tatiana lui introduit son godemichet dans l’anus, le retirant brutalement quand l’homme éjacula, doublant ainsi son plaisir.
– Bon alors maintenant qu’on t’a fait plaisir, tu vas nous écouter, on a peut-être une chance de s’en sortir, parce qu’on est des femmes, mais pour ça il faut que tu nous rapproches de l’astroport.
– Mais c’est de la folie !
– Donne nous notre chance, si on arrive à embarquer, on se fait fort d’embobiner un capitaine pour qu’il vienne te dépanner.
– Un peu aléatoire comme plan !
– Tu ne nous fais pas confiance ?
– Il faudrait affiner votre plan, on en reparle dans un moment ?
Mais un événement imprévu survint quelques heures plus tard. Le vaisseau survolait la partie de la planète non éclairée par le soleil local à cette heure de la journée.
– C’est quoi ça ? Demanda Nakura.
– Une lumière ! Répondit Aaven
– Elles auraient une base aussi loin ? C’est de l’autre côté des montagnes !
– Théoriquement toute la planète leur appartient, non ?
– Je ne sais pas, je me renseigne, un gars de l’équipage disait l’autre fois qu’il y avait d’autres habitants…
Nakura consulta les bases de données en sa possession.
– La reconnaissance de l’indépendance de Novassa n’a été accepté par la Terre que de facto. Le territoire qui leur est normalement attribué c’est uniquement celui-ci même si elles revendiquent toutes la planète. Avant que ces femmes débarquent, il y aurait eu une implantation sauvage.
Nakura chargea une carte de la planète sur l’ordinateur et la superposa sur un cliché pris par l’ordinateur de vol.
– Cette zone qui est délimitée comme ceci est sous leur contrôle direct. La zone avec les lumières c’est peut-être à elles mais elles ne la contrôlent pas.
– Mais qu’est-ce que tu en sais ?
– Mais c’est logique, elles ont déjà du mal à occuper tout cet immense territoire, qu’est-ce que tu veux qu’elles aillent foutre de l’autre côté de cette montagne ?
– Ça demande réflexion !
– Demain on pourrait orbiter plus bas, on y verra plus clair !
Et en attendant le lendemain, Nakura prévint ses collègues de sa découverte. Sovona et Tatiana se mirent d’accord pour mettre la pression sur Aaven, si l’endroit recelait une activité humaine, il fallait y atterrir.
– Mais qu’est qu’on va trouver ? Objecta Aaven, Les descendants de cette communauté ? Peut-être aussi des hommes qui se sont enfuis de l’enclave de Novassa ? Ils vont nous servir à quoi ?
– On ne sait jamais, on peut toujours aller voir !
– Aller voir quoi ?
Personne ne répondit mais quand le vaisseau passa au-dessus ils distinguèrent ce qui ressemblait à des habitations.
Aaven après un temps de réflexion finit par se ranger à l’idée.
Le journal de Jerry Rutherford
Dans la ferme où Morgan, Zarouny et Aréna avait rejoint le petit groupe de Jo Kiffer, la première nuit s’était déroulée dans le provisoire.
Le second jour, Kiffer proposa aux trois nouveaux venus de déblayer un coin de l’habitation où s’entassaient un certain nombre de saloperies afin de leur assurer davantage de confort et de commodité.
C’est au cours de cette opération que Morgan tomba sur une pile de feuilles numérotées dont la première portait la mention « journal de Jerry Rutherford’. Il y avait aussi une date. Le journal était assez ancien et remontait à 15 années en temps universel.
Morgan parcouru les feuillets, l’histoire qui y était raconté ressemblait à celle de Jo Kiffer. Un officier coincé dans l’enclave mâle avec quelques compagnons, une évasion en camion, mais il y avait un détail qui changeait tout.
« J + 21 : Ronald ne peut plus marcher, on l’a laissé avec de l’eau et de la nourriture, on ne devrait plus être loin.
J + 22 : Voilà c’est ça, ça ressemble bien à un bec de corbeau, reste à trouver la baraque.
J + 23 : On y est, on a trouvé une petite réserve de bouffe, trois gars sont parti récupérer Ronald. Trouvé la radio facilement, le gars au bout nous demande combien on est d’hommes et de femmes, quand je lui réponds qu’on est huit hommes dont un blessé, il me répond que ça ne les intéresse pas, qu’il y a déjà trop d’hommes dans leur communauté, j’essaie de discuter, le gars s’énerve et me dis de nous débrouiller pour intégrer des femmes dans notre groupe et qu’à ce moment-là, on viendra nous chercher.
La lecture des feuillets suivants montre un petit groupe en plein blues tentant malgré tout de s’organiser comme il le peut.
J + 35 : On a tenté un coup, on a refait un appel radio en disant qu’on avait trouvé sept femmes, le gars a exigé qu’elles viennent une à une au micro. On a laissé tomber.
J + 36 : on a voté, je n’ai pu les convaincre de rester là. 5 voix pour essayer de trouver un passage, 3 voix contre. Les gars qui ont voté contre décident de rester là, je resterais aussi.
Et après plus rien.
Morgan montre le journal à Kiffer.
– Elle serait où, cette radio ?
– Là-bas ! On ne s’en est jamais servi, on avait pas envie de se faire repérer…
– Vu ce qu’on vient de lire, ça vaut peut-être le coup d’essayer, non ?
– Je crois aussi !
Il fallut plusieurs tentatives avant que quelqu’un réponde.
– Oui, on vous entend, vous êtes combien ?
– Trois hommes et sept femmes, en bonne santé.
– Des vieillards ?
– Non !
– Je veux que chaque femme vienne au micro nous faire un petit bonjour, après on avisera.
Moment de perplexité, mais le groupe accepte de se plier au jeu, pour le moment, ça ne mange pas de pain.
– Bon, on vient vous chercher, il y a longtemps que personne n’a fait ce chemin, il faut qu’on s’organise, en principe dans cinq jours nous serons là. Attention on sera armé, s’il y a la moindre embrouille on n’hésitera pas à se défendre. Rappelez-nous dans une demi-heure avec pour chaque personne les tailles de pantalon et de haut, la pointure des chaussures et des gants…
– ?
– Ben oui, je suppose que vous n’avez aucun équipement pour franchir la montagne…
Effectivement, cinq robustes gaillards rejoignirent la ferme cinq jours plus tard porteurs d’équipement pour supporter le froid de la haute montagne.
Le voyage fut pénible, de grandes traversés d’étendues enneigées, des passages bordés de précipices.
Le cinquième jour, après avoir descendu le flanc de la montagne, ils furent accueillis par un vieillard de caricature se présentant d’emblée comme le chef de la communauté.
– Je m’appelle Salim. Nous vous avons aménagé un espace provisoire, ce soir les notables du village partageront leur repas avec vous. Vous avez sans doute des tas de questions, nous vous répondrons, mais avant nous vous proposons de visionner une petite vidéo qui va vous expliquer un tas de choses, mais peut-être souhaitez-vous vous reposer un peu avant ?
Le petit groupe se concerta, malgré la fatigue accumulée, le désir de savoir où ils mettaient leurs pieds l’emporta. On les accompagna jusqu’à une baraque un peu en retrait.
Un personnage bouffi de suffisance et qui ne jugea point nécessaire de se présenter lança l’enregistrement avec des gestes de grand gourou.
Le type qui avait réalisé la vidéo ne s’était pas trop fatigué. On y voyait un homme s’efforçant de sourire derrière une table nappée.
Le début avait été manifestement coupé et l’enregistrement contenait des blancs
« crac-crac, quand on a su que les tigranes allaient s’implanter, on s’est réfugié au pied de la montagne dans un campement de fortune, crac-crac », on avait des cartes satellites très précises, on a compris par où il fallait passer, mais il fallait s’équiper contre le froid, crac-crac, on n’a pas eu le temps de se préparer comme il l’aurait fallu, seulement le quart de la communauté a pu passer. Crac-crac. Après Artémise 1ère la folle, puis Artémise II, la bouchère, vint la papesse Perrine (voir épisode précédent). Les deux premières étaient des dogmatiques et des théoriciennes, celle-ci étant pragmatique et politicienne. L’importation d’hommes réduits en esclavage et parqués dans une zone réservée, c’est elle. Les premiers résultats furent catastrophiques : des révoltes furent cruellement réprimées, Perrine prit les choses en main, fit cesser la répression et attribua à l’enclave une autonomie de façade, cela permit de faire émerger des leaders dont la plupart finirent par disparaître pour être remplacés par des fantoches à sa solde. Elle s’appuya aussi sur un réseau de mouchards. Malgré tout, les résultats restaient en dessous des espérances, le rendement restait médiocre. C’est là que Perrine eut un coup de génie : Il fallait à ses hommes un espoir, elle joua sur deux tableaux, le premier se basait sur le long terme c’est à dire les clones obtenus à partir des esclaves qui seraient endoctrinés à la religion fondée par Artémise 1ère et qui leur ferait accepter leur prétendue infériorité. La seconde à court terme visait à créer la légende de l’évasion possible et de la terre promise. »
« La terre promise c’était nous ! » annonça le speaker avec emphase.
« Il fallait fournir un espoir aux esclaves, cet espoir c’était l’évasion. Les tigranes la rendirent possible, difficile mais possible. Le plan c’était d’en réussir une sur dix. Le premier groupe d’évadés non repris a été conduit jusqu’ici probablement par un mouchard, nous sommes allés les chercher à l’exception d’un d’entre eux chargé de revenir dans l’enclave afin d’annoncer la bonne nouvelle à l’ensemble des mâles et de préparer une évasion de masse… Qui n’eut jamais lieu, mais la légende était née.
Tout le monde y trouvait son compte, cela nous faisait de la main d’œuvre et du sang frais, les tigranes se débarrassaient d’éléments dangereux et redonnaient de l’espoir aux esclaves.
Crac-crac, avec les nouvelles générations, apparurent les premières dissidences chez les tigranes. Crac-crac, la légende du refuge se propagea. Crac-crac, la papesse était trop contente de s’en débarrasser, d’autant qu’étant coincées de l’autre côté de la montagne, elles ne pouvaient plus constituer une base de résistance efficace. »
De nouveau l’orateur enregistré prit un air solennel.
« Voilà ce qu’il vous fallait savoir, ici vous êtes libres, la seule chose que nous vous demandons en échange de cette liberté retrouvée c’est de contribuer à la prospérité et à la pérennité de notre communauté, les hommes en travaillant, les femmes en nous donnant des enfants.
– Des questions ?
Il n’y en eut pas, la dernière phrase enregistrée avait laissé les femmes du groupe complètement abasourdies. Non pas par la perspective, somme toute logique de devoir travailler mais par celle d’enfanter, cet acte étant présenté implicitement comme un devoir voire une obligation. Or les femmes de Novassa étaient censées être stérilisées dès la naissance. Quelque chose clochait !
– On aimerait parler un peu entre nous ! Finit par dire Kiffer.
– Ma présence vous gêne ? S’irrita le gourou.
– Oui !
– Et bien, il vous faudra faire avec. Nous vous avons dit qui nous sommes, à vous de nous dire qui vous êtes ! Mais rien ne nous obligera à vous croire, nous avons le droit de protéger notre communauté. Pendant une période probatoire, vous serez dispersés.
Morgan s’apprêtait à protester, il ne vit pas Kiffer qui s’était discrètement concerté par gestes avec Enrique sauter sur le gourou et le maîtriser, il fut ensuite ligoté et bâillonné avec ses vêtements. Le groupe put alors se concerter.
– On ne reste pas ici, c’est des dingues, on va descendre plus bas, et on garde ce pitre en otage.
Un joli brouhaha s’en suivit, mais grosso-modo tout le monde fut d’accord.
Morgan sortit le premier, constata avec surprise que la voie était libre, l’otage maintenu par les deux hommes, puis les femmes sortirent à leur tour et dévalèrent le talus boisé qui se trouvait à proximité. Au bout de trois cents mètres ils parvinrent sur une sorte de faux plat.
– Un vaisseau ! S’écria Kiffer.
– Qu’est-ce qu’il fout là ?
– Il est abandonné ?
– On dirait… On dirait… On dirait le Kiribati ! Balbutia Morgan se demandant s’il n’était pas en train d’halluciner.
– On va voir !
– De toute façon, on est obligé de passer devant.
Il s’agissait bien du Kiribati, il était posé normalement et ne montrait aucun signe extérieur d’avarie.
– Y’a du monde là-dedans ou pas ?
Enrique fit alors le geste dérisoire de cogner sur la coque. Personne ne l’entendrait, bien sûr.
– Y’a personne devant leurs écrans ? S’énerva Kiffer.
– L’écoutille de secours ! Proposa Morgan.
– Faut un outil…
– Pas la peine, si on la tripote de trop, ça va déclencher une alarme, s’il y a quelqu’un, ils viendront voir. Il faudrait quelque chose de métallique.
– Une boucle de ceinture ?
– Parfait. Et un gros caillou !
Morgan repéra le cache de l’écoutille, plaça l’aiguillon de la ceinture à l’endroit de l’encoignure puis tapa dessus avec le caillou.
La sono extérieure du vaisseau ne tarda pas à donner de la voix.
– C’est quoi ce bordel ?
Morgan s’écarta de façon à se faire reconnaître par les caméras du vaisseau.
– Morgan, c’est toi ?
L’intéressé fit comprendre par gestes qu’effectivement, c’était bien lui et que tout allait bien.
Le sas s’ouvrit, Aaven sortit armé jusqu’aux dents et vérifia que tout allait bien.
– Faut qu’on rentre dans le vaisseau, on s’est enfuit du village. Indiqua Morgan.
– Attendez…
– On va tout t’expliquer…
– Et lui, c’est qui ? Demanda Aaven en désignant l’homme ligoté.
– Un otage, je suppose qu’on ne va plus en avoir besoin.
On relâcha donc l’individu et il se passa ce qui se passe toujours en pareil cas, tout le monde veut connaître l’histoire de l’autre et comme on ne raconte rien dans l’ordre chronologique, personne ne comprend plus rien.
D’autant qu’en pleines tentatives d’explications Sovona, Tatiana et les autres filles vinrent embrasser chaleureusement Morgan et Zarouny.
– On vous croyait morts !
– On a failli, on a eu de la chance…
Cette fois il put raconter…
– Ces deux messieurs sont des astronautes qui ont été capturés, les filles sont des dissidentes…
– Et toi qu’est-ce que tu fous là ?
– On a vu de la lumière on a atterri.
Aaven raconta, l’injonction de décoller alors que les techniciens étaient en bordée, l’atterrissage au sud du pays dans l’attente que ceux-ci les rejoignent, ce qui n’arriva jamais, la lumière derrière les montagnes…
– Quand on a atterri ici, les types se sont montrés plutôt méfiants, on leur a simplement dit qu’on avait une avarie et qu’on s’était posé le temps de réparer. On en a aussi profité pour faire quelques échanges. On leur a refilé des fringues, des trucs pour la cuisine, des gadgets, en échange on a monté des vivres…ça tombe bien parce que sinon, je me demande comment on aurait fait pour nourrir tout le monde…
…Il fallait voir de quelles façons ces types regardaient nos nanas ! Je me suis dit que la situation pouvait devenir dangereuse. A ce point que quand ils nous ont proposé de nous offrir un banquet, j’ai refusé, on ne sait jamais ce qu’ils peuvent nous faire avaler ! J’ai donc interdit aux filles de sortir. J’ai organisé les trocs pratiquement seul. J’ai quand même réussi à sympathisé un peu avec Salim, leur vieux chef, il m’a projeté un film qui explique pas mal de choses sur l’origine de cette communauté, mais pas tout…
…Le vieux, je l’ai fait monter à bord et je l’ai un peu fait boire, il est devenu bavard. Il m’a expliqué le problème dans sa communauté : il n’y a pas assez de femmes….
Quelqu’un vint interrompre Aaven.
– Capitaine, ça s’agite dehors !
L’écran de contrôle renvoyait l’image d’une centaine d’individus très énervés armées de gourdins de fortunes, certains lançaient des cailloux sur le vaisseau.
– J’espère qu’ils n’ont pas d’explosifs !
– Ça n’a pas l’air, ils ne présentent aucun danger.
– Il y en a un qui a l’air de vouloir nous dire quelque chose, on met l’ampli ?
– Recommencez et parlez plus fort, on n’a rien compris.
– Le groupe que nous sommes allés chercher nous appartient, demandez-leur de descendre.
– Certainement pas !
– Nous avons beaucoup investi pour sauver ces gens, au détriment d’autres tâches. Voilà une drôle de façon de nous remercier.
– Merde ! Conclut trivialement Aaven en coupant la communication. Dommage que le vaisseau ne soit pas armé, j’aurais volontiers pulvérisé cette racaille.
Morgan fut stupéfait de cet accès de violence verbale auquel il n’était pas habitué.
– Ce sont des criminels, je vous expliquerais, mais pour l’instant, il y a plus urgent, il ne faudrait pas que ces abrutis reviennent avec des machins qui pourraient abîmer le vaisseau, on va décoller. Morgan tu peux reprendre ton poste ?
– Euh, oui ! j’aurais voulu me reposer, on est tous crevé… Mais bon…
– Je vais prendre la barre. Vous deux, vous aller nous assister ! Ajouta-t-il à l’attention de Kiffer et d’Enrique.
– Quel cap ? Demanda Morgan.
– On va orbiter un tout petit peu le temps de faire un petit briefing et de vous permettre de vous reposer et après on verra. Début du compte à rebours, tout le monde derrière les écrans.
Une fois en orbite, et après que le groupe de rescapé eut pu récupérer, Aaven poursuivit son récit en présence du groupe de nouveaux venus :
– Le vieux a du mal avec les dates, la chronologie, tout ça, mais en gros il faut savoir deux choses. La plupart des femmes qui ont atteint ce village ne sont pas restées. Ces mecs cherchaient des pondeuses. On ne passe pas du jour au lendemain du stade de tigrane même dissidente à celui de mère de famille nombreuse potentielle. Où sont parties ces femmes ? Ont-elles au moins survécu, on n’en sait rien. J’ai cru comprendre que certaines étaient retenues prisonnières. Mais il y a pire comme ces types ne souhaitent pas aggraver la disproportion entre hommes et femmes, ils ont cessé de secourir tous les groupes d’hommes seuls. Mais je ne vous ai pas encore dit le pire. Leur intérêt est qu’aucun groupe ne s’incruste dans le refuge…
– Le refuge où on les a contactés par radio ?
– Oui ! Afin de le laisser libre si un groupe avec une majorité de femmes y parviendrait. S’ils reçoivent un signal d’un groupe d’hommes, ils les envoient sur une fausse piste, une passe en montagne plus au sud, longue et dangereuse, les gars engagés là-dedans ne survivent pas.
– La chance qu’on a eu ! Commenta simplement Morgan en enlaçant tendrement Zarouny dans ses bras.
– Il y a un truc qui m’échappe ! Comment ses types peuvent-il se débrouiller pour faire faires des enfants aux dissidentes, on est toute stériles, non ?
– J’ai bien l’impression qu’on ne l’est plus depuis longtemps. Répondit Arena. On a eu des cas de femmes enceintes, on a parlé d’anomalies dans la stérilisation, et on a plus ou moins étouffés ces affaires-là ! Ne pas stériliser c’est faire de sacrées économies au budget de l’état, c’est aussi simple que ça !
– Merde ! Répondit Zarouny ! J’espère que personne ne m’a engrossé !
– Ça se gère, reprit Aaven, mais pour l’instant :si quelqu’un veut redescendre sur la planète, on peut encore, sinon on met le cap sur Vargala.
– C’est quoi Vargala ? Demanda Aréna.
– Une planète assez mal famée, mais c’est mon port d’attache, pour certaines d’entre-vous, ce sera juste une escale, on aura le temps d’en reparler.
– Sans argent, elles vont faire comment ? Objecta Tatiana.
– Je les aiderais ! Répondit Kiffer, on leur doit bien ça, sans elles on serait morts.
– J’allais dire à peu près la même chose, ajouta Morgan, mais dis-moi, Aaven, pourquoi tu es resté tant de temps dans ce coin paumé ?
– Je n’avais plus de technicien, alors je faisais de la formation accélérée à ces charmantes demoiselles !
– Ah ?
– Bon vous voulez vous concerter ?
– Non, on se casse de cette planète ! Dit quelqu’un.
– Pas de regret, parce que si quelqu’un veut revenir, ça ne sera plus évident. Personne ? Tout le monde à son poste, on s’arrache de l’orbite, saut dans l’hyperespace dans deux heures, direction Vargala.
A suivre
C’est chaud, c’est bon !
Quelle imagination ! J’en suis tout excité
C’est très émoustillant un trio avec une blackette
C’est chaud, coco !
On notera le progrès : Sur les vaisseaux à voile, les femmes étaient interdites de présence au prétexte que ça portait malheur. Dans les vaisseaux spatiaux, les femmes sont les bienvenues. Heureusement qu’on est là, hein les mecs ?
J’avais raté ce chapitre ! Sa lecture m’a bien émoustillé !
Ça me fait bander de lire ça !
C’est terrible la nique dans les sputniks
Un petit trio pour la route (des étoiles, bien sûr !)
Les fusées spatiales c’est un peu comme les bateaux, entre deux ports, ça baise, sauf que les bateaux c’est pas mixte, les vaisseaux spatiaux c’est mixte
Passionnant et excitant. Vraiment une bonne saga
Dans ce chapitre, l’action est essentiellement privilégiée mais le passage érotico-porno est de fort belle facture (et magnifiquement illustré)
Super!! quel rebondissement!! L’expression: le monde est vraiment petit se vérifie.