8 – Mylène
Mylène
Mylène est persuadée que son interlocutrice lui cache quelque chose d’essentiel.
« Son histoire ne tient pas debout : La copine cachée d’un vieux monsieur dont elle ne connaît même pas le nom, et qui se trouve dans l’arrière-boutique juste au moment où Darousse intervient, Pfff ! Et puis qu’est-ce qu’elle a à me regarder comme ça ? »
– Il y a autre chose que vous pourriez me dire qui fasse avancer mon enquête ?
– Je ne vois pas, non !
– A part sa boutique de salles de bain, il a d’autres affaires ?
– Je l’ignore !
– Il ne vous a jamais parlé d’intérêts qu’il pourrait avoir dans l’agro-alimentaire ?
– Non, je vous dis : je ne sais pas grand-chose de lui.
La question de trop ! J’en ai marre. Mylène me sent excédée, je cherche dans mon portefeuille, je vais comme pour payer et partir.
– C’est fini, je ne vous pose plus de questions, soyez rassurée. Lance Mylène voulant rattraper le coup.
– Je suis désolée de ne vous avoir rien appris !
– Ce sont des choses qui arrivent quand on mène une enquête, mais pourquoi avoir accepté de me rencontrer ?
– Par politesse, et puis j’ignorais ce que vous vouliez me demander.
« Encore ce regard ! Elle me bouffe des yeux ! Elle doit être à moitié gouine ! Et si j’essayais cette carte ? Après tout, j’ai déjà fait l’amour avec quelques femmes et ça n’avait rien de désagréable, plus agréable en tous les cas que certains bonhommes qui m’ont pourtant largement payé. Je me suis même retrouvée dans le plumard de Madame Juliette, alors… Je me lance… »
Bon, cet entretien débile touche à sa fin. Je ne peux rien lui apprendre et il n’y aura pas de suite. Je ne dirais même pas que mes illusions se sont envolées, je n’en avais pas vraiment.
Et la voilà qui me gratifie d’un sourire. Mais quel sourire ! Je vais craquer !
– Vous êtes une très belle femme ! Me dit-elle.
– Je ne me plains pas, mais à côté de vous, je ne fais pas le poids.
– Vous dites ça à cause de la différence d’âge ?
– Entre autre !
– C’est un point de vue, mais moi je préfère les personnes ayant une certaine maturité, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
– Parce que ?
– A votre âge on a encore la jeunesse, mais l’expérience en plus.
Etrange ces allusions ! Serait-ce les prémisses d’une ouverture.
– L’expérience dans quels domaines ? Demandai-je innocemment.
– Tous !
– Y compris dans le domaine sexuel ?
Ça passe ou ça casse !
– Essentiellement ! Répond-elle en riant.
– Vous êtes jeune, mais vous me donnez l’impression avoir eu beaucoup d’aventures.
– Je profite de la vie, elle est courte. J’ai fait des rencontres que je n’aurais jamais dû faire, mais en revanche j’ai eu des aventures avec des hommes intéressants, des femmes aussi d’ailleurs.
Whaaa ! La perche qu’elle me tend ! Je cherche une répartie… Mais je bloque en restant scotchée sur l’image de son visage.
– Ça vous laisse sans voix, ce que je viens de vous dire ?
Ses mains trainent sur la table, j’en attrape une, je la caresse, elle se laisse faire en souriant. Elle s’avance comme pour m’embrasser, je fais de même, nos lèvres se rencontrent par-dessus la table. (Ben oui, pas par dessous !) Juste un effleurement mais chargé de promesses.
– On va chez toi ou chez moi ? Me demande-t-elle sans aucun autre préambule.
– Comme tu veux !
– Chez moi, il y a peut-être quelqu’un qui va passer, ça peut être embêtant. Tu n’es pas trop loin ?
– Alors comme ça, t’as envie de brouter de la chatte ? Me lance-t-elle, faussement provocatrice dès que nous sommes chez moi.
– Comme toi, non ?
– Comme moi ! Confirma-t-elle en riant.
Si pour moi cette pulsion était uniquement charnelle, Mylène, (et je ne l’ai su bien sûr que plus tard), avait un tout autre but, mais joindre l’utile à l’agréable était une situation qui lui convenait très bien.
– Hum, t’as une petite gueule, toi ! Trop craquante ! Me dit-elle avant de coller ses lèvres sur les miennes.
Le baiser est fougueux. C’est qu’elle ne fait pas semblant, la nana, elle a une langue diabolique, une façon d’embrasser qui me rappelle celle d’Anna-Gaëlle (voir mes précédentes aventures)
– On se met sur le canapé !
Allons-y pour le canapé et pour une nouvelle fricassée de museau. Elle m’excite, elle m’excite, j’en mouille ma culotte. On se caresse, on se pelote. Il serait peut-être temps de se mettre à l’aise… Ses mains deviennent baladeuses et relèvent mon haut, puis glissent en dessous de mon soutif pour me caresser les nénés. Elle trouve mes anneaux-piercing sur la pointe des seins et s’en amuse en me faisant une espèce de tchic-tchic. Je me rends compte que mon pantalon constitue un véritable carcan, j’aurais dû me mettre en jupe ou en robe, et sans culotte, cela lui aurait permis de me tripoter la chatte…. Elle va me rendre folle je vous dis.
– On se fout à poil ?
Bonne idée ! Mais je prends conscience que c’est elle qui dirige les opérations, mais après tout, pourquoi pas ? Ça me change et ça n’a rien de désagréable.
Nous voilà toutes nues, enfin presque parce que si pour ce qui me concerne j’ai tout retiré, Mademoiselle a conservé ses bas autofixants. Etrange ! On n’est pourtant ni dans une prestation tarifée, ni dans un film porno ! Elle ne va quand même remettre ses chaussures ? Non !
Quel canon ! D’où sort donc cette nana ? Elle devrait faire du cinéma d’autant qu’elle est infiniment mieux foutue que certaines vedettes en vogue !
J’ai l’air de quoi, moi à côté, avec mes dix centimètres en moins et au moins quinze ans de plus ?
– Ça te plait ? Y’a pas grand-chose à jeter, hein ?
Ce n’est pas la modestie qui l’étouffe. Elle me nargue en plus, virevolte pour me montrer son cul.
– Alors tu la veux ma foufoune ?
Elle s’allonge sur le canapé, les jambes écartées, obscène, mais il s’agit là d’une obscénité qui n’est pas pour me déplaire.
J’ai plus envie en ce moment de l’enlacer, de la caresser, de l’embrasser que d’aller lui brouter directement la minouche.
Et c’est exactement ce que je fais. Je m’enivre de la douceur de sa peau, de la beauté de ses formes. Et elle ne reste pas passive, ce que je lui fais, elle me le rend au centuple. Cette rencontre, à laquelle je ne croyais plus, est magique.
– Lèche-moi la chatte !
Comment refuser ? Le seul souci est ce canapé, il y a tellement mieux.
– Viens sur le lit !
On n’y va pas, on s’y précipite ! De nouveau, elle écarte les cuisses, me dévoilant l’humidité de son intimité. J’y plonge et je lèche, et lèche encore. Son petit bouton d’amour me nargue. Elle n’attend que ça, que j’y aille. Alors j’y vais, ma langue gigote tel un serpent libidineux. Ça durcit, ça se redresse, je donne encore de la langue. Un cri ! Elle jouit comme une malade, elle accroche le couvre-lit avec ses ongles, elle transpire comme si elle sortait d’un sauna et elle mouille comme éponge. J’aurai dû mettre une serviette, le couvre-lit est bon pour le lave-linge, pas bien grave !
Elle récupère quelques secondes, les yeux mi-clos, la bouche entre-ouverte, les lèvres offertes, une véritable provocation. Ma bouche se pose sur la sienne. C’est un simple baiser d’affection, mais ça la réveille de sa torpeur et nos langues se mélangent de nouveau. Le jeu des caresses reprend de plus belle, on se pelote, on se colle, on s’entortille, on roule, je la retrouve sur le dos.
Sa langue me fouille, délicieuse sensation, mais un curieux sentiment me gagne à ce moment. Elle ne se débrouille pas mal, mais à l’évidence, elle n’a pas l’habitude de faire ce genre de choses. Je mets néanmoins le problème en réserve et me concentre sur la montée de mon plaisir. D’ailleurs ça ne tarde pas, je sens que je vais venir, ça devrait déjà être fait si elle si elle si prenait mieux. Mais qu’est-ce qu’elle fout ? Merde ! Je vais être obligée de lui dire ou quoi ? Je ferme les yeux, je pense à sa bouche, à son visage, à ses seins, à son cul, à… Aaaaaah ! Ça y est, putain que c’est bon !
Moments de tendresses, de caresses, de doux baisers, jusqu’à ce qu’une triviale envie de pisser nous fasse quitter notre petit nid d’amour.
Avec Anna, et quelques autres copines, j’aime bien pimenter nos rapports d’un peu d’uro, ça m’a toujours amusé de par le petit côté pervers de la chose. Je décide néanmoins de ne faire aucune approche explicite en ce sens en direction de Mylène. Pas envie qu’elle me prenne pour une dingue.
Pas d’explicite, mais l’implicite est toujours possible. Je pisse la première sans me cacher.
– T’en fais du bruit quand tu pisses !
– Ah ? Tu trouves ?
– Dépêche-toi, je ne tiens plus !
Il y avait là tous les ingrédients pour une petite séance dorée, mais je n’insiste pas, je m’essuie et lui laisse la place
On se rhabille, ça m’a donné faim tout ça !
– Je t’emmène manger une pizza ? Proposai-je.
– Pourquoi pas ! Tu m’as tué, t’es une pro, toi.
Ben oui, je suis une pro, et après avoir couché avec elle, je n’ai plus envie de lui faire des cachotteries inutiles, d’autant que son attitude pendant qu’elle me léchait la chatte continue de m’intriguer.
– Oui, je suis pro ! Même plus que tu crois !
– Pro du sexe ?
– On peut dire ça comme ça !
– Escort ?
– En fait je suis dominatrice professionnelle !
– Whaa ! Les fouets, les chaines, tout ça ?
– En gros !
– Et ben, dis donc tu dois avoir plein de trucs à raconter ?
– Oh, oui, quand j’arrêterai, j’écrirai mes souvenirs.
– Et bien le monde est petit ! Parce que moi aussi, je vends mes charmes !
– C’est pas vrai ?
– Ben si, je suis escort-girl… et de luxe, s’il te plaît ! Et donc Marcel, c’est ton client ?
– Oui, et tu comprends maintenant pourquoi je ne le connais pas plus que ça. Il m’avait confié qu’il était propriétaire d’un magasin de salles de bain et qu’il pouvait me faire des prix. Hier j’étais dans sa boutique pour signer le contrat d’installation. Mais dis-moi, ta filature…
– Ah ! Je vais te raconter… Ah mon téléphone qui sonne ! C’est quoi ce numéro ?
Elle décroche
– Allo, c’est Berton !
– Berton ?
– Oui, le monsieur des salles de bains !
– Oh ! Quelle coïncidence, justement je pensais à vous, vous vous êtes remis de votre mésaventure ?
– Oui, à peu près. Mais je vous appelle parce que je viens de recevoir une drôle de visite (il explique sommairement), vous me conseillez quoi ? De prévenir la police ?
– Attendez, je change d’endroit, ça ne passe pas bien.
Prétexte pour qu’on se concerte en vitesse, trop vite, en fait je n’y comprends rien du tout.
– Allo ! Ah, ça passe mieux, allez au rendez-vous, soyez dix minutes en avance, on se mettra à côté et on avisera.
– C’est qui « on » ?
– C’est une façon de parler de moi ! Répond-elle, ne souhaitant pas s’embarquer dans de longues explications.
– Euh, tu m’expliques mieux ! Demandais-je après qu’elle eut raccroché.
– Il a rendez-vous dans un bistrot à 14 heures avec une nana qui s’est présentée comme détective privé.
– Et alors ?
– Elle veut lui parler d’une clé qu’il a récupérée chez une amie ! J’ai l’impression que je tiens une super piste.
– Tant mieux pour toi, mais moi, je n’ai rien j’ai à voir avec ça !
– J’avais cru comprendre que tu étais d’accord pour venir avec moi.
– Non. On s’est mal compris !
– Tu te rends compte que ce type est peut-être en danger ? Il ne m’aurait pas appelée sinon !
– Ce n’est qu’un client, ce qu’il magouille, j’en ai rien à foutre !
– OK, alors contente-toi de m’accompagner ! Je ne te demande rien d’autre ! Minauda-t-elle.
– Et en quel honneur ?
– Parce que j’aime bien ta compagnie.
– D’accord !
Dans quoi je m’embarque, encore, moi ?
On a laissé tomber la pizza, on se contentera d’un sandwich, on prend le métro. Mylène me raconte cette fois toute l’histoire que je n’écoute que d’une oreille distraite, ça me paraît d’un compliqué, tout ça ! Et à vrai dire ça ne m’intéresse pas trop.
– T’as de quoi écrire ? Me demande-t-elle.
– Pourquoi ? Tu veux m’écrire un poème ?
– Non mais si on veut communiquer, on sera peut-être obligées de le faire par écrit.
Je vous dis : on est dans un film d’espionnage.
A 13 heures 50, Nœud-Pap est attablé derrière un café fumant, il ne peut cacher sa surprise en me voyant :
– Chanette ! Mais comment est-ce possible ?
Bizarrement, il n’a pas l’air particulièrement ravi de me voir accompagner Mylène.
– Chut ! On vous expliquera après, on se met à côté, on ne se connait pas, si elle vous fait des propositions quelles qu’elles soient, temporisez, demandez à réfléchir, ne donnez aucune réponse de suite.
La fille arrive cinq minutes plus tard, une blackette, elle s’assoit en face de Nœud-Pap, elle est plutôt jolie… mais… Oups… Je la reconnais, c’est la folle qui s’est pointée chez moi mercredi et qui est repartie en courant aussitôt après que Nœud-Pap soit venu rechercher la clé qu’il avait oubliée… Putain, ça y est : j’ai tout compris, la fameuse clé dont il est question depuis hier est une clé USB, une clé USB qui contient un programme de simulation d’installation de salles de bains. C’est quoi ce délire ?
Y aurait-il une confusion avec la clé récupérée au Musée d’Orsay et que j’ai balancée sur les rails du métro ? J’en ai bien l’impression, mais quelque chose m’échappe. Je griffonne un bout de papier et je le passe à Mylène.
« C’est une fausse piste, je t’expliquerai. »
Elle ne comprend pas (forcément !) et me fait signe d’attendre. On écoute ce qu’ils se disent :
– Bien, Monsieur Berton, commence Tanya, je jouerai cartes sur tables, nous sommes mandatés pour recueillir des renseignements sur des personnes à qui vous servez d’intermédiaire…
La tête de Nœud -Pap !
– …Nos équipes sont ultraperformantes et n’échouent pratiquement jamais. Donc nous trouverons. Le seul inconvénient de nos méthodes c’est qu’elles impliquent du monde et du matériel, c’est donc assez cher et ça peut prendre du temps…
– Vous n’êtes pas en train de vous tromper d’interlocuteur ? Ne peut s’empêcher de dire Berton.
– Non, non, attendez, vous avez bien récupéré une clé USB chez une Madame Christine d’Esde, le mercredi 27 février ?
– Mais c’est quoi cette salade ? C’est une clé professionnelle et d’ailleurs comment pouvez-vous savoir ça ?
– Allons, allons, Monsieur Berton, laissez-moi donc finir, je vous l’ai dit, nous trouverons nos renseignements, nous les trouvons toujours. Je vous propose un marché, voici une enveloppe, il y a 10.000 euros. C’est pour vous, Tout le monde sera gagnant, nous on gagne du temps et on fait des économies et vous ça vous fera de l’argent de poche. Personne ne sera au courant de cette transaction, quand votre « contact » saura qu’on est remonté jusqu’à lui il pensera que ce n’est que le résultat d’une filature. Alors qu’est-ce que vous en dites ?
– Mais vous voulez savoir quoi ?
– A qui avez-vous remis cette clé ?
– Mais c’est insensé, cette clé n’a rien de mystérieux. Elle est à moi, et je ne devais la donner à personne. D’ailleurs je ne sais plus ce que j’en ai fait.
Mylène donne des signes d’énervement, l’entretien ne se passe pas comme elle l’aurait espéré.
– Si vous l’avez perdu, je suppose qu’on va vous en fournir une autre ! Je veux simplement savoir à qui vous devez la transmettre. Reprend Tanya.
Berton est dubitatif. On le prend pour un autre, c’est évident ! Il est de plus en plus convaincu qu’il y a confusion avec une autre clé qui trainerait chez Chanette ! Mylène lui a demandé de temporiser, c’est sans doute la meilleure chose à faire.
– Je peux réfléchir ?
– Je vous en prie, réfléchissez.
– Je veux dire, donnez-moi une heure de réflexion.
– Si c’est une diversion pour vous permettre de prévenir vos contacts, je suis obligée de vous informer que c’est une très mauvaise idée. De toute manière nous trouverons ce renseignement, ma proposition n’était destinée qu’à nous faire gagner du temps, je vous le répète.
– Revenez dans une heure, moi je reste ici.
– Ça ne vous tente pas, 10 000 euros ?
– Si bien sûr, mais je vous répète que j’ai besoin de réfléchir.
– Bon, je vous laisse, on se revoit dans une heure.
Tanya se lève, Mylène lui emboite le pas en me faisant signe de rester sur place.
Le pauvre Nœud-Pap me lance un regard désespéré, je ne sais pas quoi lui dire et lui fait signe de patienter.
Tanya sort sur le boulevard, traverse vers le trottoir d’en face et se dissimule derrière une colonne Morris. Si Berton sort de la brasserie, elle le verra. Elle jubile. Si la piste avait été fausse, il n’aurait pas demandé un délai de réflexion. Maintenant, de deux choses l’une : ou bien il va prévenir son contact et il suffira de remonter la filière ou bien il acceptera le marché proposé. Reste les aléas, il y a toujours des aléas…
Mylène a compris son manège, elle me fait signe de la rejoindre un peu plus loin dans le bistrot :
– C’est bon ! me dit Mylène, elle s’est planquée, elle doit craindre que Berton se faufile en douce…
– Mais Mylène, il faut que je t’explique quelque chose… Berton a raison, la clé dont il est question est une clé avec un logiciel pour visualiser des projets d’installation de salles de bain. Il l’avait oubliée dans mon appart, sur ce la blackette qu’on vient de voir s’est pointé chez moi et dès que Berton est revenu chercher sa clé, elle s’est sauvée, je n’avais pas compris sur le coup, je suppose qu’elle lui a couru après pour essayer de lui piquer. Tous ces gens qui s’agitent autour de Berton sont en train de se gourer de bonhomme et de clé ! Toi la première, c’est une fausse piste, Mylène !
– Mais pourquoi cette visite de cette nana, tu étais censée avoir une autre clé ?
– En fait oui ! Ce jour-là, j’étais au musée d’Orsay, j’ai rencontré un de mes clients, il se trouve qu’il y avait une clé USB par terre, le type m’a dit prenez là, ce que j’ai fait machinalement.
– Au Mumumumu musée d’Orsay ! Dit-elle en chevrotant.
– Ben oui ? Qu’est ce qui t’arrive ?
– Et tu en as fait quoi de cette clé ?
– Il y a deux abrutis qui m’ont pris la tête pour la récupérer, alors je l’ai balancée sur les rails du métro.
– Merde de merde et trois fois merde, tu as raison, je suis une fausse piste, la blackette aussi, et Darousse aussi… quoi que, ce n’est pas si clair que ça… On ne pourrait pas coincer la blackette quelque part et l’obliger à parler, si elle travaille pour Darousse, elle doit savoir des choses.
– J’étais juste venue pour t’accompagner, je te rappelle. Ne m’entraîne pas dans des trucs zarbis.
– On lui fera pas de mal, on la séquestre juste un petit peu.
– Ben voyons !
– Alors ?
Alors, allez donc savoir pourquoi je lui ai donné l’adresse de mon studio ?
On revient vers Nœud-Pap qui n’est pas content :
– Chanette, vous me mettez dans une position impossible !
– Oui, mais ce n’est pas de ma faute, je vais t’expliquer…
– C’est fou, cette histoire, là ! Je lui dis quoi alors à la fille ? Qu’elle suit une fausse piste ?
– Non parce qu’elle ne te croira pas, tu vas lui donner l’adresse de mon studio, je la retrouverai là-bas et c’est moi qui aurai une discussion avec elle.
– Et l’argent ?
– Acceptez-le, mais à mon avis, elle va vous le reprendre aussitôt, lui répond Mylène. Nous, on file au studio de votre amie. On se téléphone en cas de problème ! Rassurez-vous, c’est la fin de vos ennuis.
– Vous êtes sûre ?
– Y’a pas de raisons…
– Je l’espère ! Mais qu’est-ce qui vous fait dire qu’elle va y aller tout de suite ?
– Demain, c’est dimanche et ces gens-là n’ont pas de temps à perdre.
À 15 heures, Tanya revient et s’assoit devant Berton.
– Alors ?
– J’ai juste une adresse à vous donner !
Tanya jubile.
– Je ne vous en demande pas plus. Voilà l’argent ! Vous voulez recompter ? Il y a 100 billets de 100.
Elle pose son sac sur la table, en extrait une enveloppe qu’elle lui tend. Pendant qu’il y jette un coup d’œil, elle sort une seconde enveloppe qu’elle dissimule derrière son sac. Berton repose l’enveloppe. Tanya la ramène alors légèrement vers elle
Il lui donne l’adresse, l’étage, la porte.
– Y’a pas de nom ?
– Non, sur la porte, c’est juste indiqué M.C.
Elle note et fait volontairement tomber son stylo. Berton, en galant homme qu’il est le ramasse pendant que Tanya intervertit les deux enveloppes.
– O.K. Je vais aller y faire un tour, je vous laisse, au revoir. N’ouvrez pas votre enveloppe devant tout le monde, il y a un type pas très clair qui nous regarde sur votre gauche. Tenez, ça c’est pour les consommations.
Elle disparait.
Berton posa l’enveloppe sur la banquette, s’assura qu’on ne le regardait pas et l’ouvrit, il n’y avait aucun billet, que des feuilles blanches massicotées. Sur la première feuille, il y avait un mot d’écrit :
« Non, ce n’est pas une arnaque, vous recevrez réellement cet argent si le renseignement s’avère exact. »
En sortant du troquet, Marcel Berton jeta l’enveloppe dans la première corbeille venue en poussant un soupir d’exaspération.
Tanya, toute joyeuse, téléphone à Remiremont :
– Allo mon Didi ! Le mec a lâché le morceau, j’ai une adresse. On fait quoi ? Tu la donnes à Darousse ou tu veux que j’aille y faire un tour ?
– Va jeter un coup d’œil ! Mais soit prudente, on ne sait jamais…
– O.K. Est-ce que tu peux m’envoyer quelqu’un en couverture ?
– Humm, je n’ai personne sous la main en ce moment, c’est où ?
– Dans le 9ème…
– O.K. Je vais venir moi-même. Je serai en bas.
Dans quoi me suis-je lancée ? Pourquoi ai-je donc accepté d’aider Mylène en lui permettant d’y attirer cette blackette ? Sans doute aucune autre raison que ma curiosité « maladive ».
Fallait voir la tête de Mylène quand elle a découvert mon donjon.
– Et ben dis-donc, il doit s’en passer des drôles là-dedans !
– C’est vrai que parfois c’est pas triste !
– T’as pas de problèmes avec les voisins ?
– Non, je suis déclarée comme voyante et je suis propriétaire.
– Non, je pensais au bruit !
– Le donjon est insonorisé.
– Oh ! Super ! La nana on va l’enfermer là-dedans !
– Mylène, je suis bien gentille, mais je voudrais que tu me dises exactement ce que tu as l’intention de faire avec cette fille ?
– Je veux savoir qui c’est et ce qu’elle fabrique.
– Et tu crois qu’elle va te raconter ça, rien qu’en l’enfermant dans un donjon ? Je te préviens, je ne veux aucune violence, aucun truc qui pourrait lui faire porter plainte.
– Les voyous ne portent jamais plainte.
– M’en fous !
– T’inquiète pas ! On n’va pas la martyriser ta blackette. Je vais juste lui foutre une bonne trouille.
– Je m’attends au pire !
Je m’affuble d’une perruque brune et chausse des lunettes noires. Au café, la blackette ne m’a pas reconnue, mais elle était occupée à autre chose.
Tanya arrive au numéro 55 de la rue des Saulniers, et monte au troisième étage. Les initiales MC sont bien sur la porte. L’adresse n’est donc pas bidon, elle redescend jusqu’au premier. Une porte indique un nom suivi de l’indication « professeur de piano », elle sonne. Une bonne femme peu amène lui ouvre :
– C’est pourquoi ?
– Sandrine Chambord, détective privée, annonce-t-elle en exhibant sa carte.
– Oui ?
– Est-ce que vous pourriez me donner des renseignements sur la personne qui a les initiales MC sur sa porte.
– C’est une vendeuse !
– Une vendeuse ?
– Oui, une vendeuse très particulière, savez-vous ce qu’elle vend ?
– Non, c’est d’ailleurs pour ça que j’enquête.
– Elle vend son corps, c’est une pute si vous préférez.
– Vous savez autre chose sur elle ?
– Non ! Nous ne nous fréquentons pas ! Qu’est-ce que vous croyez ? Mais si vous pouviez nous aider à nous en débarrasser, ce serait une excellente chose.
Tanya compris qu’elle n’en apprendrait pas plus et redescendit
– Allo ! Didi t’es arrivé ? Je ne vois pas ta voiture.
– Je suis venu en métro, moi je te vois.
– Bon, ça se complique, je pensais tomber sur l’appartement privé d’un type qui travaille chez un concurrent de Choser & Ruppert. Mais là je viens d’apprendre qu’il s’agirait d’une pute. J’avoue que je ne comprends pas.
– Tu ne comprends pas quoi ?
– La clé était destinée à quelqu’un. Par sécurité ils ont foutu un intermédiaire entre ce quelqu’un et Albert Leberger. Avec le marchand de salles de bain, on découvre qu’il y a deux intermédiaires, c’est déjà bizarre ! Mais là il y en aurait trois ? Ça ne tient pas debout.
– Parce qu’il y a une autre explication, mais je ne vois pas laquelle.
– Je vais essayer d’aller chez elle. C’est au troisième à gauche, MC sur la porte. Si dans 10 minutes, je ne suis pas revenue tu m’appelles et si je ne réponds pas, tu rappliques ! D’accord ?
– O.K. !
– C’est fascinant tout ça ! Finit par me dire Mylène.
– Ça t’excite !
– Hé ! Presque !
– Tu n’as jamais pratiqué ce genre de chose ?
– Non, une fois, il y a un mec qui a voulu que je lui flanque une fessée, c’était même pas drôle, je me suis fait vachement mal aux mains.
– Faut t’acheter un martinet.
– En fait, j’aime pas faire du mal aux gens.
– Ils payent pour ça, ça ne doit donc pas leur faire si mal que ça.
– Tant qu’à faire, je préfèrerais que ce soit moi qui dérouille.
– T’as jamais fait ?
– Me faire cogner par un homme ! Ça va pas la tête ?
– Et par une femme ?
– Je n’dis pas non… Oh ! C’est ta sonnette !
– Oui, planque-toi dans la cuisine ! Tu interviendras quand tu voudras.
– O.K.
Je vais ouvrir, la miss me gratifie d’un grand sourire format commercial.
– Sandrine Chambord, assistante sociale, est-ce que vous auriez juste cinq minutes à me consacrer ?
Quelle menteuse ! Avec un prétexte aussi débile, elle ne serait jamais rentrée, mais là je joue le jeu.
– Si c’est juste cinq minutes… Entrez !
Elle pénètre dans mon salon, semble intéressée par la décoration.
– Par ici, s’il vous plait !
Elle me suit sans réfléchir et se retrouve dans le donjon dont je ferme la porte.
Sa tête !
– Il y a confusion, je suis assistance sociale… Commence-t-elle.
– Vous me reconnaissez pas ? Lançai-je après avoir retiré ma perruque et mes lunettes.
– Non, enfin, je ne suis pas sûre…
– Vous vous êtes pointée chez moi mercredi et vous vous êtes sauvée comme une voleuse quand Monsieur Berton est revenu rechercher sa clé USB qu’il avait oubliée.
Tanya se rend compte alors qu’elle s’est fait piéger. Instinctivement, elle regarde vers la porte du donjon et découvre Mylène qui vient de rentrer et qui se tient devant.
– Tu te calmes ! Lui dit-elle. Cette pièce est insonorisée et je viens de verrouiller la porte d’entrée. On veut juste savoir pour qui tu roules !
Elle n’en mène pas large, la petite blackette, et hésite sur la conduite à tenir. Elle s’approche de la porte. Evidemment Mylène ne bouge pas.
– Si t’es pas sage, je t’en colle une ! Je t’ai posé une question !
Tanya est déboussolée. Dans moins de 10 minutes, Remiremont appellera et viendra à la rescousse si elle ne répond pas. Gagner du temps ! Mais à quoi bon, cette affaire est définitivement foutue. Elle n’a donc rien à perdre à jouer cartes sur table. Rien à perdre sauf la face, mais vu les circonstances.
– Bon d’accord, je suis détective privée !
– Tu n’es plus assistante sociale ? Ironisai-je
– Non, j’ai une carte professionnelle, vous voulez voir ?
– Passe nous ton sac ! Répondit Mylène.
– Non !
– Comment ça « non » ?
– Vous n’avez pas le droit !
– Et toi tu as le droit de venir fouiner dans la vie des gens ?
– Détective privé est une profession légale.
– Oui mais tu n’es pas détective privée.
– Vous êtes trop chiantes ! Cria-t-elle en jetant rageusement son sac devant elle.
– Voyons voir ! Oh la belle enveloppe ! Qu’est-ce qu’il y a dedans ? Se moqua-t-elle puisqu’elle le savait pertinemment. Oh ! De l’argent ! Mais dis donc, c’est l’enveloppe que tu devais donner à Berton, ça ! C’est pas sympa du tout de reprendre d’une main ce qu’on a donné de l’autre !
Elle n’est pas bien, Tanya, pas bien du tout !
– Bon, on lui rendra son enveloppe à Berton parce que nous on est des filles honnêtes. Ah ! Une carte professionnelle : Sandrine Chambord, et une deuxième Tanya Carnot… T’as combien de pseudos ma bibiche ? Ah, voilà toutes les cartes, la carte vitale, la carte d’identité, la carte de chez Séphora… Carnot, Carnot, Carnot, ce doit être ton vrai nom. Et ça c’est quoi ?
Mylène avait sous les yeux l’agenda de Tanya. Elle en ouvrit une page au hasard, découvrit des comptes rendus sommaires détaillés avec les horaires : 12 h 15 : T entre hôtel au 32, 12 h 25 R entre hôtel. 13 h 20 sortie T et R, se séparent. Elle ouvrit une autre page dont le contenu était du même tonneau. Des stylos et des crayons différents, des ratures, des pannes d’encre. Ce ne pouvait que difficilement être un faux.
– Tu serais vraiment détective privée ?
– Ben oui !
– Et qui est-ce qui t’as demandé de suivre Berton ?
– Secret professionnel !
– On va attendre, on n’est pas pressées.
Tanya pourrait leur dire, au point où elle en est, mais elle ne le fait pas.
– Et ajoutai-je, après ça j’espère que tu lui lâcheras la grappe à Berton parce que t’es en train de te planter complétement. La fameuse clé USB est une clé professionnelle et pas autre chose. Berton est venu chez moi me faire un devis d’installation de salle de bain, il avait oublié sa clé, il est revenu la chercher.
– Ben voyons… répond Tanya, bien plus troublée que ce qu’elle voudrait paraître.
Et voilà que son portable sonne dans son sac toujours en possession de Mylène.
– Tu veux répondre ? Ironise cette dernière.
– Il rappellera !
Le donjon est insonorisé mais on peut y entendre la sonnette d’entrée, et deux minutes après, voici qu’elle sonne à nouveau. Je ne suis pas censé être là aujourd’hui, on n’attend plus personne, je ne bouge donc pas… Sauf que l’abruti se met à sonner en continu. Je n’aime pas ça du tout.
– Je vais voir !
Je sors du donjon ! Non seulement le type sonne comme un malade, mais il vocifère.
– Ouvrez, je sais que vous êtes là !
– On arrive ! On arrive ! Du calme !
Je prends ma bombe lacrymo, je déverrouille la porte et ouvre. Le mec me bouscule, entre en force. Un coup de manchette sur mon poignet me fait lâcher la bombe. Le type tient un revolver de sa main gauche.
Dans quel merdier me suis-je encore fourrée ?
– Où est la personne qui est venue il y a dix minutes ?
– Elle est là, on va vous la rendre.
Derrière ça se bagarre, Tanya essaye de récupérer son sac que Mylène ne veut pas lâcher. Je gueule :
– Laisse la tranquille, y’a papa qui vient la chercher ! Et il a un flingue !
L’effet est immédiat. Tanya se radine.
– Pas de bobo ? Lui demande Remiremont.
– Non ! Ouf ! Ce connard de marchand de salles de bains m’a envoyée dans une souricière. Apparemment ces nanas m’ont pris pour quelqu’un d’autre.
– On se casse…
– A moins qu’on puisse discuter entre gens intelligents, range ton flingue Didi.
– Il n’est pas chargé !
– Range-le quand même !
Didi ! Elle l’a appelé Didi, c’est d’un ridicule !
– Parce que ?
– Parce qu’elles étaient en train de m’expliquer un truc et que je voudrais y voir plus clair.
– O.K. mesdames, on fait la paix, on oublie les mots et les gestes qui ont pu fâcher. D’accord ? On va dire que c’était un gros malentendu ! On peut discuter cinq minutes ?
Cette tournure des événements n’est pas pour me déplaire et j’approuve volontiers cette proposition.
– Oui, vous êtes… Demande Mylène
– Tu peux leur dire ! Lui indique Tanya.
– Monsieur Didier, détective privé, répond Remiremont. Et à qui ai-je l’honneur ?
– Vous pouvez m’appelez Sonia ! Répond Mylène.
– Et moi Christine, mais Mademoiselle Tanya me connaissait déjà, elle est passée chez moi très, très vite, mercredi soir.
– Pardon ?
– Elle vous expliquera. Asseyez-vous, je vais faire du café, vous en voulez ?
En fait tout le monde souhaite dédramatiser la situation, mais Mylène fait la gueule, elle est en train de se rendre compte qu’elle a perdu son temps, et semble enfouie dans ses pensées.
Je sers le café. Le dénommé Didier n’arrête pas de nous reluquer, en fait il reluque surtout Mylène. Et moi alors, je suis jalouse !
– Qu’est-ce qui s’est passé au juste ? demande Didier.
– C’était un piège, elles voulaient savoir pourquoi j’étais venu rencontrer Berton. Je leur ai dit que j’étais détective, elles ne m’ont pas crue, alors elles ont fouillé mes affaires.
– Et là, elles t’ont crue ?
– Oui, j’pense, mais elles ont voulu savoir qui était notre client.
– Et alors ?
– Ben alors, t’es arrivé !
Je reviens avec les cafés. Didier Remiremont me demande de répéter ma version des faits, il parait troublé, mais peut-être pas complétement convaincu.
– On se serait laissé abuser par une coïncidence ? Commente-t-il. Si c’est ça on n’est pas prêts d’être payés !
Voilà une réflexion qui m’indiffère complétement mais qui semble intéresser au plus haut point Mylène qui se redresse tout d’un coup.
– Notre bonne foi n’est pas en cause. On n’a pas besoin de lui dire, lui répond Tanya.
Mais de qui parle-t-elle ?
– Mais reprend Didier après quelques instants de réflexion, que Monsieur Berton soit une fausse piste, c’est possible après tout, mais vous, vous…
Il me montre du doigt de façon ostensible, c’en est comique !
– Quoi moi ?
– Vous n’êtes pas une fausse piste, vous !
– Mais une piste de quoi ? Je ne sais même pas ce que vous cherchez !
– Ecoutez, je suis persuadé que nous pouvons trouver un terrain d’entente, nous sommes entre gens raisonnables. Si vous nous dites à qui vous deviez remettre la vraie clé, nous ne divulguerons pas nos sources, nous dirons simplement que le renseignement a été obtenu par filature. Et en échange vous serez récompensée largement. Est-ce que cette proposition vous semble raisonnable ?
– Et vous allez nous donner d’une main une enveloppe que vous allez reprendre de l’autre, comme vous avez fait avec Berton ! Ironise Mylène.
Didier interroge Tanya du regard qui répond d’une mimique fataliste.
– Bon, on va vous laisser, puisqu’on n’arrivera pas à se mettre d’accord ! Finit par conclure Didier en se levant de son siège. Merci pour le café.
– Un instant, intervient alors Mylène, je vous ai entendu dire, si toutefois j’ai bien compris, que s’il s’avérait que vous ayez suivi une fausse piste, vous auriez du mal à vous faire payer.
– Oui, mais ça c’est notre problème ! Ça ne vous regarde pas.
– Je suppose que votre client souhaite connaitre le destinataire de la bonne clé ?
– On s’en va…
– Je peux vous prouver, moi que vous suivez effectivement une fausse piste, et en échange d’un petit service, je peux même vous offrir le renseignement que cherche votre client…
– On se rassoit alors ! Dit alors Didier Remiremont joignant le geste à la parole
– Avant d’aller plus loin, je voudrais être certaine d’un truc, pourquoi avez-vous dit que ma copine constituait pour vous une vraie piste ?
– Parce que nous avons une photo de mademoiselle prise au Musée d’Orsay où vous êtes en train de ramasser une clé USB qui par le plus grand des hasards, se trouvait justement à vos pieds.
– Et je suppose que si vous étiez au courant de cette rencontre au Musée d’Orsay c’est que la personne qui a laissé tomber la clé était filée par vos soins ?
– Très perspicace !
– Sauf que c’est vous qui ne l’êtes pas tant que ça ! Vos sbires sont tellement discrets que la personne en question s’était rendue compte depuis plusieurs jours qu’elle était suivie. On a donc monté une petite diversion, la clé en question est perdue mais vous n’auriez rien trouvé dessus…
– « On » ! Mais c’est qui : « On », ça veut dire que vous êtes dans le coup ?
Aïe, le lapsus, mais apparemment elle s’en fout :
– Bien sûr que je suis dans le coup !
– Mais à quel titre ?
– Ça fera partie de nos petits échanges, on n’en est pas encore là. Par contre je peux vous décrire la personne que vous suiviez, je peux aussi vous décrire la filature pas très discrète de l’un de vos sbires à Vélizy.
Didier réfléchit quelques instants, échange quelques regards avec Tanya :
– O.K. On y voit plus clair, vous vous êtes désormais quelque peu dévoilée, j’ignore si c’est par courage ou par tactique. Que vous soyez partie prenante dans cette affaire me paraît certain, que la piste que nous suivions soit fausse n’est pas pour autant une évidence. Parce que quand même vous êtes amies toutes les deux, l’une serait impliquée et pas l’autre ?
– Sur ce point aussi, je pourrais vous répondre mais seulement quand nous nous serons mis d’accord.
Remiremont se tourne alors vers moi !
– Mais si vous n’êtes pas impliquée dans cette affaire, pourquoi ce piège tendu à ma collaboratrice ? Tout se passe comme si Berton savait qu’il pouvait compter sur vous deux !
– J’étais au magasin de Monsieur Berton, hier en fin d’après-midi, pour signer un contrat d’installation de salle de bain. Un mec est entré et nous a agressés. Assez bizarrement, il se trouve qu’il a fait la même confusion que vous en ce qui concerne cette foutue clé !
Tanya et Didier se regardent dubitatifs.
– J’avais demandé à Monsieur Berton de me prévenir si on venait l’emmerder à nouveau au sujet de cette clé. Continuai-je.
– Vous craigniez une nouvelle agression ?
– Le type a pris peur quand ma copine est rentrée dans le magasin, et comme il n’avait pas obtenu de qu’il désirait…
– Ah ! Et l’agresseur, il ressemblait à quoi ?
– Je sais qui c’est ! Intervint Mylène.
– Ah !
– Ça vous intéresserait de le savoir ?
Encore une fois Tanya et Didier se concertent du regard.
– Peut-être ! Finit par dire ce dernier.
– Alors on échange nos tuyaux, vous nous dites qui est votre client et moi je vous dis ce que je sais.
– Nous sommes liés par le secret professionnel, et puis je ne suis pas sûr que votre renseignement nous soit utile.
– J’ai pourtant cru comprendre que vous étiez en litige avec ce client.
– Vous permettez que je chuchote ! Intervient Tanya !
– Que vous chuchotiez ?
Et sans attendre d’approbation, elle murmure quelque chose à l’oreille de Didier qui l’approuve en opinant du chef.
– C’est le D.R.H. de chez Choser & Ruppert, il s’appelle Darousse.
– Tiens donc ! Le monde est vraiment petit car, figurez-vous que c’est justement lui qui a agressé Berton et ma copine.
– Logique, on a piqué la clé de Berton et on l’a remise à Darousse.
– Et ça vous poserait un problème de dire à ce Darousse que vous vous êtes plantés et qu’il conviendrait désormais qu’il nous foute la paix ? Interviens-je.
– En fait oui ! Répondit Didier Remiremont sans hésiter un seul instant.
Il est gonflé ce mec !
– Pardon ? M’écriai-je
– On a fait une connerie, reprend-il, enfin quand je dis « on », c’est en fait ma charmante collaboratrice qui a pris une initiative malheureuse suite à une erreur de jugement.
– T’aurais fait pareil à ma place ! S’insurge Tanya.
– Peut-être, mais c’est pas une raison. Darousse semblait plus ou moins se douter qu’il s’agissait d’une fausse piste et menaçait de ne pas me payer. Je ne vais pas aller lui fournir un argument pour qu’il passe définitivement sa menace à exécution.
– C’est dégueulasse comme attitude ! M’emportai-je.
– Et attaquer les gens avec une bombe lacrymo à vingt centimètres des yeux, vous croyez que c’est bien ?
– Quel rapport ? Et d’abord je ne vous ai pas attaqué.
– Parce que je ne vous en ai pas laissé le temps
Mylène tape un grand coup de poing sur la table (ma table !)
– Mais calmez-vous bordel ! Vous n’allez pas vous engueuler !
– On ne s’engueule pas ! Proteste Didier. Simplement on n’est pas plus avancés.
– Vous le serez peut-être bientôt, ça ne dépend que de vous !
– Que de mystères ! Soupira Didier.
– Ecoutez, je suis persuadée que Darousse a un secret qu’il garde jalousement. Il en est malade à l’idée que ce secret puisse sortir de l’entreprise, au point d’aller faire le coup de poing tout seul comme un malade. Ce secret je veux le connaître ! En échange je vous dirai pour qui je travaille !
– Et ce secret, vous avez une idée ?
– Aucune, mais j’ai de bonnes pistes. Le problème c’est que les pistes, je ne peux pas les exploiter, je ne suis pas détective privée, ce n’est pas mon métier.
– Vous proposez quoi ?
– Je vous livre mes pistes, vous creusez l’affaire et vous me tenez au courant.
– Vous travaillez vraiment pour quelqu’un ou vous avez un compte personnel à régler avec Darousse ?
– Ce n’est pas forcement incompatible ! Mais je n’ai pas envie d’en parler pour le moment !
– Admettons que j’accepte et qu’on échoue ?
– Dans ce cas vous n’aurez pas votre renseignement, mais ce que je vous aurais confié devrait être un moyen de pression sur Darousse pour l’obliger à vous payer. Vous ne serez donc pas perdant.
Encore une fois Tanya et Didier Remiremont s’échangent leurs regards.
– On ne va pas s’investir à fond, mais on peut peut-être faire quelque chose, pendant, disons un jour ou deux, pas davantage. Alors c’est quoi votre scoop ?
– Darousse se rend presque tous les midis discrètement dans un hôtel où il est rejoint par la chef comptable.
– Classique ! C’est tout ?
– Peut-être pas si classique que ça ! Une personne les a surpris l’an dernier, un cadre de l’entreprise, il a été aussitôt licencié. Et aujourd’hui, ils continuent à aller à l’hôtel presque tous les midis… On a beau être amoureux fous et aimer les galipettes, tous les jours depuis au moins un an, je n’y crois pas, ils font autre chose !
– OK, c’est dans nos cordes ! Conclut Didier ! On va faire ça lundi et mardi nous mettons les détails au point… Faudrait pas que ça traîne, vous comprenez, financièrement…
– Oui, bon, ça va, si ça traîne de trop, je peux éventuellement vous payer, j’ai un peu de sous de côté.
Quand les détails de l’opération furent ébauchés, Didier lança un grand soupir d’exaspération.
– Tout ça à cause d’une connerie ! Quelle idée tu as eu de te lancer dans une fausse piste ? Ne peut-il s’empêcher de reprocher à Tanya.
– Tout le monde peut se tromper, et de toute façon quoiqu’on fasse on était embarqués sur une fausse piste. Tu ne vas pas me reprocher ce truc là pendant cent sept ans ! Maintenant si tu veux me punir, punis moi et on n’en parlera plus, ça te défoulera ! Plaisante-t-elle.
– Justement, ça me démange !
– A propos de punition, si Madame en est d’accord tu devrais aller voir la pièce à côté, c’est assez, comment dire ? Enfin tu verras bien ! Il peut jeter un coup d’œil ?
– Je vous en prie la visite est gratuite.
A suivre bien sûr…
© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) janvier 2014. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.
ÇA m’a fait bien bander !
Quelle sensualité dans ces lignes !
D’un érotisme irresistible
La séquence érotique est très joliment écrite, après on reste un peu sur notre faim puisqu’on attend un second épisode érotique qui en vient pas… il faudra pour cela lire l’épisode suivant 😉
Un délice de lire ça !
Quel talent ! Vous devriez vous faire publier
c’est chaud, c’est bon, c’est bien ,ça excite la chose !
Une belle page très sensuelle et bien écrite. Bravo madame !
Superbe cette épisode lesbien entre Chanette et Mylène. Les récits de Chanette sont décidément une valeur sûre de ce site.