Ode au vagin par Clovis Hugues
(extrais)
Ode au vagin
Quand une femme est en chemise
Les épaules de marbre blanc,
Le cul, forme encore indécise
Dans les plis du voile tremblant,
Le parfum épars dans la chambre,
L’orteil, le mollet qui se cambre,
Les nichons rosés d’un émoi,
Les bras, la taille forte ou frêle,
Tout t’annonce, tout te révèle,
Rien n’est attirant que pour toi.
Le voile glisse. Extase ! Aurore !
Exquis prélude des bons coups !
Les cuisses te cachent encore,
Mais voici ton poil souple et doux,
Ton poil, touffe d’or ou d’ébène
Que l’on croirait posée à peine
Au bas du ventre point plissé,
Et qui, lentement caressée,
Allonge sa pointe frisée
Comme un triangle renversé.
Mais les cuisses s’ouvrent. Victoire !
Voici le con dans sa beauté,
Sous sa frisure blonde ou noire
Adorablement abrité,
Humide comme une prunelle,
Frissonnant déjà comme une aile
Dans le fouillis des rameaux verts,
Détendu sur sa fente rose,
Et l’air tout de même un peu chose,
Avec son sourire en travers !
La main de l’amant t’entrebâille
Vivante rose de cypris,
Et de tout de suite elle travaille,
D’un doigt léger, le clitoris.
Fin chef-d’œuvre de la nature,
Vit d’oiseau, pine en miniature,
Bouton subitement durci,
Qui, dans l’écartement des lèvres,
Tout baigné d’amoureuses fièvres,
Dresse la tête et bande aussi.
Ô paradis ! Joie étoilée !
Explosion du désir fou !
La langue, la langue effilée,
Toute la langue dans le trou !
Pendant que, de ses mains savantes,
Il étreint les fesses mouvantes
Ou chatouille le bout des seins,
Et que, la chevelure éparse,
L’impétueuse et belle garce
Halète en mordant les coussins !
Et d’abord il faut que je dise,
En un rythme savant et clair
Comment ta forme se précise
Dans le poème de la chair.
Mais quel baiseur – fut-il un maître
Dans l’art de s’égayer l’urètre –
A t-il seulement soupçonné
Comment tu t’ouvres et te fermes,
Et de quels subtils épidermes
La nature t’a façonné ?
Tu restes pour lui le mystère,
Sous sa main comme sous ses yeux,
L’énigme auguste de la terre,
Le secret énorme des cieux,
Le gouffre petit, mais terrible,
Le fantastique trou du crible,
L’enfoncement sombre et béni,
La réalité dans le rêve,
L’inexplicable fente d’Eve
Sur la nuit et l’infini.
Quand on t’ouvre et qu’on te regarde
Dans ta sublime étrangeté,
La prunelle devient hagarde
Comme au bord d’un flot redouté.
Curiosités dangereuses !
Tu t’élargis et tu te creuses :
Les doigts effarés doutent d’eux.
La lèvre, délicate et rose,
S’amincit et se superpose :
On croirait que vous êtes deux !
Quelle floraison magnifique
Au divin jardin des amours !
Ainsi que le Protée antique,
Tu changes partout et toujours,
Tantôt plus fermée qu’une digue,
Tantôt béant comme une figue
Quand au soleil elle se fend,
Tantôt mi-clos à la décharge,
Tout petit et, juste assez large
Pour le frêle doigt d’un enfant.
Telle est son œuvre sur la terre
Vagin, faiseur de paradis
Unique bien du prolétaire
Consolation des maudits
Trésor de la déshéritée
Tabernacle sans un athée
Temple au chapiteau frisotté
Qui, sur le renflement des hanches
A pour piliers deux cuisses blanches
Et pour prêtre, l’humanité
Clovis Hugues
Clovis Hugues, est un poète et romancier français née dans le Vaucluse (1851-1907)
A priori on ne trouve pas la version complète sur le net…
Peut-être celle-ci quand même http://www.poesie-erotique.net/index.php/945-ode-au-vagin
Merci de nous faire découvrit ces poèmes oubliés dans l’enfer de la bibliothèque nationale
Je ne connaissais pas ce joli classique. Merci au site de m’avoir permis de le découvrir