La Malédiction du Pas de Lagaste – 9 – Le couvent des Ernestines par Léna Van Eyck

La Malédiction du Pas de Lagaste – 9 – Le couvent des Ernestines par Léna Van Eyck

Gilbert de la Houlette

Arrivé à ce stade du récit, il nous faut maintenant parler du chevalier Gilbert de la Houlette. Fils du seigneur de Graville, il n’en est point l’aîné et donc non plus le successeur potentiel, et cela l’aigrît, et comme si ça ne suffisait pas Dame Nature l’a affublé d’un pied-bot qui le fait claudiquer méchamment et de verrues disgracieuses sur le visage. Evidemment quand il eut l’âge de conter fleurette à la gente féminine, il essuya une jolie collection de râteaux. Restait les épousailles et en ces temps féodaux les mariages des fortunés étaient arrangés, mais celui qu’on lui avait imposé ne le satisfaisait pas, l’épouse était laide, revêche, prude et bigote.

Tout cela lui agissait sur le caractère et l’homme se révélait méchant, sournois et cruel voire sadique. Et en plus il buvait !

Pour la chose, il lui restait les ribaudes et il fréquentait régulièrement la taverne du « coucou doré », il n’y mangeait pas mais y buvait beaucoup, puis il montait avec la Rolande dont il s’accommodait fort bien de son âge et de sa chair grassouillette.

On ne pouvait décemment parler de réciprocité. Ce petit seigneur était un peine-à-jouir à l’haleine fétide qui faisait perdre son temps à la pauvre Rolande. Mais ne dit-on pas que toutes les activités ont leurs inconvénients ?

Ce jour-là, après qu’il eut jouit bien péniblement, Rolande osa l’apostropher en minaudant :

– Pourquoi ne variez-vous pas un peu les plaisirs ? Il y a d’autres filles ici qui pourraient vous satisfaire !
– Non, je n’aime la Finette, elle est trop maigre !
– Mais les autres, elles sont jeunes et belles.
– Elles sont trop jeunes, pour moi ce ne sont pas des femmes mais des gamines.
– L’une d’elle à une mère qui est aussi putain qu’elle, elle est venue une fois ici, elle te plairait.
– Et où exerce-t-elle ?
– Ma foi je n’en sais rien, pas très loin je suppose, vous n’avez qu’à demander à Jodelle, puisque c’est de sa mère dont il s’agit !

Allez savoir pourquoi la suggestion de la Rolande émoustilla l’intérêt de l’inquiétant nobliau.

D’habitude après avoir forniqué, il enfourchait son destrier et retournait au château de papa, mais ce jour-là, il se rassit, commanda à boire et attendit Jodelle.

Avec un sens aiguë des convenances et de la diplomatie, il apostropha vertement la belle quand elle réapparut dans la salle.

– Holà, jeune putain, un écu pour toi si tu m’indiques où ta mère tapine !
– Monseigneur, je ne sais de quoi vous parler et ne vous répondrai pas !
– Répond i Où il va-t’en cuire !
– Vous ne me faites point peur !
– Je veux savoir où ta mère fait la putain ? Répéta-t-il en haussant considérablement le ton.
– Et moi, je vous répète que je ne vous répondrai pas !
– Mais pour qui te prends-tu, sale traînée !

La gifle surpris la jeune fille, mais scandalisa la petite assistance de cette mi-journée. La Georgette voulant éviter l’incident se précipita.

– Calmez-vous messire, venez avec moi, je crois pouvoir vous renseigner.
– Hum…
– Allez donc à Montclar, il y a une auberge… « les trios colombes », elle y est forcément connue.
– Quel est son nom ?
– Je l’ignore et de toute façon elle doit tapiner sous un nom de guerre, mais vous la reconnaîtrez facilement, elle ressemble tellement à sa fille qu’elle se fait passer pour sa grande sœur.

Sans demander son reste le sieur Gilbert après avoir bu un petit coup, enfourcha son canasson et s’en alla à Monclar.

– Quel est ce foldingue ? Rouspéta Jodelle
– Il n’est pas que foldingue, il est cruel et dangereux, seule la Rolande arrive à s’en accommoder, j’ignore comment elle se débrouille ! Quand il reviendra, arrange-toi pour qu’il ne te voit point.

Evidemment la Georgette se garda bien de lui dire que son souci était surtout d’éviter les incidents avec un très bon client.

A l’auberge des « trois colombes », Adélaïde devisait tranquillement, attablée avec un client qu’elle avait en sympathie, un marchand qui faisait dans la porcelaine, lui avait-il confié.

Gérard de la Houlette la reconnut de suite et l’aborda sans ménagement.

– Holà, la putain, viens que je te baise !
– Mais ne voyez pas que je suis occupée ! Répondit Adélaïde avec un regard courroucé.
– C’est que je ne peux point attendre !
– Et bien revenez une autre fois et quand vous aurez moins bu !
– Comment ose-tu me parler sur ce ton, femme de rien ?

En d’autres circonstances, Mathieu le patron aurait éjecté le malotru avec pertes et fracas, mais son accoutrement trahissait son rang et en l’occurrence la prudence (pour ne pas dire la couardise) l’emporta.

– Attendez une seconde, Monseigneur, je vais arranger cela !
– Tu as intérêt, l’aubergiste ! Répondit le drôle.
– Asseyez-vous juste un instant.

Le patron revint vers Adélaïde et son client avec une mine de macchabé :

– Ou tu le montes de suite ou tu fous le camp, ce type est un mec de la haute, je ne veux nul ennui dans mon auberge !
– Je peux attendre ! Proposa le marchand de porcelaines bien conciliant, car ne dit-on pas qu’il n’y a meilleur plaisir qu’un plaisir retardé !

C’est donc avec une appréhension bien compréhensible qu’Adélaïde monta en chambre avec l’inquiétant nobliau. Elle espérait simplement que l’homme serait rapide.

Elle ignorait bien évidemment que l’homme était non seulement un peine-à-jouir mais qu’il venait juste de tirer péniblement son coup avec la Rolande au « Coucou doré ».

Nous ne narrerons pas par le détail cette coucherie qui n’eut rien d’érotique, se résumant en un limage vain par une bite demi-molle.

Au bout d’un moment le Gilbert montra ses nerfs :

– Mortecouille ! M’aurais-tu jeté un sort afin que je ne puisse jouir dans ton vilain fourreau de putain ?
– Cela arrive à tous les hommes !
– Pas à moi, sauf avec les mauvaises putains.
– D’ordinaire on ne se plaint pas de mes services.
– Me traiterais-tu de menteur, ribaude du diable ?
– Je ne vous ai point traité, messire, faites un effort et faites taire votre colère, vous allez y arriver, voulez-vous que ma main vous dépanne ?
– Je n’ai pas payé pour une branle. Et d’ailleurs cela est péché !
– Juste un peu avant de me couvrir de nouveau ?
– Mais tu oses insister, sais-tu simplement qui je suis ?
– Quelle importance ?
– Comment ça « quelle importance ? », je suis le chevalier Gilbert de la Houlette, fils du seigneur de Graville, et je te crois vilaine sorcière.
– Bien, on fait quoi ?
– Tu vas commencer par me rendre mon argent.

Adelaïde l’aurait sans doute fait pour éviter l’incident mais l’homme se leva brusquement du lit, trébucha, se fit apparemment bien mal au genou, et se releva en maugréant :

– Encore un de tes sortilèges, qui est tu donc ? N’as-tu point honte de prostituer ta propre fille, à moins qu’elle soit aussi sorcière que toi, elle aussi a manqué de respect à mon rang !
– Monseigneur, calmez-vous, la colère n’est jamais bonne conseillère.
– Ce n’est pas une traînée qui va me dicter ma conduite, je vais m’occuper personnellement de ton cas et de celui de ta puterelle de fille. J’en ai fait pendre pour moins que ça. Cela me mettra de très bon appétit de vous voir toutes deux pendouiller au bout d’une corde !
– C’est ça, c’est ça !

En redescendant, le tavernier attendait Adelaïde :

– Cela me peine, mais je ne veux plus te voir ici ! Ce freluquet a menacé de faire brûler mon auberge s’il te revoyait chez nous ! Et puis méfie-toi, il n’a pas point bonne réputation. Ne prend pas ses menaces à la légère. Il est cruel et à moitié fou, je serais toi, je prendrais la route.
– C’est tout ?
– Non, j’ai été obligé de le rembourser…
– Ça va j’ai compris, tu vas les revoir tes écus !

Du coup Adélaïde qui avait eu tendance à mettre les menaces du nobliau sur le compte de la boisson, commença à paniquer sérieusement.

Elle se rendit chez Maître Philibert, l’apothicaire :

– Dame Isabelle m’a confiée qu’en cas de grave danger, je pourrais compter sur sa protection, j’espère que ce n’était point simplement un mot pieu ?
– Explique-moi !
– Un foldingo, se disant seigneur de la Houlette…
– Le seigneur de la Houlette n’est point foldingo…
– Il s’agit de son fils, Gilbert !
– J’entends mieux, à présent ! Et il te veut quoi, ce fada ?
– Il en veut à ma vie et à celle de ma fille…
– Je m’en vais de ce pas prévenir Dame Isabelle, veux-tu qu’en attendant, je te cache en ma cave ?
– Assurément, mais avant, je dois avertir mon poivrot de mari, je reviendrais ensuite ! M’ouvriras-tu même si je viens la nuit ?
– Je t’attendrais. Frappe trois coups deux fois de suite à la cognée de ma porte, je saurais que c’est toi !

Adélaïde gagna ensuite sa masure, le Gontran n’y était pas, elle ne prit pas le risque d’y rester et attendit patiemment qu’il revienne, dissimulée derrière un épais buisson.

Il ne revint qu’une heure plus tard :

– Un rejeton du seigneur de Graville nous veut grande querelle à notre famille et peut-être à notre maison, prend la route et cache-toi, dans un mois nous pourrons nous retrouver… Si tu ne bois pas trop !
– Mais tu es devenue folle ! Et c’est quoi cette tenue ?
– Peu importe ! Si tu restes à la maison, tu es mort !
– Balivernes, parle-moi plutôt de cette tenue !
– Adieu mon ami, je tenais à te prévenir, ne prend pas mes paroles à la légère. Eloigne-toi d’ici pendant qu’il est encore temps. Quand je pense que je t’ai aimé…

Gilbert de la Houlette après sa débandade rentra au château cuver sa piquette.

A son réveil, le lendemain, il avait le choix : oublier sa déconvenue ou user de sa cruauté. Hélas on ne change pas sa nature ! Enfourchant son blanc destrier, il se rendit à Montclar, chez monsieur le curé (digue don d’un don daine euh)

Accompagné de quatre « courageux » soudards, le nobliau terrorisa tant et si bien l’homme d’église que celui-ci finit par admettre que l’Adélaïde était peut-être bien la putain qu’il recherchait et il lui expliqua où se situait sa pauvre demeure.

Il s’en fut reconnaître le lieu et décida qu’il agirait de nuit, il s’excitait déjà en imaginant les gueux du coin découvrant en se réveillant, une cabane en flammes à l’extérieur de laquelle pendouillait au bout d’une branche noueuse d’un vieux chêne, quelques misérables cadavres !

Ce même matin, l’apothicaire réveilla Adélaïde.

– Nous partons ! Dit-il simplement.
– Où ça ?
– Là où tu seras en sécurité, mais nous allons d’abord passer chercher ta fille !

Et la carriole fila jusqu’à Preixan.

La Georgette fut quelque peu surprise de voir arriver la maman de sa meilleure putain.

– Le petit seigneur Gilbert de la Houlette nous cherche grands ennuis, je viens chercher ma fille afin de la cacher comme il se doit.

La Georgette commença à protester, à lui dire qu’elle exagérait sans doute, mais Adelaïde su enfoncer le clou :

– S’il la voit ici, il est capable de s’en prendre à ta taverne et de la réduire en flammes !

Il y a parfois des arguments qui portent !

Et c’est ainsi que Goldevaine, mal réveillée se retrouva dans une carriole aux cotés de sa maman !

Quelle ne fut pas leur surprise quand après quelques moments de route, l’apothicaire leur demanda :

– Enlevez vos habits, mettez-les en baluchon et revêtez ceux-ci.
– Mais ce sont des tenues de bonnes sœurs ! S’étonna Adelaïde
– Eh oui !

Nouvelle surprise quand plusieurs minutes plus tard, il fit ouvrir la porte du couvent des Ernestines !

Une bonne sœur bien dodue au sourire charmant vint à leur rencontre.

– Mère Gertrude les attend ! Précisa l’apothicaire, je l’ai prévenu hier soir. Moi je vais repartir, mais je prendrais bien un petit verre.
– Un petit verre ou un petit câlin ? Demanda Sœur Agnès puisque tel était son nom de cornette.
– Je veux bien les deux, mais prestement, il faut que je m’en retourne ouvrir mon échoppe !

Voici des propos qui interpellent Goldevaine et sa mère, qui s’échangent des regards ahuris en se demandant dans quel étrange couvent on les a menées !

Je vais vous conduire chez Mère Gertrude, et toi Maître Philibert, attend moi dans ma cellule, tu ne crois tout de même pas que tu vas repartir sans m’avoir honoré !

Et voici qu’apparaît Mère Gertrude habillée en cornette, à moins que ce soit Dame Isabelle si l’on préfère puisqu’il s’agit bien de la même personne !

– Toutes choses à son explication, je vais y venir, ta fille est fort jolie, tu t’es bien gardé de me la présenter avant, grande coquine !
– C’est que… Bredouilla Adélaïde
– Je plaisantais, voyons ! Racontez-moi vos mésaventures par le détail, je verrais si je peux y apporter remède.

Les deux femmes rapportèrent alors ce qu’il y avait à narrer. Finalement cela tenait en peu de mots.

– Ce Gilbert a-t-il des habitudes régulières ?
– Il monte toujours avec la même fille, la Rolande ! Répondit Goldevaine. C’est cette sotte qui a trop parlé…
– Non, je veux dire, vient-il toujours aux mêmes jours, aux mêmes heures ?
– Toujours le midi, mais pour les jours, ça dépend.
– Pourrait-tu le décrire.
– Il a de très vilaines verrues sur le visage…

Dame isabelle demanda de quoi écrire et dessina ce qui ressemblait à un visage, elle demanda ensuite aux filles de marquer l’endroit des verrues.

– Très bien, on va s’en occuper ! Tu veux qu’on s’occupe aussi de cette Rolande ?

Goldevaine se demanda qui se cachait derrière ce « on », mais ne posa aucune question.

– La Rolande ? Mais elle ne m’a fait aucun mal !
– Elle aurait été moins bavarde, tout cela ne serait sans doute point arrivé !
– Elle est plus bête que méchante, je ne lui en veux même pas !
– On pourrait juste lui faire peur ?
– Non, je m’expliquerais avec elle quand je la reverrai.
– Bien nous allons vous abriter quelque temps, et ensuite nous aviserons, avez-vous faim ?

Une bonne-sœur fort gironde apporta alors de la soupe chaude, du pain frais et du jambon.

– Et maintenant, juste deux mots pour répondre aux questions que vous n’osez poser : J’ai fait bonne fortune, il y a quelques années dans un lieu maudit de la Bourgogne (voir le récit « Les filles du bois maudit »), en fait j’y avais organisé un bordel qui avait bons chalands. Si certains des michetons qui venaient y forniquer étaient courtois et sympathiques, d’autres nous considéraient comme des trous, des trous charmants, mais des trous quand même. C’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers les femmes, d’autant que j’avais déjà quelques prédispositions, certaines sont garces ou poissonnières, mais beaucoup d’autres me ravissent. Au bout de quelques mois, moi et mes compagnes nous sommes séparées, chacune a suivi sa route. En ce qui me concerne, après plusieurs pérégrinations, je me suis retrouvée ici, j’ai monnayé la charge de mère supérieure. C’est fou ce que l’argent permet ! Nous sommes ici dans un cloître, les femmes n’en sortent jamais et ont fait vœu de silence, elles mènent leur petite vie de bonne-sœurs comme elles l’entendent sous la direction de l’ancienne mère supérieure. Dans cette aile du bâtiment les choses sont très différentes. Déjà personne n’y entre, je vis ici avec ma petite cour, cinq jeunes femmes rencontrées aux hasards de mes chemins d’amour. Certaines sont entretenues par de riches bourgeois, cela nous permet de nous approvisionner afin de faire bonne chère. Nous contrôlons la porte d’entrée, la sécurité y est donc absolue, lorsque le prêtre chargé d’entendre les bonnes-sœurs en confession vient les visiter, il n’entre pas ici pas plus que l’évêque quand il lui prend l’envie d’y faire une inspection, et si vraiment l’idée lui en prenait nous avons bonne cachette ! Que direz-vous d’une petite fête afin de vous accueillir gentiment ?
– Ma foi, c’est bien trop d’honneur, nous vous devrons une reconnaissance éternelle ! Bafouilla Adélaïde.
– Allons, allons, je n’allais tout de même pas laisser pendre deux si jolies putains !

Ensuite, Dame Isabelle les conduisit dans sa chambre.

– C’est ici que je dors, parfois seule, parfois avec l’une ou l’autre de mes petites protégées. Savais-tu, Goldevaine que je suis une fidèle cliente de ta mère ?
– Ma foi, non ! Qui me l’aurais dit ?
– Et toi, as-tu déjà partagé ta couche avec une femme ?
– Eh oui, et cela ne m’a point déplut !
– Et moi, comment me trouves-tu ?
– Très belle, assurément
– Tu me donnerais tes lèvres ?
– Comment refuser, d’autant que vous venez de nous sauver !

Et les deux femmes s’embrassèrent goulument tandis qu’Adélaïde se demandait si elle fallait qu’elle attende son tour ou si elle devait s’éclipser discrètement.

– Veux-tu baiser avec moi ? Demanda carrément Dame Isabelle.

Goldevaine approuva d’un petit signe de tête.

– Je vais me retirer, je peux aller où ? Demanda Adélaïde.
– Juste à côté, à moins que tu souhaites nous regarder, mais sans doute cela pourrait te gêner
– Gênée, non, nous avons déjà… enfin bref, ça n’a pas grande importance…Balbutia Adélaïde.
– Autant lui dire ! Intervint Goldevaine

Alors Adélaïde raconta :

– Au « coucou doré », alors que je rendais visite à ma fille, un miché m’a pris pour sa grande sœur et nous a fait monter ensemble.
– Ciel ! Et vous vous touchâtes ? Demande Dame Isabelle davantage amusée que choquée
– Et même un peu plus… bredouilla Adélaïde
– Ensuite, ajouta Goldevaine, on était un peu bizarre toutes les deux puis nous nous sommes dit : « Mais quel mal avons-nous fait ? » Et comme nous n’avons pas trouvé où pouvait être ce mal, nous nous sommes embrassées.
– Vous êtes deux belles cochonnes. Alors Adélaïde regarde-nous et si l’envie de prend de vouloir nous rejoindre, ce sera volontiers.

Alors Isabelle s’assit sur le bord du lit et fit signe à Goldevaine de venir s’assoir à sa gauche, laissant volontairement une belle place à sa droite.

Sitôt assises les deux femmes s’étreignirent et s’embrassèrent avec passion.

– Enlève-loi tout ça que je vois si tu es une aussi belle putain que ta mère !

Goldevaine se releva, se déshabilla prestement et esquissa quelques pas sautillants de danse.

– Humm, c’est ma foi, bien joli, tout ça, viens te rasseoir que je te caresse un peu. Humm, ta peau est douce, attend je vais moi aussi me débarrasser de cette robe, nous serons plus à l’aise. Alors ils te plaisent mes jolis nichons ?

Mais Goldevaine ne pouvait répondre, ayant déjà un téton dans la bouche et s’en régalant.

A quelques coudées, Adélaïde se demande s’il est opportun de venir s’intégrer dans ce duo charmant ou s’il convient d’attendre quelque peu. La voyant ainsi hésiter, Isabelle tapote de sa main droite sur le bord du lit l’invitant ainsi à venir.

Il restait un téton de disponible elle s’en empara.

Mais voilà que l’on frappe à la porte !

– Nous sommes occupées ! Répond Dame Isabelle.
– C’est sœur Agnès, je reviens quand ?
– Quand je te sonnerai !

Se doutant bien qu’il se passait en cette chambre des choses très peu catholiques, la Sœur Agnès, bien loin de partir se mit en position de voyeuse derrière le trou de la serrure.

Et elle avait devant ses yeux le spectacle charmant de sa mère supérieure complètement nue se faisant sucer les nibards par deux drôlesses se ressemblant étrangement.

Du coup Sœur Agnès se tripatouilla la chatoune avec frénésie et le fit tellement peu discrètement qu’elle fit du bruit.

– Mais qu’est-ce donc ! Qui est derrière cette porte ? Demanda Isabelle d’une voix forte.
– Il n’y a personne ! Répondit Sœur Agnès.

Inconscience ou humour, allez donc savoir ?

– Entre immédiatement !

La sœurette entra sans se faire prier, faussement penaude.

– J’ai fauté, Mère Gertrude, je mérite une punition ! Déclama l’impertinente nonne.
– Parfois, j’ai du mal avec mes petites protégées, elles ne sont pas toujours très sages ! Commenta Isabelle alias Mère Gertrude. Toi Agnès assis toi et regarde nous, mais interdiction de toucher.
– C’est trop cruel !
– Obéis ! Et me diras tu quelles sont ces taches sur ta chasuble ? Deviendrais-tu une souillon ?.
– C’est que j’ai un peu sucé Maitre Philibert, et il avait beaucoup de foutre dans sa bite !
– Ah, et elle était bonne sa bite ?
– Oui, mais il a joui trop vite, moi j’aurais bien voulu qu’il m’encule.
– Bon assis-toi et reste dans ton coin, je ne veux plus t’entendre ! Reprenons mes chéries, où en étions-nous ?

Pour toute réponse, la mère et la fille reprirent leur suçage de téton, un moment interrompu, puis Goldevaine se mit à lorgner vers la toison de Dame Isabelle ou plus exactement sur ce que cette toison brune tentait de dissimuler. Sa main s’y égara, ses doigts rencontrèrent l’humidité des chairs délicates, puis s’y enfoncèrent avant de s’y agiter frénétiquement.

– Oui, vas-y ma puterelle, fais-moi jouir !

Encouragée, Goldevaine vint se placer à genoux devant les cuisses écartées de la Mère supérieure et approcha sa langue, se régalant de ses sucs mielleux. Pendant ce temps, Adélaïde toujours assise à sa droite s’occupait comme il se doit de ses seins et de sa bouche.

Et soudain Isabelle se mit à haleter et à gémir avant de crier bruyamment sa jouissance. Du coup par une espèce de mouvement spontanée les trois femmes se retrouvèrent sur le lit à se caresser.

Les corps s’entremêlent au petit bonheur la chance et à un moment Goldevaine se retrouve avec le cul de sa mère devant son visage. Elle ne l’avait jamais vu, du moins, pas comme ça, pas si près. Elle ose le caresser et sa main s’égare très près de l’anus.

Adélaïde est prise d’un petit rire nerveux, sa fille prend ça pour un signe d’encouragement, mouille son doigt et lui enfonce dans le cul.

– Oh, mais que fait-là, ma salope de fille ?
– Faut-il que j’arrête ?
– Non continue, catin, débauchée, fille à remparts…
– Comme toi, Maman !
– Je ne dis pas la chose contraire !

Et pendant que Goldevaine continuait de doigter le cul de sa mère par derrière, Isabelle s’occupait du devant, créant ainsi un insolite étau de plaisir.

Adélaïde devant ce double assaut ne tarda pas à succomber au plaisir à son tour. Restait Goldevaine dont l’entrejambe était mouillé comme une soupe, mais qui attendait son tour de monter au ciel.

– Je crois bien que ta fille souhaiterait être léchée par une langue un peu vicieuse ! Fit remarquer Isabelle. La mienne ou la tienne.
– Vas-y ! répondit Adélaïde
– Je le ferais volontiers, mais il ne me déplairait pas de te voir lécher ta fille.
– Tu veux bien, Goldevaine ?
– Mais oui !

La mère se mit donc à gamahucher sa fille, tandis qu’Isabelle taquinait tantôt ses seins, tantôt sa bouche tant et si bien qu’elle prit son plaisir à son tour assez rapidement.

– J’ai le goût de la chatte de ma fille dans la bouche ! Constata Adélaïde avec amusement.
– Ça te change de celui des queues de tes clients ! Répondit Isabelle.

Sœur Agnès à présent n’avait plus rien à regarder… quoi que ces trois belles femmes ne s’étaient point encore rhabillées et étaient fort agréables à regarder, mais disons que l’action marquait une pause.

– Ma punition est terminée ? Demanda-t-elle.
– Je n’en sais rien ! Répondit Dame Isabelle, mais va donc nous chercher à boire, nous avons grande soif.
– Puis-je vous offrir mon pipi ? J’ai justement grosse envie ! Répondit l’impertinente.
– Qu’en pensez-vous, mes jolies ? Demanda Isabelle.
– Tant qu’à faire, j’aurais préféré le tien ! Répondit Adelaïde. Et après je boirais bien un grand verre d’eau
– Et bien tu vois, Agnès, personne ne veut de ton pipi, nous avons ce qu’il nous faut, continue de rester dans ton coin.
– Ouin ! Méchantes !

Isabelle sortit de son armoire un drap quelque peu épais et l’étendit sur le sol, puis elle invita Adélaïde à s’y coucher dessus, bouche ouverte, bien entendu ! Puis elle s’accroupit sur sa receveuse, chatte contre bouche en s’efforçant de contrôler le débit de son jet doré.

Adélaïde adoptait une attitude d’indifférence face aux jeux de pipis, ni rejet, ni plaisir, mais en ce moment elle appréciait parce que cette urine tiède au goût de bière salée, c’était celle de Dame Isabelle.

– Je t’en laisse un peu, Goldevaine ?
– Puisque c’est proposé si gentiment…

Alors donc Goldevaine pris la place de sa mère sur le drap, profita de la fin de la miction d’Isabelle et eu droit en bonus de faire le petit nettoyage de chatte.

Quand la puterelle se releva, Isabelle prit sa place.

– A votre tour mes jolies, moi aussi j’ai envie d’être votre pot de chambre !

La mère et la fille se relayèrent donc pour abreuver Isabelle et tout cela se termina par un grand éclat de rire collectif.

– Humm ! (ça c’est Sœur Agnès qui se racle la gorge pour manifester sa présence)
– Tu es encore là, toi ? Tu t’es bien rincé l’œil, Tu es contente ? Je suis sûre que tu as la chatte toute trempée ? Va donc nous servir à boire… Et de l’eau fraiche, pas de la pisse.

Et tandis que Sœur Agnès disparaissait de la pièce en dodelinant du croupion, Isabelle expliqua que cette fille était profondément masochiste (ce terme n’est utilisé que depuis 1886, impossible de trouver comment on disait auparavant, mais après tout on s’en tape…)

– Je suis sûre qu’elle a tout à l’heure fait exprès de faire du bruit pour qu’on la punisse, elle adore les coups de badines, mais à ce jeu-là, ce n’est pas elle qui décide, c’est moi et moi seule qui mène le jeu.je la punirais quand je le voudrais moi et non pas quand elle en aura envie. Non, mais…

Quand la nuit fut venue, le chevalier Gilbert de la Houlette et quatre de ses soudards démolirent la porte de la masure d’Adelaïde et de Gontran, ils auraient d’ailleurs pu s’en abstenir puisqu’aucune serrure ne la maintenait fermée. Ne trouvant personne à l’intérieur, le nobliau laissa éclater sa colère et son dépit, puis fit brûler la baraque.

– Ces traînées s’en sont allées dormir ailleurs, c’est donc en plein jour qu’il faudra que je les traque. Elles ne perdent rien pour attendre, elles se croient en sécurité, elles déchanteront vite quand elles auront la corde au cou.

Le lendemain matin, Gilbert tenta de réfléchir :

« Si elles sont restées dans leurs auberges, cela sera facile, cela est peu probable, mais il faut m’en assurer ! Sinon, elles sont forcément dans quelque autre auberge du Roussillon, je finirais bien par les dénicher, le pays n’est point si grand ! »

Depuis l’aube, un cavalier masqué est dissimulé à plusieurs encablures du pont-levis du château de Graville. Un homme à cheval ne tarde pas à en sortir, l’archer, se demandant s’il s’agit bien de sa proie, le suit pendant quelques lieus, puis quand la route devient forestière, il galope à sa hauteur :

– Holà, seriez-vous messire Gilbert ?
– Assurément, mais…

Gilbert ne termina jamais sa phrase, le sabre du cavalier lui ayant carrément tranché la tête !

Le cavalier masqué, débarrassa le cadavre de ses oripeaux et le traîna dans un fossé dans lequel les corbeaux et les chiens errants auraient tôt fait de le rendre méconnaissable. Beaucoup plus loin, il attacha son cheval à un arbre, quelqu’un le trouverait bien.

– C’est fait ! Indiqua simplement le cavalier masqué, qui était en fait une cavalière.
– Es-tu bien sûre que c’est lui ! Lui demanda Dame Isabelle alias sœur Gertrude.
– Ma foi oui, ses verrues étaient bien aux bons endroits.
– Et il est bien mort ?
– Dame, je lui ai tranché sa tête ! Il m’étonnerait fort qu’il puisse vivre sans elle !
– Bien, pas un mot à quiconque !

Sans un souci de sécurité, Dame Isabelle préféra attendre plusieurs jours avant d’annoncer la bonne nouvelle aux deux jolies putains.

Au château, on s’étonna de l’absence de Gilbert de la Houlette, et ce n’est que quelques jours plus tard qu’un garde retrouva son cheval et le ramena au château. On annonça l’événement au seigneur du lieu, celui-ci ordonna une battue près de l’endroit où avait été laissé le canasson, évidemment on ne trouva rien !

– Des bandits de grands chemins auront eu raison de lui ! Je ne l’aimais point, mais ne souhaitait pas sa mort et aurait souhaité l’enterrer en terre chrétienne. Nous allons faire dire une messe de requiem.

Au bout d’une semaine Dame Isabelle annonça la nouvelle aux deux femmes sous une version prudente :

– J’ai ouïe dire que le chevalier Gilbert de la Houlette avait disparu, son cheval est rentré tout seul en son château et le seigneur du lieu a fait dire une messe pour le repos de son âme.

Les deux femmes exprimèrent leur soulagement !

– Qu’allez-vous faire à présent ? Vous pouvez reprendre vos activités, ce triste sire ne vous importunera plus, mais vous pouvez aussi rester ici le temps qu’il vous plaira et profiter de notre compagnie !

La mère et la fille s’échangèrent un regard de connivence montrant qu’elles pensaient la même chose :

– Nous allons rester quelques temps ici, après nous verrons bien ! Dit alors Goldevaine

Et Dame Isabelle leur répondit par le plus beau de ses sourires.

Fin

© Lena van Eyck pour Vassilia.net – février 2020

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12 réponses à La Malédiction du Pas de Lagaste – 9 – Le couvent des Ernestines par Léna Van Eyck

  1. Honorine dit :

    Ainsi se conclut magistralement cette saga consacrée aux amours tarifés du moyen-âge. Merci Léna de nous les avoir fait vivre de façon intelligente et troublante.

  2. Stablinski dit :

    Une belle histoire délicieusement raconté et sachant bien nous exciter

  3. Georges dit :

    L’anticléricalisme n’est pas mort… et heureusement encore !

  4. Peau de la Vieille Hutte dit :

    Bonsoir Léna,
    J’ai laissé un second commentaire qui ensensait vos récits !

  5. Peau de la Vieille Hutte dit :

    En tous cas, les récits de Léna sont formidables ! J’adore !

  6. Peau de la Vieille Hutte dit :

    « Mais ne voyez pas que je suis occupée ! Répondit Adélaïde avec un regard courroucée. » Courroucé ne prend pas de « e », car c’est le regard qui est courroucé et non Adelaïde, même si bien entendu il s’agit bien de la femme.

    • Lena Van Eyck dit :

      1) Merci de me l’avoir signalé, j’ai corrigé !
      2) Que celui qui n’a jamais fait de faute d’orthographe me jette la première carafe 😉
      3) J’aurais aimé par la même occasion une appréciation sur le reste…

  7. Jugan dit :

    Une superbe histoire très chaude et au propos intelligent

  8. Pilouface dit :

    J’ai eu bien du plaisir, à suivre cette histoire joliment racontée. L’humour, la paillardise, et la punition du méchant.

  9. Darrigade dit :

    Merci Lena pour ce belle série. Pourquoi ne nous fait-tu pas une série qui se passerait intégralement dans un couvent ?

  10. Baruchel dit :

    Une conclusion surprenante mais efficace, j’ai adoré cette saga ! Félicitations, Lena

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