Par temps de pluie, récit à 2 voix par Hélèna Sevigsky

Par temps de pluie, récit à 2 voix par Hélèna Sevigsky

Lucie

19 heures… Mon mari est en déplacement pour son travail… il m’a parlé d’une vague conférence en soirée pas tout près d’ici… il m’a dit aussi qu’il en profiterait pour rendre visite à son père puisqu’il serait tout proche de sa vieille maison et qu’il ne rentrerait que le lendemain après avoir couché chez lui… Je ne suis pas dupe, il trouve toujours des prétextes invraisemblables… Mais je joue le jeu… mais qu’il ne vienne surtout pas me reprocher mes propres infidélités…

Deux mots de présentation avant d’aller plus loin : Je me prénomme Lucie, j’ai 28 ans, rousse aux yeux en amande, la peau blanche mais pas trop, je suis nutritionniste et mon mari est avocat. Ce soir j’étais donc seule et sans plan précis…. Comme s’il ne pouvait pas me prévenir à l’avance de ses absences ! Au moins ça me permettrait de m’organiser… Bof, pas bien grave et puis cette pluie qui tombe à torrent n’incite pas trop aux sorties improvisées. Le plan sera donc minimaliste : un repas léger, peut-être une petite vidéo s’il n’y a rien à la télé, une douche et au lit… Reste à savoir dans quel ordre je vais effectuer tout ça !

Finalement ce sera la douche d’abord, une amie a voulu me faire plaisir en me refilant des échantillons d’un nouveau savon aux propriétés exceptionnelles et qui parait-il, rend la peau très douce. Je prends plaisir à me savonner mon corps jusqu’à ce qu’il se recouvre de mousse, je préfère me servir de mes mains plutôt que d’un gant de toilettes, et parfois je me surprends à me caresser, là où ça m’excite, les seins, le trou du cul, et même parfois le sexe… Décidément pas mal ce savon, une bonne odeur, et vraiment tout doux… Je commençais à me taquiner le bout des seins dont les pointes roses s’érigeaient déjà quand la sonnerie du téléphone se fit entendre. Toujours ce réflexe idiot de vouloir absolument répondre… mais le temps de me passer un peignoir et d’arriver sur place, ça ne sonnait plus ! Dépitée, je rejoins ma cabine de douche pour me rincer, juste pour me rincer, pour le reste j’étais un peu démotivée.

Il était 23 heures 28 très exactement (allez savoir pourquoi je me souviens de cette heure avec une telle précision ?) et je m’apprêtais à me coucher dans mon pyjama de soie…

C’est alors que débuta une drôle histoire, tellement troublante que je m’en souviendrais durant toute ma vie… presqu’un rêve éveillé…

On frappa trois fois à la porte ! Pourquoi frapper, puisqu’il y a une sonnette ? Assez inquiète, je me saisis d’un couteau de cuisine, au cas où… et regardais à travers l’œilleton de la porte. Il y avait une femme toute trempée par la pluie, elle continuait à frapper en implorant des « s’il vous plait, s’il vous plait ! » assez pathétiques.

J’aurais voulu être absolument certaine que cette inconnue n’était pas un appât, qu’il n’y avait pas deux ou trois complices en retrait prêt à forcer l’entrée en trombe au moment où j’ouvrirais la porte.

Je ne fis aucun bruit restant sourd à ses appels, elle ne paraissait ni blessée, ni menacée. Encore une fois elle refrappa, puis finit par se retourner et commença à s’éloigner. Apparemment elle était donc seule. J’ouvris donc :

– Oui, qu’est-ce qu’il y a ?

La femme revint sur ses pas, elle avait un manteau noir avec une capuche, des lunettes et des chaussures à demi talon…

– Bonjour ! Ma voiture est en panne, je cherche désespérément quelqu’un chez qui je pourrais utiliser un téléphone, juste pour appeler un dépanneur… mon portable ne capte pas dans ce coin.

La voix est suave, troublante…

– Oui… Euh… Oui bien sûr.

Je la fais entrer, je lui prends son manteau, je n’ai pas envie non plus qu’elle me mette de l’eau partout. Je l’observe mieux. Elle est brune, cheveux attachés, une peau de latine, de longue et très belles jambes… et surtout des lèvres magnifiquement ourlées et très sensuelles qui lui éclaire son joli visage aux yeux bleu turquoise, et puis un nez, comment dire un nez altier, un nez de princesse.. Elle me dévisage bizarrement, comme si elle me déshabillait du regard… Qu’est ce qui lui prend ? J’espère au moins ne pas être tombée sur quelqu’un de mentalement dérangé ! J’interromps assez sèchement son observation :

– Euh… Allez-y, appelez votre dépanneur, le téléphone est ici.

Je m’éloigne un petit peu pendant qu’elle téléphone. Pas trop discrète la fille, je l’entends s’exclamer :

– Comment ça pas avant une heure ? C’est bien la peine d’avoir un contrat d’assistance !
– ….
– Non ? Bon de toute façon je suppose que je ne peux pas faire autrement, mais une fois cette affaire réglée vous aller entendre parler de moi !

Je trouvais que tout cela était énoncé d’un ton bizarre, comme si elle avait du mal à se mettre en colère à moins que ce soit l’effet de cette voix mélodieuse… Allez savoir ? Mais ce qui m’épata le plus, c’est que lorsqu’elle raccrocha, je ne l’avais à aucun moment entendu donner sa position. J’étais à ce moment persuadée d’avoir affaire à une mythomane. Et je savais aussi qu’on a intérêt à se débarrasser de ces gens-là le plus tôt possible.

– Il va avoir du mal à venir le dépanneur ! Lançais-je, perfide.
– Il ne manquerait plus qu’il ne vienne pas ! Me répondit l’inconnue de sa voix de miel, ne voyant pas venir l’attaque.
– Et bien moi je suis sûre qu’il ne viendra pas, mais bon ce n’est pas grave, je vais vous redonner votre manteau et vous souhaiter bonne chance.
– OK, vous me chassez… Tant pis, je frapperais à une autre porte, je dois les rappeler dans une heure, je ne sais pas trop comment je vais faire à cette heure-là… sinon je trouverais bien quelqu’un pour me prendre en stop et je réglerais ça demain…

Ah ! Parce que c’est elle qui devait rappeler, ça changeait tout, c’est donc pour cela qu’elle n’avait donné ni adresse ni numéro de téléphone. Bizarrement je me raccrochais à cette explication tenue mais qui me permettait de ne pas la congédier.

– Je suis désolée, je n’avais pas compris, je suis un peu à l’ouest en ce moment… Bien sûr que vous allez pouvoir attendre ici…. Si vous voulez boire quelque chose de chaud… Du thé si vous voulez ?
– Je ne suis pas trop thé..
– Un chocolat chaud ?
– Oui je veux bien.
– Vous avez une voix…

Je ne finis pas ma phrase. Je ne la connais même pas et je lui parle comme si que… Il faut que je dise quelque chose !

– Mettez-vous à l’aise, tenez prenez donc ce fauteuil !

Je me dirigeais vers la cuisine avec des sentiments partagés, cette petite plaisanterie allait me faire coucher au moins une heure plus tard, et avec quoi en échange ? La présence d’une nana qui a eu la mauvaise idée de venir frapper à ma porte, par contre cette femme dégageait une espèce d’aura comme si sa présence dans la maison avait quelque chose d’apaisant… d’apaisant et de pervers en même temps. Tout cela était bien étrange…

Quand je revins avec le chocolat, elle avait défait ses cheveux. Son visage paraissait reposé, et je crus même qu’elle avait corrigé son rouge à lèvres. Glamour ! Le mot me vint immédiatement à l’esprit ! Ces déesses de l’écran, américaines ou italiennes, belles d’entre les plus belles qui marquaient n’importe quel film de leurs charismes sexuels inconscients. Une merveille ! L’image de la femme dans toute sa beauté ! Pas un stéréotype de défilé de mode, non des formes là où il le fallait, mais juste comme il le fallait. Je suis (du moins c’est ce que je proclamais jusqu’à ce jour) strictement hétéro ! Mais je sais apprécier la beauté, le charme, la (employons le mot) la perfection… et là j’étais servie !

Je laissais le chocolat refroidir, attendant quelques instants avant de le verser, un ange passa, nous ne savions pas trop quoi nous dire, et faire la conversation pour faire la conversation n’est pas trop mon truc.

– Ça doit être bon ! Je le verse ?
– Oh ! Ça devrait aller !

Ses lèvres quand elle parle ! Et en plus la voilà qui sourit ! J’ai la « plus belle femme du monde » à la maison et voilà que je suis troublée…

– Je m’appelle Suzanne !

Elle prend sa tasse, et soudain elle se met à tousser, sa main tremblote légèrement, si elle ne fait pas attention elle va tout renverser

– Faites attention vous allez renverser votre chocolat !

Suzanne

Je m’appelle Suzanne ! Je crois que j’ai tout simplement eu beaucoup de chance, la nature m’a gâté et je suis comme on dit, plutôt bien foutue ! Je ne vais pas m’en plaindre, cela n’a pas que des avantages et il ait des circonstances où j’aimerais bien parfois passer inaperçue, me faire toute petite… mais les avantages sont loin d’être négligeables. Oh, il y en a des femmes qui sont mieux que moi, mais justement, il paraît que j’ai quelque chose en plus… J’ai aujourd’hui 34 ans et sans doute ais-je acquis une certaine expérience.

Lorsqu’au lycée j’ai commencé à me rendre compte que mon corps fascinait, cela m’avait flatté, jusqu’au jour où une petite garce m’avait provoqué et m’avait lancé « t’as pas besoin d’en être fière, tu n’y es pour rien ! » Cette petite peste m’avait profondément vexé et m’avait sans qu’elle en ait l’intention rendue un fier service. Après avoir cherché en vain comment me venger, je pris tout simplement la résolution d’adopter un comportement qui ferait que plus jamais je ne serais jugé que sur ma seule plastique, je soignais mon relationnel et au lieu de ne fréquenter que les canons, je côtoyais tout le monde, je me donnais du mal pour réussir dans la préparation de mes examens et enrichissais ma culture générale. Côté physique, je ne me mettais en valeur que quand cela me chantait, je pouvais très bien venir un jour habillée n’importe comment et le lendemain me mettre des vêtements super moulants et me parfumer d’échantillons envoûtants.

Et le résultat fut à la hauteur de mes espérances, je laissais loin derrière moi une flopée de sculptures aux sourires figés et aux conversations limitées. On pouvait moi, me sortir sans rougir. D’ailleurs on ne m’a pas « sortie » si souvent, je décidais assez vite que ce serait moi, uniquement moi qui choisirais mon homme, et cela avant de me rendre compte que j’étais incapable de m’attacher… Mon plaisir restait la conquête, et je m’amusais à leur demander ce qui leur avait tant plus chez moi. Les réponses n’étaient jamais les mêmes. Certains disaient être hanté par mon souffle, d’autres ne parlaient que de mes yeux, d’autres de mes jambes, d’autres encore avouaient que le parfum de mon corps les rendait fous… la plupart parlait de mes lèvres… Et rêvaient de les croquer comme on le fait d’un fruit rouge bien mûr et rempli de jus. Et puis certains avaient l’extrême obligeance de trouver mon nez superbe ! Mais aucun de ces hypocrites de ne me parlait jamais de ma poitrine ou de mon cul !

Le croirez-vous ? Avoir ce que l’on veut finit par lasser, à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ! A une soirée un peu barbante, un type me demanda :

– Les femmes ne vous ont jamais tenté ?
– Les femmes ? Pourquoi pas ? J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas que je meure idiote !
– Mais vous ne l’avez jamais fait !
– Je n’ai pas encore eu le temps, voyez-vous ! Répondis-je avec malice.

Bizarrement cette réflexion m’avait excité ! Ce challenge était passionnant. Séduire une femme ! Pourquoi pas, en effet ? Reste à savoir laquelle, reste à savoir quand ? Je pris la résolution de le faire avant les prochaines vacances… Une femme me résistera, c’est évident, toutes les femmes ne sont pas bi, mais nombreuses sont celles qui ne sont pas contre une expérience, dit-on…

A moi de me prouver que je peux arriver à rendre folle de désir une femme… Mais il faudra qu’elle me plaise… Afin qu’elle tombe dans mes filets, afin qu’elle vienne à moi et une fois tombée, je lui ferais comprendre qu’elle pourrait avoir encore mieux… Et je veux que lorsqu’elle goûtera à mes lèvres, à mon baiser elle n’ait qu’une idée en tête « mon corps » et que l’on passe un moment plus qu’inoubliable… mais est-ce que j’arriverai à la séduire ?

Revenons sur terre !

Je revenais d’aller voir ma sœur, qui avait un problème avec son homme… je roulais tranquillement quand soudainement ma voiture tomba en panne… Il pleuvait à torrent, je descendis, et jetais un coup d’œil sous le capot. Je constatais alors que je n’avais plus d’huile et que je n’en avais même pas vérifié le niveau.

J’ai pris mon portable… Il ne captait pas.

La seule solution était de frapper chez quelqu’un qui voudrait bien m’ouvrir et me permettre de téléphoner.

Une porte, deux portes, j’en essaie une troisième, c’est allumé, il y a quelqu’un mais ça n’ouvre pas, je vais pour faire une nouvelle tentative un peu plus loin quand la porte s’ouvre enfin. C’est alors que je me suis retrouvée devant cette jolie femme rousse en pyjama qui possédait de jolis yeux en amande.

Je lui explique mon histoire, elle me fait entrer, un peu déstabilisée… C’est sûr que ça n’arrive pas tout le temps ce genre de situation. Je la regarde mieux, elle me plait bien, elle dégage une certaine fraîcheur qui m’attire. Alors comme ça par déclic, je prends la décision, la femme que je veux me forcer de séduire, ce sera elle !

Du coup en fait de dépanneur, je téléphone dans le vide, je fais mon cinéma, le but c’est de gagner du temps

– Comment ça pas avant une heure ? C’est bien la peine d’avoir un contrat d’assistance…

Je raccroche, et m’aperçoit qu’en mauvaise comédienne, j’ai tout simplement oublié de donner mes coordonnées et celle du téléphone. Lucie s’en étonne et cherche à me virer, je me raccroche alors aux branches de façon miraculeuse :

– Ils m’ont demandé de les rappeler dans une heure, tous leurs véhicules sont occupés pour le moment…

Cette pauvre explication semble lui satisfaire, j’ai gagné la manche préliminaire, je suis pour une heure dans la place, à moi de savoir conduire la suite :

– Installez-vous… Vous voulez du thé ?
– Merci, je ne suis pas trop « thé »
– Un chocolat ?
– Oui, merci, je veux bien.

Je profite de son absence pour enlever mes lunettes, défaire mes cheveux, croiser mes jambes, rectifier mon rouge à lèvres. Mon parfum faisait toujours effet… J’étais prête !

La voici qui arrive avec le chocolat, elle me regarde bizarrement. Le poisson serait-il déjà en train de mordre à l’hameçon ? Ne pas perdre de temps, occuper le terrain, j’ai déjà une idée pour la suite. Je ne dis rien, elle me regarde furtivement, nous nous sourions, sourires de politesse, mais cela ajoute à la convivialité, et quand enfin le chocolat est versé, je mime une quinte de toux et en renverse jusque ce qu’il faut sur ma cuisse…

Lucie

Bon ! Qu’est-ce qu’elle nous fait la super star ? Elle n’est pas foutue de boire son chocolat sans s’en renverser sur elle ?

– Ça va ? M’enquis-je
– Ce n’est pas grave, heureusement ç’est tombé sur mes cuisses, je m’en serais voulu d’en renverser sur votre moquette.
– Je vais vous chercher une serviette en papier !
– Laissez, euh, comment dois-je vous appeler ?
– Lucie !
– Lucie, c’est joli, Lucie. Ne vous dérangez donc pas, je dois avoir un kleenex, ce qui m’embête c’est que ça va me faire une rougeur sur ma cuisse. Vous n’auriez pas une crème contre les brûlures ? Je suis vraiment désolée de vous importuner à ce point, mais il y a des jours comme ça, tout va mal !

Une rougeur sur la cuisse ! Pauvre chochotte ! Et me voici en train de farfouiller dans l’armoire à pharmacie, je trouve un tube de Biafine, ça devrait faire l’affaire, mais le plus curieux c’est que déjà dans mon imagination je me vois en train de lui masser la cuisse, et inexplicablement ça me rend toute chose ! Et puis soudain, je me reprends, il est évident qu’elle ne va pas me laisser faire, elle va se l’appliquer toute seule comme une grande, la Biafine ! Mais pourquoi cela me contrarie-t-il à ce point ?

Je reviens dans le salon ! Le choc ! Madame a ôté sa jupe, elle me tourne le dos, elle a retiré ses dim-up ou son collant je n’en sais rien et n’est vêtue en bas que d’un minuscule string qui lui rentre dans la raie des fesses et qui laisse apparaître un postérieur bien joufflu ! Quelle merveille, j’en ai l’eau à la bouche, une irrésistible envie d’embrasser tout ça m’envahit, je me racle la gorge, elle se retourne.

– J’ai enlevé le bas, ce sera plus pratique !
– J’ai trouvé ça !
– Merci ! Ça s’applique comment ?
– On sort une noisette du tube et on l’étale puis on masse légèrement…
– Je n’ai jamais été doué pour appliquer ces trucs-là, je vais essayer…

L’occasion est trop belle ! Tant pis si je me fais ramasser, et puis je suis persuadée qu’elle n’osera pas, après tout je suis chez moi…

– Si vous voulez, je peux vous le faire ? Proposais-je donc.
– Ça me semble une excellente idée !

Whaaah ! Je suis contente ! Contente parce que je vais masser la cuisse d’une inconnue avec de la Biafine ! Je dois être en train de devenir dingue !

Alors j’applique le machin, je masse, j’en profite pour poser l’autre main un peu plus loin près de son genou, sa peau est étonnement douce, mais il y a autre chose, cette femme dégage un parfum qui m’envoûte… j’en attrape des frissons, je prolonge le plaisir tant que je peux, mais je ne vais pas faire ça pendant une heure non plus.

– Vous avez des doigts très… Commence Suzanne sans finir sa phrase
– Des doigts comment ?
– Très habiles !
– Merci !
– Vous jouez d’un instrument peut-être ?
– J’ai fait un peu de piano ! Répondis-je.
– Ah ! Je me disais bien ! En fait c’est le mot que je cherchais, « doigté », voilà vous avez du doigté !

Elle joue à quoi ? Ou bien elle se moque de moi, ou bien elle a envie que je prolonge mes caresses, mais cette dernière hypothèse me semble tellement insensée que presque malgré moi je lance une boutade :

– Souhaiteriez-vous que je vous brûle l’autre cuisse, comme cela je pourrais vous la soigner aussi ?
– Me brûler, non ! Mais vous pourriez m’appliquer votre truc à titre préventif.
– Chiche ?
– Je me laisse faire !

Ça devient du délire ! Me voici en train d’appliquer de la crème sur une brûlure qui n’existe pas !

– Connaissez-vous, Lucie, la définition que donne le dictionnaire du verbe doigter !

Je lui souris, lui fais signe que non.

– Doigter c’est poser le doigt là où il faut et de la façon qu’il faut !

L’allusion est-elle sexuelle ? Je la regarde, dubitative, elle sourit à son tour, se passe l’espace d’un instant la langue sur les lèvres… je vais craquer, je crois… Je ne sais plus trop quoi faire.

– Peut-on se tutoyer Lucie ?

J’allais protester, dire qu’on se connaissait à peine, mais n’en fis rien et acceptais.

– Lucie, soit gentille remets-moi tes mains sur les cuisses, ça me fait un bien fou, tu ne peux pas savoir comme ça me détend. Tes mains sont si douces !

Le prétexte du baume n’est plus de mise à présent, je passe mes mains sur ces belles cuisses, les baladant doigts écartés, du genou jusqu’au plus haut que la décence le permette. La position que je suis obligée d’adopter me place donc face à elle, et nos visages sont désormais près l’un de l’autre, nos yeux se croisent et son parfum m’envahit de nouveau tandis que mes sens se troublent, pour la première fois depuis le début de cette fantaisie, je sens une humidité envahir mon entre jambe ! Mon dieu ! Je mouille en caressant les cuisses d’une femme ! J’essaie de me raisonner ! Quelque chose ne va pas ! Suzanne est sans doute lesbienne ou bisexuelle, mais qu’est-ce que je peux bien être représenter pour elle, avec mon corps imparfait, ma peau trop blanche, mes taches de rousseurs, mon odeur de rousse ? A nouveau nos regards se croisent et à nouveau elle se passe la langue sur les lèvres, plus longuement cette fois-ci ! Je vais craquer, je le sens !

Je n’ai jamais embrassé une femme de ma vie avec la langue, et là, tout de suite, maintenant j’ai envie de le faire. Alors bêtement je l’imite, et passe à mon tour ma langue sur mes lèvres, guettant, implorant sa réaction… Déjà mon esprit anticipe notre baiser, et je le souhaite passionné. Son parfum m’envahit à nouveau, j’ai un frisson, la chair de poule, la bouche sèche, je crois cet instant crucial et mes yeux sont rivés vers sa bouche, sa jolie bouche, si bien dessinée, si désirable, si pulpeuse, si…

– Je peux te faire un bisou sur le nez ?
– Mais bien sûr, ne t’en prive pas !

Un peu les lèvres, un peu la langue, je n’avais jamais fait ça, mais j’en avais envie !

– Tu l’as acheté où ton pyjama ? Demande-t-elle alors cassant du coup un peu l’ambiance.
– C’est un cadeau de mon mari !
– Il est où ton mari ?
– En déplacement qu’il m’a dit.
– Tiens donc ! Tu sais à quoi il me fait penser ton pyjama ?

Elle m’énerve, j’étais à deux doigts de lui rouler un patin et voilà qu’elle m’embrouille avec mon pyjama !

– Non, je ne sais pas à quoi il te fait penser ?
– A un papier cadeau !
– Hein ?
– Un joli papier cadeau ! On le regarde un peu distraitement et puis on se dit qu’on l’aime bien parce qu’à l’intérieur il y a forcément une jolie surprise !

Oh ! Joli le coup ! Je ne sais tout simplement pas répondre, cette fille est trop imprévisible ! J’essaie néanmoins de préparer quelque réplique intelligible, mais je n’en ai pas le temps !

– Déboutonne-le ! Ordonne-t-elle brusquement.
– Tu veux que…
– T’as parfaitement compris !
– Tu risques d’être déçue !
– Tu préfères que je le déboutonne moi-même ?
– Oui !

Et c’est ainsi que comme dans un rêve, Suzanne me déboutonna mon haut de pyjama.

– Charmant !

Mais puisqu’ils sont charmants, pourquoi n’y touche-t-elle pas ? Je suis prête maintenant pour le grand saut, mais pourquoi ne m’aide-t-elle pas ? Elle est là en train de les regarder ! Si ça se trouve, elle les trouve moches mes gros nichons avec leurs tétons qui sont toujours restés roses ! Non, son regard va de mes seins à mon visage, de mon visage à mes seins, puis elle recommence, j’ai du mal à suivre, il faut que je dise quelque chose, par exemple que je lui demande de me montrer les siens, parce qu’après tout, il n’y a pas de raison…

– Tu es belle, Lucie !

Le pire c’est qu’elle a l’air sincère !

Elle semble hésiter, soupire un grand coup, commence à dégrafer son chemisier, je la sens fébrile, elle fait ça n’importe comment, ne cherche même pas à faire durer le plaisir et commence à déboutonner par le milieu comme si elle était seule, elle se mord les lèvres, tous les boutons ne sont pas encore détachés. Ah nouveau elle soupire ! Et puis on visage s’éclaire, s’approche du mien…

C’est fulgurant ! Nos lèvres s’entrouvrent simultanément, nos langues se battent en un baiser effréné, on brasse de la salive comme s’il en pleuvait, nos mains cherchent nos corps et je mouille comme une éponge. Je ne sais pas comment on a fait pour se retrouver toutes les deux sur la maquette. Le reste de nos vêtements vole sans préalable, sans cérémonie. Sa poitrine est magnifique, ces rondeurs légèrement mates aux mamelons caramel sont autrement plus canons que les miennes, je les caresse, elle se laisse faire, je les embrasse, je les lèche, j’en suce les pointes, mais je sens bien que ce qu’elle veut d’abord, c’est s’occuper de moi ! OK je lui offre mon corps et c’est à son tour qu’elle joue avec mes globes, devenant ivre de leur présence, les pelotant des deux mains s’en frottant les joues, les rapprochant pour aller plus facilement d’un téton à l’autre. Je lui agrippe les fesses, mon dieu, que c’est doux, je m’enhardis, ma main se fait exploratrice, et passe entre les deux hémisphères, pour parvenir jusqu’en dessous du sexe. C’est tout mouillé, c’est moi qui la fait mouiller, et le fait de la faire mouiller, ça me fait mouiller… on ne s’en sortira pas, je vous le dis !

A nouveau on s’embrasse, j’ai le sexe en feu, on s’ébat comme des diablesses, on transpire et nos peaux se font glissantes. A un moment je me retrouve en travers de son corps, et mon téton frôle le sien ! Curieuse sensation que j’ai envie de renouveler. Et me voici, en train de m’amuser à faire frôler nos seins l’un contre l’autre. Elle se laisse faire, se contentant de m’offrir son sourire, le plus beau des sourires

On s’entortille en se caressant de telle façon qu’on se retrouve bientôt en position de 69, moi sur le dos, Suzanne au-dessus ! C’est comme cela que je m’imaginais la chatte d’une latine, poilue et odorante ! Je plonge là-dedans, essayant de me frayer un chemin dans cet adorable fouillis, et pendant ce temps-là, ma complice me lape déjà le clitoris de grands coups de langue ! Je sens que je ne vais pas tarder à partir ! Dans les romans érotiques il est de bon ton de rechercher la jouissance simultanée, mais j’ai pris du retard, et puis je manque d’habitude, sa pression est si forte que je ne peux me concentrer !

– Vas-y fais-moi jouir, et après je m’occuperais de toi !

Je cesse mes mouvements de langue, mais pas mes caresses, le plaisir est proche, trop proche, j’éclate…

J’attends un petit peu, la caresse tendrement, lui dit que c’était bon, elle ne répond pas, me caresse les cuisses. Elle m’a l’air un peu compliquée cette nana, mais c’est vrai aussi que je manque d’expérience. Je reprends mon cunnilingus, je m’applique, j’ai un peu peur de ne pas y arriver, mais quelques rauquements de mon amante me rassurent. Elle fait d’ailleurs de plus en plus de bruit, J’accélère, je fais de mon mieux balayant sans arrêt son petit bouton, et soudain la voilà qui gueule comme une forcenée tandis qu’un liquide m’envahit la bouche, je ne suis pas sûre mais on dirait bien qu’elle en a pissé de plaisir ! Oui c’est ça c’est de la pisse et je la trouve délicieuse !

Je crois alors l’affaire terminée, mais non, Lucie a déjà replongé vers mon sexe. Je me dis d’abord que ce n’est peut-être pas la peine, mais l’excitation revient vite, du coup de façon inimaginable je me mets à fureter de la langue autour de son petit trou, elle ne proteste pas, le goût est âcre, ça sent un peu la merde, et je me surprends à me régaler, la merde d’une aussi belle femme ne peut être que bonne. Pardi ! Puisque je vous le dis !

J’explose pour la seconde fois de la soirée ! Je suis à moitié dans les vapes, mais j’ai du mal à comprendre ce qui se passe de l’autre côté, Suzanne est atteinte de tremblements bizarres, je me glisse sur le côté l’obligeant à se dégager et découvre ma complice en extase.

– Ben Suzanne, qu’est ce qui se passe ?
– Je suis trop heureuse, si tu savais ce que je suis heureuse de t’avoir fait jouir
– Mais moi aussi, mais…
– Je peux rester dormir avec toi cette nuit !
– Mais ton dépanneur ?
– On l’encule !

Suzanne

Et voilà, c’est ce qui s’appelle doser ses effets, juste assez pour que ce ne soit pas innocent, mais pas trop non plus pour ne pas assassiner sa moquette ! Du coup je lui demande une crème contre les brûlures, si elle n’en a pas, j’inventerais autre chose, j’ai toujours eu de l’imagination. Et puis pendant qu’elle s’en va j’ai l’idée d’enlever ma jupe et mes dim-up, je vais l’attendre le dos tourné, on verra bien si elle apprécie la vue de mon cul ?

La voici mais je fais d’abord semblant de ne pas l’avoir vu ! Je vais lui proposer de me passer le baume elle-même, l’engrenage continue…

Elle accepte, elle fait ça bien la petite rousse, un sacré doigté, voilà qui me donne une idée, je vais lui parler de ses doigts, par association d’idée cela devrait la pousser encore un peu plus vers l’excitation.

Je lui demande ensuite par jeu, de me passer du baume sur l’autre cuisse, c’est un moment important puisque nous n’en sommes plus aux civilités ni aux services rendus, mais nous en sommes à jouer ensemble !

Et à nouveau je lui parle de ses doigts, je suis cette fois plus explicite et pour enfoncer le clou je passe ma langue sur mes lèvres

– Peut-on se tutoyer, Lucie ?

Une complice de jeux avec laquelle on se tutoie, déjà les rapports ne sont plus les mêmes, mais en a-t-elle conscience ? Ce jeu il me faut désormais le prolonger.

– Lucie, soit gentille remets-moi tes mains sur les cuisses, ça me fait un bien fou, tu ne peux pas savoir comme ça me détend.

Je suis en train de me demander si le jeu n’est pas en train de me dépasser, ses mains sur mes cuisses me font un drôle d’effet et mon sexe s’humidifie de façon complètement inattendue. Nos visages sont assez proches, pour cette opération, son beau visage de rousse avec ses petites taches de rousseurs, son odeur de rousse me narguent. Une flambé de désir m’envahit, mais elle n’est pas seulement sexuelle, je désire maintenant cette fille, je veux ses lèvres, ses mains, sa bouche, son sexe, son cul, son corps ! Je la veux ! Pourvu qu’elle soit d’accord pour aller jusqu’où je souhaite aller. Nos regards se croisent, elle m’implore, de nouveau je joue avec ma langue sur mes lèvres, j’essaie de reprendre le cours du jeu initial, je souhaitais la rendre folle de moi ! Je ne sais pas si elle est folle de moi, mais elle a envie, c’est déjà ça… Par contre ce qui n’était pas prévu c’est que ce soit elle qui me rende folle à ce point ! Je sens que je vais capituler, que je vais changer de jeu ! Je temporise, essayant de reculer l’inéluctable moment ou nos bouches s’uniront… Je lui demande avec le plus de diplomatie possible d’enlever son pyjama ! Elle n’est pas contre mais préfère que je la déboutonne ! Allons-y ! Et là je découvre deux merveilleux globes, ils sont charmants, tous blancs avec les petits bouts roses ! Voir ce joli petit minois, le haut de pyjama ouvert sur ses seins laiteux me fait un effet impossible, je suis en train de fondre…

Il faut que je prenne une décision : ou bien je continue mon jeu en faisant en sorte qu’elle me demande de me déshabiller, où alors je lui saute dessus, j’aurais perdu mon challenge, mais ça ne fait rien je l’accomplirais une autre fois…

Je cherche à me reprendre, je vais lui faire le coup du déshabillage de chemisier, mais je n’y arrive pas, je suis trop excitée, je fais n’importe quoi ! Je laisse tomber et attire son visage près du mien.

Voilà ! Ça y est nous nous embrassons ! Que ça fait du bien ! Je ne m’en rassasie pas de la Lucie, j’en veux encore, j’en veux plein, j’en veux plus ! Je la veux toute !

Le baiser est long, très long, nous finissons par nous écrouler et par mélanger nos corps que nous débarrassons comme des sauvages de nos vêtements. Je laisse Lucie un moment s’occuper de moi, mais je ne tiens plus en place, je lui saute littéralement dessus et embrasse tout ce que je peux embrasser, caresse tout ce que je peux caresser, je m’occupe de ses seins, reviens à sa bouche, joue avec tout son corps, je m’enivre d’elle dans un torrent de sueur. Et nous voici en position de 69, Lucie s’occupe de mon sexe mais semble avoir du mal à coordonner ses mouvements avec les miens, elle a l’intelligence de faire une pause, et de me laisser faire, alors pour la première fois de ma vie je m’acharne à faire jouir une chatte qui n’est pas la mienne, son clitoris érigé est très réceptif à mes caresses, et bientôt elle atteint le plaisir ! Je l’ai fait jouir, ma Lucie ! J’ai dit ma Lucie ? Je vais craquer, je nage dans le bonheur, je viens de rencontrer une femme avec laquelle j’ai aimé profondément faire l’amour. Derrière c’est le calme, je voudrais bien qu’elle s’occupe de moi à son tour… ça y est, elle le fait, je suis si excitée que l’affaire devrait être brève, le problème c’est que je ne contrôle plus rien, ni mes cris ni mes liquides intimes et je n’ai pu m’empêcher de lui pisser dessus. Elle en avalé une bonne rasade, sans rien dire.

Et la voilà qui me lèche le cul. Horreur, tout à l’heure au bistrot, il n’y avait plus de papier et je me suis sommairement essuyée avec mon dernier kleenex. Mon cul doit sentir la merde, mais ça n’a pas l’air de la déranger. Brave fille !

Je ne suis pourtant pas rassasiée, de sexe peut-être mais pas d’amour, je veux lui en donner encore plus et avant qu’elle ne proteste je la lape à nouveau, et au bout de quelques minutes l’envoie à nouveau au ciel des amours saphiques.

C’était trop bon ! Je lui demande si je peux rester mais j’étais sûre de la réponse. Car si je lui demande de passer la nuit dans son lit n’est-ce pas pour avoir le plaisir de lui faire à nouveau l’amour dans le calme du premier matin ?

© Hélèna Sevigsky 06/2003 d’après une idée et des personnages de Calystoben, modifié en 2013 et en 2022

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5 réponses à Par temps de pluie, récit à 2 voix par Hélèna Sevigsky

  1. Nina dit :

    « la merde d’une aussi belle femme ne peut être que bonne.  »
    J’ai relue plusieurs fois cette phrase en me demandant pourquoi elle me troublait tant !

  2. Sochaux dit :

    En forme d’exercice de style… réussi !

  3. Marylu dit :

    D’accord avec Claire, ça reste très bon même si ça n’atteint pas les sommets des deux épisodes de « Massage envoutant »

  4. Claire dit :

    Bien moi je le trouve très bien ce récit, c’est tendre, passionné, érotique, il manque peut-être juste une petite touche d’humour. Quoique l’avant-dernière réplique de Suzanne…

  5. Verney dit :

    C’est pas top, ce Calystoben gâche ton talent, Hélèna.

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