Chronique – Partie 2 – Estelle par Gigi02

 

Chronique – Partie 2 – Estelle par Gigi02

Beaucoup de déplacements pour moi en ce début de juin déjà caniculaire ; la routine, en fait, si ce n’est que la chaleur rend tous ces voyages éprouvants ; Et Stéphanie, elle non plus n’est pas épargnée, puisque les affaires dont elle s’occupe l’amènent de temps à autre à plaider à l’autre bout du pays. Tiens, quand j’aurai un moment, il faudra que je m’amuse à calculer le kilométrage effectué par chacun de nous au cours de cet été ;

De plus, ma bien aimée passe beaucoup de temps avec son amie Madame Beaulieu, peut-être future ministre, et de fait, depuis quelque temps, nos relations sexuelles ont pris un côté minimaliste assez inhabituel ; alors, pour compenser, durant mes moments de solitude, je dévore la littérature érotique, à la recherche de l’inspiration qui me fait toujours défaut. Et finalement, c’est la découverte des écrits du Marquis de Sade, notamment Justine, que je ne connaissais pas, qui va provoquer en moi le déclic ; s’inspirer des idées du Marquis, mais seulement s’en inspirer, pour une sexualité encore plus débridée, voilà qui ne devrait pas déplaire à Stéphanie ;

*****
Nu sur le lit, je regarde ma chérie se déshabiller. Un peu soûl, pas trop, juste ce qu’il faut pour être bien je ne perds pas une miette de son strip-tease express ; la voir retirer son soutien-gorge et son slip est un spectacle qui me ravit à chaque fois davantage, d’autant plus qu’il est en général annonciateur de choses encore plus réjouissantes…

Ce soir, c’était dîner en amoureux, toasts variés et fondue savoyarde, accompagnés d’un magnum de Champagne, s’il vous plait ! Histoire de fêter comme il se doit nos  » retrouvailles  » après quelques jours de séparation ; elle est gaie, Stéphanie ; parce qu’elle aussi a bu un peu plus que sa tasse. Gaie et heureuse, autant que moi : et c’est tant mieux, car ce soir, j’ai l’intention de lui proposer des choses un peu particulières, du genre de celles que j’ai en tête depuis la lecture des œuvres du Marquis ; mais à peine a t-elle a balancé sa petite culotte qu’elle se jette sur moi, ma petite tigresse ! Du sexe, elle en veut, vite ! Tout de suite et partout ! Pas le moment d’entamer une discussion ! Surtout que c’est une fille bien élevée, Stéphanie, elle sait qu’on ne doit pas parler la bouche pleine. Alors tant pis pour le Marquis, on verra plus tard ! Pour l’heure, on se donne à fond, on s’aime un peu, beaucoup, à la folie ; jeux de mains, jeux de vilains, il paraît… je crois que c’est pas son avis, ni le mien ! Et il n’y a pas que les mains ! Ivres de nos corps, en plus du Champagne, on essaie des trucs nouveaux, des positions encore jamais tentées, sans forcément y parvenir , on en rit en se prenant une overdose de sexe et puis, à bout de force, épuisés, on s’endort serrés l’un contre l’autre, après s’être barbouillé de sperme, heureux .

Elle ouvre un œil, puis l’autre, sourit ; à travers les volets, les premiers rayons du soleil inondent la pièce d’une lumière orangée, chaleureuse ; Stéphanie se serre un peu plus contre moi ; elle est belle, magnifique dans cette lueur matinale, zébrée par les rais de lumière que distribuent les ouvertures des contrevents ; je lui dis, elle m’embrasse ; oui, mais pas question de batifoler, ce matin ! il y a le boulot, et nous ne sommes pas en avance ; Tant pis, ce sera pour plus tard…

Au moment de partir, elle me prend par le bras

– Essaie de ne pas rentrer trop tard, mon chéri, nous sommes vendredi et tu sais que nous sommes invités chez Estelle pour un apéritif de réflexion…

Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié,

– J’essaierai ! Mais, dis-moi, tu peux me rappeler le concept d’un  » apéritif de réflexion  » parce que là, franchement…j’avoue que je suis un peu largué

Elle rit

– Je ne fais que répéter ses paroles, tu sais bien qu’avec les politiques, il ne faut pas systématiquement chercher à comprendre…

– Mais tu es sûre qu’il faut que je vienne ?
– Elle a dit tous les deux ! allez, à ce soir mon amour…

Journée ordinaire, sans grand intérêt, sauf qu’il fait de plus en plus chaud et que la clim est en panne dans tout l’étage, l’enfer ! Heureusement, en compensation je me régale des tenues légères de mes collègues féminines, et même très légères pour certaines…limite provocantes

*****
Un immeuble cossu dans un quartier huppé, escalier marmoréen avec moquette, ascenseur luxueux ; Au deuxième étage, c’est là qu’elle habite, madame la Député ; Elle nous accueille elle-même, avec un large sourire. Et pas bégueule, puisqu’elle m’embrasse comme si nous nous connaissions depuis toujours. Et le sourire qu’elle m’adresse discrètement est bien plus qu’une marque de sympathie, c’est carrément une invite, le genre de sourire qui ferait faire n’importe quoi à n’importe qui ! Elle est peut -être lesbienne, cette femme, mais c’est de plus en plus évident que pas seulement ! En tout cas, c’est vrai qu’elle est mignonne, et même très jolie, Estelle Beaulieu.

Ce soir, elle est sobrement vêtue, d’une robe légère, très courte et très moulante, dans des tons gris noirs Au cou, un magnifique collier, en or pur, j’imagine, brille de tout son éclat ; Son appartement n’est pas très grand, en fait, moins que je l’imaginais, mais très agréable et très lumineux, aménagé avec goût, tendance moderne.

Elle nous conduit dans son salon, canapé et fauteuils de cuir blanc, c’est fou ce que c’est à la mode, le mobilier blanc, table basse en bois rare, des fleurs à profusion, et, en fond sonore, une très discrète musique d’ambiance indienne ; elle parle, beaucoup, bien sûr, parce que la parole c’est l’outil de travail de la classe politique, homme ou femme, et qu’ils ne s’en privent jamais. En entrant dans la pièce, Stéphanie s’étonne

– Tiens, nous sommes les premiers …

Cela fait rire notre hôte

– Ni premiers ni derniers, puisque vous êtes les seuls invités, j’ai tenu à ce que cette soirée nous soit entièrement consacrée, très intimiste, rien que nous trois…..

On se regarde, ma chérie et moi, un peu surpris et flattés en même temps qu’elle ait réservée sa soirée rien que pour nous, mais très intimiste, diable ! Il faut comprendre ça comment ?

– Mais, auparavant, Stéphanie, j’ai quelques documents à te montrer pour que tu me donne ton avis, surtout celui-ci que l’on vient de me communiquer, parce que j’avoue que ça me rend perplexe…

Installées sur le canapé, les deux femmes discutent, les documents en question à la main ; apparemment, il semblerait que les comptes de la dernière campagne électorale ne soient pas tout à fait en conformité avec la loi, et cela à l’air de la contrarier beaucoup, madame la Député, peut -être même qu’elle se voit déjà mise en examen, la pauvre ! J’ai bien envie de lui dire que quand on fait de la politique, si on n’est pas mis en examen, cela ne fait pas très sérieux, mais je ne suis pas sûr qu’elle apprécierait … Alors, je les écoute, et j’en serai presque à me demander ce que je suis venu faire ici, s’il n’y avait le spectacle qui m’est offert par le jeu de jambes de notre hôte ; un festival ! Elle les croise, les décroise, les recroise un peu plus haut, en faisant mine de tirer sur sa robe ; face à elle, bien calé dans mon fauteuil, je ne perds pas une miette de ses gesticulations ; vue imprenable garantie, sans faire le moindre effort ! Elle est en train de me faire le coup de la provocation, la garce, et en toute connaissance de cause ; la preuve, chaque mouvement de jambes s’accompagne d’un regard appuyé dans ma direction, comme pour bien s’assurer qu’elle ne fait pas tout ça pour rien !

D’ailleurs, cela en amuse Stéphanie, et qui doit commencer à se demander de quel bord elle est vraiment, son amie Estelle.

Et puis, enfin, elle pose tout son tas de paperasses

– Mais je vous ennuie avec toutes mes affaires, vous n’êtes pas venus pour ça, n’est-ce pas ? allez, c’est l’heure de l’apéritif, Champagne ?

Le Champagne faisant l’unanimité, madame la Député se tourne vers moi.

– Seulement, Bertrand – vous permettez que je vous appelle Bertrand, je vais vous demander de faire le service, moi je ne suis pas très douée pour ce genre de chose…alors, attendez moi un instant, je reviens.

Je jette un regard effaré vers Stéphanie pour lui parler à voix basse

– Elle est blanche !
– Qu’est-ce que tu dis ?
– Sa petite culotte, elle est blanche, et pas besoin de me contorsionner pour le savoir ! Non mais, tu rends compte de son attitude, c’est de la provocation !
– Ça, je dois avouer… je n’arrive pas à le croire !
– Alors je commence à avoir ma petite idée sur ce qu’elle entend par soirée très intime…si c’est ça, on fait quoi ?
– On joue le jeu, mon chéri, jusqu’au bout, ne serait-ce que pour voir jusqu’où elle va aller, et puis, moi, tu te doutes bien que c’est le genre de situation qui me ravit, alors … Mais chut !

En effet, notre hôte est de retour, poussant une petite table à roulettes chargée de seaux à Champagne et de toasts tous plus appétissant les uns que les autres

Je me précipite pour l’aider et faire le service ;

Quelques instants plus tard, une coupe à la main, nous retrouvons nos places respectives

Estelle lève son verre pour porter un toast

– Alors, à nous !

Elle nous regarde en souriant, l’air satisfait

– Vous savez pourquoi je vous ai invités, vous deux et rien que vous deux ? Eh bien, tout simplement parce que vous me plaisez, et que j’avais envie de vous avoir ensemble, ici, rien que pour moi ; C’est vrai, vous êtes très sympathiques, vous êtes beaux – si, si ! Et vous représentez pour moi l’image idéale du couple moderne, alors, je me suis dit que ce couple moderne, et c’est toi, Stéphanie, qui m’en a donnée l’idée, ne refuserai sans doute pas une petite soirée intime, disons un cocktail Sexe Champagne mais ça, intelligents comme vous l’êtes, je suis sûre que vous l’aviez deviné, je me trompe ?

Cela a au moins l’avantage d’être clair ; mais il fallait vraiment être aveugle pour ne pas s’en être rendu compte ! je regarde Stéphanie, elle sourit ; ok, on continue; alors, je lui réponds avec un petit air que je voudrais détaché, mais qui ne l’est pas vraiment…

– Pour être franc, c’est vrai que c’est un peu l’idée que nous commencions à nous faire de cette soirée, Estelle, et je dois dire que cette perspective est des plus agréables ! Mais puisqu’on en est à évoquer la sexualité, et si je peux me permettre, j’ai envie de vous poser une petite question ; j’avais cru comprendre que vous étiez, disons, davantage tournée vers les femmes plutôt que vers les hommes…

Elle sourit, se tourne vers Stéphanie

– Je peux lui dire ?
– Que nous avons couché ensemble quand nous étions à la fac ? Mais il le sait ! avec Bertrand, on ne se cache rien, tu sais…
– Vous êtes vraiment adorables, tous les deux ! Alors puisque Stéphanie vous a tout dit, je le confirme, oui, je suis lesbienne et j’assume ma différence ; mais je suis aussi un peu comme la libellule, je virevolte un peu partout, et si, par hasard, il m’arrive de rencontrer un homme qui me plaît, et bien, je ne résiste pas au plaisir de succomber à son charme…et ce soir, il se trouve que j’ai la chance d’avoir près de moi à la fois un homme qui me plaît, vous – elle pose sa main sur celle de Stéphanie – et sa compagne que j’adore, alors que demander de plus …

Elle tend sa coupe vide

– J’ai soif, Bertrand ! Et puis venez vous asseoir là, près de moi… alors, Stéphanie, tu es d’accord ?

Elle a le sourire aux lèvres, ma chérie ! Exactement le genre de situation susceptible de la mettre en état d’excitation, dans tous les sens du terme

– Tu veux mon avis, Estelle ? Et bien moi, je commence à trouver qu’il fait drôlement chaud, chez toi, et que l’on pourrait peut-être commencer par se mettre à l’aise, non ?

Il y a un bref moment d’hésitation, et puis Estelle se lève, va tourner un bouton pour diminuer l’intensité de l’éclairage, et vient se planter devant moi

– Alors, que diriez-vous d’un petit strip-tease, Bertrand ?

Franchement, je me demande quelle tête elle ferait si je lui disais  » non merci très peu pour moi  » ; je souris

– Vous savez, à priori, je n’ai rien contre…au contraire !

Elle se tourne vers ma chérie et lui tend la main pour l’inviter à la rejoindre

– Qu’est-ce que tu en penses, Stéphanie ?
– Que cela ne me pose aucun problème, Estelle

Et j’assiste alors à un spectacle de rêve ! Voir deux femmes se dévêtir l’une l’autre, c’est vraiment quelque chose de très sensuel, et dans la lumière tamisée de l’appartement, le summum de l’érotisme ! Parce qu’elles ne font pas que se retirer leurs vêtements, mes strip-teaseuses ; collées l’une à l’autre, elles minaudent, se caressent en poussant de petits soupirs, bref, tout ce qu’il faut pour amener un homme à l’extase ! Et puis, quand elles n’ont plus rien sur elles, complètement nues, elles viennent s’asseoir tout contre moi

– Maintenant, c’est à vous, Bertrand, mais ne bougez pas, et laissez-vous faire

Rien n’est plus agréable que de se faire déshabiller par des mains de femmes; d’autant que moi, j’ai tendance à les avoir baladeuses, les mains ; alors, j’en profite ; et elles aiment ça, les coquines, elles gloussent, me caressent, me couvrent de petits baisers croustillants ; et puis, après cette délicieuse mise en appétit, on passe aux choses sérieuses ! Les caresses se font plus insistantes, plus intimes, les bouches se cherchent, se trouvent, on se mélange, sur le canapé, et puis à même le sol, sur l’épaisse moquette ! Et on partage tout, même le Champagne qui coule à flot et que l’on boit à trois dans la même coupe ; et dire que j’avais des préjugés négatifs sur l’amour en groupe ! Et bien, je l’avoue, j’avais tort, j’aime ça ! Et je me rends compte que je ne suis pas le seul à apprécier ce qui prend maintenant l’allure d’une véritable petite partouze, quand j’entends Estelle me susurrer à l’oreille :

– J’ai très envie de vous Bertrand ! Alors prenez-moi, maintenant !

Une proposition pareille, cela ne se refuse pas ! Bien sûr que je vais te baiser, ma chérie, et pas plus tard que tout de suite !

Elle ne se défend pas mal, la Député, malgré sa préférence féminine ; pas réellement une experte du niveau de Stéphanie, mais quand même ! bon, c’est vrai aussi qu’en étant au four et au moulin, si je puis dire, elle ne peut pas satisfaire ses deux partenaires avec le même bonheur ! Pour l’heure, je m’active dans son intimité pendant qu’elle est en train de prodiguer un léchage de foufoune en règle à Stéphanie, au comble de l’excitation ; c’est vrai qu’elle vit son fantasme, ma chérie ! Je fais l’amour avec une autre ! Devant elle ! C’est un peu fou ! il me faudrait quatre mains pour profiter de tout ce qui s’offre à ma tentation ! Je passe de l’une à l’autre, comme un gamin qui ne sait trop quel jouet choisir et qui veut tout essayer ! Mais malheureusement pour moi, je ne suis pas un surhomme, et au bout d’un moment, je finis par m’effacer pour les laisser s’amuser entre elles ; cela ne les gêne pas le moins du monde, d’ailleurs, que je les regarde s’envoyer en l’air, au contraire, on dirait que cela les stimule ! Alors, quand Stéphanie me dit que l’amour entre filles, c’est pas son truc, je dois en conclure que soit elle prend goût à l’homosexualité, soit elle sait diablement bien jouer la comédie, ma chérie !

Et c’est malheureusement la sonnerie d’un téléphone portable qui vient interrompre ces moments de félicité.

Estelle peine un peu à reprendre ses esprits avant de réaliser que c’est le sien qui la rappelle aux dures réalités du quotidien.

– Allo ? Comment ? C’est vous, Monsieur le Président ? Mais c’est un grand honneur, Monsieur le Président… non, non, vous ne me dérangez absolument pas, bien au contraire ! Comment, vous avez pensé à moi pour le ministère de la réinsertion sociale ? Mais c’est beaucoup trop d’honneur, Monsieur le président …et je vous en remercie, Monsieur le président…si je m’en sens capable ? Écoutez, Monsieur le Président, sans fausse modestie, je crois que je ….

Je n’écoute plus. Stéphanie non plus, écroulés de rire que nous sommes de voir madame la toute nouvelle Ministre, complètement nue, faire des courbettes avec son téléphone, et aller jusqu’à mette un genou à terre en tenant son appareil à deux mains ! Heureusement qu’elle nous tourne le dos !

Stéphanie se tourne vers moi

– Viens, je crois que nous n’avons plus rien à faire ici ! Alors on se rhabille et on s’en va, dans cinq minutes elle nous aura déjà oublié, nous la rappellerons demain, si on peut…

Effectivement, elle a à peine raccroché qu’elle est en pleine panique, la miss

– Vite, vite, je dois rencontrer le Premier ministre, à Matignon, ce soir ! Et je n’ai pas de chauffeur ! Catastrophe ! Vite un taxi, non, non il faut que je m’habille d’abord, mais qu’est-ce que je vais me mettre…Ah mes amis, vous vous rendez compte, Ministre ! Je suis Ministre de … de quoi déjà ? Flute, j’ai oublié ! Bah, ça ne fait rien, je trouverai bien quelqu’un pour me le dire…Allez, à bientôt mes chéris, je vous adore et on s’appelle !

Je crois vraiment qu’il est temps de la laisser à ses petits soucis ; Stéphanie finit de se rhabiller, je lui prends le bras

– Mais dis donc, mon amour, nous n’allons pas reprendre la route comme ça, on a bien bu, quand même, non ?

C’est vrai que le Champagne, on en a un peu abusé …

– Et en plus, tu sais quoi ? A cause de son coup de téléphone, je n’ai même pas joui !

Et cela l’amuse, ma chérie

– Pas grave, on laisse la voiture ici, nous la reprendrons demain matin, et on passe la nuit dans un petit établissement, genre hôtel de passe, du côté de Pigalle, et là, je te promets de te faire jouir, mon chéri !
– Un hôtel de passe ? Mais pourquoi un hôtel de passe ? En plus on a même pas de pyjama !
– Parce que j’ai envie de t’aimer dans un endroit un peu sordide, pour changer d’atmosphère ! Et puis franchement, tu crois vraiment que tu as besoin d’un pyjama ? Allez, appelle un taxi !

*****
On ne peut pas dire que la devanture de l’hôtel du Vieux Béarn brille par sa splendeur. Dans une rue étroite, en pente, une simple porte vitrée avec au-dessus un panonceau hôtel et sur le côté, le prix des chambres à la nuit dans un cadre en bois ; quelques marches à grimper pour trouver ce qui ressemble à une réception ; derrière le comptoir, une dame entre deux âges, mais plus près du second que du premier, grignote un sandwich , qu’elle ne prend même pas la peine de poser pour nous demander, sur un ton qui se veut aimable, mais qui ne l’est pas du tout :

– C’est pour toute la nuit ?

C’est vrai que nous n’avons pas de bagages, mais cela ne l’étonne pas plus que ça, et je suppose qu’elle s’en fout !

– De toutes façons, une heure ou toute la nuit, ici, c’est le même prix, soixante euros, payables d’avance, tenez, remplissez le registre ; la chambre c’est la quatre cent deux, au quatrième, et l’ascenseur est en panne …

Stéphanie fait la grimace, mais elle qui voulait un changement d’atmosphère, elle est servie ! Je règle et récupère la clé

– Ah, au fait, la douche, c’est au fond du couloir, et c’est deux euros, par personne…

Une chambre ordinaire, c’est le moins que l’on puisse dire ; papier à fleurs hideux, dans les tons verts passés, un coin toilette avec un lavabo et un bidet, quand même, et un lit pour deux personnes avec une literie qui doit dater d’avant-guerre ; c’est assez déprimant ! Mais le pire, c’est la chaleur, moite et étouffante, qui règne dans cette chambre ; et pas question d’ouvrir la fenêtre à cause du bruit de la rue !

Stéphanie tâte le matelas, fais la moue

– Bah, de toute façon, c’est pour une nuit…
– Ben, ne te plains pas, toi qui voulais quelque chose d’un peu sordide, tu l’as, et puis tu sais, en cherchant bien, on doit pouvoir trouver pire…

Elle jette un coup d’œil dans les toilettes

– Pire ? A ce prix-là, pas sûr ! En tout cas, j’ai envie de faire pipi, mais moi, je ne m’enferme pas là-dedans !
– Ça tombe bien, j’avais justement envie que tu laisses la porte ouverte …
– Voyez-vous ça… c’est l’atmosphère de l’endroit qui te donne envie de jouer les voyeurs ?
– Peut-être, voyeur et dominateur

Elle se rapproche pour me passer les bras autour du cou

– Waouh ! Là ça me plaît ! alors je fais quoi, monseigneur ? Parce que vos désirs sont des ordres, vous savez …
– Eh bien, tu te mets à poil, tu retires tout, robe, soutien-gorge, culotte, j’ai envie de te voir pisser nue, moi, je trouve ça terriblement excitant…
– Hum, c’est tout ? Monsieur n’a pas envie d’autre chose…
– Si, que tu me fasses jouir

Elle pose son doigt sur mes lèvres

– Bien sûr, mais je me permets de rappeler à monseigneur que je peux avoir d’autres envies, et si monsieur le désire…

Et je repense alors au Marquis de Sade …mais l’endroit ne m’inspire pas vraiment pour ça et puis je commence à ressentir la fatigue de cette journée, mais aussi les effets du Champagne et de cette chaleur insupportable…

– Écoute, Stéphanie, je crois que ce soir on va se contenter ce petit programme, parce que là, je ne vais pas pouvoir faire beaucoup plus…

Elle sourit ; ses yeux pétillent d’envie… Je me demande comment elle fait !

– Dommage ! bon, je me déshabille, je pisse et je te fais une bonne pipe ! Pour ce soir, on se contentera de ça… mais quand à dormir …je crois que tu te fais des illusions, mon chéri

La première partie du programme est bien sur un enchantement, surtout qu’elle suce et avale avec talent et gourmandise, ma chérie; mais la suite…Entre les étrangers de la chambre d’à côté qui parlent à voix haute toute la nuit dans leur dialecte, des Roumains, sans doute, les sommiers qui grincent, les portes qui claquent, la chaleur et les incessantes sirènes de police ou des pompiers, pas moyen de fermer l’œil un seul instant !

Et Stéphanie qui dort ! Superbe dans sa nudité ; paisible et heureuse, rien ne la dérange, pas même moi.

Il est tôt, très tôt, lorsque nous retrouvons la voiture garée pas très loin de l’immeuble d’Estelle; deux ou trois journalistes font le pied de grue, déjà, devant la porte cochère, mais, pour nous, ce matin, pas question de monter.

Nous rentrons chez nous, directement, en rêvant à la douche qui nous attend…

Lundi matin, huit heures ; Nicolas est déjà là, à m’attendre devant la machine à café ; il est tout content, et pour cause, la clim a été réparée ce week-end.

– C’est une bonne nouvelle, non ? A part cela, tu as regardé les informations, ces jours derniers ? Il y a eu un remaniement ministériel, sans grand intérêt, tu me diras, mais parmi les nouveaux ministres, il y a une petite, Estelle machin, je ne sais plus, waouh ! Je te dis pas ! Mignonne à croquer ! Tout à fait mon genre …

– Beaulieu, elle s’appelle Estelle Beaulieu

Il en est tout songeur, Nicolas !

– Tu sais que j’aimerai bien me taper une ministre, moi, surtout celle-là ! Pas toi ?
– Bof, tu sais, mis à part le fait d’être ministre, ce sont des femmes comme les autres, non ?
– Tu dis ça parce que tu n’en connais pas, tiens, la petite nouvelle, ton Estelle Beaulieu, si tu avais l’occasion de faire sa connaissance, et bien je suis sûr que tu serais le premier à courir après…

Je ne peux pas m’empêcher de sourire

– Eh bien, écoute, Nicolas, si elle te plaît tant que cela, je te la présenterai, ok ?

Il a un haussement d’épaule agacé

– Ouais, d’accord, et moi je te présenterai Madonna ! Pfft ! Tu vois, ce qu’il y a d’agaçant avec toi, c’est qu’on ne peut jamais discuter sérieusement !

À suivre

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Une réponse à Chronique – Partie 2 – Estelle par Gigi02

  1. Stevi dit :

    Jolie prose !

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