Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 16 – Garde à vue par Maud-Anne Amaro

Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 16 – Garde à vue par Maud-Anne Amaro

16 – Garde à vue

Vendredi 3 janvier

Oscar s’adresse à Monsieur Liou dans sa boutique de la rue Montgallet.

– J’aimerais acheter un « Fidélitas ».
– Bien sûr, je reviens.

Il se dirige vers l’arrière-boutique puis revient avec un emballage rouge et jaune.

– Voilà !
– Non, « Fidélitas », je vous ai dit !
– C’est la même chose, on a juste changé le nom. Maintenant c’est « Adultère-stop ».
– Dans ce cas… Vous pouvez me faire un paquet cadeau, c’est pour offrir.
– Ah ! Je n’en ai plus ! Vous comprenez avec les fêtes…

Il passe alors chez les Framboisert. Romain est parti au travail, mais Edith est bien là.

– Super ! Romain contrôlera ce soir si c’est bien la même chose. Comment vous remercier ?
– Un petit câlin ?
– Vous êtes gonflé, vous !
– Je plaisantais !
– C’est bien vrai, ce mensonge ?
– Je plaisantais, je vous assure.
– Je ne vous crois même pas, je vous offre un café ?
– Le café du pauvre ?
– Mais vous n’êtes pas sage !
– Si je ne suis pas sage, punissez-moi !
– Ben justement, la punition ce sera que vous restiez tranquille !
– Bien, je n’insisterais pas. Euh, j’ai envie de faire pipi mais je n’aurais pas l’outrecuidance de vous demander de me tenir la bite.
– Vous êtes décidemment impayable.
– Admettez que si je vous le demandais, ce ne serait pas grand-chose.
– Ben voyons ! La bite dans la main c’est le doigt dans l’engrenage !
– Certains engrenages ne sont-ils pas délicieux ?
– Taisez-vous donc !
– Si vous ne me la tenez pas, je risque de faire pipi à côté !
– Et bien, vous nettoierez !
– Oui, je nettoierai tout et si ce n’est pas bien fait, vous me punirez.
– Décidemment, c’est une idée fixe. Mais dites-moi pourquoi me vouvoyez-vous aujourd’hui ?
– C’est vous qui avez commencé, ma chère…
– Je n’en ai pas le souvenir. Mais qu’importe, va donc pisser, ça te calmera.
– Ça va être difficile, je suis en pleine érection.
– Menteur !
– Vérifie !

Est-ce alors par réflexe ou par jeu qu’Edith lui mit la main à la braguette ?

– Ben non, ça ne bande pas !
– Pourtant j’aurais cru…

Oscar sort alors sa queue, demi molle.

– Ah, et bien t’as raison, elle ne bande pas !
– Donc tu peux aller pisser.
– En combien de temps serait-tu capable de la faire bander ?
– J’en sais rien, disons deux minutes !
– Chiche !

Edith qui n’était pourtant pas « partante » commence à se prendre à ce jeu, et s’empare de la bite d’Oscar qu’elle branle un petit peu avant de la mettre en bouche.

Quelques coups de langue bien placés, quelques mouvements de lèvres efficaces et notre Oscar eut tôt fait de bander fort correctement.

– Qu’est-ce qu’elle est bonne ta bite !
– Tu l’aimerais bien dans ton cul, je suis sûr !
– Elle y serait heureuse, mon cul aussi !
– Ce n’est pas un problème.
– Alors, maintenant on fait quoi ? Demanda-t-elle.
– C’est que, avant toute chose, il faut quand même que j’aille faire pipi, j’ai toujours envie !
– Alors allons-y
– Il me vient une envie folle, un fantasme, une fantaisie cochonne…
– Oui, bon ben ça va j’ai compris, tu veux me pisser dessus ?
– Quelle perspicacité !
– T’as vue, hein ! En fait c’est un truc qui me branchait plus trop, c’est Béatrice qui me l’a fait redécouvrir récemment. J’avoue que c’est délicieusement pervers…
– Béatrice, elle est délicieuse.
– N’est-ce pas ? Mais je n’ai pas encore été jusqu’au bout…
– Le bout ? Quel bout ?
– Je t’expliquerai…On va peut-être se mettre à poil…

Ce qu’ils firent.

Oscar ne se lassait pas d’admirer le corps et les courbes d’Edith. Celle-ci par pure provocation s’amusa à faire bouger ses seins à la manière des strip-teaseuses.

– Hum, ce que tu peux être bandante, toi !
– Bof ! Il y a tellement de choses qui te font bander !
– Que veux-tu, il paraît que je suis un pervers polymorphe.
– C’est quoi ça, ça mord ?
– Non, c’est très gentil, très doux, très affectueux…
– Alors ça va ! Viens avec moi.

Elle l’entraina dans la salle de bain et s’assit par terre…

– Putain il est gelé, ce carrelage !
– Oui mais tu as les fesses si chaudes que ça devrais s’arranger !
– Ben voyons ! Bon, ça va être une première, je n’ai jamais encore pris de l’urine dans ma bouche, je ne sais pas si je vais aimer, mais j’ai envie d’essayer. Alors tu vises mes seins et tu remontes, mais tu ne m’en fais boire juste un petit peu.

Oscar fit comme elle souhaitait, le jet d’urine lui mouilla d’abord les seins…

– Hummm, c’est chaud, c’est agréable !

…puis remonta et visa la bouche ouverte. Edith déglutit.

– C’est spécial ! C’est pas franchement mauvais, c’est pas désagréable. Tu m’en donne encore un peu.

Mais cette fois, Oscar lui en envoya de trop dans le gosier, elle toussa et en recracha.

– Vas-y plus doucement Allez redonne-moi ta bonne pisse…! Glups !

Elle en avala une bonne lampée !

– En fait je n’arrive pas à savoir si c’est bon, mais ce que je sais c’est que c’est délicieusement pervers, ça me plait bien. Y’en a plus ?
– Non ! Mais tu peux me nettoyer la bite si tu veux !
– Hé dis donc ! Tu me prends pour qui ?
– Pour une belle coquine !
– Dans ce cas… Répondit-elle en engloutissant la bite d’Oscar dans sa bouche, la nettoyant de l’urine imprégnée sur son gland et la faisant rebander comme il se doit.
– Quelle suite, maintenant ?
– Comme on a dit !

Edith se positionna en levrette sur le carrelage, le cul très relevé, sa rosette brune bien visible, magnifique et obscène. Oscar ne peut résister à la tentation d’aller embrasser tous ces trésors, sa langue s’en allant virevolter à l’entrée du trou du cul en un ballet infernal.

– T’as des capotes !
– Dans la table de chevet, à gauche !
– Bouge pas, je reviens !

Une fois de retour il eut la surprise de voir Edith faire aller et venir dans son petit trou ce qui ressemblait à un tube de déodorant corporel.

– Ben, tu fais quoi ?
– Je m’occupe en t’attendant !

La bite d’Oscar remplaça donc avantageusement le produit en tube. Il pilonna la belle tel un damné et cinq minutes plus tard, ils s’écroulèrent l’un sur l’autre, exténués, en nage, mais ravis d’avoir si bien jouis

Le soir, après avoir contrôlé les puces sur son ordinateur, Romain Framboisert eut la confirmation que « Fidélitas » et « Adultère-stop » étaient comme blanc bonnet et bonnet blanc. Il savait ce qui lui restait à faire…

Michael Dereine

Michael Dereine avait tenté de revoir Edith Framboisert, mais en vain. Il l’avait harcelé au téléphone mais jamais elle ne répondait. Un jour il appela d’une cabine. Edith piégée, conserva son calme, et voulant mettre un terme à cette situation, accepta le rendez-vous qu’il lui fixa dans un bistrot près des Halles.

– Mais ce sera juste cinq minutes !
– Peu importe, répondit-il le cœur rempli d’espoir.

Elle entra, le vit attablé. Quand il l’aperçut, il se leva pour l’accueillir et l’embrassa chastement. Voilà qui n’était pas prévu mais il n’entrait pas dans les intentions d’Edith d’humilier le jeune homme.

– Qu’est-ce que tu prends ?
– Rien ! Lis-ça ! C’est pour toi et après je m’en vais, dit-elle en lui tendant une enveloppe non cachetée :

Il ouvrit découvrant une photo portrait d’Edith au format carte postale, il la retourna et lut.

« Seule la passion t’empêche de comprendre que ce que nous avons vécu ensemble ne peut avoir de suite. De cette aventure j’en ai retiré beaucoup de plaisir et ne cherchais rien du tout d’autre. Ce moment fut aussi un échange, pendant lequel je t’ai offert tout ce que je savais pouvoir t’offrir. Il y a des pages qu’il faut maintenant que tu saches tourner. Tu ne m’as pas perdu puisque je suis toujours dans ton souvenir mais ne refait pas l’erreur de me chercher ailleurs. Adieu.

Michael regarda Edith, les yeux hagards en proie à une véritable confusion mentale.

– Adieu, Michael ! Dit-elle simplement en partant sans se retourner.

Il faillit la traiter de salope, mais aucun son ne put sortir de sa gorge. Il réussit à retenir ses larmes quelques secondes, attendant qu’Edith soit sortie du bistrot pour ouvrir les vannes.

Mardi 7 janvier

En fin de matinée, Robert Perronoux reçu un paquet apporté par un coursier. L’identité de l’expéditeur ne lui disait rien du tout. Il déballa le paquet et commença à s’énerver en découvrant le nom du produit. Cet « adultère-stop » ressemblait trop au « Fidélitas ». Il lut le petit mot d’accompagnement tapé sur ordinateur :

« Tu seras probablement ravi d’apprendre que ce produit rapporte une fortune à celui qui le commercialise. » et c’était signé « Daniel ».

Il ne voyait pas qui pouvait être ce Daniel qui en plus le tutoyait, mais ce n’était pas le plus important. Il s’empara de son téléphone portable et composa le numéro de la boutique de Monsieur Liou :

– Bonjour, on m’a dit que vous auriez en magasin le produit « Fidélitas » ?
– Il nous en reste quelques exemplaires.
– Ce qui m’intéresse c’est le vrai « Fidélitas », parce qu’on m’a dit qu’il y aurait des contrefaçons.

Monsieur Liou qui avait oublié d’être idiot devint soudain méfiant.

– Non, c’est bien le vrai Fidélitas, je vais vérifier s’il nous en reste en stock, ne quittez pas.

Deux minutes plus tard…

– Désolé, on a vendu le dernier, et nous n’en aurons pas d’autres.
– Vous n’avez rien qui y ressemble ?
– Non monsieur.

Perronoux prend sa veste et ses chaussures, une demi-heure plus tard il était rue Montgallet.

– Bonjour vous me reconnaissez ?
– Oui monsieur !
– Et ça vous connaissez ? Hurla-t-il en exhibant l’emballage contenant « Adultère-stop ».
– Non monsieur !
– Tu te fous de ma gueule ?
– Non monsieur !

Alors Perronoux sorti son flingue…

– Allez, on va aller faire un tour derrière, on verra bien si tu mens.
– Vous ne devriez pas faire ça, monsieur ! Proteste Monsieur Liou en appuyant avec son pied sur un petit bouton discret.
– Allez, avance !

Monsieur Liou avance, Perronoux le suit en le braquant, il n’a pas vu l’imposant cousin du propriétaire des lieux, ni sa latte de base-ball, il vit seulement trente-six chandelles.

Trois heures plus tard

Perronoux reçoit une cuvette d’eau froide sur le visage, il est ligoté et bâillonné dans ce qui semble être une cave. Devant lui trois personnages : Monsieur Liou entouré de deux types qu’il n’a jamais vu : l’énorme cousin et son air bovin et un autre portant lunettes et moustaches ainsi qu’une évidente expression de méchanceté sur son visage.

– Bon, t’es réveillé, conard ? Demande le méchant.
– Hummpf, hummpf
– Alors écoute-moi bien, conard : on aurait pu te donner aux flics pour agression à main armée, mais c’est pas le genre de la maison. On va te libérer, mais si on te reprend à fouiner dans nos affaires on te coupe en petits morceaux !
– A la scie électrique ! Ajoute Monsieur Liou, en commençant par tous les doigts de la main, hi, hi !

Et Perronoux quitta le magasin avec un horrible mal de crane, une énorme bosse, et un irrésistible besoin de vengeance.

Mercredi 8 janvier

2 heures et demi du matin : Robert Perronoux gare sa voiture sur le trottoir d’en face du magasin de Monsieur Liou. Il en sort avec un bidon d’essence à la main. Le magasin est protégé par un rideau de fer, mais jouxte une porte en bois qu’il asperge d’essence avant d’y mettre le feu.

Jeudi 9 janvier

Perronoux dont le véhicule a été identifié grâce aux caméras de télésurveillance est interpelé à l’heure du laitier. Il ne peut nier, explique avoir eu un différend avec le gérant du magasin, mais s’avère incapable de prouver que ce dernier l’a grugé.

– Finalement vous avez foutu le feu à tout un immeuble, il y a des innocents qui ont failli y rester et qui ont tout perdu, et tout ça à cause d’une affaire dans laquelle vous n’avez pas raison, vous êtes une belle ordure !
– J’ai pété les plombs.
– C’est ce que disent tous les connards.
– Vous risquez 10 ans de prison, je vous souhaite bien du plaisir…

Vendredi 10 janvier

Devant la juge d’instruction, Perronoux commence à faire la grimace, il n’admet pas que ce genre de poste puisse être occupé par une femme et qui plus est, par une femme dont il pourrait être le père. Après avoir répondu à ses questions il lui demande :

– Si je vous livre des informations inédites sur une affaire non élucidée, est-ce que ça pourra arranger ma situation ?
– Je ne peux rien vous promettre, mais en principe, il est d’usage de tenir compte de ce genre de comportement, répond fort diplomatiquement madame la juge.

Alors Perronoux lui raconte une drôle d’histoire :

– Figurez-vous que j’avais l’intention d’écrire un roman policier, un truc assez classique, un casse qui se termine mal…
– Vous pourriez abréger ?
– Pour que mon histoire soit plausible, j’avais besoin de la description authentique d’un système de sécurité…
– Ça va être long ?
– Alors je résume : un type, en fait une relation de travail à qui je demandais des tuyaux, parce que c’était son ancien métier, m’a refilé par écrit la description du système de sécurité du coffre de la bijouterie Brougnard, il m’a aussi fourni des précisions complémentaires que j’ai enregistrées avec son accord. Il n’était pas dans mes intentions évidement de retranscrire tout ça à l’exact dans mon roman.
– Et alors ?
– Ben alors, quelques semaines plus tard, la bijouterie Brougnard était braquée, il y a eu trois morts. La presse a rapporté que l’un des gangsters tenait encore à la main la description du système de sécurité du coffre.
– Et ensuite ?
– Ensuite ce sera à la police de déterminer pourquoi cet individu a quitté l’entreprise qui a sécurisé la bijouterie, en emportant des documents confidentiels…
– Bien, je vais en référer à qui de droit…
– Je vais vous indiquer les coordonnées de la personne en question, mais il y a un petit problème.
– Quoi encore ?
– Il a disparu !
– Il a disparu ?
– Ben oui, Madame la juge, la culpabilité sans doute…
– Et comment savez-vous qu’il a disparu.
– J’étais en relation de travail avec lui, je ne peux plus le joindre, sa femme ne sait pas où il est passé, bref il a disparu de la circulation.

Perronoux est satisfait de son coup. Pour la police, la disparition de Framboisert ne pourrait que renforcer sa présomption de culpabilité. Et si on le retrouve, il aurait du mal à s’expliquer et si on ne le retrouvait pas… et bien si on ne le retrouvait pas, la police aura un coupable par contumace et lui une probable remise de peine après sa condamnation.

La juge demande à son greffier de rechercher le dossier du casse de la Bijouterie Brougnard. Elle prend contact avec le confrère qui a instruit le dossier, le récupéré et demande à la police un complément d’enquête…

La perquisition chez Perronoux permit de découvrir les instructions de sécurité du sas de la salle du coffre de la bijouterie Brougnard, l’enregistrement qu’il avait réalisé à l’insu de Romain Framboisert et un roman policier inachevé constitué d’une trentaine de feuilles saisies sur ordinateur et imprimées.

– Quelque chose ne colle pas, lui dit le commissaire. La fameuse feuille d’instruction trouvée chez vous n’est pas identique à celle trouvée sur le lieu du casse.
– Ah ? Fit semblant de s’étonner Perronoux, qui le sachant fort bien s’attendait à cette question. Il m’aurait donné une feuille d’instruction inventée de toute pièce, tout ça pour faire le malin !

Le commissaire laissa passer un silence avant de rétorquer :

– Non, ce n’est pas ça ! Il n’y a que la présentation qui est différente, les instructions sont les mêmes, elles sont même plus claires. Mais dites-moi : la phrase manuscrite sur votre exemplaire, vous savez ce que c’est ?
– Je n’ai pas bien compris, une formule mathématique, je n’ai pas creusé, ça n’avait rien d’indispensable pour mon roman.
– C’est l’écriture de qui ?
– Framboisert ! Du moins, je suppose.

Samedi 11 janvier

A 6 heures du matin, les flics tambourinent à la porte de l’appartement des Framboisert en gueulant des « Police, ouvrez ! », histoire que tout le monde entende bien ce qu’ils étaient en train de faire.

Framboisert ouvre…

– Romain Framboisert ?
– Oui, qu’est-ce qui se passe ?
– Habillez-vous, on vous emmène.
– Mais, attendez dites-moi ce qui se passe ?
– Vous êtes en garde à vue pour complicité de vol à main armée en bande organisé…
– Mais c’est une erreur…
– Ta gueule, on a un mandat d’amener, alors maintenant tu fermes ta gueule et tu te magnes, on n’a pas que ça à faire !

Framboisert comprend qu’il est inutile d’essayer de discuter avec ces types et se dirige vers la chambre pour s’habiller. Deux flics le suivent.

– Vous aller me regarder m’habiller ?
– Oui !
– Qu’est-ce qui se passe s’écrie Edith qui vient de se réveiller et qui ne comprend rien.
– On embarque votre mari !
– Mais pourquoi ?
– Vous le saurez plus tard, alors ça y est ? T’as pas besoin de cravate, on y va. Mets-toi tes mains derrière le dos !
– Vous n’allez pas me passer les menottes, tout de même !
– On va se gêner ! Les mains derrière le dos, on a dit et arrête de nous faire chier !

Romain n’est pas croyant, mais il prie le ciel de ne pas rencontrer quelqu’un dans l’escalier. Raté, la bonne femme du premier trouve intelligent de sortir son chien juste à ce moment-là !

– C’est une erreur judiciaire ne vous inquiétez pas ! Lui lance-t-il en rougissant

Il comprend qu’elle n’est pas sortie par hasard mais qu’elle a été alertée par le bruit. Demain tout l’immeuble sera au courant.

Au commissariat, on lui demande s’il désire être assisté d’un avocat, il refuse n’en voyant pas la nécessité car il est persuadé qu’il va s’en sortir rapidement. Il reste menotté pendant deux heures après un radiateur. On lui accorde tout de même une pause pipi. (Sans doute pour qu’il ne fasse pas des « saletés » par terre.)

Le commissaire Filippi le fait asseoir, c’est un type bedonnant, rouge de figure, le genre à trop bouffer et peut-être à trop boire aussi. Framboisert va enfin savoir pourquoi il est là !

– Ça tu connais ? Demande Filippi en lui exhibant la feuille d’instruction qu’il avait confiée à Perronoux.
– Non ! Répond-il par réflexe.

Son cerveau fonctionne à toute vitesse. Perronoux a parlé, mais il ne sait dans quelles circonstances, l’incendie de la rue Montgallet n’a pas fait les grands titres des journaux et il n’est pas au courant. Il comprend que le commissaire ne croit pas sa réponse, il faut qu’il trouve quelque chose.

– T’es vraiment sûr ? S’énerve Filippi.
– Je n’ai jamais vu ce document, mais je sais de quoi il s’agit.
– Ah ! C’est déjà mieux ! Et c’est quoi ?
– Des instructions pour le service de maintenance sur un sas de sécurité.
– Et tu sais ça comment ?
– J’ai travaillé dans une boite qui s’occupait de ça !
– Hum ! Evidemment ! Et vous affirmez que vous n’avez jamais eu accès à ce document ? Demanda le commissaire, en revenant au vouvoiement.
– Chacun s’occupait de ses propres projets, ce n’est pas un des miens, je ne les présente pas comme ça et là en marge, ce n’est pas mon écriture.
– C’est l’écriture de qui ?
– Jenner, un ancien collègue de chez Duvallès-sécurité.
– Et c’est quoi ce charabia ?
– Un machin mnémotechnique pour se souvenir du code à indiquer ici. Sans ce code cette feuille ne sert à rien.
– Une supposition, admettons qu’une personne vous présente cette feuille et vous en demande le mode d’emploi, que feriez-vous ?
– Il n’y a pas besoin de mode d’emploi, ça ne se passe pas comme ça ! La feuille sert à programmer un serveur vocal qui va guider le technicien de maintenance. Les manips neutralisent la sécurité du sas. Pour quelqu’un qui veut juste entrer ça suffit, sinon le cahier de maintenance, c’est beaucoup plus compliqué.
– Ça vous arrivait souvent d’emporter du travail à la maison ?
– Jamais ! C’était interdit !
– Hum, hum ! Et pourquoi avez-vous quitté cette entreprise ?
– Pour créer la mienne !
– Et ça a marché ?
– Faut pas se plaindre.
– Votre entreprise est sur le même créneau que l’autre ?
– Pas du tout, on crée des applications électroniques.
– Ah oui, racontez-moi.

Framboisert se demanda le pourquoi de cette digression.

– On a d’abord travaillé pour le ministère de la défense, maintenant on ferait plutôt dans les clôtures automatiques.
– Le ministère de la défense ? Ils vous demandaient quoi ?
– Des trucs bizarres, des machins pour les manœuvres militaires…
– Quoi encore ?

Cette fois Framboisert avait compris, le flic entamait une conversation « anodine » afin d’endormir sa méfiance. D’un moment à l’autre il reviendrait à « l’affaire ».

– Un jour on nous a demandé une fausse dent à mécanisme, c’est sensible à la voix, il suffit de prononcer un code, ça s’ouvre et ça libère une gélule de cyanure.
– Quel intérêt ?
– Un soldat capturé qui a peur de parler sous la torture, il prononce le code et trois secondes après il est mort.
– Mais c’est dangereux ! S’il prononce le code par hasard ?
– Aucun danger, c’est un double code, par exemple : il doit dire « clavicule », le système se met en attente et la personne a deux minutes pour prononcer le second code.
– Très intéressant !

Le flic reprit alors la feuille d’instruction de la bijouterie Brougnard.

– Revenons un peu en arrière : quelqu’un qui ne comprend pas bien ce mode d’emploi et vous le présente, vous faites quoi ?
– La situation est tellement improbable…
– Imaginons !
– Vous m’embarrassez, je suppose que tout dépendrait du degré d’intimité que j’ai avec cette personne…
– Robert Perronoux, ça vous dit quelque chose ? Coupa Filippi.

« Nous y voilà ! » Se dit Romain.

– Perronoux, c’est un client de ma boite, en fait c’est un courtier du ministère de la défense.
– Et quelle étaient vos relations avec lui ?
– De simples relations client-fournisseur, très correctes au début, et puis c’est devenu un peu compliqué, je l’ai viré.
– Parce que ?
– Incompatibilité d’humeur ! Je l’ai supporté tant que j’avais besoin de ses commandes, quand j’ai réorienté l’activité vers les grilles électriques, j’en ai profité pour couper les ponts.
– Aurait-il une raison de vous en vouloir ?
– Oui !
– Parce que ?
– Parce que je lui ai foutu un pain.
– Robert Perronoux est actuellement accusé d’avoir mis le feu à un immeuble rue Montgallet. Vous auriez une idée de la raison pour laquelle il a fait ça ?

C’était donc ça ! Quand Framboisert avait envoyé « Adultère-stop » à Perronoux, il souhaitait simplement provoquer une grosse embrouille entre lui et Monsieur Liou. Jamais il ne lui serait venu à l’idée que les choses puissent aller aussi loin !

– Ça vous laisse sans voix, on dirait ?
– On ne connait jamais les gens ! Et pour répondre à votre question, non je n’ai aucune idée.
– Perronoux était-il au courant de ce que vous faisiez dans votre ancienne boite ?
– Oui, juste comme ça, il nous est arrivé d’en parler mais sans rentrer dans les détails.
– Vous êtes bien sûr ? Parce qu’on est tous pareils, une fin de repas bien arrosé, et on raconte parfois des choses qu’on n’aurait pas dû raconter.

« Mais où peut-il en venir ? »

– Bref, il est exclu selon que vous auriez pu commenter avec Perronoux le contenu de cette feuille d’instructions ? Reprend Filippi.

Framboisert sent venir le piège.

– C’est pire que ça, ça ne tient pas debout.
– O.K. Je vais vous faire écouter un petit truc.

Le piège se referme. Framboisert entend sa voix, il ne peut s’empêcher de rougir.

« L’enregistrement ! Je n’y pensais plus à ce truc ! Quelle ordure ce Perronoux ! »

Et puis soudain il constate que l’enregistrement n’est pas complet. Perronoux y a fait des coupures. Devant un tribunal, cet enregistrement n’aura aucune valeur, mais il se garde l’argument en réserve pour l’instant. Son visage s’éclaire, il est maintenant certain de pouvoir s’en sortir.

– Ce n’est pas moi, c’est un imitateur !
– Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Tu devrais choisir un autre système de défense, je t’ai pourtant tendu la perche tout à l’heure avec la soirée arrosée.
– Désolé, c’est une machination, faites expertiser l’enregistrement.
– Bon on va te garder au chaud, ça te permettra de réfléchir, mais je te préviens : le collègue qui va reprendre l’interrogatoire est loin d’avoir ma patience.

Et le voilà en cellule, sans lacet, sans ceinture, sans montre avec un compagnon parfumé à la vieille serpillère.

Plusieurs heures plus tard

– Bon, annonça l’inspecteur Lafargue, on n’a pas de temps à perdre avec des mecs comme toi. Alors le mieux que tu ais à faire, c’est de te mettre à table. De toute façon, tu finiras par le faire, alors autant gagner du temps.

Framboisert dévisagea le flic, tête d’œuf et regard de sadique.

– Oh ! Je te parle !
– J’ai rien à dire !
– Tu préfères que je m’énerve ?
– Ça ne changera rien !
– Je vais te dire : être obligé d’interroger des mecs comme toi, ça me dégoute, j’ai l’impression d’avoir un tas de merde en face de moi, parce que c’est tout ce que tu es un gros tas de merde et un fils de pute en plus.
– Maintenant je veux la présence d’un avocat.
– Trop tard, fallait le demander avant.

Et sans crier gare, le flic le gifla deux fois de suite et pas gentiment.

– Bon alors t’accouches ou t’en veux d’autres ?
– J’irais raconter vos méthodes à IGPN…

Deux autres gifles et celles-ci font encore plus mal.

– Merci, fallait pas !
– C’est ça, continue à faire le malin, j’en ai maté des plus durs que toi !

Framboisert se retint de répondre une vacherie, il avait eu sa dose de gifles et sa tête lui faisait mal. Il fallait qu’il s’en sorte sinon cette brute était capable de le passer à tabac pour de bon.

– Vous pourriez repassez l’enregistrement ?
– Et pourquoi faire ?
– Parce que il contient quelque chose de bizarre.
– Si c’est encore pour nous dire que ce n’est pas toi, c’est pas la peine !
– Non, c’est pour vous dire autre chose.
– Pfff ! Qu’est-ce qu’on peut perdre comme temps !

L’enregistrement se déroula de nouveau…

– Stop, vous avez entendu ?
– Entendu quoi ?
– Il y a un décrochage !
– Et alors ?
– Ben alors, ça veut dire que c’est un enregistrement bricolé, aucun juge ne versera ça au dossier.
– C’est ça, oui !

Mais le flic, dubitatif, écouta l’enregistrement jusqu’au bout.

– C’est quoi ce bordel ! Refoutez-moi ce mec en cellule, j’ai des choses à vérifier.

Trois heures plus tard

– Pose ton cul, on va rigoler ! Ordonne Lafargue à Framboisert.

Et voilà qu’on lui bande les yeux.

– Vous n’avez pas le droit !
– Ta gueule.

Pour Framboisert, c’est clair on va le tabasser, et le bandeau c’est pour l’empêcher d’identifier ses agresseurs. Il entend du bruit, des gens entrent.

– Enlevez les bandeaux ! Ordonne l’inspecteur aux deux poulets qui se trouvaient là.
– Vous ! Ne peut s’empêcher de crier Perronoux.

Framboisert ne répond que par une expression de mépris.

– Vous l’avez retrouvé ? Insiste Perronoux.

Le flic ne répond pas.

– Perronoux, tu vas répéter devant Framboisert ta version des faits.
– Ben, il m’a montré cette feuille…
– Non, depuis le début… Il t’a montré cette feuille à quelle occasion ?
– Il y avait eu un premier casse chez Brougnard, on en parlait à table et Framboisert, de fil en aiguille m’a confié qu’il avait travaillé sur la sécurité de leur coffre. Je lui ai demandé des précisions et il s’est vanté d’avoir chez lui tout le détail des instructions de sécurité. Comme j’étais en train d’écrire un polar…
– Oui, bon ! Framboisert tu en dis quoi ?
– Double mensonge : D’abord cette conversation n’a jamais eu lieu !
– Menteur, j’ai tout enregistré !
– Tais-toi, Perronoux ! Intervint Lafargue
– Et l’autre mensonge, c’est que je n’ai jamais travaillé sur le dossier Brougnard, renseignez-vous auprès de la boite, ils vont vous le confirmer.
– Pas la peine, ce deuxième point est exact, c’est indiqué dans le dossier ! Répond l’inspecteur.

La tronche de Perronoux !

– Je suis de bonne foi, Framboisert m’a fait croire qu’il travaillait sur le dossier.
– Bon résumons-nous, intervint Lafargue en s’adressant à Perronoux : un jour vous papotez au restau, Framboisert te raconte qu’il a travaillé sur le projet de sécurité de la bijouterie Brougnard, déjà là il y a quelque chose qui ne va pas, tu lui racontes que tu écris un polar et tu lui demandes des précisions qui sont prétendument enregistrés.
– Comment ça prétendument ?
– Tais-toi quand je parle ! Le lendemain, il t’apporte des instructions écrites auxquels il ne devrait pas avoir accès et te les refiles gentiment ! Puis tu reprends l’enregistrement et tu fais des coupes… Pourquoi ces coupes d’abord ?
– Je n’ai gardé que ce dont j’avais besoin.
– Ben voyons, il y en a ici au moins un qui se fout de notre gueule, peut-être deux. Pour Framboisert on va aller jusqu’au bout de la garde à vue, emmenez-le, je garde Perronoux pour l’instant. Et puis non, emmenez-le aussi

Ces moments d’extrême nervosité étaient un signe chez ce flic. Il se savait tout près de la solution, il manquait juste quelque chose pour que le puzzle s’assemble. Mais quoi ?

– Le roman qu’écrivait Perronoux, il est chez nous ?
– Oui, je vais vous le chercher.

Lafargue pris le temps de lire les trente feuilles espérant y trouver quelque chose. Le style était primaire, les fautes nombreuses, et la présentation étrange avec cette manie de faire un très léger retrait à droite à chaque début de paragraphe…

Le déclic !

– Putain ! La feuille qu’on a récupérée dans le sas, il me la faut !

Les mêmes retraits paragraphes ! Il pourrait demander une analyse comparative des encres d’imprimantes, mais cela risquait d’être long, il pourrait demander aussi une analyse du disque dur de Perronoux, incluant les zones effacées. Mais il ne le fera pas, il croit avoir trouvé et se fie à son intuition. Perronoux, il va l’avoir au bluff.

– Bon, Perronoux, il est temps de cracher le morceau : le papelard récupéré dans le sas de chez Brougnard vient de ton ordinateur.
– Non ! Répond l’intéressé tout de même peu rassuré.
– La marque d’imprimante est la même que la tienne.
– Et alors ? Canon doit posséder 30% du marché…
– C’est non seulement la même marque, mais c’est le même modèle.
– Coïncidence !
– Et le fichier qu’on a retrouvé sur ton disque dur, c’est une aussi une coïncidence, connard ?

Perronoux soupira, il ne laissait rien trainer sur son disque dur et savait pertinemment qu’il avait effacé ce fichier.

– Cet interrogatoire est illégal, mon avocat n’a pas été prévenu.
– Ne t’inquiètes pas on sait ce qu’on fait. Alors t’accouche, on n’a pas que ça à faire !

– Vous bluffez, je suis joueur de poker, quand on bluffe, je le sais.
– Et ça c’est du bluff ? S’écria Lafargue en giflant deux fois de suite Perronoux.
– Passez-moi à tabac puisque c’est votre distraction favorite.
– Parce que tu te figures que je vais avoir des scrupules avec une ordure comme toi ? Est-ce que tu sais au moins que quand on efface un fichier sur un ordinateur, on peut quand même le retrouver.

– Touché ! Se dit le flic en observant la mine, soudain déconfite de Perronoux.

Et contre toute attente Lafargue quitta la pièce, dix minutes plus tard Filippi le remplaçait :

– Bon, alors t’es coincé, on dirait. On peut prolonger la séance le temps d’avoir les rapports d’expertise complets pour l’ordinateur et l’imprimante. Mais à quoi bon ? Alors t’avoue ?
– Ben, oui j’avoue !
– Et bien voilà ! Maintenant tu nous racontes tout ça en détail !
– Je sais pas !
– Tu ne sais pas quoi, tu préfères que ce soit mon collègue qui s’en occupe.
– Je ne sais plus où j’en suis, laissez-moi souffler cinq minutes.
– Pfff, d’accord mais pas une de plus !

Perronoux s’efforça de réfléchir. Avec son plan tordu, il avait sous-estimé le professionnalisme des policiers, il fallait donc arrêter de raconter n’importe quoi. Continuer à enfoncer Framboisert se retournerait contre lui : Déjà sous le coup de deux graves inculpations il ne fallait surtout pas que l’affaire du Bois de Louveciennes vienne aggraver son cas. Il avait deux solutions : se taire, mais il n’aurait pas la force de tenir, il n’avait donc pas d’autre choix que d’impliquer Framboisert mais il faudrait qu’il en minimise le rôle.

Perronoux présenta donc sa version. Framboisert continua de tout nier, il y eut donc une seconde confrontation et Perronoux raconta de nouveau cette version :

– Suite à un casse chez Brougnard, j’expliquais à Framboisert que l’affaire m’intéressait comme point de départ d’un polar que je voulais écrire, il m’a alors confié qu’il avait travaillé sur leur système de sécurité, et a accepté de m’en fournir les détails. L’idée du casse m’est venu après, je me suis dit qu’au lieu d’écrire un roman, pourquoi ne pas le vivre ?
– A quel moment, Framboisert a-t-il été au courant de votre projet de cambriolage ?
– Jamais ! Je ne l’ai jamais mis au courant.

Framboisert est sur le cul ! Il se dit qu’il doit y avoir un piège.

– Pourquoi avoir monté cette accusation sur Framboisert. Faut vraiment être con, si vous n’aviez rien dit on n’aurait jamais rouvert le dossier.
– Je ne l’ai jamais accusé ! J’ai simplement expliqué qu’il avait sorti de son entreprise un document sensible…
– Répondez à la question !
– Je voulais me venger du fait qu’il m’avait cassé la gueule, et puis j’espérais que la justice apprécierait ma collaboration !
– Autre chose concernant Framboisert ?
– Non j’ai tout dis !
– Pourquoi tu le couvres ?
– Je ne le couvre pas, il est coupable de violation de secret professionnel et de divulgation de secrets de fabrication industriel
– Ce n’est pas à toi de dire de quoi il est coupable. Bon maintenant plus un mot ! Framboisert, c’est à toi !
– Vous savez déjà que je n’ai jamais travaillé sur ce dossier.

Lafargue explosa :

– Tu commences à nous faire chier ! La feuille d’instruction n’est pas venue toute seule dans les pattes de Perronoux, c’est bien quelqu’un qui lui a refilé ! Et c’est pas la femme de ménage, c’est quelqu’un qui connaissait le code caché. C’est soit Jenner, soit Duvallès, le patron de la boite, sinon c’est toi !
– Et bien c’est pas moi ! Et arrêtez de me secouer comme un prunier, si je vous dis que c’est pas moi, c’est que c’est pas moi.
– Bon, reprit Filippi, on va être obligé de rechercher si par hasard Jenner ou Duvallès ont eu un contact direct ou indirect avec Perronoux, ça ne va pas être facile, mais on sait faire et on y arrivera, et si on trouve rien, il ne restera plus que toi.
– Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?
– Je te signale que Perronoux t’a disculpé de toute complicité dans l’affaire Brougnard. Au pire tu seras juste poursuivi pour divulgation de secrets professionnels. Quoique pour ça il faudrait que le patron de la boite soit au courant, et comme il n’est pas au courant…

Framboisert se demande le pourquoi de cette perche.

– Et puis poursuit Filippi, il y a l’enregistrement, on sait que comme pièce à conviction, ça ne vaut rien, mais si l’analyse de la voix prouve que c’est bien la tienne, cela resserrera l’enquête, on fouillera partout jusqu’à ce qu’on trouve quelque chose qui te fasse tomber.

Framboisert est fatigué, il en a marre, il se dit que si c’est un piège, tant pis.

– O.K., c’est moi qui lui ait donné la feuille !
– Et t’as fait comment ?
– C’est tout bête, inventa Framboisert, un jour j’étais dans le bureau de Jenner avec un dossier, j’étais un peu sur la touche depuis qu’il était là et je me demandais s’il n’avait pas inventé un petit truc génial dans ses procédures. Et ce jour-là sur un coin de son bureau il y avait cette feuille, posée sur un tas d’autres papelards, j’ai posé mon dossier sur les feuilles, je l’ai embarqué, j’ai photocopié le truc et je suis revenu chez Jenner en lui disant « j’ai embarqué » tout ça par erreur’, je te le ramène », ça ne l’a pas perturbé plus que ça…
– Et le code ?

Il expliqua.

– J’ai fait ça par jeu !
– Ben voyons ! Bon on va vous faire signer vos dépositions et vous conduire chez le juge d’instruction.

– Framboisert est complice, t’es bien d’accord ? Indique Lafargue à Filippi.
– Tout à fait ! Mais c’est du petit gibier, on n’va pas perdre notre temps avec ça, l’essentiel est d’avoir coincé Perronoux et d’avoir une version de l’affaire qui tient la route. En haut lieu on sera content.
– Si on était dans un polar, on se mettrait à plein temps là-dessus et on coincerait Framboisert.
– Ou, mais on a tellement d’autres affaires plus urgentes.

Quelques heures plus tard, Framboisert sortait libre, sa mise en examen pour vol de secret industriel étant subordonnée à l’éventualité d’un dépôt de plainte de la part de Duvallès-sécurité. Avant de quitter les lieux Lafargue ne put s’empêcher de se faire menaçant :

– Ne te crois surtout pas sorti d’affaire. Duvallès portera plainte, et si ce n’est pas déjà fait on lui demandera de le faire. Et tu vas écoper un maximum. C’est du moins ce que j’espère de tout mon cœur !

« Il me faudra un bon avocat ! se dit alors Romain Framboisert, j’en parlerais à Oscar, avec ses relations, il en connait peut-être un de très bon ? »

– Prépare-moi un dossier argumenté, avec ta version des faits, tous les détails et je m’occupe de ça ! Lui proposa Oscar.

« Embourbé comme il est dans cette affaire, je ne sais pas si un avocat suffira, mais j’ai comme une autre idée… »

A suivre

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4 réponses à Martinov 16 – Professeur Martinov et le Fidélitas – 16 – Garde à vue par Maud-Anne Amaro

  1. Rodrigo dit :

    Après un petit pipi, l’intriquie reprend le dessus, on ne s’en lasse pas

  2. Sandro dit :

    Passionnant, excitant, bien écrit… Chanette je t’aime !

  3. sapristi dit :

    Ça devient de plus en plus polar ! Mais ça pisse pas mal aussi ! Mais c’est du Maud-Anne Amaro et Maud-Anne Amaro c’est toujours bon !

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