Martinov 24 – L’énigme du hangar – 5 – Ohé ! Du bateau ! par Maud-Anne Amaro
Mercredi
Ce jour-là Piérac, ou du moins l’individu qui se faisait appeler ainsi se déplaça à Louveciennes et engrangea les informations glanées par Martinov et son correspondant.
– Autrement dit, on ne sait pas à qui appartient ce stock, aujourd’hui ? Se lamenta l’homme.
– Quand il est question de société off-shore on est vite perdu. Dans le cas de grosses affaires les services secrets sont capables de mettre des équipes de spécialistes dessus, mais là ce ne sont que des éponges métalliques… A moins que ça ne cache autre chose… Mais des éponges qui font un bruit de moteur, je ne vois pas bien…
– Mais quelles pistes avez-vous suivies ?
– Secret professionnel, cher monsieur.
– Et le maitre-chien, ce n’est pas une piste ?
– Ça m’étonnerait que ça aboutisse à quelque chose.
– Il y a bien quelqu’un qui le paie ?
– Ecoutez, vous vouliez des renseignements, vous les avez eus…
– Je double la prime si vous creusez la piste du maître-chien.
– Bon allez faire un petit tour, prenez un petit café, revenez dans une petite heure et je vous dirais si on accepte ou pas !.
Martinov téléphone à Petit-Couture
– C’est quand même bizarre, commente ce dernier, dans un premier temps le type veut savoir l’origine d’un bruit dans le hangar et vous demande d’y entrer, puis il se ravise, explique qu’on n’y entre pas comme ça et qu’il veut juste savoir quel est le propriétaire. Je me demande si effectivement ça ne cache pas un truc énorme ! J’ai toujours ma carte de la DGSE, on peut y aller ensemble, ça ne mange pas de pain !
Martinov prévint alors Piérac qu’il se donnait 48 heures pour effectuer des investigations complémentaires
Ils attendirent la nuit tombée pour se rendre sur les lieux, il commencèrent par faire le tour de la zone industrielle sans rencontrer aucune fille moyennant ses charmes dans cette zone.
Le hangar étant repéré, ils découvrirent une lourde porte battante fermée par des chaines cadenassées.
– Il y a peut-être une autre entrée…
Effectivement, une entrée plus modeste était située sur la gauche muni d’un panneau : « Défense d’entrer, site protégé par maître-chien et vidéo surveillance »
– Police, ouvrez ! Vocifère Petit-Couture.
– C’est quoi ? Demande le bonhomme en ouvrant un petit judas
– Un : vous faites coucher votre chien et vous nous laissez entrer. Deux c’est une inspection de routine, on en a pour cinq minutes.
– Z’avez un mandat ?
– On en a un ! Bluffa Gérard.
– Ces messieurs dames sont aussi de la police ? Demande le vigile.
– Ils m’accompagnent.
– Théoriquement je suis obligé d’emprunter les cartes d’identités…
– Faites ! Répondit Martinov, n’y voyant aucune malice.
– Je suis dans l’obligation de vous préciser que le site est entièrement vidéo surveillé…
– On s’en doutait.
A l’intérieur, il y a des caisses partout, Martinov et Petit-Couture arpentent l’allée centrale, ils n’aperçoivent nulle part les fameux matelas recouverts de serviettes de bains dont parlait Piérac. Quant au bruit qu’avait prétendument décelé ce dernier, il ne l’entendirent pas.
Sur la gauche ils aperçoivent une caisse cadenassée bien plus conséquente que les autres, au moins quatre mètres de haut, et plus de deux mètres de large.
– C’est quoi ça ?
– Qu’est-ce que j’en sais ? Je suis là pour garder le bazar, pas pour faire l’inventaire. Répond le vigile.
– Qui c’est qui vous paie ?
– Ben, ma société, Securutil.
– Donc quelqu’un rembourse Securutil, il suffira de leur demander ! Fait remarque Gérard.
A plusieurs kilomètres de là, l’écran de contrôle de la vidéosurveillance couine. Olivia et Amélie attendirent que les visiteurs soient ressortis du hangar pour se repasser la séquence.
– C’est qui ces gens ? .S’étonne Olivia
– Il y en a un qui s’est présenté comme étant de la police.
– Faut qu’on règle ça vite fait, ça sent le roussi. Demande qu’on nous envoie les photocopies de leurs papiers d’identité.
Olivia reçut les documents demandés quelques minutes plus tard sur son smartphone
– On n’a que deux cartes, ce con de vigile n’a pas osé demander celle du supposé flic.
– Bon le vieux s’appelle Martinov et il habite Louveciennes… la fille habite Paris. On va leur envoyer les Dupont Brothers, mais avant je veux qu’ils aillent fouiner en douceur à leurs adresses.
Le travail de fouine fut facile
– Alors qu’est-ce que vous avez trouvé ? Leur demande Olivia
– Martinov est un chercheur indépendant, du moins c’est ce qui est indiqué sur sa plaque, il habite et il travaille à Louveciennes. Expliqua le premier « Dupont »
– Et la fille ?
– Elle habite Paris mais on nous a indiqué qu’elle travaillait à Louveciennes, donc très probablement avec ce Martinov.
– Super ! Le troisième est probablement un faux flic, mais faudra s’en assurer. Donc vendredi matin pointez-vous à Louveciennes, jouez un peu les durs et demandez-leur ce qu’ils fabriquaient mercredi soir dans la zone industrielle des 4 couronnes.
De son côté Brigitte Silverberg encore choquée par l’attitude de Mattson et de son acolyte s’était mis en devoir de leur gâcher la vie. C’est qu’elle n’aime pas qu’on l’emmerde, Brigitte !
– Je vais laisser tomber la requête de Piérac, je lui dirais que je n’ai rien trouvé. Mais en ce qui concerne Mattson, je vais éplucher tout ce que je peux trouver. On ne parvient pas à ce niveau en restant tout blanc.
La première étape consistait à tenter de coucher sur le papier, la nébuleuse de sociétés gérées par Mattson et ses hommes de paille.
Tâche qui trouva rapidement ses limites, un certain nombre de ces boites n’étant pas domiciliées en France.
On retrouve les mêmes noms un peu partout, l’activité de ses sociétés est toujours indiquée de façon opaque en utilisant nombre de néologismes américains qui ne veulent pas dire grand-chose.
En y regardant de plus près, on se rend compte qu’il est beaucoup question de cargaisons flottantes, d’escompte sur des marchandises entreposées dans des docks ou des hangars….
« Tiens , tiens ! Tout cela ressemble à du brassage de fric en gros, mais pourquoi tant de sociétés.? Pour embrouiller le fisc ? »
Brigitte Silverberg avait un contact dans une grande banque, elle l’approcha par téléphone :
– Je t’envoie une liste de boites, si tu pouvais me dire des choses…
– Tu sais que je n’ai pas le droit de faire ça !
– Oui, bon tu me répètes ça à chaque fois ! Ça deviens rengaine. Tu l’auras ton petit chèque !
Une heure après, le type rappelait :
– Je t’ai envoyé tout ça par mail, ce sont juste des renseignements commerciaux, ces gens-là n’ont pas de gros comptes chez nous, on a juste un compte qui ne mouvemente pas beaucoup pour la société Sovremennoe Iskusstvo, un truc russe. J’ai un peu fouillé, il a été ouvert il y a deux ans pour couvrir une cargaison flottante. Je t’envoie le bordereau.
– Ça veut dire quoi ce nom imprononçable ?
– Ça ma grande, je n’en sais rien !
– Envoie le moi par SMS.
– Non je vais te l’épeler !
« Quel trouillard ! »
Une simple recherche sur le net, Sovremennoe Iskusstvo se traduit par Art contemporain.
« Autrement dit, ils ont fait une opération financière sur la cargaison d’un bateau, or cette cargaison semble avoir un rapport avec l’art contemporain. En fouillant mieux je vais peut-être tomber sur un trafic d’œuvres d’arts ! Voyons voir ce bordereau… Mais c’est super ça, j’ai même le nom du bateau « le Svetlana » et celui du capitaine, « Victor Lepland ».
Elle téléphone à la capitainerie du port du Havre, par chance le bateau en question est à quai et on va même jusqu’à lui en indiquer l’emplacement
Trois bonnes heures plus tard, elle était devant le bateau, habillée d’une petite robe imprimée légèrement décolletée et laissant les bras nus.
« Bon maintenant, il faut que je trouve le capitaine… » Se dit-elle en regardant la bateau avec insistance.
– Hello ! Crie une voix venant du pont du cargo.
– Hello ! Répond Brigitte.
– Il est beau, mon bateau, n’est-ce pas ?
– Oui, et il est tout propre !
– Venez, montez à bord, vous verrez l’intérieur ?
– Pourquoi pas ?
Brigitte emprunte la petite passerelle et se retrouve devant l’homme.
– Capitaine Victor Lepland, mais on m’appelle Capitaine Victor, bienvenue à bord.
– Appelez-moi Brigitte, je suis romancière amateur.
Le capitaine affiche une belle prestance, la quarantaine, très brun, grosses moustaches, sourire carnassier. On devine aisément que le type est un dragueur convulsif.
– Ce n’est pas tous les jours qu’une belle femme apprécie mon bateau !
– En fait dans mon roman, il faut que je décrive un bateau, un beau bateau… alors pourquoi pas le vôtre ? Mais avec votre permission, évidemment.
– Vous l’avez ! Venez je vais vous montrer le poste de pilotage.
Et après une courte visite des lieux, arriva ce qui devait arriver dans la cabine du capitaine.
– Me ferez-vous l’honneur de trinquer avec moi, j’ai une excellente vodka, acheté spécialement à Saint-Pétersbourg.
– Mais avec grand plaisir !
– Nature ou avec du jus d’orange ?
– Nature avec des glaçons si vous avez.
Il trinquèrent.
– Je ne suis pas un Don Juan, mais je ne peux pas m’empêcher de vous dire que vous êtes une très jolie femme.
– Un peu sur le retour, non ?
– Non, non ! Mais rassurez-vous, je sais me conduire.
– Vos yeux vous trahissent !
– Dois-je les fermer ?
– Mais non, si cela vous fait plaisir de me regarder, ne vous gênez pas.
– Je vais vous faire une proposition !
– Proposez, capitaine, proposez !
– Il va bientôt être l’heure de diner ! Que diriez-vous d’une petite bouffe en tête à tête ?
– Pourquoi pas ? Et après ce sera le dernier verre, et comme je serais un peu pompette, vos mains se feront baladeuses et tout cela finira dans le plumard !
– Vous vous méprenez…
– Peut-être, mais soyons clair, je ne vous laisse pas indifférent, mais de mon côté je vous trouve tout à fait charmant. Alors si vous souhaitez quelques instants de folie, épargnons-nous les cérémonials.
– Vous êtes directe, vous !
– On fait ça où ?
– Dans ma cabine, le matelas est un peu étroit mais confortable
« C’est incroyable ça qu’il faille toujours passer à la casserole pour obtenir des renseignements ! Mais bon ce Capitaine Victor a quand même une autre allure que ce pauvre Chavinou ! »
– Mettons nous à l’aise ! Propose Victor, qui sans attendre de réponse se retrouve rapidement nu comme une grenouille en exhibant une jolie bite demi-molle.
Brigitte ne peut faire autrement que de l’imiter.
– Mais vous êtes superbe, chère madame !
– Je ne me plains pas !
– Je n’ai pas bien vu le verso !
– Au verso, ce sont mes fesses, elles vous plaisent ?
– Ma foi, il faudrait être difficile ! Et si je vous mets la main aux fesses, vous allez dire quoi !
– Rien ! Ne vous gênez pas, plotez-moi le cul ! Je ne porterai pas plainte pour harcèlement.
Il ne plote pas, il malaxe.
« C’est une manie, en ce moment ! »
Et puis le bonhomme se laisse aller et lui tape sur les fesses, pas très fort mais quand même…
– Oh, pardon !
– Y’a pas de mal, vous pouvez continuer mais pas trop fort !
Fallait pas lui dire ça, à Victor, lequel se met à taper d’abord doucement puis l’air de rien de plus en plus fort.
– Mais je vais avoir le cul tout rouge ! Proteste mollement Brigitte.
– Je vais arrêter, alors !
– Et toi, tu aimes les fessées ?
– Moi j’adore ! Répond le capitaine avec enthousiasme.
– Ben fallait le dire ! Amène-moi ton cul que je le soigne !
Et Brigitte se met à frapper à la volée sur le cul du marin au long cours.
– Hum, c’est bon ! Prends ma ceinture si tu veux !
– Bonne idée, parce que je commence à avoir mal aux mains.
Et cette fois c’est du sérieux, une ceinture, ça marque.
– C’était pas trop fort ? S’inquiète-t-elle.
– Non, c’était très bien, insulte-moi !
– Tu ne serais pas un peu maso, toi ?
– Un peu, un peu !
– Tiens Morue, tiens salope…
En même temps elle lui serre les tétons avec ses doigts, faisant se pâmer le bonhomme.
– Aaaaah !
– T’aimes ça, hein ?
Elle lui prend les couilles et les serre de toute ses forces.
– Oh là ! C’est bon !
– Tu en veux encore ?
– Ah, si tu savais..
– Si je savais quoi ?
– Comme je suis cochon !
– Raconte !
– Quand je suis à Saint Pétersbourg, je visite une maîtresse, elle est belle, mais belle, vraiment trop belle !
– Et qu’est-ce qu’elle te fait faire ?
« O..K., c’est le genre de mec qui jouit en racontant ses fantasmes, pourquoi pas ? »
– Elle m’humilie, mais ça m’excite de trop !
– Et c’est quoi les humiliations ?
– Elle me fait sucer des bites, tu te rends compte sucer des bites ?
– Oui, je me rends compte, ça m’arrive aussi !
– Oui mais toi tu es une femme !
– Certes ! C’est tout ?
– Oh non ! Elle me fait enculer par ses autres soumis ! Tu te rends compte ! Je me fais enculer ! C’est terrible !
Brigitte a un peu de mal à entrer dans son jeu.
– Traite moi d’enculé, de suceur de bites !
– Enculé ! suceur de bites !
– Oh, oui ! je vais jouir ! Non je ne vais pas jouir, je ne mérite pas de jouir devant toi, je ne suis qu’un suceur de bite, un enculé !
« On va finir par le savoir ! »
– Qu’est-ce que tu pourrais inventer pour m’humilier ?
– Je peux te pisser dessus, par exemple !
– Oh oui ! On va faire ça sur le petit pont, personne ne nous verra !
Ils sortent sans se rhabiller, Victor se couche et Brigitte le chevauche et lui donne à boire toute sa pisse. Le bonhomme est enchanté, ravi !
– Tu veux jouir comment ? Lui demande-t-elle
– Non, je ne veux pas jouir, je ne le mérite pas…
– Ça me gêne un peu quand même !
– Quand tu partiras je me masturberais en pensant à toi, ce sera géant !
– C’est comme tu veux !
« Spécial, le mec ! »
– Mais attends, je vais te faire jouir quand même ! Lui dit-il
– J’espère bien ! Répondit Brigitte
« Ça ne me fera pas de mal et s’il n’y arrive pas je simulerais ! »
Mais la simulation ne fut pas nécessaire, Victor léchait fort bien !
– Ça creuse tout ça ! J’ai bien envie d’accepter maintenant ta proposition de dîner en tête à tête.
– Soit ! On peut aller au restau, c’est un peu loin, sinon on peut se faire livrer un bon plateau de fruits de mer !
– Faisons comme ça !
Brigitte alimente la conversation avant de la recentrer sur les raisons de cette rencontre.
– Et sinon, tu transportes quoi ?
– En ce moment je fais surtout dans les tableaux…
– Des tableaux de maîtres ?
– Drôles de maîtres !
– Pourquoi dis-tu ça ?
– Un jour il y a une caisse qui s’est un peu ouverte, du coup j’ai regardé et j’ai pris des photos, je vais te montrer.
Le capitaine fouille dans les images de son téléphone et fait découvrir à Brigitte les clichés en question.
Effectivement c’est très laid, un fond gris, barré d’une trainée violette aux contours mal définis. Le type a dû bosser au moins dix minutes sur cette « œuvre magistrale » ! Je mémorise le nom de « l’artiste » en bas à droite : Myard.
– O.K. et tu livres ça où ?
– A Saint-Pétersbourg.
– Et ensuite ça part où ?
– J’en sais rien, ce n’est pas mon problème, on décharge, on fait la paperasse et basta.
– Et tu repars à vide ?
– Mais dis-donc, t’es bien curieuse, toi ?
– Comme toutes les femmes, mais je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas ! C’est juste que ça peut me donner des idées pour mon roman.
Jeudi
Le lendemain, Martinov et ses compagnons n’étaient pas mieux avancés, la prestation du maître-chien était réglée par une société off-shore à l’activité absolument opaque. Il en était de même pour ses collègues qui le remplaçaient la journée et le week-end.
On en informa « Piérac » qui le prit fort mal
– Mais enfin ce n’est pas possible que vous ne trouviez rien !
– Ben si, c’est possible !
– Bon laissez tout tomber, je passerais vous payer en vitesse cet-après midi.
– Mais vous nous avez déjà payé !
– Pas le complément d’enquête.
– On vous en fait cadeau puisqu’on a rien trouvé.
Mais intérieurement Piérac fulminait, il ne comprenait pas l’échec de Martinov.
– Pourvu qu’il n’ait pas trouvé quelque chose et qu’il refuse de me le dire… et même pire qu’il prévienne les autorités.
Il contacta Monsieur Ferdinand lui demandant d’organiser une surveillance stricte du laboratoire de Martinov et du hangar.
C’est qui Monsieur Ferdinand ? Demande le lecteur ! Patience, patience !
Petit-Couture refusa poliment le tiers de la prime que Martinov et Béatrice leur proposaient mais précisa que si ces derniers avaient encore besoin de ses services,…
– Cela dit je ne saurais trop vous conseiller de laisse tomber cette affaire, elle sent le pourri !
Et en effet dès le lendemain les choses se compliquèrent et pas qu’un peu !
Brigitte Silverberg a tôt fait de retrouver la trace du peintre Serge Myard sur Internet. Inconnu il y a encore deux ans, ses toiles se vendent aujourd’hui à des prix faramineux et l’une d’elles orne le hall d’accueil d’une grande société multinationale à La Défense..
Elle décide de le rencontrer en se faisant passer pour une journaliste.
– A quoi devez-vous votre succès ?
– J’ai déjà répondu de nombreuses fois à cette question. Ça commence à être fatigant ! Vous voulez quoi comme réponse ? L’officielle ?
– Parce qu’il y a plusieurs réponses.?
– Vous enregistrez, là ?
– Oui !
– Alors avant je passais des semaines à peindre des tableaux assez compliqués, je faisais tout un travail sur la matité, sur l’emplacement géométrique des éléments, la lumière. Mais ça ne touchait pas les gens, d’ailleurs ça se vendait très mal. Je me suis rendu compte alors qu’à notre époque ce qui comptait c’est le dialogue avec l’œuvre, autrefois la personne qui était devant une œuvre ne portait qu’un regard évaluatif genre « est-ce que c’est beau.? » Aujourd’hui il faut dépasser ça et le regard doit s’accompagner d’une interrogation : pourquoi ce tableau est-il comme ça et quel est son rapport avec la vie, la spiritualité…
– Vous êtes sérieux là ?
– Bien sûr !
Brigitte arrêta l’enregistrement, dont de toute façon elle ne ferait rien.
– Et l’autre version ?
– Quand je me suis aperçu que certains vendaient des merdes une fortune, j’ai fait le tour des galeries avec une dizaine de toiles toute peintes la même journée. On m’a pris poliment mes coordonnées, et j’ai laissé des photos de mes toiles. Huit jours après un type se pointait chez moi, m’a acheté tout mon stock pour 5 000 euros, j’aurais aimé davantage, mais il n’a rien voulu savoir. J’ai appris un peu plus tard que mes toiles se vendaient 200 000 euros la pièce ! Du coup je me suis remis à en peindre. Mais là les choses se sont compliquées, Un type (pas le même) et venu m’expliquer que ça ne se passait pas comme ça, qu’il me fallait un agent pour gérer ma carrière et qu’il ne fallait pas que je peigne de trop de peur de faire s’écrouler les prix. Ça vous en bouche un coin, non ?
– Pas du tout !
– Mais si vous publiez ça, je ferais passer un démenti.
– Aurevoir, monsieur.
Brigitte avait compris comment tout ça fonctionnait. A la base on prend un peintre qui fait n’importe quoi, mais dont la production peut brancher un public de bobos, on lui achète ses toiles pour un prix modique, les influenceurs (galeristes et rédacteurs des revues d’arts) entrent en jeu et font monter la côte. Il n’y plus qu’à revendre le stock de toiles au prix fort auprès des snobs, des spéculateurs et autres gogos. Juridiquement la procédure est complétement inattaquable.
« Me voilà coincée ! » Admit-elle. Reste à savoir la raison de cette multitude de sociétés. Mais bien sûr toutes ces opérations juteuses sont ensuite blanchies pour échapper au fisc et aboutissent dans des comptes offshore au Panama ! Mais pour les coincer là-dessus, bonjour ! »
A suivre
Le capitaine est bavard
Le capitaine sort son braquemard
Il faut toucher le pompon du marin, ça porte bonheur… Ah, il s’agit de marine marchande ils n’ont pas de pompon, alors il faut lui toucher la bite !
Il est bien loin le temps où l’on disait que les femmes à bord portaient malheur ! LOL
Quelle santé cette Brigitte !
Qu’est-ce qu’il faut pas faire pour obtenir quelques renseignements ! LOL