La liste de Mars – 2 – Le blogueur de Mars par Lena Van Eyck

2 – Le blogueur de Mars


Quenarau

« – L’action que vous êtes en train d’entreprendre aura pour résultat la destruction de la barge XV4506. Confirmez-vous cet action ? »
« – Oui »
« – Veuillez saisir de nouveau votre matricule et votre code secret »

Quenarau tapa les codes qu’il avait lui-même introduit dans le serveur, ce n’était pas les siens, c’était celle d’un utilisateur inventé de toutes pièces mais muni des mêmes pouvoirs que lui.

« – Attention dernière confirmation avant procédure de destruction, aucune possibilité de revenir en arrière si vous choisissez « oui »
« – Oui »

Quenarau s’épongea le front, effaça le journal de son ordinateur, s’en alla boire un verre d’eau et pisser un coup.

Sven Anderson (2)

Sven et sa coéquipière revinrent livides au refuge !

– Notre barge a sauté ! Je peux vous le dire maintenant, je ne vous croyais pas, j’ai eu tort et nous voilà dans de beaux draps !
– On va s’organiser, on peut survivre sans doute plusieurs semaines… On n’a pas perdu notre temps depuis notre arrivée, il y a un ordinateur, un modèle un peu canonique, mais le mec qui a construit cet abri notait tout y compris le mode d’emploi des appareils. Il faut fouiller un peu partout, il y a peut-être une radio à grande puissance, sinon on peut regarder s’il y a de quoi en bricoler une.
– OK, on va s’y mettre tout doucement, mais pour l’instant je suis un peu groggy ! Répondit Sven.

Il se débarrassa de son équipement individuel. Vera fit de même.

– On ne va pas avoir beaucoup de loisirs, ici, constata Bert, pas d’alcool, et la bouffe, ce ne sont que des biscuits dégueulasses…
– Reste le cul ! Plaisanta Vera.
– Oui, mais je vous dis pas l’intimité, vous assez vu comment sont installés les lits, on se croirait dans un wagon couchettes.
– C’était prévu pour combien ce truc ?
– Six je crois !
– Bon, on fait quoi, là tout de suite ? Relança Vera !
– Que voudrais tu qu’on fasse ? demande Bert.

Alors Vera apostrophe Kazuko, la belle eurasienne :

– Et si on s’amusait à chauffer les mecs ?
– Humm… je suis partante, je me demande s’il n’y a pas des trucs aphrodisiaques dans cet oxygène. Je me sens toute chaude. On leur fait un petit spectacle ?
– Il n’y a rien dans l’oxygène, par contre il est mal dosé, il y en a trop !

L’eurasienne s’approcha de Vera, leurs bouches se collèrent et elles ne tardèrent pas à se lancer dans un interminable patin d’enfer.

– Vous pourriez sortir vos bites, les mecs, nous aussi on aime bien le spectacle.
– Faut peut-être pas exagérer, Répondit Bert, il faudrait autre chose pour nous exciter, pour l’instant il n’y a rien à voir !
– Ah, bon ? On n’est pas mignonnes quand on se fait des bisous ?
– Si, mais vous pouvez faire mieux !
– Quoi par exemple ? Minauda Kazuko.
– Mettez-vous à poil ! Proposa Bert.
– Ah la, la, ils veulent tous voir nos nichons, il n’y a pas que les nichons dans la vie !
– Non, il y a le cul, aussi ! Intervint Sven, soudain intéressé par la conversation.

Vera se tourna vers l’eurasienne :

– On fait quoi ?
– On va enlever le haut, tout doucement sans se presser.

Kazuko enleva sa combinaison sans aucun protocole érotique, se retrouvant en petite culotte et soutien-gorge.

– Vas-y Vera, enlève moi le soutif, mais fait bien durer le plaisir !
– Humm, on va commencer par baisser ces petites bretelles, pour bien dégager tes belles épaules, humm, je vais les embrasser ces petites épaules, elles sont craquantes, tu aimes que je t’embrasse les épaules ?
– J’aime tout ce que tu me fais !
– Voyons voir ce qu’il y a là-dedans ! Dit-elle en pelotant les seins par-dessus le tissu du soutien-gorge. Oh, mais je sens un petit téton qui pointe ! Je crois que je vais le pinçouiller.

Elle le fit, provoquant un soupir de satisfaction de l’eurasienne.

– Attends, je vais passer en dessous !

Vera remit les bretelles en place, puis se plaçant derrière l’eurasienne, elle défit d’abord l’agrafe, avant d’empaumer les seins en passant sous le tissu. Elle caressa les globes et pinça de nouveau les tétons. Les deux hommes ne voyaient pas grand-chose mais la scène était néanmoins fort excitante.

Enfin Vera retira le soutien-gorge, elle se pencha sur sa complice et le lui suça longuement le téton et l’aréole.

– Alors les mecs, ils, vous plaisent mes nichons ?

Sven répondit d’un geste approbateur, Bert lui, les connaissait déjà !

Vera enleva à son tour sa combinaison, elle avait des seins beaucoup plus lourds que l’eurasienne. Il n’était pas opportun de se contenter d’une simple inversion des rôles. Elle demanda donc à Kazuko de la laisser seule, le temps de faire son petit numéro.

Elle dégrafa son soutien-gorge face aux hommes, mais ne l’enleva pas. Elle se retourna, exhibant un dos joliment dessiné en envoyant valser cette fois le sous-vêtement de l’autre côté de la pièce.

Elle entama alors une série de trémoussements en orientant son corps d’abord de trois quarts afin de ne dévoiler aux hommes que l’arrondi extérieur des seins, puis en augmentant progressivement l’angle de vision, pour finir face à face sans cesser son déhanchement.

Elle stoppe d’un coup ! Invite Kazuko à lui sucer les tétons, ce qu’elle accomplit avec empressement.

– Alors, vous les sortez vos bites ? Si elles ne sont pas toutes raides après tout ça, moi, je ne sais plus quoi faire !

Sven retire alors sa combinaison, puis le reste, se retrouvant à poil et la queue au garde à vous. Bert l’imite aussitôt.

– On fait quoi ? On les chauffe encore ou on s’occupe d’eux ? demande l’eurasienne.
– On les chauffe encore un peu, ça m’amuse !

Les deux femmes retirent prestement leur culotte, elles se pelotent et s’embrassent, à un moment l’eurasienne vient écarter la chatte de Véra qui se tient à un mètre devant Bert. Ce dernier n’en peut plus et tente de lui attraper les cuisses, la fille se recule un peu.

– Tss, tsss, ce n’est pas encore le moment ! Dit-elle, mais par contre vous avez l’autorisation de vous branler !
– Je préférerais une petite pipe ! Objecte Bert
– Patience, patience, ça va venir, mais pour l’instant branlez-vous, ça va nous exciter de vous regarder.

Les deux hommes commencent alors à s’astiquer leur sexe !

– Mais non pas comme ça ! Chacun doit prendre la bite de l’autre ! Intervient Vera.
– Ça va pas, non, je ne suis pas homo ! Objecte Bert.
– On ne te demande pas d’être homo, on te demande de nous exciter ! Répond Vera, complètement déchaînée !
– Si ça leur fait plaisir ? Consent Sven, Je peux ?

Bert se rendant compte qu’il est en minorité et ne voulant pas passer pour un rabat-joie accepte la main de Sven sur sa bite. Il se fait un peu violence pour lui rendre la pareille, mais finit par le faire.

– Regarde comme ils sont mignons, les bonhommes ! Rigole Véra.
– Tu crois qu’ils seraient capables de se sucer ! Demande Kazuko.
– Mais bien sûr, ils ne vont pas se dégonfler quand même ! Qu’est-ce que tu en penses, Sven ?
– Juste un peu alors !
– D’accord, juste un peu !

Bert fait une drôle de tête ! Afin qu’il ne débande pas Vera lui fiche ses gros nénés sous le nez pendant que Sven se penche pour lui sucer le sexe. Comme prévu, ce dernier ne s’y attarde pas trop.

– A toi de sucer Sven ! Maintenant demande Vera à Bert.
– Non !
– Si tu le fait tu auras le droit de m’enculer ! Argumente la belle blonde.
– Je suis incapable de faire ça !
– Tu n’en sais rien, tu n’as jamais essayé !
– Pas envie d’essayer !
– Je vais t’aider, approche ta bouche de sa queue !
– Non !
– Comment, non, tu n’as pas envie de me bourrer le petit trou, regarde mes fesses comme elles sont belles !
– Sorcière !
– Allez approche-toi de sa queue !

Bert ne sait plus très bien où il en est, il fait comme elle lui dit.

– Embrasse-lui le gland, juste une seconde ! Voilà c’est bien, c’est doux, hein ! Maintenant tu ouvres ta bouche, tu gobes et tu suces… Ben voilà ce n’était pas si difficile que ça ! Allez encore un petit peu ! Ben tu vois t’en es pas mort.

En récompense, Vera s’applique maintenant à lui sucer la bite, tandis que Kazuko fait de même avec celle de Sven !

– Allez, viens me prendre !

Bert ne se le fait pas dire deux fois, Vera s’est déjà mise en levrette, levant son croupion et exhibant son anus de façon obscène. Il la pénètre sans préliminaire, mais ça entre bien, et il la pilonne comme un sauvage.

Un peu plus loin, Sven s’est couché sur le sol et se fait chevaucher par l’eurasienne à une cadence infernale.

Bert ne dure pas longtemps, il jouit rapidement tandis que sa partenaire crie son plaisir. Sven ne tarde pas non plus à décharger. Il met alors son visage au milieu des cuisses de l’eurasienne afin de l’emmener au plaisir à son tour.

Tout le monde est crevé. Ils ont soif, ils se désaltèrent, se rhabillent un peu.

– On fait quoi maintenant ! Demande Bert
– Tu crois qu’on pourrait bricoler nos radios individuelles pour les faire porter plus loin ?
– Ça me parait un bon plan, on se repose cinq minutes et on s’y met !

Bette Graville

Bette Graville, la responsable de la sécurité pour l’ensemble des dômes, reçut un rapport émanant du dôme F. Elle le lu et haussa les épaules. Il lui semblait inconcevable que le Cardinal ait pu envoyer une chose pareille à son subordonné. Monseigneur Meyer avait tout simplement été victime d’une très mauvaise farce informatique. Elle s’apprêta à passer un savon à l’expéditeur du message, puis y renonça, elle n’avait pas que ça à faire, elle détruisit le rapport.

Luvia (2)

Najelle partie, je refis une inspection plus minutieuse des fichiers de Quenarau. Tout cela était minutieusement classé avec une précision de maniaque mais n’avait pour moi aucun intérêt.

Je revins donc à ce mystérieux fichier qui ressemblait fort à des notes prises en toute hâte. Il était récent, datait de ce matin, l’heure semblait correspondre à l’une des périodes où il nous avait fait sortir. Quand nous étions revenues, il faisait une drôle de tronche, puis il avait été appelé au Q.G. technique. Quelque-chose d’important avait dû se passer, mais quoi, et y avait-il un rapport avec ce petit fichier et si oui, lequel ? Je regardais d’abord à quoi correspondaient ces coordonnées, il s’agissait de la partie Sud d’Ophir Chasmas au centre de Valles Marineris, une zone très accidentée et peu facile d’accès. Que pouvait-il bien y avoir : de l’or, des diamants ou plus prosaïquement un site géologiquement intéressant ?

Quenarau, devait le savoir, mais comment le faire parler. Cet individu imperméable aux charmes féminins et sans doute aux charmes tous courts ne semblait pas prêt à lâcher ses petits secrets. Employer un procédé chimique pour le rendre bavard ? Autant cesser de rêver, la chose était par trop aléatoire, et il pouvait avoir été conditionné pour résister à ce genre de choses. Enfin employer la coercition pure et simple risquait de déclencher une spirale d’interventions diverses et violentes telles qu’il valait mieux ne pas l’envisager. L’autre solution c’était de sortir du dôme et d’aller voir sur place ! Pas si simple de quitter le dôme, il fallait théoriquement une autorisation administrative, ça encore, on pouvait se débrouiller, tout le monde est corruptible, mais ensuite il fallait prendre une navette inter dôme… mais aucune navette n’allait dans la zone indiquée sur le disque de Quenarau ! Non, il fallait sortir « à pied », s’équiper en conséquence avec des réacteurs dorsaux individuels, où alors dégoter une barge… et tout ça peut-être pour rien.

Peut-être l’un des trois personnages listés juste au-dessus en savait-il plus ? Je recherchais sur l’annuaire électronique. Le premier était un résident d’un autre dôme, un obscur ingénieur des serres. Je passais, le second était un prospecteur, quant au troisième, il s’agissait d’un cyber-journaliste assez connu, Oscar Farmer. Pas très bon signe ça… Si un journaliste est au courant de quelque chose de particulier à un endroit de la planète, tout le monde va bientôt être au courant. Mais autant en avoir le cœur net avant d’abandonner ou de poursuivre cette affaire ! Je vais sur son site à la recherche d’un scoop ! Pas de scoop ! De plus en plus bizarre, mais l’équation : cordonnées + prospecteur + « journaliste qui ne publie rien », me renforce dans ma conviction d’avoir sans doute trouvé quelque chose d’intéressant. Je pense d’abord téléphoner chez Oscar, mais je trouve plus judicieux de me déplacer, je décide donc d’aller voir, après tout, il n’est pas si tard… mais avant j’imprime le petit fichier.

Najelle

De retour chez elle, Najelle examine ce que lui a envoyé Luvia, elle n’a rien dit quand chez cette dernière est apparu sur l’ordinateur, un petit fichier non classé sur lequel elle avait eu le temps de visualiser le nom d’Oscar Farmer. Quel lien pouvait-il y avoir entre Quenarau et ce dernier ? Le fichier complet lui en apprendrait peut-être plus. Son amant serait fier d’elle. Mais pour l’instant, le fichier restait introuvable. Au bout d’une heure, elle dû se rendre à l’évidence, le fichier avait été effacé ! La salope de Luvia ! Elle avait dû faire vite pour tromper sa vigilance ! Aller jusqu’à faire l’amour avec une femme pour lui soutirer des renseignements et se retrouver comme ça, le bec dans l’eau ! La salope ! La grosse salope ! Elle se vengerait !

Oscar Farmer

Oscar Farmer a eu de la chance, électricien de formation, il avait occupé ses loisirs à gérer un journal en ligne sur le Marsweb. Son site n’avait rien de particulier mais il était mis à jour quotidiennement et s’efforçait de rester étoffé. C’est sans doute la raison pour laquelle, quand l’assemblée martienne, excédée du nombre de journaux en ligne qui, selon elle, abusait de la liberté de la presse, prit la décision d’en subventionner deux ou trois par dôme pour mieux les contrôler, le sien fût choisi en premier. Oscar n’avait donc plus besoin de travailler sur autre chose, devenu ainsi journaliste à plein temps. La contrepartie car il y en avait une, c’était qu’il n’était plus entièrement libre. Certes, il conservait sa liberté d’opinion, et il ne s’en privait pas, ne manquant pas de s’élever contre les sempiternels projets de lois liberticides inspirés par les partis et les groupes d’influence religieux. Mais il était soumis à des directives qu’il se devait d’appliquer. On lui demandait ainsi parfois de façon expresse de parler ou de ne pas parler d’un sujet…

Ainsi, il avait reçu, dans l’après-midi, un message de Quenarau : « Black-out sur la barge disparue ».

Comme il n’était pas au courant, il ne risquait pas d’en parler. Il se demanda cependant la raison de ce black-out ? Quelqu’un avait peut-être enfin découvert quelque chose, et cela avait pu provoquer une rivalité entre prospecteurs. Mais il avait du mal à y croire, il y avait si longtemps qu’on annonçait régulièrement des découvertes sensationnelles, des gisements miniers, des traces de vies, et même des preuves de passages d’extra-terrestres. C’est surtout ce dernier aspect qui l’énervait, sceptique jusqu’au bout des ongles, il était comme beaucoup d’autres, persuadé qu’aucune vie évoluée n’avait vu le jour sur cette planète, alors quand comme encore ce matin, il recevait des photos « truquées », il les détruisait de suite.

On sonna à la porte, il eut la surprise d’y découvrir Ceylane. Elle ne s’était pas annoncée, que pouvait-elle bien lui vouloir ?

– Il faut que je te mette au courant d’un truc, c’est très grave, assied-toi et attends-toi à un choc. Je t’ai déjà dit que j’avais le cardinal comme client ?
– Oui, mais je ne l’ai répété à personne… Un bel hypocrite ce mec !
– Je m’en passerais bien crois-moi, mais ça va peut-être te sauver la vie.
– Qu’est-ce que tu racontes ?
– Dans sa vision des choses, il s’imagine que je suis forcément apparentée au « milieu ». Alors comme il avait besoin d’un tueur, il m’a demandé de servir d’intermédiaire.

Oscar regarda bizarrement son interlocutrice, il la connaissait suffisamment pour ne jamais avoir décelé de tendance mytho chez elle. Qu’elle était donc cette histoire ?

– Ah bon ? Et il veut tuer qui ?
– Toi !
– N’importe quoi !
– Ce n’est pas n’importe quoi !
– Moi, mais pourquoi voudrait-on me tuer ? Qu’est-ce que je lui ai fait au cardinal, je me bats contre ses positions, mais je ne suis pas le seul et mes articles ne sont pas diffamatoires… Mais il y a un truc que je ne comprends pas : tu aurais donc accepté de faire une chose pareille ?
– Tu ne me crois pas, hein ?
– Admet que c’est difficile à avaler !
– Il m’a proposé une très grosse somme, quand j’ai vu tout cet argent, je me suis dit qu’il serait idiot de ne pas essayer de le doubler et d’en profiter…
– Ben, oui quand on est vénale, on est vénale ! Rétorqua Oscar.

Ceylane sentit monter en elle une bouffé d’adrénaline.

– T’es vraiment con, Oscar, si j’avais refusé, quelqu’un d’autre aurait pris le contrat et tu ne serais pas en ce moment en train de me balancer des vannes minables.
– Je suis désolé, Ceylane…
– Ouais moi, aussi, je suis désolée, tu n’as pas l’air de te rendre compte…
– Il t’a donné combien ? Coupa Oscar.
– Il m’a donné ça ! Répondit-elle en exhibant ses deux liasses de billets.
– Et ben ! S’exclama-t-il, puis saisi d’un doute, « je peux regarder quelque chose ? »
– Tu vas les compter ? Ironisa-t-elle.
– Non, mais fais voir.

Il examina un billet, puis un autre, avant de lâcher :

– Ils sont faux !
– Quoi ?
– Je connais les tests, ils sont faux !
– Le salaud ! Mais ça ne tient pas debout, on ne négocie pas ce genre de contrat avec des billets faux.

Elle se demanda si Oscar ne la bluffait pas, mais pourquoi ferait-il une chose pareille, pour la doubler ? Mais de quelle façon ? Elle lui fit donc confiance, son beau projet de fuite vers la Terre s’écroulait tout d’un coup et elle réalisait qu’elle s’était mise dans une situation dont elle ne connaissait pas la sortie… Au départ elle voulait conseiller à Farmer de se cacher, il lui faudra peut-être faire mieux que ça…

– L’imitation est très bien faite, poursuivit Farmer, peu de gens connaissent le truc, donc admettons que tu ais contacté un tueur, il fait le boulot, il ne se rend compte qu’il a été roulé qu’au moment de l’encaissement. Il se retourne alors vers le commanditaire et le zigouille. Et hop plus de Ceylane et donc plus de témoin. Il est vraiment pourri ton cardinal.
– J’aurais toujours pu le balancer !
– Et tu crois vraiment qu’on t’aurait cru ?
– Le salaud ? C’est vraiment dommage qu’il y ait des caméras partout, je lui aurais bien préparé une surprise à ma façon.
– Il n’y a plus de caméras partout, Ceylane !
– C’est nouveau ?
– Les trois quarts sont en panne, on ne les remplace plus, il n’y a pas assez de budget… Alors ils priorisent les caméras des gens « à surveiller », comme moi, par exemple.
– Ce qui m’étonne c’est que dans cette affaire, c’est qu’il m’a donc froidement sacrifiée, moi qui croyais qu’il était accroc à mes services.
– Tu étais son jouet, il fonctionne comme un gosse. Un gosse ça aime bien changer de jouets, ça aime bien les casser aussi parfois !

Et c’est à ce moment-là que la sonnette d’entrée retentit de nouveau :

– N’y va pas ! Prévint-elle

Le visage de la visiteuse se dessine sur l’ordi :

– Bof, qu’est-ce que je risque ? Il n’y a pas de deuxième tueur, non ?
– C’est qui ?
– Je connais pas cette nana ! Indiqua Oscar en déverrouillant la porte d’entrée.

Luvia (3)

– Euh, bonjour messieurs-dames ! Claironnais-je.

J’ignorais si Oscar était ou non célibataire. En fait il devait l’être, mais qui était donc cette véritable bombe en tenue de ville ?

– Voilà, je ne fais que passer, j’étais tout à l’heure derrière un type qui se baladait d’un air pressé avec tout un tas de papiers à la main, et à un moment il en a fait tomber un… avec votre nom dessus. Mon intuition féminine m’a supputé que ce pourrait être important, aussi je vous l’ai apporté. Le voilà :

Oscar est du coup fort circonspect, sa première pensée étant de se demander le pourquoi de cette démarche insolite, puisqu’il avait d’autres moyens qu’une visite à domicile pour l’accomplir. Mais en examinant la feuille, il a la surprise de voir son nom en compagnie d’un type apparenté au « guignol’ qui lui avait adressé un document « truqué » ce matin.

Maintenant, le faire parler, me dis-je, va être une autre paire de manche… il aurait été seul, cela aurait été bien plus facile…

– On demande aux gens d’éviter d’imprimer, et il y en a qui se baladent avec des tas de papier ! Railla Oscar.
– Je ne l’avais jamais vu, il ne doit pas habiter le dôme…
– Bon, je vous remercie de m’avoir apporté ce document…
– Ah, les coordonnées, ça correspond au Sud de Ophir Chasmas
– Vous vous baladez avec un atlas de Mars sous le bras ? Ironisa Oscar.
– Je suis passée chez moi avant de venir !

Je sens Oscar inquiet, il est blanc comme un linge.

– Recontactez-moi demain, s’il vous plaît, il faut que je vérifie certaines choses. Me dit-il

Une façon très polie de m’éconduire. Mais je comprends que quelque chose a fait tilt ! Il panique, mais ne se sent pas libre de ses actions, sans doute à cause de la fille. Le fichier était donc intéressant, je suis sans doute sur une bonne piste…

– Nous ne savons même pas votre nom, fit remarquer Ceylane alors que j’allais partir.
– Luvia Pacelli, voici ma carte.

Je la tendis à Oscar et non pas à la fille et je quittais les lieux, il ne me restait plus qu’à attendre le lendemain.

Ceylane

– On dirait que ça t’inquiète son bout de papier. S’enquit Ceylane.
– Oui, et je pense qu’elle ne l’a pas trouvé dehors… Elle cherchait quelque chose en venant ici, mais quoi ? C’est peut-être ta présence qui l’a empêché de se dévoiler…
– Tu pourras toujours la contacter quand je serais partie… Hé, tu m’écoutes ou t’es parti dans tes pensées ?
– Il y a quand même des coïncidences étranges, l’une des trois personnes de cette liste est le parent d’un prospecteur, et ce que je n’ai pas dit à la fille, c’est que ce prospecteur, Bert Clarke, m’a contacté trois fois ce matin, une fois pour m’envoyer un fichier image absurde, et deux fois pour me demander si le dôme n’était pas sous alerte. D’autre part ce prospecteur m’a dit être à Ophir Chasmas et ce sont les coordonnées qui sont sur le papier.
– C’était quoi le fichier image ?
– Des conneries, je ne l’ai pas gardé !
– Mais qu’est-ce qu’il te voulait ?
– Rien, il voulait que je fasse un article sur ses prétendues découvertes, en le mettant en valeur, je l’ai envoyé promener… Attends, je vais vérifier quelque chose.

Farmer réactive son ordinateur. Il y a un nouvel ordre de black-out sur un nouveau crash. C’est fou, ça, des crashs de berges, ça n’arrive jamais… Et là deux fois de suite ! Loi des séries ou autre-chose ? Il tente de contacter Bert, en vain, il a compris. Il recherche qui est la troisième personne de la liste, découvre que le dénommé Anderson est également un prospecteur. Il ne répond pas non plus. Il a encore compris, il explique tout ça à Ceylane, livide.

– OK, en attendant à l’heure qu’il est, tu es censé être mort toi aussi, on fait quoi ?
– En échange de faux billets ?
– Ça c’est mon problème, pas le tien… Tu joues le jeu ou pas ?
– Faudrait que je fasse quoi ?
– Le mort, justement, tu t’étales par terre, le temps que je te maquille et que je fasse une photo, après tu n’allumes plus aucune lumière, tu ne réponds à aucun message, et moi je viendrais demain t’apporter de la bouffe pour trois semaines, après on fera le point. File-moi ton code d’entrée.
– Je ne pourrais pas plutôt me planquer ailleurs ?
– Ce serait l’idéal, mais je ne vois pas bien où ?
– Mais je ne peux pas rester trois semaines sans rien foutre !
– Il faut réfléchir à la suite, faire un rapport sur le cardinal, sortir du dôme, obtenir une audience auprès du gouverneur, lui expliquer tout ça…
– On ne me croira pas !
– Si parce que je t’aiderais, je peux décrire tout l’appartement du Cardinal, même ses chiottes, même l’endroit où il planque ses faux billets…
– Il faudrait retrouver cette Luvia, elle doit savoir des choses. On n’aurait pas dû la laisser partir.
– Je m’occupe de ça ! File moi sa carte !

Luvia (4) marsol

La nuit martienne était déjà avancée, j’allais me coucher sans vraiment avoir sommeil, un peu excitée par cette folle journée et par ce petit fichier de quatre lignes qui semblait plein de promesses.

J’ai un nouveau message, c’est la nana qui était chez Oscar. Elle m’indique son nom et veut me voir. Pourquoi pas ? D’autant que cette fille est superbe, et que… sait-on jamais ? Mais non, ne rêve pas Luvia ! Et puis, le problème c’est que suis crevée, je lui donne rendez-vous après le boulot.

Cette fois, elles sont trois ou quatre, impossible de me rappeler, l’une des créatures verdâtres m’a carrément mis le bout de son nichon dans la bouche, et je le tète avec avidité. Une autre me tripote l’anus et finit par s’introduire dans mon fondement. Je me laisse faire, j’aime bien qu’on m’encule quand on le fait correctement. Une autre vient par devant et encore une autre, je suis submergée, il y en a trop, elles vont m’étouffer.

– Poussez-vous !

Elles ne le font pas, je me réveille en sueur, encore ce rêve à la con, je me paluche comme une malade et finit par me rendormir.

Le matin après avoir salué quelques collègues, j’entrais dans notre bureau et me dirigeais vers Quenarau afin de le saluer à son tour, il refusa alors la main que je lui tendais :

– Suivez-moi, s’il vous plaît !

Plus vexée que je pouvais bien me le dire, je lui emboîtais le pas, et il me conduisit dans un petit bureau isolé utilisé pour les entretiens privés. Najelle y était déjà installée et me fusilla du regard sans que je comprenne tout de suite pourquoi :

– Pour des raisons que je préfère ne pas connaître, l’une de vous deux s’est amusée à copier le contenu de mon disque dur. Qui est-ce ?

Najelle me pointe aussitôt du doigt :

– C’est cette salope !

Mais qu’est-ce qui lui prend à celle-ci et comment il a fait l’autre pour savoir que son ordi avait été visité ? On m’avait pourtant assuré que ma clé de copie était indétectable, je me suis donc fait rouler !

– C’est vous ? Me demande Quenarau.
– Je n’ai pas touché à votre zinzin ! Tentais-je de nier.
– Menteuse, grosse salope ! Hurle Najelle.
– Bon toi, tu vas te calmer…
– Si personne n’avoue, je vous licencie toutes les deux ! Coupe mon patron.
– Bon, alors d’accord c’est moi, mais je voulais juste regarder si vous ne m’aviez pas oublié dans vos propositions d’augmentation.
– Je ne suis pas là pour écouter vos idioties, je suis là pour vous signifier que vous êtes virée. Et cette décision est irrévocable. Najelle dites-moi comment vous le saviez ?
– Ben, je l’ai vu faire !
– Et pourquoi vous ne m’avez-vous rien dit ?
– Ben, si je viens de vous le dire
– Un peu tard, vous êtes virée aussi, la sortie est par là, dégagez-moi de votre présence, on vous enverra la paperasse chez vous. Estimez-vous heureuses que je ne dépose pas de plainte. ! Conclue-t-il en nous laissant plantée là.

Quenarau

Il est conscient en ne portant pas plainte, de prendre un risque, mais s’il le prend, c’est pour deux raisons, la première c’est qu’il juge improbable que Luvia puisse trouver sur sa copie d’ordinateur quelque chose qui pourrait l’intéresser, la seconde c’est que la cardinal une fois au courant pourrait très bien demander leur élimination. « Deux doubles assassinats dans la même journée, ça suffit comme ça » se dit-il !

Luvia (5) marsol

Et voilà, me voici sans travail ! Un licenciement ici est rare, et les conséquences en sont dramatiques. Je ne toucherais aucune allocation, et si je ne retrouve rien, je ne pourrais rester dans mon appart. N’ayant pas de famille, il me restera comme solution que d’aller grossir les rangs des marginaux dans le quartier des docks. Et c’est ce qui m’attend, le marché de l’emploi est complètement bloqué à cause d’une politique irresponsable d’encouragement à la démographie prônée par les partis religieux. Les jeunes arrivant sur le marché du travail ne trouvent rien et restent chez leurs parents, diminuant ainsi leur pouvoir d’achat et par voie de conséquence le commerce, ce qui accroît encore le chômage… Spirale débile et moi je suis dans la merde !

– Salope ! Grosse salope, Me répète Najelle.

Elle m’énerve, et d’abord je ne suis pas grosse. J’ai envie de la baffer.

– Tu vas te calmer, espèce de folle.

J’évite la gifle, lui bloque la main, lui tord le poignet, afin qu’elle se tienne tranquille.

– Lâche-moi ! Salope !

J’augmente la pression sur son poignet.

– Bon, Najelle, tu vas m’expliquer ce que tu as après moi ?
– Tu oses le demander ! Alors que par ta faute, je viens d’être foutue à la porte !
– Tu ne m’aurais pas dénoncé, il ne t’aurait pas viré, à moins qu’il ait sauté sur l’occasion pour se débarrasser de toi. Mais ça tu es trop conne pour le comprendre. Tu en avais après moi avant qu’il te vire, alors tu m’expliques ou je serre plus fort !
– Pourquoi tu as enlevé un fichier dans la copie que tu m’as envoyé ? Quand je pense que je me suis fait gouiner pour des prunes…

OK ! Décidément je l’avais bien sous-estimée la Najelle.

– Fous-moi le camp, je ne sais pas de quoi tu parles ! Je ne suis pas fâchée avec toi, si tu as besoin de moi, je t’ouvrirais ma porte, si j’en ai encore une…
– Salope, grosse salope !
– Ça, tu me l’as déjà dit !

Rentrant chez moi, je tentais de recontacter Oscar Farmer, puisque ce dernier ne l’avait pas fait malgré ses promesses, mais il paraissait injoignable. Ce qui était bizarre c’est que les deux autres personnes figurant sur cette liste ne répondaient pas non plus ! Cette liste serait-elle une liste de personnes à éliminer ? Et dans ce cas le tueur, du moins celui d’Oscar, pouvait être cette personne qui était chez lui hier soir ? Et en plus elle me donne rendez-vous ! Bordel, mais c’est pour m’éliminer à mon tour, parce que du coup, je deviens un témoin vraiment trop encombrant. Et puis pourquoi Quenarau a-t-il fait cette liste ? Une liste de gens à prévenir qu’ils courraient un danger ? Mais pourquoi y ajouter des coordonnées géographiques ? A moins qu’il soit lui-même l’instigateur de la liste ? Dans ce cas il y aurait un lien entre lui et la tueuse ? Celle-ci lui aurait rapporté ma démarche chez Oscar, et il n’avait nul besoin de me licencier… puisque mon élimination était programmée. A moins que ce soit pour donner le change… Je n’y comprends plus rien… Oh, ma pauvre tête.

Il n’est pas question de rester dans l’appartement avec tous les risques inhérents. Il ne s’agit plus pour l’instant de partir à la chasse au trésor, mais de sauver ma peau. Si Najelle ne fait plus la gueule, je vais lui envoyer ce putain de fichier qui ne me sert plus à rien, et lui demander en échange de m’héberger chez elle. Mais, elle ne répond pas…

Je m’énerve, téléphone dix fois, vingt fois à Farmer, ça ne répond pas, je vais sur son site, il n’est pas mis à jour, les deux autres personnes de la liste ne répondent toujours pas. Je téléphone au dôme « F » chez mon ancienne patronne, elle ne peut ni me reprendre, ni m’héberger, elle en est désolée et bla-bla-bla… Ben voyons, c’est ça les copines ! Tant pis ! Je ne sais où aller, et décide de jouer mon va-tout, je vais essayer d’aller voir ce qu’il y a à l’endroit de ces mystérieuses coordonnées. Quand je saurais, je demanderais audience au gouverneur, à moins qu’il y ait un trésor, auquel cas, je le garderais pour moi !

Bon, il faut que je m’organise, barboter un véhicule terrestre ou une barge, cela raccourcirait considérablement l’expédition mais en accroîtrait le facteur risque dans des proportions assez considérables. J’optais donc pour une expédition en réacteurs dorsaux. Mais ce n’était pas si simple, si le problème de la température externe avait trouvé sa solution, grâce à l’emploi de combinaisons efficaces celui de l’oxygène restait bien réel. Il fallait donc pouvoir voler des bouteilles d’oxygènes et des masques à gaz. Je ne pourrais réussir seule, il me faudrait une complicité mais j’avais quelques idées sur la question.

Najelle (2)

– Allô, William !
– Najelle tu m’as l’air toute énervée !
– Y’a de quoi, je viens de me faire virer !
– Quenarau t’as viré, mais pourquoi ?
– C’est assez long à raconter, je peux venir te voir ?
– Voyons voir, oui, je vais déplacer un rendez-vous et je vais être libre, passe, je t’attends.

Arrivé chez William, Najelle lui raconta tout, y compris sa coucherie avec Luvia. Elle expliqua aussi cette affaire de fichier de quatre lignes disparu à l’arrivée.

– C’est très embêtant, ça, pas pour toi, je vais te retrouver un boulot facilement, mais pour moi, Quenarau est un pion essentiel dans la lutte pour le pouvoir sur Mars, mais nous ignorons quel est son véritable jeu ! Quant au rôle de cette Luvia, j’avoue ne pas comprendre, nous l’avions, un temps, fait surveiller, et on ne lui avait trouvé aucun contact extérieur suspect ! Tu penses qu’elle roule pour quelqu’un ?
– Aucune idée !
– Et qu’est ce qui te fait dire que cette liste est importante ? C’est peut-être juste une liste comme ça, je ne sais pas moi, du courrier à envoyer ou un autre pense bête banal.
– Non quelque chose a dû faire tilt chez Luvia, sinon elle ne l’aurait pas dissimulé ! Et puis cette liste a été faite quelques minutes avant qu’il soit convoqué au QG technique.
– Tu n’as rien mémorisé sur cette liste ?
– Juste le nom d’Oscar Farmer
– Ah, voici une piste ! Mais quel peut donc bien être le rapport entre Quenarau et Farmer ?
– Quenarau donne parfois des instructions à Farmer. Il lui arrive de lui demander de ne pas publier certaines informations.
– Ah !

William réfléchissait à toute vitesse, décidemment ce Quenarau lui donnait du souci en ce moment… Y aurait-il un rapport entre les clashs de ses barges et le licenciement de ces collaboratrices ? Il appela son proche collaborateur.

– Convoquez-moi Oscar Farmer de toute urgence, je le verrais entre deux rendez-vous.
– Bien monsieur, répondit Chang-Lee avec déférence, avant de se retirer.

– Bon, il n’y a pas trente-six solutions, il faut te réconcilier avec Luvia, t’excuser platement, essayer de l’amadouer ? Et te faire communiquer cette liste.
– Je n’ai pas trop envie de recoucher avec elle !
– Pourquoi ? Ça a été une corvée ?
– Non !
– Ah ! Tu vois !
– Mais elle m’a doublé !
– Tu aurais fait pareil à sa place, sinon essaie de lui acheter, sa liste… tout le monde est corruptible, tu veux des sous ?
– Donne-toujours, je te les rendrais si ça ne marche pas !
– D’accord, mais tu sais que tu es vachement mignonne, toi ! Reprit William en la déshabillant du regard
– Je sais, tu n’arrêtes pas de me le répéter.
– Mon prochain rendez-vous est dans une heure, tu as le temps de me faire une pipe !
– Je ne sais pas si j’ai la tête à ça ! Répondit Najelle.
– On va essayer, si ça ne va pas, on arrête ! Je sors mon kiki tout seul ou tu viens le chercher ?
– C’est comme tu veux !
– Alors viens le chercher !
– Bon, mais où est-il, ce kiki ? Minauda-t-elle.
– Je ne me souviens plus !
– Bon, on va chercher, serait-ce ici ? Dit-elle en pinçant à travers le tissu, le téton de William.
– Un peu plus bas ! répondit-il entrant dans son jeu
– Là ?
– Non, là c’est un nombril !
– Là, alors ? Proposa-t-elle en mettant la main sur la braguette.
– Ça se pourrait bien !
– On va bien voir ! Répondit-elle en dézipant la fermeture. Oh, ben, non il n’y a que du tissu, une bosse de tissu ! Oh, c’est tout chaud, ce truc ! C’est quoi ? En tout cas ce n’est certainement pas un kiki. Un kiki ça n’a pas cette forme-là !
– Ça a quelle forme ?
– Un joli cylindre avec une petite veine qui coure, et au bout un petit truc plus sombre qui ressemble à un gland, d’ailleurs ça s’appelle un gland !
– Tu en connais des choses ! Peut-être que sous le tissu ?
– Ah ! Tu crois ? Vérifions cette hypothèse… Ah mais tu avais raison, le voilà le kiki, et dis donc il m’a l’air en pleine forme ! Je crois que je vais lui faire un bisou ! Bonjour Kiki ! Il ne répond pas, il est con ce kiki !
– Il n’est pas con, il est muet, mais si tu t’occupes bien de lui, il va cracher de plaisir !
– Aucune éducation, ton kiki !

Elle commence à sucer la bite du gouverneur avec application, plaçant ses lèvres expertes sur la couronne du gland avant d’aspirer tout ça tout en balayant le méat de l’extrémité de sa langue agile. William se pâme de plaisir, mais a envie de faire durer un peu tout ça !

– Si tu me montrais tes beaux nichons ?
– Mais bien sûr, cher monsieur, il suffit de me le demander gentiment.

Elle enlève son haut et dégrafe son soutien-gorge, ses tétons sont tout érigés et elle offre le gauche, puis le droit aux lèvres de son amant qui se régale comme le ferait un gosse avec une grosse crème glacée.

– Attends, j’enlève le bas ! Dit-elle en se dégageant.
– Hum ! Tourne-toi que je m’occupe un peu de ton cul.

Il lui malaxe les fesses, les embrasse, les triture.

– On se calme, on se calme, ce n’est pas de la pâte à modeler.
– Ah, oui, ton cul pourrait pourtant donner des idées à plus d’un sculpteur. Ecarte-moi un peu tout ça que je te lèche le petit trou !
– Vas-y, lèche-moi la rondelle !
– Humm, quelle odeur, ça me rend fou !
– Dégoûtant !
– Mais non !

Sa langue se met à fureter son œillet, Najelle pousse un peu pour lui permettre d’aller plus loin. Mais bientôt, un doigt coquin se met de la partie, il entre, il va, il vient, il ressort, il revient.

– Je voudrais que tu m’encules comme l’autre fois sur le bureau !
– Voilà qui me paraît être une excellente suggestion !
– Maintenant ?
– Je ne sais pas ! Peut-être qu’avant je devrais te punir pour me faire des propositions aussi cochonnes ! Plaisante-t-il.
– Si tu as envie de me punir, punis-moi ! C’est vrai que je suis une vilaine fifille ! Répond-elle se prêtant au jeu.

William se lève, met de la musique afin de couvrir le bruit de ce qui va suivre, puis il retire son pantalon et demande à sa maîtresse de se coucher sur ses cuisses, le cul bien relevé.

– Pas trop fort !
– Une fessée, c’est une fessée, si tu n’as pas le cul bien rouge, ça ne compte pas !
– Oui, mais pas trop fort quand même !

William fait tomber une première claque sur la fesse gauche de Najelle qui pousse un petit cri de surprise plutôt que de douleur. Un second coup, plus appuyé dégringole sur la fesse droite, la fille encaisse sans broncher. Le troisième sur la gauche est encore plus fort. Elle étouffe un cri, mais ne peut se retenir au quatrième !

– C’est trop fort, William !
– Tais-toi, vilaine !

Mais son amant n’est pas une brute, il continue à taper mais moins fort. Il n’a pas compté, ne s’arrêtant que quand le fessier de sa victime tourne au pourpre.

– Tu y as été fort, mon salaud !
– Tu adores ça !

Les deux amants s’embrassent tendrement. Najelle redescend vers la queue dressée, la suce un moment afin de la bander au maximum, puis se couche le torse sur le bureau, écarte les jambes et cambre ses reins.

Un raclement de gorge.

– Je suis désolé de vous déranger dans de telles circonstances, mais il vous faut savoir que Monsieur Farmer est injoignable ni par le téléphone, ni par l’ordinateur. Déclara Chang-Lee
– Et alors, il est peut-être occupé ! Vous réessayerez plus tard.
– Son site n’a pas été mis à jour ce matin, Monsieur.
– Bon, je vais voir. Laissez-nous pour l’instant à moins que vous souhaitiez continuer à vous rincer l’œil

– Reprenons !

William s’approche, tandis que son amante s’ouvre, ça entre facilement, il la pilonne sans frénésie excessive, il n’est pas pressé et il sait qu’elle finira par jouir dans cette position. Alors à ce moment-là, mais à ce moment-là seulement, il changera sa cadence afin de la rejoindre dans l’orgasme.

– Je ne suis pas calmé, on souffle cinq minutes et on reprend ! Déclara-il en s’essuyant la bite.

Luvia (6)

Le dôme « A » abritait une zone de hangars dont certains entassaient des objets plus ou moins hétéroclites ou obsolètes, reste de commandes surévaluées ou inadaptées faite à la Terre, ainsi que le terminal d’un projet de chemin de fer inter-dôme qui n’avait jamais abouti faute de financement adapté. Ce secteur était fréquenté et investi par un certain nombre de marginaux, vivant de trafics divers et variés. La sécurité laissait faire, se contentant de réprimer les abus…

Je me lance ! Tout le problème est l’habillement ? Il faut que je plaise sans pour cela faire trop « pute ». Je ne me vois pas me faire sauter de façon complètement improductive par quinze mecs. Mais mon arme principale, me disais-je ne sera pas mon supposé charme mais tout simplement l’argent. J’ai accumulé depuis pas mal de temps du « liquide » et je le cache consciencieusement sur ma personne. J’embarque également un joli couteau bien pointu au cas où… on ne sait jamais ! Et hop c’est parti !

J’aurais dû y penser, à cette heure-là les docks sont quasiment déserts, les gens qui les fréquentent sont des créatures de la nuit, et là, il est à peine midi, ils ronflent encore. Il faut que je tue le temps jusqu’au soir, je marche, je traîne, je vais voir un film dans un cyber-centre. Puis quand le soleil commence à se coucher, je me décide à regagner les docks.

Plus facile à dire qu’à faire… arrivée à la lisière de la zone, j’y croise des individus manifestement dans un état particulier, je rebrousse chemin et change de voie. J’aperçois un bistrot, j’y pénètre. Que des hommes, hormis quelques splendides professionnelles. Mon entrée a suscité étonnement et curiosité. Pourtant je sais que si je veux réussir ma mission il me faut m’accrocher, mais là, je ne peux tout simplement pas supporter tous ces regards sur moi… je m’enfuis…

Je m’éloigne un peu de ce coin, je n’ai aucun plan de rechange, du moins pour l’instant… il faut que je réfléchisse…

Un mec à 50 mètres, gueule je ne sais quoi d’un air convaincu ! Il me casse les oreilles, je déteste le bruit… Il a l’air complètement allumé, mais ne parait pas agressif. Il se rapproche :

– Je suis le Zodar de Mars ! Je suis le Dieu vivant ! Repentez-vous !

J’avoue ignorer ce que peut bien être un Zodar, et sans doute ce farfelu l’ignore-t-il autant que moi. Le type est torse nu, tatoué de partout avec de grands cheveux bruns et gras qui lui tombent sur les épaules, il parait doté d’une forte constitution… Ce type est-il l’homme de la situation ? Dois-je prendre ce risque ! J’ai un nœud dans la gorge (non, rien d’érotique pour l’instant, croyez le bien…) J’hésite, j’hésite… Il y a quelques hommes un peu plus bas attroupés pour une raison inconnue. J’espère simplement qu’en cas de problème ils interviendront. Je ne bouge plus, je reprends ma respiration. J’essaie de dominer ma peur, je regarde dans la direction de l’apprenti prophète, tremblant à moitié. Il vient vers moi…

– Je suis le Zodar de Mars ! Gueule le phénomène.

Je souris, et parvins à articuler, peu sûre de moi :

– Je sais !
– Je suis le Zodar de ….
– Je sais, je le sais bien !

Enfin, il a l’air de prendre en compte mon existence et de toute sa hauteur me lâche dédaigneusement :

– T’es qui, toi ?
– Luvia !
– Moi, je suis le Zodar de Mars !
– Oui, ça j’ai compris, mais si tu pouvais m’en dire un peu plus…
– Tu me dois le respect, femme ! Je suis le Zodar…
– Bon, on va commencer à le savoir… Mais je suis d’accord avec toi les femmes te doivent le respect. Seulement tu n’as pas compris qui j’étais !
– Une catin, une pétasse, moi je suis…
– Ecoute-moi bien, juste un instant. N’est-il pas écrit qu’un jour tu rencontreras une femme, une femme qui te montreras la voie ?

Le prophète me regarde, éberlué ! Ça passe ou ça casse. Pendant un instant il semble faire preuve d’une grande confusion mentale, j’ignore ce qu’il pense mais mes paroles ont l’air de lui faire un drôle d’effet, après quelques longues secondes de silence, il finit par me demander :

– Tu voudrais être ma disciple ?
– Non !
– Tu as raison, ce n’est pas la place d’une femme !
– Alors pourquoi tu me le demandes ! Tu n’as rien compris ! Je suis la femme que tu devais rencontrer, celle qui sait où est le temple de Mars, le temple sacré des dieux, celle qui sait comment réveiller les Dieux, et c’est ensemble que nous allons accomplir cette mission !
– Hein ? Quel temple ?
– Les dieux, ça a des temples non ?
– Bien sûr ! Mais tu sais où sont les temples sur Mars ?
– Ben, oui puisque c’est notre mission, parce que c’est pour cela que je suis venu te chercher. Bon, il nous faut faire vite, si les forces du mal arrivent avant nous, ils détruiront le temple, le réduiront en cendres.
– Mais il est où ?
– Dans le désert à 400 kilomètres d’ici !
– On va y aller comment ?

Et hop, le poisson est amorcé, ne pas le lâcher, surtout.

Le type n’habitait nulle part, ne voulant pas prendre le risque de le faire venir chez moi, je lui demandais de nous emmener dans un lieu sûr. Et à ma grande surprise, nous avons donc quitté le quartier des docks pour nous rendre dans un square complètement désert à cette heure-ci.

– Bien, voilà ce que j’attends de toi, d’abord il nous faut des masques à gaz et des bouteilles d’oxygène.
– Je peux nous faire sortir du dôme, mais après, on va y aller comment ?
– Les choses dans l’ordre, il te faut combien de temps pour me trouver quatre masques…
– Pourquoi quatre ?
– On ne sait jamais, je prends toutes mes précautions, la mission est trop importante pour se permettre de la rater à cause de détails matériels.
– Mais ce ne sont pas des masques, qu’il nous faut mais des scaphandres !
– Non, j’ai quelques pilules, disons très spéciales, l’une d’entre elles nous protégera du froid, les autres limiterons notre besoin en oxygène… mais il nous sera nécessaire de respirer un peu plus normalement toutes les deux heures…. Alors il te faut combien de temps ?
– Deux jours maximum ! Répondit le zigoto.
– Il nous faut aussi des réacteurs dorsaux individuels, et attention des corrects, pas des tas de ferrailles.
– Facile !
– Ensuite, il nous faudra effectivement sortir du dôme ? C’est quoi ton plan ?
– Des sas avaient été prévus pour le terminal ferroviaire, ils ne servent pas, mais ils sont entretenus et ils fonctionnent.
– Il faut un code ? Une carte ?
– Ce n’est pas un problème !

On s’était donc donné rendez-vous à 11 heures du soir le surlendemain, mais avant de le quitter je décidais d’enfoncer encore un peu plus le clou

– Scellons notre pacte ! Tu as la permission de m’embrasser, et si nous réussissons notre mission tu pourras m’épouser.

Le mec me regarde, ahuri, j’espère simplement ne pas en avoir trop fait, mais je ne lui laisse pas le temps de réfléchir, et je l’embrasse goulûment, le regrettant aussitôt, ce mec n’a pas dû se laver depuis un mois et il pue la vieille serpillère. Berck, berck, berck.

– Arrange-toi aussi pour prendre une douche, tu respireras mieux !

Il a dû prendre ça pour un adieu, le voilà qui s’en va ! J’espère que je le reverrais avec le matériel comme prévu. En attendant me voilà dans ce square en plein milieu de la nuit. Je reste là, je n’ai pas sommeil.

Bon, faudra que je m’organise, je pense que le risque chez moi a dû s’estomper, quel que soit la volonté de m’éliminer, je vois mal Ceylane faire la statue jour et nuit devant mon appartement. De toute façon, il faudra que j’y retourne pour récupérer les pilules miracles, et puis j’aimerais bien me reposer dans mon environnement familier.

Je décidais de n’effectuer les préparatifs qu’au dernier moment, des vêtements chauds, de l’eau, des plaquettes vitaminées, et puis les fameuses pilules… Il y avait là un vrai risque, si elles n’avaient jamais été mises sur le marché c’est qu’elles provoquaient des effets secondaires, c’est d’ailleurs pour cela qu’il fallait alterner avec les masques.

Monseigneur Meyer

Un sol s’était écoulé depuis que le cardinal Lajaunie avait envoyé un message à Monseigneur Meyer, il l’appela.

– Eminence, je n’arrive pas à localiser Kenneth Clarke, il semble avoir disparu. Mentit Meyer.

Lajaunie se sentit mal, il ne restait qu’une solution, mais comment Meyer allait-il prendre ça, il lui faudrait déployer des sommets de casuistique.

– Meyer, je vous demande d’accepter ce que je vais vous indiquer de faire comme un commandement du seigneur.
– Oui, mon éminence.
– Si vous n’accomplissez pas la très difficile mission que je vais vous confier, c’est tout le règne de Dieu qui en sera ébranlé.
– Qu’attendez-vous de moi ?
– Il vous faudra énormément de courage, Meyer !
– Dites-moi !
– Meyer, il faut faire sauter le dôme « F ».
– Pardon !
– Il faut faire sauter le dôme « F ». Demandez à l’aumônier de la garde de vous fournir de la nitroglycérine et faite sauter le sas principal.
– D’accord mon éminence, je vais m’atteler à cette tâche.
– Merci Meyer, je savais que je pouvais compter sur vous.

Lajaunie raccrocha, stupéfait que ce fut si facile.

La conviction de Meyer était établie : Le cardinal était devenu complètement fou, il rédigea deux rapports, l’un à l’attention du gouverneur de Mars, l’autre à l’attention du Vatican.

Bien sûr, ni le secrétariat du gouverneur, ni les fonctionnaires de la curie romain ne prirent ce rapport au sérieux.

A suivre

Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits © Lena Van Eyck et Vassilia.net 2011.

lenavaneyck@hotmail.com

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5 réponses à La liste de Mars – 2 – Le blogueur de Mars par Lena Van Eyck

  1. Rocher dit :

    Une bien belle aventure ! Quelle imagination, Léna !

  2. Belle-cour dit :

    Je continue cette lecture passionnantes, c’est vraiment très bien, le passage entre William de Nagelle est empreint d’un humours grivois que j’ai beaucoup apprécié

  3. muller dit :

    Très érotique et l’ambiance science fiction est très bien rendue

  4. Kalyn dit :

    Une excellente page de SF érotique avec tout un tas d’ingrédients comme on semble bien les aimer sur ce bon site

  5. Forestier dit :

    Qu’est ce qu’ils font les colons sur Mars quand ils s’ennuient ? Ils baisent, mais pas à la papa croyez le bien. Mais attention il traine dans ce récit des gens peu recommandables et il va falloir leur échapper, et c’est bien ce qui fait le charme de cette excellent chapitre de ce court roman érotico SF.

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