Martinov 31 – Les visions mystérieuses – 1 – Le manoir des églantines par Maud-Anne Amaro
Juste un mot d’introduction pour ceux qui ne connaissent pas les héros de cette saga. Le professeur Martinov, sexagénaire barbu et binoclard, portant nœud-papillon, est une espèce de touche-à-tout, réparateur multifonctions d’objets divers et variés. Son assistante, la jeune et blonde Béatrice Clerc-Fontaine l’épaule pour tout ce qui touche à la chimie et à ses éprouvettes. Ensemble ils ont découvert un fertilisant pour lapins, puis voulant l’expérimenter sur l’homme, ils se retrouvèrent à s’envoyer tous les deux en l’air comme… des lapins. Ce fut le début d’une longue complicité sexuelle entre les deux protagonistes, jamais démentie par la suite (et heureusement car nous sommes sur un site de nouvelles érotiques !)
C’est parti.
Rendons-nous tout d’abord à Dargeoville, petite localité du Maine et Loire, et plus précisément au Café des Oiseaux.
Au bar, Diego Lopez en est à son deuxième Ricard, C’est un bellâtre de quarante ans qui se prend pour Dean Martin avec ses cheveux gominés et son éternel sourire charmeur. Chômeur suite à la fermeture du garage automobile dans lequel il travaillait, il vit de petits boulots.
– Tiens, tu ne bosses pas aujourd’hui ? L’apostrophe Bertrand, un autre pilier du rade.
– Ben non ! Répondit laconiquement Diégo.
– Un problème ?
– T’es bien curieux !
– Je demandais ça comme ça…
– Chez la vieille, ça marchait bien au début, elle était contente de moi et puis un jour, je ne sais pas ce qu’il lui a pris, elle m’a engueulé pour une connerie et elle m’a viré… C’était il y a un mois…
– Quelle connerie ?
– Une connerie, quoi ! Un truc de jardinage… je ne suis pas jardinier. Bon c’est tout ce que tu veux savoir ? T’es passé inspecteur du travail ?
Vexé mais ne voulant pas le montrer, Bertrand changea de conversation.
– On ne le voit plus ici, le fils Bayeul !
– Il a changé de rade depuis qu’il s’est bagarré avec Pedro. Lui précise Diego.
– Ah bon ? Et tu sais pourquoi ils se sont bagarrés ?
– Tu vas rigoler ! Bayeul est allé raconter à Pedro qu’il avait vu la vierge Marie. Alors tu sais comment il est Pedro, avec lui faut surtout pas déconner avec la religion !
– Mais je ne vois pas où est le mal…
– Parce que j’ai oublié de te dire que dans ses apparitions, la Vierge Marie elle suçait une énorme bite.
– Ouaf ! C’est la meilleure ! S’esclaffe Bertrand.
– Je l’ai croisé l’autre jour, intervient un troisième pochard, il m’a raconté son truc, le pauvre il est complétement perturbé, il m’a dit qu’il allait faire venir un désenvouteur, un exorciste enfin un mec dans le genre.
– Comme dans le film avec l’acteur suédois ?
– Ouai !
– Manquait plus que ça ! Soupira Diego
– Ça a l’air de te contrarier, moi je trouve ça plutôt rigolo !
– Ben pas moi ! Répondit le bellâtre en se dirigeant vers la sortie de l’établissement.
– T’as pas fini ton Ricard !
– J’ai plus soif !
Ça c’était il y a quelques jours…
Le ciel est radieux en cette fin d’été sur Louveciennes, localité bourgeoise de l’ouest parisien, là où le professeur Martinov réside, tient laboratoire et reçoit ses clients.
A 10 heures, on sonne à la porte. Béatrice va ouvrir en tortillant du popotin.
– Baudoin Bayeul, j’ai rendez-vous…
– Entrez.
Début de quarantaine, très élégant, yeux bleus, cheveux châtains très clairs, plutôt beau gosse, Béatrice se dit qu’elle en ferait volontiers son ordinaire et le conduit devant le professeur.
– Alors, cher monsieur, qu’est-ce qui vous amène ?
– Comme je vous l’ai précisé par courriel, je vois apparaître des apparitions.
– Ah ! Des apparitions qui apparaissent ! Comme c’est singulier ! Et elles représentent quoi ces apparitions ?
– Vous n’avez pas lu mon courriel ? S’étonne le visiteur.
– Si, si, mais je lis tellement de choses, vous savez… Parfois ça s’embrouille… Allez dites-moi tout.
– Elles représentent la vierge Marie !
– Allons donc !
– Et qui plus est, dans des positions comment dire… (il cherche ses mots…)
– Inhabituelles ?
– Pire ! On va dire « choquantes ».
– Choquantes à quel point de vue ?
– Blasphématoire !
– Ah ! Et je suppose que vous n’avez pas pu prendre de photos ?
– Ben non… vous savez, dans ces circonstances…
– Je peux me permettre de vous demander si vous êtes croyant ?
– On va dire que ça ne vous regarde pas. Répond Bayeul, surpris de cette question.
– Donc vous l’êtes ! Je suppose que vous souhaitez que je me rende sur place pour enquêter ?
– C’est en effet l’objet de ma requête.
– Alors d’accord, on va signer un petit contrat, je vais vous demander de patienter un petit quart d’heure à côté, le temps que je prépare ça dans les règles.
Le professeur soupira un bon coup.
– Ça va être de l’argent facile ! Indique-t-il à l’adresse de son assistante. De deux choses l’une ou bien quelqu’un s’amuse à lui envoyer des hologrammes cochons, ou alors il hallucine…
Bref, le lundi suivant Martinov et Béatrice débarquaient à Dargeoville…
– S’il s’agit d’un hologramme, il faut un projecteur, il peut être placé à l’extérieur, mais il ne faut pas qu’il rencontre d’obstacles. On vérifiera ça en priorité. Indiqua Martinov à sa collaboratrice en arrivant sur place.
Ils s’annoncèrent à la grille qui s’ouvrit électriquement tandis qu’un imposant labrador noir vint les renifler. A vrai dire ils ne s’attendaient pas à tomber sur une telle demeure. Un grand manoir de fort belle allure au milieu d’un parc très mal entretenu et envahi par les herbes folles.
– Joli manoir que vous avez là ! S’exclama Martinov devant Baudoin Bayeul qui les accueillait.
– C’est le manoir des églantines ! Il n’est pas à nous. La propriétaire, Madame André est à présent en maison de retraite, Elle n’a pas d’héritiers proches. Mon beau-père et ma mère étaient les régisseurs du domaine. Madame André leur a laissé l’usufruit de la propriété…
– C’est un très beau geste de confiance ! Crut devoir commenter le professeur.
– Pensez-vous, elle n’a confiance en personne, avant d’aller en maison de retraite elle a fait inventorier tout ce qui pouvait avoir de la valeur par un commissaire-priseur. Comme si on était des voleurs !
– Que voulez-vous, les personnes âgées sont parfois un peu paranos.
– Et puis vous croyez que c’est facile d’entretenir une telle baraque, vous ?
– Je conçois que ce soit être un peu compliqué, Concéda Martinov par pure politesse.
– D’autant que ma mère est maintenant seule à s’en occuper. Le beau-père il s’est barré avec une poule ! Mais je vais vous présenter ma mère…
Sa mère est une plantureuse blonde prénommée Henriette aux cheveux nattés, qu’on aurait cru sortir d’une auberge pendant la fête de la bière à Munich. Son allure ne manqua pas d’attiser le regard concupiscent de notre coquin de professeur.
– Bien ! Nous allons commencer. Monsieur Bayeul, quelques questions : les apparitions ont-elles toujours lieu au même endroit ?
– Non, pas du tout, parfois c’est dans ma chambre, d’autre fois dans le salon, une autre fois au milieu du couloir.
– Dans le couloir ? S’étonna le professeur. Il y a des ouvertures vers l’extérieur dans le couloir ?
– Ah non ! Pas d’ouvertures directes.
– Bizarre ça ! Les apparitions ont lieu à heures régulières ?
– Régulières ? Non, pas vraiment ! Mais ça se passe souvent à la tombée de la nuit.
– Et la nuit vous laissez les fenêtres ouvertes ?
– Ça dépend de la météo, mais on ferme toujours les volets.
– Ok, on vous laisse pour l’instant.
Martinov se tourne vers Béatrice.
– Bon, si ce sont des hologrammes, ils ne viennent pas de l’extérieur, donc soit c’est sa mère qui joue aux cons, soit le type hallucine. On va discuter un peu avec cette maman.
Celle-ci s’est changée et aborde un décolleté de compétition. Elle propose un café et une part de tarte aux pommes à ses hôtes.
– Nous souhaiterions nous entretenir en privé avec madame votre mère. Précisa le professeur.
– Pourquoi ? Je suis de trop ? S’offusque le fils Bayeul
– Pas du tout, mais ce sont nos méthodes.
– Drôles de méthodes. Rouspéta Bayeul en quittant la pièce .
Martinov attendit quelques instants avant de brancher la maman.
– Madame Bayeul…
– Je ne m’appelle pas Bayeul, mais peu importe, appelez-moi Henriette.
– Avez-vous été témoin des apparitions dont parle votre fils ?
– Bien sûr que non. Mon fils est un garçon adorable, mais il est très émotif, ses apparitions c’est dans sa tête que ça se passe. D’ailleurs je me demande s’il ne picole pas en cachette.
Martinov et Béatrice ne sont pas plus avancés, il est bien évident que si c’est la maman qui s’amuse, elle ne va pas aller leur dire.
– On fait quoi ? Demande Béa quand elle fut seule avec le professeur.
– On est un peu coincé, on serait des flics, on demanderait une commission rogatoire pour fouiller la baraque à la recherche d’un projecteur d’hologramme. Mais on n’est pas des flics. On va donc faire un rapport en indiquant que la seule explication rationnelle et raisonnable est celle d’un hologramme interne. Et qu’il se démerde avec ça !
Henriette vint ensuite leur demander s’il avaient loué une chambre d’hôtel, en ville.
– En fait, je ne sais pas si on va rester… Répondit le professeur.
– Vous n’allez pas me dire que vos investigations sont déjà terminées !
– Je crains que l’on soit bloqués… à moins que vous nous autorisiez à circuler librement dans tout le manoir.
– Vous avez cette autorisation ! Mais expliquez-moi, vous cherchez quelque chose ?
– Oui !
– Et serait-il indiscret de vous demander…
– Nous cherchons un indice, madame… Les enquêtes ça fonctionne toujours avec des indices…
– Certaines pièces sont fermées à clé, mais Baudoin va vous faire une visite guidée ! Leur précisa Henriette.
En fait d’indices, le professeur espérait découvrir quelque part un projecteur d’hologramme. Intention un peu vaine eu égard au nombre de pièces du manoir, sans compter les caves et greniers…
– Nous avons des chambres d’amis, passez donc la nuit chez nous.
Ils acceptèrent volontiers.
Henriette accompagna le professeur jusqu’à la chambre d’amis. Puis profita d’une courte absence de Béatrice, partie se soulager d’une envie pressante pour le brancher :
– Je ne voudrais pas passer pour ce que je ne suis pas, maïs j’ai quand même l’impression que je ne vous laisse pas indifférent. Lui déclara-t-elle.
– Que voulez-vous ! Vous êtes une belle femme ! Répondit le professeur Martinov
– Je l’ai été, disons que j’ai quelques beaux restes, mais vous cher monsieur, vous possédez un charme fou !
– Allons donc ?
– Puisque je vous le dit ! J’ai toujours eu un faible pour les barbus à lunettes !
– Non ?
– Puisque je vous le dis ! Et quand un homme et une femme se plaisent, ils font quoi ?
– Un scrabble ? Plaisanta le professeur.
– Un scrabble à poil ? Viens donc m’embrasser, grand fou !
– Mais mon assistante…
– Econduisez-là, vous trouverez bien un prétexte. Je vous attends dans ma chambre, c’est la porte juste en haut de l’escalier
– Béatrice. Peux-tu me laisser seul avec Madame quelques instants, j’ai une idée, je t’expliquerais.
– Et je fais quoi pendant ce temps-là ?
– Il y a une belle bibliothèque… intervint Henriette.
– J’ai un peu honte ! Vous allez me prendre pour une nymphomane… Bredouilla-t-elle au retour du professeur.
– Je ne juge pas les gens surtout dans ce domaine !
– C’est bien vous êtes un gentleman ! Je présume que vous souhaitez voir ma poitrine.
– Vous présumez fort bien ! Mais si nous laissions tomber ce vouvoiement ?
– Bine sûr !
Henriette se débarrassa de son haut, laissant apparaître un élégant soutien-gorge en dentelle jaune.
– Oh ! Que c’est beau ! S’exclama le professeur. Et ces tétons… Oh là là !
– Flatteur !
– Non, non je suis sincère ! Je peux caresser ?
– On est un peu là pour ça, non ?
Le professeur caresse, agace les tétons… ces belles mamelles le rendent fou. Il ne demande pas s’il peut les embrasser, la réponse semblant aller de soi et se régale de ces jolis bourgeons bruns érigés de plaisir
Henriette ne reste pas passive et vient tripoter ostensiblement la braguette de son partenaire.
– Mais on dirait bien que ça bande là-dedans ! S’exclame Henriette, l’œil lubrique.
– Forcément.
Henriette dégrafe la ceinture du professeur et baisse d’un coup sec le pantalon.
– Il est rigolo ton caleçon !
– C’est un cadeau de Béatrice !
– Elle t’offre des caleçons ?
– Elle est un peu coquine parfois !
– Elle ne te les fait pas essayer tout de même ? Reprend Henriette, hilare.
– Ben si !
– Oh !.
– Et ça ne te dérange pas de te mettre tout nu devant elle ?
– Ben non, si elle veut me sucer, c’est quand même plus pratique.
– Vous êtes une belle paire de cochons !
– Que veux-tu, la vie est courte, autant en profiter!
– Pour l’instant c’est moi qui va en profiter.
Et d’un autre geste sec elle fait glisser le caleçon qui rejoint le pantalon sur les chevilles du professeur.
– En voilà une bite appétissante !
Et joignant le geste à la parole elle embouche le sexe du professeur avec une gloutonnerie non feinte.
Henriette s’avère être une bonne suceuse, elle ne se contente pas de faire des va-et-vient intempestifs, mais joue de la langue en insistant sur le gland
– Doucement, doucement, ne me fait pas jouir prématurément.
– O.K., on va peut-être se déshabiller complétement !
C’est donc ce qu’il font, toujours méticuleux le professeur pose ses fringues bien consciencieusement sur le dossier d’une chaise.
Henriette l’entraine sur le lit où ils se plotent et s’embrassent à qui mieux mieux.
– Tu sais ce que j’aime bien ? Lui demande Henriette.
– Non, mais je sens que tu vas me le dire.
– C’est qu’on me prenne par le petit trou.
– Coquine !
– On aurait dû prévoir des préservatifs, on pourrait se revoir tout à l’heure…
– Attends, j’en ai toujours un ou deux dans mon portefeuille.
– Chic alors.
Le professeur va donc les chercher… Mais les règles de la bienséance veulent qu’on ne pénètre pas comme ça, sans préparation dans le trou du cul d’une dame. Aussi, Henriette s’étant retournée, lui parodique-t-il une feuille de rose bien humide avant d’introduire un doigt inquisiteur dans ce charmant trou de balle.
– Je crois que tu peux y aller ! Lui indique-t-elle.
– Alors on y va !
Ça rentre facilement Madame doit avoir l’habitude de se faire défoncer par la porte de service.
Et donc le professeur après s’être introduit se met à pilonner la belle mature en cadence.
Son excitation est à son comble, le sang afflue sans les parties supérieures de son cops, il sent qu’il va jouir, tente de ralentir, mais s’en avère incapable, les râles de jouissance d’Henriette contribuant à l’exciter encore davantage.
Il décharge en hurlant, décule…
– Tu m’as bien enculé mon salaud !
– Ce fut un plaisir partagé ! Répond Martinov en retirent sa capote découvrant une bite gluante de sperme. T’as des kleenex ?
– Non mais j’ai une bouche, je vais te nettoyer tout ça ! Cochonne pour cochonne…
Et après avoir effectué ce petit nettoyage paillard, Henriette demanda d’une vois doucereuse
– On recommencera, dis?
– C’est promis !
Le professeur rejoint ensuite Béatrice dans la bibliothèque
– Alors c’était quoi ton idée géniale ? Lui demande-t-elle
– Mon idée géniale c’était de sauter la dame !
– Cochon !
– On ne se refait pas !
– Je vois !
– Bon, puisque nous avons l’autorisation de fouiller, on va visiter systématiquement toutes les pièces. Un projecteur d’hologramme ça fait en gros 50 centimètres de large, s’il y en a un on devrait le voir.
– En fait si Henriette nous donne l’autorisation de fouiller, ça veut dire que ça l’innocente, non ?
– Probablement, à moins qu’elle ait une planque géniale ! Allez fouillons !
Ils commencèrent par les pièces du rez-de-chaussée guidés par Baudoin. Cette présence contraria un petit peu le professeur mais il fut bien obligé de s’en accommoder.
– Vous cherchez quoi, exactement ? Demanda Baudoin, incapable de taire sa curiosité.
– Un indice !
– Mais quelle sorte d’indice ?
– Ah ! Vous savez dans une enquête on ne sait jamais ce que les indices seront !
Il firent donc une grande virée, ouvrant les placards et les armoires, regardant sous les lits. Ils ne trouvèrent rien. L’incroyable capharnaüm des caves et du grenier ne leur apprirent rien de plus.
– Pas plus de projecteur que de beurre en broche ! Se lamenta Martinov.
– Et la cabane de jardin, le logement des régisseurs… Intervint Béatrice.
Ils allèrent inspecter tout ça, sans succès avant de se poser sur les chaises de jardin (mais sans Baudoin)
– Dis-moi, Béatrice, d’après toi, on a terminé ?
– On ne peut pas aller plus loin, j’ai fait un rapide brouillon de rapport sur mon téléphone dans lequel j’indique que… attends je vais te le lire…
« Si nous éliminons la possibilité d’une hallucination, il nous faut retenir l’hypothèse d’une projection holographique. Les conditions de ces apparitions nous ayant été précisées par le client, selon toute vraisemblance la projection ne pourrait s’effectuer que de l’intérieur. Nous n’avons cependant décelé aucun projeteur à l’intérieur, malgré une visite complète et minutieuse des lieux et de leurs dépendances. »
– Pourquoi éliminer la possibilité d’une hallucination ?
– On ne l’élimine pas, on n’en parle pas, ce n’est pas pareil. Ça me semble difficile de dire à un client qu’il hallucine ! Ce sera à lui de conclure en ce sens !
– Alors ça me parait parfait !
– Oui et s’il n’est pas trop con, il en déduira que c’est sa mère… Mais ça ne lui dira pas où elle le planque son projecteur…
– Justement sa mère…
– Elle t’a dit quelque chose ?
– Non mais je l’ai baisé, et comme je recommencerais volontiers, j’aimerais qu’on retarde un peu notre départ.
– Bien sûr, mon gros cochon; et la petite Béatrice elle va faire quoi pendant ce temps-là.
– Euh…
– Bon, laisse, je me débrouillerai. 24 heures supplémentaires ça t’ira ?
– Je n’en demande pas davantage !
.Et sur ces bonnes paroles Beatrice prévint qu’elle allait faire un petit tour en ville
Elle se dirige vers sa voiture garée un peu plus loin. Mais elle n’a pas franchi cinquante mètres qu’un type coiffé comme un rocker des années 50, la double et lui barre le passage en écartant les bras d’un geste menaçant.
– C’est vous la sorcière qui vient de Paris ?
– Oh, on se calme ! Si vous ne me foutez pas la paix, je fais un scandale ?
– Le scandale c’est moi qui vais le faire ! Je ne permettrai pas à des escrocs de profiter de…
– Mais vous allez la fermer, oui !
– Profiter d’une pauvre femme, qui doit déjà supporter son fils alcoolique.
– Je vous ai demandé de dégager !
Et comme le type n’en fit rien, Béatrice fort énervée le gifle en pleine poire.
Il ne s’y attendait pas, il reste sans voix quelques secondes, ce qui permet à Béatrice de se dégager et de gagner sa voiture.
Mais un petit attroupement se forme !
– Tu ne l’emporteras pas au paradis ! Sale pute ! Ici on aime pas les fouineurs.
Et il explique aux badauds qui veulent bien l’entendre que « cette personne » est venu escroquer la pauvre Madame Henriette… sans fournir d’autres précisions et avant de disparaître au coin de la rue..
Et c’est furibarde, que Béatrice regagne le manoir.
– Martinov ! hurle-t-elle.
Pas de réponse.
Subodorant qu’il doit être dans la chambre d’amis en train de sauter Henriette, elle s’y précipite et tambourine à la porte.
– Martinov !
– Je suis occupé !
– Y’a une urgence,! Radine-toi !
– C’est grave ?
– Oui !
– J’arrive !
Il finit par sortir, rhabillé à la hâte.
– Je ne trouve plus mon nœud-papillon ! Se désole-t-il
– On s’en fout ! Il faut qu’on se casse, ça devient dangereux…
– Hein ?
– Je me suis fait agresser par des connards… (bref, elle raconte)
– OK, on va dénoncer le contrat, demander des indemnités compensatoires et rentrer à Louveciennes. Il est où Baudoin Bayeul ?
– Il n’est pas dans la maison !
Henriette interrogée précise qu’il est sorti en ville…
– Il revient quand ?
– Pour le déjeuner, il est très ponctuel…
– Bon on va l’attendre !
– Mais qu’est-ce qui vous arrive, mademoiselle Béatrice, vous êtes toute pâle ?
– Je me suis fait agresser par des loubards… (elle raconte une fois de plus…)
– De quoi ? Vous pourriez me décrire ce type.
– Grand brun, coiffé à la banane.
– Diego, c’est Diego, quel abruti celui-ci. !
– Vous le connaissez ?
– Oui ! Je l’avais engagé pour s’occuper un peu des extérieurs, il n’était d’ailleurs pas très doué… Mais disons que j’ai eu la faiblesse d’avoir une liaison avec lui… et puis on s’est engueulé, je l’ai rayé de ma vie.
– Mais pourquoi s’en prendre à moi ?
– Ah, ça, je ne peux point vous dire !
Et voilà que l’on sonne au portail.
– Ce doit être Garance, je vais ouvrir, Garance est la fiancée de Baudoin ! Précise Henriette.
Garance est une petit brunette, très souriante.
– Ces messieurs dames viennent de Paris, ils enquêtent sur les visions de Baudoin….
– Ah ! Il a fini par écouter nos conseils…
– Oui mais pour l’instant on n’en sait pas plus.
– On finira par trouver, tout problème a sa solution. Je reviens de déplacement, je voulais juste faire un petit coucou à Baudoin, il n’est pas là ?
– Il ne devrait pas tarder. Je vous sers un petit café.
– Avec plaisir ! Je peux vous demander, messieurs dames où vous en êtes dans vos investigations ?
– Au point mort ! Répondit Béatrice. Et nous n’irons pas plus loin, je viens de me faire agresser en pleine rue (elle raconte pour la troisième fois) et donc on va rentrer à Paris..
– C’est Diego ! Tient à préciser Henriette.
– Le jardinier que vous avez viré ?
– Oui !
– Bon messieurs dames, je vous comprends, vous devriez déposer une main courante à la gendarmerie… Reprend Garance.
– Ça va servir à quoi ?
– C’est sûr que si vous rentrez à Paris, ça ne va pas servir à grand-chose… Vous me dites que vous êtes au point mort, mais vous avez échafaudé des hypothèses, je présume ?
– On pensait à des projections holographiques ! Lâche Béatrice qui n’en a plus rien à faire.
– Mais qui les ferait fonctionner ?
– On n’en sait rien et on a pas trouvé le projecteur.
– Alors ce n’est surement pas ça !
– Si c’est pas ça, c’est que c’est autre chose ! Répondit Béatrice (ou l’art de ne pas se mouiller !)
– Et d’après vous ce serait quoi ? Insiste Garance.
– Des hallucinations !
– Vous brulez, mais les choses ne sont pas si simples. Si vous avez un quart d’heure, nous allons nous assoir et je vais vous présenter mon point de vue.
Béatrice se serait bien passée de ce contretemps et ne cache pas son agacement, mais Martinov lui chuchote qu’ils ne sont quand même pas à un quart d’heure près.
Le professeur, Béatrice, Henriette et Garance s’installent autour de la table ronde du salon.
– Je vais me présenter mieux ! Commence Garance, J’ai un diplôme de docteur en pharmacie, il ne me sert à rien, en fait j’ai repris la boite de mon père, mais j’ai étudié tout ce qui a un rapport avec les hallucinations, c’était ma thèse de doctorat. Or ça ne colle pas avec ce que raconte Baudoin. On hallucine pas à heures fixes…
– Il n’a jamais dit ça ! Objecte Martinov
– Si ! Ça se passe toujours en soirée ! Jamais le matin, jamais dans la journée… bizarre non ?
– Je ne vois pas où vous voulez en venir…
– Que ces hallucinations ne sont pas liées à son état psychique mais sont provoquées par un tiers.
– Par un tiers !
– Ben oui ! On trouve de la drogue de synthèse fabriquée à base de champignons hallucinogènes, la plus connue est le LSD, mais il y en a d’autres. Donc on peut établir l’hypothèse suivante : Quelqu’un fait avaler à Baudoin une saloperie par ruse, il suffit de l’incorporer dans sa boisson par exemple. Il rentre et il hallucine.
– Mais la nature des hallucinations.
– Ça aurait pu être n’importe quoi… mais Baudoin est un mystique, il porte un véritable culte à la Vierge Marie et est obsédé par le péché, l’enfer et toutes ces sortes de choses… ne cherchez pas plus loin.. On hallucine très souvent ses propres
obsessions.
– Mais puisque vous savez tout ! Intervient Béatrice pourquoi nous avoir fait déplacer ?
– Parce que nous n’avons pas la réponse à toutes les questions. Qui fait ça et pourquoi le fait-il ?
– Mais c’est une enquête de police qu’il vous faut à ce moment-là ! Nous ne sommes pas des policiers. S’agace Béatrice.
– Vous vous figurez que si nous allons raconter ça à la gendarmerie, ils vont se bouger ?
– Dans ce cas prenez un détective privé !
– Ce n’est donc pas dans vos compétences ? Feint de s’étonner Garance.
– Ben non !
– Dans ce cas Baudoin s’est trompé d’adresse en vous contactant, c’est effectivement d’un détective privé dont nous avons besoin.
– Bien ! Conclut le professeur, nous allons attendre Baudoin pour finaliser la paperasse et nous allons vous laisser.
– Ne soyez pas fâchés ! tente Garance.
– On n’est pas fâchés ! Répond Martinov en se levant et entrainant Béatrice dans la chambre d’amis mise à sa disposition,
A suivre
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