Où nous sommes nous déjà vues ? Je fais fi de votre cours de grec antique et de votre regard velouté pour m’abandonner aux voyages dans mes vies antérieures… Délicieux dysfonctionnement de nos réincarnations… et pourtant lorsque je fus homme, mon karma ne fut pas des plus sages… mais avec bientôt 8 milliards d’individus, je pense que les corps humains ont moins de choix et se rabattent sur les âmes qu’ils trouvent… même les moins méritantes.
Début XXIème siècle en région parisienne. J’étais un homme et déjà votre amante. Les souvenirs sont flous… liens et cris retenus… orgasmes foudroyants… me voilà toute bouleversée… « Mademoiselle, vous viendrez me voir à la fin du cours… » La barbe… Je rougis de honte ou est-ce déjà du désir. Encore quinze minutes. Le temps de revoir le vol du bourdon, la marche du cafard, la course de l’antilope, et mon regard noisette dans le miroir, encadré d’une abondante chevelure rousse.
Quarante jours plus tard nous étions dans un village anglais, où le prêtre et son épouse avaient accepté de nous marier devant un Dieu anglican et tolérant. Lors du repas où vous aviez invité tous ceux qui pouvaient être charmés par notre bonheur, vous avez glissé votre main sous ma robe et votre langue dans mon oreille… vise bien à qui tu lances ta jarretière… j’ai une surprise pour toi… Après les discours, toasts et autres verres enivrants, me voilà debout sur la table… à balancer ma chevelure et remonter ma robe pour que tous voient ma jarretière pourpre qui tranche avec le crème de la dentelle de mon autre vêtement… Je la saisis et contemple l’assistance… une belle brune d’environ quarante ans, rédactrice d’un magazine d’art me regarde de ses yeux bleus pétillants de champagne… envie de tricher… je dénoue ma jarretière… saute de la table et l’attache à son cou en lui roulant une pelle aussi brutale que mémorable… votre rire monte en cascade devant l’assemblée médusée… vous nous séparez tendrement et, la main sur son épaule, vous vous éloignez pour la réconforter en chuchotant à son mari figé » punissez là comme vous voudrez « . Je ne me souviens plus trop bien de la suite… son mari me pénétrant dans les toilettes pour dames… puis son ami, puis un autre et encore un autre et enfin un cinquième… A la lueur de l’aube vos chevelures emmêlées par la sueur et vos cris de plaisirs… tandis que je m’allongeais à vos côtés pour que vous me serriez fort contre vous… pour que la nausée disparaisse… le pas discret de notre journaliste qui s’échappe… vos baisers pour sécher mes larmes… Seulement huit mois plus tard venait au monde notre fille. Nous la prénommâmes Penthièvre.
Quel lourdeur dans ce style, cela en devient illisible