Chanette 28 – Magazines littéraires – 14 – Des roses et des pizzas par Chanette

Chanette 28 – Magazines littéraires – 14 – Des roses et des pizzas par Chanette

Mercredi 21 février

Beauregard va mieux, du moins c’est ce qu’il s’efforce de se faire croire à lui-même. Il a accueilli cette invitation sur le plateau de l’émission de Fortin comme une aubaine pouvant lui permettre de se relancer. Virgule n’est pas son plateau préféré, et il n’apprécie que très moyennement Fortin. Cette émission voit parfois défiler des auteurs qu’il méprise profondément mais il se dit qu’il saura gérer…

Après la séance obligé de maquillage, Beauregard arrive sur le plateau, découvre avec stupeur la présence de Patrice Colombani. Les deux hommes se serrent la main comme si de rien n’était. L’émission n’est pas en direct, Beauregard pourrait partir, mais il a peut-être des défauts, mais ce n’est pas le genre à se « dégonfler ».

Et ça commence :

– Patrice Colombani, après quatre best-sellers…Commence le présentateur.
– Cinq !
– Cinq, pardon, « Le jour du sang » sort mardi en librairie… Vous écrivez décidemment beaucoup ?
– J’aime ça !
– Oui cela se sent dans vos livres. Guillaume Beauregard, vous avez écrit une critique élogieuse de l’auteur.
– Il le méritait bien.
– Cette critique semble avoir provoqué un certain agacement chez les gens qui vous connaissent…

Beauregard sait parfaitement comment fonctionne Fortin, ce type se fout complètement des bouquins qu’il présente (d’ailleurs il ne les lit même pas) et des invités qui pérorent. Non ce qui l’intéresse c’est de tenter de faire du buzz autour de l’émission. Et pour faire le buzz, il faut des conflits, des altercations et des noms d’oiseaux. Quand le lendemain d’une émission, la presse people fait ses choux gras en titrant : »Vives empoignades sur le plateau de « Virgule » entre Machin et Truc », l’égo, la popularité et l’audience de Fortin s’en trouvent fortifiés.

Alors Beauregard a soudain une idée qu’il trouve géniale :

– Vous savez, on ne peut pas plaire à tout le monde ! Si des gens n’ont pas compris mon article sur Patrice, permettez-moi de vous appeler Patrice, c’est qu’en fait ils ne m’ont jamais compris et je dirais même plus, c’est qu’ils ne m’ont jamais aimé. Alors laissons les dire.

Baker dissimulé dans le public avec perruque, fausse moustache et lunettes noires, n’en croit pas ses oreilles !

– Quand même, vous nous aviez habitué à des articles pertinents sur Proust, Stendhal, Sade… je ne nie pas les qualités littéraires de Patrice Colombani, mais admettez qu’il ne joue pas vraiment dans la même division.
– C’est vous qui êtes en train de faire de l’élitisme, il n’y a pas un panthéon où siègerait les génies de la littérature et en dessous la piétaille.
– Je n’ai pas employé ce mot.
– Laissez-moi donc finir, le talent s’exprime de différentes façons, le talent est multifacettes et le talent doit être reconnu. c’est aussi simple que ça.
– Vous ne répondez pas à la question.
– Moi je trouve que si ! Et je vais vous étonner davantage, mes prochains articles ne porterons pas sur Homère ou sur Shakespeare, mais sur Agatha Christie et Georges Simenon… Par ailleurs…
– Mais…
– Je termine, je constate que l’invité du jour c’est Patrice Colombani, qu’attendez-vous pour lui poser des questions, il est là pour ça, non ?
– C’est mon émission, Monsieur Beauregard et sans vouloir vous vexer, je la mène comme je l’entends.
– Poil au dents !

Stupéfaction de l’assistance et rires d’une partie d’entre-elle.

– Ah ! Un monsieur dans le public veut s’exprimer !

Et Fortin passe la parole à un obscur bonhomme au teint blafard.

– Il est difficile de s’empêcher de penser que votre article sur Patrice Colombani s’apparente à du copinage.
– Comme je ne possède pas la faculté de vous empêcher de penser, vous pouvez penser ce que vous voulez. Cela dit sur ce point précis, vous avez sans doute raison et d’ailleurs vous pourrez noter que je suis aussi très copain avec Agatha Christie, c’est un bon coup vous savez !

Rires de l’assistance.

– Vous n’êtes pas très sérieux ce soir ! Lance Fortin.
– Les gens sérieux m’ennuient, vous croyez que Proust était sérieux, vous ?
– Il me semble, oui !
– Qu’en savez-vous, vous ne l’avez jamais lu !

Excédé Fortin se tourne vers Colombani.

– Parlons un peu de votre dernier roman…

Les questions deviennent inoffensives et l’interview de Colombani devient strictement promotionnelle, Fortin se réservant de créer un éventuel buzz avec d’autres que lui. Beauregard a quitté le plateau discrètement, ce qui s’y passait ne le concernant plus, mais satisfait de la tournure des événements.

Il a toutefois du pain sur la planche. Mais il a l’intention de s’y atteler en commençant par acquérir un bouquin d’Agatha Christie et un autre de Georges Simenon puisqu’il n’a jamais lu ces auteurs, mais d’autres tâches l’attendent aussi…

Vendredi 23 février

Hier soir, j’ai reçu un message de Stan Baker :

« Il faut absolument que vous regardiez, « Virgule » demain à 23 heures sur la 3. Vous y verrez Beauregard et Colombani en différé et je vous assure que vous allez être surprise. »

Ah, bon ? Qu’est-ce qu’il nous a encore inventé cet abruti de Beauregard ?

Il est 19 heures et je suis rentrée chez moi après ma petite journée de travail et après avoir effectué quelques emplettes alimentaires.

On sonne !

Je regarde par l’œilleton : Je ne vois pas la tronche du visiteur, cachée qu’elle est par un gigantesque bouquet de fleurs.

– Qu’est-ce que c’est ? Demandais-je sans ouvrir.
– Des fleurs pour Madame D’Esde.

Je le vois bien que ce sont des fleurs, mais en ce moment je deviens un peu parano et n’ai pas envie d’ouvrir.

– Eh bien posez les sur le paillasson, je les prendrais tout à l’heure.

Le livreur s’en va, je ramasse l’énorme bouquet. Ce sont des roses, et des belles il y en a 50. Je cherche la carte jointe, sort le petit mot de l’enveloppe :

« J’ai conscience d’avoir été infâme ! J’ose espérer que ces modestes fleurs pourront vous faire me pardonner. Portez-vous bien. Guillaume B. »

Ce mec est complètement givré ! Le procédé est trop facile, je te fais les pires vacheries du monde et après je t’envoie des fleurs ! Ses fleurs il peut se les foutre au cul ! Mais essayez donc de mettre 50 roses dans une poubelle, vous ? Je les descendrais demain…

Puis je réfléchis ! Ce n’est pas de leur faute aux roses si elles ont été achetées par un connard. Et puis c’est vrai qu’elles sont belles. Il m’a fallu néanmoins quatre vases différents pour les présenter élégamment.

Et à 23 heures, bien calée dans mon fauteuil, je regarde « Virgule ». Et plus je regarde, moins je comprends. A quoi joue Beauregard ? L’individu est posé, calme, sans haine, distillant tout juste quelques vannes mouchetées. Mais quel hypocrite, ce mec !

Le reste de l’émission ne m’intéressant pas j’ai envoyé un message à Baker :

« Beauregard nous a offert un grand numéro d’hypocrisie ! Il m’a aussi envoyé des fleurs. A quoi joue-t-il ? »

Baker me rappelle dans la foulée.

– Il est possible, me confie-t-il, qu’il ne sache même plus ce qu’il doit faire, il ne doit pas être habitué aux situations de stress, il ne sait pas comment s’en sortir, à mon avis il n’a pas fini d’être imprévisible. Aujourd’hui il m’a envoyé une caisse de Champagne chez moi en me disant qu’il me demande à moi et ma compagne de bien vouloir l’excuser… C’est pathétique.
– En effet ! Espérons qu’il va nous laisser tranquille…
– A moins qu’il ne soit sincère ! On ne sait jamais, c’est un con mais il n’est pas si bête que ça. Il est capable de modifier son créneau et de promouvoir la littérature populaire, ce serait pour lui une façon d’ignorer les critiques qui lui ont été faites !
– Vous y croyez, vous ?
– C’est juste une hypothèse, on verra bien.
– J’ai peut-être un moyen de savoir, je vous enverrai un message demain en fin de journée. Répondis-je.
– Vous allez faire comment ?
– Je vous dirais, je suis un peu sorcière !

Samedi 24 février

J’ai attendu la fin de l’après-midi pour téléphoner à Estelle, la collaboratrice de charme de Maitre Soubise.

– Je voulais savoir si tu avais du nouveau en ce qui concerne Beauregard. Demandais-je.
– Ah, c’est pour ça que tu m’appelles, moi qui croyait que tu allais me proposer un rendez-vous coquin !
– Dis-moi d’abord pour Beauregard.
– M’en parle pas ! Soubise est furieux, Beauregard lui a envoyé un message en lui demandant de laisser tomber l’affaire. Il l’a rappelé pour le dissuader, mais il ne veut pas en démordre. Tant pis, on ne peut pas gagner à tous les coups, mais en ce qui te concerne, il va y avoir comme un petit problème.

Qu’est-ce qui va encore m’arriver ?

– Quel problème ?
– Ben la petite prime promise, il faudra t’assoir dessus.
– Ah, c’est ça, si tu savais comme je m’en fiche !
– Si tu le prends comme ça, tant mieux. On se voit quand ?
– Tout à l’heure si tu veux, je vais te donner mon adresse perso.
– Tu m’as l’air bien joyeuse, tout d’un coup ! C’est parce que on va baiser ensemble ?
– Bien sûr, ma biche !

Ben, non, ce n’est pas ça du tout ! Ce qui me rend joyeuse c’est que désormais l’affaire Beauregard semble bel et bien définitivement terminée, mais je ne vais pas lui dire !

J’ai donné rendez-vous à Estelle à 19 heures, on bouffera une pizza, avant ou après, on verra bien. J’ai prévenu Baker que l’autre avait renoncé à toute plainte, il en frétillait de joie, le bonhomme.

Estelle s’est habillée aujourd’hui d’une robe noire et blanche rayée en diagonale. Elle ressemble à un zèbre sortant des « Deux Magots » à deux heures du matin. Le pire c’est que ça ne lui va pas si mal !

-Tu en as de belles fleurs ! Me dit Estelle.
– Oui, un admirateur !
– J’ignorais que tu avais des admirateurs.
– Je fais un métier plein de surprises.

Estelle ne s’est pas embarrassée de précautions oratoires, elle venait pour une chose bien précise et souhaitait que je lui confirme que je n’étais point contre

– Il te faut savoir une chose, commença-t-elle, ce qu’on a fait ensemble ça m’a bien plus. Oh, ne crois pas que j’ai viré ma cuti, je suis toujours aussi cochonne avec les hommes, mais là disons que j’ai découvert quelque chose en plus.
– Eh bien déshabille-toi ma grande, si tu es venue pour t’éclater, tu tombes très bien, moi je suis d’humeur coquine.

Et hop ! A la vitesse de l’éclair, Estelle retire sa robe, elle ne porte pas de soutien-gorge et n’arbore qu’une petite culotte bleu ciel assez sexy.

Elle effectue une pirouette afin de me montrer ses fesses, joli cul sans un gramme de cellulite.

– Tu peux les taper un peu, si tu veux !

Je le fais sans exagération.

– C’est bizarre, cette manie qu’ont les gens à qui je montre mes fesses de me les taper. Avant ça m’énervait, maintenant j’aime bien et ça me fait rigoler !
– Parce que tu montres tes fesses à beaucoup de gens ?
– Au boulot, oui, ça m’arrive !
– Comment ça ?
– Parfois, ça aide à la négociation !
– Et ça fonctionne ?
– Assez souvent !
– Tu montres juste tes fesses ou tu vas plus loin ?
– Je vais souvent plus loin, je suce ! J’adore sucer des bonnes bites, parfois je me fais prendre aussi sur le bureau comme une salope. J’aime bien faire la salope !
– Et ça se passe toujours bien ?
– Non ce serait mentir, il y a toujours des bourrins, mais dans l’ensemble les mecs sont corrects.
– Et jamais de femmes ?
– Une fois un couple, mais j’ai tout simulé, la fille n’était pas dupe mais comme c’était l’avocat qui l’intéressait… Sinon une fois je suis tombée sur une vraie gouine, elle ne me branchait pas du tout, j’en ai eu la nausée.
– Et en dehors du business ?
– J’ai couché deux ou trois fois avec une collègue, elle était douce et gentille, elle m’a un peu entraînée, je me suis laissé faire pour voir… ça ne me m’a pas déplu, mais ce n’était pas comme avec toi.

Si elle est sincère mon égo, va gonfler comme une baudruche.

Elle se retourne, et m’offre ses seins, cette fois plus d’hésitations, je me penche légèrement et lui titille les tétons avec ma langue, le gauche, puis le droit, puis de nouveau le gauche…

On ne va pas rester debout, je lui prends la main, l’entraine vers le canapé, me retrouve entre ses cuisses et commence à lécher tout ça.

– Oh ta langue ! Commente simplement la belle mature comme si elle découvrait un trésor caché.

Certes, je me régale, mais je mouille aussi comme une éponge, et j’aimerais bien prendre aussi mon plaisir. Petite pirouette et nous voilà toutes les deux en soixante-neuf afin que je puisse lui donner ma chatte à bouffer

J’ignore si c’est parce que je me suis mal placée, mais cette coquine d’Estelle se met à me lécher la rosette, je ne m’y attendais pas mais la chose n’est pas pour me déplaire.

Après m’avoir fait bailler l’anus, elle y entre un doigt, le ressort, en fait entrer deux et se met à me doigter à une vitesse diabolique, mon plaisir monte, j’hurle ma jouissance. Elle ressort ses doigts plus très propre après cette petite exploration anale. Mais c’est sans hésiter une seconde qu’elle le porte en bouche afin de les nettoyer. Et c’est qu’elle se régale, la coquine !

– Dis donc, toi, tu serais pas un peu scato ?
– Un tout petit peu, un tout petit peu. Me répondit-elle. Mais ne me laisse pas comme ça, viens me lécher.

Bien sûr que je vais la lécher, c’est tout humide là-dedans, un vrai marécage, je me régale sa bonne mouille quand soudain quelques impertinentes gouttes viennent m’atterrir dans le gosier.

– Mais tu pisses ?
– Je n’ai pas pu me retenir, excuse-moi, on va faire une pite pause, je vais aller aux toilettes…
– Mais non, pisse-moi dans la bouche, j’adore ça !
– Alors d’accord, ouvre bien ta bouche ma grande !

Elle a pissé avec une telle puissance qu’elle m’en a foutu partout, ça me dégouline sur le menton, sur les nichons, mais ce que j’ai pu boire était délicieux ! Puis j’ai repris mon cuni et tout en confinant à lécher je lui ai foutu un doigt dans le cul (il faut toujours rendre les politesses, disait ma grand-mère)

Ma langue s’est enroulée autour de son clito, l’effet a été quasi immédiat, Estelle s’est barrée au septième ciel des amours saphiques. J’ai retiré mon doigt et pour lui montrer que je peux être aussi salope qu’elle, je l’ai sucé. Mais elle ne m’a pas regardé, à moitié dans les vapes qu’elle était encore.

Quand elle a repris ses esprits, nous sommes jetées dans les bras l’une de l’autre.

– Je n’ai pas envie de remettre ma culotte ! M’informe-t-elle.
– Tu veux un plastique pour la mettre dans ton sac.
– Tu ne veux pas la renifler ?
– Si pourquoi pas ?

J’ empare de la chose, la porte sous me narines, quelle odeur subtile ! Ça sent la pisse… C’est pratiquement par réflexe que je me mets à lécher. Mais voilà que l’on sonne à la porte

C’est le livreur de pizza ! Je crois que nous allons les déguster d’un excellent appétit.

Lundi 26 février

On sonne ! A cette heure je n’ai noté aucun rendez-vous. J’ouvre et découvre Cédric Bornerave sur le palier.

– Vous ? M’indignais-je.
– Je ne fais que passer !
– Eh bien, voilà vous êtes passé, vous pouvez repartir.
– Je voulais juste vous informer que j’ai été viré de chez « Désir Délires »…
– Vous voulez peut-être que je vous offre un kleenex ?
– Non, je me disais que peut-être dans vos relations vous connaitriez quelqu’un qui pourrait avoir besoin de mes services…

Je n’ai pas pu m’empêcher de lui rire au nez. J’ai refermé la porte, je ne l’ai jamais revu.

FIN

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4 réponses à Chanette 28 – Magazines littéraires – 14 – Des roses et des pizzas par Chanette

  1. Stablinski dit :

    Fabuleux final pour une histoire fabuleuse

  2. Muller dit :

    Un final presque paisible entre femmes (paisible, mais chaud et humide !)

  3. Baruchel dit :

    Ainsi se termine la 28ème histoire de Miss Chanette, toujours aussi talentueuse, surprenant et imaginative. Bravo, madame !
    … et vivement la prochaine !

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