2 – Anna en galère
Intermède : Chez Pascale – 0 h 35
– Allô ! Chanette !
– Anna ! Tu es où ?
– Ne t’inquiète pas ! Tout va bien, je te rappelle dès que je peux, tout va bien. Bisous !
– Attends…!
Plus rien !
– C’est votre amie ? Demande bêtement Pascale
– Il se passe quelque chose, ce n’est pas normal qu’elle ne m’ait pas donné d’explications…
J’essaie de la rappeler. En vain !
– Mais qu’est-ce qu’ils lui ont fait ?
Du côté de Meudon – 0 h 40
– Elle n’est plus là !
– Elle a dû se faire prendre en stop ! Bon on rentre !
– Olivier, j’ai la trouille, cet appel n’est pas clair… Je préfère qu’on attende…
– Bon d’accord ! Je t’emmène sur les Champs, on va boire un verre tranquillement.
/Anna Gaëlle… de nouveau ! 0 h 45
L’impression d’avoir fait une connerie ! Je voulais rassurer ma copine ! Mais elle va se demander pourquoi j’ai été si brève ! Je n’ose pas redemander le portable ! Et puis pour dire quoi ? En raconter de trop, c’est me dévoiler aux yeux des quatre zigotos qui sont dans la voiture ! Pas question ! Déjà la prostitution a mauvaise réputation, mais s’ils apprennent que je les ai sucés pour de l’argent alors que ce n’est pas mon job, je vais passer pour la reine des salopes !
– Tu fais ça depuis longtemps ! Demande Myriam.
– Un an ou deux, mais, excuse-moi, je n’ai pas trop envie de parler de ça ce soir.
– D’accord, je n’insiste pas, je crois deviner que tu es un peu en galère, tiens voilà ma carte, si tu as envie de parler à quelqu’un, appelle-moi, tu, ne me dérangeras pas !
Et elle me file un petit carton, je lis Myriam, (juste le prénom) coiffeuse. Ah, bon !
– C’est quoi ton prénom ?
– Anna !
A quoi bon mentir sur ce point ! Brave fille, cette Myriam, un peu allumée, mais sans doute un bon fond.
On arrive à la gare, les grilles sont fermées
– Attend, il y a trois gares à Versailles ! Propose quelqu’un !
– Si celle-là est fermée, les autres aussi !
– On pourrait peut-être l’emmener à Paris, à cette heure là, ça roule bien ! Propose la petite métisse.
– Hé ! Je me lève à 5 heures, demain, moi !
– Demain c’est samedi !
– Tu ne te serais pas fait lécher, on serait arrivé à temps à la gare ! Rigole bêtement l’un des trois zigotos
– Oh, ça va ! Répond Myriam. Tu peux appeler un taxi d’ici, tu décroches le truc, c’est gratuit, si tu n’en trouves pas tu peux faire du stop dans l’avenue qui est au bout !
L’ascendant de la fille sur le groupe semble bien avoir quelques limites !
– Allez, on te laisse, bisous !
J’échange un chaste baiser avec la fille, les mecs, eux ne me disent même pas au revoir. J’appelle un taxi qui arrive rapidement, le chauffeur me dévisage comme si je sortais d’un film d’angoisse : c’est sûr que je dois avoir une allure assez peu romantique avec ma tenue sexy froissée et tachée, ainsi que mon maquillage un peu destroyé après avoir sucé trois quéquettes et une minette !
– Vous avez du liquide ?
J’ai failli avoir un rire nerveux, mais je le rassure ! On démarre ! Je sors ma trousse et commence un petit ravalement de façade. C’est vrai que j’en avais besoin.
– On a fini sa petite journée ? Demande bêtement le chauffeur afin de dire quelque chose !
– Je viens d’avoir quelques soucis mais je n’ai pas du tout l’intention d’en parler !
– Z’avez tort, quand on a des soucis, faut parler, ça fait toujours du bien !
Je ne réponds pas ! J’espère qu’il ne va pas devenir lourd celui-là, parce que là je crois que je vais péter les plombs !
– Bon, moi je dis ça, c’est comme vous voulez !
– Je vous remercie de me permettre de faire comme je veux !
– Ah ! Vous fâchez pas ma petite dame !
– Je ne suis pas votre petite dame, je n’ai pas envie de parler, j’ai besoin de calme et d’ailleurs votre radio me casse les oreilles !
– Vous n’aimez pas la musique ?
– Si justement !
Il a fini par se taire et il a baissé de façon assez symboliques le son de sa station de radio débile.
Paris 16ème – 1 h du matin
Olivier emprunte l’avenue Victor Hugo, il vérifie si aucune voiture banalisée ne serait en faction, mais de toute façon il n’y croit pas, il joue les fins limiers pour rassurer son ami. Il le rassure et le quitte.
La mère de Daniel n’a pas réussi à retrouver le sommeil.
– Il y a quatre personnes qui sont venus réclamer après toi, tout à l’heure, ils m’ont raconté un drôle de truc, qu’ils étaient des amis à toi, mais je ne les ai pas cru. Ils étaient très corrects, je crois que c’était des policiers…
– Des policiers !
– Oui des policiers ! Et comme on a rien à se reprocher je leur ai donné ton numéro de portable, du coup ils sont partis.
– Qu’est-ce qu’ils t’ont dit d’autre ?
– Rien…
Daniel devient vert, c’était donc bien la police ! Vite… prévenir Olivier… Mais cet imbécile n’a pas rebranché son propre portable ! Oh là là ça va mal ! Pourvu qu’il ne soit rien arrivé à la fille ? Le téléphone fixe de Pascale… tant pis…
– Euh, Pascale ! C’est Daniel !
– Daniel ! Mais tu téléphones d’où ? Où est Olivier et où est la fille ?
– Olivier arrive d’une minute à l’autre, dites-lui de me rappeler d’urgence !
– Daniel, où est la fille ? Que lui avez-vous fait !
Daniel raccroche ! Pas évident ! Elle va rappeler ! Voilà, elle va rappeler ! Elle rappelle ! Il ne décroche pas. Deuxième tentative, il ne bouge pas ! Le portable à présent ! Le numéro est masqué… C’est donc Olivier qui est déjà rentré, c’est vrai qu’à cette heure là, ça roule bien… Raté c’est Pascale !
– Daniel, pour l’amour du ciel, dites-nous ce qui est arrivé à cette fille ! Demande Pascale
– Mais il ne lui est rien arrivée, on l’a largué je ne sais plus où pour casser la soirée… foutez-moi la paix avec ça, on n’a pas fait un crime…
Sa mère ne comprend plus rien !
– Tu aurais réellement des ennuis, mon petit ?
– C’est rien du tout, on s’est embrouillée avec une autostoppeuse. Tout cela sera réglé demain !
– Si c’est rien du tout pourquoi tu t’affoles comme ça ?
– Je sais pas, c’est nerveux !
Chez Pascale : 1 h 15
J’essaie en vain d’appeler Anna : Personne chez elle, et ses portables sont toujours en répondeurs.
– S’ils l’ont abandonné dans Paris, elle aurait trouvé le moyen de me prévenir, et elle serait rentrée chez elle…
– On prévient la police ! Propose Laure
– On va attendre qu’Olivier rentre, inutile de lui dire que son copain a appelé.
– Bon qu’est-ce qu’il fout, il ne faut pas dix minutes pour venir de Victor Hugo ! Bougonne Eric.
– Il y a des feux rouges…
Je suis à cran, je sens que ça ne va pas se passer en douceur cette affaire-là, si toutefois il arrive… Je fouille dans mon sac, en sort discrètement la bombe de lacrymo…
Un bruit de voiture qui freine par la fenêtre ouverte… Olivier. Et voilà l’olibrius qui se ramène fier comme un bar tabac…
– Bonsoir tout le monde ! Alors la fête est finie ! C’était bien ?
Mes trois compagnons de ce soir s’approchent de lui. A moi de jouer, je ne vais pas faire dans la dentelle ! Je bondis ma bombinette à la main :
– Ecoute connard, si tu ne me dis pas tout de suite ce qu’est devenue ma copine je te gaze, et à cette distance là, je te garantis que tu devras porter des grosses lunettes jusqu’à la fin de ta vie !
Laure tente de s’interposer !
– Pas de violence, ça ne servira à rien !
– Alors qu’il parle !
– Tu crois c’est une pétasse qui va me faire peur !
Ce con est en train de me tester ! Si j’appuie sur le truc on va tous tousser comme des dingues, même si c’est lui qui sera le plus touché ! Est-ce qu’il croit que je vais prendre ce risque ? On est en train de jouer au poker menteur tous les deux alors qu’il y a peut-être une vie ne danger ! On se toise…
– Alors ?
– Alors, rien, vas-y gaze-moi si tu en as le courage !
Eric passe derrière Olivier et avec un geste d’une étonnante rapidité lui fait une espèce de clé au bras ! Immobilisé l’autre !
– Je suis désolé Olivier, mais si tu ne réponds pas, je vais serrer… Mademoiselle, soyez gentille, rangez votre joujou, c’est dangereux…
– Aie !
– Bon, Olivier, tu as fait une connerie, alors il faut mieux que tu t’en sortes, si c’est grave on va voir les flics tous ensemble, parce que tu ne gagneras rien à attendre. !
– Mais vous êtes complètement parano ! Tous ! Demain je me barre de cette maison de dingues.
– Qu’est-ce que tu as fait de la fille ?
– Mais arrête, connard tu me fais mal, tu vas voir ta gueule quand tu m’auras libéré !
– Je n’ai pas l’intention de te libérer !
Le téléphone sonne ! C’est Daniel ! Pascale répond :
– Non, non Olivier n’est pas encore rentré !
– Qui c’est, c’est pour moi ?
– Ce n’est rien c’est Daniel qui voulais te parler, il a l’air mort de trouille !
– Bon vous me lâchez, oui ?
– Où est la fille ?
– On l’a largué dans la forêt de Meudon, on a voulu lui faire peur et quand on est revenu la récupérer elle n’était plus là, donc quelqu’un a dû la prendre en stop !
– A quelle heure
– Je sais pas, vers minuit…
– Et tu as fait quoi depuis ce temps-là ?
– On a été boire un coup sur les champs, tu veux le ticket ?
– Non, c’est pas possible, ce qu’il raconte ! Elle serait déjà là ! Criais-je !
– Les deux versions correspondent ! Conclue Eric ! Mais effectivement ça n’explique pas qu’elle ne donne pas de ses nouvelles.
Eric relâche sa prise ! Olivier vocifère :
– Vous êtes vraiment des tarés, des connards… des grosses putes…
Il quitte la pièce ! Je sens que je vais craquer, que faire à présent ?
– Ils l’ont tué, les salauds, ils l’ont tué !
– Non, Chanette, s’ils lui avaient du fait du mal ils ne seraient pas rentrés tranquillement chez eux… pour dormir.
– Sauf s’ils ont l’impression d’avoir fait un crime parfait… et puis qu’est-ce qu’il voulait lui dire de si urgent l’autre ?
– Bon, je propose quelque chose, le Daniel me parait moins coriace qu’Olivier, on va redébarquer chez lui… et si ça ne le fait pas on prévient les flics…
Ça ressemble à un plan désespoir, mais comme je n’ai rien d’autre à proposer… On se met nos petites affaires, on va pour sortir sur le palier… mon portable sonne…
Anna Gaëlle : vers 1 h 30
Enfin chez moi, enfin tranquille, je fais quoi maintenant ? Ce n’est pas le choix qui manque : décompresser brutalement et me payer une grosse crise de larmes, prendre une douce bien chaude, téléphoner à Chanette… Mais bien sûr que c’est ça la priorité :
– Allo Chanette !
– Anna…
– Ecoute, Chanette, je viens d’arriver chez moi, je suis vivante, je suis entière, mais j’ai besoin de parler, alors comme c’est un peu de ta faute si je me suis retrouvée dans un plan foireux, j’aimerais bien que tu passes. Tu peux tout de suite ?
– T’es toute seule chez toi ?
– Comme une grande !
– Et t’as besoin que je t’apporte quelque chose !
– Non ! Tu viens ?
– J’arrive, je serais chez toi dans une petite demi-heure !
Chanette de nouveau 1 h 30
Bien sûr que je vais y aller ! Sentiments partagés en ce moment, tout se mélange, la joie de la savoir saine et sauve, mais la crainte d’apprendre ce qu’on lui a fait, le remord de l’avoir embarquée dans cette galère, la rage contre Pascale qui a aurait dû faire en sorte d’écarter délibérément son mari de cette soirée et qui ne l’a pas fait, la haine contre ce mari débile.
– Bon j’y vais !
– Vous êtes en voiture ?
– Non, dites-moi où je peux trouver un taxi !
– Je vais vous accompagner, me propose Pascale.
Je n’accepte que parce que ça va me faire gagner du temps, je prends congé de Laure et d’Eric… et zou…
Retrouvailles
– Je suppose qu’elle souhaite vous voir seule ? M’interroge Pascale dans la voiture !
– Ça me semble évident !
– Comprenez-moi, j’aurais tout de même aimé savoir ce que les hommes lui on fait !
– Je vous comprends très bien, je vous passe un coup de fil demain matin !
– Je suis vraiment désolée, encore une fois pour tout ça, le moment est mal choisi, mais j’aimerais vous donner l’occasion de me faire pardonner tout ça !
– Personne n’est parfait, vous avez fait une connerie en sous estimant la capacité de nuisance de votre mari ! Et moi j’ai fait la connerie d’accepter ce plan à la con et d’y mêler ma meilleure amie ! On va donc dire qu’on est aussi conne l’une que l’autre !
– C’est effectivement une façon de voir les choses… répondit-elle dans un soupir.
On arrive, je la fais stopper, j’ouvre la portière, attrape mon gros sac dont la présence est devenue incongrue :
– Au revoir Chanette, bon courage et n’oubliez pas de me téléphoner !
Je lui fis un petit sourire, mais pas de bisou, pas envie !
Anna m’ouvre ! Drôle d’allure, enveloppée dans un peignoir attaché à la diable, les cheveux trempés, le regard bizarre. On s’enlace, on se bise, elle me fait une crise de larmes, je ne peux même pas la consoler, c’est contagieux, nous voici en train de chialer toutes les deux comme des madeleines de Commercy.
L’orage finit par passer, tous les orages finissent toujours par passer, mais j’ai tendance à penser qu’on est plutôt en ce moment au milieu d’une courte éclaircie.
– Viens !
Je la suis dans son salon, salon de dingue, je ne m’y ferais jamais… On le dirait conçu par les designers les plus fous de la capitale, pas du tout mon style, je suis toujours restée très classique.
Sur la table basse, son portefeuille, une bouteille de Martini et un grand verre rempli de façon fort peu raisonnable ! J’ose espérer que ce n’est que le premier !
– Je te sers quelque chose !
– Un jus d’oranges
– Tss, tss, après ce que j’ai vécu cette nuit on va pas boire du raplapla, j’ai un vieil armagnac que m’a apporté un client de la galerie… (vous ais-je dis qu’Anna tenait une galerie d’art ?)
Je lui aurais bien ressorti la vieille blague sur le « vieillard maniaque » mais je ne pense pas que les circonstances se prêtent à la galéjade. Bon je n’ose pas la contrarier, qu’elle me le serve, je ne boirais pas tout !
– Alors raconte !
– Attend ! Tout d’abord…
– Tout d’abord quoi ?
– Tout d’abord, je voudrais te dire que je ne suis pas du tout en colère après toi… Je pourrais… mais je suppose que tu ne pouvais pas savoir…
– Je répète tout le temps pourtant que je n’ai pas besoin de faire d’extra… cette fois c’est fini plus d’extra, plus jamais…
– Bon donc c’est clair on est pas fâchée !
– D’accord c’est très clair…
Elle m’inquiète un peu… quand même.
– Raconte-moi tout, Anna !
Alors, sans d’abord rien dire, elle sort de son portefeuille, quatre billets de 20 euros et une carte de visite !
– Ben voilà, j’ai fait trois pipes à 20 euros, plus un broute minou à la coiffeuse, elle m’a laissé sa carte, la coiffeuse, donc c’est pas du viol, c’est bien du business ! T’es d’accord avec moi ?
Oups ! Elle a pété un câble ou quoi ?
– Attends, ce sont les deux mecs qui t’ont obligé à faire des pipes ? Je ne comprends pas bien, là !
– Ils étaient trois ! Et puis ils m’ont pas obligé, non, mais je ne pouvais pas faire autrement…
– Trois c’est qui le troisième ?
– Ben oui trois, le chauffeur, le mec qui était à côté du chauffeur et le mec qui était à côté de la nana…
– Anna, je suis désolée mais je ne comprends rien ! Il y avait Daniel et Olivier, qui c’est le troisième et qui c’est la nana ?
– Mais non, il y en a un qui s’appelait Karim, et la fille c’est Myriam, regarde elle m’a donné sa carte, elle est coiffeuse !
Mon dieu, elle déraille à bloc !
– Ecoute Anna, on va faire une chose, tu vas me raconter tout ça dans l’ordre… D’accord !
– Mais je t’ai tout raconté !
– Je sais, mais j’ai pas tout compris, je suis fatiguée… Alors on va commencer par le début, pourquoi est-ce que tu as suivi le mari de Pascale ?
– Ben, bien obligé !
– Mais explique moi pourquoi !
– Il m’a fait croire que c’était un flic…
– Ok, et après…
Il a bien fallu une demi-heure pour démêler cette incroyable histoire… et puis comprendre son état d’esprit. J’ai d’abord cru qu’Anna était choquée d’avoir été prise pour une prostituée… en fait elle a été surprise, en plus de dix ans d’amitié, sa complicité avec moi a été très loin et sans avoir pratiquée vraiment l’activité elle l’a parfois côtoyé d’extrêmement près sans que cela ne lui pose de problème. D’autant que c’est un sujet que nous abordons assez fréquemment. Non ce qui l’a choqué, c’est la peur à posteriori de la situation dans laquelle elle s’est trouvée, obligée de jouer gentiment le rôle de la prostituée pas chère pour éviter… pour éviter quoi… un viol sans doute…
J’essaie de la raisonner, de lui expliquer qu’elle s’est trouvée dans une situation moyenne, elle aurait pu avoir énormément de chance, un type correct qui la ramène illico à Paris sans question, sans proposition, elle aurait pu tout aussi bien tomber sur des brutes… Pas facile, quand on est dans un état de choc, le discours perd sa cohérence et sa chronologie, on répète mille fois la même chose.
– Tu crois que je devrais la contacter la coiffeuse ! demande Anna, me coupant la parole.
– Elle est jolie ?
– C’est une beurette ou une métisse, je sais pas trop, oui elle est mignonne, j’ai pas compris ce qu’elle foutait avec ces trois mecs !
– Qu’est-ce que ça peut faire ? Ce n’est pas ton problème, laisse tomber, tourne la page, tu sais ce que tu vas faire, tes foutus billets je vais te les piquer et je vais t’en donner des miens à la place et la carte de la coiffeuse on va la foutre à la poubelle.
– Non, je crois que j’ai quand même envie de la revoir !
– Mais pourquoi ?
– J’aime bien parler avec les filles que je lèche !
Je prends ça à la rigolade, du coup elle rit avec moi, on rigole toutes les deux, je me laisse aller, ça me fait du bien, mais ça doit encore faire plus de bien à Anna !
– Sérieusement tu veux la revoir pourquoi ?
– Pour la remercier, c’est la seule qui a été gentille avec moi… je suis sûre que si elle n’avait pas été là, ça ne se serait pas bien passé !
– Tu sais qu’il est bon ton vieil armagnac ?
– Je t’en ressers ?
– Une goutte !
– Chanette, je voudrais te demander quelque chose !
Le ton est grave, je m’attends au pire…
– Vassy demande !
– Franchement ta cliente, elle est conne, elle pensait que son mari laisserait faire…
Oups ! C’est ça sa demande dramatique !
– C’est un couple « officiel », ils ne font plus rien ensemble, mais ça ne les empêche pas de s’engueuler à propos de leur conduite respective, enfin surtout celle de Pascale… Elle pensait qu’il en profiterait pour sortir ou du moins qu’il resterait neutre… Elle a mal évalué la situation, c’est tout.
– Ben, moi je te dis qu’elle est conne !
– C’est ton droit !
– Dis, Chanette, tu me trouves comment comme ça ?
– Comment ça « comme ça ! »
– Pas maquillée, avec un sale peignoir, pas peignée…
– … et plein de boutons partout sur la peau !
Du coup elle écarte son peignoir…
– Où tu as vu que j’avais des boutons, toi ? J’ai pas de bouton.
– Enlève tout, je vois pas bien !
– Oh, toi, j’ai l’impression que tu veux me voir à poil !
– Pourquoi pas, un petit massage ça te ferais peut-être du bien, et après si tu veux je peux rester dormir avec toi, je vais envoyer un message à Phil…
– Non, Chanette, je ne veux pas de massage ! Dit-elle fortement.
– Ça te détendrait…
– Si tu veux me détendre, fais-moi l’amour !
– C’est pas un problème, approche toi donc !
– Tu comprends, ça me gênait de te demander ça comme ça, mais j’en ai besoin, je veux m’endormir en ayant eu du sexe, mais du sexe dont j’ai envie, pas des bites qu’on m’a forcé à sucer, et d’ailleurs ces porcs ils m’en ont foutu partout…
– Je sais, on dirait presque que c’est ça qui t’as le plus gêné…
– Oui, parce que ce n’est pas parce qu’ils m’ont payé qu’ils doivent me manquer de respect…
– Ils ne t’auraient pas payé, cela aurait été pire, tu l’as dit toi-même…
– C’est pas simple tout, ça, je ne pense pas être traumatisée, mais ça me ferait chier de penser sans arrêt à tout ça quand je vais m’endormir…
– Approche !
Toujours assise, j’écarte les jambes et je l’attrape par les fesses afin de la coller contre moi…
– T’as le cul tout frais !
– C’est pas nouveau !
– Quelques bonnes claques dessus, ça devrait le réchauffer
– C’est pas nouveau, non plus, mais cette nuit j’ai plus besoin de douceur que de fessés.
– OK
J’approche ma bouche du téton droit de ma copine et je le porte à mes lèvres, sans le mouiller, et je l’aspire, je le presse… un bisou sec en quelque sorte. Anna a toujours eu la peau extrêmement douce, et la caresser a toujours été un enchantement, je ne m’en prive donc pas. Je change de téton, réprimant mon envie de le mordiller. Ça commence à m’émoustiller cette affaire-là. Pas, elle, qui a du mal à réagir… Je passe à la vitesse supérieure en faisait maintenant intervenir ma langue, normalement elle devrait gémir, me dire que c’est bon… mais elle reste désespérément muette. J’espère que toute cette histoire ne lui a pas causé un choc plus important que je ne le croyais. J’abandonne les seins, lui fais un sourire complice qu’elle me rend bien volontiers, j’approche mes lèvres des siennes, on se roule un patin… là, elle est bien obligée d’être un peu plus active, mais ce n’est pas encore ça qu’est ça… Et puis j’ai une idée :
– Enlève-moi ce peignoir ! Et allonge-toi sur le canapé… sur le ventre !
– Non, je n’ai pas envie de fessée, Chanette !
– Fais-moi confiance ! Pour l’instant je n’ai pas l’intention de te fesser !
Elle s’installe mollement
– Alors tu te décontracte, je sais ce n’est pas facile, mais je vais essayer de t’aider, tu places ta tête sur le côté… ferme les yeux…
– Pas de massage, Chanette…
– Je ne vais pas te masser…
Je me déshabille très vite, puis je la caresse sur tout son corps, insistant bien sûr au niveau de ses jolies petites fesses bien rebondies. J’alterne les caresses du plat des mains, (celles qui flattent la main) avec d’autres prodiguées uniquement du bout des doigts (celles qui flattent l’être que l’on caresse). J’insiste sur les points sensibles, la nuque, l’arrière des oreilles, et les fesses, toujours les fesses, encore les fesses… je place mes doigts en araignée en haut du dos et je descends lentement en maintenant une certaine pression…
– Ça fait du bien… me dit-elle enfin.
Ah ! Enfin ! Elle réagit ! Je refais la manœuvre plusieurs fois, augmentant la pression des doigts à chaque fois, la trace de l’ongle finit par laisser une traînée rougeâtre sur son joli dos… Déjà elle respire plus fort… Je vais pouvoir faire maintenant quelque chose de plus « sexe ». Mais rien ne presse, c’est ma langue qui entre en action cette fois… La nuque, le dos, les fesses…je commence à lui écarter les globes fessiers…
…mais voici qu’elle se retourne comme une furie et viens m’enlacer, cette fois c’est elle qui veut un patin, et elle ne fait pas semblant, elle me bouffe carrément la bouche, je la suis à son rythme, on bave comme des cochonnes… elle finit par se dégager, se met à rigoler de son audace. On se caresse, mutuellement cette fois… j’hésite entre faire durer et lui apporte tout de suite le plaisir qu’elle demande. J’opte pour cette dernière solution, rien ne nous empêchera de recommencer si on en a envie… Et d’ailleurs elle me devance, à force de gesticuler dans tous les seins, on se retrouve en soixante-neuf, et la voilà sur moi en train de me lécher… j’aime lécher une femme par l’arrière, je trouve que le sexe est plus joli vue de ce côté, et puis la vision de son petit œillet tout fripé juste au-dessus n’est pas non plus pour me déplaire… Anna est mouillée, c’est déjà une bonne nouvelle, je lape tout ça, pendant que de son côté elle me titille le clitoris, gênant quelque peu ma concentration. Je lui rends la pareille. Ça va être l’inconnu, ça peut durer une minute ou se prolonger pendant une demi-heure, ou échouer… Le problème c’est que cette andouille gigote tellement de la langue qu’en ce qui me concerne, je ne vais pas tarder à « partir », du coup je ralentis mon action, m’abandonnant plus ou moins.
– Ne t’endors pas, me dit-elle, s’interrompant un court instant.
– Continue, je viens, lui répondis-je simplement.
Elle a compris, s’active comme une dingue, je sens que ça monte, que ça monte… je pars ! La jouissance a été fulgurante, comme j’aimerais la sentir dans mes bras en ce moment, mais pour l’instant je lui dois autre chose… je reprends mes esprits quelques secondes, puis reprend ce que j’avais interrompu. Je lèche, je lèche, son clito est tout dur… je lèche encore et la voilà qui gueule… Comme une diablesse sortie de sa boite, la voilà qui se retourne, me gratifie d’un nouveau baiser baveux aux parfums de nos secrétions tandis que nos mains parcourent nos corps. Puis on finit par rester blotties l’une contre l’autre, sans bouger. Anna a fermé ses paupières, sa respiration devient profonde, elle s’endort dans mes bras… j’ai attendu un peu pour l’emmener dans le lit…et c’est moi qui ai eu du mal à trouver le sommeil…
Le lundi suivant
J’ai quitté Anna, le lendemain en milieu de matinée, j’ai essayé à plusieurs reprises de joindre Pascale, mais rien à faire, ça ne répond pas, je suppose que Monsieur et Madame sont en pleine crise conjugale, et de guerre lasse lui ai laissé un message demandant de me rappeler.
Le lundi, en arrivant au studio à 10 heures, je n’avais toujours pas de nouvelles. Un peu énervée, il fait un soleil magnifique qui me renvoie l’image des vitres nettoyées n’importe comment. Je paie une femme de ménage pour faire le ménage en grand une fois par semaine, et je constate une fois plus qu’elle en fait un minimum. Ça me gonfle. Pas de rendez-vous de programmé, j’entreprends de consulter mon répondeur, et voilà qu’on sonne à la porte !
– Pascale ! Tout va bien j’espère ! Entrez !
– Je ne vous dérange pas ?
– Du tout, je n’ai pas de rendez-vous !
Et voilà qu’on re-sonne ! Un client ! J’en fais quoi ? Je lui dis que j’ai un contretemps et lui propose de repasser demain ! Ben non, ça ne colle pas, le mec vient de province pour son boulot, il a un créneau ce matin et juste ce matin… Bon bref, si j’avais pris ma journée ou si je n’étais venu que pour 11 heures, il ne m’aurait pas vue, je suis gentille, mais je ne suis pas à la disposition des gens non plus. Il s’en va, pas content, il s’en remettra…
Je colle un petit panneau « je suis absente ce matin », et retrouve Pascale debout dans le salon.
– Je ne vous dérange pas !
– Non, non !
– Je me sens vraiment horriblement responsable de ce qui est arrivé vendredi soir, surtout vis à vis de votre amie, je me propose de vous dédommager. Euh… Comment l’avez-vous récupéré ?
– Entière ! Entière mais assez choquée tout de même.
– Vous pourriez me racontez ce qui s’est passée ?
– J’ai cherché à vous joindre pour vous le dire…
– Je sais, je n’étais pas trop joignable, on a eu une grave crise conjugale avec mon époux, cette fois la rupture est en marche !
– Il vous a donné sa version des faits ?
– Il m’a dit qu’il a embarqué votre amie en exhibant une carte tricolore, puis ils l’ont abandonné dans la nature après lui avoir piqué ses portables, d’ailleurs je vous les ai rapportés…
Je lui racontais alors une version un peu light de la suite des événements…
– Elle est tombée sur une bande de jeunes qui ont commencé à l’emmerder, heureusement un car de flic a eu la bonne idée de passer par là, mais ces cons là au lieu de l’aider, ils l’ont embarqué au poste pour un contrôle d’identité, il l’ont pris pour une prostituée et voulait absolument lui faire dire le nom de son souteneur…
– Je suis vraiment désolée ! Tenez prenez cette enveloppe !
Je la prends sans l’ouvrir.
– Il y en a une deuxième, pour votre amie ! J’aurais aimé lui remettre moi-même !
– Je veux bien vous confier ses coordonnées, mais sachez qu’elle ne souhaitera sans doute pas reparler des détails de cette histoire !
– Je comprends ! Euh… Dans votre enveloppe, il y a aussi le… Le comment on dit ? Le petit cadeau, c’est ça ? Pour une séance ! Si vous acceptez que je sois encore votre cliente, bien sûr, sinon, je n’en ferais pas une maladie !
– Et vous la voudriez quand la séance ?
– Tout de suite, ce serait possible ?
– J’ai peut-être une meilleure idée ! Un instant je vous prie !
Je décroche mon téléphone toute excitée par l’idée que je viens d’avoir !
– Allô Anna ! Tu fais quoi ce matin ?
– Rien, je bulle, c’est samedi, je n’ouvrirais la galerie que cet après-midi …
Je lui explique que j’ai Pascale « sous la main » et que si ça l’amusait de participer à une petite séance de domination, elle serait la bienvenue, elle accepte et miracle, me dis qu’elle est prête. Je lui demande de venir en métro, ça marche, elle sera là dans une « petite » demi-heure !
J’hésite sur la conduite à tenir, je pourrais aussi bien commencer la domination tout de suite, mais quelque part, ça m’embête, je ne veux pas non plus empêcher que le face à face entre les deux femmes ne se passe pas normalement. Je mets, Pascale au courant…
– … Le temps qu’elle arrive, vous pouvez aller faire un petit tour et boire un café, à moins que vous préfériez rester avec moi à discuter et dans ce cas c’est moi qui me ferais un plaisir de vous offrir le café !
– Je l’accepte volontiers !
Je m’en serais doutée, elle me précise alors ses rapports avec son mari : plus de vie sexuelle commune depuis très longtemps, mais un semblant de vie en couple essentiellement pour des raisons bassement matériels liés à leur familles respectives. En effet, après leur première crise conjugale les deux familles très traditionnelles s’étaient entendues, pour déshériter le couple si celui-ci décidait de divorcer. Ils vivaient leur sexualité chacun de leur côté, le mari, on ne sait où, et Pascale avec son amie dominatrice. Parallèlement elle se mit à organiser des parties fines chez elle, comme il fallait bien en aviser le mari, celui-ci demanda si sa présence gênait. Curieuse démarche, où se mêlaient le soucis de préserver l’image d’un couple uni y compris dans ces conditions, mais aussi un vieux fond de jalousie morbide. Il accepta donc plusieurs partouzes, auxquelles faute de participer activement lui-même, il demandait à son ami Daniel de le faire, il accepta aussi sans broncher que Pascale joue à ces jeux de gages qu’elle perdit, il essaya en vain de s’opposer à la réalisation du gage, et finit par péter les plombs quand il estima que celle qui était encore son épouse pour l’état civil était allée trop loin !
– Il n’y avait rien de prémédité, je pense que ça lui est venue comme ça, il s’est dit qu’en embarquant votre amie, ça casserait la partie !
– Et vous aller faire quoi ?
– Il faut qu’on consulte un avocat, on va cesser de vivre sous le même toit, et on continuera d’honorer de notre présence certains événements familiaux afin de donner le change !
On sonne ! Miracle : Anna est à l’heure ! Elle s’est crue obligée de s’attifer d’un ensemble en vinyle noir. Elle n’a pas dû passer inaperçue dans le métro !
– Heureuse de vous voir ! Lui dit Pascale sans oser lui tendre la main. Tenez, je vous ai apporté une petite enveloppe pour vous dédommager des conséquences de l’irresponsabilité de mon mari !
Anna prend l’enveloppe sans un mot, puis se tourne vers moi :
– La séance est commencée ?
– Non !
– Dommage… je me serais bien défoulée, là tout de suite…
– T’impatientes pas, on va commencer tout de suite ! Pascale tu te fous à poil, tu te mets à genoux, et sans qu’on ait besoin de te le redire tu vas nous lécher le cul !
– Oui, maîtresse !
Elle se recule pour se déshabiller, j’ai cru un moment qu’elle n’était pas très rassurée de la présence d’Anna, mais c’était tout simplement pour se rapprocher du fauteuil où elle se met à poser délicatement ses affaires.
Je réalise que je ne suis pas en tenue… Je fais quoi, je vais me changer ou pas ? Je décide que rien ne presse, par contre je retire tout le bas, si je veux qu’elle m’embrasse le cul, encore faut-il qu’il soit à l’air ! Anna fait de même.
Ça y est, madame est toute nue, elle a quelque chose de magique, plus je la vois, plus je la trouve belle, une beauté un peu particulière, un tout petit peu trop forte, un tout petit peu potelée, mais sans exagération…
Je me retourne, me penche légèrement en arrière et écarte mes globes fessiers… Anna m’imite et se place juste à côté de moi. Je sens la langue de ma soumise me titiller l’anus, elle le fait très bien, presque aussi bien qu’Anna et en tous cas bien mieux que les hommes à qui j’accorde cette faveur. Elle me léchouille deux ou trois minutes, puis spontanément s’en va ratifier ma copine de la même gâterie…
Je sens comme de l’impatience chez Anna qui ne se laisse lécher ainsi que quelques instants. Elle finit par s’avancer pour mettre fin à cette caresse buccale, puis me demande :
– Tu me la laisses pour moi toute seule, juste deux, trois minutes !
– D’accord mais ne l’abîme pas !
– Debout, salope, lui dit-elle alors !
Pascale se relève. Puis ça va très vite ! Anna lui balance deux gifles qu’elle encaisse sans rien dire – juste un petit gémissement –
– Je vais te dire un truc, toi ! T’es vraiment la reine des connes ! Quand on a un mari aussi débile, on ne reste pas avec, ou alors si on veut rester avec, on n’organise pas des partouses devant son nez…
Notre soumise fait une drôle de tête, se demandant si on est encore dans le jeu SM où si on vient d’en sortir… Mais si elle veut savoir, elle n’a qu’à dire le mot de sécurité… Je ne préférerais pas, la gestion de la situation deviendrait difficile avec Anna qui me semble remontée à bloc.
– Avec ses conneries à ton mec, j’aurais pu aussi bien me faire trucider, ou me faire violer… Chanette a dû te raconter… j’ai quand même été obligé de sucer des bites, des sales bites pas lavées…
Holà ! Moi qui ai raconté une version expurgée à Pascale et Anna qui s’apprête à lui balancer la version complété… Mais après tout, est-ce si grave ?
– Tiens je vais te donner tout ce que tu mérites !
Et joignant le geste à la parole, elle lui crache au visage ! Pascale est livide. Anna se recule :
– A toi de jouer ! me dit-elle.
Quelque chose me gêne, je comprends bien sûr l’attitude d’Anna, je la comprends mais je ne l’approuve pas. Je me demande comment je vais pouvoir faire une séance classique… ma motivation viens de tomber à la cave… J’essaie de reprendre le dessus.
– L’autre fois, je t’ai fouetté, j’ai fait attention à ne pas te marquer ! Aujourd’hui c’est différent, je t’assure qu’en sortant d’ici, tu ne vas pas pouvoir t’asseoir pendant huit jours !
Elle ne bronche pas !
– Pfff, pour elle c’est même pas une punition ! Elle est complètement maso ! Faut trouver autre chose ! Propose Anna.
– T’as une idée ?
– Je sais pas, on peut la garder toute la journée dans une cage et tu la fais enculer par chacun de tes clients…
– Oui, mais si je n’ai que deux ou trois clients, ça ne va pas le faire…
Un coup d’œil sur la fenêtre dont le rideau n’est pas fermé correctement. Je m’en vais rectifier ça, et soudain l’idée ! Je me dirige vers le placard où est rangé l’aspirateur et je sors un tablier, ce n’est pas le tablier de soubrette avec lequel je travesti parfois certains de mes soumis, non, c’est un vulgaire tablier bien basique qui sert pour faire le ménage.
– Enfile ça !
Elle se le passe sans comprendre… Anna ne saisit pas très bien non plus. Je sors aussi du placard le produit à vitre :
– Voilà, ma femme de ménage n’a rien foutu ce week-end, alors tu vas bosser à sa place, il y a toutes les vitres à faire, et s’il te reste du temps tu pourras faire les poussières et passer l’aspirateur. On va te laisser le studio. Si quelqu’un sonne tu diras que tu es la femme de ménage et que je ne reçois pas ce matin… si on te pose d’autres question tu diras que tu sais pas. On revient tout à l’heure moi et Anna, on va boire un petit café…
Anna éclate de rire ! Pascale est blanche comme un linge mais ne bronche pas.
– T’as compris, j’espère ?
– Oui Maîtresse, balbutie-t-elle sans grande conviction.
Au café, je sens la volonté d’Anna de parler de tout autre chose, mais je lui balance quand même :
– T’as été vache avec elle, elle t’a dédommagé et toi tu as dû la casser moralement !
– Je sais j’en suis consciente, mais je n’ai pas pu m’en empêcher… au fait : je t’ai dit que je m’étais arranger avec un grossiste pour avoir des chaussures… tu sais les chaussures qu’on avait vu… et blabla…
On a bavardé comme des vraies pies, et une heure après, nous sommes rentrées. Et là, surprise, voilà que notre Pascale s’est rhabillée et qu’elle s’est installée, peinarde dans le fauteuil en train de lire un magasine… Un œil sur les vitres, elle n’y a pas touché !
– Dis donc, toi ! C’est quoi ce cirque ? Tu te figures peut-être que tu vas avoir une punition classique parce que tu n’as rien foutue…
– Alouette, alouette ! Répond-elle.
Le mot de sécurité ! En principe un soumis prononce ce mot qu’il a choisi quand il sent qu’il ne peut plus suivre, soit parce qu’il ne supporte plus la douleur, soit parce qu’il a présumé des pratiques qu’il pouvait accepter… Ce mot est censé mettre fin à la séance ! Mais là, j’avoue ne pas comprendre.
– Bon alors d’accord ! Tu veux arrêter, c’est ton droit !
Elle se lève :
– Je venais ici pour chercher ce que je méritais, c’est-à-dire une punition… mais puisque votre punition, c’est sans doute de ne pas me donner de punition… du moins au sens où je l’entends, je vais vous laisser… Vous avez peut-être raison de me traiter comme vous avez voulu le faire. Je ne mérite sans doute pas mieux… Au revoir, mesdames…
Elle se dirige vers la porte ! J’avoue ne pas savoir quoi dire… Elle se retourne une dernière fois :
– C’est étrange que vous ayez pu penser que faire la femme de ménage pourrait m’humilier. Il n’y a pas pour moi de sots métiers et je respecte tout le monde aussi bien les femmes de ménages, que les prostituées, enfin certaines !
– Je crois que nous ne nous sommes pas comprises… commençais-je !
– Ce n’est pas bien grave… ça s’ouvre comment votre truc ?
– Tirez vers la droite !
Elle disparaît avec un au revoir presque inaudible. On se regarde avec Anna, interloquées…
– C’est elle qu’est frappée, où c’est nous qu’avons fait une connerie ? Me demande ma copine
– Je crois surtout qu’on ne s’est pas compris !
J’ai son numéro de portable, j’appelle !
– C’est Chanette, je crois que vous avez oublié quelque chose…
– Je ne pense pas ! Qu’aurais-je oublié ?
– Ta punition, la vraie !
– Laissez tomber !
– Pascale ! Ecoute-moi bien, tu vas rebrousser chemin, revenir ici, la porte sera ouverte, tu entres, tu te déshabilles et tu t’agenouilles la tête dans le fauteuil. Et que ça saute !
Je raccroche !
– Tu crois qu’elle va revenir ? me demande Anna, sceptique.
– On parie ?
– Non, non, je vais encore perdre…
Pourtant je n’étais pas si sûre de moi que ça sur ce coup-ci…
Et soudain la porte s’ouvre… Pascale entre, fait sa grande dame et nous toise avec un sourire complice… Elle ne perd rien pour attendre celle-ci… Et tandis que je verrouille l’entrée, Madame se déshabille de nouveau, toujours de façon aussi méticuleuse, puis comme demandée elle s’agenouille devant le grand fauteuil, enfouit sa tête et attend. Je prête une fine cravache à ma copine !
– Toi à droite, moi à gauche, chacune notre tour pour le moment ! C’est moi qui commence.
Le premier coup est sec, Pascale l’encaisse sans bruit, juste un léger sursaut… une belle trace rougeâtre zèbre sa fesse gauche. Anna assène le coup suivant ! Cette fois notre soumise a râlé ! C’était un peu fort, elle a toujours été un peu dure dans ce genre de jeu, elle n’aurait jamais pu faire une bonne professionnelle sachant aussi s’adapter à ceux qui n’ont que peu de résistance… normal, chacun son truc… Je prends mon temps pour faire tomber le troisième coup… si parfois faire de la domination professionnelle m’emmerde… ce jeu-là reste néanmoins l’un de mes préférés (j’en ai d’autres). Le soumis se prépare à recevoir le coup qui tarde à venir, les muscles sont préparés mais finissent par se relâcher.
– Shlack !
– Ahh…
Anne joue au même jeu que moi, elle fait lanterner son coup qui finit par tomber et faire tressauter notre soumise. Et cette fois, moi, je ne fais pas attendre, je frappe mon coup dans la foulée
– Ahh
Anne me suit immédiatement, et moi aussi… elle vient de s’en recevoir quatre de suite, du coup elle se prépare au cinquième, celui-là attendra un tout petit peu…
On a fait durer le plaisir alternant les coups en rafales avec les coups espacés. Son cul est assez rapidement devenu rouge violacée, avec des boursouflures… A partir d’un certain moment, la peau peut saigner… j’arrête toujours avant…
– Debout ! Et retourne-toi !
Elle le fait ! Elle est épuisé, son visage est calme, mais des larmes ont coulé lui destroyant son maquillage… ça fait drôle… mais ce qui impressionne le plus Anna, c’est l’état des cuisses de notre soumise, elle est toute mouillée, cette symphonie flagellatoire l’a excité au plus haut point… et comme notre cerveau s’amuse parfois à nous dire plusieurs choses à la fois, je me dis donc que premièrement cette conne est en train d’en foutre sur la moquette et que je ne sais pas si ça se nettoie bien… La seconde, c’est qu’excitée comme elle est, elle va en vouloir plus… seule cela ne m’aurait pas gênée, mais Anna est là ! On va improviser…
– Ça va !
– Oui maîtresse, j’ai les fesses en feu !
– J’ai un truc à mettre dessus, ça va calmer la douleur…
Elle ne répond pas, attendant je ne sais quoi… il faudrait qu’elle comprenne que la séance est terminée… Ben oui toutes les séances ne sont pas multi-pratiques, là j’estime qu’elle a eu son compte… Anne m’interroge du regard. Pascale hésite un petit peu et finalement interroge :
– Je suppose que c’est fini !
– Oui, tu peux aller dans la salle de bain, si tu veux, tu prends une petite douche, et après je te passerais de la crème…
Elle prend son fourbi à maquillage dans son sac et elle y va…
– L’autre fois, on a fait l’amour ensemble ! Dis-je à Anna
– Je sais tu me l’avais dit !
– Je crois que là, elle ne demanderait pas mieux, mais ta présence doit la gêner quelque part…
– Tu veux que je me retire ?
– Ça va pas, non ?
– Je vais essayer un truc, j’ai vraiment été salope avec elle tout à l’heure. Tu peux nous laisses seule cinq minutes et après tu nous rejoins ? Me propose ma copine.
Anna et Pascale
J’enlève mes fringues, je garde juste mon soutif et ma culotte, et tandis que Chanette bricole avec son téléphone, je me pointe devant l’entrée de la salle de bain attendant que le bruit de la douche cesse. Puis j’entre.
– Chanette est au téléphone, c’est moi qui vais vous passer la crème !
– Vous croyez que c’est indispensable ?
– Ben ça va apaiser, et ça va aider à dérougir !
– O.K ! Qu’est-ce que j’ai pris, ce doit être la première fois que je déguste autant… mais bon, je ne vais pas me plaindre…
– Bon, je vous dois des excuses ! J’ai vraiment été salope avec vous tout à l’heure…
– Oui, un petit peu, mais c’est pas grave, à votre place j’aurais sans doute fais la même chose, je ne peux quand même pas vous en vouloir.
– On fait la paix, alors ? On s’embrasse ?
Elle s’apprête à m’échanger un chaste bisou sur les joues. J’y vais au culot, ça me plairait bien de l’épater la Chanette quand elle va nous rejoindre…
– Donne-moi ta bouche !
Pas besoin de lui dire deux fois. Nos lèvres se collent, nos langues se mélangent. Les mains se baladent, j’ai ses seins dans mes mains, elle glisse ses doigts dans mon soutien-gorge faisant sauter les bonnets. Déjà qu’elle était excitée, l’opportunité la comble, je n’arrive pas à reprendre l’initiative, elle est penché sur mes seins et les tètent l’un après l’autre comme si elle était en train de boire un biberon. Elle me donne de ces frissons la bourgeoise. Je ne peux pendant ce temps-là que lui caresser le dos et les bras. Tant pis, elle préfère peut-être donner que recevoir, je ne vais pas m’en plaindre…
Elle finit par s’asseoir au bord de la baignoire.
– A toi !
Je me baisse, lui suçote à mon tour un peu les nénés. Puis je descends jusqu’à son temple d’amour. La position n’est pas très pratique pour faire un cuni correctement, mais je me débrouille… Elle mouille déjà… dingue cette femme…
– J’aurais dû venir avant ta douche…
– On aura peut-être une autre occasion !
– Qui sait ?
Je continue à la laper dans cette position, mais si on veut faire les choses correctement il va falloir qu’on se positionne différemment. Et puis en plus j’ai envie de pisser… Je me souviens alors qu’elle n’a rien contre le champagne doré… même que c’est cette fantaisie qui a provoqué l’esclandre de son mari… Du coup je lui propose carrément. Elle accepte d’enthousiasme et se couche sur le sol de la petite salle de bain…
– Juste sur le corps ou tu préfères me boire ?
– J’ai soif !
OK, je vais pour l’enjamber, Chanette qui était plus ou moins cachée apparaît sur le pas de la porte. Elle s’est changée et s’est revêtue d’un petit kimono. Je me demande si en dessous elle a revêtu sa tenue de domina ou si elle est nue… Non il me semble bien qu’elle est à poil, je lui fais un clin d’œil.
Moi quand je pisse, je ne sais pas me freiner, il faut que ça dégringole, mais Pascale est bonne fille et avale tout ce qu’elle peut.
Chanette
Sacré Anna, elle a réussi à se l’envoyer, la voilà en train de se soulager sur le visage de la bourgeoise qui a l’air de se régaler que ça fait plaisir à voir… Je les laisse toutes les deux ou je m’en mêle ?
Le problème c’est que moi aussi, je commence à avoir une belle envie…
– Quand tu auras fini, tu me laisses la place, Anna, comme ça Pascale pourra nous dire laquelle des deux a le meilleur pipi…
J’ai donc arrosé la bourgeoise à mon tour, elle boit, elle se régale, je me tourne lui présente mon cul, je sais qu’elle adore ce genre de choses :
– Lèche moi le trou.
C’est qu’elle arrive à me faire frissonner, cette andouille avec ses petits coups de langues !
– T’aime ça, me lécher le cul, hein dommage qu’il ne soit pas plein de merde.
– Ah, oui, dommage !
– Remarque tu peux me mettre un doigt dans le cul
Je me suis laissé doigté quelques courtes minutes,, évidemment elle s’est léché les doigts, je n’ai pas vu dans quel état ils étaient mais Madame a eu l’air d’apprécier ! Quelle cochonne !
J’ai laissé ensuite Anna la chevaucher en position de soixante-neuf. Finalement je les laisse, un trio, cela peut être génial mais souvent l’une des trois est un peu laissée pour compte… Elles vont jouir… et moi… et bien la journée n’est pas finie… je ne bosserais pas aujourd’hui, je me rattraperais demain et Anna ne sera sans doute pas pressée de rentrer…
En fait après que les deux femmes eurent fini leur petite affaire, on a papoté toutes les trois autour d’un café, on a grignoté, puis on est sorties prendre le frais faire un peu de shopping dans le quartier, vers 19 heures, madame a insisté pour nous payer le restau…
– Cette séance ratée, vous seriez d’accord pour qu’on tente de la refaire. Et cette fois, je vous promets que ni mon mari, ni Daniel ne seront là !
– Si Anna est d’accord, moi ça marche !
– Mais bien sûr ma bibiche que tu vas l’avoir ta séance… mais à une condition ! Répond ma copine
– Oui, laquelle ?
– Que tu me fasses jouir devant tous tes amis…
Sacré Anna ! J’ai eu du mal à réprimer un petit rire nerveux !
FIN
© Chanette (Christine D’Esde) 3/2006 – reproduction interdite sans autorisation de l’auteur
Ce texte a eu l’honneur d’être désigné comme meilleur récit pour l’année 2006
J’adore qu’on m’infilge un gage quand je perds dans un jeu érotique (et même que parfois je perds volontairement !
Il est vraiment fabuleux ce récit
Toute une ambiance
Passionnant et bandant
Un excellent chapitre alliant les ingrédients du polar (mystère, rebondissements, personnages hors du commun) et ceux du porno (bisexualité, exhibitionnisme uro). Bravo