Avertissement « légal » : Cette F.A.Q. n’a pas pour objet d’encourager à la prostitution. Elle n’est rien d’autre qu’une série de points de vues du site sur ce sujet sensible.
L’idée de cette FAQ a germé en Janvier suite à une multitude de mail que j’ai reçu suite au débat au Parlement sur l’adoption des nouvelles lois encadrant la prostitution. Le format FAQ a l’avantage de permettre une mise à jour régulière des thèmes, il ne remplacera pas le forum mais le complétera.
association d’aide aux prostituées (5/10/03)
La seule (je dis bien la seule) qui ait une position intelligente sur le problème est le bus des femmes. Les autres n’arrivent pas à admettre qu’on puisse être prostituée par choix, qu’on puisse faire ce qu’on veut de son corps y compris le « louer », et qu’on peut vivre sa prostitution sans être constamment au bord de la dépression…
Les amis du Bus des Femmes 6, rue du Moulin Joly 75011 Paris
Tél: 01 43 14 98 98 Fax: 01 43 14 91 73 Bus-des-Femmes@wanadoo.fr
http://busdesfemmes.free.fr
La loi
Je ne vais pas m’étendre ! Son vote n’a rien eu d’une surprise ! Mais ce qui m’a révoltée, c’est que ces lois, au-delà de la bêtise de leur conception et de la dangerosité de leur application, c’est l’attitude de quelques personnages théoriquement élus pour défendre les intérêts du peuple et qui non contents de faillir à leur mission qui consistait à s’opposer de toutes leurs forces à ce que ces textes soient votés, ont été jusqu’à proposer des amendements pour les rendre encore plus répressifs. Nous nous souviendrons, des noms de celles et de ceux qui ont osé cette ignominie !
La prostitution serait un viol légal
C’est tout simplement ridicule. Ou alors il faut complètement redéfinir la notion de viol ! A ce que je sache, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui accepte de se faire violer en échange d’une rémunération. Bon, je sais bien qu’il ne faut pas prendre les choses au premier degré et qu’il s’agit là d’un glissement sémantique volontaire. Mais si on regarde les choses de plus près (et au moins en ce qui concerne la prostitution libre et volontaire) :
– la fille n’est jamais obligée d’accepter un client, et a le pouvoir d’en virer un dont le comportement deviendrait douteux
– le fait que le client ait payé ne lui donne pas tous les droits et la fille n’est jamais obligée d’accepter une pratique (à ce propos l’expression « vendre son corps » est inappropriée, c’est de location de service qu’il faudrait parler)
– c’est toujours la fille qui pendant la prestation mène le jeu
Alors il est où le viol ?
Les prostituées sont-elles des personnes qui ont été traumatisées sexuellement pendant leur jeunesse ?
Cela devient un lieu commun de dire que beaucoup de filles qui se prostituent ont subi pendant leur jeunesse des traumatismes sexuels graves, voire des viols !
Faut peut-être arrêter de délirer :
1) Dans la prostitution forcée (notamment le cas des filles de l’Est qui se sont fait « embarquer ») je ne vois pas en quoi les réseaux de recruteurs iraient privilégier des filles qui ont connu un évènement sur lequel on ne fait pas en principe beaucoup de publicité. Ils recrutent des filles en leur mentant, et ne font aucune enquête sur leur passé, c’est aussi simple que ça !
2) Au niveau de la prostitution libre, il existe peut-être des filles qui ont eu ce genre de problèmes, mais de là à en tirer théorie, il ne faut pas exagérer. Où alors, il faudrait considérer les éléments suivants :
– Un viol, un vrai, (rappelons que les 2/3 des viols sont des actes prémédités exercés par des proches de la victime) s’accompagne d’une agression physique et laisse un grave traumatisme psychologique. Choisir une banalisation de l’acte sexuel pour exorciser ce traumatisme me paraît assez peu imaginable (même si tout peut exister)
– Il y a les « faux » viols, prenons le cas (classique) d’une fille qui n’a rien contre la pluralité masculine et qui s’est envoyé cinq hommes dans une soirée échangiste. Arrive le sixième, et là problème, la fille n’en veut pas (c’est son droit) le type lui, considère qu’il n’y a aucune raison qu’elle lui refuse ce qu’elle a accepté des autres. Le type insiste et la force, en se disant (classique) que ces hésitations ne dureront pas ! Légalement c’est un viol ! Le type n’a pas à faire ça et ce n’est pas parce qu’une fille est cataloguée (ou se catalogue) comme facile qu’elle n’a pas le droit au respect. N’empêche que du point de vue du traumatisme, ce genre d’événements (que je ne cherche en aucune façon à minimiser) n’a rien à voir avec le viol cité plus haut (par contre la loi française ne verra pas ou peu la différence) Alors si c’est ce genre de choses qu’on veut évoquer en nous parlant des antécédents de viols de certaines filles… ça change tout.
– Et ça rejoint un autre débat, c’est celui de l’importance que l’on donne au sexe dans sa façon de vivre. Certains le diabolisent (notamment ceux pour qui l’éducation religieuse reste primordiale), d’autres le sacralisent (une certaine frange féministe, mais cela demanderait tout un article) d’autres le banalisent.
La banalisation sexuelle : il y a banalisation sexuelle quand le sexe n’a dans la vie que l’importance qu’on veut bien lui donner sans aucune surestimation ni sous estimation !
L’exemple type est donné au moment où l’adolescent(e) prend conscience de son corps, et qu’elle demande à son entourage pour quelle raison il faut cacher certaines parties du corps. Ou bien l’ado va accepter ces explications (par conviction religieuse, obédience ou tout ce que vous voulez) ou bien il va les refuser, (tout en étant obligé de s’y plier et en considérant qu’il s’agit là d’une fantaisie incompréhensible de notre société). Il est évident que pour une telle personne, la représentation sexuelle ainsi que les actes sexuels seront dans une certaine mesure banalisés. (et je pense qu’il en est très bien ainsi !)
Sachant cela il faut le gérer. Vu de l’extérieur, une fille qui banalise le sexe peut être (ce n’est pas obligé) qualifiée de facile. Une fille facile peut s’exposer au genre d’incidents décrits plus avant, et une fille qui banalise le sexe aura moins de problèmes « moraux » avec la prostitution.
Les prostituées sont-elles heureuses ?
Poser cette question c’est implicitement considérer au préalable que les métiers du sexe ne sont pas des métiers comme les autres. Or les métiers du sexe ne peuvent s’exercer par leur pratiquant que si le sexe est d’une certaine façon banalisé !
Sachant cela, la question perd de sa gravité : Il y a des gens qui ont un métier intéressant (les chercheurs, les artistes, les développeurs informatiques, bref des gens qui s’éclatent au boulot). Il y a des gens qui galèrent au travail (tous les emplois subalternes inintéressants, et il y en a pas mal) et puis il y la catégorie des métiers à vocation relationnelle (en gros les métiers du commerce et des services) On peut y rattacher la prostitution, et alors comme dans tous commerces, nous aurons des gens qui privilégierons cet aspect, et d’autres qui s’en foutront. Et ce seront les premiers qui auront raison parce que du coup la relation devient complètement différente. Lorsque j’étais en activité, j’ai rencontré des gens dont certains étaient extrêmement intéressants, à ce point que j’ai même regretté pour nombre d’entre eux d’avoir perdu leur contact ! (Et tout ceci n’a strictement rien de sexuel) Et oui !
Comme y vient on ?
Dans la prostitution volontaire, je ne connais qu’une seule motivation, c’est la possibilité qu’offre ce métier d’obtenir de l’argent rapidement (et facilement) Au départ c’est toujours la même chose, des difficultés passagères dont on n’arrive pas à sortir… On connaît une copine qui tapine… On lui demande de partager son studio pour quelques jours, le temps de se refaire, on se dit bien que cela ne durera que quelques temps. Et puis on se dit qu’après tout puisque l’argent est gagné si facilement on pourrait prolonger l’expérience juste un peu, quelques jours de plus, le temps de pouvoir s’acheter un blouson ou de se payer des vacances… et puis on reste encore un peu, on s’y installe et on recule sans cesse la date d’échéance de sortie de la prostitution.
Pourquoi quitte-t-on la prostitution ?
Le métier serait reconnu, peut-être l’exercerais-je encore, mais les choses ne sont pas simples. Ok on gagne de l’argent, mais l’argent n’est pas tout. Il est frustrant vis à vis de ses proches de devoir continuellement mentir, de vivre dans la crainte que quelqu’un nous reconnaisse, aille le raconter à tout le monde, et puis il y a des problèmes bassement matériels, on paye des impôts mais n’a pas le droit d’ouvrir un crédit, il faut faire sa retraite soi-même, là aussi pas mal de volontarisme. Et puis le métier est risqué, les clients agressifs c’est très rare mais ça existe, le préservatif qui éclate c’est très rare mais ça existe aussi… et surtout il y a le poids de la marginalité, on le supporte dans certaines occasions, parfois on en a marre.
Les sociologues disent ceci-cela…
Les sociologues sont bien pratiques, c’est comme les livres de chevet: tout le monde a le sien… Et d’ailleurs il en est – et heureusement – qui disent la même chose que nous.
Certains se sont autoproclamés spécialistes en la matière, alors que tous leurs propos relèvent au mieux de la précipitation, au pire de la dénaturation volontaire des faits.
Ainsi les dénommés Sven Axel Mansson et Daniel Welzer-Lang sont tout contents de nous raconter que les hommes » seuls » ne constituent qu’une minorité de la clientèle ! Mais qui a dit le contraire ? Et puis alors, et si la prostitution n’était utile qu’à cette minorité (minorité bien relative d’ailleurs) elle n’en ferait pas moins figure d’utilité publique !
Quand ces deux comiques parlent pour les clients de la » recherche de la nostalgie de la femme soumise « , ont-ils dans leurs enquêtes été jusqu’à se comporter en client afin d’observer comment se déroulait une passe ? Qu’attendez-vous Messieurs et Mesdames les sociologues ? On peut vous aménager une petite place dans un placard muni d’une glace sans tain, et avec une petite chaise bien confortable !
Cela vous permettra de constater qu’une prostituée (du moins dans la prostitution libre) n’est jamais (je dis bien JAMAIS) soumise à son client ! Et j’irais même plus loin, nombreux sont les clients qui recherchent à ce contact une certaine soumission !
Que dans la plupart des cas, la relation est empreinte de respect mutuel
Que les clients sont des gens très communs, ni particulièrement machos, ni dominateurs.
Et nous finirons par achever le dénommé Mansson qui nous dit que » Dans le couple, la prostitution sert à masquer les vrais besoins [de l’homme] et plus encore ceux de la femme « , en remplaçant le dialogue ! Quelle méconnaissance de ce qu’est la sexualité de base dans la plupart des couples !
Et pour conclure, je trouve tout de même remarquable qu’en ayant travaillé près d’un an rue St Denis et trois ans rue Joubert, je n’ai rencontré ni les mêmes collègues, ni surtout les mêmes clients que ceux qui ont servi à tirer ces conclusions sociologiques bouffies de suffisance
Combien y a-t-il de clients ?
Ben on ne sait pas trop, mais on estime à 15000 le nombre de prostituées en France (c’est une estimation basse) ! La moitié exerceraient à Paris
Prenons comme base 25 clients différents par semaine en moyenne (ce qui est aussi une estimation faible) on aura donc sur un mois 7500 x 100 = 750.000 rien qu’à Paris ! Oups ! Voilà qui est énorme ! Alors elle est où, l’erreur ? Il n’y a que deux paramètres et l’estimation est basse ! Qu’on ne vienne pas après cela nous parler d’activité marginale !
La pénalisation des clients !
Anecdote : Il est toujours intéressant d’essayer de comprendre le pourquoi des arguments de nos contradicteurs, comment ils les développent, et comment ils réagissent à nos propres points de vue.
J’ai donc essayé plus par jeu que par provocation de discuter avec une fille développant des arguments abolitionnistes, mais qui ne me paraissait pas trop » bornée » (d’ailleurs elle acceptait le dialogue, c’est déjà ça !)
Tiens en passant, un truc que j’ai appris dans un séminaire, lorsque vous argumentez, et contrairement à ce qui se fait d’instinct, les arguments les plus percutants, il faut les garder pour la fin de la discussion, c’est la stratégie du boxeur.
Je commence à parler à mon interlocutrice du cas ultra classique du mec à qui sa femme refuse telle ou telle fantaisie et qui, pour les obtenir préfère payer une fille que de prendre maîtresse
– Il y a des fantasmes qui relèvent de la pathologie ! Dit-elle (charmant argument, ça y est messieurs vous êtes catalogués, tous des pervers !)
– Pas la pipe quand même ?
Là, il a fallu lui expliquer que le refus de la fellation n’était pas si rare que ça ! Embarrassée, elle m’a alors noyé de » Y a qu’à… » Très » prêt à penser » : Y a qu’à dialoguer, il faut de la patience, consulter éventuellement le sexologue, voire le psychologue… enfin bref une méconnaissance stupéfiante de ce que sont parfois certaines situations conjugales.
Puis elle sort du sujet
– De toute façon ce n’est pas une raison pour aller voir une fille qui est maintenue en esclavage
– Et s’il va voir une fille qui n’est pas maquée
– Il n’y en pas beaucoup
Et quand je lui annonce que 50 % des filles qui exercent à Paris le font librement, elle ne me croit pas et m’annonce le chiffre de 5% – Le débat devient impossible !
Je sors alors la grosse artillerie
– Et s’il s’agit d’un pauvre type, qui ne peut s’affirmer auprès des femmes et qui n’a que ce moyen pour trouver un peu de réconfort sexuel !
– C’est une fausse solution, ce n’est qu’une masturbation assistée, et puis c’est finalement frustrant…
Elle n’a évidement aucune idée de la façon dont les rapports se passent en chambre. Je décide donc de me dévoiler, au risque de rompre la discussion. Mais elle reste. Je lui cite le cas d’un client qui m’amenait des fleurs et avec qui j’ai accepté plusieurs fois d’aller au restaurant
– Vous êtes peut-être un cas particulier… (Elle aussi elle a dû suivre des séminaires…) Tout le monde peut trouver l’âme sœur (attention les violons), il y a des clubs, des associations, des voyages, les activités communes qui favorisent les rencontres…. (blablabla téléramesque)
Et là je commets ma gaffe !
– Et s’il a envie de s’envoyer un canon, ne serait ce qu’une fois dans sa vie ?
Alors là, la demoiselle à l’esprit ouvert s’est transformée en furie, son refrain sur la femme objet elle le connaissait par cœur, et elle s’est mise à douter de ma féminité :
– Je comprends mieux pourquoi vous développez des idées aussi bizarres…
Ne pouvant plus rien en tirer, je quittais le forum !
Bien sûr c’est schématique, mais il y a tout là dedans :
– Pour les abolitionnistes la prostitution est toujours un esclavage, donc la réalité de la prostitution libre est niée, et la parole de ceux qui s’en revendiquent déformée, ridiculisée (il faut lire les sommets de bêtises et de mauvaise fois qui ont accueilli les propos courageux de Marcella Iacub, Cathy Millet et Catherine Robe-Grillet. Une femme qui revendique sa position de prostituée est pour ces gens là à la limite de l’imaginable.
– La vision du rapport est caricaturale
– Les motivations du client sont à peine examinées, ce sont tous des pervers voire des salauds qu’il faut punir et/ou soigner !
Il serait insultant pour les abolitionnistes de dire qu’ils ne connaissent pas du tout leur sujet, mais par commodité intellectuelle, ils refusent de faire la différence entre la prostitution contrainte pratiquée par les réseaux mafieux, et le reste de la profession ! Que dit-on de quelqu’un qui ne connaît qu’une partie de son sujet ?
Une autre chose gravissime dans toutes ces propositions de loi, c’est la manie d’y intégrer -outre la punition (la prison)- l’obligation de soin ! Comment s’appelait déjà ce régime où les opposants (et par extension tous ceux qui déviaient de la ligne officielle) ne pouvaient être que des malades et étaient traités en conséquence avec y compris séjour dans un hôpital psychiatrique ! On se demande parfois qui il faut soigner ?
La parole des prostituées !
C’est très simple lorsqu’une prostituée, une ancienne prostituée ou une personne qui adopte leur point de vue dit des choses qui vont dans le sens du politiquement correct, on nous donne la parole (ce qui n’empêche nullement les extrapolations, les approximations, et les amalgames) Par contre lorsque nous disons des choses qui » gênent » notre parole est confisquée.
Nous ne savons pas ce que nous disons, ou alors nous sommes manipulées, et même peut-être manipulées sans que nous nous rendions compte, finalement on nous remet à notre vraie place, nous ne sommes que des putes ! Par certains côtés c’est encore pire que l’attitude des culs bénis qui eux au moins font preuve à notre égard d’une certaine charité chrétienne (que nous ne leur avons jamais demandé) Ici c’est le mépris le plus complet. Il me vient en mémoire les paroles très fortes de cette professionnelle invitée à un débat sur le sujet qui a lancé à Madame Hidalgo : » Vous parlez de nous, mais dans la rue vous ne m’auriez même pas jeté un regard »
Qui sont les clients et pourquoi viennent-ils ?
Le prix de la passe étant ce qu’il est, le gros de la clientèle se situe sociologiquement dans les revenus moyens. Il n’y pas besoin d’être sociologue pour trouver cela ! D’autres aux revenus plus modestes viennent aussi mais moins souvent. Il n’y a pas à tirer de conclusions particulières sur cet aspect des choses.
Le pourquoi maintenant : On ne le sait pas toujours, certains clients sont des gens qui pour des tas de raisons sont mal dans leur peau. (Et il n’est pas nécessaire d’être célibataire pour être mal dans sa peau, messieurs les sociologues) Certains nous parlent de leurs problèmes, d’autres au contraire accumulent les petits gestes tendant à prouver leur normalité (ils nous montrent la photo des gosses ou même celle de leur femme) Alors, le besoin de sexe assurément, le besoin d’assumer des fantasmes, bien sûr…
Essayons de classer :
– Les curieux, ceux qui fantasment sur le rapport prostitutionnel, ceux qui ont une envie soudaine en passant dans le secteur… Ce sont des clients de passage, on ne les revoit pas
– Ceux qui pour des raisons physiques ou psychologiques ne peuvent s’affirmer auprès des femmes non prostituées
Dans cette catégorie beaucoup de clientèle de passage, mais aussi quelques habitués, qu’il faut savoir gérer (certains deviennent collants) deux remarques sur cette catégorie :
L’une positive : puisque c’est là qu’intervient le rôle social de la prostitution
L’autre mitigée : c’est dans cette catégorie que nous allons trouver un certain nombre de gens potentiellement dangereux ! Notre existence peut effectivement servir de soupape sociale (parfois à nos risques et périls)
– Mais le gros du bataillon (qui comprend beaucoup d’habitués) est fourni par des messieurs tout le monde, souvent mariés et qui viennent là, soit :
– pour pouvoir bénéficier de fantaisies que refusent leurs épouses
– pour combler le vide créé par l’usure sexuelle du couple
– pour assouvir leur polygamie, de façon beaucoup plus pratique qu’avec une maîtresse traditionnelle.
Car j’ai acquis la conviction que la plupart venaient aussi pour autre chose de très simple : celui tout simplement de changer de partenaire, de caresser une autre peau, de palper une autre chair, d’être l’espace de quelques moments en parfaite intimité avec une autre femme et cela dans un rapport simple où chacun après la prestation est quitte ! (parce qu’avec une maîtresse, on n’est jamais vraiment quitte)
Alors ils sont où les clients pervers, salauds, détraqués, violeurs en puissance et éternels males en rut sinon dans l’imaginaire de certaines bonnes femmes qui se prennent pour des amazones castratrices des temps modernes ?
L’expression « vendre son corps »
Cette expression colle à la pratique de la prostitution comme une tache sur une feuille ! Le problème c’est que c’est faux: une vente signifie une disponibilité complète et permanente, nous ne sommes pas dans ce cadre. Elle ne le loue pas non plus puisque la disponibilité n’est pas complète. Elle vend simplement un service ! L’expression est bien sur galvaudée par les abolitionnistes de tous poils qui trouvent là un argument pour dénigrer l’activité, sans se rendre compte qu’elle est en complète contradiction avec l’idée reçue (et fausse) qui voit des proxénètes partout ! Comment pourrait-t-on faire pour se vendre si on appartient à un mac ?
écrire à Sonia_Kubler@hotmail.fr
et non, ce n’est toujours pas moi sur la photo… il s’agit d’une photo posée.
Annexe
(Texte proposé par deux participants du forum de doctissimo)
2. Ce que font ensemble deux adultes responsables et informés ne regarde qu’eux
3. Se prostituer ne signifie en aucun cas vendre son corps, mais vendre un moment dédié au plaisir.
4. Se prostituer ne signifie jamais « tout accepter », une prostituée pour des raisons qui lui sont propres doit pouvoir refuser une pratique qui ne fait pas partie de son offre. Elle doit aussi pouvoir refuser un client.
5. Une prostituée est avant tout une femme, la prostitution n’étant que son activité.
6. La prostituée n’est pas là pour juger le physique, ou les prouesses sexuelles de son client, son rôle consiste à offrir au client ce qu’il est venu chercher en échange de son argent.
7. La relation prostituée-client doit se dérouler dans le respect mutuel, l’hygiène et la discrétion. Il doit aussi y avoir une confiance minimum entre les deux partenaires
8. Le paiement se fait avant l’acte en espèces. En contrepartie de ce qui peut être ressenti comme une contrainte de la part du client, la prostituée a le devoir moral de respecter le contrat établi.
9. S’il est à la rigueur admis de négocier des suppléments de prestation, il est malvenu aussi bien de la part du client que de la prostituée de renégocier ce qui l’a déjà été.
10. La prostitution est un commerce, comme dans tout commerce, la fidélisation du client doit être recherchée afin que chacun s’y retrouve.
Autres articles sur le sujet
Belles de jour, Belles de nuit…
Lâchez-nous la chatte, léchez-nous tranquille…
ainsi que les paragraphes consacrés à cette activité dans : Liste de citations pouvant déculpabiliser les Obsédés du seXe et dans L’argumentaire des sexualités marginales.
Ce texte à 20 ans ! Il n’a pas vieilli d’un pouce ! Bravo et Merci Madame Kubler
A lire, à relire et a ressortir pendant les repas de famille
Bravo et merci pour cette page !
Un article intéressant (du temps ou Libé ne racontait pas n’importe quoi…)
https://www.liberation.fr/debats/2018/07/05/le-feminisme-pute-pour-les-nulles_1815417/
Merci Sonia et respect pour ce texte intéressant et documenté
A lire absolument !
J’étais avocat. Je suis maintenant retraité. Dans les années ’80 j’avais mon bureau et mon domicile dans le Vieux-Montréal sur Notre-Dame. On m’appelait souvent de la Cour municipale afin d’aller représenter des filles qui s’étaient fait embarqué pour racolage sur la rue les vendredis et samedis soirs. Je n’acceptais pas de mandat d’aide juridique et je chargeais 500$ pour sortir une fille de prison. Le plus souvent c’était la fille qui me payait directement, des fois c’était son pimp. Jamais au grand JAMAIS une travailleuse du sexe n’a refusé de me payer, en argent. Je n’ai jamais accepté de paiement en nature. Au Palais de Justice de Montréal les filles sucent souvent leur avocat dans les petites salles d’entrevue mais pas à la Cour municipale. UNE fois, une seule fois, une femme dans la quarantaine, maganée, n’était pas capable de me payer mais je l’ai sortie quand même parce qu’elle m’a dit qu’elle avait 4 enfants qui l’attendaient à la maison. Quelques jours plus tard j’ai trouvé une enveloppe contenant 500$ dans mon courrier. Je savais que cela venait d’elle et je lui ai demandé de passer à mon bureau. Je lui ai redonné l’argent. Elle l’a refusé. Ça a fini qu’on est allés donner ce 500$ à l’organisme d’Yvon Deschamps pour aider les femmes battues, Le Chaînon, sur la rue de l’Esplanade. J’aurais préféré qu’elle s’en serve pour ses enfants mais c’est elle qui a choisi le Chaînon. Je ne pouvais pas lui refuser ça.
Interessant argumentaire
Voilà qui remet les choses a leur place ! Merci Sonia
Intéressant, même si ça ne convaincra aucun abolitionniste, ces gens là se refusent à attendre les arguments des autres et dénient tout droit de parole aux prostituée qui sont tout de même les mieux placées pour parler du sujet. Quand les féministes auront-elle finies de nous emmerder ?
Bravo pour cette page, Sonia. Je t’embrasse 😉