Professeur Martinov 18 – L’héritage de tante Madeleine – 1 – Rosemonde par Maud-Anne Amaro

 

Professeur Martinov 18 – L’héritage de tante Madeleine

 1 – Rosemonde par Maud-Anne Amaro

 

Avertissement :

Dans cette histoire, assez longue, le professeur Martinov et sa charmante collaboratrice n’interviendront qu’en seconde partie, mais ils seront bien là !

Quelques personnages parmi les principaux :

– Madeleine Mornay-Sauvignac : vieille veuve rentière, sans enfants.
– Louis Gringola : neveu de Madeleine, homosexuel et peintre.
– Thérèse Gringola : nièce de Madeleine, religieuse défroquée.
– Herman Gringola : petit neveu de Madeleine, fils de Pierre Gringola, décédé.
– Maria-Ines Hernandez : aventurière, ex-compagne de Pierre Gringola et maintenant maîtresse d’Herman Gringola
– Romuald Leroyou : secrétaire particulier de Madeleine Mornay-Sauvignac
– Amélia Da Costa : Première bonne à tout faire de Madeleine
– Ninotchka : Bonne à tout faire de Madeleine qui prit la place d’Amélia afin d’espionner Madeleine pour le compte de Louis.
– Rosemonde de la Roche Limée : Clerc de notaire peu scrupuleuse, s’intéresse à l’héritage de Madeleine pour son compte personnel.
– Le Père Crochicourt : Ancien confesseur de Thérèse Gringola, s’intéresse à l’héritage de Madeleine pour son compte personnel.
– Le mage Marcel De Digne : Charlatan, tourneur de tables à ses heures.
– Gérard Petit Couture : Ancien ministre déchu resté en relation avec le professeur Martinov.
– Florentine : Compagne de Gérard Petit Couture

1 – Rosemonde

Prologue

Rosemonde de la Roche Limée se définit elle-même comme une salope. Expliquons-nous : 44 ans, fausse blonde coiffée à la lionne, lunettes à grosses montures, sourire carnassier et poitrine avantageuse. Après un début de vie adulte assez tumultueux, elle s’est officiellement rangée. Ainsi elle est le soir et le week-end une épouse et une maîtresse de maison modèle avec son second mari qui l’a fait cocu. Le premier, lui, il garde les gosses, la routine quoi ! La journée, Rosemonde est un tout autre personnage : premier clerc de notaire à l’étude de Maître René Chambon, elle prodigue régulièrement à ce dernier ses faveurs uniquement pour que ce dernier lui fiche la paix. Car si les écarts de Rosemonde ne se limitaient qu’aux pipes et autres distractions qu’elle accordait au notaire, elle n’aurait pas mérité le qualificatif de salope. Belle salope à la rigueur, mais pas salope tout court. Tout est affaire de nuance !

Rosemonde était constamment à l’affût des testaments de dernière minute, notamment ceux fait au profit d’étrangers à la famille, présumant une situation d’abus de faiblesse. Elle laissait alors passer une semaine, puis se précipitait alors chez la petite vieille avec des faux documents farfelus, et réclamait une somme d’argent afin, expliquait-elle, de se mettre en règle avec les dernières directives du fisc. La somme recueillie dépendait du contexte et de l’état de crédulité de la dame, mais cela allait en gros de 300 à 3000 euros de préférence en espèces (les petites vieilles ont toujours des espèces chez elles). Elle en profitait aussi, parce qu’après tout pourquoi se gêner, pour subtiliser quelques menues bricoles à sa portée, comme des bijoux ou d’autres petits objets de valeurs.

Mardi 1er septembre

Il y avait de cela quelques jours, Madeleine Mornay-Sauvignac, 85 ans, avait fait enregistrer son nouveau testament au profit d’un dénommé Jean-Louis Crochicourt, prêtre catholique de son état. Ce jour-là Maître René Chambon paraissait pressé et avait écourté assez sèchement les explications de sa cliente, Rosemonde sentit cette dernière frustrée de ne pas pouvoir raconter sa vie alors qu’elle brûlait d’envie de le faire.

– J’aimerais quand même bien savoir si tout était bien dans les règles ? Je n’ai pas envie que mes neveux attaquent le testament !
– Rosemonde va s’en occuper, elle vous tiendra informée ! Avait répondu le notaire.
– Je passerais chez vous la semaine prochaine pour finaliser la procédure. Lui avait indiqué Rosemonde en la raccompagnant à la sortie.

Rosemonde revint vers le notaire :

– Quelle chieuse, je me demandais si j’arriverais à m’en débarrassez ! S’exclama Maître Chambon. Elle m’a énervé, faut que je me calme !
– Une petite pipe, peut-être ? Propose Rosemonde.
– C’est pas de refus, ça me fera du bien !
– C’est pour ça que t’étais si pressée de te débarrasser de la vieille ?
– Pas vraiment, mais deux heures avec des emmerdeurs qui se croient plus malins que tout le monde parce qu’ils ont lu l’article « notaire  » sur wikipédia, et ensuite la vioque qui était partie pour me faire la causette, moi je craque. Verrouille bien la porte.
– Oui mon petit chéri !

Les doigts experts ouvrent la fermeture éclair de la braguette notariale

– Qui c’est qui va sortir la jolie bibite à René ? C’est Rosemonde !

Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le sexe de l’homme tout bandé et tout décalotté surgit fièrement. Rosemonde après quelques caresses furtives n’a plus qu’à approcher ses jolies lèvres carminées, à les écarter et à la laisser pénétrer le gland afin qu’il soit en contact avec sa langue. Elle s’amuse ainsi quelques minutes avant de demander :

– Tu veux du « vite fait » ou on file à l’hôtel ?
– Non, l’hôtel, ça va faire trop juste !
– T’es chiant !
– Suce-moi, on causera après !

Rosemonde y met alors tout son savoir-faire, faisant tournicoter sa langue autour du gland en un ballet savant, tant et si bien que notre heureux notaire ne tarde pas à se pâmer et à suinter quelques gouttes bien salées.

Il n’entre pas dans les intentions de la clerc de notaire de faire jouir trop vite son patron. Ce serait frustrant pour elle qui veut sa part de plaisir.

– Défait-toi un peu !

Maître Chambon se lève juste le temps de faire glisser son pantalon et son caleçon sur ses chaussures. Rosemonde a maintenant accès aux couilles qu’elle se plaît à aspirer, tandis qu’un doigt fureteur et préalablement mouillé s’en va fouiner dans le trou du cul.

– Tes nichons ! Tes nichons ! S’énerve Chambon.
– Quoi mes nichons ?
– Je veux les voir !
– Tu ne les connais par cœur depuis le temps ?
– Je ne m’en lasse pas ! ils sont si beaux !
– Sont trop gros !
– Mais non !

Mais bien sûr, elle soulève son chemisier et fait passer ses seins sous les bonnets du soutien-gorge. Le notaire s’empresse de les caresser, de les lécher et d’en sucer les pointes mutines.

Tout cela excite bien notre Rosemonde qui commence à craindre que comme trop souvent, Maître Chambon trop pressé d’ejaculer en oublie sa jouissance à elle.

Elle pourrait lui demander le lui lécher la foufoune, mais ce n’est pas son truc au notaire, il le fait mal., sans doute parce qu’il n’aime pas pratiquer ce genre de choses.

« Pourtant il ne sait pas ce qu’il perd ! » se dit-elle, « des foufounes, j’ai eu l’occasion d’en goûter quelques fois et j’ai trouvé ça merveilleux ! »

– Assis toi sur le bureau, je vais te prendre !
– En levrette, je préfère !
– Encore ! Je préfère voir ta frimousse quand je te baise.
– Bon, d’accord, tu me baises par devant mais dans le cul !
– Mais pourquoi ?
– Parce que j’ai envie qu’on fasse comme ça !

Fébrile, le notaire, se pose une capote sur le zigouigoui et entreprend de besogner sa clerc.

La cadence devient vite infernale Rosemonde ne tarde pas à jouir du cul, tandis que sa chatte dégouline d’abondance.

Le notaire arrête soudainement de bouger, la clerc sait ce qu’il essaye de faire, même si ça ne marche pas à tous les coups. Il décule, se débarrasse du préservatif, puis se met à se masturber à quelques centimètres du visage de Rosemonde. Celle-ci ouvre la bouche pour l’encourager et le stimuler. La bite gicle son sperme qui éclabousse la femme, elle en avale un peu, le reste atterrit sur le nez, les joues et les lunettes.

« Pourvu qu’il ne m’en ait pas foutu sur mon chemisier, c’est la galère à nettoyer ces taches ! »

Bon prince, il lui tend un kleenex, mais ne lui laisse pas le temps de s’en servir, roulant une pelle à sa partenaire et se régalant de sa bouche imbibée de son sperme.

– René, tu es un cochon !
– Assis-toi, j’ai un truc à te dire ! Déclara le notaire en se réajustant.
– C’est grave ?
– Oui ! Je voudrais que tu arrêtes tes conneries, j’ai eu hier une plainte de Madame Boulard, c’est le deuxième incident de ce genre. J’ai eu un mal de chien à la calmer, et j’ai été obligé de lui raconter qu’elle avait été victime d’une personne étrangère à l’étude…
– Mais…
– Tu lui a piqué une boite à musique qu’elle fait jouer tous les jours, ce n’est vraiment pas très malin.
– C’est pas moi !
– Me prend pas pour une andouille
– Dison que j’ai eu un moment de faiblesse…
– Ben voyons ! Donc je vais te demander deux choses : Primo : ce n’est pas parce que tu es une experte en pipe que je vais continuer à couvrir tes conneries. Donc tu arrêtes sinon je serais obligé de me passer de tes services. Secundo : Tu te débrouilles pour rendre à la mère Boulard ce que tu lui as pris. Et tu t’en occupes dès aujourd’hui !
– Mais comment je fais ?
– Tu lui envoies par la poste.

Du coup voilà notre Rosemonde assez contrariée.

« Humm ! Ça sent le brûlé, je ne peux plus continuer comme ça ! Il faut que je change de registre, fini les petites bêtises, maintenant ça va être le gros coup, le très gros coup ! Et après je me calme ! »

Le nom du légataire du testament de cette dame Mornay-Sauvignac, un dénommé Crochicourt lui disait quelque chose. Une rapide recherche dans les actes de ces derniers mois lui confirma qu’il était aussi légataire d’une autre personne âgée habitant en province.

« O.K, ce type doit être un spécialiste de ce genre de choses ! Je fais quoi ? Prévenir la vieille me rapportera rien, mais je peux toujours tâter le terrain ! »

Lundi 7 septembre

Rosemonde se rend chez Madeleine Mornay-Sauvignac.

– Voilà, tout est en ordre, Maître Chambon vous prie de bien vouloir accepter ses excuses, il ne pouvait vous consacrer trop de temps, une affaire très compliquée l’attendait.
– Il aurait pu me fixer un rendez-vous à une heure où il aurait pu m’écouter…
– Je le conçois fort bien.
– Parce que quand même, je passe pour quoi ? Une mauvaise femme qui déshérite sa famille ? Mais ma pauvre dame ! Ce n’est pas ça du tout ! J’aurais bien aimé pouvoir m’expliquer !
– Je comprends très bien. Fit semblant de compatir Rosemonde.
– Mes neveux sont des dégénérés, vous comprenez ça ? Des dégénérés ! Ils étaient portant si mignons étant gosses ! Faut croire que mon pauvre frère n’a pas su les élever !

Rosemonde sentit que la mère Mornay-Sauvignac était partie pour une interminable logorrhée verbale qu’il lui serait difficile d’interrompre.

– Deux neveux et une nièce, il y en a un qui est mort, il a eu un fils qui vit avec la maîtresse de son père, une pute, vous vous rendez compte ? Quelle honte ! Le second est pédé comme un phoque, quant à la nièce, elle est entrée dans les ordres et elle en est ressortie, vous trouvez ça normal, vous ? Il n’y a que les gouines pour faire ça ! D’ailleurs elle est « sagittaire », les sagittaires ne sont que des têtes de lard très nunuches.

Rosemonde eut du mal à réprimer un sourire.

– Vous n’y croyez pas ?
– Si, si, bien sûr ! Mentit effrontément la clerc de notaire.
– Je ne vois pas pourquoi les astres n’influenceraient pas notre destin ? La Lune provoque bien les marées !

Comme vous venez de le constatez, Madeleine Mornay-Sauvignac manifestait une « ouverture » d’esprit assez restreinte ! Et plutôt que de la laisser nous présenter ces singuliers personnages qui joueront tous un rôle important dans cette étrange et longue histoire, nous laisserons cette tâche à la narratrice de ce récit.

Les neveux de Madeleine

Madeleine Mornay-Sauvignac est riche, très riche, on peut même parler de fortune colossale : des immeubles, des propriétés à droite et à gauche, des objets d’arts, des tableaux, et bien évidemment un portefeuille de titres conséquent. Toute cette fortune lui vient de son père, riche industriel et fin spéculateur.

On avait marié Madeleine à un jeune banquier, alpiniste amateur à ses heures, qui avait eu la mauvaise idée de dévisser mortellement en haute montagne six mois après la noce. Madeleine ne s’était jamais remariée, n’avait jamais eu d’enfants. Solitaire et misanthrope, elle ne s’intéressait pas à grand-chose hormis les cours de la bourse, la gazette des arts et les sciences divinatoires. Très superstitieuse, elle s’inquiétait de sa mort prochaine et aurait bien voulu savoir en quoi elle allait se réincarner.

« En mésange ! J’aimerais bien me réincarner en mésange ! »

Allergique aux conventions familiales, elle gâta néanmoins plus que de raison ses trois neveux, uniquement pour faire bisquer son frère cadet qu’elle tenait en grande détestation.

Ce frère, Charles, avait hérité de la mauvaise part de l’héritage, au lieu de valeurs immobilières bien solides, il obtint, en pleine crise économique, les usines de papa. Elles ne valaient plus grand chose au moment du partage et la situation ne cessa de se dégrader. Il vendit tout cela à perte, opéra quelques placements boursiers qui s’avérèrent catastrophiques et clama à qui voulait l’entendre qu’il était ruiné. Ruiné ? Ces gens-là ne le sont jamais complètement, avec ce qui lui restait, il s’acheta un fonds de commerce et fit du négoce de prêt à porter. Assez pour mener une bonne petite vie bourgeoise, mais il est vrai qu’en comparaison avec la fortune de sa sœur il n’y avait pas photo. Sa vie et celle de son épouse prirent fin brusquement alors qu’il venait de fêter son soixante-dixième anniversaire. Ils ne survécurent ni l’un ni l’autre au choc de son automobile contre un joli platane qui avait eu la malencontreuse idée de se trouver sur le bord de leur route. L’autopsie révéla que le conducteur avait un taux d’alcoolémie de 1,5 g dans le sang. Boire ou conduire, il aurait fallu choisir.

Restait donc à ce moment-là comme héritiers potentiels, les trois neveux qui ne manquaient pas de s’interroger sur la façon dont les parts allaient être réparties. On est curieux ou on ne l’est pas !

Trois, avons-nous dit : Pierre naquit le premier et les deux autres Thérèse et Louis ne virent le jour respectivement que 12 et 14 ans plus tard après que les époux un moment séparés se soient rabibochés.

Thérèse est la deuxième des trois enfants de Charles, entrée au couvent à 18 ans, avec une foi inébranlable, elle en était sortie plus de dix années plus tard avec une foi fort vacillante après que son directeur de conscience, le père Crochicourt lui eut expliqué qu’elle était possédée par le démon et qu’une bonne bite dans le cul pouvait constituer un excellent exorcisme (ne vous inquiétez pas, vous aurez tous les détails un plus loin).

Le curé voulant étouffer l’affaire contre monnaie sonnante et trébuchante, avait essayé de retrouver la trace de Thérèse mais fut incapable de la localiser. Il explora les rares pistes à sa disposition : ses proches. Il ne put contacter que la tante Madeleine qui ne sut le renseigner, mais le curé subjugué par la richesse de l’environnement de la vieille rentière sentit qu’il y avait sans doute là un beau coup à tenter. Délivrer à la vieille tata les propos qu’elle ne demandait qu’à entendre de la part d’un homme d’église fut un jeu d’enfant. Le loup était dans la bergerie… Et il y revint souvent. (avec ses grandes dents)

Thérèse apprit bien plus tard ce que « fabriquait » en douce le père Crochicourt. Celui-ci non content d’être libidineux, embobinait les personnes âgées et fortunées en les persuadant à force de manipulations mentales, à rédiger leur testament en faveur de « Notre Sainte Mère l’Eglise ». Présent au moment de la rédaction de l’acte, il suggérait à sa victime de stipuler « Monsieur Jean-Louis Crochicourt » au lieu et place de « Notre Sainte Mère l’Eglise » entité trop confuse pour un païen de notaire. Et pour le reste il jurait son grand dieu (forcement) qu’il en ferait son affaire.

Pierre est l’ainé, du moins l’était, car un jour, se prenant pour un navigateur solitaire, il disparut en mer. On retrouva son catamaran mais pas lui. Il fut marié jeune sous la pression de ses parents avec une femme qui avait cédé à ses avances un soir de beuverie et qui n’avait rien trouvé d’autre que de tomber enceinte puis de refuser d’avorter.

Un fils naquit, ils le prénommèrent Herman, ce qui, la nature n’ayant pas spécialement gâté le pauvre garçon, lui allait à peu près comme un tablier à une vache limousine. L’attribution de ce prénom eut une conséquence inattendue : Tata Madeleine qui dans ses rêves projetait de gâter le bébé comme elle l’avait fait avec son papa quand il était petit, piqua une crise, s’insurgeant que l’on puisse donner un prénom à consonance teutonne à un joli bébé bien français. Elle était cependant encline à pardonner du bout des lèvres ce qu’elle considérait comme une faute de goût, mais le fait que les parents choisirent de ne point faire baptiser l’enfant lui fit rompre définitivement tous les ponts.

Un an après être tombée enceinte, la maman tomba… de cheval. Elle ne survécut pas.

Pierre ne se remaria jamais, mais collectionna les maîtresses, dans les deux sens du terme, autoritaires et dominatrices. L’histoire ne retint pas combien il y en eut, mais il y en eut beaucoup. Certaines s’étaient prises d’affection pour le jeune Herman, ce qui influença durablement ses futures orientations sexuelles.

Pierre possédait une petite entreprise spécialisée dans le négoce de bateaux de plaisance. Il ne s’en occupait guère ayant mis l’affaire en gérance, mais ça marchait plutôt bien. Logiquement Herman en hérita.

Au moment de la disparition de son père dans l’Atlantique, Herman avait 22 ans. Maria-Ines Hernandez, la dernière maîtresse de Pierre avait jeté son dévolu sur le « gamin » et l’avait pour ainsi dire dénaisié. (nous y reviendrons, rassurez-vous)

Le « gamin » avait beau être laid, il n’était pas idiot pour autant, et se doutait bien que la seule raison pour laquelle Maria-Ines l’appréciait était le fric potentiel de sa tata. Mais jouer le jeu était pour lui comme une oasis dans son désert sexuel.

Le troisième, le cadet, Louis était la honte de la famille, on ignorait où il vivait et ce qu’il faisait, mais on le savait homo voire même travesti à ses heures, puisqu’avant d’être chassé du domicile parental, il piquait les petites culottes de sa sœur…

Quelle famille ! Mais quelle famille !

Reprise

– Justement… à propos de Thérèse Gringola… lança Rosemonde.
– Qu’est-ce que vous lui voulez à cette morue ? S’agaça Madeleine Mornay-Sauvignac.
– Rien du tout, mais il se trouve que j’ai connu une Thérèse Gringola à l’école, mais c’est peut-être une coïncidence ?
– A quelle école ?
– Chez les petites sœurs de Sainte-Razibulle.
– Alors c’est la même ! Mais vous n’avez pas le même âge ?
– Elle était élève et moi surveillante !
– Ah ! Je comprends mieux ! Répondit la vieille Madeleine en haussant le menton d’un air ridicule.
– Le monde est petit ! En tous les cas c’est un très beau geste que de léguer votre fortune aux pauvres, je vous en félicite.
– Les pauvres ? Quels pauvres ? Est-ce que j’ai une tête à donner aux pauvres ?
– Excusez-moi, je croyais que…
– Les pauvres, je vais vous dire un truc, s’ils sont pauvres, c’est qu’ils le veulent bien. A part deux ou trois exceptions tout ça, c’est paresseux et compagnie. Des assistés, tout juste bons à profiter des aides de l’état ! Et qui c’est qui engraisse tous ces parasites ? C’est nous ! Avec nos impôts. Vous trouvez ça normal, vous ?

Rosemonde était terriblement gênée par ce discours, non pas qu’elle fut franchement progressiste, mais comme dirait quelqu’un : « il y a des limites tout de même ! »

« Mais alors, il va en faire quoi de l’héritage, le père Crochicourt ? »

Ce fut plus fort qu’elle, elle voulait savoir et recadra la conversation.

– Je pensais que…
– Et bien, il ne faut pas penser sans savoir, il faut demander. Le père Crochicourt s’occupe de plusieurs associations pour améliorer le sort des prêtres en activité ou retraités, ils n’ont pas grand-chose vous savez, et ils ne demandent jamais rien, et puis il s’occupe aussi d’ordres missionnaires. Les missionnaires, il n’y en a plus beaucoup, alors que notre époque en aurait vraiment besoin. Bref plutôt que de lister une quinzaine d’associations, je lui lègue tout à lui, il se débrouillera, j’ai confiance en lui, c’est un saint homme.

« Il va te piquer tout ton fric, le « saint homme », tu t’es fait entuber ma vieille, mais moi je vais t’entuber encore mieux ! »

Sauf qu’elle ne savait pas encore comment…

– Bon je vais vous laisser.
– Vous prendrez bien une tasse de thé avant de partir ?

Rosemonde ne refusa pas, de peur de froisser son interlocutrice.

« Elle va continuer à me prendre la tête avec ses histoires… »

– Amalia ! S’égosilla la vieille ! Amalia ! Ma parole, elle est sourde ! Ça devient difficile avec le personnel aujourd’hui ! Ne bougez pas je reviens.

Pendant son absence, Rosemonde jeta un coup d’œil sur la bibliothèque. Des livres d’art en pagaille, beaucoup de bondieuserie, mais aussi pas mal de bouquins en rapport avec les sciences occultes.

Une ébauche de plan lui vint à l’esprit en buvant son thé, pendant que Madame Mornay-Sauvignac débitait un interminable soliloque

Au bout d’un moment Rosemonde lui joua le coup classique de la montre.

– Je vais devoir vous quitter, j’ai un rendez-vous, je ne voudrais pas être en retard.

« Attention début de l’opération « Déstabilisation-mémère » s’amusa Rosemonde qui en se levant simula une grosse douleur au niveau des reins.

– Vous vous êtes fait mal ? Demanda la vieille qui avait un sens aigu de l’observation.
– Oulalala, je ne sais pas ce que j’ai mais c’est de pire en pire, il faudrait que je me fasse faire des massages.
– Humm.
– Le problème c’est de trouver une kiné compétente, vous n’auriez pas une adresse par hasard ?
– La mienne est très bien, sauf que c’est une chinoise.

On sentait bien qu’elle eut préféré qu’elle fût vendéenne ou bas-picarde.

Bref, elle lui fournit les coordonnées de Myriam N’Guyen, une jeune kinésithérapeute eurasienne diplômée d’état.

« Tout cela va me coûter un fric fou, mais le retour sur investissement va être considérable ! »

Opération « Déstabilisation-mémère » acte 1

Rosemonde s’installe dans un café, ouvre son ordinateur portable et rédige une courte lettre en deux exemplaires l’une à l’attention d’Herman Gringola, le petit neveu, l’autre à celle de l’oncle de ce dernier Louis Gringola.

« Suite à une indiscrétion, j’ai pu apprendre que Madame Madeleine Mornay-Sauvignac avait de par son testament désigné comme son légataire universel Jean-Marie Crochicourt, prêtre catholique de son état et probablement déjà légataire en son nom propre de plusieurs personnes âgées, vulnérables et fortunées. Il m’a paru intéressant de vous en tenir informé à toutes fins utiles. Je n’attends aucun retour. Cette lettre n’est pas anonyme, je vous communique mon numéro de portable, mais sachez que m’appeler ne vous apprendrait rien de plus. Bien à vous ».

Cette dernière précision était une ruse. Il lui paraissait évident qu’on la rappellerait. Dans ce cas elle ne dirait pas grand-chose mais récupérerait le numéro du correspondant qui pourrait éventuellement servir… C’est qu’elle était futée, la Rosemonde !

Afin qu’on ne la dérange pas pendant les heures de travail, elle enregistra un message sur son portable :

« Vous êtes bien sur la messagerie de Nadine, vous pouvez me joindre sur cette ligne uniquement du lundi au vendredi, de midi à 14 heures. Bonne journée. »

Après relecture des lettres, elle biffa l’identité du père Crochicourt, la remplaçant par « le responsable d’une vague association à vocation caritative ».

Quant à identifier Rosemonde avec ce numéro de portable, c’était impossible, du moins pour un particulier, il avait été acheté aux puces et ne fonctionnait qu’avec des tickets rechargeables.

Elle n’avait plus qu’à récupérer les adresses, ce qui est facile quand on travaille chez un notaire…

Le but de l’opération étant de créer un climat de pagaille autour de l’héritage de Madeleine Mornay-Sauvignac, il était par conséquent inutile que les deux destinataires dispersent leur énergie du côté du père Crochicourt. Quant à Thérèse Gringola elle aurait le beau rôle… Enfin si tout marchait bien, mais elle y veillerait !

C’est pour cette raison qu’elle n’avait pas écrit à Thérèse, elle irait la rencontrer.

La chose n’était pas forcement évidente, Rosemonde avait travaillé quelques années dans une étude notariale mais suite à une malversation on s’était débarrassé d’elle. Retrouver du travail dans sa branche n’était pas chose évidente dans ce milieu particulier. Il y avait bien Maître Chambon qu’elle avait rencontré lors d’une conférence et qui l’avait sauté après le diner. Il lui avait, avant qu’elle ne se retrouve au chômage, promis une bonne place dans son étude… Mais voilà la place n’était pas encore libre et il fallait attendre au moins une année voire plus. Il fallait bien trouver du travail en attendant, il se trouve que l’économe du collège de Sainte Razibulle était un parent éloigné, elle s’arrangea pour qu’il la pistonne et elle se retrouva surveillante de dortoir. Le travail n’était pas trop difficile, on lui avait confié une liste d’élèves à problèmes, Thérèse en faisait partie, c’était même un cas car elle affichait une ferveur constante et connaissait par cœur toutes ses prières et tous ses cantiques, mais cela ne l’empêchait pas dans l’obscurité du dortoir de se livrer à des pratiques fort peu religieuses.

Les premiers temps Rosemonde ferma les yeux, elle estimait ne pas être là pour faire de la répression. Mais c’était sans compter avec la mentalité retorse de certaines filles qui ne privaient pas de cafter.

Un jour Rosemonde se débrouilla pour s’entretenir en particulier avec Thérèse :

– Je suis au courant de ce que tu fabriques la nuit avec Sophie. Des plaintes sont arrivées sur le bureau de la directrice, on m’a demandé mon témoignage, j’ai minimisé l’affaire au maximum. Mais il est bien évident que je ne pourrais pas continuer à te couvrir si tu ne prends pas toi et ta copine de sérieuses précautions.
– Mais je n’ai rien fait !
– Bon je t’avertis uniquement par gentillesse parce que je ne suis pas là pour faire la police des mœurs ! Maintenant file, et préviens Sophie ! Cet entretien n’a jamais eu lieu ! Ouste !

Ce fut le seul contact entre Rosemonde et Thérèse et à compter de ce jour cette dernière s’efforça d’être beaucoup plus discrète.

En revanche Sophie…

Il devait être minuit moins le quart, Rosemonde était au lit en train de finir un passionnant polar quand on frappa à la porte de sa chambre contiguë au dortoir.

– Entrez !
– Bonsoir Mademoiselle, je peux vous parler ?
– Sophie ! Mais qu’est-ce que tu fais là, en chemise de nuit ? Tu as vu l’heure ?
– Je ne veux pas que Thérèse ait des ennuis.
– Elle n’en aura pas si vous vous décidez de faire preuve d’un peu plus de discrétion.
– Ça vous embête tellement que deux filles se donnent du plaisir ensemble…
– Mais…
– Ça ne vous retire rien à ce que je sache !
– Tu te calmes !
– A moins que vous soyez jalouse !
– Sors de cette chambre ! Immédiatement !

Non seulement, Sophie n’en fait rien mais elle se rapproche.

– C’est en pensant à moi ou en pensant à Sophie que vous vous paluchez sous les draps ?

C’en est trop pour Rosemonde qui s’extirpe brutalement du lit, attrape Sophie par le bras et la gifle violemment.

– Salope ! S’écrie Sophie qui se met à pleurnicher !

« Elle en rajoute, c’était une provocation et moi je suis tombée en plein dedans. » Réalise Rosemonde

– Vous avez frappé une élève, je m’arrangerais pour vous faire renvoyer.
– Tu n’avais rien à faire ici !
– Je dirais que vous m’avez piégé !
– Dehors !

Sophie semble hésiter.

– Vous savez je ne suis pas méchante, je ne dirais rien ! Mais ce n’est pas gentil de m’avoir giflé.
– Tu sors de ma chambre toute seule ou tu préfères que je t’éjecte ?
– Je m’en vais, mais juste un dernier mot ? Puisqu’on a tort toutes les deux pourquoi ne pas essayer de s’arranger ?

Rosemonde a un moment d’hésitation, se demandant si réellement cette fille pouvait lui causer des ennuis.

– S’arranger de quoi ?
– Si je vous plais, je peux me laisser faire !
– Non mais…

Et Sophie retire brusquement sa chemise de nuit et l’envoie valser à l’autre bout de la chambre.

– Alors, ça vous tente ?

Si Rosemonde se considère comme chaudasse avec les hommes, elle ne fait cependant pas sa dégoutée pour la gent féminine mais uniquement quand l’occasion se présente. Or ce soir l’occasion, elle est devant elle ! La jeune fille est magnifique, gueule d’ange et seins arrogants. Néanmoins elle hésite.

– Ce n’est pas sérieux ! Rhabille-toi et disparait.
– Touche ma poitrine !

Rosemonde ne sut jamais ce qui la décida à le faire, mais toujours est-il qu’elle le fit. La bouche remplaça rapidement la main et ses lèvres vinrent butiner les tétons roses de Sophie.

Curieusement le baiser sur la bouche ne vint qu’ensuite mais il fut aussi fougueux qu’intense.

L’instant d’après les deux femmes étaient sur le lit, La Sophie était déchainée, arrachant quasiment la chemise de nuit de Rosemonde. L’embrassant partout, la retournant comme un crêpe pour lui embrasser les fesses et lui introduire un doigt dans la cul, dominant complétement sa partenaire.

Après pas mal de caresses en tous sens, elle se retrouvèrent chatte contre bouche en 69. Rosemonde sous l’action de la langue diabolique de Sophie ne tarda pas à jouir comme une malade, quant à cette dernière, Rosemonde ne sut jamais si elle avait ou non simulé sa jouissance.

– Ça ne se renouvellera pas, mais je compte sur toi pour laisser Thérèse tranquille. Dit simplement Sophie en laissant sa partenaire pantelante.

Alors bien sûr que Rosemonde laissa Thérèse tranquille, elle n’avait d’ailleurs jamais eu l’intention de faire autrement…

Mais la direction du collège, trouvant l’attitude de Rosemonde trop laxiste ne renouvela pas son contrat de travail, elle s’en fut donc rejoindre une vieille copine dans un lupanar helvétique. Cela lui permit d’améliorer son art de la turlutte, mais le séjour ne s’éternisa pas, Maître Chambon lui ayant fait savoir que la place convoitée se libérait… Mais nous nous éloignons là de notre sujet.

à suivre

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5 réponses à Professeur Martinov 18 – L’héritage de tante Madeleine – 1 – Rosemonde par Maud-Anne Amaro

  1. Ducru dit :

    Rosemonde, Rosemonde
    C’est une belle blonde
    Elle n’est pas pudibonde
    Elle montre son cul à tout le monde

  2. Baruchel dit :

    Lire Maude-Anne Amaro est un plaisir toujours renouvelé

  3. Sapristi dit :

    Le cadre est fixé, j’ai l’impression que l’on ne va pas s’ennuyer avec cette Rosemonde qui m’a l’air d’avoir un sacré tempérament

  4. Muller dit :

    Maud Anne excelle a imaginer des personages pittoresque, complexe et qui n’ont pas le sexe dans la poche, à l’instar de cette Rosemonde. Quantà Béatrice et Martinov nous les attendons, ils ne devraient pas tardier !

  5. Forestier dit :

    Une nouvelle saga, on change de cadre, ce ne sont plus les espaces intersidéraux, ce sont les magouilles des études notariales ! Le cadre est bien posée et cette Rosemonde m’a l’air de bien prendre les choses en main. La thématique reste classique pour ce début mais j’ai confiance, ça ne devrait pas tarder à faire apparaître les petites perversions que nous aimons tant ici !

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