Chanette 34 – Le cas Jérôme – 3 – Avec Emma suivi des errances de Jerôme

Chanette 34 – Le cas Jérôme – 3 – Avec Emma suivi des errances de Jerôme

Je n’avais pas prévu qu’il y avait une sorte de service d’ordre. Deux malabars me font face et me demande de m’expliquer.

J’explique mais je vois bien que pour eux, c’est moi qui suis en tort. Et voilà le maître de cérémonie qui se pointe avec sa gueule enfarinée.

– Récupérez vos affaires et foutez le camp d’ici, et ne comptez pas être payée dans ces conditions !

Que voulez-vous que je fasse ou que je dise ? C’est de l’arnaque pure et simple !

– Je la connais ! Préparez lui 300 euros pour le déplacement et laissez-moi un instant avec elle.

C’est Jérôme ! Manquait plus que lui. Il se fout de ma gueule, je ne me suis pas déplacée dans cette assemblée de débiles pour 300 euros ! Il peut se les mettre au cul.

Je tente de me retenir de dire quoi que ce soit, mais c’est plus fort que moi !

– Je croyais vous avoir dit que je ne souhaitais pas vous revoir ! Il a donc fallu que vous me piégiez !
– Je ne vous ai pas piégé ! Si vous n’avez pas fait le rapprochement entre ma personne et l’organisation de ce happening, je n’y peux rien, mais puisque nous voici de nouveau face à face nous pouvons peut-être discuter entre personnes raisonnables.
– Une personne raisonnable qui m’a traité de voleuse dans un lieu public…
– Je me suis excusé…
– Ah Oui ! Je vais vous dire, j’ai une philosophie pour ce genre de situations, je sais parfois pardonner, mais je n’oublie pas. Alors en l’occurrence je veux bien accepter vos excuses, mais pour moi vous n’êtes pas une personne intéressante.

J’ai dû faire mouche car il aborde une drôle de tronche !

– Parlez pour vous ! Si vous croyez qu’une pute est une personne intéressante !
– Pff !

Inutile de continuer la conversation quand ça prend une telle tournure. Je me dirige pour de bon cette fois vers mes affaires laissant le Jérôme en plan. L’abruti de maître de cérémonie me court après avec une enveloppe à la main.

– Tenez c’est pour vous !
– Je n’en veux pas et vous pourrez dire à votre patron qu’il me doit 5 000 euros.
– Mais…
– Bon, je peux me rhabiller tranquille ? Oui ?

Personne à la grille pour m’ouvrir ! Je vous dis c’est la totale. Mais je vois qu’un simple bouton en permet l’ouverture. Me voilà dehors. Ouf ! Je n’ai plus qu’à appeler un taxi !

Je suis revenue à la maison, accueilli par les miaulements de mon chat, j’ai envoyé un message aux copines leur disant simplement que j’étais bien rentrée. J’ai bouffé un peu de jambon et un yahourt, puis je suis allé me coucher.

Pas moyen de m’endormir, je ne supporte pas qu’on me la fasse à l’envers. Ce n’est pas tellement le fric que j’ai perdu (ou plutôt que je n’ai pas gagné) mais la façon dont j’ai été traité par cette bande de peigne-culs.

Alors je fais quoi ?

Je pourrai solliciter les services de Max le dur, l’homme de main de Jean-Luc Gauthier-Normand (voir les épisodes précédents) Mais lui demander d’intervenir uniquement pour récupérer du fric me semble pour le moins cavalier. Alors partant du principe que le silence est le plus grand des mépris, je décide… de ne rien faire.

Le lendemain

Je sors de ma douche. Mon téléphone sonne… C’est Emma, je l’avais déjà oublié, celle-ci… Je réponds par politesse.

– Hello ! Tu vas bien ?
– Comme quelqu’un qui s’est fait marron de 5 000 euros, sinon ça va et toi ?
– Je voulais te féliciter pour la sortie que tu as fait devant l’organisateur. Ça a bien fait rire tout le monde, le mec il était fou de rage !
– Eh bien tant mieux !
– Tu sais que je me suis fait virer à mon tour ?
– Non ?
– Ben si ! Un mec voulait une pénétration sans capote, alors évidemment j’ai refusé. Il m’a dit qu’il était sain et m’a exhibé le résultat d’un test VIH. Mais moi je m’en fous de son papelard, il a pu imprimer ça tout seul sur Internet la veille.
– T’as eu raison !
– Donc mes 1 500 euros, je me suis assise dessus.
– Quels salauds !
– Tu vas faire comment, toi pour récupérer ton fric ?

C’est donc pour cela qu’elle me téléphone… je la vois venir.

– Pour l’instant je ne sais pas trop !
– Ça t’embête si on se rencontre pour en parler ensemble.

Je ne vois pas comment l’éconduire. Je consulte en vitesse mon agenda de la journée…

– Rejoins-moi à mon studio à 11 heures, je vais te donner l’adresse…

Du coup, je lui fais visiter mon donjon, elle est subjuguée !

– Eh bien ! Quel attirail !
– De simples outils de travail !
– C’est un peu trop hard pour moi ! Moi je m’étais inscrite sur Internet comme masseuse… et puis de fil en aiguille…
– Je vois ! Et c’est un client qui t’a recruté ?
– Ben oui ! Il paraît que je masse bien ! Ça t’intéresserait, toi, un massage ?

Pourquoi pas après tout ! Ça ne peut que me faire du bien !

J’ai une table de massage pliée dans mon cagibi, il suffit de l’installer et je m’allonge dessus après m’être débarrassée de mon joli kimono.

– Je vais me mettre à poil, me prévient Emma, c’est pour le fun !

Ben voyons, à tous les coups elle doit être un peu goudou la nana !

Et c’est parti… ça commence très « tradi », la nuque, les épaules, le dos…

J’ai failli lui dire qu’elle pouvait peut-être zapper ces préliminaires, mais finalement je l’ai laissé faire, ça me fait du bien, mademoiselle a des mains de fée !

Il lui a fallu plusieurs minutes pour qu’elle daigne s’intéresser à mes fesses. Elle les plote, les écarte, les malaxe. Un doigt mouillé se rapproche inéluctablement de mon anus… Et hop ça entre.

– Tu aimes ?
– Super !

Encouragée, elle me pilonne en mode rapide avant de m’inciter à me retourner.

Et la voilà qui s’intéresse à mes nénés, elle m’en pinsouille les bouts avant de les prendre en bouche. Ça m’excite, ça m’excite… Elle m’embrasse, pas le petit bisou, non le roulage de pelle en règle. C’est une première, nous ne l’avions pas encore fait ! Et ma foi, elle embrase vraiment bien !

Son visage descend vers ma chatte !

– Eh bin, qu’est-ce que tu mouilles ! Me dit-elle.

Je ne réponds pas, je me laisse aller, tandis que sa langue me lape. Des frissons commencent à me gagner, je me cramponne sur les bords de la table de massage, mon corps se raidit et je finis par éclater.

Je souffle un peu puis… bisous, bisous…

– Ça t’embête de me lécher ? Me demande-t-elle.
– Non, mais faut que je fasse pipi avant.
– Ah ?
– Tu veux regarder ?
– Je sais pas, j’ai un client, il est sympa mais il me demande à chaque fois que je lui pisse dans la bouche, je n’y arrive pas je bloque.
– Déjà il faut boire beaucoup d’eau, ensuite quand tu es avec le client tu fais couler l’eau du robinet. C’est comme ça que Banderas arrive à faire pisser Vittoria Abril dans je ne sais plus quel film.
– Ah ! Et tu bois du pipi, toi ?
– Avec mes copines, oui !
– Et ça a quel goût ?
– Si tu veux vraiment le savoir, goute au tiens !
– Mais c’est bon ?
– Viens donc !

Elle m’a regardé pisser dans la cuvette des chiottes, Volontairement je m’en suis mis sur le doigt.

– Tiens goute !
– Hum, c’est spécial, c’est pas mauvais, mais c’est pas du Ruinart non plus !
– En fait le plaisir est surtout psychologique, c’est le plaisir de faire un truc que les autres ne font pas… Et puis il y a des façons d’améliorer le goût, par exemple boire du thé au jasmin.
– Tu en connais des trucs, dis donc !
– Bah, c’est un métier ! Allez viens ma douce, je vais te bouffer la chatte.

Je l’ai fait jouir assez rapidement puis j’ai été obligé de lui demander de me laisser ayant un rendez-vous dans la foulée.

Je ne pensais pas la revoir… mais parfois on pense mal.

Jérôme Passant déprime. Il ne dort plus très bien. Fondé de pouvoir chargé du contrôle de gestion chez Colbertson Management (toute ressemblance… etc..) Il finit par se faire réprimander sèchement par le PDG de la boite qui lui reproche son apathie.

– Vous n’allez pas bien mon vieux, prenez une semaine de congé pour vous refaire une santé…

Et c’est ce qu’il fait. Homme de pouvoir, il est habitué à donner des ordres et à étouffer dans l’œuf toute contestation. Il n’a que rarement eu l’occasion de gérer des conflits non professionnels. En fait il ne sait pas faire.

Et là, il ne sait comment s’extriquer d’une situation impossible. Il reste complétement amouraché de ma modeste personne (ce sont des choses qui ne se commandent pas). Mais comment espérer me reconquérir après le clash de l’autre fois. Mission impossible !

Sa semaine de congé maladie se termine. Alors il décide de rendre visite à un conseiller conjugal. Ce n’est peut-être pas la bonne porte, mais le métier de conseiller en relation extra-conjugal n’existant pas …

Il lui raconte son histoire en prenant soin de gommer ma véritable activité, je deviens simplement une fille de rencontre un peu facile… Et la sauterie devient une simple garden-party avec juste quelques petits débordements coquins.

– Je veux donc la reconquérir…
– Oubliez-là, ce n’est sans doute pas une personne intéressante…
– Non c’est moi qui ai déconné…
– Alors il faut essayer de renouer le contact…
– Ça me parait impossible… Elle refusera de me recevoir…
– Ecrivez-lui une lettre…
– Je n’y crois pas une seconde.
– Sauf si vous lui annoncez votre intention de vous suicider.
– Et si elle s’en fout ?
– Alors je ne sais plus quoi vous conseiller… On en reste là. Ça fera 150 euros.

J’ouvre ma boite aux lettres de la rue de Saulniers, là où j’exerce mes activités. Il n’y a jamais grand-chose d’intéressant… les factures du syndic et de l’électricité, des pubs… Mais aujourd’hui il y a une enveloppe blanche simplement marquée Chanette. Elle n’est pas passé par la poste et a été déposé probablement par l’expéditeur lui-même.

Je monte au studio et découvre le contenu de cet étrange courrier

« Bonjour

Quand vous lirez cette lettre, je serais probablement mort. Je suis tombé amoureux de vous, mais je n’ai pas su gérer la situation et n’ai fait que des conneries. Cet amour étant devenu impossible, je mets donc fin à mes jours. »

Ben v’la autre chose !

Et je vais faire quoi ? En admettant que ce ne soit pas du bluff, je ne vais tout de même pas m’inviter aux obsèques ? Je pense que quelque part, ce mec devait être un peu dérangé. Finalement cette lettre me laisse froide. Ce type est tellement con qu’il a voulu me culpabiliser en m’écrivant ce courrier. Manque de pot, je ne vois pas en quoi il faudrait que je culpabilise. Je fais une boule de sa lettre et la jette au panier.

Jérôme Passant est un impulsif, il a toujours tendance à aller trop vite dans ses décisions. Mais il ne s’en rend pas toujours compte à temps…

L’esprit d’escalier étant ce qu’il est, il reste longtemps satisfait du contenu de sa lettre jusqu’à ce qu’il comprenne son erreur.

– Je n’aurais jamais dû écrire que je m’étais suicidé, mais que je m’apprêtais à le faire… Dans ce cas elle m’aurait peut-être porté secours. Mais avec ce que j’ai écrit, que peut-elle faire ? On ne porte pas secours à un cadavre !

Alors il réécrit sa lettre et tente de récupérer l’ancienne… Mais allez récupérer une enveloppe dans une boite aux lettres, vous ?

Ou alors il faut forcer la serrure… et c’est ce qu’il fait pour découvrir que la première enveloppe a déjà été relevée.

– Je ne fais que des conneries, je suis nul ! Mais nul à chier !

Dépité, il s’installe en terrasse d’un bistrot place de la Trinité, commande un double whisky, puis téléphone à sa boite en indiquant qu’il ne se rendra pas au bureau aujourd’hui et que par conséquence il faudra déplacer tous ses rendez-vous.

Une heure plus tard, il n’est plus guère avancé.

– Il faut que j’oublie cette nana, que je tourne la page… j’en suis tout de même capable ! Non ?

Plus facile à dire qu’à faire…

– Si au moins il y avait quelqu’un pour me conseiller… Pfff… on les connait d’avance les conseils dans ces moments-là, ça va être « oublie-là, oublie-là ! ». Comme s’il n’y avait pas d’autres options ?

Et l’idée lui vient de retourner voir le conseiller conjugal. Par chance le bonhomme a un créneau de libre et peut le recevoir en début d’après-midi.

Il lui explique sa bévue.

– Vous êtes un cas, vous ! Soupire le conseiller.
– Je ne vous demande pas de me juger…
– Je ne vous juge pas, mais qu’attendez-vous de moi ?
– Un plan !
– J’ai une petite idée, mais la réussite n’est pas garantie.
– Dites toujours.
– Vous allez écrire une nouvelle lettre à cette personne…
– Mais…
– Laissez-moi vous expliquer… Vous allez lui dire que vous avez fait une tentative de suicide, mais qu’on a pu vous sauver à temps (bref, vous broderez là-dessus). Vous lui direz que vous avez essayé de reprendre goût à la vie mais que votre amour pour elle ne faiblissait pas, et que devant cette situation sans issue, vous allez mettre fin à vos jours sans vous rater… à moins que par un moyen ou un autre vous parvenait me convaincre d’y renoncer.
– Ah, oui, ça me paraît pas mal.
– Attendez un délai raisonnable avant d’envoyer cette nouvelle lettre
– C’est-à-dire ?
– Au moins huit jours !
– C’est beaucoup !
– Oui mais ça rendra la chose plausible. Voilà cher monsieur, ça fera 150 euros. Bonne journée monsieur.

Jérôme Passant vit alors une semaine d’angoisse accompagnée de perte de sommeil et d’appétit.

Et c’est en tremblant que le jour J, il glisse sa nouvelle enveloppe dans ma boite…

Je lis ça en vitesse.

– C’est bien ce que je pensais, son suicide, c’était du bluff.

J’ai toujours son numéro de téléphone. Je lui balance un message

« Si vous pouviez vous abstenir d’encombrer ma boite aux lettres avec des courriers débiles ça m’arrangerait. Sinon sachez que j’ai quelques amis qui se feraient un plaisir de vous empêcher de me harceler. »

Et ce con me répond dans la foulée.

« Vous n’avez pas de cœur, mais vous aurez ma mort sur la conscience »

Ben voyons ! Cela dit voyons les choses froidement, il n’y a rien de plus dangereux qu’une bête blessée… surtout quand la bête blessée est un homme ! Il faut donc que je m’arrange pour qu’il me foute la paix pour de bon !

Alors comme faire ? Solliciter les services de Max le dur (voir les épisodes précédents), ça risque d’être brutal… je n’emploierais cette solution qu’en dernier ressort. Mais pour le moment, je vais essayer de faire soft.

Une petite recherche sur Internet, j’apprends que Jérôme Passant (puisque c’est son vrai nom, révélé lors de la party) est contrôleur de gestion chez Colbertson Management. Il y a même sa photo. Super !

A suivre

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2 réponses à Chanette 34 – Le cas Jérôme – 3 – Avec Emma suivi des errances de Jerôme

  1. Marcadet dit :

    Sous la lune complice, Chanette et Emma,
    Échangent des regards, doux éclats de soie.
    Leurs mains se frôlent, le cœur bat tout bas,
    Naît une promesse, que la nuit garde en émoi.

  2. Baruchel dit :

    Un petit massage ça fait toujours du bein surtout quand c’est raconté par Chanette

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