Chanette 20 – La clé – 7 – Eau-confort par Chanette

7 – Eau-confort

Vendredi 1er mars

A 10 heures Olivier Carette reçoit Albert Leberger. Il paraît beaucoup moins avenant que la veille et annonce de suite la couleur :

– Contrairement à ce que vous pourriez penser, embaucher quelqu’un, même en CDD n’est pas si simple. J’espère donc que je ne fais pas une connerie. Vous avez donc le champ libre, mais je veux des résultats et je veux que vous me fournissiez un premier rapport oral détaillé dans huit jours au plus tard. Dans un premier temps, vous êtes embauché comme chargé de mission. C’est une situation provisoire qui évoluera en fonction des résultats. Il en sera de même pour votre salaire. Ne nous décevez pas, Monsieur Leberger, ne nous décevez surtout pas ! Je vous laisse travailler, si vous avez besoin de quelque chose de particulier, vous m’appelez sur le numéro que je vais vous donner. On se revoit vendredi prochain à la même heure dans mon bureau !

En sortant, Albert prit le métro jusqu’au domicile de Mylène. Elle était là, elle l’attendait ! Ouf !

– Tu veux un café ?
– Volontiers !
– Ah excuse-moi, le téléphone…

Elle s’en va dans la cuisine et revient cinq minutes plus tard.

– C’est Madame Juliette, elle m’a félicitée pour la réussite de ma mission… si elle savait… et je lui ai demandé de ne pas me prendre de rendez-vous pendant quinze jours. Elle est d’accord !
– Mais enfin, c’est qui Madame Juliette ?
– Ma mère maquerelle !

Oups

– Bon alors maintenant faut pas qu’on fasse les cons, il nous faut un plan d’attaque. Reprit-elle
– Le problème c’est que je n’ai aucune idée !
– Ils font comment dans les polars ? Au départ ils n’ont presque rien, alors on fait avec ce qu’on a et on creuse !
– Mais on n’a rien du tout !
– Si, on a deux noms, Darousse et Roche. Ce midi on les suit, ce soir on les suit encore. Toi tu t’occupes de Roche, moi je m’occupe de Darousse, et on refait le point demain.
– Et si on trouve rien ?
– Et si, et si, et si… Soyons positifs que diable ! Les gens qui ont quelque chose à cacher ne peuvent pas le cacher tout le temps. Donc on va trouver.
– J’admire ton optimisme.
– Bon on se prépare, faut qu’on soit à midi là-bas, t’as un appareil photo ?
– J’ai mon téléphone.

Coucou !

Et moi, oui moi, Chanette, dans tout ça qu’est-ce que je deviens ? Patience, patience… Je me suis décidée pour la salle de bain, je téléphone à Nœud-Pap.

– Je voudrais quand même voir les couleurs… les voir en vrai.
– Passez ce soir, un peu avant 19 heures.

A midi Albert et Mylène guettent Evelyne Roche et Philippe Darousse.

Déception. Ni l’un ni l’autre ne sortent, ce sont des choses qui arrivent.

18 h 45

En sortant du studio je me rends à la boutique de Nœud-Pap alias Marcel Berton. Le choix des couleurs se fait très vite et il me conduit dans l’arrière-boutique pour signer un contrat d’installation en bonnet d’uniforme comme disait ma grand-mère.

18 h 50

Philippe Darousse s’arrête devant Eau-Confort, la boutique de Marcel Berton. Il constate qu’il n’y a personne à l’intérieur et attend le moment propice pour y pénétrer.

Mylène qui le suit depuis qu’il est parti de son bureau, se demande ce qu’il fabrique et quel est cet intérêt pour les salles de bains. Sans doute rien à voir avec ce qui la préoccupe, sauf qu’elle se remémore soudain les propos d’Albert:

« Il m’a même raconté que j’avais planqué des fichiers dans un logiciel de simulation d’installation de salles de bains ». Se pourrait-il qu’il y ait un rapport ? »

Je suis en train de signer la paperasse, c’est qu’il a beau me faire des prix, Nœud-Pap, il fait ça dans les règles. Au dernier moment j’ai décidé que le robinet qu’il me proposait ne me convenait pas, on va régler ça en vitesse et je vais pouvoir partir.

– J’ai une autre doc par-là, je reviens et je vais en profiter pour fermer la boutique ! Me dit-il.

Alors qu’il s’apprête à fermer, un homme se présente devant la porte. Nœud-Pap lui explique que c’est fermé, l’autre insiste, force le passage et sort un révolver.

– Pas un bruit on va dans l’arrière-boutique !
– Il n’y a pas d’argent ici ! Répond Nœud-Pap en tremblant.
– Ta gueule, ferme la porte et fais ce que je te dis.

L’ordre n’est pas clair. Le malfaiteur voulait qu’il verrouille afin de ne pas être surpris pendant « la suite ». Berton comprend qu’il faut juste la pousser, et c’est ce qu’il fait.

Du bruit ! Nœud-Pap revient. Horreur ! Il n’est pas tout seul, un mec le tient en respect avec un révolver. Il est surpris de ma présence, semble hésiter puis se décide.

– Toi : pas un mot, pas un cri, tu te tournes contre le mur les mains sur la tête et tu ne bouges pas, je ne fais que passer, ce ne sera pas long.

J’obéis en tremblant, me demandant comment me sortir de ce merdier.

– Toi l’avorton, tu te mets en face de moi, comme ça !

Et sans autre préambule, il se met à le cogner ! Des cris, un bruit de chute, c’est pas possible, ce connard est en train de passer Nœud-Pap à tabac.

A 19 heures Mylène a aperçu un homme à l’intérieur du magasin, Darousse est devant lui. Il semble qu’il y ait un problème entre les deux hommes. Finalement Darousse entre. Mylène se faufile devant la vitrine, ne voit plus personne à l’intérieur. Elle essaie d’actionner la porte, elle s’ouvre, elle entre à pas feutrés, elle entend des hurlements, des éclats de voix des bruits de bagarre et instinctivement se planque derrière une baignoire.

– Bon c’était un échantillon ! Maintenant tu as le choix, ou tu me dis ce qu’il y a derrière la clé où bien je continue à cogner !
– Mais quelle clé ? C’est une erreur !

Les coups recommencent ! Qu’est-ce que je peux faire, mais qu’est-ce que je peux faire ?

Mylène n’a pas vu le revolver, sans trop réfléchir, elle sort de sa cachette, se racle la gorge pour signaler sa présence et s’approche de l’arrière-boutique.

C’est instinctif, le malfrat prend peur et détale, il fracasse la serrure de la porte d’un coup de savate, ignorant qu’elle n’est pas verrouillée et s’enfuit. La fille se baisse pour constater l’état de la victime.

Qui c’est cette nana ? C’est Lara Croft ? On fera les présentations plus tard.

– Il y a une pharmacie à côté, je vais chercher ce qu’il faut, faites le pisser et boire et appliquez lui des compresses d’eau.

Si en plus elle est secouriste…

Pauvre Nœud-Pap, ça n’a pas duré longtemps, mais qu’est-ce qu’il a pris, le visage est en sang, je trouve un lavabo et des essuie-mains en papier, je lui nettoie le visage, ça saigne de partout, une arcade sourcilière est ouverte, une lèvre est enflée, les joues tuméfiées, et le nez, n’en parlons pas ! Il a des hauts de cœur, il est choqué, hagard, il s’est pissé sur lui. Je le fait boire.

– Appelez la police ! Balbutie-t-il.
– Oui, mais pour l’instant on va te soigner.

Prévenir la police ne me semble pas une bonne idée. Ils vont nous casser les pieds pendant une heure et ne retrouveront jamais l’agresseur… à moins que Nœud-Pap le connaisse…

– Tu sais qui c’est ce type ?
– Non, c’est un cinglé ! Il a failli me tuer ce con, oh ! J’ai mal aux dents (il se tripote la bouche) il y en a une qui bouge !
– Il voulait quoi ?
– Mais j’en sais rien, il s’est trompé d’adresse ce con, il cherchait une clé, je n’ai pas bien compris. Quel connard !

Et revoilà la nana qui revient avec toute une pharmacie. On peut dire qu’elle est bien tombée celle-là !

Elle désinfecte les plaies !

– Vous le connaissiez, ce type ? Demande-t-elle à son tour.
– Jamais vu !

Mylène hésite. Doit-elle se dévoiler ? Ce serait sans doute la meilleure façon d’obtenir des renseignements mais il existe le risque que l’agresseur et l’agressé fassent partie d’une même embrouille. Peu probable quand même, vu ce qu’elle a entendu. Alors elle prend le risque :

– Moi, je sais qui c’est !
– Vous le connaissez ? M’étonnai-je.
– Non, je ne le connais pas, mais je sais qui c’est !
– ?
– Je suis chargée de faire une enquête privée sur les agissements de ce bonhomme. Et j’avoue ne pas comprendre ce qu’il venait faire ici !
– Vous connaissez son identité ? Demandai-je.
– Oui ! Je sais où il travaille… Chez Choser & Ruppert, ça vous dit quelque chose ?
– Rien du tout…
– Il faut prévenir la police ! Insiste Nœud-Pap.
– Ne vous inquiétez pas…

Elle me fait un signe, me tire par le bras et m’entraîne à côté.

– Je préfèrerais autant qu’on ne prévienne pas les flics. Nous sommes sur un gros coup et l’appréhender maintenant serait contre-productif.
– Pas de soucis !
– Je m’appelle Mylène.
– Moi, Christine.

On revient vers Nœud-Pap

– Je vais t’accompagner chez toi, je vais appeler un taxi. Proposai-je à Nœud-Pap.
– Appelez juste le taxi, ça devrait aller. Vous avez prévenu la police ?

C’est qu’il insiste ! On arrive toutes les deux à le persuader que ça ne servira pas à grand-chose. Il constate en râlant que la serrure est bousillée.

– Quel con ! Pour une fois je vais fermer le rideau de fer.

J’insiste pour l’accompagner.

– Je peux me permettre de venir aussi ? Demande Super Woman.

Je commence à la trouver très bizarre, cette nana !

– On se vouvoie devant ma femme ! Tient-il à me préciser.

C’est bon signe, il n’a pas complètement perdu le nord, Nœud-Pap !

On arrive chez lui, avenue Gambetta. Madame Berton nous ouvre et pousse un cri de panique :

– Marcel ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
– Je me suis fait agresser dans la boutique par un dingue ! Heureusement que Mademoiselle est arrivée sinon tu me récupérais à l’hôpital… ou à la morgue !
– Nom de Dieu, on n’est donc plus en sécurité nulle part !

Madame Berton est une femme très ordinaire, d’apparence assez douce. Pas vraiment le genre à permettre à Nœud-Pap d’assouvir ses fantasmes de soumission ! Elle nous gratifie évidemment de toutes les questions et commentaires ayant cours en pareilles circonstances, nous remercie un nombre incalculable de fois et nous offre à boire…

Pour Madame Berton j’étais simplement une cliente du magasin, Mylène également, sans doute afin de ne pas provoquer d’inquiétudes supplémentaires.

On prend congé.

– Je peux t’appeler demain pour prendre des nouvelles ? Demandai-je à Nœud-Pap en cachette de Madame
– Bien sûr !
– Voilà ma carte, n’hésitez pas à m’appeler… Au cas où… Ajoute Mylène.

– Je vous paie un pot ? me propose-t-elle en sortant.

J’accepte uniquement par politesse, pour moi cette affaire est terminée. On est tombés sur un dingue, il a été mis en fuite par cette Mylène qui le surveillait. Je m’en suis mieux sortie que Nœud-Pap. Et voilà : point barre !

On vient juste de s’installer dans un bistrot que le téléphone de Mylène sonne.

– Oui, oui bien sûr… Oui c’est où ? D’accord… D’accord… Je demande quel nom ? Non, non, (elle regarde sa montre) je ne serai pas en retard. Je t’embrasse, à tout à l’heure.

Elle raccroche, visiblement agacée.

– Je suis désolée, je n’avais pas conscience de l’heure, j’ai un rendez-vous à 21 heures, il faut que je rentre me changer. Est-ce qu’on peut se voir… Par exemple demain matin ?

J’ai accepté, devrais-je dire encore par politesse ? Non, il y a quelque chose en plus, d’abord cette fille m’intrigue : c’est quoi cette nana qui prend des rendez-vous bizarres à 21 heures et qui doit se changer avant ? Elle est peut-être invitée à une soirée mondaine ? Mais ça n’avait pas l’air de l’enchanter plus que ça ! Et puis elle est jeune et canon, des magnifiques cheveux bruns qui lui tombent sur les épaules, des yeux de braise, une bouche pulpeuse, un joli nez bien dessiné et légèrement atypique…

Oh ! Je ne me faisais aucune illusion, il n’y a que dans les films érotiques que toutes les femmes sont bisexuelles. Mais bon, passer vingt minutes en compagnie de cette star n’aura rien d’une corvée. Et puis, même s’il n’y a qu’une chance sur cent, sait-on jamais ?

– Place Saint-Michel à 11 heures, ça vous irait ?
– Ça me va !
– OK j’y vais ! Quand faut y aller, faut y aller !

Mylène qui avait de l’éducation se garda bien d’ajouter « Je vais me faire enculer ! » Pourtant…

Avec Olivier Carette, Mylène redevenait Sonia, escort-girl de luxe. Elle ne fit aucune allusion à ce qui s’était passé la veille avec Albert. Si ce Carette avait des choses à dire, il le ferait. Ce n’était pas à elle de poser des questions.

La prestation serait classique, avec la sodomie en plus puisqu’elle le lui avait promis. Elle aimait les clients qui lui apportaient un peu de fantaisie. Ce n’était pas vraiment le cas d’Olivier, à moins que l’on puisse considérer comme fantaisie les rares petits cadeaux qu’il lui avait offert et qu’il souhaitait qu’elle utilise :

Ainsi, comme à chacune de leurs rencontres elle s’était revêtue de la robe rouge très décolletée qu’il lui avait achetée. Elle avait également emporté un long porte-cigarette avec lequel il aimait qu’elle lance de larges volutes de fumée.

– Je t’ai préparé ta petite enveloppe !
– Garde là, je t’ai dit que ce serait gratuit !
– Bof ! C’est la boite qui paie !
– Dans ce cas…

C’était parti pour une heure, tarif syndical.

Il aimait se faire sucer debout, encore habillé, et juste la braguette ouverte. Pour ce faire, Sonia accroupie conservait sa robe rouge et alternait : un coup elle tirait sur son fume-cigarette, un coup elle suçait la bite d’Olivier. D’ailleurs, elle n’aimait pas trop cette bite en forme d’arc de cercle.

Elle maitrisait parfaitement le timing : dix minutes de pipe, vingt-cinq minutes de positions diverses et variées, le reste étant consacré à la douche, au rhabillage, et à la parlote

Olivier Carette avait une fâcheuse tendance à vouloir introduire son sexe en entier dans la bouche de Sonia, et aujourd’hui il semblait plus enclin à le faire que d’habitude. Elle détestait cette pratique, qui lui donnait des hauts le cœur, elle ne protesta pas mais écourta cette phase.

– Tu m’as l’air en pleine forme, dis donc ! On se déshabille ?

Cela prononcé avec un tel pouvoir de suggestion qu’il ne pouvait refuser.

Carette suivait cette tendance qu’ont aujourd’hui certains bonhommes à s’épiler tous les poils, ce qui ne faisait ni chaud ni froid à Sonia qui s’en foutait complétement sauf quand ça commençait à repousser et que le contact de la peau provoquait des picotements plutôt désagréables.

– Tu veux que je me mette comment ?
– Sur le dos !

Carette aimait commencer par cette position, celle où la femme est la plus passive. Comme à l’accoutumé, il ne la pénétra pas directement, mais après s’en être mis plein la vue, il partit dans une série de caresses des mains et des lèvres sur tout le corps, en privilégiant les seins, bien entendu, dont il aimait lécher le bout jusqu’à ce que la pointe s’érige. Par contre il touchait à peine à la chatte. Chacun son truc.

Puis il la pénétra et la lima. Moment interminable où elle s’efforçait de sourire en attendant que ça se passe. Dans la vraie vie, elle aurait donné des coups de reins afin de participer, mais ce genre de chose pouvait provoquer une éjaculation prématurée, ce qui n’était pas le but de l’opération.

Contrairement à la prostitution traditionnelle où la prestation se termine avec la jouissance du client, dans l’escorting, on respecte la durée de temps pour lequel l’homme a payé. Si ce dernier jouit trop vite… eh bien il a le droit de recommencer… cette pratique a même un nom, emprunté au vocabulaire des joueurs de flippers : c’est l’extra-ball. Mais dans la réalité, beaucoup ne parviennent pas à tirer ce deuxième coup, l’extra-ball reste donc réservé à ceux qui le demandent.

De lui-même, Carette se retira.

– Tu te…! Dit-il simplement en faisant une curieux geste de la main.

Sonia comprit le message et se mit en levrette.

– On fait une levrette classique et après la sodo, c’est ça ?
– Yes !
– Pour la sodo, j’ai mis du gel sur la table de nuit.

Olivier Carette commence par caresser l’arrière train cambré de la belle, lui fait quelques chastes bisous sur les fesses et s’introduit. Il semble particulièrement excité aujourd’hui, sans doute par la perspective de cette sodo si souvent refusée et aujourd’hui promise. Toujours est-il que moins de cinq minutes après avoir commencé à limer le vagin de Sonia, il se retire, attrape le carré de gel, s’escrime à tenter de l’ouvrir, s’y reprend à plusieurs fois, s’énerve.

– Attends, je vais le faire !
– Je vais bien finir par y arriver ! Ah ça y est !

Il lui tartine l’anus, lui écarte les fesses et tente d’entrer.

– Vas-y doucement, je n’ai pas trop l’habitude !

Il ne répond pas, les hommes ne répondent jamais dans ces moments-là. Il s’y reprend à plusieurs fois, respire un bon coup, se positionne bien correctement, et finit par entrer un peu. Il n’y a plus qu’à insister pour que le sexe entier s’engouffre dans l’étroit conduit. Et une fois la chose faite, eh bien, il pilonne.

Et il pilonne dur !

– Doucement, doucement !

Elle n’ose pas encore lui dire qu’il lui fait mal. Pas encore… Et puis, si :

– Tu me fais un peu mal, là…

Il n’a rien entendu, la bête est en rut, le sang afflue à fleur de peau, il transpire, il bave, il se croit à une séance de rodéo… et soudain il s’écroule en faisant un drôle de bruit. Monsieur Carette a joui. Monsieur Carette est content, Monsieur Carette a eu ce qu’il voulait.

Un bisou, et Monsieur Carette se rhabille, fait un bisou vite fait à Sonia et la laisse plantée là avec un horrible mal au cul.

Samedi 2 mars

Hier soir, Darousse est rentré chez lui de fort méchante humeur dans son appartement de vieux célibataire. La lamentable « expédition » chez le marchand de salles de bains a été un fiasco complet. La faute à « pas de chance », le concours de circonstances impossible… Il s’abstient de prévenir Evelyne Roche. « Jamais de contact téléphonique ! » avaient-ils convenu. Et quand on est ancien militaire, on respecte les consignes ! Il ne laisse pas tomber pour autant, il recommencera, et cette fois il n’échouera pas, il suivra Berton à la sortie du magasin jusque chez lui, et là il lui fera cracher le morceau.

Le magasin étant susceptible d’être fermé le lundi, il lui faudrait donc attendre jusqu’au mardi. Ce contretemps lui était insupportable. C’est en prenant son petit déjeuner qu’il eut une idée qui lui sembla lumineuse. Cette clé, il pouvait très bien la faire analyser de façon tout à fait anonyme… Il prit sur lui de l’argent liquide qu’il avait à la maison et s’arrangea pour être dès 9 heures, rue Montgallet, derrière la Gare de Lyon, là où exercent tous les bidouilleurs asiatiques de l’informatique.

Il expliqua son cas dans la première boutique venue. Monsieur Wentao le regarda d’un drôle d’air

– C’est 500 euros !
– Quoi ?
– 450 parce que vous êtes mon premier client. On paie d’avance.

Après avoir encaissé les billets, Monsieur Wentao alla pour emporter la clé dans l’arrière-boutique.

– Non, je veux voir ce que vous faites !
– Alors pas de remise, ajoutez 50 euros, et suivez-moi.

L’asiatique connecta la clé et chargea un logiciel en chinois qui analysa la clé en profondeur. Une interminable barre de progression se mit à évoluer. Un quart d’heure plus tard, il rendit son verdict :

– Rien en dessous !
– Comment ça, rien ?
– Rien du tout.
– Et dans le programme ?
– Pas de virus dans le programme !
– Ce n’est pas ça c’que j’vous demande !
– Vous voulez savoir s’il y a des choses bizarres qui sont planquées dans les lignes de commentaires ?
– Oui, c’est exactement ça !

Le type se livra à quelques manipulations.

– Le programme est protégé, il faudrait que je le craque, normalement je n’ai pas le droit, il est sous copyright. Je peux toujours mais ce sera long, cher et ça ne servira à rien.
– Qu’en savez-vous ?
– Une intuition !
– Faites-le quand même !
– 500 euros de plus !
– Vous plaisantez !
– Non ! Payable d’avance ! Repassez dans une heure, ça devrait aller.

A 10 heures Monsieur Wentao rendait son verdict.

– Je suis entré dans le programme, j’ai isolé toutes les lignes de commentaires, il n’y a rien de suspect… À moins qu’elles soient codées, mais là ça dépasse ma compétence.

Abasourdi, Darousse quitta la boutique !

– Monsieur ! Votre clé !
– Foutez-vous la dans le cul !
– Malpoliche !

« Pourquoi tout allait mal en ce moment ? » Grommela-t-il. Son week-end risquait de devenir interminable.

Il s’en alla écluser un demi dans un bistrot, puis se disant qu’il n’y avait aucune raison qu’une officine de détective privé soit fermée le samedi, il téléphona à Remiremont.

Eh oui, dans un cabinet de détective privé, il y a tous les jours quelque chose à faire et les gens se relaient. Et ce matin Tanya et Remiremont sont seuls dans les locaux.

– Tu nous fais du café ? Demande Didier.
– Oui Bwana !
– Un peu de respect, Mademoiselle Tanya, plaisante-t-il.
– Ta gueule ! Suceur de bites ! Répond-elle sur le même ton.
– Mais quelle impertinence ! Et d’abord je ne suis pas un suceur de bites.
– Non pas encore, mais tu en meurs d’envie, ne me dis pas le contraire !
– Et alors ?
– Ben alors t’es un suceur de bite ! Répète-t-elle en riant franchement.
– Mais tu vas l’avoir ta fessée !
– Pas trop fort, alors minaude-t-elle en baissant son pantalon et sa petite culotte.
– Quel cul ! Comme tu fais pour avoir un si joli cul ?
– J’en sais rien, faut demander à mes parents.
– D’accord je leur demanderai ! Allez en position.

Elle s’allonge sur les cuisses de Didier et découvre une règle plate en plastique sur le bureau de son patron.

– Pas avec la règle ! Hein ?
– Je vais me gêner !

Et se saisissant de l’objet contondant, il lui en assène un premier coup.

– Tiens, vilaine fille !
– Ouille !
– Tiens ! Tiens !
– Aïe, Ouiille, Ouille !
– Ça fait mal hein !
– Oui, mais j’adore ça ! Ouille ! Laisse pas de traces quand-même ! Aïe !
– T’as peur que ton petit ami te fasse des réflexions ?
– Non, c’est pour l’esthétique ! Ouille !
– Je t’en foutrais de l’esthétique, moi !
– Aïe !
– Voilà, t’as un cul tout rouge, et maintenant je bande comme un puceau ! T’es fière de toi ?
– TRES fière !

Elle se relève. Didier pense alors qu’elle va s’occuper de sa bite, mais au lieu de ça, elle s’en va farfouiller dans son sac à main.

– Regarde ce que j’ai trouvé ! Dit Tanya en présentant à son patron une petite boite rectangulaire

Didier Remiremont ouvre la boite !

– C’est quoi ça ? Oh, je sais : c’est des machins chinois, des boules de décontraction… Mais elles sont petites, et la ficelle, elle sert à quoi ?

Tanya éclate de rire

– Ce n’est pas chinois, c’est japonais. Effectivement ça peut décontracter, mais ça ne se met pas dans le creux des mains.
– Ça se met ou alors ?
– Dans le cul !
– Non ?
– Si, ça s’appelle des boules de geishas, tu ne connaissais pas ?
– Disons que je n’ai jamais eu l’occasion d’approfondir la chose. C’est pour les femmes, c’est pour les hommes ?
– Au départ c’est fait pour les hommes, tu t’introduis tout ça dans le cul, et au moment de la jouissance, la femme tire sur la ficelle. Parait que ça fait un effet bœuf !

– T’as trouvé ça où ?
– Dans mon fouillis, c’était dans les affaires de mon ex. Je les ai désinfectées, elles sont toutes propres et j’ai remplacé les piles pour qu’elles puissent vibrer.
– Parce qu’en plus ça vibre ?
– Tu te rends compte !
– J’ai bien envie d’essayer !
– Ben, c’est pour ça que je les ai emportées. Baisse ton froc Didier, on va rigoler un peu.

Tanya a pris le soin d’emporter un peu de gel et après avoir tartiné l’anus de l’homme, elle lui introduit la première boule, puis la seconde.

– Oh, là là ! Quelle sensation !
– Dring !
– Merde, le téléphone
– Remiremont, j’ai deux mots à vous dire.
– Oui, bonjour, Monsieur Darousse. Oh ! Oh !

Bien sûr le « Oh ! Oh ! » n’était pas destiné à son interlocuteur, mais était provoqué par les vibrations des boules dans son fondement.

– Est-ce que vous ne vous seriez pas foutu de ma gueule, par hasard ? Vocifère-t-il.
– Vous m’aviez déjà tenu ce genre de propos l’autre jour, il me semble ? Oh ! Oh !
– Oui, mais aujourd’hui j’en ai la preuve, vous n’êtes qu’un bon à rien !
– Si vous continuez sur ce ton, je raccroche !
– J’ai fait analyser votre foutue clé, ça m’a couté les yeux de la tête, et il n’y a rien dessus.
– Et alors, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est un expert qui a effectué cette analyse, au moins ?
– Evidemment !
– Et bien changez d’expert ! Oh ! Oh !

L’ombre d’un doute gagna Darousse, qui se dit alors qu’il n’aurait peut-être pas dû abandonner la clé, mais la désinvolture avec laquelle Remiremont s’autorisait à lui répondre le mit hors de lui.

– Ben voyons ! Dans ces conditions, ne vous attendez pas à ce que je vous règle vos honoraires ! Vociféra Darousse.
– Si vous ne réglez pas je vous ferai envoyer un huissier. Oh ! Oh !
– C’est ça, il sera bien reçu !
– Monsieur Darousse, je voudrais vous rappeler que dans votre dernier avenant confirmé par fax, vous aviez déclaré que la récupération de la clé n’était plus dans vos priorités… Oh ! Oh !
– Justement …
– Laissez-moi terminer ! Au cours de l’enquête sur l’identité du contact que vous recherchiez, nous avons eu l’occasion de mettre la main sur cette clé et nous vous l’avons remise. Cette action n’était pas contractuelle et… Oh ! Oh !
– Et blablabla et blablabla… Votre contact me parait aussi bidon que votre clé. Qu’est-ce qu’un marchand de salles de bains peut bien venir faire dans cette histoire ? Vous êtes autant détective que moi funambule ! Allez-vous faire foutre !

Et Darousse raccrocha, très énervé ! L’idée que l’expertise puisse avoir été faite par une personne incompétente ne l’avait pas effleuré. Et puis il restait cette histoire de commentaires susceptibles d’être codés. Il décida de récupérer la clé.

– Sortez de mon magasin ! Hurla Monsieur Wentao.
– J’ai été très incorrect tout à l’heure, je vous prie de m’excuser.
– Dehors !
– Je voulais juste récupérer ma clé.
– Détruite à coup de marteau et jetée aux ordures.
– Vous l’avez…
– Dehors ou je lâche les chiens !
– Va te faire enculer !
– Malpoliche !

Et pendant que Darousse quittait l’officine, la queue basse, Monsieur Wentao se tourna alors vers son cousin, affairé dans un coin sombre de la boutique.

– On tient peut-être quelque chose d’intéressant. Viens voir…

Il sortit la clé d’un tiroir et la connecta de nouveau à l’ordinateur. Il scanna alors le programme, celui-ci étant protégé, ce qui apparaissait à l’écran était incompréhensible. Il fit alors une recherche sur le chiffre 19. Tomba sur une date de naissance, puis sur une série de renseignements en clair. Cela n’avait rien de bien mystérieux, c’était tout simplement les informations relatives à l’achat de la licence et à son propriétaire, adresse comprise.

– Hi, hi ! J’ai bien envie d’aller le voir, ce monsieur… Quand j’aurai le temps…

Darousse n’avait plus de plan précis : attendre mardi pour retourner au magasin de salles de bains ? Trop longtemps à attendre et trop aléatoire. Faire une descente chez Leberger ? Ce n’était qu’un intermédiaire. Engager un autre détective privé ? Pour lui demander quoi ?

Il marcha longtemps dans Paris, se demandant quoi faire.

<b<Tanya

– Bon, je ne réponds plus au téléphone ! Oh ! Oh ! Mets-toi à poil, Tanya, j’ai envie de te voir !
– No problemo, mais monte un peu le chauffage.
– OK, on va attendre un peu !
– Je vais te retirer les boules !
– Non, pourquoi ? Ça me plait bien ce truc.
– On les remettra tout de suite après, bouge pas, je compte jusqu’à trois : un, deux, trois…

Tanya donna un coup sec sur la ficelle.

– Oh ! Oooooooh ! C’est dément, ce machin-là !
– On recommence ?
– Oh ! Oui, oui !

Tanya réintroduisit les deux boules dans le trou du cul du détective.

– Je ne me déshabille pas complétement il fait trop froid, mais je vais te montrer mes nichons.
– C’est gentil !
– Et puis tu vas me sucer la chatte, parce que maintenant, je suis toute excitée avec mes conneries.

Elle relève son pull, fait sauter les bonnets du soutif puis retire son pantalon et sa culotte.

– Faut que j’aille pisser ! Si tu as envie de me regarder, profites-en !
– Mais Tanya, qu’est ce qui t’arrive aujourd’hui ?
– Il ne m’arrive rien, mais c’est tellement rare qu’on soit tout seuls ici un samedi matin… Alors autant en profiter. J’aime bien faire des cochonneries avec toi !

Ils se dirigent vers les toilettes, Tanya enjambe la cuvette.

– Tu préfères me voir de dos ou de face ?
– De face !
– Pourquoi, elles ne sont pas belles mes fesses ?
– Si, si, mais si je veux en boire un peu, c’est plus pratique de face.
– D’accord ! Approche-toi, j’y vais !

Didier approche sa bouche à dix centimètres de la chatte de Tanya. Il avale une première goulée, s’en délecte, mais manque de s’étouffer avec la seconde, ne se recule pas suffisamment et se retrouve avec la chemise et la cravate inondées d’urine.

– Et ben, bravo Didi, la prochaine fois qu’on fera ce genre de choses, tu te déshabilleras avant ! Viens me lécher la chatte.

Il n’hésite pas. Tanya est assisse sur la cuvette, lui est à quatre pattes devant elle, il lèche tant qu’il peut tandis que les boules de geishas continuent leurs vibrations infernales dans son cul.

– Allez mon salaud, nettoie bien toute la pisse. Fais-moi bien jouir, et après tu pourras me faire ce que tu voudras.

Il n’en peut plus, Didier, il bande, son cul est en feu, cette chatte qui le provoque… ces odeurs, cette douceur…

– C’est plus haut le clito, Didier !

Il a compris, Madame souhaite jouir tout de suite, sa langue se met à tourbillonner sur le petit bouton de plaisir. L’orgasme est fulgurant et Tanya met plusieurs secondes avant de retrouver la réalité.

Didier aussi a hâte de jouir ! Mais il hésite, les préservatifs sont restés dans le bureau…

– Enlève ta chemise, tu ne vas pas rester comme ça ! Lui conseille Tanya.

Le voilà torse nu et la belle blackette se saisit de ses tétons qu’elle se met à pincer fortement.

– T’aimes ça qu’on te les pinces, hein mon salaud !
– Oh ! Oui !
– C’est bon de se faire pincer avec les boules dans le cul…
– Oui…
– Et le goût de ma pisse dans la bouche…
– Oh ! Oui !
– Relève-toi que je suce la bite !

Elle la lui engloutit ! Excité comme il est, il sait qu’il va partir extrêmement rapidement.

– Je viens…

Elle enlève sa bouche, met ses seins en avant afin qu’il puisse éjaculer dessus. Sa main droite passe furtivement derrière ses fesses, attrape la ficelle et attend.

Ça y est Didier jouit, Tanya tire la ficelle et extrait les boules. L’homme s’écroule heureux et comblé de jouissance.

– Ça va ? Demanda Tanya en se relevant.
– Oh ! Oui ! Ça va ! C’est génial ces boules.
– Je vais les reprendre ! Je les rapporterai le prochain samedi où on sera tous les deux
– Tu ne veux pas me les laisser ?
– Non, tu vas faire des trucs tout seul et tu ne voudras plus jouer avec moi !
– Mais si !
– Tu aimes trop jouir du cul, Didi, un jour il faudra que tu te fasses prendre par un mec.
– Je ne dis pas non, mais j’attends l’occasion
– Tu veux que je te trouve quelqu’un ?
– Quelqu’un de gentil alors…
– Je vais sortir t’acheter une chemise, tu fais quelle taille ?
– Du « L ». Oh, là là, quelle matinée ! C’est juste dommage que l’autre abruti nous ait perturbés avec son coup de fil.
– Fallait laisser sonner !
– Ben non, déjà que les affaires sont dures… Et je ne savais pas qui c’était.
– Tu crois vraiment qu’il va refuser de nous payer ?
– J’en ai bien peur.
– On a des recours.
– C’est long les recours ! En plus il est capable de porter plainte, on n’est pas entièrement clair sur cette affaire, on a fait de faux rapports de filature.
– Ça ne change rien au résultat.
– T’étais vraiment sûre de toi pour la clé ?
– Evidemment ! Répondit Tanya. Je suis chez la fille, la clé est sur la table, un mec sonne, elle lui file la clé et il repart aussitôt.
– Tu pourrais y faire un saut chez ce type, le sonder un peu, essayer d’en savoir plus ?
– Là tout de suite ?
– S’il te plait ! Utilise la méthode qu’on avait prévu pour la blonde, prend du liquide dans le coffre, j’ai préparé des liasses bidon l’autre jour, au cas où… mais ne le laisse pas filer.

Vers 11 heures, Tanya se présente au magasin de Nœud-Pap, une grande enveloppe kraft en main.

– Monsieur Berton est absent aujourd’hui ! S’entend-elle dire.
– Ah ! Il est en déplacement ?
– Non, il doit être chez lui.
– C’est embêtant, j’ai un pli confidentiel à lui remettre en provenance du Canada.
– Je vais le prendre, je lui donnerai quand je le verrai
– C’est que c’est assez urgent et que je dois lui donner en mains propres…
– Je vais vous donner son adresse.

Une demi-heure plus tard, elle sonnait à la porte de son domicile. C’est Madame Berton qui ouvrit.

– Bonjour, j’ai un pli à remettre en mains propres à Monsieur Berton.
– Donnez, je suis sa femme !
– Non, il me faut SA signature.
– Marcel c’est pour toi.

L’épouse se retire laissant la place à l’époux. Elle exhiba une magnifique fausse carte :

– Sandrine Chambord, détective privée, je peux vous voir seul à seul ?
– Mais c’est pour quoi ?
– Au sujet d’une clé USB que vous a remis une Madame Christine d’Esde en date du 27 février.
– Quoi ? Balbutia Berton devenu soudainement tout blême.
– Chut ! A 14 heures dans un café du coin, c’est possible ?
– Euh, à l’Olympic, c’est juste en face.
– Je compte sur vous.

– C’était quoi ? S’enquit Madame Berton
– Un machin contre remboursement, j’ai rien commandé, j’ai refusé le pli.

Le déclic ! La clé dont parlait le type qui l’avait agressé au magasin était donc une clé USB et non pas une clé de serrure ! Un horrible doute l’assaille :

« Et si Chanette était mêlée de près ou de loin à un trafic dangereux ? Quelqu’un prend cette clé pour une autre ! Mais comment ce « quelqu’un » peut-il faire une confusion pareille ? Et comment soit-il qu’elle existe ? Oh, ma pauvre tête ! Et d’ailleurs, elle est où cette clé ? »

Il ne se souvient pas l’avoir rangée au magasin, mais on fait parfois des choses de façon si machinale. Il regarde dans les poches de sa veste, elle n’y est pas. Il téléphone au magasin, demande à Odile, sa collaboratrice de la chercher :

– Une clé rouge fluo, je n’en ai qu’une comme ça.
– Non, je ne vois pas, elle n’est pas dans le tiroir de votre bureau en tout cas !

Après avoir raccroché, il se précipite dans les toilettes, retrouve dans ses poches le numéro de Mylène et l’appelle en cachette.

Chanette

J’ai téléphoné à Nœud-Pap vers 9 heures, il va bien, mais n’a pas dormi de la nuit. Mylène est à l’heure au rendez-vous, c’est bien, j’aime bien les gens ponctuels.

Je me suis fait belle pour venir… Au « cas où ». Je suis bien consciente que je me fais du cinéma, mais qu’importe, la vie est un jeu, non ? Et j’emmerde tous les pisses-froids et les néo-puritains de tous bords qui voudraient nous empêcher de jouer.

J’ai remis mes petits anneaux piercings sur le bout de mes seins : une fantaisie comme ça. Le pantalon est très classe, le chemisier légèrement transparent, le maquillage « spécial jour de sortie ». Je me suis parfumée partout, même la foufoune ! Et j’ai passé un joli manteau en peau retournée par-dessus tout ça.

En revanche, Mylène s’est habillée très décontractée : un gros blouson grenat informe genre doudoune et un jeans.

– On va là-bas ? Me propose-t-elle

Allons là-bas. Nous voici assises dans une brasserie.

– Ça va, votre soirée s’est bien passée ?
– Bof ! On est parfois obligé dans la vie de… mais bon, ne parlons pas de ça. Je voulais juste vous voir, parce que je me suis dit que vous pourriez peut-être m’aider dans ma mission.
– Je ne vois pas comment, mais dites toujours.
– J’ai remarqué que vous étiez plutôt intime avec ce monsieur qui s’est fait agresser, je n’ai pas noté son nom d’ailleurs, c’est comment ?

La colle !

– J’en sais rien, je l’ai toujours appelé par son prénom, c’est euh… Maurice je crois.
– J’avais cru entendre sa femme l’appeler Marcel….
– Oui c’est ça, c’est Marcel… en fait dans l’intimité je lui donne un tout autre nom, mais peu importe.

« Qu’est-ce qu’elle est belle, cette nana, et ce sourire… mais comment tenter ma chance ? »

– Je suppose qu’il serait indiscret de vous demander quel type de relations vous avez avec lui ?
– C’est un ami ! Répondis-je sans réfléchir.
– Et vous l’avez connu en quelles circonstances.
– Ça par contre : c’est indiscret.

Mylène réfléchit :

« Une nana autour de la quarantaine, plutôt mignonne, très douce avec un quasi sexagénaire peu attirant ! Sa boutique de salles de bains fait sans doute du fric, il doit l’entretenir… Si je tenais une piste ? »

– Vous le voyez souvent ?
– Parfois.

Elle me fait chier avec ses questions, elle ne serait pas si canon, je l’aurais déjà envoyée promener.

– Sa femme n’est pas jalouse ?
– On ne se connait pas, je ne l’avais jamais vue avant hier soir, et je me suis présentée comme une cliente… mais dites donc, ce n’est pas un peu indiscret, vos questions ?
– Si ! Je m’en excuse.

Petit instant de silence, et elle reprend :

– Voyez-vous, nous sommes sur une grosse affaire avec ce Darousse, mais on manque d’éléments. Et je voudrais essayer de comprendre pourquoi il s’est attaqué à… Marcel. Je n’ai pas tout entendu quand j’étais planquée dans le magasin. Vous vous rappelez de toute la conversation ?
– Il n’a pas dit grand-chose, il a parlé d’un local fermé à clé !
– Ce pourrait être un règlement de comptes, alors ? Se dit Mylène.
– Il n’avait pas l’air de connaitre son agresseur.
– Bizarre, un règlement de compte ça se passe soit entre des gens qui se connaissent, soit en utilisant des hommes de mains. Or Darousse n’est pas un homme de main… Est-ce que d’après vous Marcel pourrait avoir une sorte de double vie, faire partie d’une secte ou d’une organisation bizarre ?
– Pourquoi pas ? J’en sais rien, en fait !
– Dans les conversations que vous avez eues avec lui, vous n’avez jamais décelé une bizarrerie quelconque ?

Je réfléchis, me rendant compte à quel point j’ignore tout de mes clients. Mais quoi d’anormal ? Ils ne viennent pas pour me raconter leur vie… Quoique certains… Mais pas Nœud-Pap !

– Je ne le connais pas tant que ça !
– Vous me cachez quelque chose, vous !

Et ça l’a fait rigoler !

– C’est mon jardin secret !
– Vous aller le revoir bientôt ?
– Ben oui, on était en pleine séance de signature de papelards quand l’abruti est arrivé.
– Parce que vous êtes réellement cliente de son magasin ?
– Aussi, oui.

Ça aussi, ça l’a fait rire, je ne sais vraiment pas pourquoi. Mais qu’est-ce qu’elle est belle quand elle rit.

A suivre

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) janvier 2014. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.

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4 réponses à Chanette 20 – La clé – 7 – Eau-confort par Chanette

  1. Baruchel dit :

    C’est toujours un réel plaisir de lire les aventures de Chanette, quelle imagination et quel érotisme

  2. herman dit :

    jolies parties de baise

  3. Regent dit :

    J’ai bien aimé le passage du détective avec sa secrétaire

  4. Muller dit :

    Ça déménage pas mal, mais ça baise aussi pas mal, tout le monde est content 😉

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