Chanette 10 – Les sources bleues 1 – Les joies de la montagne par Chanette

Chanette 10 – Les sources bleues 1 – Les joies de la montagne par Chanette

Prologue

J’étais ce jour-là chez Anna-Gaëlle, ma complice de toujours, et après avoir passé une bonne journée ensemble j’allais prendre congé.

– Ah au fait, Chanette, tu ne vas pas partir les mains vides, je t’ai fait un petit cadeau !
– Un cadeau ! En quel honneur ?
– En l’honneur de rien du tout, bouge pas je vais le chercher.

Je m’attends au pire, elle a parfois de ces idées bizarres, mais je l’adore. Elle se ramène avec un paquet plat entouré de papier journal.

– Voilà, j’ai fait un peu le ménage dans la galerie l’autre jour, j’ai retrouvé ça et je l’ai fait arranger par un copain artiste ! C’est pas le chef d’œuvre du siècle mais c’est pas mal et ça te rappellera des souvenirs !

Oh oui, je suis heureuse de revoir ce truc : C’est une simple petite plaque de bois vernie sur laquelle a été gravé un aigle pas très commode. Le sujet serait donc bien banal si l’arrière-plan ne représentait pas une femme occupée à prodiguer une fellation en bonne et due forme à un homme qui a l’air de bien apprécier la chose !

– C’est vrai, tu me le donnes !
– Oui ! Tu te rappelles…

Oh ! Si je me rappelle…

Projet de vacances

C’est venu comme ça au détour d’une conversation, Anna-Gaëlle qui me sort :

– J’ai vraiment envie de passer des vacances  » super peinard « , dans la nature, loin des gens, loin du bruit, au grand air, un coin paumé dans la montagne par exemple !
– T’as raison ! Si tu trouves, tu m’emmènes ?
– Pourquoi pas ?

Et ce qui n’était qu’une semi boutade lui trotta tellement bien dans la tête que voilà qu’elle me téléphone le samedi suivant :

– Allô Chanette ! Dis-moi, tu serais toujours d’accord pour des vacances tranquilles à la montagne ?
– Ça dépend, si c’est pour faire du camping sauvage à 3000 mètres, j’ai un peu passé l’âge !
– J’ai trouvé un truc super, ça s’appelle  » les sources bleues « , c’est dans les Alpes, je peux passer te voir, je te montrerais la brochure…
– Heu, j’allais partir en courses…
– Tes courses, on les ferra ensemble, attends-moi j’arrive !

C’est tout à fait Anna, ça ! S’emballer pour un truc et foncer tête baissée ! Et évidemment au bout d’une heure, elle n’est pas là ! En métro, il y en a pour moins d’une demi-heure, mais non, il a fallu qu’elle prenne sa voiture, un samedi, en fin de matinée ! Elle ne changera jamais ! Enfin, ce n’est pas si grave, j’ai de quoi m’occuper.

A midi j’ai un petit creux, je décide de me faire des pâtes, et la voici qui déboule, je la reçois dans la cuisine, elle me saute au cou, me fait un quadruple bisou sur les joues !

– Je suis désolée, j’ai été coincé dans les embou…
– …taillages !
– Pour me faire pardonner, je te paye le restau si tu veux !

C’est l’un de ses trucs, ça à Anna, quand elle fait ou qu’elle simule une bêtise, elle cherche à se faire pardonner, et elle me regarde alors avec un air attendri, les yeux papillotant, les lèvres légèrement ouvertes, mais ramassées en un petit sourire innocent ! Elle ne changera jamais, craquante, malgré sa couche de maquillage… Et puis ces cheveux blonds très clairs coupés assez courts qui mettent en valeur son petit nez et lui dessine un profil de petit oiseau ! En ce moment c’est mon petit oiseau qui veut se faire pardonner ! J’ai envie de le prendre, de le caresser, de lui donner la becquée !

– Tu sais que t’es craquante quand tu veux ?
– Seulement quand je veux ? Me répond-elle, une lueur coquine dans les yeux.
– Tu sais que j’aime quand tu me regardes comme ça !
– Je n’ai pourtant rien de spécial.
– Tiens tourne-toi donc, je vais t’apprendre à être tout le temps en retard !
– D’accord, tu me punis, mais avant faut que j’aille faire pipi… A moins que ça ne t’intéresse ?
– Et bien, non pas de pipi, tu n’as qu’à te retenir, ça fait partie de la punition !
– Cruelle !
– Bon, alors tu te retournes ou pas ?

Elle se tourne, me présente son cul.

– Si tu enlevais ton pantalon, ce serait plus pratique, non ?

Elle l’enlève mais conserve un très joli string rouge.

– Mignon, ce string, tourne-toi que je vois l’autre côté.
– Il faudrait peut-être que tu te décides, un coup faut que je me tourne, un coup faut que je me retourne… Bon, alors il te plaît, j’ai le soutif assorti, tu veux le voir aussi ?
– Bien sûr !

Elle enlève son pull, j’ai en ce moment davantage envie de la serrer dans mes bras que de lui botter le cul, mais une promesse est une promesse, et puis de toute façon elle n’attend que ça ! Je m’empare d’une longue spatule en bois, je fais de nouveau se retourner Anna, et je commence à frapper ses jolies petites fesses.

– Aïe !
– Tu ne vas pas commencer à rouspéter, sinon je vais taper plus fort !
– Aïe ! Aïe ! Braille-t-elle.
– Holà ! Du calme, les voisins…

Mais j’ai compris le message, mademoiselle veut que je frappe plus fort, ce ne sera pas un problème, je m’assois, la fait coucher sur mes genoux, et délaissant un moment la spatule, je lui applique une série de fessées qui ont tôt fait de lui rougir le cul.

– Encore, ça m’excite !
– Mais tu vas te taire un jour, oui ?

Elle gigote comme ce n’est pas possible

– Tu ne pourrais pas rester tranquille ? Lui fis-je remarquer avant de me servir de nouveau de la spatule.
– Je t’assure, j’ai trop envie de pisser, si tu ne me laisse pas y aller, je vais faire sur moi et je vais t’en foutre partout.
– Essaie un peu, tu vas voir ! Répondis-je cognant encore un peu plus fort.

Et soudain, Anna cessa de gigoter, ce n’est qu’une minute après que je sentis l’humidité sur mes cuisses, cette andouille avait mis sa menace à exécution.

– Mais t’es pas un peu malade, mon pantalon tout propre de ce matin !
– Je t’avais prévenu…

Son flot d’urine ne semble pas vouloir se tarir, j’ai les cuisses et les jambes trempées, même mes petits chaussons sont mouillés.

– Bravo, non mais regarde un peu le travail !

Je la vire pour mieux constater les dégâts, je me relève, Anna rigole comme une bossue, toute contente de sa blague, c’est communicatif, nous rigolons à l’unisson. Je réalise que j’ai beaucoup de choses à gérer en même temps, d’abord arrêter de faire bouillir l’eau des pâtes, ensuite essorer les bêtises d’Anna, (mais celle-ci m’a devancé et s’est emparée d’une serpillière) et après retirer mon pantalon trempé. Me voici le cul à l’air, nous sommes même deux le cul à l’air puisque ma copine a retiré son string victime lui aussi de ses grandes eaux. Je m’approche d’Anna, on s’enlace, on s’embrasse, on se roule un patin d’enfer en se pelotant mutuellement les fesses. J’ai une envie folle de m’envoyer en l’air. Je dégrafe le soutif de ma copine, m’empare de ses seins, les caresse, les embrasse, les mordille, ses tétons se redressent. Il m’est arrivé avec Anna de passer des après-midi entiers à se caresser, à se faire des bisous sans que cela finisse forcément en partie de jambes en l’air, mais aujourd’hui mon envie est bestiale.

Je l’embrasse un peu en haut des cuisses là où l’urine suinte encore, puis complètement déchaînée, j’attrape la main d’Anna, et l’entraîne dans la salle de bain où nous nous essuyons sommairement mais mutuellement. Elle tente de s’agripper après moi, mais je me dégage et me faufile dans ma chambre, lui demandant de me suivre. Et là, je m’installe en plein milieu du lit, les jambes légèrement écartées.

– Viens me sucer !

Et tandis qu’Anna-Gaëlle a déjà sa tête dans mes cuisses, puis sa langue dans ma chatte, je me serre mes bouts de seins jusqu’à leur faire mal. Déjà mon clitoris n’en peut plus, des vibrations de plaisirs parcourent mon corps, mon entre jambe est mouillé, je réalise de façon très triviale que j’aurais dû prévoir une serviette éponge, tant pis, je changerais les draps ! La langue d’Anna a senti ma jouissance proche, elle a toujours été une partenaire parfaite, et cette fois encore elle ne faillira pas, un instant elle s’arrête, juste un instant elle relève la tête, me fait un petit sourire. Je le lui rends, mais pose ma main sur ses cheveux et replace son visage là où je veux qu’il continue à me donner du plaisir, les ondes se rapprochent, je commence à m’agiter, à geindre, à respirer de façon haletante, puis c’est l’explosion. Alors comme souvent, ma complice quitte sa position pour venir s’allonger sur moi et à ce moment-là, nos peaux et nos corps se touchent dans un grand élan de tendresse et d’amour. On a passé ensuite un temps infini à se caresser, à se bécoter, sans se presser, en faisant des haltes pendant lesquelles on se mettait à discuter de tout et de rien, elle m’a fait jouir encore deux fois, je lui ai rendu la pareille, on est bien l’une à côté de l’autre, nues et repues. J’ai fini par me lever, constatant avec stupeur qu’il était près de 17 heures et que je n’avais toujours pas fait mes courses.

– Je t’ai dit qu’on allait les faire ensemble, et après on ira au restau, ça creuse tout ça ! Alors pour ce séjour, ça te dit ?
– Ça colle, je te laisse organiser tout ça !

Vacances alpestres

Samedi, 9 heures du matin. Nous avions rendez-vous dans une agence locale, dans cette petite ville frontière de la Haute-Savoie. Deux types, entre vingt et trente ans, étaient à l’intérieur, le premier nous accueille de façon très commerciale, mais c’est le second qui intrigue, assis sur une chaise dans un coin, il était occupé à jouer avec une Gameboy ou un engin similaire quand il nous vit arriver : Il nous regarde alors comme si nous descendions d’une soucoupe volante, sans aucune retenue, à tel point que ça en devient gênant… Il est vrai qu’Anna a tendance à se sur-maquiller, et ce mini short rose lui va à ravir, mais moi, je n’ai rien de spécial sauf mes tresses blondes… d’ailleurs à chaque fois que je me suis fait mes tresses blondes il m’est arrivé des emmerdes, mais cette fois j’ai voulu conjurer le mauvais sort. Nous nous efforçons de ne pas croiser le regard inquiétant de l’homme du fond. Quant à l’autre type, il est prévenant, mielleux, presque obséquieux et après quelques formalités réduites au minimum, il nous demande que nous le suivions en voiture :

– Vous n’êtes pas garées trop loin ? Demande-t-il.
– Ben si, on est garé à Paris !
– Pardon ?
– On est venu par le train !

Le mec à l’air consterné. Je ne vois vraiment pas où est le problème… et puis soudain son visage s’éclaire et tel Archimède venant de découvrir le principe, il nous déclare tout content de sa découverte.

– Mais vous pouvez en louer une !

C’est sans compter sur Anna-Gaëlle qui proteste du fait que le contrat ne signalait nulle part ni qu’il fallait venir en automobile ni qu’il fallait en louer une si on faisait le voyage autrement…

– Mais bien sûr que ce n’est pas signalé, c’est juste une commodité, le coin est à sept kilomètres d’ici en pleine montagne et il n’y a rien là-haut pour s’approvisionner à part l’eau de source ! Ironise l’homme.
– Ça non plus, on s’est bien gardé de nous le dire !
– Vous savez, moi je suis juste un intermédiaire !
– J’ai bien envie de leur téléphoner à l’agence à Paris !
– Ça changera quoi ?

Bref la palabre… le mec devient mal aimable. On lui explique qu’on va sortir un instant se concerter toutes les deux. Il devient congestionné et se retient manifestement de ne pas nous traiter de tous les noms. Anna se rendant compte de l’état du pauvre type sort de la boutique en tortillant des fesses, par pure provocation.

– Bon, on se casse ! On dénonce le contrat, on dira que nulle part, il n’était précisé qu’on serait obligé de se servir d’une bagnole ! Commence Anna
– Ah, oui, et on fait quoi après ?
– On va se prendre un hôtel dans le coin pour dormir cette nuit et pour le reste on réfléchira…
– C’est peut-être dommage, moi j’aurais bien aimé voir le cadre qu’ils nous proposent.
– C’est une question de principe ! Répond doctement Anna !
– Si vraiment on a affaire à des arnaqueurs, il doit y avoir d’autres surprises qui nous attendent là-haut, autant aller voir, et si on veut se faire rembourser, autant avoir le maximum de motifs !

Anna se range à l’argument, on revient dans la boutique. Le type est buté comme ce n’est pas permis.

– Mais enfin, pourquoi ne voulez-vous pas louer une voiture tout de suite ?
– Non, vous nous emmenez là-haut, on prendra une décision et vous nous redescendrez… répond Anna en dégrafant un bouton de son chemisier.
– Mais, écoutez ce n’est pas logique… Commence à protester l’autre en reluquant le décolleté de ma complice.
– Qui vous a dit que nous étions logiques ? Lui rétorque Anna, se reboutonnant.

Quelques minutes plus tard, nous étions rendues dans notre village de rêve ! Drôle de rêve, le village est en ruine, une seule maison a été restaurée (une seule, pas deux)

– Voilà c’est là ! En fait le programme de restauration commence tout juste, et cet été il n’y a que deux locations de prêtes. Mais venez donc voir comme c’est mignon…

Mignon est peut-être exagéré, il doit d’agir d’un ancien corps de ferme à l’ancienne. La maison s’élève sur un étage accessible par un balcon et une balustrade extérieure. Le rez-de-chaussée est flanqué de trois portes, plus une autre juste sous l’escalier… Devant tout ça une cour assez grande aux extrémités de laquelle deux grandes tables et des bancs ont été aménagés sous deux tonnelles différentes.

– Voilà, vous êtes au rez-de-chaussée, et comme il n’y a pas d’enfants avec vous, vous allez être à l’aise… Venez, je vais vous montrer l’intérieur…
– Et vous vous figurez qu’on va accepter de rester toutes les deux toutes seules dans ce coin paumé. On n’a pas envie de se faire trucider… Proteste Anna.
– Vous ne serez pas seules, il y a un couple qui devrait arriver dans la journée, ils ne devraient plus tarder maintenant.
– S’ils ne se désistent pas !
– Non, ils ont téléphoné.
– N’empêche qu’on va être quatre complètement isolés. Deux ou quatre, qu’est-ce que ça change ?
– Ecoutez ! S’impatiente le gus. Si ça ne vous plaît pas, on redescend, et vous débrouillez avec les gens qui vont ont vendu ce séjour…

Je jette un coup d’œil sur l’environnement, c’est assez dément, d’un côté un champ de bruyère sauvage au pied d’un immense mur rocheux, de l’autre la rondeur de la vallée au milieu de laquelle coule un petit ruisseau. Et plus loin ce sont les vraies montagnes, leurs bouquets de sapins, leurs neiges éternelles, et leurs flancs tiraillés. La vision est grandiose, le calme est absolu, l’air que je hume me semble venir d’un autre monde. J’aime cet endroit, j’ai dit l’endroit pas la baraque…

– Quand même ce cadre ! M’exclamais-je à l’intention d’Anna que je ne sentais pas trop chaude.
– Ça ferme bien à clé tout ça au moins ?
– Oui, oui, ce sont des serrures de sécurité, et toutes les fenêtres ont été barreaudées et équipées de volets métalliques ! Répond l’autre qui reprend un peu espoir.
– Tu parles ! Si un mec veut nous zigouiller, un coup de hache dans la porte et boum, et elles vont faire quoi vos serrures de sécurité ? Ce qu’il fallait poser ce sont des portes blindées avec un double système d’alarme…
– Bon, pour la dernière fois… Rouspète, le gars de l’agence excédé, coupant Anna, vous restez ou pas, parce que je n’ai pas que ça à faire ?
– Mais merde cassez, vous ! S’emporte alors ma copine, sortez nos bagages et foutez le camp, on peut faire sept kilomètres à pied, on n’est pas cul de jattes.

J’interviens pour calmer le jeu. Je demande à voir l’intérieur, c’est propre et confortable, il y a une grande cheminée, et le gars de l’agence de nous préciser qu’on a bien de la chance parce que ceux du premier ils n’en ont pas, eux… On découvre aussi la petite source jaillissant sur le côté de la bâtisse, je chuchote à Anna Gaëlle que j’aimerais bien rester une nuit, et qu’on se barricadera. Elle finit par accepter du bout des lèvres.  » Monsieur l’agence  » demande à présent que nous établissions deux chèques, un pour la location, et un autre pour la caution. Je sors un chéquier et royalement signe les deux chèques devant Anna qui ne suit plus très bien.

– Je vous redescends ! Propose alors le type !
– Non, on va se dégourdir les jambes, mais donnez-nous l’adresse du mec qui loue des bagnoles. Répond Anna me laissant devant le fait accompli.

Il s’en va !

J’explique à Anna que j’ai signé les deux formules sur un chéquier d’une banque chez qui je n’ai plus de compte. Je n’aime pas trop ces pratiques, mais arnaque pour arnaque… Je propose donc à ma copine de passer le reste de la journée ici, ainsi que la nuit et une partie du lendemain et après basta.

Le râleur parti, on visite un peu mieux l’endroit, on prélève de nos bagages tout ce qui pourrait se voler, on change de chaussures et on entreprend de redescendre… j’avoue ne pas comprendre pourquoi Anna nous impose cette sotte descente, mais après tout peut-être est-ce là sa conception des vacances sportives ?

C’est long, ces sept kilomètres, ça n’en finit pas, Anna n’a pas l’air en forme depuis un moment. Je le lui fais remarquer :

– Tu as vu, il n’y a pas un chat ! Répond-elle.
– Ben tu voulais le calme, on va être servi !
– Oui, mais si quelqu’un veut nous zigouiller, pas de témoins, et on est à peine protégées.
– Faut peut-être pas exagérer, il n’y a pas un crime tous les quart d’heures à la montagne non !
– C’est ça fous-toi de moi ! N’empêche que j’ai la trouille, ça ne se commande pas !
– Bon alors tu veux pas qu’on reste ce soir ?
– Finalement non ! On a qu’à louer une bagnole avec ton chéquier bidon, on reprend nos affaires et on se tire ailleurs, on trouvera bien un petit hôtel par-là.
– C’est ça, en plein mois d’août ! Tout est loué, oui…
– Alors on fait quoi ?
– On passe la nuit là-haut et demain on verra, on aura toute la journée pour s’organiser.
– Non ! Répond-elle sèchement.

C’est alors que je suis sortie de mes gonds !

– Ecoute, Anna, tu nous emmerdes, c’est toi qui as choisi la location, c’est toi qui as bouquiné la brochure, là-haut tu semblais d’accord pour rester une nuit, alors on fait comme ça, sinon c’était vraiment pas la peine de se farcir sept kilomètres à pied et d’être obligées de louer une bagnole.
– J’ai le droit de changer d’avis, non ?
– Changer d’avis, oui, mais emmerder le monde, peut-être pas !
– Ah ! Bon ! Alors c’est très simple, une fois en bas, je loue une bagnole, je récupère mes affaires, et je me tire, si tu veux me suivre, tu me suis, mais tu n’es vraiment pas obligée.
– Mais…
– Fous-moi la paix !

Et la voici qui s’éloigne de moi, on marche maintenant à quatre mètres l’une de l’autre, elle boude carrément, et ça dure, ça dure, voilà une demi-heure qu’elle ne pipe pas un mot, et Anna Gaëlle qui ne prononce pas une parole pendant un temps aussi long, je vous assure que je n’étais vraiment pas habituée. Ça n’a aucun sens il faudra bien que l’une des deux cède, on ne va pas se fâcher pour une embrouille aussi débile. Je jette un coup d’œil mais, manifestement elle fait ce qu’il faut pour ne pas regarder dans ma direction. J’attends, après tout, ce sera peut-être elle qui craquera la première ?
Un quart d’heure plus tard :

– Anna ?

Cette fois, elle a, de façon très imperceptible, mais elle a bougé son regard, elle en a marre de cette situation, c’est clair.

– Anna !
– Fous-moi la paix !
– Juste un mot !
– Je ne veux pas que tu me parles !
– Alors je ne te parle pas, mais je voudrais quand même te dire un mot et après je la ferme, je peux ?

Pas de réponse. Je lance :

– Bon alors je m’excuse pour ce que j’ai dit tout à l’heure, j’étais énervée, tu as raison on va se tirer d’ici dès ce soir

Et hop, la voici qui pile sec sur la route ! Elle me regarde, un peu surprise :

– On fait la paix alors ? Dit-elle
– Bien sûr qu’on fait la paix !

Et la voilà qui se précipite vers moi pour m’embrasser, j’ai tout de suite ses lèvres sur les miennes et quelques secondes après nous voici en train de nous rouler un patin en plein milieu de cette route en lacet.

– Tu sais Chanette, c’est moi qui suis conne, en fait on va faire comme tu disais, on reste là-haut ce soir et après on verra.
– Faudrait savoir, moi je suis prête à partir si tu veux !
– Alors on tire au sort ! Pile ou face ?

Ouf, ça fait du bien, cette descente silencieuse et boudeuse commençait à devenir pesante.
C’est donc le sort qui nous indiqua de rester le soir ! Nous avons fait quelques courses, loué la voiture et entrepris de remonter prudemment la route. Evidement en auto, et même en roulant doucement ça va autrement plus vite… Et c’est à mi-chemin que nous avons aperçu un couple d’auto-stoppeur.

– On va aux sources bleues, vous connaissez !
– Nous aussi !

L’agence des Vallées

Julien C, le gérant de l’agence de location laissait éclater sa hargne :

– Deux clients de suite qui arrivent à pied ! N’importe quoi ! C’est bien les Parisiens, ça ! S’imaginer qu’on peut passer ses vacances dans le coin sans avoir de bagnole !

Son frère, Cyril, pris à témoin de sa mauvaise humeur, ne releva pas la tête, tout occupé qu’il était à essayer de terminer le dernier niveau de son jeu de Gameboy.

– Ils sont tellement conditionnés par le métro et l’autobus qu’ils croient qu’il y en a partout. Quelles bandes d’assistés !

Les deux frères étaient très différents, l’aîné, Julien avait repris la petite affaire de ses parents quand ceux-ci s’étaient mis en retraite, ce travail peu compliqué lui convenait parfaitement, encore fallait-il que rien ne vienne en troubler le trantran quotidien.

– Si ça continue, je vais laisser tomber les locations de vacances et ne conserver que l’immobilier, au moins là, on est pas emmerdé.
– Putain, ça y est j’ai tué le boss ! J’ai fini le jeu, s’exclama Cyril.

Cyril à 28 ans n’avait pas trouvé d’emploi fixe, il subsistait de petits boulots à droite et à gauche et quand l’occasion lui en était donnée, il aidait son frère, soulageant notamment celui-ci des visites d’appartements qu’on savait sans suite. Il était toujours célibataire et même puceau, il faut dire que souffrant d’une sérieuse surcharge pondérale, il avait tendance à s’isoler des autres, et passait pour un original, ses passions allaient vers les jeux solitaires, sa Gameboy bien sûr mais aussi des jeux incompréhensibles dont il était le seul à connaître les règles… Et puis bien sûr une des activités solitaires qu’il prisait le plus était la masturbation. Bien que possédant une jolie petite collection de cassettes vidéo explicites, ce qu’il préférait c’était fantasmer sur un visage ou sur une silhouette rencontrée par hasard, et dans ses rêves, il la regardait se déshabiller très lentement, la caressait et puis… Et puis rien d’autre car quand il en arrivait là il avait déjà joui, non pas qu’il était éjaculateur précoce, mais ses fantasmes se suffisaient des préliminaires.

Cyril rangeât sa Gameboy, cette activité étant terminée, il pouvait maintenant passer à autre chose, il prit une profonde inspiration et interpellant son frère, il lui dit :

– Les deux nanas, tu n’as pas été très gentil avec elles !
– Je n’ai pas besoin d’être gentil avec des emmerdeuses.
– Elles ne vont pas rester ?
– Qu’elles fassent ce qu’elles veulent… Je m’en fous elles m’ont réglés…
– Oui, mais elles sont fâchées !
– Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ?
– Moi, ça me gêne, j’aurais pu aller les voir, causer avec elles, les regarder.
– Les regarder !
– Oui, elles m’excitent surtout celle qui a les cheveux courts.
– Arrête de rêver, t’as vu son genre ? T’as vu le maquillage ? Peut pas être naturelle, non ? On dirait une pute ! Et si ça se trouve ce sont des gouines !
– Si tu leur remboursais la location de la voiture, ça serait sympa !
– Mais en quel honneur ! Je ne leur dois rien !
– OK merci de ta collaboration. Répondit alors Cyril mettant fin à la discussion.

Il regretta d’avoir parlé de ça à son frère, ça faisait partie de ses défauts, il était parfois trop impulsif. D’autant que l’idée lumineuse venait de germer dans son esprit, et c’était tout simple ! Sans doute, se dit-il, l’habitude des jeux de stratégie. Restait à savoir quand il lui faudrait passer à l’action, il ne fallait pas se précipiter, mais il ne fallait pas non plus tarder.

Delphine et Thibault

Le couple monte dans la voiture, ils ont l’air tout content d’avoir trouvé quelqu’un, je les comprends, leurs sacs à dos doivent peser des tonnes.

– Vous venez pour la location alors ?
– Oui, ça fait une trotte ! Répond la fille
– Le gars de l’agence ne vous a pas proposé de vous conduire ?
– Disons qu’il nous a accueilli un peu sèchement quand on lui a dit que nous n’étions pas en voiture, et puis le ton a un peu monté, et on lui a dit qu’on pouvait très bien monter sans lui…

Nous voici arrivés, on se présente sommairement…

– Moi c’est Christine… (Chanette, c’est uniquement pour l’intimité…)

La fille doit avoir une vingtaine d’années, elle se prénomme Delphine, grande, des lunettes, le visage agréable avec de jolis yeux bleus, mais sans aucun maquillage, la coiffure envahie de barrettes est une catastrophe, elle fait très vieille France. Lui c’est Thibault, la même tranche d’âge, maigre, sec, brun, assez quelconque, mais avenant. On échange quelques banalités, ils étaient dans le même train que nous, mais avaient pris leur temps pour prendre un petit déjeuner.

– Comme ça si le temps s’y prête et qu’on est en forme, on va faire une première longue balade, si ça vous dit, vous pourrez venir avec nous ! Propose Thibault.

Je refuse poliment au prétexte que nous souhaitons nous reposer, je n’ai pas trop envie de me coltiner des gens que je ne connais pas, c’est mon côté sauvage.

Chacun alla donc de son côté, afin de s’installer, on a grignoté sur le pouce avec Anna, puis histoire de se reposer d’un voyage de nuit assez fatiguant, nous avons été prendre une douche avant de se laisser gagner par une sieste réparatrice (et fort sage)

Cyril s’est mis en embuscade, d’où il est et à l’aide de ses jumelles, il peut surveiller la cour devant le corps de ferme. Il faut qu’il puisse parler aux deux filles sans la présence du couple. Comme Thibault et Delphine sont partis depuis un moment, l’affaire se présente plutôt bien. Il n’a plus qu’à attendre que ces demoiselles veuillent bien montrer le bout de leur nez…

Nous nous sommes réveillées en fin d’après-midi, le petit couple n’était pas là, et nous décidions alors de faire une petite promenade de santé avant de préparer le dîner. C’est au moment de se mettre en route qu’un moteur de voiture nous surprend. Le véhicule stoppe dans la petite allée en contrebas à 50 mètres de la ferme, et s’engage dans le chemin rejoignant la courette. C’est Cyril ! La présence ici de ce gros plein de soupe qui nous avait regardées si bizarrement à l’agence ne me dit rien qui vaille.

– Euh mesdames ! S’égosille-t-il, dès fois qu’on ait pas entendu son arrivé pétaradante.

Il s’approche de nous, nous regarde de façon toujours aussi appuyée, surtout Anna d’ailleurs, laquelle a un geste d’agacement :

– Qu’est ce qui se passe ?
– J’ai une bonne nouvelle pour vous.
– Et bien dites-la !
– On a négocié avec l’agence qui vous a vendu le séjour, ils vous font cadeau de la location de la voiture, j’ai réussi à convaincre mon frère de leur téléphoner.

Il est tout content de son gros mensonge, à ce moment-là, il ignore comment il gérera la suite, il paiera de sa poche si les choses se passent bien et si ce n’est pas trop cher, sinon il verra ! Il s’attendait à une manifestation d’enthousiasme de la part des deux femmes à cette annonce, mais le contact reste froid, très froid…

– Ça me semble être la moindre des choses ! Répond Anna, merci de vous êtes déplacé pour nous le dire ! Autre chose ?
– Non, vous savez, je suis désolé que mon frère vous ait si mal reçu, il ne faut pas lui en vouloir, il a des ennuis en ce moment… Commence Cyril
– Tout le monde a des ennuis ! Le coupais-je. Bon, on vous laisse, on partait en promenade.
– Ah, oui, il y a des jolis coins par là, si vous voulez, je peux vous indiquer les belles balades, je connais bien la montagne…
– Ecoutez, nous n’en doutons pas un seul instant, mais, pour le moment on a besoin de rien ! Au revoir monsieur.

Cyril

Cyril est vexé, il ne s’attendait, certes pas à ce qu’on lui saute au cou vu ce qu’avait été l’ambiance du matin, mais un sourire éclairant le visage d’Anna lui aurait suffi, il retourna vers la voiture qu’il avait empruntée à son frère, dépité. Un moment, il envisagea de remettre à une autre fois la masturbation qu’il avait envisagée de s’octroyer, mais il se reprit, ce n’est quand même pas ces deux pétasses qui allait l’empêcher de prendre du plaisir !

Il fit avancer son véhicule de trois cent mètres, se gara, puis s’avança dans un épais fourré, il dégotta assez vite un endroit qui lui convenait, il se déshabilla alors presque complètement, ne conservant que ses chaussures et ses chaussettes. Il aimait être nu, dans cet état, il se trouvait presque beau, un peu enveloppé, certes, mais il trouvait que cela lui allait très bien. Il ne comprenait pas pourquoi les filles ne s’intéressaient pas à lui, comme si seule l’apparence physique comptait, il se trouvait pourtant des tas de qualités, il connaissait plein de choses. Depuis qu’il avait récemment abordé ce sujet sur Internet, il savait aussi que certaines femmes ne détestaient pas une certaine corpulence masculine, il suffisait de chercher, de multiplier les occasions de rencontres, mais il ne se pressait pas.

Cyril commença sa masturbation, il avait prévu de le faire en évoquant le visage d’Anna-Gaëlle, mais il chassa cette idée, il hésita pour la remplacer entre la serveuse du café du commerce et le minois de l’actrice qui jouait le rôle de « Buffy contre les vampires » à la télé, mais l’évocation fantasmatique ne fonctionnait pas trop. Malgré tout, sa mécanique digitale parvint à faire raidir convenablement son membre. Il était tout content de le voir comme ça ! C’est qu’il l’aimait bien son zizi, il en était fier, et de le voir bien bandé l’excitait davantage. C’était comme il se plaisait à le dire une sorte de mouvement perpétuel : il s’excitait de se voir excité. Le visage d’Anna revint le hanter. Il renonça cette fois à le chasser. Cette fille n’était peut-être pas si méchante, elle était peut-être tout simplement de mauvais poil ? Oui c’était ça ! Il referait une seconde tentative d’approche, il ne savait pas trop comment, il chercherait, il trouverait bien… Sa main agitait maintenant sa verge de façon frénétique, une petite goutte de pré jouissance apparut sur son méat. Il s’en barbouilla le gland qui devint luisant. Ça allait trop vite, il décida de faire une pause, il se caressa, se pinça légèrement les tétons, puis s’enfonça premier doigt dans l’anus, puis un second. Mais toutes ces diversions, loin de raidir son sexe le rendaient encore plus près de l’explosion. Il réclamait sa main. Il s’en empara, voulu contrôler la vitesse de ses mouvements mais emporté par l’excitation se mit à l’agiter avec une folle frénésie pour finir par envoyer son sperme dans les fougères.

Petite balade

– Ils ne sont pas cons ! Commenta Anna, maintenant, ça va être difficile de dénoncer le contrat.

Notre ferme est légèrement en retrait en amont du petit village abandonné, nous contournons la ferme et on se fixe comme objectif le sommet de la pente sur laquelle, nous sommes. Les distances en montagne sont toujours trompeuses, et les chemins pas évidents, on renonce au bout d’une grande demi-heure à aller jusqu’au bout, et on entame la descente. On se figure toujours que descendre sur ses sentiers escarpés est plus facile que de monter ! Pas du tout, moins fatiguant, c’est vrai, mais bien plus casse-gueule, dix fois, vingt fois on manque de se retrouver la bobine par terre, on en rigole, on s’amuse, on respire à pleins poumons. Anna est radieuse, cette petite escapade nous a fait un bien énorme y compris « moralement ». Finalement cet endroit nous plaît, et nous avons pratiquement gommé de notre esprit les vicissitudes de la matinée. Nous étions cette fois bien parties pour rester quinze jours ici.

Le couple revenait lui aussi de sa randonnée, nous avons tout naturellement échangé quelques propos fort élogieux sur cet environnement qui nous émerveillaient tous… Et puis les choses se gâtèrent un peu…

– D’habitude, je vais toujours à la mer, mais cette année je voulais être au calme, loin des gens, loin du bruit, changer de vacances quoi, pour une fois… S’enthousiasmait Anna

C’est alors que le dénommé Thibault, jusque-là fort courtois cru bon de nous faire partager sa grande détestation des vacances balnéaires :

– … ce n’est pas sain… tous ces corps nus étalés…

Oups ! Je prends alors mon ton le plus sec :

– Je ne vois pas du tout ce que les vacances à la mer peuvent avoir de malsain. A ce que je sache, il n’y a jamais encore eu de viol public sur une plage… Bon, allez rajoutais-je à l’attention d’Anna, on va rentrer se changer, j’ai l’impression qu’un gros orage se prépare !
– Les vacances c’est pas de l’exhibition, quand même ! Reprend l’autre zèbre qui veut avoir le dernier mot.
– Ecoutez, chacun fait ce qu’il veut du moment qu’il n’emmerde pas les autres, alors pensez ce que vous voulez, mais s’il vous plaît, c’est notre premier jour de vacances, vous n’allez pas commencer à nous faire la morale !
– Et Dieu, alors ? Vocifère Thibault au bord de la crise de nerf.
– On s’en fout ! Répond Anna toujours aussi diplomate.
– Il y a bien quelqu’un qui a créé tout ça ! S’égosille-t-il en faisant un grand geste de la main en direction des sommets.
– Je n’ai pas envie d’en discuter ! Répondis-je.
– Vous fuyez la discussion !
– Bon, ça commence à bien faire. Je n’aime pas que l’on m’impose une discussion, c’est différent. Je suis sûre que si je vous en imposais certaines, vous feriez une drôle de tête. Et maintenant foutez-nous la paix !

Cette fois il ne répondit pas

– Il va falloir se farcir ce cornichon pendant quinze jours ! Soupire Anna.
– Bof, on les ignorera, c’est tout, qu’est-ce qu’on en à faire ! Alors sinon, on reste ?
– On va dire qu’on reste !

Delphine

Delphine ne comprend pas, c’est la première fois qu’elle voit Thibault perdre son calme aussi rapidement. Elle lui en parle, il ne trouve pas d’explication, invoque bêtement le changement d’air. Catholique, mais peu pratiquante, contrairement à sa meilleure amie qui l’avait entraîné au rassemblement organisé pour la visite du pape en France, c’est à cette occasion qu’elle avait fait la connaissance de Thibault, qui poursuivait des études de pharmacie, l’homme était prévenant, courtois, possédait un certain humour et n’était pas sans un certain charme, certes elle se serait bien passé de son rigorisme religieux, mais savait aussi que personne n’est parfait et que les choses évoluent avec le temps. Il était d’ailleurs plus rigoriste qu’exalté et n’arborait pas comme certains une attitude de fan devant le personnage du vieux pontife. Quand Thibault lui avait proposé de se fiancer, elle avait répondu qu’il était trop tôt, qu’ils ne se connaissaient pas encore assez. C’est si facile de ne dévoiler que ses qualités quand on ne vit pas avec l’autre. En fait, elle était incapable de dire si elle l’aimait ou non. C’était pour Delphine sa seconde liaison « sérieuse » avec un garçon, la première s’était terminée par un fiasco, elle en était ressortie avec pas mal d’illusions en moins et un pucelage à jamais perdu. Curieusement Thibault ne lui avait jamais demandé si elle était vierge. Il faudrait donc qu’elle l’en informe. Cette quinzaine de vacances ensemble constituerait donc un test. Il n’était pas question de relations sexuelles et auraient chacun leur chambre… Mais dans ce domaine aussi Delphine n’était pas contre ce que les choses évoluent.

Thibault

Thibault était énervé, déjà cette épreuve de quinze jours de vacances l’affolait à plusieurs titres car sous son masque de catholique très rigide se cachait un être fragile. Thibault avait bien conscience de ne pas être parfait, il avait notamment de gros problèmes avec le sexe, si tout son discours le rejetait, son corps en réclamait, et c’était souvent qu’après des jours d’abstinence, des images « salaces » se formaient dans son esprit, il savait alors que seule une efficace masturbation pouvait le calmer. Il en avait pris son parti, se disant que le mariage le remettrait sur des rails un peu plus catholiques. C’est aussi pour cela qu’il avait choisi Delphine. Dans les milieux qu’il fréquentait, il avait côtoyé des filles encore plus rigides que lui, celles-là étaient sans doute incapables d’admettre un seul travers, Delphine lui paraissait plus compréhensive, encore fallait-il qu’il ait le courage d’aborder avec elle ces problèmes, et cela le terrorisait.

Mais il y avait autre chose, depuis qu’il avait découvert le visage de Christine, une question le taraudait : où l’avait-il déjà rencontré ? Il pensa d’abord à un simple flash dans le métro ou dans la rue, la mémoire est parfois si capricieuse ! Puis il se rendit compte que l’explication n’était pas bonne… Il y avait la voix ? Où avait-il entendu cette voix ? Il avait beau chercher… Etait-ce pour cela que cette femme le mettait si mal à l’aise ?

Première nuit

L’orage est tombé juste avant le dîner, coupant court à notre idée de le prendre dehors. Cinq minutes d’une violence inouïe, des tombes d’eau, la cour toute détrempée, un tonnerre assourdissant, des éclairs peu rassurants, puis le calme. On s’est retranchée dans la cuisine avec Anna et on s’est envoyé une bonne plâtrée de tagliatelles. On avait prévu de l’accompagner d’un petit rosé, mais impossible de trouver un tire-bouchon dans cette baraque, ce n’est pas bien grave, l’eau de la source est très bonne et demain nous achèterons un tire-bouchon…

La chambre est petite, mais n’a pas besoin d’être plus grande. L’éclairage provenant uniquement des chevets est réduit au minimum. On s’apprête à se coucher :

– Putain, ces volets, je n’arrive pas à les fermer à fond ! Tempête Anna.
– C’est pas grave, j’aime autant qu’il y ait un peu d’air, allez dodo !

Je ferme la lumière, Anna sort de la chambre probablement pour aller pisser, elle pisse tout le temps ! Au bout de cinq minutes, la voilà qui revient, on va peut-être enfin pouvoir dormir.

– Rallume un peu, on ne voit rien !

Elle est chiante, j’éclaire avec la petite lampe de ma table de nuit. La vision de la nudité d’Anna dans le clair-obscur est tout à fait troublante, la pale lumière sculptant les courbes de son corps. J’ai soudain l’envie irrésistible de lui embrasser les seins.

– Je croyais que tu avais sommeil ?
– Juste un bisou, on dormira mieux après !
– Tu éteins !
– Je préfère te voir, hum c’est bon…

Le voyeur

L’homme est dans la cour, l’orage a rendu l’atmosphère moins étouffante. Le ciel est à nouveau dégagé laissant apparaître un somptueux champ étoilé. Ce spectacle l’apaise. La dernière lumière de la maison s’est éteinte depuis cinq minutes… Mais voici qu’elle se rallume ! L’homme attiré par le mince filet de lumière s’échappant de ce volet mal fermé s’approche : il n’en croit pas ses yeux !

Nous

Est-ce la magie de cette lumière qui n’en est pas une, réduisant mon amante à ses courbes, ou la volonté d’éliminer l’accumulation de stress de la journée, toujours est-il que j’ai brusquement envie de faire l’amour. Mes sucions sur ses seins commencer à produire de l’effet sur Anna qui se met déjà à geindre, mais elle reste passive, je l’abandonne, lui fais un sourire qu’elle ne voit sans doute pas. Force sans doute de l’habitude de nos deux corps qui se connaissent, elle me rend d’instinct la pareille, emprisonnant de ses lèvres mes pointes érigées, je me pâme à mon tour tandis que nos mains se font baladeuses, et j’empaume ses fesses comme si mes mains venaient de les découvrir. Nos bouches se mélangent avant de partir à l’assaut de nos corps insatiables. Saveur salée d’une épaule, d’un bras, d’une cuisse, d’un petit ventre… Nous nous sommes retrouvées dans la soixante-neuvième position de façon quasi automatique, je suis au-dessus d’elle comme presque toujours, sans doute parce que c’est moi la dominatrice ! Sa chatte a tôt fait d’être sur ma bouche.

– Dis donc, ça sent un peu le pipi tout ça !
– Et alors tu ne vas pas me dire que ça te gène ?
– Fais-moi une goutte !
– Je ne vais pas pouvoir, je viens de faire…
– Méchante !
– Lèche-moi ! Si tu ne me lèches pas, je ne te lèche pas !
– Tu vas voir : Répondis-je m engouffrant à nouveau dans son intimité que ma langue balaie.

Je m’octroie une petite diversion sur son petit œillet fripé, dont je sais apprécier la saveur légèrement âcre.

– Fais gaffe, j’ai été chier, je me suis pas essuyée, j’ai pas trouvé le papier.
– Menteuse !
– C’est comme tu veux, mais je t’aurais prévenu.

En fait elle ne mentait pas, mais lui lécher le cul ne m’a pas gêné tant que ça. Quand on est bien excitée,, ça aide !

– Vas-y lèche moi bien le trou du cul. M’encourage ma complice

Je continue mais me déplace un peu. L’humidité de ma bouche rencontre celle que son sexe ne tarde pas à prodiguer. Anna a toujours été une grande mouilleuse et je m’en régale, tandis que mon propre clitoris vacille sous les coups de langue de chat octroyés par ma partenaire préférée. Je me sens venir vite, accroche le drap de façon nerveuse avec mes ongles, me retiens de crier, afin de ne pas réveiller nos colocataires, je reprends mon souffle, puis fais venir à son tour Anna vers le plaisir. Elle fut beaucoup moins discrète que moi, récupéra quelques secondes puis se mit à rigoler. Quelques secondes après nous étions blottis l’une contre l’autre et le sommeil nous rattrapa aussitôt, sans que nous ayons éteint la lumière du chevet.

Le voyeur – suite

Il a beau se dire quelque part que c’est contre nature, mais ces deux formes qui se frôlent, qui se caressent et qui se font l’amour dans ce clair-obscur possèdent quelque chose de rare, ce n’est plus de l’érotisme ordinaire, c’est autre chose, c’est déjà une occasion rarissime de pouvoir observer un tel spectacle, il sait déjà que sans doute plus jamais dans sa vie il ne sera de nouveau l’observateur de ce genre de choses. Alors pourquoi ne pas profiter de cette vision qui le subjugue, mais surtout qui le met dans un état physique le rendant incapable de tout autre raisonnement. Son sexe est dur comme une pierre. Il le sort, il sait bien qu’excité comme il est-il n’aura besoin que d’un minimum de mouvement de masturbation pour jouir. Mais il veut retarder ce moment. Quand les deux filles repues de leur plaisir se sont enlacés l’une contre l’autre et ont cessé de bouger, il se dit que peut-être elles allaient reprendre cette trop courte scène après un nécessaire repos. Mais quand il vit qu’elles s’endormaient, il comprit à regret qu’il n’y aurait sans doute plus de suite ce soir. Alors après s’être refait le film de ce spectacle dans sa tête il se masturba. Comme prévu cela alla très vite, il éjacula avec une force assez rare, à ce point qu’une giclée atterrit sur le volet.

Il cherche quelque chose pour s’essuyer, fouille ses poches, en ressort un kleenex froissé, il l’approche du volet provoquant un inquiétant cliquetis et élargissant la mince ouverture. Il prend peur et détale.

Première nuit (reprise)

Le bruit nous réveille, sans bien réaliser, je me précipite à la fenêtre, je ne vois rien, de toute façon il fait un noir d’encre. Anna qui s’était enfuie dans la cuisine revient avec un énorme couteau à découper.

– C’est quoi ?
– Un coup de vent, je suppose, répondis-je sans y croire. De toute façon qui essaierait de rentrer par la fenêtre il y a les barreaux ?

On s’est recouchée peu rassurées, on a eu du mal à se rendormir.

Dimanche

Cet incident me préoccupait, je n’ai rien d’une Sherlock Holmes en jupon et ne savait pas trop comment trouver l’indice qui me rassurerait, d’autant que je ne souhaitais pas trop en parler avec Anna. Mes pas me portèrent presque naturellement à l’extérieur de la fenêtre de la chambre. Et là… Le choc ! Le terrain en simple terre battue avait été rendu meuble suite à l’orage et révélait de très nettes traces de pas. Quelqu’un avait donc traîné ses baskets ici et il n’était pas difficile d’imaginer qui cela pouvait être ! Sur un bout de papier, je reproduisais tant bien que mal l’empreinte bien caractéristique qui dessinait une sorte de Y. Continuant mon inspection, je remarquais aussi sur l’extérieur du volet une étrange salissure blanchâtre…

Nous avons pris notre petit déjeuner à l’extérieur, sous notre coin de tonnelle, sans nous presser, quelques minutes plus tard, nous voyons sortir Delphine et Thibault, je me demande qu’elle allait être leur attitude après le petit incident de la veille. Si la fille nous salue avec le sourire, son compagnon semble mal à l’aise, un simple bonjour, quoique j’ai l’impression un moment qu’il veut nous dire quelque chose, mais rien ne sort, je le regarde droit dans les yeux, répond à son salut de façon aussi brève que lui, il pousse une sorte de soupir, esquisse un sourire :

– On descend faire des courses, précise Delphine

Je me demande à ce moment-là s’ils ne vont pas nous demander de les emmener en voiture, mais comme de notre côté nous ne relançons pas la conversation, ils s’en vont en nous souhaitant une bonne journée. Ainsi, se délimitaient nos futurs rapports, polis, mais distants. Voilà qui nous convenaient parfaitement.

En descendant en ville pour faire quelques emplettes, je demandais à Anna de s’arrêter devant l’agence :

– Attends-moi, j’en ai pour cinq minutes !

J’entrais et comme je le pressentais, Cyril n’était pas là :

– Je suis venu changer mes chèques, je viens de me rappeler qu’à la banque xxx, je n’ai plus beaucoup de sous… Euh, au fait j’aurais aimé parler à votre frère.
– Il n’a pas prévu de passer aujourd’hui. Qu’est-ce que vous lui voulez ?
– Vous lui direz que la prochaine fois qu’il aura envie de mater, qu’il prenne des chaussures plus discrètes !
– Pardon ?
– Vous vous souviendrez ou il faut que je vous l’écrive ? Bon, je peux avoir un reçu pour les chèques ?

Ce n’est qu’après que je me suis décidée à confier à Anna ce qui se passait, estimant qu’il ne serait ni sain, ni intelligent de lui faire durer ce genre de cachotterie. Je m’attendais à une crise, il n’y en eut pas, elle manifesta même un calme exemplaire, souhaitant simplement que l’on achète une bombe lacrymogène et une torche électrique.

La journée se déroula sans incidents notables, elle resta ensoleillée jusqu’au soir. Nous décidions donc de dîner dehors. A l’autre extrémité de la cour, nos voisins de vacances avaient eu la même idée…

– Zut, on a oublié d’acheter un tire-bouchon ! Râle Anna.

Qu’à cela ne tienne, je décide d’aller demander aux deux zouaves s’ils n’en ont pas un.

– Non, désolé, on n’en a pas ! Répond Thibault.
– Il y en a peut-être un dans le tiroir de notre cuisine, et puis sinon tu as ton couteau suisse ! Proteste Delphine
– Non, non il y en a pas, j’ai regardé.

Bon tant pis, je regagne ma place, ça fera notre deuxième dîner à l’eau de source, après tout, elle n’est pas si mauvaise !

Delphine et Thibault

– Pourquoi tu mens ? Demande alors très posément Delphine à son camarade de vacances.
– Je n’ai pas pensé tout de suite au couteau suisse, et après je n’ai pas voulu me déjuger.
– Tu n’as pas pensé que tu avais un couteau suisse, toi qui es toujours à la recherche d’astuce pour faire quelque chose. C’était bien la peine de me pondre toute une théorie sur le mensonge, qu’est ce qui te prend. Va le chercher et prête leur !
– Pas trop envie de me lier à ces bonnes femmes !
– Mais enfin elles nous demandent un petit service, un jour on aura peut-être besoin aussi…

La fille se lève, grimpe au premier, puis redescend avec le tire-bouchon :

– Excusez mon copain, il n’a pas de mémoire ! Dit-elle simplement.

Nous (Intermède)

Chic, alors ! Nos brochettes seront meilleures. On ne peut malgré tout s’empêcher de lorgner sur la table de nos colocataires où malgré leur volonté manifeste de ne pas parler trop fort, ça à l’air de s’engueuler sévère. A tel point qu’à un moment Delphine laisse l’autre planté là et monte en courant dans leurs appartements, visiblement au bord de la rupture nerveuse.

Delphine et Thibault (suite)

Thibault n’en mène pas large, la bonne tactique consiste à laisser passer la crise, puis à avoir une franche explication avec Delphine. Encore faudrait-il qu’il y voie clair dans sa pauvre tête déjà occupée par ce visage qui l’obsède, ce visage dont sa mémoire refuse de dire où il l’a déjà rencontré. Un souvenir sans partage sans doute, car Christine, de son côté ne se pose manifestement pas la même question. Il est donc inutile d’aller la voir et de lui poser la question : « on ne se serait pas déjà rencontré quelque part ? »

Delphine ne comprend pas, quelque chose perturbe Thibault, mais elle n’a aucune idée de ce qui peut justifier une attitude aussi étrange. Mettre sur le compte de l’énervement son attitude de la veille, sans doute ! Mais qu’il récidive ce soir dépasse son entendement, d’autant que pendant la randonnée de l’après-midi, il était loin d’avoir retrouvé l’enthousiasme du premier jour. Pour la première fois, l’idée que ces vacances débouchent sur un échec s’insinua de façon forte dans son esprit.

Seconde nuit, puis lundi

Avant de nous coucher, Anna balaya la cour, maintenant plongé dans l’obscurité la plus totale de sa torche électrique s’assurant qu’il n’y avait aucun opportun, ensuite, je l’aidais à déverser plusieurs seaux d’eau devant la fenêtre afin qu’ils détrempent le sol. Nous nous sommes endormies enlacées l’une contre l’autre, après avoir laissé la lumière allumée pendant environ cinq minutes, mais nous abstenant ensuite de toute provocation.

Le matin, un spectacle impensable s’offrait à nos yeux, la terre avait de nouveau été piétinée, mais avec d’autres chaussures ! Cet abruti avait donc interprété les propos rapportés à son frère au premier degré.

– Bien, ce soir on sort l’artillerie lourde ! Dis-je à ma copine.

La journée fut ensuite marquée par un événement bizarre. Je ne sais pourquoi mes pas me portèrent dans le petit recoin où nos voisins de vacances avaient installé un petit séchoir à linge. Je ne sais pas non plus pourquoi mes yeux se portèrent sur cette paire de baskets accrochée par des pinces. Mais je vous laisse imaginer le choc ! La semelle était marquée du même Y que les premières traces de pas !

Bon, alors pas de panique, on se concerte avec Anna : première hypothèse, celle qui vient immédiatement à l’esprit c’est qu’on s’est trompé de coupable, ce ne serait donc pas Cyril notre voyeur mais Thibault ! Seconde hypothèse plus prosaïque, ce modèle de chaussures est peut-être tout simplement très répandu et on ne sait plus qui c’est ! Nous avions de toute façon décidé d’en finir, il suffisait d’améliorer très légèrement le plan prévu pour ce soir.

Ce jour-là, Thibault est parti seul en randonné, il nous a juste saluées d’un murmure, quant à Delphine, nous avons juste échangé quelques mots, elle nous a confié alors qu’elle ne se sentait pas « en forme » et effectivement ça se devinait.

Troisième nuit

La nuit venue j’installais une ficelle sur la partie centrale du volet de gauche, la fit passer le long du pied de lit afin de créer un effet de poulie, puis en laissait l’extrémité à ma portée sur ma table de chevet. De son côté, Anna entreprit de poser sous le rebord extérieur de la fenêtre presque tout ce que la cuisine contenait de poêles et de casseroles dans lesquelles elle prit soin de placer un certain nombre de cuillères petites et grandes.

Il ne restait plus qu’à attendre. Vers 11 heures on rallume, il ne se passe rien, on éteint, on attend encore cinq minutes, on rallume, toujours rien. Nous décidions alors de faire une troisième tentative. Lumière ! Moins d’une minute plus tard, nous entendons une véritable cacophonie le voyeur s’est empêtré dans les casseroles. D’un coup sec, je tire sur la ficelle libérant le volet. Anna active la torche électrique, de l’autre main elle tient la bombe lacrymogène.

Une silhouette qui s’enfuit.

– Arrête-toi ou je tire ! Gueule Anna !

Faut peut-être pas exagérer, l’objectif, c’est simplement de lui faire peur afin qu’il nous foute la paix ! Mais l’ordre est efficace, l’individu pile net, lève les bras au ciel dans un geste dérisoire.

– Retourne-toi, connard !

Il le fait, mais déjà nous avions reconnu Thibault ! Anna se met à l’engueuler :

– Bravo ! C’est bien la peine de jouer les moralistes, pour ensuite venir faire chier le monde, va te coucher minable, mais si jamais tu recommences…
– Mais, Thibault, qu’est-ce qui se passe !

Ça, c’est l’intervention (non prévue) de Delphine, inquiétée par tout ce bruit.

– Ce n’est rien, il y a eu du bruit…

Je cherche à minimiser l’affaire, maintenant qu’il a eu la trouille de sa vie, il est inutile de l’enfoncer davantage, mais cet abruti me couvre de sa voix et vocifère :

– Elles sont complètement folles. Je me suis reculé pour regarder les étoiles et je suis tombé dans une batterie de cuisine.

Je prends une profonde inspiration, essaie de me forcer à ne pas relever, mais je n’en ai pas la volonté :

– Hypocrite ! Lâchais-je simplement en habillant ce mot de tout le mépris dont je peux être capable.
– Rentre ! Lui demande Delphine qui parait déboussolée.
– Salopes, putains ! Sales gouines !
– Comment ça, « sales gouines », comment tu peux savoir ça ? Répond Anna

Et puis apercevant le détail qui tue, elle ajoute :

– Allez, dégage ! Mais faudra nous expliquer pourquoi tu regardes les étoiles, la braguette ouverte !

Thibault affolé, regarde son entrejambe, balbutie quelque chose d’inaudible, Anna enfonce alors le clou :

– Et les traces de pas hier et avant-hier, et la tache de sperme sur les volets, c’était les étoiles aussi ?

L’homme craque, il ne répond pas, s’en va un peu plus loin en courant et passe derrière la ferme. Avec cette obscurité, il ne peut aller bien loin…

Delphine est descendue après avoir enfilé à la hâte un jogging. Elle appelle Thibault, c’en est pathétique. La situation est surréaliste. On vient de se débarrasser d’un emmerdeur et la farce tourne à la tragédie. Elle est à présent en pleurs, quémandant des « qu’est ce qui s’est passe ? » « Qu’est ce qui s’est passe ? ». Ça ne va pas être évident ! Et puis la voici qui recommence à l’appeler : « Thibault, Thibault ! ». Il faut bien que je dise quelque chose d’autant qu’Anna me parait bien énervée, mais ce n’est pas si simple, Delphine m’interrompt sans cesse, semble ne rien comprendre et chiale comme une madeleine.

– Ecoute, Delphine, je veux bien essayer de t’expliquer encore une fois mais tu me laisses parler, OK ?
– Oui !
– Ce n’est pas très grave, mais ton copain a pété les plombs, ça fait trois jours qu’il nous espionne à travers le volet, il nous a foutu la trouille parce qu’au départ on ne savait pas que c’était lui, alors on a décidé de lui faire peur à notre tour, tu comprends ?
– Mais pourquoi ? Il regardait quoi ?

On ne va pas lui faire un dessin non plus ! Elle veut qu’on l’aide à le retrouver, ça n’a aucun sens, on s’habille sommairement, on contourne la maison on balaie avec la torche. En vain ! On persuade Delphine d’aller se coucher et d’éventuellement en rediscuter demain. Elle nous fait une épouvantable crise de larmes, mais finit par rejoindre sa chambre.

à suivre

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5 réponses à Chanette 10 – Les sources bleues 1 – Les joies de la montagne par Chanette

  1. Breton dit :

    Chanette et Anna-Gaëlle sont en vacances Bien sûr qu’elle vont s’envoyer en l’air, mais il n’y a pas que ça et le scénario nous propose de jolies surprises

  2. Voisin dit :

    Passionnant et intelligent

  3. Lisov dit :

    Une belle histoire avec un fond anticlérical assez bienvenu !

  4. Marylu dit :

    Un vrai plaisir de lire les aventures de Chanette

  5. Werber dit :

    L’érotisme est diffus, mais l’histoires est plaisante à lire . Beaucoup se reconnaitront dans ces déboires de vacances, entre location pourrie et voisins impossibles

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