Alex et Chloé par Gigi02

Alex et Chloé
par GIGI_02

C’est la rentrée universitaire ; sans grand enthousiasme, je me dirige vers l’amphi 3 pour le premier cours de l’année, et je ne suis pas en avance

– Chloé !

Cette voix ? C’est pas possible … je me retourne, et …non ! C’est pas vrai !

– Alex ! Alexandra !

On se jette dans les bras l’une de l’autre

– Alex ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Je te croyais aux Etats-Unis, avec tes parents ….

Elle rit

– J’en suis revenue, il y a trois mois, ah ce que je suis heureuse de te revoir enfin ! Mais écoute, on va être en retard, tu termines à quelle heure ?
– Midi
– Impec, moi aussi, on s’attend ici, d’accord ?
– D’ accord

Et on se quitte pour rejoindre nos cours respectifs en s’envoyant un baiser de la main ;

Alex, ma meilleure amie, ma sœur, comme on s’amusait à le faire croire à l’époque de la primaire ; Alex, qui a suivi ses parents partis il y a deux ans s’installer aux Etats- Unis pour ouvrir un restaurant français ; on se connaît depuis toutes petites et on a tout partagé, nos devoirs, nos joies, nos peines, on a connu nos premiers flirts ensemble, nos premières déceptions aussi; et puis la vie a tout dézingué; elle est partie vivre sa vie ailleurs, loin ; j’en ai pleuré ! Et quand, un peu plus tard, j’ai dû subir le drame du divorce de mes parents, je me suis retrouvée toute seule au moment où j’aurais eu le plus besoin de sa présence. Et voilà qu’aujourd’hui, par le plus incroyable des hasards, je la retrouve, je crois bien que le ciel de ma vie va me paraître bien plus bleu, soudainement.

Et de fait, de toute la matinée, je n’ai pensé qu’ à cela, bouillante d’impatience à l’idée de nous revoir; A midi, je n’ai pas eu à la chercher bien longtemps, elle était là, à m ‘attendre, sans doute aussi impatiente que moi,

Elle n’avait pas changée, physiquement ; toujours aussi blonde que moi brune, peut -être s’était-elle légèrement arrondie, sans doute à cause des habitudes alimentaires américaines, mais elle était toujours aussi mignonne et avait gardé cette démarche un peu nonchalante, que j’aimais tant en elle.

Vêtue d’un jean et d’une veste noire sur un tee-shirt rose fuchsia, le sac de cours à l’épaule, elle m’attendait en se balançant d’une jambe à l’autre ; Son sourire, quand elle m’aperçut, gomma instantanément toutes les avanies que j’avais pu vivre depuis des mois !

– Tu sais que c’est un des plus beaux jours de ma vie ? Je croyais bien que je ne te reverrais jamais !

Elle m’a pris les mains

– C’est valable pour moi aussi, tu sais ! Laisse-moi te regarder… tu es toujours la même. Aussi belle ; mais dis-moi, depuis que je suis revenue, je cherche à te joindre, tu as déménagé et tu n’es plus dans l’annuaire. J’avoue que j’ai pas compris

– Je te raconterais ! Mais, toi ? Comment, pourquoi ?comment ça se fait que je te retrouve ici ?

On se mets d’accord pour aller déjeuner dans un café plutôt qu’au resto u .Et là, elle m’a raconté,son expérience américaine décevante, la difficulté de s’intégrer, au début, mais sa fascination pour les grandes cités qui ne s’endorment jamais, notamment Houston où ses parents se sont établis, ses études et son bac qu’elle a passé à l’Awty international school

– Mais en fait, je me suis vite rendue compte que je n’étais pas faite pour vivre là-bas, trop grand, trop démesuré, et trop d’inégalités, à mon sens, car dans ce pays où l’argent est roi, tu n’as pas le droit d’être pauvre, sinon t’es moins que rien ! Et puis, j’avais envie de revenir….alors je suis revenue, dès que j’ai eu mon bac, au grand dam de mes parents ! …
– Mais tu vis où ?
– Normalement chez ma grand-mère, en attendant mieux, mais ici, elle m’a loué un petit studio meublé pour l’année; mais, toi, raconte ..

Alors, je lui ai raconté la lente « déconstruction  » de mon univers familial, le drame que cela a été pour moi et le temps qu’il m’a fallu pour me reconstruire, récit qu’elle ponctuait de  » c’est pas vrai  » ou de c’est horrible  » que je savais réellement sincères

– Voilà, maintenant, je vis avec ma mère et je vais faire l’aller et retour tous les jours, parce que les chambres universitaires et leurs lots de cafards, merci bien, j’ai donné l’année dernière. Tu vois, depuis que tu es partie, ma vie n’a pas toujours été très drôle, mais maintenant que je t’ai retrouvée, je sens que cela va aller mieux !

Elle m’a prise la main et la serrée, très fort

– Tu peux compter sur moi ! Et heu …côté cœur, t’en est où ?
– Pff, c’est le grand désert …
– Pourtant, quand je suis partie, tu sortais avec…flûte, je ne me souviens plus son nom…
– Gontran ? Je l’ai laissé tomber quand je me suis aperçue qu’il draguait toutes les filles qu’il rencontrait ! Aux dernières nouvelles, il s’est engagé dans l’armée, maintenant, il est peut-être quelque part en Afrique

Elle rit

– Ça lui fera les pieds, à ce tordu ! Ce qui fait que tu n’as toujours personne dans ta vie ?
– Ben non, tu vois, et toi ?
– Moi ? Euh …non plus …

Pourquoi à cet instant ai- je l’impression qu’elle me cache quelque chose ? J’en sais rien, mais bon, ce n’est qu’une impression, je me trompe sûrement, d’autant que son sourire n’est pas celui de quelqu’un qui ment ! Peut-être a-t-elle connu quelque’ un là-bas, et elle veut m’en faire la surprise, qui sait ?

– Dis, tu sais ce qu’on va faire ? Cette fois, elle me prend les deux mains – demain, c’est vendredi, on achète ce qu’il faut, et on se fait une soirée entre filles, tu dormiras chez moi, pas de problèmes, on peut coucher à deux, d’accord ?

Je ne réfléchis même pas

– Evidemment que je suis d’ accord !
– Super ! Alors rendez-vous ici demain après les cours

On s’échange nos numéros de portables, bisous, et à demain

Saumon fumé, vodka, chips et jus de fruits ont vite fait de mettre à plat mon (maigre) porte-monnaie

Heureusement qu’on partage les frais ! Et nous passons la fin de la journée à traîner dans les boutiques de fringues dans la bonne humeur. Chez elle, c’est petit, mais confortable ; mobilier genre Ikea,lit pour deux personnes, pas trop grosses, salle de bains WC, le tout au second étage d’un immeuble récent ; assises sur le lit, vodka à portée de main, nous évoquons tous les bons moments que l’on a connues ensemble, en s’amusant comme des folles ; et en parlant de nos copains et copines du passé, Alex se mit à philosopher sur les relations plus ou moins profondes que l’on a avec les gens

– Tu vois, même après des années, on s’aperçoit que l’on ne se connaît jamais entièrement

Je l’écoute à peine, je me gave de chips pour éponger la boisson qui me monte à la tête !

– Par exemple ?

– Ben, tu vois, nous deux, depuis le temps qu’on se connaît, et bien je ne t’ai jamais vue nue…

Je la regarde, un tant soit peu étonnée

– Ah ? Et cela te pose un problème ?

Elle se rapproche un peu

– Un problème, non, disons que cela ne me déplairait pas…
– Me voir nue ?
– Nue ….et un peu plus …

Oh ! Elle va où, là, ma copine, l’effet de l’alcool ou quoi !

– Dis donc, tu serais pas devenue un peu lesbien, toi ? Par hasard…

Elle pose la main sur mon bras

– Peut-être, pourquoi pas. tu n’as jamais eu envie d’avoir une relation amoureuse avec une fille, un jour…
– Non !

J’ai presque crié ! J’essaie de me reculer, mais elle me prend le poignet

– Et bien-moi si ! Avec toi !et tu sais pourquoi ? Parce que j’ai toujours été amoureuse de toi ! En secret au point d’avoir été jalouse des garçons que tu fréquentais !alors, maintenant que je t’ai retrouvée, j’ose te le dire …. Je t’aime !

Je la regarde, abasourdie

– Non mais, ça va pas, la tête !, je ne suis pas lesbienne, moi !
– Mais je ne te le demande pas ! Je t’aime et j’ai envie de faire l’amour avec toi !
– C’est hors de question ! Et puis lâche-moi !

Là, j’ai hurlé, elle en a lâché sa prise ; je me relève et je récupère mes affaires

– En tout cas, moi, je ne reste pas ici ! Je te laisse à tes délires, espèce d’excitée !

Elle me regarde, désabusée

– Tu veux que je te dise, Chloé, t’es une fille coincée, et je dirais même, coincée du cul ! Dommage !

Un haussement d’épaules et je pars en claquant la porte.

Mais à peine suis-je dans l’escalier que ma petite voix intérieure se fait entendre

« Pas bien malin ce que tu viens de faire là …qu’est-ce qui t’as pris de l’envoyer bouler comme ça ! Alors qu’au fond de toi-même….tu sais très bien que tu aurais fini par lui céder, mais il a fallu que tu joues à la vierge effarouchée, à la sainte- nitouche susceptible…. »

Je me cherche une excuse, c’est la faute à la vodka ! Et puis non mais, je ne vais quand même pas aller m’excuser ! Ce serait plutôt à elle de le faire ! De toute façon, si elle veut me revoir, elle peut m’appeler ! Je sors, pas de bol, voilà qu’il pleut, et pas de parapluie ! …enfin, la gare n’est pas très loin ; et dix minutes sous la flotte plus tard, complètement dégrisée, et trempée, j’aperçois le bâtiment de la SNCF, et c’est alors que je prends conscience de ma bêtise …à cette heure-ci, je n’ai plus de train ! Ce que me confirme le tableau d’affichage quelques instants plus tard

Galère, galère, pas de train, je suis trempée, je n’ai pour ainsi dire plus un sou en poche ; je fais quoi ? Je crois que je vais me mettre à pleurer ! Appeler ma mère ? Faire cent cinquante bornes aller-retour à la nuit tombée, elle va être charmée ! Et je vais lui donner quoi, comme explication ? Retourner chez Alex j’aurais bonne mine !, et d’ailleurs je m’en sens pas le courage ! Un employé me demande si j’ai besoin de quelque chose, tu parles… je dois vraiment avoir l’air pitoyable ! Tiens, mon téléphone qui vibre, un message … pourvu que …oui, c’est elle, ouf ! Je lis : « si tu as envie de me revoir retourne toi « …je tourne la tête, et elle est là, sous son parapluie, le portable à la main … ! On se sourit, gauchement, un peu sur nos gardes

– Pourquoi t’es venue ?
– Je voulais m’excuser autrement que par téléphone, je suis désolée si je t’ai froissée …
– Ne t’excuses pas, c’est moi qui me suis conduite comme une véritable idiote !
– On a peut-être un peu trop bu ….
– Sûrement !

Mais je me rends compte que ce qui l’inquiète, c’est mon avenir immédiat, puisqu’elle me demande d’une petite voix

– Tu…tu pars vraiment ?

Je lui souris, franchement, histoire de détendre l’atmosphère, un rien tendue

– Même si je le voulais, je ne pourrais pas, je n’ai plus de train.

Elle hésite, ne sais pas trop si elle doit s’en trouver réjouie ou désolée pour moi ; finalement, elle opte pour la première solution

– Alors il vaudrait mieux que tu viennes te sécher…, tu es à tordre, me dit-elle avec un grand sourire

Je soupire

– Tu as raison, je crois que ça serais pas du luxe

Nous sommes retournées chez elle, serrées sous son parapluie ; et en route, au bout d’un moment, elle a fini par me poser la question qui lui brûle les lèvres

– Tu m’en veux ?
– De quoi ?
– d’être… d’être lesbienne, j’ai tellement peur que tu me repousses …
– Et pourquoi je t’en voudrais ? Parce que tu préfères les filles aux garçons ?ça ne me pose aucun problème ! Parce que tu es amoureuse de moi ? Ce serait plutôt flatteur ! Et contrairement à ce que je t’ai dit tout l’heure, j’en accepte l’idée, non, moi, ce que je sais, c’est que je t’ai retrouvée et que je suis la plus heureuse des filles ! alors que tu sois devenue comme ci ou comme ça, cela m’est égal, pour moi tu seras toujours MON Alexandra, parce que tu vois, moi aussi, je t’aime, mais pas de la même façon, voilà tout,

Elle s’est arrêtée, m’a souri, et il m’a semblé voir une larme couler sur sa joue, mais peut-être était-ce simplement une goutte de pluie…

Il était temps d’arriver, je commençais à avoir des frissons ; Alexandra est aux petits soins pour moi, j’aime bien ! Elle me sèche les cheveux, me prépare la douche et son peignoir et dit qu’elle va nous faire du thé, un ange ! À travers la cloison, je lui crie

– Alex, tu sais quoi, j’ai oublié de prendre un pyjama.
– Pas grave, moi, j’en mets pas

Elle n’en met pas ! Voilà que des idées polissonnes me viennent à l’esprit ; je souri ; et si j’osais ? Une expérience …au fond, pourquoi pas ! J’enfile mon slip, je passe le peignoir et je la rejoins ; elle m’attend, vêtue d’un maxi tee-shirt aux couleurs d’une boisson made in USA, assise sur le bord du lit, une tasse à la main

– Je t’ai servi le thé, tu te sens mieux ?
– Oui, merci, tu es un amour ! Je prends ma tasse et je m’assois à côté d’elle ; comment vais- je m’y prendre ? Oh, une idée …innocemment, je lui demande
– Dis, tu gardes ta culotte pour dormir, toi ?

Elle me regarde, surprise et amusée à la fois ; en guise de réponse, elle se redresse et relève le bas de son tee-shirt avec un large sourire, elle n’a rien dessous

– Tu dors toute nue ?
– Ben, oui, pas toi ?
– Ca n’est pas dans mes habitudes, mais je vais peut-être faire une exception, alors…

Je me relève à mon tour, elle se rapproche, tout contre moi

– Tu fais comme tu veux,choupinette…mais j’aimerais bien

Choupinette ! souvenirs, souvenirs …. On s’appelait comme ça au collège ! Elle me prend la main, nos doigts s’entrecroisent…mon cœur s’emballe, j’hésite à aller plus loin …et, puis sans l’avoir voulu vraiment, mon peignoir s’entrouvre ; elle pose les yeux sur ma poitrine et pousse une petite exclamation

– Dis donc, t’as de beaux seins, toi !
Elle a beau être ma copine de toujours, je ressens quand même une certaine gêne…
– Bof, moi je les trouve pas terribles
– C’est parce que tu n’as jamais vue les miens ! Attends …

Elle retire son tee-shirt, découvrant à son tour sa poitrine ; c’est vrai, ils ne sont pas bien gros, mais si mignons ! On se regarde, elle hésite encore, je m’arrange pour que le peignoir glisse sur le sol, je n’ai plus que mon slip sur moi et elle est nue. Ses mains se posent sur mes seins, je me raidi

– On serait mieux sur le lit, tu sais… murmure t- elle

J’ose pas ! Malgré mon envie, je suis tendue comme c’est pas possible !je me mords la lèvre, je ne vais pas me mettre à sangloter, quand même !c’est dingue d’être crispée comme ça ! Je lui prends la main et j’essaie de lui sourire

– Alex… je ne sais pas si je suis vraiment prête pour ça
– Détends-toi ! De quoi as-tu peur ? Laisse toi aller, j’ai simplement envie de te caresser, mais bon, si tu ne veux pas, je te laisse tranquille …
– Tu me trouve bête, hein ?

Elle pose son front contre le mien, ses doigts dessinent les contours de ma poitrine

– Je t’aime trop pour te trouver bête, tu es seulement un peu coincée….

Un profond soupir et j’arrive à me décrisper un peu, je passe mes bras autour de sa taille

– Alors, qu’est-ce que tu attends ?
– Pour ?
– Pour me décoincer …

Son visage s’illumine d’un large sourire

– Alors, d’abord, tu retires ta culotte, moi, je te veux nue…
– Et si j’ai envie que ce soit toi qui me la retire …
– Alors là, pas de soucis, ma chérie
Sans rien dire, elle s’est agenouillée et me l’a ôtée, délicatement, et puis… le lit est arrivé

Et puis, et puis… j’ai senti sa main glisser le long de mon corps. J’ai senti sa bouche me couvrir de baisers, ses dents mordre le bout de mes seins ; j’ai fait de la résistance, un peu, quand sa langue a voulu explorer ma bouche, et puis je me suis abandonnée, totalement, enfin, quand j’ai senti sa main caresser mon sexe brûlant et son doigt jouer avec mon clitoris …je me suis senti partir, sensation merveilleuse et inconnue ! Très loin, très haut mon corps tout entier s’est agité de spasmes désordonnés je me suis mordue, j’ai crié ! Et puis, je suis revenue sur terre, vidée de toutes substances, mais heureuse comme je ne l’ai jamais été ; Alexandra me caresse le visage, doucement, en amoureuse

– Tu as joui ?
– Je crois, c’est la première fois, tu sais…c’était merveilleux
– Il paraît…
– Tu n’as jamais connu ça ?

Elle se blotti au creux de mon épaule pour me dire d’une voix timide

Je viens d’avoir ma première relation sexuelle, Chloé, avec toi ! Tu peux pas savoir comme je suis heureuse ! J’en ai tellement rêvée.

J’ai posé mes lèvres sur les siennes, et intérieurement, je me suis promise que la prochaine fois, -parce que je sais déjà qu’il y aura une prochaine fois-, j’essaierai, à mon tour, de lui faire connaître le paradis…

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2 réponses à Alex et Chloé par Gigi02

  1. Marylu dit :

    Joli récit lesbien, très bien écrit et très évocateur… mais presque trop sage ♥

  2. Alteralter dit :

    Joli récit lesbien très doux, très frais, très mignon tout ça, tout ça…

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