Professeur Martinov 12 – Professeur Martinov et la grillade mystérieuse 1 – L’Ortolan du midi par Maud Anne Amaro

1 – L’Ortolan du midi

Prélude

Et nous revoici dans cette grande banlieue parisienne, où le professeur Martinov exerce son activité d’inventeur à tout faire et de démêleur d’énigmes tordues. Il n’est pas plus professeur que vous et moi (quoi que…) mais le titre fait si joli sur un en-tête de lettre ! Il pourrait jouir tranquille d’une heureuse retraite, d’autant que l’invention et la commercialisation du « lapin dur », (voir cet épisode) lui a apporté une certaine aisance, mais non, il continue. Son activité le passionne.

Il ne passe pas inaperçu quand il sort en ville : costume un peu étriqué, chemise blanche aux poignets élimés et au col lustré, et nœud papillon, (toujours le même). La barbichette grisonnante, les cheveux poivre et sel et la paire de lorgnons lui font un look de savant du 19ème siècle égaré dans notre temps.

Célibataire, mais non sans charme, il a une maîtresse en ville, la Marianne, une brave fille comme on dit. Il recourt aussi aux services tarifés de quelques professionnelles, dont certaines sont devenues ses amies (forcement, depuis le temps). Il a peu de tabous, ainsi dans sa jeunesse il prit plaisir à pratiquer quelques coquineries avec des partenaires du même sexe, et le hasard de ses aventures l’a fait parfois renouer avec ces fantaisies. (Depuis Pr. Martinov et la vierge de Cardillac)

Il n’était pas seul quand il découvrit le « lapin dur ». Béatrice, la jeune chimiste qu’il avait consenti à embaucher en cette période où il était complètement débordé, l’avait considérablement aidé, notamment en expérimentant le produit sur elle-même.

Depuis, une grande complicité les unit, sans qu’ils ne soient amant et maîtresse. D’ailleurs Béa, depuis ses déconvenues sentimentales, est plus portée sur les femmes que sur les hommes. Non : ils s’amusent ensemble sans trop d’arrière-pensées et se trouvent très bien comme ça !

Jour d’hiver

Il a neigé toute la nuit, et la ville se réveille dans le blanc, le froid et le ralenti. Béatrice est arrivée en retard en maugréant contre ce pays où dix malheureux centimètres de neige parviennent à créer une innommable pagaille.

– Coucou ! Je suis là, mon petit professeur, tu peux me faire un café bien chaud ?

Elle pose son chapeau, son manteau, troque ses bottes contre des jolis escarpins et se précipite dans la cuisine.

– Et bien, Béatrice, tu es frigorifiée, tu veux que je te réchauffe ?
– Rien ne peut me réchauffer aujourd’hui !
– On dit ça, on dit ça…

Leur conversation fut interrompue par le bruit de la sonnette de la porte d’entrée. Leur visiteur du jour était déjà là, ponctuel malgré les intempéries.

L’homme qui se présente aujourd’hui dans le bureau du professeur Martinov est un grand dégingandé d’une cinquantaine d’années, jovial.

– Armand Laboinet, se présenta-t-il, négociant en art.

Le professeur Martinov lui présenta Béatrice Clerc-Fontaine, sa jeune et pulpeuse collaboratrice blonde, puis ouvrit le dossier du client.

– Un détecteur de conservateurs alimentaire ? C’est ça qui vous intéresse alors ?
– Non, pas du tout !
– Ah, je me serais trompé de dossier, alors ? Répondit Martinov.
– Non, mais si je vous avais dit avant l’entretien, l’objet de ma requête, je crains bien que vous n’auriez pas donné suite.
– Vous me permettrez de trouver le procédé quelque peu cavalier.
– Je vous le concède. Savez-vous professeur, analyser la viande ?
– C’est à dire ?
– Et bien, reconnaître l’animal qui est dans votre assiette !

Martinov regarda avec étonnement son interlocuteur : « encore un farfelu » se dit-il, ce genre de situation arrivait de temps en temps, hélas.

– Cher, monsieur, je crois encore pouvoir distinguer une côte de porc d’une côte de bœuf sans avoir besoin de faire des analyses.
– Oui mais entre une antilope et un zèbre ?
– Vous voudriez un analyseur de viandes exotiques ?
– En fait, ce que j’aimerais c’est que vous vous rendiez dans un restaurant que je vais vous indiquer. Je vous y retrouverai devant l’entrée et vous indiquerai ce qu’il faut commander. Vous subtiliserez un bout de viande, vous l’analyserez et vous me direz.

Martinov se tourna vers Béatrice, qui lui fit un petit signe approbateur de la tête.

– C’est où ?
– A Paris, vers Saint Germain des Prés.
– O.K. mais je vous facture une double journée de travail, en plus du reste.
– Ce n’est pas un problème ! Vous voulez des arrhes ?
– Oui ! On peut faire ça mercredi prochain ?
– D’accord, mais il faut quand même que je vous dise autre chose…
– Dites !
– Je soupçonne ce restaurateur de servir de la viande non autorisée.
– Dans ce cas, pourquoi ne faites-vous pas une réclamation auprès des services d’hygiène ?
– Je le ferai quand je serai sûr, et c’est pourquoi j’ai besoin de votre aide. Mais quand nous connaîtrons le résultat, ce ne sera pas les services d’hygiène que je préviendrai, mais la police.
– Ah, et pourquoi ?
– Parce que je soupçonne ce restaurant de servir de la viande humaine.

Gloups !

Martinov jeta de nouveau un regard vers Béatrice, qui levait les yeux au ciel. Le professeur griffonna un bref devis et le tendit à Laboinet :

– Bon, et bien cher Monsieur je vous laisse faire un chèque pour la moitié de la somme indiquée, et nous nous retrouverons mercredi devant le restaurant… ah, il nous faudrait l’adresse.
– Je peux vous payer en liquide ?
– Si vous voulez !

Une fois l’hurluberlu parti, Béatrice déclara :

– Bof, un allumé de plus, on ira manger dans son restau, et on se fera confirmer la nature de la viande par le labo. C’est ce qui s’appelle de l’argent facile !

Le téléphone de Martinov sonna. Après quelques minutes de conversation, il raccrocha, visiblement contrarié.

– Ben mon petit professeur, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
– Bof rien, je devais dîner chez Marianne ce soir, et elle n’est plus libre : quelqu’un de sa famille qui est monté à Paris.
– Ah ! Marianne, depuis le temps que tu m’en parles, je ne la connais toujours pas ! C’est ton plan baise qui est foutu, alors ?
– Oui, mais ce n’est pas seulement de la baise, j’aime bien sa compagnie. Quand je la vois on passe de bonnes soirées.
– Tu vas faire quoi alors ?
– J’en sais rien, peut-être une virée à Paris.
– Tu voudrais que je te fasse un câlin ?
– Je ne vais pas dire non !
– Un petit câlin ou un gros câlin ?
– C’est comme tu le sens !
– En fait, j’ai envie de me faire lécher la chatte.
– Maintenant ?
– Maintenant !
– On se déshabille, alors ?
– Ben oui, on ne va pas rester habillés.

Ils gagnèrent la chambre du professeur et se dévêtirent chacun dans leur coin, Martinov ne conservant que ses chaussettes.

– Et bien qu’est-ce qui t’arrive, mon petit professeur, je ne te fais plus bander ?
– Ce doit être la fatigue, mais tu vas m’arranger ça !
– On va voir, attends-moi, j’arrive.

Béatrice s’assit sur le siège des toilettes, elle n’avait pas vraiment envie d’uriner, mais réussit à faire quelques gouttes, elle ne s’essuya pas. Son regard fut ensuite attiré vers quelques pinces à linges posées négligemment sur une tablette.

« Tiens, pourquoi pas ? » se dit-elle.

Elle en prit une, d’une belle couleur rouge et l’accrocha à son téton gauche. Ça faisait un peu mal, mais ça restait très supportable, et puis c’était tellement excitant. Elle fixa la seconde, puis regagna la chambre, où elle s’étendit sur le lit, les jambes écartées.

« Avec les pinces et le pipi, ça ne devrait pas être long » se dit-elle.

– Allez au boulot, professeur !
– Hum ! Quelle odeur ! Commenta-t-il en s’approchant de la moule offerte
– Je sais que t’aimes bien quand je sens le pipi !

C’est qu’il se régalait Martinov, et c’est qu’il bandait maintenant vaillamment. Béatrice ne tarda pas à mouiller d’abondance et le mélange de ses sucs intimes rendait fou son partenaire.

– Fais-moi jouir ! Réclama-t-elle.

Le professeur se concentra alors sur le clitoris érigé de la belle et ne tarda pas à l’expédier bruyamment au septième ciel.

Trempée, momentanément à bout de forces elle poussa un long soupir :

– Quel pied !

Martinov craint un moment qu’elle s’endorme et se mit en stand-by en s’allongeant à ses côtés, hésitant à la caresser. Il ferma les yeux quelques instants et les rouvrit quand il sentit la main de Béatrice sur sa bite. Il se laissa faire. De nouveau il bandait fort, grâce aux doigts experts de sa complice. Secrètement il espérait qu’elle ne le ferait pas jouir de cette façon, non pas parce que cela lui déplaisait, mais parce qu’il était gourmand et en souhaitait toujours davantage.

Béatrice changea de position et approcha son visage de la bite, mais sans qu’il y ait contact. Elle jouait avec les nerfs du professeur, ça l’amusait. Maintenant que le sexe de Martinov était bien raide, elle avait opté pour une masturbation très lente, décalottant et recalottant le gland tout en échangeant des regards coquins. Une goutte de pré-jouissance finit par apparaître au sommet du gland. Gourmande elle la lapa, mais se dit aussi, qu’il lui faudrait passer à autre chose.

Elle farfouilla dans la table de chevet. Martinov avait compris et spontanément se mit en levrette.

– Ben tu fais quoi ? Demanda Béa, faussement candide.
– Je me prépare !
– T’aimes ça, que je te foute le gode dans le cul, hein mon cochon ?
– J’adore !

Elle approcha le sex-toy de l’anus du professeur.

– A sec, ça ne marchera jamais ! Prévint-il. Prends un peu de gel.
– Tss ! Tss ! Rien ne vaut le naturel ! Ecarte-moi bien tout ça, j’arrive.

Béatrice se mit alors à lécher l’anus de Martinov à grands coups de langue. L’œillet brun consentit alors à s’entrouvrir, elle cessa alors sa feuille de rose et glissa un doigt, qui entra tout seul. Un second doigt, un troisième doigt, le gode devrait maintenant entrer. Il entre, et la belle blonde le fait vibrer, avant de lui imprimer des mouvements d’aller et retour qui pâment d’aise notre vert professeur.

Béatrice est de nouveau bien excitée, elle retire le gode puis se met en levrette.

-Allez, mon petit professeur, je t’offre mon petit cul !

La jolie croupe bien tendue, l’œillet brun bien dégagé par la position adoptée par Béatrice alliaient l’obscène et le sublime. Martinov ne put s’empêcher de manifester son émerveillement devant tant de beautés perverses.

– Mon Dieu que c’est beau !
– Tu ne le connais pas encore par cœur, mon cul ?
– Je ne m’en lasse pas !
– Tu es gentil : lubrifie-moi le trou de balle et vas-y

Quelques larges coups de langues, quelques doigts fureteurs, puis la bite s’enfonce sans difficultés excessives.

– Fais durer, retiens-toi !

Ça va le faire, notre professeur n’a rien d’un éjaculateur précoce, et il s’emploie à limer l’étroit conduit pendant une bonne dizaine de minutes au terme desquelles il se met à accélérer, accentuant par-là même, les râles de plaisir de sa complice. Puis c’est le déchaînement : la bite de Martinov se prend pour un marteau piqueur. Incapable désormais de surseoir à la montée de la jouissance, il éjacule sans déculer en poussant un grognement fort peu distingué, auquel répond en écho, l’orgasme de sa camarade de jeu.

Le professeur s’interrogeait toujours sur la faculté qu’ont certaines femmes à jouir ainsi du cul. Ce fut sa dernière pensée avant de s’endormir, complètement épuisé.

Béatrice amusée, lui retira son préservatif, lui nettoya le kiki avec une lingette et s’en alla prendre une douche.

Mercredi – Paris 6ème devant l’Ortolan du Midi

– Voilà, choisissez la grillade aux petits légumes et subtilisez-en un morceau. Je vous laisse, j’attends les résultats avec impatience, leur dit Laboinet avant de s’éclipser rapidement.

Il s’agissait d’une petite salle d’environ quarante couverts avec une autre salle au premier étage, sans doute d’égale capacité.

Martinov et Béatrice s’attablèrent au fond de l’établissement. Ils déclinèrent l’apéritif et une serveuse, sans doute la patronne, une belle et plantureuse brune à l’accent méridional leur conseilla l’entrée du jour : un excellent avocat aux crevettes agrémenté d’une délicieuse sauce cocktail. Le plat fut donc la grillade aux petits légumes, le tout accompagné d’un « vin d’un petit récoltant du terroir », lequel se révéla fort correct, mais sans plus.

A la table voisine, et située en regard de Béatrice, déjeunait seule une très jolie femme très souriante d’une trentaine d’années, dont l’abondante chevelure brune tombait en cascade. Elle portait un tee-shirt mauve décolleté en V, sur lequel était dessinée une tête de Mickey, déformée par une avantageuse poitrine.

– Tiens, ça me fait penser que je ne retrouve plus ma petite culotte avec Mickey, je ne l’aurais pas laissée chez toi ? Demanda Béatrice au professeur.
– J’en sais rien, il y a deux ou trois affaires à toi dans un sac en plastique en bas de l’étagère de la chambre, mais je ne sais pas ce qu’il y a dedans.
– Hum, t’es vraiment sûr de ça ? Tu ne t’amuses pas parfois à renifler mes petites culottes ? Répondit-elle en minaudant.

Tout cela était échangé sur un ton très bas, mais la voisine de table avait l’ouïe très fine et s’amusait comme une folle.

– Renifler une culotte propre n’a pas grand intérêt ! Reprit le professeur.
– Ou alors je l’ai oubliée chez Myriam ?
– Myriam ? C’est qui Myriam ?
– Une nana que j’ai rencontrée le mois dernier, on s’est amusées ensemble une première fois, la fois d’après c’était moins bien… Ah oui, ça doit être ça, ma culotte était foutue, je ne pouvais pas la remettre, je l’ai mis dans un plastique et j’ai dû l’oublier. Tant pis je m’en remettrai.
– Si ça te fait plaisir, je te rachèterai la même !
– En voilà une bonne idée, mon petit professeur.
– Mais, il faudra l’essayer devant moi !
– Alors ce sera deux culottes !
– D’accord pour deux culottes, on va y aller en sortant ! Tu sais où ça s’achète ?

La voisine n’était pas à cette place par hasard, mais elle commençait par envisager de transformer un petit peu la mission qu’on lui avait confiée, afin de joindre l’utile à l’agréable. Après avoir vérifié que les autres clients ne pouvaient l’entendre, elle décida d’y aller au culot, et le visage paré du plus merveilleux sourire, dévoilant une denture éclatante, elle s’adressa à Béatrice :

– Mademoiselle, je suis désolée d’avoir entendu, bien malgré moi quelques bribes de votre conversation, mais c’est avec grand plaisir que je pourrais donner à votre… ami, et à vous-même l’adresse de cette boutique où l’on vend des tas de petites choses à l’effigie de Mickey.

Pour Béa, il n’y a pas trente-six solutions : ou elle renvoie la belle inconnue dans ses cordes, ou elle entre dans son jeu.

– Dois-je comprendre qu’il n’y a pas que votre tee-shirt qui soit à l’effigie de Mickey ? Choisit-elle de répondre.
– En ce moment, si ! Il n’y a que le tee-shirt ! J’ai aussi un pyjama, mais je ne le mets pas pour venir au restaurant. Répondit-elle en riant. Vous la voulez, cette adresse ?

En ajoutant cela, la belle brune faisait pétiller ses yeux.

– Pourquoi pas ? Mais je me demande si cette proposition ne cache pas quelque chose ?
– Non, non, c’était totalement désintéressé.

Elle hésita puis se reprit :

– Quoi que ? Pourquoi pas ? Mais je ne vous dirai pas quoi, du moins pas maintenant.
– Je peux essayer de deviner ?
– Essayez !
– Peut-être voudriez-vous assister vous aussi à l’essayage ?

La brune fut surprise. A ce jeu du chat et de la souris, elle ne pensait pas que Béatrice serait si vite réactive.

– Je n’y pensais pas, mais si cette opportunité m’était offerte, je l’accepterais bien volontiers. Finit-elle par dire.
– La vie est trop courte pour perdre du temps en formalités quand on peut les éviter, je vais me rendre aux toilettes. Me rejoindrez-vous ? Proposa Béa.

Et sur ces mots, elle se leva, laissant son interlocutrice stupéfaite, Martinov aussi d’ailleurs, et elle se dirigea vers le sous-sol en empruntant un escalier en colimaçon à hautes marches. L’endroit était exigu, deux cabines, un lavabo. Elle entra dans une cabine, « oublia » de verrouiller la porte et se mit à pisser. Elle attendit deux minutes avant d’entendre des pas descendre. C’était bien la brune. Elle s’essuya et se renfroqua à toute vitesse avant de se précipiter à sa rencontre.

– Alors, ma jolie, minauda alors Béatrice, on est en chasse ?
– Pas du tout ! Mais c’est l’occasion qui fait le larron ! Et toi on peut dire que tu démarres au quart de tour. Humpfch !

La conversation s’arrêta là, car ensuite les bouches des deux femmes se collèrent l’une dans l’autre dans une symphonie de lèvres et de langues abondamment mouillées de salive.

– J’ai envie de toi ! Déclara la brune.
– J’avais compris, mais que ce soit bien clair, on passe une heure ensemble, et après on s’oublie.
– Ça me convient parfaitement, et on fait ça quand ?
– En sortant du restau ?
– Et ton… ami ? Tu vas lui dire quoi ?
– Il n’est pas jaloux !
– Peut-être qu’il aimerait nous regarder ?

Béatrice éclata de rire tellement cette proposition, ou du moins les conditions dans lesquelles elle était formulée, étaient abracadabrantes.

– Non ? L’idée ne te dit rien ? Reprit l’inconnue.
– Je préférerais qu’on ne soit que toutes les deux.
– Mais nous ne serons que toutes les deux : lui il ne fera que regarder, il aura interdiction de nous toucher, au besoin on l’attachera.

En visualisant mentalement la scène, Béatrice commença à trouver l’idée amusante.

– Après tout, pourquoi pas ?
– Ne lui dis rien, on va lui faire la surprise ! Rétorqua la brune.
– Il ne voudra peut-être pas ! Objecta Béatrice.
– Mais si ! C’est un super fantasme de mec ça, de regarder deux filles ensemble ! Je m’appelle Cynthia, et toi ?
– Béatrice. Reste à trouver un endroit…
– Je n’habite pas bien loin ! Remonte la première, je vais pisser pour de vrai.

Elle le fit d’abondance, sachant secrètement que ces quelques minutes en sous-sol n’iraient pas contrarier sa modeste mission.

Elle ne s’essuya que très sommairement, avant de se dire que c’était peut-être une erreur, sa partenaire de tout à l’heure n’étant pas forcement adepte de saveurs particulières, malgré l’allusion faite à son compagnon sur les odeurs de petites culottes.

Revenue à sa place, Cynthia reçut une communication sur son téléphone portable et ne se mêla par conséquent plus de la conversation de ses voisins de table.

Après avoir dégusté l’avocat, on leur servit la grillade aux petits légumes. Béatrice observa son morceau de viande. Ça ressemblait à de l’escalope de veau. Une insolite nervure courbe la parcourait en son milieu et en faisant deux petits trous à l’aide de sa fourchette, on obtenait avec un peu d’imagination le dessin d’un smiley. Cela l’amusa mais elle laissa le morceau dans son assiette, se contentant de manger les légumes. Intriguée, elle observa Martinov qui faisait exactement la même chose.

– Tu ne manges pas ta viande ? Lui demanda-t-elle.
– Ben, ça ne me dit pas grand-chose !
– Ça a l’air appétissant, pourtant ?
– Alors pourquoi tu ne manges pas non plus ?
– On ne sait jamais… Imagine que Laboinet ait dit vrai !
– De la viande humaine… n’importe quoi !
– Alors mange !
– Non, comme tu dis, on ne sait jamais, ce pourrait être du rat, du chat, du chien, du singe…
– Du percepteur, de la dame patronnesse, du boy-scout ?

Il refila discrètement sa grillade à Béatrice qui enveloppa les deux morceaux dans une feuille d’aluminium qu’elle entreposa dans un plastique au fond de son sac.

Le tiramisu était fort correct, le café plutôt moyen. C’est au moment de régler l’addition que la patronne vint les voir, en déposant sur la table sans aucune discrétion, un Tupperware vide.

– Je vous offre cette boite, ce sera plus pratique pour emporter la viande. Cela fait partie de notre métier d’avoir les yeux un peu partout. Je vous ai vu envelopper la viande dans du papier d’alu. Donnez-la-moi : je vais la mettre dans la boite. Je suppose que vous allez donner ça à votre chien, c’est vraiment dommage de ne pas y avoir goûté…

Ni Martinov, ni Béatrice ne s’attendaient à ce qu’ils soient découverts, ni a fortiori qu’on vienne leur faire des réflexions. La patronne attendit que Béatrice lui ait donné la viande pour hausser le ton.

– A moins, que vous ne soyez mandatés par je ne sais quel organisme de merde pour faire des analyses bactériologiques ! Et vous espérez trouver quoi ? De la viande atomique ? Tenez, on va faire mieux que ça, suivez-moi en cuisine, vous pourrez prélever tout ce que vous voulez et remplir votre congélateur, c’est la maison qui régale.

Martinov et Béatrice, qui bien évidemment restèrent scotchés à leur place, étaient désormais dans la ligne de mire de l’ensemble des consommateurs, y compris de Cynthia qui intervint :

– Si vous pouviez cesser de hurler, je suis en communication téléphonique !
– Pardon ? S’étonna la restauratrice en pivotant d’un demi-cercle sa viande à la main.
– Je suis en communication ! Répéta Cynthia !
– Oh, je suis désolée, mademoiselle.

Elle reprit sa position initiale, plaça la viande dans le Tupperware

– Vous n’auriez rien à vous reprocher, vous auriez eu le bon goût de faire semblant de n’avoir rien remarqué. Commenta alors le professeur d’un ton résolu.

Il régla la note en liquide, se leva, Béa lui emboîta le pas et ils se dirigèrent vers la sortie sans un mot et sous les quolibets et les insultes de la patronne. Un client genre fort en gueule et sans doute quelque peu éméché eut l’idée d’intervenir, et provoqua une bousculade au cours de laquelle Béatrice fit tomber son sac.

C’est abasourdis qu’ils se retrouvèrent sur le trottoir.

– Attendez-moi, je vous rejoins !

C’était Cynthia.

Emmitouflée dans un grand manteau noir à col de fourrure dont elle avait passé la capuche, elle trouvait le moyen de continuer de diffuser, malgré cet accoutrement, une sensualité hors du commun.

– Je suis romancière, du moins je voudrais bien. J’ai compris que vous n’étiez pas des inspecteurs de l’hygiène, vous êtes donc autre chose. Si ça vous intéresse de parler ensemble de tout ça, je vous propose d’aller prendre un verre. Et si vous ne souhaitez pas en parler, acceptez tout de même, ça vous changera les idées.
– Ce que nous faisons est couvert par le secret professionnel… commença Martinov.
– Mon petit professeur, je suis entièrement d’accord avec toi, mais ce n’est pas une raison pour refuser une invitation aussi… délicieuse ! Intervint Béatrice.
– Nous y serons dans cinq minutes ! Précisa Cynthia.

Martinov ne comprenait pas bien ce besoin de « marcher 5 minutes », alors que l’endroit regorgeait de bistrots. Béatrice elle, savait. Il fut encore plus surpris quand il vit Cynthia piler rue de Rennes, devant une porte d’immeuble et en composer le code digital.

– Mais, Béa, on va où ? Demanda-t-il complètement largué.
– Chez cette charmante dame qui nous offre le café ! Pourquoi ?
– Pour rien, j’avais compris qu’on allait dans un café. Répondit-il en emboîtant le pas aux femmes vers l’ascenseur.

Béatrice remarqua avec amusement la présence sur la porte d’entrée, dénuée de toute indication d’occupant, d’un canard autocollant que quelqu’un avait en vain essayé de décoller. (Quand la colle est bonne, c’est qu’elle colle bien disait mon grand-père). Cynthia habitait un studio de taille moyenne, avec un coin cuisine, au sixième étage d’un immeuble ancien. L’endroit était décoré avec goût et la bibliothèque abondamment fournie. Ainsi, les livres qui traînaient çà et là, classaient d’emblée son occupant comme « intellectuel ». Un très joli canapé, probablement convertible invitait pour sa part à l’insouciance.

– Asseyez-vous, mettez-vous à l’aise, je vais vous faire un café d’enfer. Ah, au fait, je ne me suis pas présentée à vous cher monsieur, je suis Cynthia Berger, et vous ?
– Professeur Martinov.
– Professeur ! Oh, là, là ! Enchantée monsieur le professeur, mais vous avez peut-être un prénom ? Minauda-t-elle en papillonnant des yeux.

Martinov n’avait d’yeux que pour Cynthia. Il n’avait jusqu’ici pas eu l’occasion de la dévisager et là il était subjugué, un peu à la façon du loup de Tex Avery.

– Andrej… Ou André si vous préférez. Répondit le professeur (qui en fait se prénommait Alain)
– Bien sûr que je préfère ! Dommage, cet incident au restaurant, d’habitude ils sont plutôt cools. Là manifestement, la fille a pété les plombs. Enfin, bref je suppose que vous avez dû en voir d’autres ?

Ni Martinov ni Béatrice n’ayant envie d’épiloguer sur ce point, ils se contentèrent de répondre d’un sourire poli.

– Moi, ça fait des années que j’y vais, souvent deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi. Je n’ai jamais eu de soucis, il y a un bon rapport qualité-prix et le service est impeccable. Mais bon, je disais ça comme ça, n’en parlons plus et passons à autre chose.

– Bon par quoi on commence ? Ah ! Je vais déjà enlever ce tee-shirt qui me gratte la peau.

Et sans davantage de cérémonie, Cynthia enleva ce vêtement prétendument gratteur, dévoilant son buste aux avantages à peine cachés par un superbe soutien-gorge en jolie dentelle bleue.

Martinov est agité de sentiments contradictoires, car d’un côté, il a bien conscience d’avoir été embarqué dans un traquenard avec la complicité (passive ?) de Béatrice, de l’autre la beauté provocante de Cynthia le scotche, et sa braguette s’agite sous la pression d’un pénis qui, en ce qui le concerne, a décidé de participer.

– Et bien André, ne me regardez pas comme ça, vous allez nous faire une attaque. Ça vous plaît, on dirait ?
– Que voulez-vous, vous êtes très belle et je suis un homme !
– Tenez, dit-elle en s’approchant et en montrant son dos, dégrafez-moi ce soutien-gorge !
– Que je dégrafe votre soutien-gorge ?
– Oui, André, dégrafez mon soutien-gorge s’il vous plaît !

Martinov ne raisonne plus avec son cerveau mais avec sa bite, et c’est dans cet état qu’il entreprend de dégrafer le soutien-gorge de la belle brune. Lui, si méthodique, si rationnel, a beaucoup de mal avec les agrafes de ce soutif diabolique, il s’y reprend à deux fois, à trois fois, à plein de fois. Les deux femmes rigolent. Martinov refait un essai : Miracle, ça le fait !

Ne se tenant plus, il va pour caresser de ses mains les seins libérés mais toujours invisibles, mais Cynthia se recule d’un mètre, fait volte-face en dévoilant ses magnifiques globes en forme de poire au professeur Martinov qui transpire à grosses gouttes.

– On fait un deal ! Prévient-elle, Nous allons Béatrice et moi nous livrer à quelques coquineries. Toi tu n’interviens pas, tu n’interviens surtout pas, tu restes collé sur ta chaise, tu t’en fous plein la vue mais tu ne bouges pas. Et comme on n’est pas vaches, je viendrai te soulager à la fin. On fait comme ça ?
– Ça va être dur, mais d’accord, on fait comme ça.
– Si tu préfères, on t’attache, comme ça tu ne seras pas tenté de faire des bêtises

Il préférait en effet. Non pas que libre de ses gestes il aurait commis des impairs (non, Martinov savait se contrôler) mais être ainsi attaché participait à un fantasme de soumission, qui ne le laissait pas indifférent. Elles lui demandèrent toutefois de se déshabiller, au prétexte qu’attacher un homme nu, c’est quand même plus rigolo que d’attacher un homme habillé, ce dont il convint parfaitement.

– Ben dis donc qu’est-ce que tu bandes ! S’enthousiasma Cynthia. Et elle est bien jolie cette bite. Tu vois Béatrice, en fait je suis assez peu bisexuelle : je préfère les hommes… mais j’aime bien faire des exceptions, surtout quand je rencontre un canon comme toi.
– Ben moi, je préfère les femmes, rétorqua Béatrice, n’empêche qu’André est un excellent complice de mes jeux érotiques. Mais dis-moi, si tu aimes attacher les hommes, c’est que tu as un petit côté dominatrice ?
– Un petit côté, oui ! Et toi tu as un petit côté soumise ?
– Je peux être soumise ou dominatrice, j’ai beaucoup de facultés d’adaptation.
– Tu veux qu’on joue ?
– Je suis très joueuse !
– Alors mets-toi à poil et à genoux devant ta maîtresse !
– Mais bien sûr, maîtresse ! répondit Béa en s’exécutant.

Curieusement, Cynthia ne regarda pas Béa se déshabiller et entreprit de ficeler Martinov sur une chaise. Elle le fit se mettre à l’envers, le torse contre le dossier et la bite dépassant dans le vide.

Comme ça, par réflexe, elle lui envoya une pichenette sur le gland. Martinov encaissa sans protester et en émettant ce qui ressemblait à un grognement de satisfaction.

– Tu ne serais pas un peu maso, toi ?
– Juste un peu, juste un peu !
– Bon, alors tu vas rester bien sage, et peut-être que tout à l’heure tu auras une récompense… Si tu es sage !

Cynthia retira ce qui lui restait de vêtements et de sous-vêtements, puis elle disparut dans la salle de bains, pour revenir avec une large serviette qu’elle étala sur le canapé. Alors, elle s’approcha de Béatrice, la contemplant enfin :

– Dis donc, c’est pas mal tout ça !
– T’as vu ça, il n’y a rien à jeter, hein ! Mais à côté de toi, j’ai l’air d’un boudin !
– Allez, suce-moi ma petite chatte au lieu de dire des grosses bêtises !
– Ben dis donc, tu mouilles, toi !
– Ben oui, c’est toi qui me fais mouiller, à moins que ce soit la situation, ce doit être les deux en fait.

Béatrice approcha sa petite langue de cette chatte au-dessus de laquelle subsistait un petit alignement de poils en ticket de métro, et se mit à lécher consciencieusement, nullement gênée par l’odeur un peu forte de l’endroit. Pour l’instant elle agissait en faisant de grands mouvements de langue sur sa vulve baveuse aux lèvres gonflées de désir. Quand elle le voudrait, elle attaquerait le clitoris, et elle se doutait qu’alors Cynthia jouirait rapidement et intensément. Si faire jouir une femme était pour elle une satisfaction toujours renouvelée, elle n’envisageait cependant pas les rapports lesbiens comme uniquement une histoire de chattes. Non, ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était le contact d’une peau, de longs baisers, de savantes caresses, l’échange de sourires, le fait d’être bien ensemble ne serait-ce que l’espace de quelques instants. Il lui faudrait donc sans doute reprendre l’initiative si ce rôle de soumise qu’elle avait accepté devenait trop restrictif.

Cynthia mouillait d’abondance et Béatrice s’en régalait. Le corps de la brune ne tarda pas à se tétaniser, prélude à une explosion de jouissance d’une rare intensité.

– Ben dis donc, t’es douée, toi ! Commenta-t-elle en réémergeant.
– Tu me fais la même chose ?
– Pressée ?
– Non !
– Si je commençais par te faire des petites misères ?
– Si tu veux, mais tu ne m’attaches pas !
– Tu as peur ?
– Je suis terrorisée ! Répondit-elle sur le ton de la plaisanterie.

Cynthia demanda à Béatrice de se placer en face d’elle, elle entreprit de la caresser un peu partout, puis s’attarda sur ses seins, puis sur le mamelon et brusquement, sans crier gare elle les pinça de toutes ses forces. Béa cria.

– Tu aimes ?
– Oui, mais trop fort quand même !

Trop fort ou pas trop fort, l’essentiel était qu’elle aimait ça, alors elle recommença.

– Si je te mettais des pinces ?
Cynthia s’en alla dans la salle de bains et revint avec une nouvelle serviette de bain et deux pinces à linge couleur bleu ciel, qu’elle accrocha sur les tétons meurtris de sa belle victime consentante. Béatrice fit une vilaine grimace, la pression était forte sur ses chairs, elle faillit dire à sa partenaire de les enlever, mais supporta par pur masochisme.

– J’ai envie de pisser ! Déclara Cynthia. Et si je te pissais dessus ?

Béatrice ne répondit pas, elle s’était mise à lorgner les pieds de sa complice avec concupiscence.

– Tu n’aimes pas ? Je te proposais ça comme ça ?
– Si j’aime bien, mais je regardais tes pieds !
– Mes pieds, qu’est-ce qu’ils ont mes pieds ?
– Ils sont magnifiques !
– Bof, ce sont des pieds !
– Allonge-toi par terre, tiens, prends la serviette, mets là sous toi.
– Si tu veux, mais il y a un truc que j’aimerais bien, c’est que tu te pisses sur les pieds, et après, tu me les feras lécher.

Cynthia rit de bon cœur.

– Tu en a des drôles d’idées, toi ! On me l’avait jamais fait celle-là. On va essayer.

Elle se met debout sur la serviette, commence à pisser et vise ses pieds, mais ne les atteint pas, malgré plusieurs contorsions. Alors elle a l’idée de lever un pied, mais ce n’est pas évident, elle le lève davantage, perd l’équilibre et tombe sur les fesses tout en continuant de pisser…

Les deux femmes éclatent de rire. Martinov également.

– Tu ne t’es pas fait mal, au moins ?
– Non ça va, mais c’est impossible ton truc !
– T’as encore envie ?
– Un tout petit peu !
– Ben, tu recueilles ton pipi dans le creux de tes mains et après tu te badigeonnes le pied.
– Tu n’pouvais pas le dire tout de suite !

Cynthia fait donc comme indiqué puis s’assoit sur le canapé, tendant ses pieds à sa complice.

Béatrice n’a évidemment pas la bouche assez grande pour s’occuper de deux pieds en même temps. Elle ne choisit pas, prend celui qui est le plus facilement à sa portée, commence à lécher le dessus, lapant au passage l’urine dont il est imprégné. Elle change ensuite de pied, répétant les mêmes gestes, puis elle attrape les orteils, à l’exception du pouce qu’elle fait glisser dans sa bouche.

– Arrête, tu me chatouilles !

C’est en fait la main posée en-dessous qui provoquait la chatouille. Elle la retire donc mais continue son étrange dégustation de petits petons. Elle se garde le pouce pour la fin, l’introduisant dans la bouche avec des mouvements de langue et de lèvres appliqués comme s’il s’agissait d’une petite bite.

Elle ne prolongea pas outre mesure cette petite fantaisie, Cynthia n’étant que moyennement motivée.

– Viens donc sur le canapé ! Proposa cette dernière avant de jeter un coup d’œil au professeur Martinov, toujours ligoté nu à l’envers sur sa chaise et la bite droite comme un mât ! « Ben dis donc toi, le spectacle à l’air de te plaire ! » Lui lança-t-elle comme par défi.

– Faudrait être difficile ! Répondit ce dernier.
– Et si on lui bandait les yeux ! Proposa Cynthia.
– Ah, non, ce serait trop cruel ! Protesta l’intéressé.
– Ben justement ! Tu sais que quand on est privé d’un sens, les autres sont stimulés davantage. Ce doit être intéressant comme expérience. Et ne t’inquiètes pas, on ne va pas te boucher les oreilles, tu entendras tout.

Du coup le professeur se laissa bander les yeux. Puis Cynthia rejoignit Béatrice, qui l’attendait sur le canapé couchée sur le dos, les jambes légèrement écartées.

– Mets-toi plutôt en levrette, j’ai envie de voir ton cul !
– C’est comme tu veux ! Répondit-elle en rectifiant la position.
– Oh, que c’est beau ! S’extasia Cynthia devant le spectacle du cul écarté de Béatrice offert à ses yeux.
– Allez, profites-en !
– Humm, ce petit trou, comme il est mignon, je crois bien que je vais le lécher !
– Vas-y, fais comme chez toi !
– Tu aimes ça au moins ?
– Oui, oui.

La langue de Cynthia se mit à danser en de savantes circonvolutions, que Béatrice appréciait comme il se doit. Mais même les meilleures langues finissent par se fatiguer, aussi un doigt inquisiteur vint bientôt à la rescousse. Dans un premier temps Cynthia se contenta de frôler l’œillet de son index mouillé de salive, puis elle l’enfonça lentement dans la cavité rectale avant de le faire bouger d’avant en arrière.

– T’aimes ça, hein petite salope ?
– T’as remarqué ?
– Tu te fais enculer ?
– Ça m’arrive.
– Et lui, il t’encule aussi ? Demanda Cynthia en désignant Martinov.
– Oui, il fait ça très bien, je te le recommande… Continue, c’est bon !
– Reste comme tu es, je vais apporter des outils.

Elle retira son doigt, et s’en alla chercher dans un tiroir deux godes :

– Le grand noir c’est pour ta chatte, le petit rose, c’est pour ton cul.
Elle enfonça d’abord le noir et actionna le vibrateur en position maximum, puis elle fit pénétrer le rose dans l’étroit conduit.

– Merde les piles sont à plat !

Qu’importe, elle le fait bouger vigoureusement avec la main. Béatrice remplie de partout est secouée de spasmes de plaisir au rythme infernal des sex-toys. Elle s’agite, se mord les lèvres, se pince les seins, s’agrippe à la serviette, se met à hurler comme une furie, puis s’affale momentanément épuisée. Elle est en sueur, son entrejambe dégouline.

Elle finit par se retourner, la brune se jette dans ses bras, elles s’embrasent fougueusement, s’enlacent tendrement, se caressent partout, elles sont heureuses, radieuses, et au bout d’une dizaine de minutes, Cynthia demande :

– Viens me bouffer la chatte !

Alors Béatrice approcha sa bouche du sexe de sa partenaire, commença par la lécher, puis suça le clito érigé, ne tardant pas à la faire jouir pour la deuxième fois.

– Et ben, quel pied ! Commenta-t-elle, une fois qu’elle eut repris ses esprits.

Martinov avait dans un premier temps essayé de suivre ce qui se passait à quelques mètres de la chaise sur laquelle il était ficelé. Mais les deux filles étaient avares de paroles et il n’entendait que des frôlements et des chuchotements. Aussi ces derniers lui servaient de bruits de fond à ses fantasmes. Et de fantasmes, il n’en manquait pas, le professeur et il bandait comme un mulet.

Il perçut qu’on se rapprochait, une main s’empara de son pénis et lui imprima quelques mouvements de masturbation bien classiques. Puis les bouts des doigts vinrent t butiner le gland, lui provoquant de merveilleux frissons avant de retourner sur la verge. Le mouvement est judicieusement ajusté, ni trop lent ni trop rapide. Seuls trois doigts opèrent, puis quand la jouissance s’annonce, les deux doigts restants viennent en renfort, pouvant à présent accélérer le rythme et accompagner Martinov vers l’orgasme.

La partie est finie, Béatrice a souhaité prendre une douche, elles ont un peu tardé à libérer le professeur de ses liens et de son bandeau. Il s’essuie avec du sopalin. On se rhabille, on s’échange quelques banalités, on se fait des bisous d’adieu et on s’en va…

Cynthia disparait-elle ainsi de la vie de Martinov et de Béatrice dans cette curieuse aventure ? Vous pensez bien que non, mais attendez la suite !

– Alors mon petit professeur, tu ne regrettes pas ce petit moment de folie ?
– Ben non, on ne vit qu’une fois !
– Je vais aller au labo porter la bidoche, tu m’accompagnes ou tu rentres ?
– Déjà 17 heures, je vais rentrer.

Ils se firent un chaste bisou et se séparèrent.

Le laboratoire où se rendit Béatrice avait, lui avait-on précisé bonne réputation.

– J’ai de la viande cuisinée, j’aimerais une analyse bactérienne et savoir de quel animal il s’agit, c’est possible ?
– Oui, on l’enverra où il faut pour ça, répondit le préposé au guichet, faudra verser des arrhes et vous aurez les résultats dans une dizaine de jours.
– Parfait ! Répondit Béa en ouvrant son sac et en constatant que le Tupperware n’y était plus. Ah, je crois bien que j’ai oublié l’échantillon, je reviendrai plus tard ! Balbutia-t-elle en sortant de l’établissement.

– C’était quoi ? demanda un collègue du guichetier.
– Une cinglée, dommage, elle est bien roulée !
– Oui mais elle est blonde !

– Allô mon petit professeur, la bidoche n’est plus dans mon sac, ce n’est pas toi qui l’aurait, par hasard ?
– Ben non, et puis je l’aurais mise où ?
– On me l’a piquée !
– Bizarre ça ! Ce ne serait pas un coup de la brune ?
– Allons, allons, elle aurait organisé tout ce délire chez elle pour nous piquer la boite, ça n’a aucun sens.
– C’est embêtant, mais bon, on en reparlera demain. Au besoin, on lui rendra son fric à Laboinet en lui disant qu’on a échoué. Ce n’est pas si grave !

Béatrice essaya de se remémorer ce qui s’était passé ces dernières heures. Elle se souvenait avoir placé le Tupperware dans son grand sac, puis en avoir fermé la glissière. Elle ne l’avait rouvert que chez Cynthia à la fin de la partie afin d’accéder à sa trousse de maquillage. Elle avait refermé le sac cinq minutes plus tard, ne le rouvrant dans le métro que pour chercher un kleenex.

Donc de deux choses l’une : ou un habile pickpocket lui avait dérobé la boite dans le métro… elle vérifia, le portefeuille était là, les clés aussi… Un voleur n’aurait assurément pas fait ce choix… à moins qu’un complice du restaurateur ait eu la patience de les attendre deux heures au pied de l’immeuble de Cynthia ? Ou alors la disparition avait eu lieu chez Cynthia, et cette disparition ne pouvait être qu’accidentelle, bien qu’elle ne voyait pas très bien comment la boite aurait pu sortir de son sac.

Elle décida donc de retourner chez la jolie brune. Et n’ayant pas mémorisé le digicode, elle dût poireauter une demi-heure avant que quelqu’un ait la bonne idée de sortir de l’immeuble.

Et miracle, ce quelqu’un était justement Cynthia :

– Tiens, tiens te revoilà, je parie que tu as oublié quelque chose ? S’exclama la belle brune !
– Bingo ! Tu l’as retrouvé ? Demanda Béatrice un peu étonnée tout de même.
– Viens, on remonte cinq minutes, mais juste cinq minutes, je dois m’en aller après.

– Je vais te chercher ton parapluie ! Reprit Cynthia une fois revenue dans l’appartement
– Mon parapluie ?

Mais elle ne l’entendit pas, disparut un moment pour revenir avec un mini-parapluie gainé dans son étui. Incrédule Béatrice ouvrit son sac, constata que son parapluie n’y était plus et que celui que lui tendait Cynthia ne pouvait donc qu’être le sien !

– Mais comment est-ce possible ?
– Avant d’aller dans la salle de bain, tu as ouvert ton sac et tu l’as laissé comme ça sur la chaise, il est tombé, je l’ai ramassé, mais je ne me suis rendue compte qu’une fois que tu étais partie que ton parapluie s’était échappé. Je ne pouvais pas te rappeler, nous n’avons pas échangé nos numéros, et puis ce n’est qu’un parapluie.

Béatrice était abasourdie.

– Il n’y avait rien d’autre ?
– Si, le Tupperware avec la viande.
– Ah, et je peux le récupérer ?
– Le Tupperware, oui, je l’ai lavé.
– Et ce qu’il y avait à l’intérieur ?
– Je l’ai jeté !
– Quoi ?
– Ben, oui, je ne pensais pas que tu reviendrais, j’allais pas garder ça !
– Bon tant pis, mais j’en avais besoin, je ne peux pas t’expliquer…. Tu l’as jeté dans ta poubelle ?
– Ben, oui !
– Et tu l’as descendue ?
– Non, mais tu ne vas pas me dire que tu veux fouiller ma poubelle ?
– Si ! Sauf si tu y vois un inconvénient !
– Eh bien, c’est dans la cuisine, je vais te donner des sacs plastiques…

Béatrice n’eut pas à fouiller, les deux morceaux de viande emballés dans leur papier d’alu étaient au-dessus des autres déchets, elle les récupéra et les remit dans le Tupperware.

Les deux femmes s’embrassèrent rapidement et la jeune chimiste, toute heureuse d’avoir récupéré « l’objet du délit », reprit en métro le chemin du laboratoire.

Tout était donc très simple : le sac ouvert qui dégringole, Cynthia qui le ramasse mais qui ne s’aperçoit pas de suite que des objets en sont sortis et sont allés glisser sous la table… Elle jette ensuite logiquement le contenu du Tupperware à la poubelle, qu’en aurait-elle fait ?

Et pourtant quelque chose clochait, lui semblait bizarre, elle fit un effort de concentration pour essayer de préciser ses doutes, mais décidément ça ne venait pas…

Le gars du labo fut surpris de la voir revenir, « Tiens revoilà Miss Foldingue ! » chuchota-t-il à son collègue.

– Ah, rebonjour, j’ai retrouvé les échantillons, dit-elle en sortant le Tupperware de son sac.

Elle le déposa sur le comptoir, l’ouvrit… Déballa la viande de son aluminium… La retourna… Et là…

Le déclic !

Elle referma la boite, la remit dans son sac.

– Y’a un petit problème, j’ai dû me tromper d’échantillons…

Elle ressortit prestement.

– Complètement maboule ! Commenta le guichetier.
– Dommage, elle est bien roulée !
– Oui mais elle est blonde !

Béatrice, quelque peu déboussolée marchait sous une petite pluie froide qui commençait à tomber. Elle entra dans un bistrot, choisit un place discrète puis après avoir commandé un thé au citron, sortit son Tupperware, en retira le couvercle…

– Je suis désolé mademoiselle, annonça le garçon déjà de retour avec sa théière, nous n’autorisons pas la clientèle à consommer des produits venant de l’extérieur.
– Je ne consomme pas, je regarde, répondit-elle énervée par la réflexion du type.
– Vous rangez cette boite, ou alors je vais être obligé de vous demander de payer et de quitter les lieux.
– Je vais vous faire plaisir, je vais ranger ma bouffe ET partir d’ici, répondit-elle en rangeant le Tupperware et en se levant brusquement.
– Il faut payer votre consommation !
– Je ne l’ai pas bu, vous êtes aveugle !
– Bu ou pas bu, si c’est servi c’est dû ! Anonna-t-il.
– Oh, mais vous commencez à m’énerver ! Hurla-t-elle, appelez-moi le patron, si vous n’êtes pas content !

Ce con lui barrait la route. Rageusement, elle sortit un billet de 5 euros et le jeta sur une table.

– Tiens, torche-toi avec, débris humain !
– Et tu n’as pas intérêt à revenir ici, clocharde ! Se crut-il obligé de répliquer.

Elle sortit sans répondre, folle de rage, se demandant ce qui lui arrivait. Elle eut alors l’idée de chercher un porche où elle pourrait tranquillement examiner ses morceaux de viande, mais une envie de pipi commençait à se faire urgente. Elle se choisit donc un nouveau bistrot, dans lequel elle attendit cette fois d’avoir bu et payé son thé avant de se diriger vers les toilettes. Elle commença par dégager ses vêtements afin de s’asseoir confortablement sur le siège, puis se soulagea d’abondance. Le papier-toilettes distribué par un engin dérouleur disproportionné, restait ostensiblement coincé malgré tous ses efforts pour tenter de le dégager. Elle prit donc (bien obligée) le parti de ne pas s’essuyer, ce qui de toute façon, ne la gênait pas plus que ça.

Elle se leva, se rhabilla et sortit le Tupperware dont elle dégagea le couvercle : le premier morceau de viande ne montrait pas le sourire de smiley qu’elle avait complété à l’aide de sa fourchette au restaurant. Elle dégagea le second morceau, tout aussi anodin que le premier. La viande provenant de la poubelle de Cynthia n’était donc pas celle qui avait été stockée à l’origine dans le Tupperware !

Mais que signifiait ce scénario de folie ?

Elle rangea tout ça et décida de retourner de nouveau chez Cynthia. Mais cette fois, il n’y avait plus personne.

Le lendemain, jeudi.

Béatrice prévint Martinov qu’elle arriverait en retard et le mit au courant de ses dernières péripéties, puis elle se rendit rue de Rennes au pied de l’immeuble de Cynthia et attendit patiemment que quelqu’un lui ouvre la porte. Elle emprunta l’ascenseur, puis sonna :

Une belle femme rousse d’au moins une bonne quarantaine d’années, en peignoir de bain et au visage non maquillé ouvrit la porte :

– Euh, bonjour, je voulais voir Cynthia !
– Vous vous trompez, ce n’est pas ici !
– Ah ? Excusez-moi !

Et voilà Béatrice toute seule comme une andouille sur le palier. Elle se dirige vers l’autre porte, va pour frapper, hésite, se retourne, regarde de nouveau la première porte, y reconnaît le canard autocollant déchiré.

« C’était donc bien là, je ne sais pas qui est cette bonne femme mais elle se fout de ma gueule ! » se dit-elle

Elle frappe de nouveau.

– Encore vous ! Vous avez l’intention de me déranger combien de fois ?

La rouquine va pour refermer la porte mais Béatrice la bloque avec son pied.

– Dégagez d’ici ! Hurle la furie.
– Ecoutez ma petite dame, je suis venue ici hier, et c’était bien ici, si vous ne me croyez pas, je peux même vous décrire vos chiottes ! La personne qui m’a emmenée ici m’a subtilisé un objet auquel je tiens beaucoup. Alors ou vous me laissez entrer ou bien j’appelle les flics, et je vous fais coffrer pour recel de malfaiteur.

Cette diatribe improvisée semble porter ses fruits, la rousse parait troublée.

– Je ne comprends rien, entrez cinq minutes !
– C’est très simple, reprit Béatrice, vous m’expliquez comment joindre Cynthia et je vous laisse.
– Je ne connais pas de Cynthia !
– Vous n’allez pas recommencer ?
– Décrivez-moi cette personne !
– Très belle brune, abondante chevelure bouclée, la trentaine, très souriante.
– Je vois, mais elle ne s’appelle pas Cynthia. Euh, disons qu’elle a les clés de mon studio.
– Ah ? Et je peux la contacter comment ?
– Elle n’a pas de portable, elle est contre !
– Tellement contre que je l’ai vu s’en servir pendant plus d’une demi-heure au restaurant !
– Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? On lui en a peut-être prêté un.
– Je suppose qu’elle est aussi contre les téléphones fixes ? Mais elle a sans doute une adresse ?
– 154 rue de Vaugirard.
– Et son vrai nom ?
– Tavernier. Odile Tavernier.
– Bon, j’espère que vous ne me baratinez pas, sinon je porte plainte.

La rousse paraissait troublée, après un moment d’hésitation, elle demanda :

– Je pourrais avoir votre numéro ? Je me prénomme Nathalie.

Béatrice le lui communiqua et quitta les lieux. Elle ne croyait pas un mot de ce que lui avait raconté cette femme. L’adresse et le nom devaient être bidon, le fait que Cynthia n’ait pas de portable était un mensonge. Mais que pouvait-elle faire ? Elle avait assez perdu de temps !

Le téléphone portable (car elle en possédait bien un) de celle qui s’était fait appeler Cynthia sonne. C’est Nathalie :

– Pauline, je ne sais pas ce que tu as fabriqué hier dans mon studio, mais ça ne me plaît pas du tout !
– Pardon ? Répliqua la brune, se demandant comment Nathalie pouvait être au courant de la folle partie qui s’y était déroulée.

La tante lui relata alors par le détail la visite de Béatrice et ses menaces de plainte.

– Je ne vois pas qui c’est, décris la moi !
– Une belle blonde qui serait venue au studio hier après-midi.
– Béatrice ?
– Elle ne s’est pas présentée.

Pauline ne comprend pas ce qui a pu déclencher un tel énervement chez celle qui était hier la si douce complice de ses ébats érotiques.

– Elle m’a dit que tu lui aurais piqué quelque chose qui lui appartenait.
– N’importe quoi ! Avec tout ce que me donne Robert, je ne vois pas pourquoi je me mettrais à voler !
– Elle m’a dit qu’elle envisageait de porter plainte.
– Une plainte, mais c’est invraisemblable ! Je ne comprends rien. Elle bluffe, je ne vois pas quelle genre de plainte elle pourrait déposer ?
– Mais c’est qui cette nana ?
– Je t’expliquerai plus tard !
– Non, j’ai besoin de savoir, je ne te prête pas le studio pour que ça m’apporte des ennuis. Si tu ne me dis pas, je fais changer ma serrure.

Alors Pauline (Cynthia) se mit à inventer gros mensonge :

– Cette fille, c’est l’ancienne maîtresse de mon copain, elle me cherche des noises, elle m’a suivie. Manque de bol pour elle, Robert s’est décommandé au dernier moment, elle voulait me faire chanter, ça n’a pas marché. Je suppose qu’elle a dû trouver un autre truc pour m’emmerder ! Mais ne crains rien, s’il elle revient mets-la au défi de porter plainte, elle ne le fera pas.
– D’accord, j’espère que tu ne me racontes pas du baratin !
– Mais non, voyons !

Pauline ne comprenait pas. Elle avait beau tourner et retourner le problème dans sa tête, la réaction de Béatrice lui paraissait inexplicable. La contacter ? Oui mais comment ? Elle rappela Nathalie :

– Elle t’a laissé son numéro ?
– Non ! Mentit Nathalie.

Quand à Béatrice, bien évidemment, elle ne trouva aucune Odile Tavernier à l’adresse indiquée.

Vendredi

Le lendemain, Béatrice et Martinov tentèrent de faire le point.

– Cette fille voulait nous mettre en confiance, mais quand même : aller jusqu’à partouzer pour ça ! Je sais que de tels comportements existent, mais là ça me parait vraiment aberrant, commença Martinov.
– D’autant que je ne comprends pas la manœuvre. Pour intervertir les morceaux de viande, elle avait le temps de le faire quand j’étais dans la salle de bains. Pourquoi a-t-elle préféré me faire revenir
– Pour que ce soit plus plausible.
– Non personne n’irait imaginer un plan aussi tordu, quelque chose nous échappe.
– Elle n’a simplement pas eu le temps de faire la substitution, elle t’a entendu revenir et n’a pas pu glisser le Tupperware dans ton sac. Mais elle savait que tu reviendrais.
– Et je retrouve la nana en bas de chez elle ? Et la viande dans la poubelle ? Non, décidément ça ne colle pas !

Le professeur était de plus en plus perplexe :

– Et puis c’est quoi cette substitution : de la viande saine contre de la mauvaise ? Ou le contraire ? Ajouta-t-il.
– On fait quoi ? Demanda Béatrice.
– On se retire de cette histoire, je vais essayer de joindre Laboinet. Il va m’entendre celui-là !

Mais Laboinet s’avéra injoignable !

– Je te rappelle que j’ai une semaine de vacances, mon petit professeur.
– Et tu vas où ?
– Je devais partir en Tunisie, mais j’ai annulé, je vais improviser.

En fait d’improvisation, Béatrice avait le désir d’y voir clair dans cette histoire absurde. Le lendemain matin (samedi donc), elle s’acheta une perruque brune, se maquilla les lèvres en rouge tomate et chaussa une paire de grosses lunettes noires. Ainsi déguisée, elle se rendit à l’Ortolan du Midi, commanda une grillade aux petits légumes et une carafe d’eau, découpa un morceau de viande qu’elle rangea rapidement dans son sac après l’avoir enveloppé dans du papier d’alu. Elle déposa ensuite sur la table le montant de l’addition et quitta l’établissement sous le regard ébahi de la serveuse, puis porta son échantillon au laboratoire.

– Je veux savoir deux choses : la nature de la viande et son état bactériologique.
– Je vais vous demander des arrhes et de me renseigner cette petite fiche : nom, numéro de portable…

Béatrice s’exécuta

– Avez-vous besoin également de savoir le sexe de la bête ? Ironisa grassement le guichetier.
– J’aurai les résultats quand ? Répondit Béa en foudroyant l’impertinent du regard.
– Si je peux me permettre un avis, vous étiez bien plus sexy en blonde…
– Je vous ai posé une question !
– Dans 10 jours, on vous appellera, mais revenez nous voir quand vous voulez, c’est toujours un plaisir.
– Connard !

Vexé, le guichetier ne répondit pas, il attendit courageusement que Béatrice ait quitté les lieux pour se tourner vers son collègue.

– Elle ne perd rien pour attendre, cette salope, je vais la soigner ! Dit-il.
– Qu’est-ce que tu vas lui faire ?
– Déjà ça ! Répondit-il en jetant à la poubelle l’échantillon de viande.
– T’est fou, qu’est-ce qu’on va lui dire quand elle reviendra !
– Qu’on a perdu l’échantillon. Ou alors j’ai une meilleure idée, on va lui bricoler les résultats, on va faire un rapport en expliquant que sa bidoche c’est de la chauve-souris avariée.

Les deux idiots éclatèrent de rire à l’idée de cette plaisanterie douteuse.

– Et puis on va lui facturer et on empochera le pognon, en cachette de la direction. Elle n’est pas belle la vie ?

Et se trouvant vraiment très fort, le guichetier se mit de suite à taper son rapport sur l’ordinateur en poussant des ricanements débiles.

Quand à Béatrice, elle passa son week-end à faire le ménage, quelques courses et à se reposer.

La suite est en page 2

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6 réponses à Professeur Martinov 12 – Professeur Martinov et la grillade mystérieuse 1 – L’Ortolan du midi par Maud Anne Amaro

  1. Rodrigo dit :

    Tout y est, une intrigue farfelue mais délicieusement racontée, un érotisme subtil, un texte comme clui-ci ça se savoure !

  2. Arkansas dit :

    Attention ma braguette va craquer, donc je vais l’ouvrir, sortir ma bite et me faire une bonne branlette avant d’aller au lit

  3. Sochaux dit :

    Martinov chez les cannibales ?

  4. Lisov dit :

    Intrigant de chez intrigant

  5. Marylu dit :

    Eh, bien en voilà un histoire abracadabrante avec ses passages torrides (Oh lala)
    Je m’en vais de ce pas lire la suite

  6. Muller dit :

    C’est assez fabuleux ! L’intrigue est passionnante à souhait et les passages érotiques… Oh, ma mère !

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