2 – Les déconvenues de Guillaume
Lundi
Guillaume s’attendait à tomber sur une entreprise quelconque au sein d’une zone industrielle, il fut donc fort surpris de se retrouver dans un quartier pavillonnaire à la périphérie de la ville. A l’adresse recherchée se tenait une bâtisse cossue, la « villa des ormes ». Quelle occupation pouvait bien exercer Marie-Léa en cette demeure ? Restait maintenant à la contacter ! Rien de plus facile, il suffisait d’utiliser la sonnette.
Il sonna donc, Marie-Léa le reconnut de suite sur l’écran vidéo et demanda à sa collègue Sophie d’éconduire le malotru. Sophie est une jolie blackette aux formes épanouies et au visage malicieux.
– Je connais ce mec, je ne sais pas comment il m’a retrouvé, mais je n’ai vraiment pas envie de le revoir. S’il demande après moi…
– Rassure-toi, je saurais faire !
– C’est pourquoi ? Demande Sophie dans l’Interphone.
Guillaume est déçu de ne pas reconnaître la voix de Marie-Léa dans l’Interphone. Mais il n’était pas au bout de ses déceptions
– Euh ! J’aurais voulu parler à Marie-Léa.
– Vous devez faire erreur, il n’y a pas de Marie-Léa ici.
Douche froide ! Mais peut-être, se dit-il, qu’elle se fait appeler d’un autre prénom.
– J’ai une photo ! Reprend-il en l’exhibant devant la caméra.
– Je ne vois pas bien, levez-là à hauteur de votre visage, oui, tournez un peu la photo vers la gauche, là comme ça ! Non ça ne me dit rien du tout !
– Ce n’est pas possible sa mère m’a dit qu’elle travaillait ici.
Coup d’œil embarrassé des deux filles. Marie-Léa ne comprend pas que sa mère lui ait fourni ce renseignement. Elle chuchote quelque chose à sa collègue.
– C’est peut-être la personne qui était là avant moi, je ne suis là que depuis trois semaines. Reprend alors Sophie.
Guillaume encaisse le coup et s’éloigne. Il repense à ces films noirs américains dans lesquels le héros à partir d’un indice ridicule parvient à remonter toute une filière. Le problème, c’est que d’indice, il n’en a aucun !
Alors au bout d’un quart d’heure, il revient sur ses pas, sonne de nouveau :
– Encore vous ! S’exclame fort sèchement Sophie.
– Excusez-moi d’insister, mais c’est très important, si vous pouviez vous renseigner, me donner un indice, quelqu’un dans cette maison doit bien savoir ce qu’est devenue cette personne.
– Attendez !
Elle cherche Amélie, finit par la trouver, en pleine altercation avec Monsieur Benjamin :
– Amélie, dois-je vous rappeler qu’il est interdit d’avoir des communications personnelles pendant le service !
– C’est une urgence ! Répond la blondinette ! Qu’est-ce que tu disais, maman, on t’a attaqué dans la rue ! Ma pauvre ! Tu n’es pas blessée au moins ? Mais on en reparlera ce soir, là je suis de service. Dis-moi, Guillaume a retrouvé ma trace. Il a dit que c’était toi qui lui avais fourni le renseignement.
– N’importe quoi ! Il est venu me voir et je l’ai viré… Mais peuchère, si ça se trouve c’est lui qui m’a attaqué. Mais bien sûr que c’est lui… Comment j’ai fait pour ne pas y penser plus tôt ?
– Je te laisse maman, je te rappelle sans faute ce soir, bisous.
Elle raccroche et Sophie très énervée intervient :
– Il est revenu, il m’a demandé de me renseigner, qu’est qu’on lui dit ?
Monsieur Benjamin intervient à son tour :
– Vous jouez à quoi, toutes les deux ? C’est qui cet emmerdeur à la grille ?
– C’est mon ex petit ami, je ne veux plus le voir, il a piqué le sac et le téléphone de ma mère pour savoir où j’étais… Sophie lui a dit que je ne travaillais plus ici, apparemment il insiste.
– Bon, Sophie, dites à cet individu de revenir dans une heure. Quand à vous Amélie, sachez que je n’aime pas du tout ce genre d’histoires.
– Mais Monsieur ce n’est pas de ma faute, je n’y suis pour rien, quand je pense que ce salaud a attaqué ma mère…
…et crise de larmes.
– Bon Amélie calmez-vous ! Je vais le recevoir personnellement dans une heure et lui confirmer que vous êtes partie sans fournir de nouvelles coordonnées. Euh, parlez-moi de ce type, il n’est pas dangereux au moins ? Il ne fait partie d’une bande ? Il a déjà fait de la prison ? Je n’ai aucune envie qu’il s’en prenne à moi ou à mes biens.
– Mais, monsieur, on ne connaît jamais les gens, je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’un site S.M., on a un peu vécu ensemble, on s’est présenté nos parents, tout allait bien et un jour il m’a frappé sauvagement, et ça n’avait plus rien à voir avec du sadomasochisme. J’ai failli lui pardonner, puis je me suis dit qu’un type capable de faire ça recommencerait forcement, alors je me suis tirée.
– Bien je vois, cela ne m’aurait pas déplu de lui foutre une trouille dont il se serait rappelé toute sa vie, mais je préfère faire soft. Sophie, quand ce voyou se représentera devant la grille, conduisez le dans mon bureau. Quant à vous Amélie, je ne vais tout de même pas vous punir, vu les circonstances, mais le moins que vous puissiez faire serait sans doute de me faire une pipe.
– Bien Monsieur !
– Sophie, je ne vous ai pas dit de partir, allez donc me chercher Léandre, il va aider Amélie à me sucer !
– Léandre est parti en ville s’occuper du remplacement de la cabane de jardin, il risque de ne pas revenir avant un petit moment !
– Ah ! Ah bon, on ne me dit rien dans cette maison ! Et bien dans ce cas, Sophie vous savez ce qu’il vous reste à faire ?
– Bien sûr, monsieur, ce sera avec un grand plaisir, monsieur !
– Mettez-vous un peu à l’aise, que je vois vos nichons.
– Bien Monsieur ! Répondirent en cœur les deux soubrettes en s’exécutant.
– Allez, je vous laisse vous débrouiller, moi je ne fais rien, je me laisse faire.
Sophie entreprit donc de libérer le pantalon de son patron, puis de le titrer jusqu’aux chevilles, le ridicule caleçon à petites fleurs suivit le même chemin. Elle dégagea ensuite tout ça, sachant qu’il n’aimait pas rester à demi entravé. Amélie tripota la bite ainsi découverte, elle ne bandait pas, mais quelques manipulations de ses doigts expert eurent tôt fait de redonner à ce sexe une vigueur de bon aloi.
Elle le décalotta, et présenta sa langue sur le gland. Celle de Sophie vint la rejoindre et les deux filles s’amusèrent comme des petites folles alternant des mouvements sur le sexe de Monsieur Benjamin et des échanges de langues accompagnés de coup d’œil complices.
Le temps passant, elles étendirent leur terrain de jeu s’occupant tantôt de la verge, tantôt du gland, tantôt des testicules. Et puis tout d’un coup le maître des lieux releva ses jambes vers l’arrière, libérant ainsi l’accès à son anus. Les filles connaissaient ce signal. Après s’être concertées du regard, c’est Amélie qui se dévoua afin d’aller doigter le mâle troufignon en d’énergiques mouvements de va-et-vient.
Benjamin commençait à avoir sérieusement chaud, son plaisir montait, il haletait comme un vieux chien, et finit par éjaculer dans la bouche de Sophie.
– Monsieur a encore besoin de nous ! Demanda Amélie.
– Non, ou plutôt, si, apportez moi des chaussures, et le reste, je vais prendre un peu le frais vingt minutes.
Guillaume se morfondait, une heure ça peut être si court, comme ça peut être très long, Il avait marché quelques centaines de mètres, puis était revenu sur ses pas, avant de repartir dans l’autre sens. Evidemment, il gambergeait, il n’avait pas réagi sur le coup mais quelque chose clochait : La fille lui avait affirmé que Marie-Léa avait quitté cette maison depuis trois semaines, or il lui semblait bien d’après les messages qu’il avait lu sur le portable de sa mère qu’elle devait y être encore récemment. Mais bien sûr, elle pouvait aussi mentir à sa mère…
L’heure étant passée, il sonna à la grille pour la troisième fois. Sophie, revêtue de sa tenue de soubrette vint lui ouvrir :
– Monsieur Benjamin peut vous recevoir une dizaine de minutes, si vous voulez bien me suivre.
Il suivit cette fille à la croupe avantageuse qui, se dit-il, aurait donc pris la suite de Marie-Léa, cela voulait dire qu’elle faisait un boulot de bonne à tout faire. Bonne à tout faire à Beauvais, alors qu’elle était en possession d’un BAC + 6 et qu’elle occupait à Narbonne un bon poste de préparatrice en pharmacie ?
Il sentit comme une présence derrière lui, il se retourna et vit deux énormes molosses à l’allure peu engageante.
– La maison est bien gardée, se crut obligée de commenter Sophie
Monsieur Benjamin avait décidé de s’amuser. De son passé de commissaire-priseur il avait appris que la meilleure façon de se débarrasser de personnes trop curieuses était d’ébranler leurs certitudes et de les envoyer vers des fausses pistes.
– Alors cher monsieur, en quoi puis-je vous être utile ?
– Je recherche cette jeune femme ! Répondit Guillaume en lui mettant sa photo sous le nez !
– Savez-vous que rien ne m’oblige à vous répondre ? Vous êtes de la famille ?
– Euh, non !
– Cette personne n’a peut-être pas envie de vous voir ?
– Et vous m’avez fait poireauter une heure pour me dire ça ?
– Cette attente d’une heure n’était pas de mon fait. Bon, je n’ai beaucoup de temps, j’attends quelqu’un, je peux néanmoins vous confirmez qu’Amélie était à mon service jusqu’il y a trois semaines…
– Amélie ?
– C’est bien la jeune femme qui vous intéresse ?
– Je ne lui connaissais pas ce pseudo.
– Et bien vous aurez appris quelque chose ! Mais dites-moi, qui vous a donc dit qu’elle avait travaillé ici ?
– Sa mère !
– Sa mère ? Elle m’avait dit qu’elle était orpheline ! Elle m’aurait donc menti ? Bien, donnez-moi le numéro de cette supposée mère, nous allons l’appeler, nous verrons si elle est d’accord pour que je vous renseigne.
Guillaume devint blême avant de balbutier :
– Je ne connais pas son numéro, j’étais allé la voir.
– Elle a peut-être un téléphone fixe, quel est son nom ?
Il donna un faux nom, une fausse adresse. Monsieur Benjamin prit son portable et demanda au service de renseignements de le mettre en contact avec une Catherine Potez à Cavaillon.
– Cette personne n’a pas de fixe, à moins qu’elle soit en liste rouge. C’est fâcheux. Mais bon, peu importe : Amélie n’est plus là ! C’est dommage d’ailleurs, c’était une belle salope, si vous vous voulez bien me permettre l’expression, elle suçait divinement.
Guillaume sentit monter en lui une bouffée d’adrénaline, mais s’efforça de se contrôler. Benjamin enfonça le clou :
– J’ai préféré que nous séparions, je n’avais bien sûr aucune preuve, mais… Je passe les détails, mais trouver aujourd’hui du personnel de maison intègre devient assez compliqué.
Le « pauvre » Guillaume tombait du placard : la Marie-Léa qu’il chérissait, qu’il idéalisait était en quelques secondes devenue une menteuse, une voleuse et une suceuse de bites émérite ! Il se leva.
– Bon, on en reste là, je laisse tomber.
– Et, oui parfois la vie n’est pas simple, mais bon… De toute façon, elle allait partir, on m’a rapporté qu’elle fricotait avec le fils d’un commerçant en ville, et qu’ils projetaient de s’installer en Bretagne.
– Ah ! Et je pourrais avoir le nom de ce commerçant ?
– Non je regrette, on ne m’a pas fourni cette précision. Plus de question ?
– Si, mais vous n’êtes pas obligé de me répondre, quelles fonctions exerçait exactement Amélie à votre service. Quelqu’un qui a un bac + 6 et qui se retrouve femme de ménage, ça me dépasse.
– Bac + 6 avez-vous dit ? La carrière d’une femme de ménage est parfois pleine de surprise. Venez, je vous raccompagne à la grille.
Monsieur Benjamin pensait s’être ainsi débarrassé de ce maudit casse-pieds ! Mais comme dirait le grand Chepaki : « les choses ne se passent jamais comme on croit qu’elles vont se passer. »
Guillaume était partagé, il essayait bien de se persuader que tenter de revoir Marie-Léa n’était que chimère, alors qu’un petit peu de lui-même s’obstinait dans cette voie, d’ailleurs n’avait-il pas essayé d’en savoir plus au sujet de ce mystérieux rejeton de commerçant local ?
Il n’arrive pas à se décider à laisser tomber, il traîne, va manger un steak-frites dans un petit restaurant, puis s’achète un bouquin policier censé l’aider à tuer le temps, mais qu’il n’arrive pas à suivre.
Il est 16 heures passée, il se dirige vers la gare, il y a un train pour Paris dans 10 minutes. Il décide de le prendre et adieu Marie-Léa ! Il fait la queue au guichet, c’est interminable, ça l’énerve, le train est raté, il interprète cela comme un signe du destin. Il s’est décidé, il cherchera la trace de Marie-Léa.
Il se trouve une chambre d’hôtel, s’achète un peu de linge de rechange, et surtout un vélo. Pourquoi un vélo ? Mais parce que Guillaume a un plan. Oh ! Un plan tout simple, puisque la piste qu’on lui avait suggérée passait par les commerçants de la ville, il suffisait pour savoir ceux dont ils s’agissaient, de suivre la personne chargée de faire les courses.
Mardi
Le lendemain, mardi, Guillaume se mit en planque dès 8 heures, non loin de la villa de Monsieur Benjamin. Il était bien conscient qu’il lui faudrait peut-être patienter plusieurs jours, il, passerait donc son temps en bouquinant et en écoutant de la musique.
Mais la chance sembla lui sourire ce matin : vers 9 heures, Sophie sortit avec un caddie de marché. Il la fila donc, elle commença par la poste où elle resta une demi-heure, puis ce fut le crémier, le marchand de primeurs, la charcuterie italienne et enfin le boulanger.
« Ah ! Se dit Guillaume, il manque des commerçants, le boucher, le poissonnier, l’épicier… Mais bon il pouvait toujours commencer par ceux dont il avait noté l’adresse.
Il passa le reste de sa matinée à s’acheter un costume de ville, une chemise blanche, une jolie cravate et des chaussures en cuir, puis il se rendit dans une imprimerie où il se fit confectionner des cartes de visites « Guillaume Schrödinger, détective privé » ainsi qu’un agrandissement numérique de la photo de Marie-Léa. Puis, il alla déjeuner avant de retourner à l’hôtel, où il fit une petite sieste.
Vers 16 heures, il se rasa de près, enfila ses vêtements neufs et s’en alla faire la tournée des commerçants.
– « Guillaume Schrödinger, détective privé. » je suis à la recherche de cette personne dit-il en s’adressant au crémier, tout en exhibant sa fausse carte et le portrait de Marie-Léa.
– Oui, c’est une bonne cliente, elle travaille pour un patron l Il lui est arrivé quelque chose ?
– Sa mère voudrait savoir où elle est !
– Ben je ne peux pas vous en dire plus.
La scène se répéta quasiment à l’identique chez le boulanger. Le marchand de primeurs devait faire partie des gens développant une allergie aux détectives privés (peut-on leur donner tort ?) et refusa de répondre. En revanche le charcutier italien fut, lui, fort loquace :
– Hé, c’est une des filles qui travaillent chez Monsieur Benjamin, route de Paris, vous trouverez le numéro de la rue dans l’annuaire.
– On m’a dit qu’elle aurait quitté la ville, il y a trois semaines.
– il y a trois semaines, ce n’est pas possible ? Elle est passée vendredi dernier, je me souviens parfaitement, elle a acheté quatre gros salamis entiers, qu’est-ce qu’on a rigolé avec ça !
– Vous êtes sûr ?
– Oh ! Presque ! Gino, la petite Amélie, elle est bien passée vendredi dernier ?
– Jeudi ou vendredi, je ne sais plus.
– Et elle ne vous a pas laissé entendre qu’elle allait partir ?
– Non, non !
– C’est toujours elle qui fait les courses de Monsieur Benjamin ?
– Non, pas toujours, il y a une petite antillaise aussi, très gentille.
– Et elle est ici depuis longtemps ?
– Oh ! Là là ! Ça fait un moment ! Je ne sais pas… Plusieurs mois.
– Bon je vous remercie !
Guillaume ne sait plus que penser. Il lui parait complètement improbable que le commerçant mente. Marie-Léa travaillerait-elle chez un autre bourgeois de la ville ? A moins que Sophie et Monsieur Benjamin mentent de conserve ? Mais pourquoi ? L’envie de savoir le tenaille. Entrer par effraction dans la villa des Ormes était impossible à cause des chiens. Ne cachant trop que faire, il s’acheta une paire de jumelles et décida de revenir sur les lieux le lendemain.
Toutes les fenêtres de la villa ont des rideaux, mais dans toutes les maisons on finit par ouvrir les fenêtres, il faut bien aérer, non ? Il attendrait donc ce moment.
Mercredi
Le matin, il ne se passa rien de spécial, un jardinier s’affairait près des massifs de fleurs, Guillaume pensa un moment l’interpeller, mais y renonça, il n’avait pas envie de se faire repérer, et puis il avait sans doute les mêmes raisons que Sophie de lui cacher la vérité. Quoi qu’en lui offrant de l’argent ? Il garda l’idée en réserve. Vers 10 heures, Sophie partit faire des courses, il résolut de la suivre. Ce n’était pas une bonne idée, elle se contenta d’une visite chez le boulanger.
Quand il revint à son poste d’observation, il s’aperçut que deux fenêtres avaient été ouvertes. Il tenta de voir quelque chose d’intéressant à l’intérieur, mais en vain. Il aurait fallu qu’il fût là au moment de l’ouverture, demain, il ne referait pas la même erreur.
Un peu après 14 heures deux femmes empruntent la rue. A la façon dont elles regardent les numéros de rues, ce ne sont assurément pas des habituées du coin. Elles pilent au niveau de la ville des ormes. Elles sonnent. Après un bref échange au vidéophone, c’est Sophie qui vient les accueillir et qui les fait entrer.
<b<Chanette
Beauvais n’est pas une si grande ville que ça, et nous fîmes le chemin à pied. Arrivées chez Benjamin, une soubrette antillaise vint nous ouvrir puis nous confie à Amélie. Radieuse elle nous embrasse, chastement mais chaleureusement, et nous conduit dans ce qui devait être une chambre d’amis.
– Voilà, Monsieur Benjamin m’a demandé de vous dire de vous préparer ici. Nous attendons quelques personnes, on viendra vous chercher quand nous serons tous prêts.
– Ah bon !
– L’enveloppe qui est sur la petite table, c’est pour vous.
J’ai emporté un bustier noir en vinyle, la culotte est noire aussi, ainsi que le porte-jarretelles et les bas. Des grandes bottes montent jusqu’en en dessous des genoux. Sylvia a opté pour une mini robe à brettelles en skaï noir avec un collant résille et des bottes comme les miennes.
Effectivement vingt minutes plus tard, Amélie revenait nous chercher et nous conduisit dans un grand salon.
– Soyez les bienvenus dans ma modeste demeure ! Déclare avec emphase Benjamin. J’ai invité quelques amis, vous comprendrez que par discrétion je ne vous les présente que par leur prénom. Voici donc Gilberte et Jacques, un couple très coquin, voici Hubert, et voici Octavio ! Vous aurez bien sûr la permission de chauffer cette l’assistance, ces braves gens se laisseront faire.
Ben voyons !
Gilberte et Jacques ont la quarantaine bien tassée, lui genre professeur à lunettes, barbe de trois jours, assez maigre, elle, brune au sourire carnassier et au visage coquin. Hubert semble avoir la soixantaine, un beau vieux bien élégant, comme on dit, quand à Octavio, il doit avoir la vingtaine, frisé comme un pâtre grec et limite efféminé, je me demande si Hubert et lui… on verra bien. Il y a aussi deux autre domestiques qu’on ne me présente pas, j’appris plus tard qu’il s’agissait de Sophie, une ravissante antillaise et de Léandre, un eurasien ténébreux.
– Et bien voilà les présentations sont faites, il y a du champagne et quelques amuse-gueules pour ceux qui le souhaitent. Et maintenant, les esclaves au milieu !
A ces mots, Amélie, Sophie et Léandre se déshabillent, puis s’agenouillent au milieu de la pièce devant les invités. Je remarque qu’ils sont tous les trois équipée d’un collier de chien.
– Voilà, Maîtresse Chanette et Maitresse Sylvia, à vous de jouer !
Ben voyons ! Il aurait pu nous le dire, ce con qu’il y avait du monde et qu’il y avait deux femmes et un mec à dominer. Je sais bien qu’il nous a refilé un pactole, mais ça n’excuse pas tout.
Sur une table basse, il y a quelques accessoires, menottes, ficelles, pinces, cravaches, martinets… et même un pot de chambre. On va faire avec. Un chevalet a également été installé.
Ça va donc être la grande improvisation, je tends une cravache à Sylvia, on va commencer par de la flagellation bien basique, en principe quand il y a des spectateurs, ils aiment bien.
Je fais relever les esclaves de façon à ce que leurs fesses soient accessibles, leur demande d’écarter les jambes et les bras et commence par m’occuper de Sophie la jolie blackette, tandis que Sylvia s’occupe de Léandre. Puis on tourne, on alterne, on permute. On ne se presse pas, on fait durer le plaisir.
Au bout d’un moment, les esclaves finissent par avoir le cul bien rouge. Il est temps de passer à autre chose. On ordonne à Léandre de se coucher sur le chevalet de façon à ce que son trou du cul nous soit bien accessible, on lui attache les poignets et les chevilles.
Je jette un coup d’œil vers la petite assemblée assise sur des chaises. L’ambiance commence à être chaude. Gilberte a sorti la queue de Benjamin qu’elle branle lentement. Jacques son mari se fait peloter la braguette par Octavio le pâtre grec, et semble apprécier. Seul Hubert semble sage pour le moment.
Je décide de me faire provocatrice, nous nous harnachons toutes les deux de godes-ceinture, puis je m’approche des spectateurs les regardant droit dans les yeux en branlant la bite en plastique le plus vicieusement possible. En principe, ce genre de fantaisie à un effet « chauffant » assez irrésistible.
Ça ne rate pas, je me mets sur les genoux d’Hubert. J’ignore s’il apprécie la compagnie des femmes ? Un peu tout de même sinon il ne serait pas là. Je sens qu’il bande, je me dégage.
– Sors ta bite et branle-toi !
Il le fait. Sylvia est venue sur les genoux de Gilberte et lui roule une pelle, tout en trouvant le moyen de la dépoitrailler.
Je passe maintenant devant Octavio toujours en train de caresser la braguette de Jacques, le mari de Gilberte. Je pile devant lui et me livre à une masturbation factice (mais très réaliste) avec mon gode. Il en est tout chose, l’Octavio.
– Ben qu’est-ce que tu attends pour lui sortir la bite à ton voisin ?
– Je peux ? Demande-t-il alors.
Jacques fait signe que oui. Il extrait la queue bandée et commence à la branler.
– Suce-là !
Il n’hésite pas une seconde et prend le mandrin dans sa bouche.
Je fais signe à Sylvia qu’il est temps de retourner tourmenter nos esclaves. Je retire ma culotte et la lance dans l’assistance. C’est Jacques qui l’attrape et qui se met à la renifler. Sylvia m’imite mais sa culotte atterrit dans les décors. Il faudra qu’on pense à les récupérer, tout à l’heure !
– Ah ! On sonne ! Dit alors Benjamin, ce doit être Nicole. Sophie va voir !
Petite interruption de séance, C’est maintenant Jacques qui joue avec la quéquette d’Octavio. Gilberte s’est complétement déshabillée et continue de tripoter Benjamin. Quand à Hubert il se branle toujours en solitaire.
Sophie revient accompagnée de Nicole et reprend sa place. Nicole est une blonde mature un peu forte avec un très joli visage. Elle embrasse tout le monde, touche quelques bites au passage et va s’assoir à côté d’Hubert.
J’ai demandé aux deux soubrettes de nous lécher le cul pendant que nous nous occupons de Léandre. Je le sodomise avec mon gode pendant que Sylvia lui fait sucer le sien. On lui fait subir nos assauts pendant cinq bonnes minutes aux termes desquelles, je fais signe à Sylvia que nous allons intervertir nos places.
Un coup d’œil sur le préservatif enveloppant mon gode ceinture. Il est ressorti du cul de Léandre à peine pollué, je le laisse donc.
Après plusieurs minutes, Sylvia me confie à l’oreille qu’elle a envie de pisser et qu’on pourrait en profiter pour faire un peu d’uro. Il me vient alors une idée farfelue que j’expose à ma camarade de jeu.
On fait s’agenouiller les esclaves face au public mais un peu en retrait. Sylvia se saisit du pot de chambre et vient en avant d’eux, elle s’accroupit, exhibe « vicieusement » sa jolie petite chatte devant l’assistance, se concentre quelques instants en fermant les yeux et se met à pisser d’abondance dans le réceptacle.
– Humm ! Que c’est beau ! J’aimerais bien pouvoir vous nettoyer avec ma langue ! Ne peut s’empêcher de s’écrier Gilberte.
Sylvia me lance un coup d’œil, et moi-même guette un signe d’assentiment du côté de Monsieur Benjamin. Il ne semble pas y avoir de problème.
– Dans quelques instants tu pourras lui nettoyer la chatte ! Interviens-je alors.
Je demande à Sylvia de revenir avec son pot plein. Je me saisis d’une bâche en plastique, demande aux esclaves de s’agenouiller dessus, et de lever la tête en laissant la bouche ouverte. Puis je verse la pisse sur leur visage. Sophie et Amélie ont l’air de trouver la chose amusante contrairement à Léandre qui nous fait une vilaine grimace. Mauvais joueur !
Puis je fais venir Gilberte.
– Tu aimerais bien être à la place des esclaves, toi ?
– Oui, pourquoi pas !
– Bien, pour l’instant nettoie la chatte de ma copine et lèche bien toute la pisse.
Sylvia se couche sur le sol et Gilberte vient donc lui faire minette.
C’était à prévoir, une fois le minou nettoyé, elle reste à lécher et à sucer cette joie chatte offerte. Sylvia se prête au jeu. L’affaire dure plusieurs minutes au terme desquelles ma copine se met à crier son orgasme, à mon avis non simulé.
Le temps passe, j’ai pensé à un truc avec Sophie et Amélie, j’envoie d’abord Léandre, qui a été pas mal sollicité, au coin, les mains sur la tête. Je lui fouette un peu le cul, juste pour le fun, et le laisse en l’état.
Je demande à Sophie et à Amélie de disposer à cinquante centimètres l’une en face de l’autre, puis je les fais se gifler mutuellement chacune leur tour. Les filles jouent le jeu : elles ne sont pas en train de s’assommer, mais elles ne font pas semblant non plus.
Ce petit jeu ne peut durer longtemps, aussi passais-je à autre chose : je demande deux chaises et je fais asseoir les deux soumises l’une devant l’autre à 1,50 mètres de distance. Nous les attachons ensuite de façon à immobiliser le dos, les mains derrière le dossier et leur entravons les chevilles.
Puis, je fais signe à Sylvia de venir à mes côtés devant Amélie.
– Tu prends des pinces et tu fais la même chose que moi, je m’occupe du côté gauche, toi du côté droit.
Ce que je vais faire est un chapelet de pinces. La première, la « pince-mère » est fixée sur le téton, puis d’autres pinces vont suivre, fixées sur la peau de cet endroit jusqu’au « gras » du bras en les espaçant d’environ quatre centimètres. Une ficelle fine (mais assez longue) est ensuite introduite dans le trou des pinces afin de les relier entre elles. Le côté droit d’Amélie subira bien évidemment le même sort. Il en sera de même pour Sophie.
L’étape suivante consiste à relier le bout de ficelle, côté gauche d’Amélie au bout de ficelle côté droit de Sophie (et vice versa). Les deux bouts de ficelles sont alors tendus, pas à fond mais presque.
Je fais sortir Léandre de son coin et lui demande de nous dégoter deux seaux d’eau, l’un rempli, l’autre vide ainsi qu’une louche.
Le matériel étant arrivé, je fixe le seau vide au milieu des deux ficelles, puis je demande l’assistance d’un spectateur. Gilberte est volontaire, je lui explique :
– C’est tout simple, vous prenez de l’eau avec la louche dans le seau plein et vous la versez dans le seau vide.
C’est parti !
Le poids de l’eau a tôt fait d’entrainer la ficelle vers le bas, les pinces changent de direction et mordent les chairs. Pendant que Gilberte officie nous nous sommes placées, Sylvia et moi près des soumises afin de parer à tout accident.
Et puis la dernière pince sur le bras gauche de Sophie saute, provoquant un hurlement de la pauvrette. Je demande à Gilberte de ne pas aller trop vite, mais, désormais à chaque nouvelle louchée, ce sont plusieurs pinces qui sont dégagées, provoquant à chaque fois les cris des victimes. Bientôt il ne reste plus que sept pinces. Nous en enlevons trois « à la main » afin que les deux filles soient à égalité de traitement, ne laissant que celles qui sont sur les tétons.
– Arrêtez la louche ! Indiquais-je à Gilberte. Et asseyez-vous doucement sur le seau, en le maintenant afin qu’il ne se renverse pas !
Elle le fait, les deux pinces d’Amélie saute, la pauvrette en a les larmes aux yeux. Sophie a aussi dégusté mais les pinces sont restées, je fais signe à Sylvia de lui enlever.
Nous détachons nos victimes consentantes, je fais un petit bisou au passage pour consoler Amélie, puis Sylvia et moi venons saluer le public comme au théâtre et recueillons les applaudissements de cette bande de joyeux drilles.
– Merci Mesdemoiselles, vous avez été parfaites ! Dira monsieur Benjamin. Amélie, Sophie et Léandre, vous pouvez allez-vous reposer, mais si vous voulez rester, c’est comme vous voulez.
Non, ils ne restent pas, et en quittant la salle, Amélie m’adresse le plus craquant des sourires.
Sylvia et moi, rangeons nos petites affaires, tandis que ces messieurs dames se livrent à des mouvements d’approches multiples et variés. A mon avis ça va se terminer en méga partouze, mais ce sera sans nous, et regagnons la chambre d’amis.
On se change. On attend un peu et pus puisque personne ne viens nous chercher, nous redescendons au salon. Monsieur Benjamin est affalé sur son fauteuil, je suppose qu’il vient de jouir. Nicole se fait baiser par Octavio tandis que Gilbert lui roule un patin. Hubert lèche la bite de Jacques.
– Humm, humm ! (ça c’est moi qui me racle la gorge)
– Ah, excusez-moi, je suis un peu épuisée.
– On s’en va !
– Vous n’allez pas partir à pied, je vais demander à Léandre de vous reconduire à la gare.
– Laissez-le se reposer ! Par contre si vous aviez quelque chose à boire,
– Oh, je suis désolé, je manque à tous mes devoirs. Venez dans la cuisine.
On boit un jus de fruits, nous sommes rejoints par Jacques qui manifestement vient de jouir et qui nous propose gentiment de nous accompagner à la gare. On accepte.
Guillaume
Quelqu’un ferma une des fenêtres du haut, Guillaume n’eut pas eu le temps d’ajuster ses jumelles et de savoir de qui il s’agissait. Il visa très vite l’autre fenêtre, pas assez cependant pour distinguer qui que ce soit. Il lui sembla cependant que ce n’était pas Sophie. Serait-ce alors Marie-Léa ? Son cœur se mit à battre plus vite.
Un plan germa dans ses pensées, quand les « visiteuses » repartiront, il les suivrait en vélo, et à la première occasion, il les interrogerait.
Ce n’est que deux bonnes heures plus tard que la grille s’ouvrit pour laisser passer une voiture. Les deux femmes de tout à l’heure semblaient être à l’arrière. Si la voiture restait en ville, vu la circulation locale et les feux rouges, il avait ses chances.
Guillaume enfourche son vélo. Tout va bien.
Chanette
Nous voici à la gare, Jacques s’arrête et nous ouvre protocolairement la porte. Le train ne part que dans 10 minutes, mais il est à quai, on y va doucement.
C’est alors qu’un type s’approche de nous et nous exhibe une carte que je n’ai pas le temps de lire :
– « Guillaume Schrödinger, détective privé. » je suis à la recherche de cette personne, dit-il en nous exhibant la photo d’Amélie.
– Ben, c’est Amélie ! Répond spontanément Sylvia avant que le coup de coude que je lui envoi la fasse taire.
– Nous ne connaissons pas cette personne ! Coupais-je.
– Permettez-moi d’insister, mademoiselle semblait la reconnaître…
– Mademoiselle ne connaît pas cette personne non plus, au revoir monsieur.
– Ecoutez…
– Bon, vous nous foutez la paix maintenant ! OK ?
Le casse-pieds s’éloigna.
– On ne donne jamais de renseignement sur les clients. Jamais ! En plus ce mec doit être autant détective privé, que moi, je suis sonneuse de cloches.
– Et il la cherche pourquoi, Amélie ?
– Va savoir ! Je passerais quand même un coup de fil à Monsieur Benjamin, on ne sait jamais.
Guillaume
Il enrage, cette nana était prête à causer mais l’autre pétasse l’en avait empêché. Mais, bon, il avait son renseignement. Marie-Léa était bien là, restait à trouver le moyen de la contacter… Et puis, le déclic : La nana avait reconnu Marie-Léa mais rien n’affirmait qu’elle l’avait vue aujourd’hui, il n’avait pas eu le temps de lui demande. Comment faire ? Une seule solution : suivre ces femmes ! Elles avaient disparu, mais il y avait neuf chances sur dix qu’elles soient montées dans le train pour Paris. Il s’empressa d’acheter un billet.
Il monta en tête de train afin d’avoir le maximum de chance de les retrouver à Paris.
Effectivement, à Paris Gare du Nord, il les retrouva, et les suivit. Horreur, elles se dirigèrent vers une station de taxi, voilà qui compromettait gravement la filature. Il n’a que dans les récits policiers que le héros prend place dans un taxi en demandant « suivez cette voiture ! » Là il faudrait déjà qu’il veuille, puis qu’il réussisse à le faire. De plus, il n’était pas exactement derrière elles dans la file d’attente. Une fille d’attente considérable ! Il y en avait bien pour une heure ! Il décida d’abandonner et quitta la queue ; machinalement, il regarda derrière lui : Miracle : les deux femmes quittaient à leur tour la file d’attente et se dirigeaient vers le métro. A une intersection de couloir les deux filles se séparèrent. Bisous, bisous. Bien évidemment, il suivit Sylvia… Jusque chez elle.
Chanette
La journée a été fatigante, mais bien payée. J’ai hâte d’être chez moi et de me prendre une bonne douche. Mon portable n’arrête pas de sonner. Je verrais ça à la maison, il n’y a pas le feu ! Et ça sonne encore et ça m’envoie des messages. Décidément cette invention dont je ne pourrais me passer à des inconvénients insupportables ! Et hop, encore un message !
Je finis par regarder : c’est Sylvia, tous les appels récents, presque tous les messages… Sylvia, toujours Sylvia ! Je prends connaissance du plus récent : « Appelle-moi. Urgent ». Bon qu’est-ce qu’elle nous fait la Sylvia ? Jamais, je n’aurais dû accepter de travailler en équipe avec cette nana ! Elle est compliquée, elle me stresse.
J’attends de sortir du métro et j’appelle :
– Sylvia qu’est-ce qu’il t’arrive ?
– Fait que je te vois, j’ai fait une bêtise !
– Une bêtise ? Dis-moi !
– Non viens, s’il te plaît, viens !
– Tu peux vraiment pas me le dire au téléphone !
– Non, je ne peux pas, Oinnnn…. Sniff…
Et la voilà qui chiale ! Pas moyen de la faire parler ! Je lui dis que j’arrive et je reprends le métro, un peu inquiète quand même.
Ça y est, je suis chez elle, elle a l’air choquée. Elle me raconte :
– Tu sais, le mec qui voulait des renseignements sur Amélie à la gare de Beauvais, je ne sais pas comment il a fait… Il m’a suivi jusqu’ici, il est entré chez moi, j’ai eu peur, j’étais morte de trouille, j’ai été obligée de répondre à ses questions. Oinnnn…. Sniff… Tu vas me détester, maintenant. Oinnnn…. Sniff…
– Mais non, je ne vais pas te détester, tu lui as dit quoi ?
– Ben, je lui ai dit qu’Amélie travaillait chez Monsieur Benjamin. Il voulait savoir si je l’avais vu aujourd’hui et si elle avait l’air normale, si elle n’était pas malheureuse.
– C’est tout ?
– Tu lui as donné l’adresse ?
– L’adresse ? Il ne me l’a pas demandé.
– Donc, il la connaît, bizarre ce truc ! Et il est entré comment chez toi ?
– Il me collait au cul quand j’ai composé le digicode, je n’y ai pas fait attention, je pensais que c’était quelqu’un de l’immeuble. Il m’a suivi dans l’escalier, je suis entrée chez moi, j’ai refermé, il a sonné, j’ai ouvert, il est entré sans que je lui demande en me disant qu’il n’en avait que pour cinq minutes.
– Il t’a menacé ?
– Non, mais j’ai eu peur, il avait l’air très énervé, un regard inquiétant.
– Bon, je crois qu’on va arrêter d’aller chez Monsieur Benjamin, je n’aime pas ce genre de complications.
– C’est embêtant, non ?
– Surtout pour toi, mais que veux-tu les embrouilles, j’en ai ma claque ! Je vais quand même prévenir Monsieur Benjamin, lui dire qu’il fasse attention… Mais arrête de chialer…
Guillaume
Guillaume est allé boire une mousse. Il est satisfait, apparemment Marie-Léa n’est ni prisonnière, ni malheureuse. Elle a changé de vie et souhaite se protéger, c’est aussi simple que ça. Il retournerait tout à l’heure à Beauvais et savait ce qui lui restait à faire.
Chanette
Autant se débarrasser des corvées, je décide de téléphoner à Monsieur Benjamin avant de quitter Sylvia et lui résume la situation.
– Vous pouvez me décrire cet individu ?
– Je vais vous passer Sylvia, elle fera ça mieux que moi.
Elle décrit le bonhomme, puis me repasse le portable.
– Je sais qui c’est, je vais aviser, je vous remercie de m’avoir prévenu, je vous laisse, bonne soirée.
A peine aimable, le père Benjamin, mais ce n’est pas bien grave.
Guillaume, Jeudi matin
Guillaume avait rédigé une longue lettre, à l’adresse de Marie-Léa, il lui présentait ses excuses pour sa conduite (ignorant qu’il est inconvenant de s’excuser soi-même), lui disait qu’il l’aimait toujours et toutes ces sortes de choses… Il lui donnait rendez-vous le lendemain devant la cathédrale « afin de se dire adieux de façon convenable et ce, quel que soit ses sentiments actuels à son égard », et bien sûr il joignait son numéro de portable.
Il avait échafaudé la veille un plan hasardeux consistant à confier sa lettre au jardinier de la villa des ormes moyennant une bonne rétribution, ce matin il lui semblait tout de même plus simple de charger l’administration des postes de cet acheminement. Et c’est en sortant acheter un timbre-poste, que passant devant un fleuriste, il eut l’idée de lui faire livrer des fleurs.
– Je voudrais faire livrer vingt roses, celles-ci.
– En principe les roses ne s’offrent qu’en nombre impair !
– Quelle drôle d’idée ! Alors dix-neuf ! Et si vous pouviez joindre ce petit mot au bouquet ?
– Mais bien sûr, c’est à quelle adresse ?
– Marie-Léa, euh non Amélie, vous livrez ça « Villa des ormes, à l’attention d’Amélie ». Ah je vois que vous avez un service inter-fleurs, vous pouvez faire livrer des fleurs à Narbonne ?
– Oui, vous me dites ce que vous désirez comme fleurs, ensuite je téléphone à un fleuriste inter-fleurs de Narbonne qui composera le bouquet et le livrera…
– Alors d’accord ?
– 19 roses, pareilles ?
– Euh, non 13.
– On n’offre rarement 13 roses, 11 ou 15 ?
– Onze.
– Vous voulez joindre un mot ? demanda la fleuriste en lui tendant un imprimé.
Guillaume griffonna « Désolé pour l’autre fois, mais c’était la seule façon de retrouver Marie-Léa. Puissiez-vous me pardonnez. Guillaume »
Et puis le déclic : La mère de Marie-Léa ignorait probablement que c’était lui qui l’avait agressé, ces excuses étaient donc aussi inutiles que prématurées.
– Non, finalement on laisse tomber ?
– On laisse tout tomber ?
– Non, non, le bouquet à la Villa des ormes, il faut le livrer.
– Ce sera fait un peu avant midi, Monsieur.
Voilà, il ne lui resterait plus qu’à attendre et il s’en alla à la cathédrale prier afin qu’Amélie lui revienne.
Chanette ce même matin
On sonne. Je suis en pleine séance, et je n’attends personne dans l’immédiat. J’enfile un kimono et je vais voir. Je regarde par l’œilleton et reconnaît Amélie.
Bizarre ! J’ouvre !
– Madame Chanette, désolée de vous déranger, mais il faut absolument que je vous parle !
– Oui, mais là ce n’est pas possible, tu peux repasser dans une demi-heure ?
– Dans une demi-heure, je pourrais vous parler ?
– Oui !
– Oh, merci, à tout à l’heure alors ?
Bizarre ! Tout est bizarre en ce moment. Sa visite serait-elle liée au comportement de ce type qui cherche des renseignements sur elle ? Bof, dans une demi-heure, je saurais, en attendant j’ai un client à finir…
Une demi-heure plus tard
Surprenante Amélie aujourd’hui, pas du tout la nana totalement soumise comme elle pouvait l’être hier encore. Non elle parait remontée, bravache.
– Je suis venue pour voir si par hasard, vous ne pourriez pas faire quelque chose pour moi ?
– Et quoi donc ?
– En deux mots, Monsieur Benjamin me jette comme une vieille chaussette…
Flash-back
Monsieur Benjamin raccrocha le téléphone. Sa tentative de se débarrasser de l’ex petit ami d’Amélie avait donc échoué. Cela voulait dire que le type était pugnace et surtout qu’il était moins con qu’il en avait l’air. Il pouvait être dangereux, il pouvait aussi vouloir se venger qu’on l’ait envoyé sur de fausses pistes. Il fallait donc étouffer dans l’œuf ce nid d’ennuis potentiels avant qu’il ne soit trop tard. Il appela par l’Interphone Amélie et Léandre et leur demanda de venir :
– Léandre, vous ferez le compte d’Amélie, avec les indemnités de licenciement que vous doublerez. Elle nous quitte aujourd’hui, vous ferez également…
– Quoi ? S’écria Amélie.
– Vous avez très bien entendu.
– Et pour quelle raison ?
– Votre ex petit ami est un fouteur de merde, hier il a suivi la pute russe jusque chez elle. On dirait qu’il veut vous retrouver coûte que coûte. En quittant mon service, il ne vous retrouvera pas, ou du moins ce ne sera plus mon affaire.
– En fait, vous me virez pour me protéger ? C’est ça ? Je rêve ou quoi ?
– Je tiens à assurer ma tranquillité !
– Monsieur Benjamin, juste une question : avez-vous des couilles au cul ?
– Amélie, je vous interdis…
– Quand on rencontre un problème, on essaie d’abord de l’affronter, au lieu de s’en prendre lâchement à ceux qui n’y sont pour rien !
– Amélie, taisez-vous !
– Me taire ? Pourquoi ? Vous n’êtes plus mon patron ! Tiens, je vais vous prouvez que moi, j’en ai des couilles ! Léandre, tu vas attendre huit jours avant de faire ce que te demande Monsieur Benjamin. Je prends une semaine de congés et je peux vous assurer qu’après, vous n’entendrez plus parler de ce Guillaume.
– Oufff…
Monsieur Benjamin allait dire quelque chose mais se ravisa. Après tout ce que proposait Amélie l’arrangeait mais comment accepter sans perdre la face après ce qu’elle lui avait balancé ?
– Bravo Amélie, vous avez réagi exactement comme je l’espérais ! Prenez ces huit jours de congés !
– Je dois faire quoi, Monsieur ? Demande Léandre.
– Rien !
Amélie échangea alors un clin d’œil complice avec Léandre.
Fin du flash-back
J’ai écouté son récit, elle va me demander de l’aide. Mais déjà, je ne vois pas comment je pourrais l’aider et surtout je ne vois pas bien la raison qui me ferait l’aider. Je ne suis pas sur terre pour prendre en charge tous les malheurs des autres. Moi aussi, j’ai été dans la merde, j’ai assumé et n’ai pas été sonner chez les copines.
– Et qu’est-ce que tu attends de moi ?
– Une idée, un conseil.
Habile la fille ! Je m’apprêtais à lui dire que j’aimerais bien pouvoir l’aider mais que je ne voyais pas comment, mais là ce sera plus simple.
– Et pourquoi tu es venu me voir, moi ?
– Je suis obligé de répondre ?
– Ce serait mieux, mets-toi à ma place, on se connaît à peine.
– Quand je suis venu ici la première fois avec Monsieur Benjamin, tu m’as d’abord pris à part, j’ai compris après que c’était pour savoir si j’étais réellement consentante. Ça veut dire que le respect des gens est une valeur essentielle chez toi… C’est des conseils d’une personne comme toi dont j’ai besoin, et non pas de phrases toutes faites qui ne veulent rien dire.
Whah mon égo ! N’empêche que je n’ai rien de génial à lui dire.
– Tu devrais déjà quitter ton patron, c’est un couard !
– Je le quitterai quand je lui aurais prouvé que j’ai pu faire ce qu’il n’a pas eu les couilles de faire.
– Tu as ses coordonnées à ton ex ?
– Oui dans le train pour venir, je les ai obtenues. Un coup de fil aux renseignements, un autre au garage de son père. Je pensais lui téléphoner, lui donner rendez-vous quelque part, et là lui foutre la trouille de sa vie, mais c’est là que je cale !
– On se débrouille pour l’emmener ici, tu lui montres mon studio, le donjon, tout ça… tu lui diras que tout ça est à toi, que tu es maintenant dominatrice professionnelle, que tu te fais beaucoup de fric, et surtout que tu connais beaucoup de monde… Et que tu n’as qu’un mot à dire si un casse-pieds devient trop lourd. Bref, tu le fais gamberger…
– Excellent ça, excellent ! On pourrait faire ça quand ?
– Demain si tu veux, je n’ai pas de rendez-vous demain matin.
Et voilà, il y a vingt minutes, je me demandais comment faire pour refuser de l’aider et là, je me suis piégée toute seule. Pas bien grave !
– Tu ne lui donnes pas l’adresse, donne lui rendez-vous Place de la Trinité à 11 heures et tu l’amèneras ici.
Guillaume pas longtemps après
Il était midi, les fleurs étaient donc livrées. Pas de coup de fil, mais peut-être ne pouvait-elle pas téléphoner en ce moment ? Il n’a pas faim, il tourne en rond dans les rues de Beauvais, imaginant mille et une suites possibles à son initiative matinale.
Midi trente : le portable de Guillaume sonne, son pouls s’accélère, un coup d’œil au numéro : c’est bien Marie-Léa. Il en oublie toute prudence :
– Marie-Léa, c’est toi ?
– Oui, c’est moi ! Comment tu as fait pour savoir que c’était moi, je n’avais pas encore parlé ? Tu avais mon numéro, qui est-ce qui te l’a donné ?
– Mais enfin, Marie-Léa, ça ne pouvait être que toi, j’attends ton coup de fil depuis midi !
– Hein ?
Guillaume ne comprend pas qu’elle ne comprenne pas.
– Bon c’est pas ça le plus important, reprend-elle. J’ai appris que tu tournais autour de la villa des Ormes, j’ignore pourquoi, mais tu aurais tout intérêt à arrêter ce bazar !
– Ecoute-moi…
– Il faut qu’on se parle, reprend-elle, faisant renaître l’espoir chez Guillaume, mais pas par téléphone. Demain à 11 heures tu es libre ?
– Mais bien sûr, puisque…
Il n’arrive pas à en placer une.
– Alors on se donne rendez-vous place de la Trinité, à la sortie du métro.
– A Paris ?
– Bien sûr que c’est à Paris !
– Mais tu n’es pas à Beauvais.
– Je t’expliquerai ça demain. Tu y seras ?
– Oui bien sûr !
– En cas d’empêchement on se prévient. Conclut-elle avant de raccrocher.
Cette affaire devenait de plus en plus bizarre. Que faisait-elle à Paris ? La nana d’hier lui avait pourtant assurée l’avoir vue à Beauvais, confirmant les dires du charcutier italien ? Elle téléphonait juste après la réception des fleurs mais parlait comme si celle-ci n’avait jamais eu lieu ! Décidément quelque chose clochait. L’envoi de fleurs était une erreur, ça avait dû énerver Monsieur Benjamin, ce type avait probablement des relations et pas forcément que des honnêtes, de là à penser qu’on essayait de l’entraîner dans un traquenard, il y n’avait qu’un pas qu’il franchit aisément. Mais pourquoi à Paris ? Il décida de rester sur ses gardes.
Hassan et Dimitri
Hassan a décidé qu’il dissimulerait son arrestation à Dimitri. Les gens de la mafia russe n’étaient pas réputés pour faire des cadeaux. Le 26, il sortit de chez lui vers 4 heures du matin, s’assura qu’il n’était pas suivi, vola une voiture en stationnement et s’en alla la garer près de la gare de Lyon. Par précaution, il ne rentra pas chez lui, il n’avait rendez-vous avec Dimitri qu’à 18 h 30, il occuperait son temps en buvant des bières et en allant au cinéma.
Pour lui cette affaire touchait à sa fin, et déjà, il imaginait ce qu’il ferait de sa coquette prime : un home-cinéma, un bon gueuleton, une poule de luxe, une semaine à Deauville dans un palace…
– A 18 heures 30 précise, Hassan se rend au café. Dimitri l’aperçoit se lève de son siège et lui dit :
– On y va !
– On va où ?
– Déjà voir ce que tu m’as trouvé comme bagnole !
« Ah, oui, bien sûr, donc la transaction se fera dans la voiture ! » se dit-il
– C’est toi qui conduis, on y va ?
– Je ne comprends pas…
– Je ne connais pas bien Paris, tu vas me conduire jusqu’à l’adresse de la fille.
– Je pensais pas qu’on ferait comme ça ?
– Tu pensais quoi, au juste ?
– Que tu me donnerais ma prime, et que pour moi l’affaire était finie.
Dimitri leva la voix.
– C’est ça je vais te donner la prime alors que je ne sais même pas si l’adresse est bonne ? Tu me prends pour un pigeon ou quoi, connard ?
Hassan tremblant de peur fit démarrer le véhicule. Les choses ne se passaient pas du tout comme ils les avaient imaginées. Il était clair que maintenant il n’aurait sa prime que quand la fille aurait été embarquée. Autrement dit si on le choppait, c’était « complicité d’enlèvement ».
Après avoir attendu que la porte de l’immeuble s’ouvre, ils montèrent donc tous les deux au domicile de cette fameuse Alexandra Ivnitzky.
Une octogénaire fardée leur ouvrit.
– Contrôle d’étanchéité ! Annonça Dimitri en entrant en force.
– Pardon ?
– Où est Sylvia ? Demanda le voyou après avoir pris le soin de refermer la porte.
– Mais je ne connais pas de Sylvia !
– Et ça tu connais ? Rétorqua-t-il en lui envoyant une gifle.
– Oh, bandit !
Dimitri fit le tour de l’appartement, sa conviction fut bientôt établie, Sylvia ne pouvait pas habiter ici. Il apostropha Hassan.
– Ce n’est pas son adresse connard, t’as rien vérifié du tout, tu n’es qu’un minable ! Trouve des cordes et ligote la vieille sur une chaise. On va la faire parler.
– Non, je ne fais pas ça !
– Si ! Aboya Dimitri
– Je me casse, j’en ai assez de cette affaire.
Les deux hommes commencèrent à s’empoigner comme des chiffonniers. Si le russe possédait une masse musculaire impressionnante, il n’avait jamais pratiqué de sports de combats contrairement à Hassan. Dimitri un moment projeté contre un mur fit dégringoler une étagère sur laquelle trônait un loup en bronze. Il le reçu sur le crane et décéda sur le champ.
Hassan après avoir constaté que son complice était passé de vie à trépas, prit ses jambes à son cou et dévala l’escalier.
– Rattrapez-le, rattrapez-le ! Criait la petite vieille… mais on ne le rattrapa pas.
Alertée par les bruits et les cris, Carole descend chez sa voisine, rejoint bientôt par d’autres locataires. La porte est restée ouverte, le spectacle est atroce, un homme a la tête dans le sang, des tas d’objets gisent au sol, et Madame Ivnitzky est en état de choc. Quelqu’un appelle la police de son portable.
– Vous l’avez rattrapé ? Balbutie la petite vieille.
– Qui ?
– L’autre.
– Ils étaient deux alors ? Demande un génie des mathématiques.
– Qu’est-ce qu’ils vous ont pris ? Demande un béotien.
– Rien ! Rien du tout !
– Qu’est-ce qu’ils voulaient ?
– Ils cherchaient une bonne femme.
– Quelqu’un de l’immeuble ?
– J’en sais rien ! Sylvia, qu’elle s’appelle.
– Sylvia ! Ne peut s’empêcher de murmurer Carole.
Un type se prétend infirmier et veut vérifier si le mort est bien mort. Il lui ouvre sa chemise et découvre avec étonnement la chaine au bout de laquelle est accroché un médaillon à l’effigie de Joseph Staline.
– Un russe ! Conclut-il.
– Ou un communiste ! Rétorque un autre qui venait de se pencher pour mieux voir.
– L’un n’empêche pas l’autre ! Reprit doctement le premier.
La police ne fut pas très bonne sur ce coup-là, Dimitri n’avait aucun papier sur lui, et son ADN n’était pas fiché. Aucun lien ne fut établi avec l’affaire du meurtre de Nice. Aucun lien ne fut établi avec la voiture volé restée garée juste en-dessous. En revanche, l’analyse de l’ADN du second malfaiteur permit aux policiers d’identifier Hassan N… Un avis de recherche fut lancé, mais l’enquête s’enlisa.
Quant au petit copain d’Hassan qui avait découvert l’adresse, il aurait bien aimé avoir sa prime, il la réclama à celui qui lui avait donné la photo qui la réclama… et la chaine s’arrêtait à Hassan, apparemment introuvable. La filière comprenait trois individus, et au lieu de se retourner la responsabilité du non-paiement ils eurent l’intelligence de s’associer pour retrouver Hassan. Ces braves gens, parfois, savent très bien remonter une filière. Et ils ont le temps, eux, n’étant pas assujettis à une obligation de résultats comme l’est la police.
Hassan avait raconté à quelques relations avoir de la famille à Nantes, c’est là qu’on le retrouva et qu’on le mit en demeure de régler le montant de la prime.
Hassan voulut protester, en expliquant que l’adresse de la fille n’était pas la bonne. Mais rien n’y fit, il devait payer sinon, ça finirait mal. Alors Hassan braqua une banque, histoire d’avoir quelques liquidités, mais on ne s’improvise pas braqueur du jour au lendemain. Il dévalisa bien une banque mais fut rattrapé 500 mètres plus loin. L’affaire ne lui aurait coûté que quelques mois de prison s’il n’avait pas eu la malencontreuse idée de tirer sur les policiers qui lui faisait barrage. L’un deux fut salement blessé. Inutile de vous dire que dans ces conditions, le pauvre Hassan ne fut pas vraiment prêt de retrouver l’air libre !
Ce n’est qu’une fois revenue chez elle que Carole cru comprendre ce qui se passait. La mafia russe avait retrouvé la trace de Sylvia (mais comment ? Sans doute avait-elle été simplement trop bavarde). On l’avait suivi, la voyant entrer dans cet immeuble où elle était venue lui rendre visite, ceux qui la filaient avait cru qu’elle y habitait.
Il lui faudrait donc prévenir Sylvia.
– La mafia a retrouvé ta trace…
– Mais, c’est impossible !
– Ils t’ont suivi un jour où tu étais venu chez moi. Ils ont cru que c’était ton adresse. Ils se sont pointés à deux chez une personne d’origine polonaise, ils devaient croire qu’elle t’hébergeait. Et puis il y a eu une embrouille entre les deux types, ils se sont battus, et dans la bagarre l’un est mort.
– Tu peux le décrire ?
– Un physique de brute et une chaine avec une médaille de Staline.
– C’est Dimitri. Un type super dangereux, c’est lui qui a tué Igor. Mais l’autre ?
– Ben l’autre, il s’est évaporé !
– Embêtant ! Mais bon, Dimitri, mort, je crois que je ne risque plus grand-chose, mais bon, on ne sait jamais, je vais faire attention !
Vendredi
Le lendemain, Guillaume se rendit à Paris, bien avant l’heure du rendez-vous, il repéra les lieux, puis s’en alla déguster un café crème un peu plus loin. A 11 heures 10, il arriva sur la place du côté opposé au métro, il sortit ses jumelles, il reconnut de suite Marie-Léa vêtue d’une petite robe noire sans manche. C’était la première fois qu’il la voyait depuis leur séparation. Son rythme cardiaque s’accéléra. Tant qu’il resterait sur la place il ne risquait rien, il alla la rejoindre.
– Heu, bonjour, on se fait la bise ?
– Merci d’être venu, je t’emmène chez moi, il faut que je te montre quelque chose.
« Un traquenard ! » pensa-t-il, il en était désormais persuadé. Et si c’était le cas, à quoi bon discuter, autant laisser tomber de suite.
– Non, si tu veux, on va au bistrot.
– Ce que j’ai à te montrer se trouve chez moi, et ce n’est pas transportable !
– Il y a quoi chez, toi ? Des tueurs ?
– N’importe quoi !
– Tu me prends pour une andouille, tu crois que je n’ai pas compris ton manège ?
– Quel manège ?
– Adieu Marie-Léa, je t’ai aimé comme je n’avais jamais aimé personne, j’ai fait une connerie, je le regrette, je ne suis pas un saint.
Ses yeux s’embuèrent de pleurs, il ne lutta pas contre la montée des larmes, bien au contraire. Voir un homme pleurer est un acte propre à bouleverser certaines femmes, pas toutes.
Et si Marie-Léa ne savait plus quoi ni dire, ni faire c’est qu’elle était bien plus déstabilisée qu’émue, ne sachant comment reprendre la situation à son avantage.
– Fout le camp connard ! Finit-elle par dire en s’éloignant vers la rue de Châteaudun.
Alors, Guillaume, n’ayant rien de mieux à faire décida de la suivre. Marie-Léa s’en rendit rapidement compte.
Chanette
– C’est un fiasco complet ! M’annonce Amélie au téléphone, il est venu mais il n’a pas voulu me suivre et maintenant il me suit.
– Hein ?
Elle me réexplique mieux.
– Bon, on va réfléchir, on va bien trouver quelque chose, tu vas faire quoi, là tout de suite.
– Je ne sais plus, je vais me balader. A quelle heure, on peut se voir ?
– Tu couches où ce soir ?
– Je vais me trouver une chambre d’hôtel, pas envie de rentrer à Beauvais.
– Tu n’as qu’à coucher chez moi, je te donnerais l’adresse ce soir, mais faut d’abord que tu sèmes ton zigoto, je vais t’indiquer un truc rigolo…
Je ne sais pas trop ce qu’on pourrait inventer comme « plan B ». Bof, on trouvera bien ! Je repense à Sylvia, elle a dû passer une mauvaise nuit après ce qui lui est arrivé. Je vais lui passer un coup de fil.
En fait, elle a dû prendre un cachet pour dormir, je lui raconte la visite d’Amélie, ce qu’on avait projeté de faire, et l’échec de la chose.
– Dommage que ça ait raté, j’aurais bien aimé assister…
– C’est pas foutu, on va essayer de trouver autre chose…
– Tu me préviendras ?
– Oui, ma biche !
Marie-Léa et Guillaume
Guillaume enrage, il n’y comprend plus rien, que fait donc Marie-Léa à Paris ? En toute logique, elle aurait dû après sa tentative ratée de le conduire dans un traquenard, rejoindre ses complices ? Apparemment, elle ne se sait pas suivie…
Marie-Léa a pris le métro, elle se retourne pas, ne se presse pas, arrivée carrefour de l’Odéon, elle pénètre dans un cinéma multisalles et prend un billet au hasard. Elle se place au dernier rang, ainsi si Guillaume entre, elle le verra entrer.
Il est bien embêté, Guillaume, dans quelle salle peut-elle être ?
– J’étais avec une dame avec une petite robe noire, je devais la retrouver ici, mais je suis un peu en retard, vous vous souvenez du film qu’elle a choisi ?
– Le 5ème élément, je crois !
Le film est commencé et il est peu aisé de distinguer les gens, pourtant elle aperçoit à peine quelques minutes après être entrée, Guillaume, lequel est aveuglé par l’obscurité et s’assoit au milieu de la salle. Marie-Léa sort et s’engouffre dans le métro. Elle attend le dernier moment pour monter dans la rame. Il ne la suit plus. Elle a une après-midi à perdre, elle décide d’aller aux Tuileries.
Le film est fini, le générique de fin défile, il y a deux sorties, Guillaume se poste près de la plus proche, une chance sur deux, pas de Marie-Léa. La lumière éclaire la salle, pas de Marie-Léa. Il sort à toute vitesse, scrute la place de l’Odéon, pas de Marie-Léa.
Pas bien grave, se dit-il, mais que faire, retourner à Beauvais rechercher ses affaires ou profiter un peu de Paris ? Et hop, le voilà parti en visite à la Tour Eiffel.
C’est sous le dôme de verre du troisième étage de la tour que lui est venue l’idée : Et s’il allait draguer la fille qu’il avait suivi hier après-midi ? L’idée lui paraissait géniale, d’une part la fille était très belle et en plus il pourrait éventuellement obtenir des renseignements complémentaires sur Marie-Léa dont il n’arrivait décidément pas à faire son deuil.
Il se souvenait de l’adresse, il acheta un gros bouquet de fleur et attendit que quelqu’un daigne ouvrir la porte du bas.
Sylvia
On sonne ! Le cœur de Sylvia palpite. Elle n’attend personne. Peut-être s’agit-il de quelqu’un de l’immeuble, mais cela pourrait aussi bien être un type de la mafia russe. Délicatement elle regarde par l’œilleton. La surprise est totale, mais une vague idée lui vient à l’esprit, et ouvre et feint la surprise :
– Vous !
– Acceptez ces fleurs ! C’est pour tenter de me faire pardonner mon attitude d’hier !
Une envie folle de le foutre à la porte, ce mec la dégoûte, mais elle réussit à prendre sur elle.
– Ah ! C’est gentil, entrez cinq minutes.
– Merci !
– Elles sont très belles, ces fleurs, je vais chercher un vase.
Elle fait couler de l’eau dans la baignoire afin de faire du bruit, et me téléphone.
– Le petit copain d’Amélie, il est chez moi, il m’a apporté des fleurs. Je vais essayer de l’emmener chez toi.
– Mais comment…
– Pas le temps de t’expliquer… Je peux l’emmener quelle heure ?
– 19 heures !
– Parfait !
– O K. Fais attention à toi, surtout ne passe pas par Trinité, ça pourrait lui éveiller des soupçons.
Sylvia revient avec les fleurs dans le vase.
– Alors qu’est qui vous est arrivée, hier, vous avez pété les plombs ?
– Oui, je suis vraiment désolé, je voulais juste la réponse à mes questions, mais vous avez eu peur, vous étiez en larmes, au bord de la crise de nerfs, alors j’ai été obligé de monter le ton.
Il fallait maintenant que Sylvia mette en œuvre toute une stratégie afin que l’intrus, ait dans un premier temps envie de rester, et dans un second temps de la suivre.
– Le renseignement que je vous ai donné vous a servi j’espère ?
– Oui et non ! J’avoue ne pas bien comprendre, cette fille travaillerait tantôt à Paris, tantôt à Beauvais !
– Ah ? Je ne sais pas, à chaque fois que je me rends chez Monsieur Benjamin, elle est là !
– Monsieur Benjamin c’est un vieil ami à vous ?
– Ce n’est pas un ami, c’est mon élève, je lui donne des cours de russe.
– Ah !
– Ben oui !
– Cette fille est devenue une aventurière, elle a failli m’entraîner dans un guet-apens, mais je suis plus malin qu’elle.
– Un guet-apens ? Racontez-moi !
Il lui raconta, à sa façon, bien sûr !
– Et, bien, quelle histoire ! Vous avez vraiment été génial de deviner que c’était un traquenard !
– Hé ! C’est qu’on me l’a fait pas à moi !
– Je vous offre à boire ?
– Volontiers.
– Jus de fruit ? Vodka ? Whisky ?
– Z’avez pas de bière ?
– Non mais si vous en voulez, allez chercher un pack chez l’épicier en bas, comme ça on pourra rester à bavarder un peu.
Pour Guillaume, la situation était inespérée. Certes, il ne doutait nullement de ses capacités de dragueur, mais là la partie était loin d’être gagnée d’avance et surtout si rapidement, elle acceptait sa compagnie, il ne lui restait qu’à porter l’estocade.
Il revint de l’épicier, tout joyeux et son pack de bière à la main.
– Elle ne va pas être fraîche, on va les mettre au congélateur un quart d’heure. Vous n’êtes pas pressé ?
– Non, je suis libre comme l’air. Répondit Guillaume.
– Parfait !
– Alors si je comprends bien tu as tiré, pardon, vous avez tiré, euh, on se tutoie ?
– Bien sûr, je m’appelle Guillaume !
– Ah, pas moi !
– Pardon ?
– Ben pas moi, je ne m’appelle pas Guillaume !
– Ah, ah, on ne me l’avait jamais faite celle-là ! Vous avez, je veux dire, tu as de l’humour, toi !
– Donc je disais : tu as tiré un trait sur cette fille ?
– Et oui, c’est fini de chez fini.
La conversation s’enlisa ensuite sur des considérations très convenues sur les aléas de l’amour de la fidélité et autres valeurs précaires. Sylvia finit par aller lui chercher une bière dans le congélateur et se servit un jus d’orange.
– On trinque ? Proposa Guillaume.
– A notre réconciliation !
– Oui, mais pour une réconciliation, en principe, on s’embrasse.
– Juste un petit bisou alors !
Il fut effectivement très chaste.
– Notre réconciliation vaut sans doute mieux que ça ! Relança Guillaume, on recommence ?
– Ecoute, Guillaume, je vais te dire une chose, on n’est plus des gamins et on ne va pas passer la soirée à tourner autour du pot. Tu as beaucoup de charme et sexuellement tu ne me laisses pas indifférente. Et toi de ton côté, il est clair que tu as envie de me sauter.
– Mais…
– Allons, allons… alors disons que je ne suis pas contre, mais ne précipitons pas les choses. Tu m’as bien dit que tu n’avais rien de prévu ce soir ?
– Absolument.
– Alors on va rester ensemble. Le souci, c’est que moi j’avais quelque chose de prévu.
– Ah ?
– Oui, je devais passer chez une copine, ma meilleure copine, c’est son anniversaire, je ne peux pas rater ça… Comment faire ?
Voilà qui contrarie notre Guillaume qui cherche une solution qui lui permettrait de ne pas passer pour un mufle.
– Tu n’y vas pas, tu te fais porter malade.
– Non je n’aime pas mentir, répondit-elle assez sèchement.
– Ben, tu y va et on se retrouve après ?
– Non, dans ce genre de truc, tu ne vois pas le temps passer, tu te dis « je reste encore dix minutes, et encore dix minutes » et finalement tu restes toute la soirée…
– Et si j’y allais avec toi ?
Sylvia, jubilait, ce gros malin se jetait tout seul dans la gueule du loup.
– Tu vas te faire chier, tu ne connais personne ! Répliqua-t-elle hypocritement.
– C’est comme tu veux !
– Bof, tu feras connaissance, elles ne sont pas tristes mes copines. Allez, c’est d’accord on fait comme ça, et on se débrouillera pour ne pas s’éterniser.
– Ça ne mérite pas une petite compensation, ça ?
– Tu l’auras en revenant, et ce sera une grosse compensation.
– Un gros bisou, ça ne mange pas de pain.
Le problème c’est que Sylvia répugnait à embrasser ce type. A la limite une petite pipe lui posait moins de problème. S’il fallait en passer par là, elle assumerait.
– Gros coquin ! Dit-elle en lui touchant la braguette. Oh, mais je sens quelque chose qui bouge là-dedans !
– Tu veux voir ?
– Bien sûr que je veux voir ! Mais laisse-moi faire.
De sa courte expérience d’escort-girl, Sylvia avait appris que les hommes préfèrent toujours qu’on s’occupe d’eux !
– Humm qu’elle est belle ! Et puis, dis donc, tu bandes comme un chef !
– Elle te plaît !
– Je vais lui faire un bisou ! Dit-elle en guise de réponse et en se baissant pour lui embrasser le bout du gland.
Il s’agissait de l’exciter mais sans aller jusqu’à l’éjaculation. Les mecs ont parfois des réactions étranges après la jouissance. Mais une bonne fellatrice est capable de contrôler tout ça. Elle mit sa bite en bouche la retint serrée entre ses lèvres en même temps qu’elle donnait de grands coups secs du bout de la langue, un coup en haut, un coup en bas, puis sur les côtés.
Elle balaya ensuite la verge d’abord avec la langue raide, puis avec la langue en mouvement. Une goutte de pré-jouissance ne tarda pas à venir darder le sommet du gland. Elle se dégagea.
– Ce n’est qu’un avant-goût de mes talents !
– On ne peut pas….
– Non, on va y aller, on va prendre le métro, ah, il ne faut pas que j’oublie son cadeau…
Elle pousse le vice jusqu’à prendre dès qu’il a le dos tourné, une fringue de son armoire et à l’empaqueter dans un sac plastique. Juste avant de partir et prétextant un besoin urgent, elle s’enferme dans les toilettes et m’envoie un message me précisant qu’ils vont venir et qu’ils sont supposés participer à l’anniversaire d’une copine.
Ils descendent au métro Saint-Georges, Sylvia a un peu de mal à se repérer et doit demander son chemin.
– Il faudrait que je trouve des fleurs, dit-elle.
Mais de fleuriste, il y en a point.
– Zut, ça m’embête !
– Il y a une boulangerie, achète un gâteau ! Suggère Guillaume.
– Ça doit être prévu, et puis je ne sais pas combien on va être… À moins que je prenne des macarons. Je vais faire ça : prendre des macarons.
Chanette
On sonne, je vais ouvrir, Sylvia et Guillaume sont sur le palier. Elle a donc réussi : Il va en faire une tronche dans quelques minutes.
– Bonjour, je te présente Guillaume, un copain, voici, euh c’est quoi ton prénom déjà ? Demande-t-elle sur le ton de l’humour
– Philippine ! Répondis-je au hasard.
Guillaume croit reconnaître la fille qui était avec Sylvia à Beauvais et dans le train, mais il n’est pas sûr et se dit que ce détail n’a aucune importance.
Guillaume se croit obligé de m’embrasser.
– Bon anniversaire ! me dit-il.
– Hum, intervient Sylvia, non ce n’est pas son anniversaire à elle, elle est où la reine de la soirée ?
– Elle se prépare, on va aller la rejoindre dans quelques instants, vous êtes les premiers.
Je laisse entrer les arrivants dans le salon et je verrouille la porte.
– Allons-y !
Et nous pénétrons dans le donjon.
Guillaume ne comprend rien, cette salope de Sylvia l’aurait piégé en l’emmenant dans une fête gothique où il jouerait le rôle de la victime ? Il découvre un pilori, une croix pour enchaîner, un chevalet, des chaînes, des fouets. Dans un coin, il y a une cage et un homme y est enfermé. Guillaume lance un regard interrogatif en notre direction. Je choisis ce moment pour dévoiler le « trône ».
Guillaume découvre une femme intégralement vêtue de noir le visage dissimulé derrière un masque de Venise.
Et soudain la femme retire son masque,
– Marie-Léa ! clame-t-il, incrédule.
– Marie-Léa n’existe plus, je suis Maîtresse Amélie ! Je souhaitais te montrer mon nouvel environnement professionnel. J’ai désormais quelques clients très fortunés et je vais pouvoir quitter mon emploi à Beauvais.
– Je… Je… tenta-t-il d’articuler
– Laisse-moi finir. Pour pouvoir faire ce métier tranquille, je bénéficie de protections particulières. Ce sont des gens discrets, mais d’une efficacité redoutable. Même si tu me dégoûtes, je n’aimerais pas me retrouver dans l’obligation de faire appel à leurs services si tu devais continuer à me tourner autour, ou autour des gens que je côtoie…
– Mais…
– Tais-toi ! Tu sais maintenant ce qu’il te reste à faire si tu ne veux pas terminer ta vie dans un fauteuil roulant. Je me fous de tes explications, mes amies vont te raccompagner à la porte.
Guillaume est complètement sonné, trop de choses, il est proche de la surcharge mentale, comme un zombi, il me suit jusqu’à la porte. Soudain il se retourne, fonce dans l’autre sens, se dirige droit vers Amélie. Déjà la main de la jeune fille est levée, prête à frapper. Sylvia et moi se précipitons sur lui. Mais il nous prend toutes de court en s’agenouillant devant son ex-copine.
Il est pitoyable, il demande pardon, il pleurniche, ce n’est plus qu’une loque. On va pour le dégager.
– Attendez ! Nous dit Amélie.
Attendre quoi ? Sans doute cherche-t-elle la petite phrase assassine qui le mettra K.O. Mais apparemment ça ne vient pas.
– Tu es ridicule ! Se contente-t-elle de répliquer.
Pas trop géniale la répartie et sans réelle conviction !
– Pardon, pardon…
Ma parole, il ne sait dire que ça !
– Fous le camp, on t’as assez vu !
Alors sans quitter sa position, il regarde Amélie dans les yeux, et à l’instar du soldat vaincu tirant sa dernière cartouche, il supplie :
– Punis-moi, tu as tout ce qu’il faut pour le faire !
– Pour ça, il faut payer !
– Je paierai !
Il se passe quelque chose, Amélie semble hésiter.
– Ne bouge pas !
Elle me prend à part.
– J’ai envie de faire ce qu’il demande. Tu crois que je suis folle ?
– Non ! Si tu as envie de le faire, fais-le, mais attention au risque, il va prendre ça pour une séance expiatoire et après il se figurera qu’il est quitte avec toi.
– Tu as sans doute raison.
– Mais tu peux peut-être le coincer… (Et je lui soumets une idée bien salace)
Ça l’amuse, elle revient vers Guillaume.
– Mets-toi à poil ! Tu veux une punition ? Tu vas en avoir une et une belle.
Il se déshabille, mais garde son caleçon !
– Retire ce truc !
Il le fait, mais on le sent gêné. Amélie lui passe un collier de chien, pour le fun…
– Mets-toi à genoux !
Amélie va pour l’attacher, mais je lui fais signe que non.
Je vais ouvrir la cage et libère « Nœud-Pap ». Nœud-Pap est un de mes clients réguliers (voir « Merci petit fouillis » et « la partouze de Monsieur le ministre ») il paie pour rester des heures en cage, et de temps en temps, je lui donne une bite à sucer (et plus si affinités) de toute façon il vient pour ça, mais comme c’est un esclave, il m’arrive d’inverser les rôles.
– Guillaume, tu vas sucer la bite de ce monsieur ! Ordonna Amélie.
– Ah, non pas ça !
– C’est ta punition, Guillaume.
– T’es vraiment devenue la reine des salopes, dit-il en se relevant.
Amélie va pour le gifler, mais je l’en empêche !
– Non, il serait trop content.
On se recule, il se rhabille, la rage dans les yeux et disparaît. J’espère qu’il ne va pas faire un scandale dans l’escalier. Non.
Nœud-Pap ne comprend rien… normal.
– Tu veux que Sylvia t’encule avec un gode ceinture ?
– Oui, oui !
Et tandis que Sylvia s’exécutait, Amélie me sauta au cou et m’embrassa fougueusement.
Epilogue.
Plus personne n’entendit plus parler de Guillaume. Amélie ne retourna jamais chez Monsieur Benjamin, elle se trouva un autre patron, nous nous sommes téléphonées quelques fois, puis… loin des yeux loin du cœur. Quant à Sylvia, elle s’est fait embaucher là où la mafia russe n’ira sans doute jamais la chercher… chez Monsieur Benjamin et de ces deux-là, je n’ai plus eu jamais de nouvelles. C’est la vie !
© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) octobre 2011. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits
Ce récit est vraiment formidable. L’érotisme est reroutable et l’histoire est empreinte de respect. Bravo Dame Chanette.
Encore un petit bijou que cette saga de Dame Chanette qui se concluent en folle orgie pour notre plus grand plaisir
Une très émoustillante conclusion pour cette très bonne histoire. Merci Chanette