Vargala Station 3 – La Maison Parme par Nicolas Solovionni

Vargala Station
3 – La Maison Parme
par Nicolas Solovionni

résumé des chapitres précédents : sur la planète Katelya la communauté Tigrane exclusivement féministe attaque la ville d’Olvène, liquidant les hommes et faisant prisonnières les femmes. Kéni et quelques survivants essaient de s’organiser pour venger parents et amis. Après plusieurs péripéties, Kéni tombe dans les griffes d’un proxénète qui l’expédie dans un vaisseau vers la planète Vargala

Entre acte

Les autorités portuaires de Vargala-Station n’étaient sans doute pas très regardantes et la corruption y était fort présente, mais pas au point cependant de tolérer le trafic d’êtres humains. Le vaisseau du capitane Jerko au lieu d’atterrir directement entama donc une manœuvre, et une navette s’en détacha. La chose était interdite, et l’engin pouvait être identifié, mais ça se passait de l’autre côté de la planète… les responsables de l’astroport n’allait pas briser leur routine pour si peu… La navette se posa alors près d’un bâtiment plus ou moins abandonné à la lisière de la jungle…

Mais peut-être aimeriez-vous avant d’aller plus loin en connaître un peu plus sur Vargala, son histoire, sa géographie, ses habitants, ses us et ses coutumes ?

Qu’à cela ne tienne, mais il nous faut tout d’abord vous parler de la colonne de Kékolo:

La colonne de Kékolo

La découverte de la colonne de Kékolo eut pour effet de multiplier les expéditions spatiales. Auparavant deux principales préoccupations motivaient l’exploration des planètes gravitant autour des étoiles de la proche et moyenne banlieue solaire : la recherche de richesses naturelles et surtout celle de planètes facilement colonisables. Le système solaire n’en pouvait plus, la Terre était devenue écologiquement instable à force de pollution, ce qui ne l’empêchait guère de continuer à être surpeuplée malgré les épidémies, les guerres et les famines. Quant à l’importante colonie martienne, elle se dépeuplait lentement maintenant que l’on savait qu’il y avait ailleurs, très très loin de vastes prairies naturelles ne nécessitant aucun de ces lourds appareillages destinés à maintenir le terraformage de la planète.

Les logiciels de repérage étaient capables de déterminer le climat des planètes, leur biodiversité; et avec la complicité des foreurs de donner des réponses en matière d’âge, de géologie, de comportement tectonique et de cycle d’évolution climatique

Mais il y avait aussi un logiciel qui faisait pouffer de rire certains explorateurs alors que d’autres le sacralisait. Sa fonction était toute simple : repérer les figures géométriques ! On pouvait bien sur faire tous les réglages que l’on voulait, par exemple éliminer les cercles, accepter ou refuser un certain coefficient d’approximation, etc.

Un jour le capitaine Kékolo observait les clichés sélectionnés par ce logiciel (il pestait contre cette perte de temps, mais il y était obligé contractuellement, et devait les annoter) il n’y avait que deux vues, la première était celle d’un fleuve bien rectiligne sur 50 Km, il annota :  » nous vérifierons demain « , tout en sachant qu’il ne le ferait pas, la droiture de ce fleuve étant évidemment l’œuvre du hasard, et il passa, pressé, à la seconde vue, pour recevoir le choc de sa vie, cette fois-ci la ligne droite n’était plus horizontale, mais verticale, une tour haute d’environ 80 mètres de haut le narguait, une tour aux contours bien carrés, avec une base de près de dix mètres de côté sans aucune ouverture, ni latérale ni au sommet. Kékolo devint donc l’inventeur de la première trace d’une civilisation extra-terrestre nous ayant précédé dans cette région de notre galaxie.

Bien sûr, Kékolo voulut vérifier ; à bord d’une navette, il se rendit sur place avec une équipe réduite (un homme et une femme) et d’infinies précautions. Mais cette tour se révéla aussi inoffensive qu’impénétrable, il décida donc de ne pas s’attarder. Que faire en effet sinon en faire le tour, la prendre en photo, et regarder au sol si parfois il n’y aurait pas des traces insolites…

Des traces insolites, non ils n’en trouvèrent pas, mais la situation par contre le devint rapidement :

– Capitaine je crois que j’ai de la fièvre. Dit alors le sergent Muller.
– Ce n’est pas grave, on va rentrer ! Répondit le Capitaine.
– Ça ne va pas du tout j’ai des hallucinations, je crois, répéta l’autre.
– Ok, on rentre tous dans la navette, on va regarder ça !

Une fois installés, ils se débarrassèrent de leurs tenues de protection.

– Quelle chaleur ! S’écria Zakhia, la seule femme du groupe ! La clim’ est détraquée ou pas ?
– Regardez donc ce qui arrive au sergent Muller !
– Mais il n’a rien du tout le sergent Muller, il n’a pas de fièvre, il est frais comme un goujon, et puis il m’a l’air en pleine forme, allez retire tes vêtements, Muller, tu vas crever de chaud, oh, mais c’est qu’elle bande bien cette jolie bibite ! Je crois que je vais la sucer !
– Mais sergent Zakhia, tenta de protester le capitaine alors qu’il commençait à son tour à ressentir une chaleur anormale.
– Mais quoi ! Reprit cette dernière, tu ne vas pas jouer les rabat-joie ! J’ai trop envie de baiser ! Déshabille-toi que je voie ta grosse bite noire.

Le capitaine comme dans un rêve entreprit de retirer son pantalon. Il sentait bien qu’il se passait quelque chose de pas très clair mais se trouvait incapable de réagir avec lucidité.

– Venez, venez toutes me sucer ! Criait Muller

Toutes ? Pourquoi toutes ? Il n’y avait qu’une seule femme, ici… Une sorte d’ombre passa devant le hublot, Kékolo détourna son regard, en bas sur le sable stérile de la planète, il y avait une femme, debout une blonde aux longs cheveux, complètement nue. Elle semblait faire des signes au capitaine, l’invitant à la rejoindre. Cela n’avait aucun sens, sortir sans tenue adaptée était trop risquée, quoi que… puisque apparemment cette fille supportait l’atmosphère ambiante, pourquoi pas…. Il n’arrivait pas à raisonner normalement… De plus il bandait comme un malade… Derrière lui, Zakhia se faisait sodomiser par Muller en proférant les pires obscénités… Qu’est ce qui avait donc provoqué ce délire ? Peut-être était-il en train de rêver, il allait se réveiller dans sa douillette couchette avec une érection qu’il calmerait comme il le pourrait… A l’extérieur la fille se retourna, se pencha un peu en avant puis écarta ses fesses, elle resta ainsi une petite minute avant de se retourner de nouveau, une nouvelle fois, elle fit signe au capitaine. Celui-ci transpirait de grosses gouttes… Il sentit une main sur son pénis, c’était Zakhia qui après avoir recueilli la semence de Muller dans son fondement cherchait un nouveau partenaire, bientôt son sexe fut dans la bouche de la belle spationaute… En face la blonde s’était assise, d’une main elle se masturbait la chatte et de l’autre elle se tripotait les seins, ses lèvres remuaient, elle voulait dire quelque chose… c’était un appel, Kékolo en était sûr ! Sa décision était prise, il allait la rejoindre, il voulut se dégager pour gagner la porte du sas. Ce qui le fit hésiter, c’était la proximité de la jouissance, en effet Zakhia venait de sa langue savante à bout de l’excitation du capitaine. Il se figea et éjacula de longues giclées dans sa gorge. Au même moment la fille derrière le hublot disparut comme par enchantement. Alors Kékolo sans se rhabiller se précipita afin de mettre le contact et fit décoller la navette !

– Qu’est-ce qui nous est arrivé ? Demanda Zakhia toute étonnée de se retrouver à poil !
– Cette saloperie de tour nous envoie des mirages, j’ai failli sortir dehors sans protection, si je l’avais fait, je serais dans un drôle d’état maintenant. Finalement Zakhia tu nous as sans doute sauvés la vie en me suçant à fond !
– Quel beau compliment Capitaine !

Kékolo s’en alla précipitamment de la planète et fit son rapport, on censura tout ce qui avait trait aux illusions sexuelles… Et bientôt une mission gouvernementale vint sur place à grand renfort de publicité, la tour fut analysée sur toutes ses coutures. Et les explorateurs soumis à un régime médical censé leur éviter de se retrouver victimes de mirages sexuels. Ainsi on constata que la tour était vieille d’environ 500 000 ans et qu’elle s’enfonçait de 12 mètres dans le sol, et comme sa construction s’était effectuée dans un environnement biologique neutre, ces 12 mètres correspondaient bien aux fondations d’origine. Le matériel de construction était à base de silicium, le même silicium que son environnement immédiat, mais la technique de fabrication resta néanmoins un mystère. Mais la plus grande surprise vint quand on radiographia la tour et que l’on constata qu’elle était creuse. Creuse : on s’y attendait, mais c’est qu’elle était complètement creuse, ni cloison, ni plancher, rien du tout, les murs très épais (environ 50 cm) n’enfermaient rien. La déception fût énorme, alors on creusa autour et même en dessous dans l’espoir de trouver des artefacts ; peine perdue : on ne trouva rien. On décida donc deux choses : la première : passer la planète au peigne fin dans l’espoir de trouver autre chose, la seconde : emmagasiner la fine couche de poussière accumulée au fond de la tour à fin d’analyses sophistiquées. On ne sut jamais le résultat de ces investigations. L’armée classa la planète zone interdite et imposa un complet black-out sur toutes les informations la concernant.

Un peu d’histoire

Mais la chasse aux précurseurs était lancée. Au terme d’une cérémonie plus mégalomaniaque que grandiose, l’empereur de la Terre, Son Altesse Sérénissime Machnick le 2ème, donna le signal de départ d’une impensable flotte de 1000 vaisseaux. Il songea un moment à s’embarquer sur l’un d’entre eux, il aurait dû le faire…

Une telle opération de prestige ne pouvait se concevoir qu’en rognant tous les autres budgets gouvernementaux. Machnick jouait son va-tout dans cette folle expédition alors que chaque jour la planète pourrissait un peu plus. Des émeutes éclatèrent, la coalition militaire au pouvoir se divisa, des régions entières entrèrent en sécession, faisant éclater après 150 ans l’unité terrienne. Une confédération américaine s’autoproclama indépendante. C’en était trop pour l’empereur Machnick pour qui la seule riposte ne pouvait être que l’anéantissement nucléaire. Il réunit ses généraux pour leur faire part de sa décision. Survint alors cette scène filmée par les caméras de sécurité et qui fit le tour du monde :

– Majesté, je crains que vous soyez dans l’erreur…
– Il était implicite, Général Olbach que la loi martiale était décrétée, vous savez ce que cela signifie ?
– Majesté, je vous en supplie, écoutez-moi, ne serait-ce qu’une minute…
– Gardes ! Abattez ce traitre !

A ce moment un rayon laser fusa stoppant définitivement la vie, non du Général Olbach mais du dictateur. Les gardes après une seconde d’hésitation rendirent leurs armes. Olbach prit le pouvoir, et symboliquement décréta la fin de l’empire qu’il remplaça par une « super-présidence « , le super président fit la promesse de convertir tout le budget de prestige dans le social, l’humanitaire et l’écologie. On sait aussi qu’il ne tint pas toutes ses promesses, loin s’en faut, mais le calme revint et la fédération terrienne se rabibocha.

Réduire de 1000 à 50 le nombre de vaisseaux occupés à rechercher les « précurseurs » fut parfait au niveau de l’effet d’annonce. Pas question, cependant de renoncer à cette quête. Olbach était sincèrement persuadé qu’une rencontre avec une civilisation extraterrestre pourrait résoudre les problèmes de la planète. Mais découvrir une autre technologie, c’est aussi découvrir des armes nouvelles, il fallait donc la découvrir avant qu’une des colonies terriennes puisse le faire.

Et pour cela, nul besoin de 1000 vaisseaux, la solution s’appela Tachen-Sa.

Tachen-Sa : Planète aux confins des régions explorés du bras galactique, c’est de là que des vaisseaux corsaires s’élançaient à la recherche de nouvelles conquêtes, de nouveaux marchés, de nouveaux trafics, c’est là que ces aventuriers de l’espace faisaient la fête une fois leurs poches bien remplies. Et parfois sur Tachen-Sa on rapportait de drôles de récits… Il suffisait à l’armée de s’infiltrer dans ce milieu, de glaner des renseignements, des indices, des indications, puis d’y faire envoyer l’un des 50 vaisseaux d’exploration. Facile et pas cher !

Oui, mais… Tachen-Sa était en fait ingérable. La violence régnait en maître, certains ne se fatiguaient pas à parcourir des paquets d’années-lumière pour récolter des richesses quand il suffisait de les voler sur place. Tueries, règlements de comptes et guerres de clans firent bientôt de Tachen-Sa un lieu infréquentable. L’armée débordée décida donc d’investir officiellement le lieu et d’y encadrer toutes les activités.

C’était méconnaître nos mécréants qui plutôt que de s’opposer à l’armée déménagèrent leurs habitudes à 10 années lumières de là sur Vargala, une belle planète bleue dont seule la bande équatoriale était habitable. Un petit comptoir y existait déjà, il avait pour nom Vargala-Station.

Evidemment, sur Vargala tout ne tarda pas à recommencer. Si l’armée se fichait complètement de ce gâchis en vies humaines et en matériel, elle ne pouvait supporter ce déficit d’information qui en découlait, et cette insécurité permanente. Elle ne fit pas deux fois la même erreur. Au lieu d’apparaître au grand jour elle favorisa l’émergence d’une « mafia « .

Acheter un capitaine parmi les leaders du moment fut un jeu d’enfant, le choix se porta sur un dénommé Rocabi, en échange ce dernier reçut du matériel sophistiqué avec lequel il put frimer juste le temps de se faire considérer comme LE caïd du coin. Ce qui ne manqua pas d’agacer les autres. Mais au lieu de les affronter, l’armée lui conseilla d’organiser une réunion et de leur proposer un pacte de non-agression.

– Pas d’agression entre nous, par contre si l’un d’entre nous est attaqué, il sera immédiatement châtié. Mais personne n’a besoin de savoir qui fait partie ou pas de notre association, les châtiments ne seront pas exécutés par les nôtres mais par des hommes de mains que nous paieront, il faudra donc que nous nous cotisions et qu’ensuite nous faisons en sorte de convaincre le maximum de personne d’adhérer à notre cause.

Finalement cet accord arrangeait beaucoup de monde, on vota, deux étaient contre, ils avaient le droit, ils périrent néanmoins les jours suivants. La mafia locale était née.

Quinze jours après Rocabi réunissait son petit comité :

– L’armée m’emmerde, je suis allé les voir et leur demander de déguerpir, je leur ai expliqué qu’on avait trouvé le moyen de maintenir l’ordre et qu’on avait plus besoin d’eux, la discussion a été difficile, ils me proposent de ne plus intervenir dans la ville, mais de continuer à gérer l’astroport, je crois que c’est une bonne idée, ils nous déchargent de toute la logistique technique et m’assurent qu’ils seront super cool pour les contrôles. Et puis s’ils font les malins, on est maintenant une force incontournable. Ils nous demandent aussi d’élire un bourgmestre, on va le faire, mais le vrai pouvoir c’est nous, le bourgmestre, il s’occupera des poubelles et de la voirie…

L’affaire fut conclue sans problème, à ce point que l’armée doubla la prime déjà fort coquette promise à Rocabi.

Mais une loi stupide engendre des comportements aussi stupides. Tout meurtrier était condamné à mort, certes, mais même s’il s’agissait de légitime défense ou même d’une « erreur ». Mais puisque le châtiment n’existait que dans l’enceinte de la ville, la solution devenait simple : quitter la ville !

Et c’est ainsi que la presqu’île au nord de la ville se peupla d’une communauté de reclus. La Mafia n’était pas folle, elle ne laissait filer que ceux qu’elle voulait bien, les autres se retrouvaient trucidés là où ils croyaient avoir trouvé la vie sauve. Un accord secret fut conclu entre Rocabi et le chef de la principale communauté de reclus. Au terme de cet accord la mafia s’engageait à n’engager aucune poursuite sur un reclus au bout de 10 jours de fuite (mais ce délai était largement suffisant pour elle), par contre aucun reclus ne pouvait regagner la ville sauf dérogation spéciale sous peine d’y être abattu. L’accord prévoyait aussi que les reclus pourraient fournir la ville en divers produits, notamment du poisson, des baies issues de la cueillette, et même des objets artisanaux, cela en échange d’autres commodités (vêtements, ustensiles divers, matériels électriques et médicaments).

Cela ne suffisait pas rendre la station indépendante économiquement, on vendit alors à des prix dérisoires des parcelles de jungles à des candidats fermiers qui durent la défricher, mais ces exploitations permirent d’approvisionner la ville en produits frais.

Vendue
.

La navette une fois posée, les filles en descendirent, avant qu’elle ne reparte. Elles furent « invitées » à patienter, mais sous bonne garde, dans cette ancienne construction pendant une bonne journée avec de quoi se restaurer. Puis la navette revint avec Jerko et sa garde rapprochée. On demanda aux filles de se tenir prêtes ! Se tenir prêtes à quoi ? Et bien à être vendue !

– Plus vous serez vendue chère, plus vous serez tranquille ! Annonça-t-il.

Mais pouvait-on avoir confiance en ce que racontait ce type ? Toujours est-il que les filles furent invitées à se bichonner, à se maquiller, à se coiffer et à se manucurer… et que toutes se prêtèrent à ce petit préalable. Même Kéni, ce qui ne l’empêchait pas de ronchonner…

Puis les premières navettes d’acheteurs arrivèrent. ! On attendit une bonne heure au terme de laquelle les trafiquants offrirent un petit buffet aux arrivants. Puis ceux-ci furent dirigés vers la salle où se tenaient les filles.

– Mettez-vous toutes à poil ! Ordonna Jerko. Et chacune se fixe le bracelet à votre nom.

Elles s’exécutèrent tandis qu’un écran géant s’alluma sur un mur comprenant, sur une colonne le nom des filles, sur une autre un prix d’attaque ainsi quelques commentaires succincts. Voilà qui était surréaliste, les acheteurs potentiels passaient de filles en filles, puis saisissait le montant qu’ils étaient disposés à payer sur le bracelet mettant ainsi instantanément les informations de la liste à jour.

Au bout d’une demi-heure, toutes les filles avaient trouvé preneur. Sauf Kéni. Un gros à moustache et une grande à lunettes se la disputaient et après avoir fait monter les prix de façon irraisonnable, essayaient de trouver un accord.

– Qu’est ce qui lui est arrivée ? Demanda madame Lunette
– Elle n’a pas été très sage ! Répondit Jerko
– Vous êtes une brute Jerko ! Répondit-elle, vous l’avez frappée quand ?
– Il n’y a pas longtemps mais elle doit avoir la peau fragile !
– Vous me prenez pour une andouille, ces traces ne sont pas récentes, vous avez tout simplement tapé trop fort. Je ne monterais plus dans les enchères, et ce citoyen ne veut pas se désister, donnez-moi donc la préférence.
– Essayez de monter les prix, cette fille est un véritable investissement !
– Bon, non seulement vous êtes une brute mais vous êtes un mufle, je rajoute 1000 crédits, mais c’est une folie.
– Monsieur ?
– Non, je ne suis plus, elle est à vous !

Le type à moustache s’en alla en grommelant. La fille à lunettes dut brader l’un de ses achats précédents, puis paya Jerko… bref une belle ambiance de foire aux bestiaux.

– Allez, toi, rhabille-toi je t’emmène… Tu veux boire ou manger quelque chose avant ? Regarde-moi ce gâchis, tout ça va partir à la poubelle ajouta-t-elle en jetant un regard au buffet…
– Non, merci ! La vache laitière n’a pas faim.
– Fais pas la gueule ma bibiche, t’aurais pu tomber pire !

La  » Maison Parme « 

La navette conduite par un grand baraqué, mit assez peu de temps pour rejoindre un petit terrain jouxtant Vargala-Station. A l’arrière, Madame Lunette ne décrochait pas un mot mais fixait de façon intempestive son  » achat  » à tel point que Kéni s’en trouvait gênée, tandis qu’un homme de main passait le temps en jouant tout seul avec des dominos. Une fois posé, un petit taxi les conduisit jusqu’à la  » La Maison Parme  » puisque le bordel se nommait ainsi.

– Je ne t’ai pas parlé pendant le voyage, il y a des choses, je préfère qu’elles restent entre nous ! Précisa Madame Lunette après avoir fait asseoir Kéni sur un confortable canapé en vrai cuir sur lequel elle prit également place.

Kéni ne répondit que par un mouvement de lèvres signifiant par-là que la chose n’avait aucune importance.

– Au fait, je m’appelle Paola ! Tu me trouves comment ?
– Je suis obligée de répondre ?
– Non !

Qu’aurait-elle répondu d’ailleurs ? La dénommé Paola était grande, légèrement forte, un beau visage que les lunettes factices rendait sans doute un peu sévère, mais cet impression s’estompait quand elle daignait sourire. Une sorte de tunique assez décolleté lui mettait en valeur une poitrine assez généreuse. Cette très belle femme maintenant mature avait dû être splendide pendant l’éclat de sa jeunesse. Mais pour Kéni le physique de son interlocutrice n’avait pour l’instant strictement aucune importance, elle en avait soupé des maquerelles et des maquereaux, des Madame Georges, des Monsieur Robert et des capitaines Jerko… Alors Madame Paola n’était finalement que la quatrième de la liste et rien n’indiquait qu’elle soit différente des autres…

– Détend-toi, on va parler de tout ça !
– Tout ça ? Reprit Kéni, ne comprenant pas trop.
– De ce que tu vas faire ici, mais aussi du reste, j’aimerais bien que tu me parles de toi.
– Moi ? Je n’ai rien à raconter !
– Si, tu as à raconter comment tu t’es retrouvé ici.
– Un maquereau m’a repéré dans un bordel, il m’a baratiné, m’a fait croire qu’il était amoureux de moi et je me suis retrouvée embarquée dans un vaisseau. Sur ce coup là j’ai été la reine des connes !
– Et avant ?
– Pas envie d’en parler…
– Bon on va boire un coup, je vais te faire goûter un truc délicieux…
– J’ai pas soif !

Paola sonna et une fille fit son apparition, une petite soubrette à la peau jaunâtre et aux yeux bridés, elle était en tenue traditionnelle, petite coiffe dans ses beaux cheveux noirs et petit ensemble noir très décolleté en haut et très court en bas, avec un petit tablier blanc sur le devant. Mais surtout elle arborait un sourire très naturel qui faisait plaisir à voir. Curieusement Kéni se fit alors la réflexion que cette fille n’avait pas l’air malheureuse ici, cette pensée lui fit bien plus de bien qu’elle ne se l’avouait.

– C’est Tina, l’une de mes « filles » précisa Paola, de temps en temps je leur demande de faire ce genre de service, ça les change…

Tina versa un breuvage bleuté dans deux verres.

– Elle s’appelle Kéni ! Reprit Paola à l’adresse de Tina, elle va venir travailler ici, comment tu la trouves ?
– Tu es très belle ! Tu as de la chance, c’est une bonne maison ici ! Reprit l’asiatique.

Kéni restait sur ses gardes, ça pouvait être de la mise en scène.

– Non, je n’ai pas de chance, je n’ai rien à faire ici, mais vous ne pouvez pas comprendre…
– Si tu ne nous expliques pas, c’est sûr qu’on ne risque pas de comprendre….
– Je crois qu’elle a envie de parler, intervint Tina…
– Elle a envie mais elle veut pas ! Allez, bois déjà un coup… je vais être très franche, Kéni, reprit la tenancière, je t’ai acheté, j’ai fait une folie, je partais me procurer trois filles, je n’en ai ramené qu’une, il n’est pas question que je perde de l’argent. Mais c’est notre intérêt à toutes les deux que les choses se passent le mieux possible, je ne te demande pas d’avoir confiance en moi, c’est bien trop tôt, mais si tu as l’impression que cela te ferais du bien de parler, je t’écoute soit toute seule, soit avec Tina… Tu ne veux vraiment pas goûter à ce truc ?

Kéni finit prendre le verre et fit le geste de l’emmener près de ses lèvres.

– Attend, on trinque ! Proposa Paola.

Cela lui coûta, trinquer est un geste d’intimité qu’elle n’était sans doute pas prête à faire, mais tant pis… Elle but, après tout, ce n’était pas mauvais, mais elle avait bu des choses bien meilleures à Olvène… du coup ses yeux s’embuèrent.

– Allez cause ! Lui dit Tina qui s’était assis près d’elle de l’autre côté et qui lui caressait gentiment le bras.
– La dernière fois que j’ai raconté, ça je me suis fait avoir…
– Tu veux qu’on fasse le tour de la boite, je peux te laisser demander aux filles si elles sont malheureuses chez moi, si tu veux ?
– Elles ne vont pas dire le contraire je suppose… Je crois que si je devais me faire encore avoir une autre fois, je crois que je ne le supporterais pas. Je crois aussi que je ferais ce qu’il faudrait pour que je n’aie pas à le supporter…
– On se calme… On t’écoute Kéni !

Alors Kéni raconta son histoire, toute l’histoire y compris Robert, y compris Jerko.

– Et voilà ! Maintenant, c’est clair, ma mission, elle a échoué ! Définitivement échouée !

Paola reprit sa respiration !

– Je ne vais pas faire dans les mots faciles, Kéni, je pourrais te raconter que tout espoir n’est jamais complètement perdu… Non ce n’est pas mon genre. Tu nous as expliqué que vous étiez un groupe, il est logique que dans un groupe certains échouent, ils te remplaceront peut-être… Mais je crois aussi que ce genre de mission que tu t’es donné n’avait que très peu de chance de réussir au départ. Je t’admire quand même d’avoir persisté jusque-là. Mais l’histoire des hommes est ainsi, il y a toujours des salauds, il y a toujours des lâches…. Vous auriez libéré les filles, il se serait passé quoi ?
– On n’a pas trop cherché, ça paraissait si simple si les bonnes volontés avaient fonctionné !
– Allez sèche tes larmes et bois un coup. Je te propose un truc, tu ne commenceras qu’après demain, on va te montrer ta chambre, pour l’instant tu es libre, tu peux même aller te promener en ville, mais tu ne connais personne, ça ne va pas être évident… Qu’est-ce que tu en penses ?
– Me promener en ville ? Et vous n’avez pas peur que je m’échappe ?
– On te posera un bracelet traceur. Je ne suis quand même pas idiote !
– Je me disais aussi… Non, je ne me vois pas rester une journée toute seule, je vais déprimer, autant commencer le plus tôt possible.
– Ok, alors on va faire autrement, Tina va s’occuper de toi, te faire prendre une douche, s’occuper de te trouver des fringues, et puis tout à l’heure nous dînerons toutes les deux en tête-à-tête, ça me permettra te t’expliquer comment ça se passe ici, après dodo et demain, et bien demain on commencera, puisque tu le souhaites… Allez Tina, en piste…

Tina

Kéni pris possession de sa chambre, elle était grande, bien meublée et bien décorée, rien à voir avec les studios basiques de Madame Georges. Parler lui avait fait un bien énorme, quant à la réponse de Paola, si elle redoutait de l’entendre, elle savait aussi qu’elle était dans le vrai… leur groupe n’avait jamais réussi à croître, les garçons après avoir fait preuve de bonnes volonté finiraient par laisser tomber. Restait Malvina, Malvina qui était partie se perdre chez les foldingues tigranes, il lui revint alors les propos de cette dernière quand elles s’étaient réparties les tâches :  » Une vierge et une pute  » ! Elle verrait dans quelques jours s’il y avait un moyen d’avoir des nouvelles de sa planète natale, de savoir ce que devenait tout ce petit monde, de faire en sorte d’envoyer un message à Malvina pour lui dire de laisser tomber, qu’elle ne pourrait y arriver seule. Et puis Jerko et Robert comme elle aurait aimé les briser… finalement il y en avait des choses à faire…

– Ouh Ouh ! Répéta Tina
– Je suis là !
– Ben dis donc quand tu es dans tes pensées, toi, on a du mal à te faire descendre !
– Et toi comment tu es arrivé là ?
– Oh, moi, mes parents sont morts dans un accident, j’étais presque majeure, il s’en fallait de trois semaines, on m’a placé chez des cousins que je ne connaissais pas, des gens très rigides, j’aimais bien le sexe, et il n’avait pas l’air de le supporter, ça ne les a pas empêché de me vendre dès ma majorité, alors j’ai erré de bordel en bordel avant d’arriver ici. Dans deux ou trois ans je me mettrais à mon compte…
– On peut faire ça ?

Elle lui expliqua…

– Bon allez, viens sous la douche !

Chaque chambre avait donc sa salle de bain ! La grande classe ! Kéni fut quand même surprise de voir Tina se déshabiller complètement et le plus simplement du monde.

– Tu veux prendre une douche avant moi ?
– Mais, non, on va la prendre ensemble.
– C’est peut-être… c’est peut-être pas la peine.
– Si, si c’est la peine ! Répondit l’autre, le visage tout sourire et en opinant ostensiblement du chef !

Kéni n’insista pas et se déshabilla à son tour.

– Et bien ! Dit Tina, admirative !
– Oui ?
– C’est pas mal du tout ! Tu es vraiment super mignonne ! Bon allez viens, laisse-toi faire, je m’occupe de tout !

L’Olvèniene n’était quand même pas demeurée même après toutes ces mésaventures, et elle se doutait bien que la petite asiatique avait des arrière-pensées coquines. En d’autres temps et autres lieux, elle y aurait sans doute succombé avec enthousiasme, aujourd’hui elle avait simplement décidé de voir venir. Tina commença par asperger leur deux corps d’eau tiède avant de badigeonner la peau de Kéni d’un produit pour la douche. Elle commença par des endroits plus ou moins neutres, les bras, les épaules, la base du cou, le ventre, les mollets, le dos, puis elle s’occupa des cuisses, sa main s’égarant derrière remonta jusqu’à la base de la fesse et l’empauma, l’autre main vint sur la seconde fesse, elle s’amusa alors à faire des mouvements de rapprochement puis d’éloignement à l’aide des deux globes, puis le doigt devint plus coquin et pénétra dans le sillon fessier, tout doucement il s’approcha de son trou du cul, puis de façon très décontracté, s’y enfonça !

– Te gênes pas, fais comme chez toi !-
Tu n’aimes pas ?
– Si !
– Baisse-toi ! Non comme ça, plie-toi en deux ! Là comme ça je te mets deux doigts ! C’est bon ?
– Continue !

Encouragée, Tina continua à aller et venir de ses deux doigts dans le conduit anal de Kéni. Au bout d’un moment elle les ressortit, puis profitant de la position de sa partenaire toujours pliée en deux, elle attrapa les deux mamelles pendantes pour les peloter avec frénésie. L’asiatique s’enivrait des caresses qu’elle prodiguait, quand elle s’enhardit jusqu’à pincer les tétons ainsi offerts, elle provoqua une onde de plaisir chez l’Olvèniene qui après lui avoir dit de ne surtout pas arrêter, finit par se dégager quand la pression devint trop forte, se retrouva nez à nez avec sa si douce tortionnaire et après un bref échange de regards de connivence, se mirent à s’embrasser en faisant rouler leur langue comme si elles n’avaient pas goûté à ce fruit défendu depuis des siècles. Kéni pensa avec une pointe d’émotion que son dernier rapport avec une femme avait été avec Alice, la petite serveuse de ce boui-boui minable des rue louches de Katelya-City, c’est elle qui lui avait communiqué l’adresse de madame Georges, et ça avait été le début de l’engrenage… Une larme de nostalgie tomba de ses yeux, mais elle se ressaisit, elle savait que ce ne serait pas toujours facile. Tina fut alors extrêmement surprise du redoublement d’ardeur avec laquelle Kéni l’embrassait à présent.

A son tour Kéni s’occupa des seins de sa complice, excitée comme elle l’était, il fallait maintenant qu’elle prenne son plaisir, elle décida de prendre les choses en main.

– Je vais m’asseoir sur la toilette, tu vas me sucer ! D’accord ?

Tina fut bien sûr d’accord, elles se rincèrent sommairement, et bientôt, la belle asiatique fut entre les cuisses de Kéni, la langue à l’œuvre, les mains en avant, pouces et index serrés sur les tétons, en train de faire monter la jouissance chez sa partenaire. Mais Tina n’était point sotte, quand elle sut l’autre prête à exploser, elle se releva, entraîna son amante par la main et elles ne tardèrent pas à rouler tête-bêche sur le sol ou elles purent ainsi mutualiser leur envie.

Le reste de la journée fut plus calme, Tina prit des tas de mesures afin que soient confectionnés cette nuit même plusieurs tenues de travail, notamment un ensemble en cuir et vinyle pour les clients adeptes du sado maso ou plus simplement fétichistes…

Et le soir elle retrouva Paola…

Paola

Comme ses nouveaux vêtements n’étaient pas encore prêts et que ceux qu’elle avait dans ses bagages n’avaient pas l’air d’être en conformité avec l’esthétisme local, Tina l’avait habillé d’un simple haut ouvert devant assez moulant et qui s’attachait avec un système de lacets, cela lui comprimait la poitrine mais ne lui allait pas si mal, en bas une minijupe très élastique de couleur noire fit l’affaire. Paola s’était habillé en tenue de cuir, bustier, pantalon moulant et immenses bottes, ses cheveux avaient été ramenés en chignon et une cravache était accrochée à sa ceinture. Kéni comprit que cette mise en scène était destinée à s’affirmer auprès d’elle en tant que dominatrice. La chose l’amusa de par son côté un peu puéril.

– Alors ? Cet après-midi s’est bien passée ? Demanda « madame Lunettes »
– Faut pas se plaindre, j’ai connu des heures pires…
– Tina m’a vanté tes… comment dire tes disponibilités….
– C’était un test alors ? Vous êtes contente ? Je devrais faire une bonne pute ?
– Un : Ce n’était pas un test. Deux : Tu peux me tutoyer. Trois : Je crois que tu feras effectivement une bonne pute. Et quatre le terme de pute n’a pour moi rien de dépréciatif. Je demande effectivement à mes filles d’avoir de la conscience professionnelle et que les personnes qui sortent de notre maison, le fassent avec ce qu’ils sont venus chercher.
– Bon, bon, excusez-moi !
– Je t’ai dit que tu pouvais me tutoyer !
– On va essayer…
– Tu as vu comment j’étais habillée ?
– Oui, ça vous va, pardon, ça ne te va pas mal.
– Et pourquoi, d’après toi, je me suis habillée de cette façon ?
– Pour me montrer que vous êtes la patronne ! Répondit Kéni, toute contente de sa réponse.
– Bien vu ! Nous ne sommes pas pressées, on va déguster ces excellents plats, je vais t’expliquer en gros comment ça se passe ici. Au dessert nous jouerons ! Je serais ta maîtresse et toi mon esclave ! Tu aimes qu’on te punisse, j’espère !
– Ça dépend ! Répondit simplement Kéni.
– Et ça dépend de quoi !?
– Si c’est vraiment un jeu, je veux bien jouer ! Si c’est autre chose, ben j’aime pas !
– Je crois que nous sommes faites pour nous entendre, Kéni ! Répondis Paola, je suis effectivement très joueuse…

Et tandis qu’une nouvelle soubrette s’occupait du service, Paola expliquait à sa nouvelle pensionnaire les règles de la maison….

– Ici c’est un bordel classique, il y a un salon, où le client peut choisir la fille qu’il désire, s’il ne pas déjà fait sur vidéo. On ne fait ni club, ni cabaret, mais on pratique des prestations personnalisées, le client est roi. Tu as le droit de refuser certaines pratiques, il faudra nous dire lesquelles, tu as le droit de refuser un client, c’est un droit, mais n’en abuse pas, tu peux aussi arrêter une prestation si ça ne se passe pas bien, tout est enregistré et conservé, c’est dans l’intérêt des filles en cas de problèmes. Tu as un quota d’heures à respecter. En dehors de ces heures tu fais ce que tu veux, les collègues t’indiqueront les endroits où aller, les restaus, les clubs, la piscine… et aussi les salles de jeu, mais celles-là évite-les, si tu es sérieuse tu pourras te faire assez rapidement un beau pécule, à toi de le gérer… Evite aussi de côtoyer des gens qui te proposeront de la drogue. Normalement la sécurité est assurée ici, la mafia locale y veille, tu ne risques donc pas de te faire « enlever ». Au début tu ne pourras pas sortir sans bracelet traceur, c’est discret, ça ne se voit pas…

Le repas se terminait, les deux femmes burent un breuvage qui pouvait ressembler à un thé parfumé, puis Paola se leva. Par politesse Kéni en fit de même.

– Non, reste assise, on va jouer.
– Chic alors ! Ironisa Kéni.
– Pendant tes heures de services, tu auras deux rôles, le premier c’est d’être à mon service comme prostituée, mais ça, tu l’as évidement compris depuis longtemps, l’autre c’est d’être quand ça me chantera, mon esclave, une esclave à qui je peux tout demander et qui devra m’obéir…
– Puisque c’est un jeu…
– Oui c’en est un et tu auras la possibilité de l’arrêter quand tu veux, il te suffit de dire un mot, ce mot ce sera « Chabada » tu te rappelleras ?
– Chabada !

Paola se dégagea alors le sein droit, et le tendit à Kéni :

– Suce !

Kéni sans réfléchir absorba le gros bourgeon marron foncé qui la narguait à trois centimètres de sa bouche. Elle le roula sous sa langue, le téta un peu. Tout cela ne dura qu’à peine une minute, mais eut pour effet de l’exciter. Quelque chose avait commencé, Paola la testait, elle sut alors qu’il lui faudrait réussir ce test coûte que coûte, que ce ne serait qu’au prix de cette réussite qu’elle pourrait rester proche de la tenancière et sortir ainsi son épingle du jeu. Un échec l’enverrait probablement dans l’anonymat du nombre. Elle se sentait assez forte pour l’éviter.

– Passe ce collier autour du cou, c’est un collier d’esclave et déshabille-toi nous allons sortir chercher ta robe, il y en a une qui est déjà prête.

Kéni se déshabilla, se demandant où il fallait prendre des vêtements pour sortir.

– Tu vas sortir à poil et je te tiendrais en laisse.
– A poil dans la rue !
– Et alors ? Il fait très chaud et puis ce n’est pas interdit ici ! Par contre c’est vrai qu’on ne voit pas ça si souvent. Bon, viens là, je t’attache les mains derrière le dos, je fixe une laisse à ton collier… Voilà, allez en route ma chienne.

Sans rien dire, la mâchoire serrée, Kéni avança, espérant simplement que cette humiliante plaisanterie n’allait pas durer des heures.

– Euh, je peux faire pipi avant ? Demanda-t-elle pourtant.
– Non, dans la rue, les chiennes ça fait pipi dans la rue !
– Tu ne vas pas me faire pisser à poil dans la rue ?
– Tu te tais, je te rappelle que tu as un mot de sécurité si tu ne veux plus jouer.

Kéni se tut, elles avancèrent dans la rue, il n’y avait pas la grande foule mais il y avait quand même du monde, les badauds s’arrêtèrent, finirent par former un petit groupe… qui s’enhardit assez vite :

– C’est une nouvelle ?
– Oui, elle est belle, hein !
– On peut l’essayer ?
– A partir de demain, mais vous pouvez vous inscrire à l’accueil, il n’y en aura pas pour tout le monde ! Finit par déclarer Paola.

Kéni essaya de se détacher de cette ambiance glauque. Ça devenait assez peu évident. Sa maîtresse la conduisit contre un mur !

– Pisse !

Kéni s’accroupit, par simple réflexe !

– Non pisse debout !

Elle ferma les yeux, libéra sa vessie, la position n’était pas pratique et elle s’arrosait les cuisses. Devant ça piaillait, ça se moquait. Un type demanda s’il pouvait lui pisser dessus. Un autre voulait se faire sucer, là, tout de suite. Il se passa alors quelque chose de bizarre, les deux femmes échangèrent un bref regard. Alors Paola détacha les poignets de Kéni, mais ne lâcha pas la laisse. Elle fit demi-tour et elles rentrèrent d’un pas assuré à la  » Maison Parme « . L’Olvèniene respira un grand coup, l’épreuve n’avait même pas duré dix minutes, mais c’était la tenancière qui était gênée.

– Je suis désolée, je ne pensais pas que ça tournerait comme ça, je pensais que tous ces types garderaient leurs distances.
– Tu n’as pas à être désolée, puisque je pouvais arrêter quand je voulais, c’est bien ce que tu m’as dit, non ?
– Tu ne vas pas me dire que tu aurais continué ?
– On ne peut pas savoir, j’aurais peut-être dis le mot de sécurité trente secondes après… Et ma robe, alors ? demanda-t-elle souhaitant changer de conversation
– Je la ferais livrer demain, ta robe !
– OK, on fait quoi, je te laisse ?
– On va se faire servir une coupe de champagne, ça te dit ?
– Oui, mais je voudrais bien me rincer la chatte et les cuisses, je suis pleine de pisse !
– Je peux peut-être m’en occuper ! Dit alors Paola.
– D’accord viens me lécher !

Kéni réalisa l’insolite de la situation, la tenancière du plus renommé des bordels de la ville qui léchait l’urine de sa pensionnaire toute fraîche débarquée. Complètement dingue… Kéni sut alors qu’il ne lui faudrait que quelques semaines pour la dominer complètement… Bien sûr cela resterait un jeu, la différence c’est que c’est elle qui en définirait les règles…

N’empêche que pour l’instant la langue de Paola était d’une efficacité redoutable. Elle s’agitait, virevoltait, passait d’un côté à l’autre des grandes lèvres, nettoyait tout, descendait le long des cuisses, revenait vers le sexe pour cette fois venir en téter les nymphes, tandis que le clitoris la narguait. Elle finit par le prendre pour cible lui faisant subir des mouvements latéraux de l’extrémité de la langue. Kéni se cramponna à son fauteuil, hurlant sa jouissance. Il lui faudrait maintenant lui rendre, ça aussi faisait partie du jeu, mais elle sut aussi que ce ne serait pas une corvée

La belle Olvèniene savait aussi qu’il était inévitable que Paola cherche à reprendre le dessus ne serait-ce que pour son confort psychologique. Il fallait donc la laisser faire, ça ne remettait rien en cause pour la suite, au contraire…

– Tu veux que je te fasse jouir ? Tenta Kéni.
– On a le temps, pour l’instant suis-moi !

Elles firent quelques pas, pour parvenir devant une grande pièce dans laquelle elles pénétrèrent. Kéni faillit pouffer de rire devant cette théorie d’instruments et d’ustensiles destinés aux pratiques sadomasochistes, l’accumulation rendait le lieu assimilable à une quincaillerie qui aurait mal supporté sa fusion avec une sex boutique. Quelques heures avant, le fait de pénétrer ici lui aurait sans doute laissé une boule d’angoisse en travers de la gorge, après ce qui venait de se passer, elle se sentait forte et pleinement rassurée. La salle n’était pas vide, on entendait les cris étouffés d’un homme qui se faisait flageller un peu plus loin. A un autre endroit un type couvert de marques de cravaches se morfondait dans une petite cage d’à peine un mètre cube, un autre était attaché couché en deux sur une espèce de cheval d’arçon, un énorme gode planté dans son cul et maintenu par des courroies… et encore ailleurs une dominatrice vêtue d’un pagne en imitation léopard fouettait consciencieusement le derrière bien rebondi d’un amateur satisfait…

– C’est bien calme ce soir, parfois tout ce petit monde se mélange, les filles obligent un client à en sucer un autre où à se faire enculer… J’adore regarde ça…
– Ton bordel est spécialisé dans les sados-masos ?
– Non pas du tout, mais la spécialité est assez courue.
– Et tu vas me faire quoi ? Intervint Kéni coupant volontairement et par pure impertinence le discours de sa tenancière.
– Pour l’instant on visite, mais tu ne perds rien pour attendre…

Puis se tournant vers la fouetteuse :

– Ben dis donc, tu lui fais quoi à ton client, des caresses ?
– Il ne veut pas que je le marque ce qu’il aime dans le SM, c’est l’ambiance…
– OK, et bien laisse le tranquille cinq minutes, je te laisse cette pétasse, tu lui files vingt coups de cravache et tu me la renvoies, et moi par contre je veux que tu la marque, mais pas trop, demain elle doit être en état de travailler.

Pas mal le coup, pensa Kéni, en faisant faire le travail par une autre elle évitait ainsi que les rapports se personnalisent davantage… La fille ne posa aucune question, attacha la belle Olvèniene contre un poteau, lui suspendit les bras en l’air à des chaînes pendantes et fixa une barre d’écartement entre ses chevilles. Elle entendit Paola tourner les talons, ce n’est pas le spectacle qui l’intéressait, seulement le résultat, peut-être était-elle blasée. Le premier coup tomba en plein sur les fesses.

– Et, Oh, ça fait mal !

La fille ricana pour toute réponse. Le second coup ne fut pas moins fort…

– Aïe ! Non, mais tu ne pourrais pas taper moins fort ?

Pas de réponse… En supporter encore dix-huit comme ça n’allait pas être évident du tout, bien sûr il ne s’agissait pas de torture mais de domination, n’empêche que quand ça fait mal, ça fait mal… elle pensa alors à employer le mot de sécurité, mais se dit qu’elle allait quand même essayer d’encaisser. Cette épreuve aussi, si elle la réussissait lui permettrait de prendre de l’ascendant sur Paola… Le troisième coup tomba et en bonne professionnelle, la fouetteuse l’avait réajusté à la baisse, ça devenait supportable mais Kéni cria, pour la forme et pour ne pas que l’autre recommence à taper plus fort… Le plus difficile était l’appréhension, le contact pouvait être sublimé, ses conséquences encore mieux, mais il faudrait qu’elle apprenne. Les vingt coups finirent par tomber, au dernier elle s’était presque habituée… Elle revint vers Paola :

– Et voilà, j’ai le cul tout rouge maintenant !
– J’espère bien, c’est comme ça que je les aime !
– Tu vas lui faire quoi maintenant ?
– Ben tu vois je le caresse !
– Continue, j’adore qu’on me caresse les fesses…

Encouragée Paola s’en donnait à cœur joie. Malaxant les chairs, s’enivrant de caresses, embrassant, léchant, puis s’approchant doucement du petit trou, elle s’occupa à le pénétrer tantôt des doigts tantôt de la langue avec une dextérité et une technique qui ravissaient Kéni…

Cette dernière eut un moment l’envie de l’embarrasser en lui demandant pour quelle raison elle l’avait fait fouetter, mais elle y renonça, il était clair que Paola était en train de s’amouracher, il n’était pas question pour elle d’avouer ce genre de choses, alors elle mettait des barrières de protection, l’exhibition tournée en fiasco avait voulu en être une, la flagellation en était une autre… Et puis depuis leur retour précipité, tout à l’heure, Kéni avait acquis la conviction que Paola n’était pas une méchante femme. Alors le mieux était de laisser faire le temps…

– Il est bon ton cul ! Un vrai bonheur !
– Paola, tu me suces divinement, mais je vais te dire un truc, tu ne seras pas fâchée ?
– Dis !
– Je suis crevée, avec le décalage horaire et toutes ces péripéties, il y une éternité que je n’ai pas dormi. Si tu veux que je sois en forme pour travailler demain, il faut que je me couche !
– Tu as raison, je n’avais pas réalisé… Va te reposer, finalement tu ne commenceras qu’après demain… mais demain soir on se retrouve ici, et cette fois tu n’y couperas pas…
– Je ne me défilerais pas, demain je serais à toi ! Entièrement !

Le bonsoir se fit à distance sans une embrassade que ni l’une ni l’autre ne semblait souhaiter pour l’instant…

à suivre

nikosolo@hotmail.com

Première publication Octobre 2004. Revu et corrigé en août 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net

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7 réponses à Vargala Station 3 – La Maison Parme par Nicolas Solovionni

  1. Wolf dit :

    J’irais volontiers m’encanailler dans cette maison bien particulière

  2. feelgood dit :

    « Jeune et jolie » dans le cosmos !
    Superbe narration érotique

  3. Lesignac dit :

    Ah, si ce lieu de saine débauche pouvait exister, loin des mesquineries en tout genre de ceux qui sur Terre voudraient nous empêcher de baiser en rond

  4. darrigade dit :

    J’adore cette ambiance de space-opéra porno, il fallait de l’imagination pour la créer, l’auteur me semble avoir réussi.

  5. Guili dit :

    Dommage qu’il faille aller si loin pour trouver un bordel sympa ! Bon j’y vais, mais où ais-je garé ma soucoupe volante ?

  6. patou dit :

    Dommage que cette Maison Parme soit si loin, j’aurais bien aimé y faire une visite guidée et participative

  7. Forestier dit :

    En voilà une drôle de planète ! On y fait l’amour avec de belle filles, on s’y gouine, on s’y compisse et on n’a rien contre l’amour vache ! Que du bonheur !

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