Vargala station 2 – La quête de Kéni par Nicolas Solovionni

2 – La quête de Kéni


Résumé du chapitre précédent : Sur la planète Katelya la communauté Tigrane exclusivement féministe attaque la ville d’Olvene, liquidant les hommes et faisant prisonnières les femmes, un groupe de survivants essaie de s’organiser pour venger leurs parents et amis

Le bureau des réfugiés

Hormer s’ennuyait ferme à son nouveau poste de responsable aux réfugiés, il était aidé par une secrétaire qui avait en charge les entretiens et la partie administrative, celle-ci n’étant pas vraiment débordée, Hormer ne risquait pas d’y être. Comme tous les matins il consulta sur son mescom les événements de la veille et s’aperçut que sa secrétaire s’était entretenue avec quatre réfugiés d’Olvene, il y avait donc finalement plus de rescapés que prévu de cette tuerie, et la plupart n’avait pas encore atteint la capitale mais avait signalé leur position. Le récit de ces quatre-là ne lui apprenait malheureusement pas grand-chose de nouveau. Hormer continuait à vivre très mal le souvenir de cette journée où il s’était heurté à son supérieur buté. Cette promotion placard ne lui apportait rien et il tombait tout doucement dans la neurasthénie. Sans doute parce qu’il n’avait rien d’autre de mieux à faire, il décida de consulter les identités des quatre réfugiés en question ce qui le fit tomber littéralement en arrêt devant la photo relief de Kéni Nigelson.

Marié depuis plus d’un an Hormer n’avait rien d’un fanatique du sexe, loin s’en faut mais il lui arrivait de flasher sur un joli visage, sans que cela ne porte à conséquence. Mais cette fois il voulut voir. Retrouver cette jeune femme fut un jeu d’enfant puisqu’on les avait placés dans une sorte de foyer. Il s’y déplaça.

– Racontez-moi !
– J’ai vraiment plus envie, je l’ai fait hier, ça a dû être enregistré,
– C’est comme vous voulez, j’aimerais vous aider, et si cela peut vous arranger, on peut se voir de façon privée !

Kéni réfléchit rapidement, dans sa quête de revanche il lui faudrait jouer plusieurs cartes, encore fallait-il avoir les bonnes, Hormer en était-elle une ? De toute façon ça ne coûtait rien d’essayer !

– Recontactez-moi demain, je vous confirmerais, mais ça ne sera peut-être pas moi, ce sera peut-être ma copine !
– Pardon ? Je ne comprends pas
– J’ai le droit d’avoir mes petits secrets !

Hormer parti, les quatre jeunes gens se réunirent :

– Bon ce n’est pas qu’on soit obligé de faire dans la précipitation, mais il importe de savoir qui va faire quoi ?

Il fut convenu que l’objectif immédiat était de trouver le moyen de déclencher une action militaire afin de délivrer les femmes qui avaient été emmenées en captivité. Mais il fallait aussi penser à la suite, créer les conditions pour qu’une telle situation ne puisse se renouveler. Autre paire de manche ! Il fallait donc créer une alliance, un mouvement d’opinion, enfin quelque chose qui puisse s’opposer militairement de façon durable à l’agressivité tigrane. Dans un premier temps une personne s’occuperait de prêcher dans les communautés Kom, une autre essaierait de s’infiltrer chez les amazones de Tigra-Novo afin de tenter de les noyauter de l’intérieur, une troisième verrait ce qu’il est possible de faire avec les autorités locales, le dernier servant d’agent de liaison et surtout d’animateur chargé de recruter toutes les bonnes volontés qui voudraient sympathiser à leur groupe et à sa mission.

– Bon ! Tirage au sort de la fille qui ira chez les Tigranes, je propose que l’autre fille se charge des autorités locales.
– Donc, une vierge et une pute ! S’exclama Malvina, jetant un froid glacial sur l’assistance !

Sari tendit les deux pailles, d’emblée Malvina recueillit la plus courte et s’effondra en larmes. Gênés les trois autres jeunes gens se regardèrent, attendant la fin de la crise.

– Arrête, tu n’es pas obligée, si tu veux, je prends ta place… proposa Kéni
– Sûrement pas, j’ai perdu, j’ai perdu, mais quand ça ira mal je penserais à ta proposition, et ça m’aidera à ne pas flancher !

Et nouvelle crise de larmes des deux filles qui cette fois se jetèrent dans les bras l’une de l’autre.

Puis au bout de quelques minutes :

Adieux saphiques

– Les garçons, soyez gentils, laissez-nous quelques temps, je voudrais rester un moment seule avec Kéni !

Malvina entraîna alors son amie, dans l’espace qu’elle occupait dans ce foyer, pauvre couchette isolée des autres par une tenture immonde.

– Voilà, je voudrais que le dernier souvenir de toi, ce soit quelque chose de doux, d’apaisant, ça m’aidera.
– Pourquoi dernier souvenir ? On se reverra, non ?
– Peut-être mais quand ? Tu… tu veux bien ?

Kéni ne répondit que par un sourire et un assentiment de la tête, puis entreprit de se déshabiller. Malvina en fit de même et se coucha sur le lit, les jambes très légèrement écartées, passive.

– Occupe-toi de moi dit-elle simplement.


Kéni s’installa à ses côtés et posa alors sa bouche sur le petit téton fripé qui la narguait, à force de succion, celui-ci finit par s’ériger, tandis que l’autre subissait les taquineries de ses doigts. Elle intervertit ensuite afin que nul ne soit jaloux, se redressa, échangea un sourire avec sa complice, puis recommença, mais plus fort, provoquant des soupirs d’aise chez Malvina. Son autre main descendit vers le sexe qui doucement mais sûrement devenait humide, les doigts caressèrent d’abord le poil légèrement blond, puis virent agacer les grosses lèvres. La chose finit par exciter Kéni qui changeant de position vint poser délicatement sa bouche sur le sexe offert de sa camarade. Une petite perle blanche au goût de miel apparut dans la fente de son trésor, elle l’avala, puis balaya l’endroit de sa langue, faisant s’ouvrir les chairs comme un léger coquillage, s’installant mieux, Kéni tendit alors ses mains vers les deux seins tout en continuant son travail de bouche, bientôt le clitoris fut sa cible, bourgeon turgescent impatient sous la langue, il ne tarda pas à emporter rapidement Malvina vers les plaines du plaisir. Les deux femmes s’embrassèrent alors à pleine bouche dans un mélange de passion et de tendresse. Kéni pourtant excitée ne demanda rien en retour et elles finirent par s’endormir, enlacées et repues

Hormer

C’est donc Kéni qui se rendit au nouveau rendez-vous dans le bureau d’Hormer, elle était prête à payer de son corps encore fallait-il que ça vaille la peine

– Pourquoi la garnison n’est-elle pas intervenue ?
– Je ne peux pas vous le dire, c’est un secret militaire !
– Vous n’êtes pas très habile, vous auriez pu dire simplement que vous n’avez pas été prévenu…
– Alors d’accord on n’a pas été prévenu…
– Les satellites ne détectent plus les mouvements de troupes ?

Hormer n’était pas habitué à ces débats oratoires et il était en train faire triste figure face à cette jeune fille qu’il aurait aimé retenir auprès de lui. Il était désemparé.

– Lieutenant Hormer vous auriez été au courant et vous auriez été le responsable de cette garnison qu’auriez-vous fait ?

C’était inespéré, elle lui rendait la main et sans hésiter il cria presque :

– J’intervenais tout de suite !
– C’est bien, vous allez remonter dans mon estime, mais dites-moi, Lieutenant Hormer, quelle est votre perspective de carrière ici ?
– Pas grand-chose, je le crains.
– Alors désolé, vous ne m’êtes d’aucune utilité !
– Non ne partez pas, je vais tout vous raconter, je n’ai pas le droit, mais si vous me promettez de ne rien dire…
– Je vous écoute :

Il lui expliqua donc… certes pas tout mais suffisamment pour qu’elle puisse entrevoir l’apparente complexité de la situation !

– Merci, franchement merci, je ne voyais pas les choses comme cela, au moins la situation est claire, il me reste à vous remercier, que souhaitez-vous de moi ?
– Je…
– Ben quoi, c’est si difficile à dire ?
– Vous allez me prendre pour un malade ?
– Mais non, détendez-vous, je ne suis pas farouche…
– Je voudrais bien…
– Oui quoi ?
– Une photo !
– A poil ?
– Vous n’y pensez pas, non juste votre visage !
– Mais vous en avez déjà une
– J’aurais préféré, plus posée, plus souriante…
– OK ! Prenez en une avec votre mescom !
– Non je préfère que vous m’en choisissiez une ?
– Parce que vous vous figurez que j’ai emmené mon album photo avec moi ?
– Oh ! Je suis désolé ! Répondit l’officier, se rendant compte de sa gaffe.
– Allez, prenez en une ! Je vais vous faire un beau sourire, et puis, Lieutenant Hormer, je veux que quand vous regarderez ma photo, vous penserez : seule une chance inouïe a fait qu’elle ne retrouve pas chez les Tigranes, et si je ne veux pas que d’autres s’y retrouvent peut-être que je peux faire quelque chose…
– Mais quoi ?
– Vous trouverez bien ! Je ne veux pas vous compromettre, voici les coordonnées de notre coordonnateur, contactez-le de temps en temps, moi je préfère disparaître dans la nature.
– Je ne vous reverrais donc plus !
– Peut-être pas, non ! A moins que vous m’arrangiez un rendez-vous avec votre supérieur hiérarchique. C’est qui d’abord ?
– Je dépends directement du général Mériap !
– OK ! Arrangez-moi ça !

Katelya City

Katelya devait abriter grosso modo 200 000 habitants bien plus que ce qui était prévu à l’origine. En fait c’était toujours pareil : un certain nombre de personnes soit ne se sentaient nullement concernées par les engagements démographiques de leurs aînés soit évoquaient des clauses de consciences pour ne plus vivre dans telle ou telle communauté. Au départ ils demandaient à partir « ailleurs » et faute de moyens pour le faire, ils n’y allaient jamais. S’en suivait une organisation où les économies parallèles allaient bon train.

Il fallait bien loger et nourrir tout ce monde, certains s’étaient donc trouvé des vocations de constructeurs avec tous les corps de métier qui s’y rattachent…

Des accords « non conventionnels » étaient passés avec des fermes qui y trouvaient leur avantage, mais au détriment des populations locales qui voyaient leurs propres économies chamboulées. Mais néanmoins il n’y avait pas de travail pour tout le monde. L’administration était obligée d’augmenter son budget de sécurité, de santé et de voirie au détriment d’autres choses… toujours la même histoire. Et puis bien sûr corollaire de ce genre de situation : un quartier chaud s’était créé avec ses bars louches, ses maisons de passes et ses salles de jeu, mais il faut croire que dans ce domaine chacun y trouvait son compte.

Kéni avait réfléchi, assez vite d’ailleurs. Pour le moment on lui avait versé une aide qui lui permettrait de ne pas mourir de faim pendant un mois après il faudrait qu’elle se débrouille.

Elle était désormais seule dans cette curieuse ville où se croisaient militaires de la garnison, personnel administratif, équipage de vaisseau en escale et toute une faune de gens dont on ne savait trop de quoi ils vivaient, Malvina était repartie vers son destin avec le véhicule d’emprunt. Jolu était allé vers le nord dans une ville kom où il possédait de la famille, il espérait ainsi se servir de cette ville comme tête de pont des futures alliances. Quant à Sari, il s’était trouvé une âme sœur qui l’abritait, c’est donc de chez elle que leurs actions à tous essaieraient de se coordonner.

Au foyer, une cellule de crise avait été installée afin d’y recevoir les réfugiés. Leur nombre n’excédait pas la quinzaine, mais il y en avait peut-être d’autres ailleurs. Ceux-ci avaient eu la « chance » de se trouver hors du périmètre d’invasion. Bien sûr, ils étaient en état de choc, et à cela s’ajoutait la rancœur d’avoir refusé d’être accueillis par les villages koms voisins. Kéni apprit donc ainsi qu’elle n’était pas la seule à avoir été refoulé sans raison apparente. Elle ne pouvait bien sûr pas être au courant de la duplicité et de la perfidie des tigranes. Celles-ci s’étaient fendues d’un communiqué dans lequel elles précisaient que l’invasion d’Olvene n’était qu’une réponse aux « incessantes provocations » de cette dernière, et qu’en ce qui concernait les autres communautés koms, celles-ci n’avaient rien à craindre, à la condition toutefois de s’abstenir d’accueillir les survivants d’Olvene. Le message tigrane n’avait pour but que de relâcher la vigilance des koms, de les empêcher de s’organiser, et aussi d’éviter que les détails les plus sordides de l’invasion se répandent. Kéni constata aussi que les réfugiés analysaient la situation de façon assez aberrante, allant jusqu’à déclarer que la responsabilité des dirigeants d’Olvene dans cette affaire n’était pas neutre. Kéni en fut terriblement dépitée et en conclut que ces pauvres gens ne lui seraient pas d’une grande utilité pour l’aider dans ses projets.

Kéni avait remarqué une petite serveuse blonde dans un boui-boui où elle était allée se restaurer. Elle n’avait en fait rien de spécial quoique mignonnette, mais elle était souriante et gentille, ce qui ici semblait plutôt rare.

– Tu saurais peut être comment trouver du boulot ?
– Pas évident, il n’y a aucun salaire garanti ici, ils te filent du fric, juste le minimum.
– T’as toujours été là ?
– Non, je me suis barrée de mon village, on voulait absolument me marier avec un conard, bien sûr on ne m’obligeait pas vraiment mais je ne te dis pas les pressions !
– T’as des projets ?
– A part trouver assez de fric pour quitter la planète, je suis un peu dans le vague.
– T’as des idées ?
– Parfois il y a des mecs qui veulent coucher avec moi. Je leur fais comprendre que je ne suis pas contre, mais que ce n’est pas gratuit !
– Et ça marche ?
– C’est pas toujours évident, certain refusent et laissent tomber, mais une fois un mec m’a fait virer de mon ancien boulot. Ici c’est plus cool, mais faut quand même que je sois discrète
– Et une fois que tu seras partie, tu vas faire quoi ?
– J’en sais rien j’ai fait des études de vétérinaire. Des vaches, il doit bien en avoir ailleurs, mais pour l’instant je veux partir, c’est mon unique raison de lutter le reste on verra.

Hormer, Kéni, Mériap…

Hormer ne dormait plus, la photo de Kéni le hantait, il ne s’était pas imaginé qu’une simple trombine en trois dimensions d’une habitante locale pourrait le troubler à ce point, il se savait vulnérable, s’il n’avait demandé qu’une photo alors qu’apparemment cette fille aurait été d’accord pour aller beaucoup plus loin, il le regrettait maintenant, et en était déjà au stade de rechercher un prétexte pour la rencontrer de nouveau. Mais comment faire, il n’était pas question qu’il accède à sa demande de lui faire rencontrer le général Mériap… Il y avait en effet tout lieu de penser que si ce contact se faisait, lui Hormer ne compterait plus pour grand-chose… Non il fallait qu’il intercède auprès du général pour qu’une action militaire puisse se faire contre les Tigranes… mais comment faire une chose pareille. Il avait beau chercher, aucune ébauche de plan ne lui venait à l’esprit.

Il n’osait contacter Kéni, que lui dire ? Mais huit jours plus tard, c’est cette dernière qui le fit.

– Alors Hormer, ce rendez-vous ?
– Je suis désolé, c’est un refus ! Le général a un emploi du temps trop chargé et il m’a entièrement délégué la charge des relations avec les réfugiés.
– Il ne vous a pas délégué la possibilité de prendre la décision de conduire une action militaire pour libérer les gens qui ont été emmenés de force chez les tigranes, je suppose ?
– Kéni, ce que vous demandez nous est impossible, il faut que vous l’assimiliez.
– Tout est possible, ce n’est qu’une question de volonté !

Elle raccrocha.

Elle décida donc de se débrouiller seule, mais le temps filait, dans quelques jours elle serait sans ressources, demander un supplément d’allocation à Hormer était du domaine du possible, mais elle préféra s’abstenir. Néanmoins, elle n’avait pas perdu son temps, elle avait pu se procurer la photo du général Mériap ainsi que repérer son véhicule privé. Elle s’était aussi acheté un petit aéro-scooter d’occasion. Elle attendait depuis plusieurs jours que le général fasse une virée en ville qui lui permette de l’aborder…

Elle commençait à désespérer… quand ce soir-là, Mériap sortit à pied de la caserne accompagné d’une femme en civil, sa compagne ? Sa maîtresse ? Elle leur emboîta le pas jusqu’à leur destination : L’un des bons restaurants de la ville, elle s’attabla à quelques distance du couple Il lui faudrait maintenant espérer que pendant le repas, soit que sa compagne le laisse seul quelques instants soit que lui-même soit pris d’une envie pressante irrésistible. Ça c’était la première partie, la seconde, c’était de faire ne sorte que son charme opère ! Sinon… elle fit rapidement quelques comptes, même en commandant ici ce qu’il y avait de moins cher, il ne lui resterait à peine de quoi subsister une seule journée. Voilà qui ressemblait bien à une dernière carte…

Ce n’est qu’une heure après que le général se rendit aux toilettes. Elle le fila, et quand il voulut sortir, lui barra la route !

– Bonjour, Général Mériap !
– Nous nous connaissons ?
– Promettez-moi de lire cette lettre, il n’y a que 10 lignes et appelez-moi, faite ça discrètement !
– Non, je suis désolé

Il s’apprêtait à l’éconduire, mais son regard se troublait, allant de sa poitrine à son visage, le trouble l’envahit

– Vous êtes qui ?
– Je m’appelle Kéni ! Appelez-moi demain ! Vous ne le regretterez pas !

Kéni se retourna et regagna sa place. Elle savait que Mériap était en train de lire son petit mot, il n’y avait pas grand-chose d’écrit dessus, elle expliquait simplement qui elle était et exprimait son souhait d’avoir un entretien privé avec lui.

Quand la femme descendit à son tour aux toilettes, le général demanda au serveur de faire suivre un petit papier à Kéni, il contenait les coordonnées du rendez-vous !

Général Mériap

Kéni essaya de s’habiller le plus sexy possible, ce n’était pas très évident avec les fringues mises à sa disposition par les responsables du foyer… De toute façon elle n’avait plus aucun argent pour acheter quoi que ce soit. Elle choisit malgré tout le haut le plus décolleté et le bas le plus moulant qu’elle pouvait dégotter.

– Que puis-je pour vous Mademoiselle ?
– Je viens réclamer votre aide !
– Il s’agit donc d’une aide que mon délégué aux réfugiés n’a pas pu vous obtenir. Je sais que vous l’avez rencontré, je sais aussi que vous avez essayé de me contacter par son intermédiaire. Ne lui en voulez pas, c’est un brave garçon, il a cru bien faire…
– Mon général, j’ai cru comprendre que des subtilités politiques qui m’échappent vous empêchaient d’organiser une opération militaire pour libérer nos compagnes emmenées en captivité.
– Officiellement, nous ne sommes même pas censés en être informés.
– Ce n’est pas le plus important… Cette position est-elle susceptible d’évoluer ?
– Ne me demandez pas de vous dévoiler des secrets militaires…
– Peut-être pourriez-vous juste me répondre par oui ou par non ?
– Toute position peut évoluer !
– Alors faites là évoluer… vous ne le regretterez pas, c’est comment votre prénom !

Le brusque changement de ton de son interlocutrice déstabilisa l’espace d’un instant le général Mériap. Cette fille était magnifique, c’était d’ailleurs bien pour ça qu’il avait accédé à sa demande d’entrevue. Bêtement il pensait qu’elle lui demanderait quelque chose de pas trop compliqué, de l’argent, un logement, un emploi, enfin toute chose qui aurait pu s’arranger. D’autant que la belle n’avait pas l’air farouche. Elle ne disait plus rien, figée en un magnifique sourire, la bouche entrouverte. Soudain elle fit balader un doigt dans son décolleté.

– Je suis prête à tout, mon général, à tout, y compris à payer de ma personne, à payer très cher !
– Je crois que je l’avais compris, mais je préfère être honnête avec vous, je ne suis que le représentant de l’autorité terrienne sur cette planète, j’ai des instructions à respecter et mon degré d’autonomie est assez faible…
– Répondez-moi franchement…
– Je l’ai fait !
– Attendez, je n’ai pas encore posé ma nouvelle question
– Une nouvelle question ?
– Aimeriez-vous faire l’amour avec moi ?
– Je ne voudrais pas être hypocrite, vous êtes une très belle femme, mais je ne pourrais rien vous donner en échange.
– Je ne vous demande plus qu’une seule chose : de me promettre de réfléchir à ma première demande.

Le général, stupéfait ne trouva pas de réponses

– Je pose mes affaires ici ? Demanda ingénument alors Kéni, enlevant son chemisier.
– Mais arrêtez !
– Pourquoi arrêter ? Vous en mourrez d’envie !

Kéni retira alors son soutien-gorge devant le général qui suait maintenant à grosses gouttes. Il lui fallait prendre une décision tout de suite, s’il n’était pas déjà trop tard, car déjà il bandait comme un malade. ! Mais prolonger ce petit jeu c’était ou bien se lancer dans des directions compléments incontrôlées ou abuser de la confiance que pouvait lui prêter cette personne. L’une ou l’autre de cette situation ne lui était pas supportable.

– Rhabillez-vous où j’appelle la sécurité !
– Vous ne le ferez pas !

Kéni commença pourtant à douter de son plan ! Elle s’avança alors en se dandinant vers le militaire…

– Pas un pas de plus !

Elle ignora l’ordre et continua de s’approcher. Il en coûta alors énormément à Mériap de le faire, mais levant sa main il administra une gifle à la jeune femme qui surprise s’arrêta net. Elle comprit alors qu’elle avait échoué, retenant ses larmes et sa rage elle enfila en vitesse et sans un mot son chemisier et sortit précipitamment du bureau du militaire, lui laissant son soutien-gorge en souvenir !

Alice

Elle compta ce qu’il lui restait d’argent, juste de quoi grignoter un truc… Son échec lui cuisait. Il avait bien des plans de rechange, mais pour l’instant on perdait un temps précieux. Il y avait tout lieu de penser que pour l’instant les prisonnières étaient groupées et parquées, les libérer militairement n’était donc pas trop compliqué. Avec le temps, elles seraient dispersées, et c’est carrément Tigra-Novo qu’il faudrait attaquer… Faisable mais autrement compliqué. Il fallait donc aller vite… Sans doute avec de l’argent, avec pas mal d’argent elle pourrait soudoyer une bande de mercenaires ! De l’argent ! Ben oui de l’argent !

– Tu sais où on peut trouver des mecs prêts à payer pour faire l’amour ?

La petite serveuse la regarda avec des yeux tout ronds

– Ici, mais c’est mon domaine réservé, tu ne me piques pas mes clients.
– Et ailleurs ?
– Il y a pas mal de coins, on m’avait donné une adresse, je ne sais pas ce que ça vaut, ça s’appelle chez Madame Georges, c’est… Mais dis donc ça n’a pas l’air d’aller fort, toi…

Ben, non, ça n’allait pas fort… Kéni se mit soudain à craquer de façon complètement incontrôlable.

– Bon écoute, je termine mon service dans dix minutes, viens, je vais t’emmener derrière, tu m’attends et on va discuter toutes les deux d’accord ?

Kéni se laissa faire, intriguée malgré tout par l’intérêt soudain de la serveuse pour sa propre personne. Elle tenta de faire le vide dans son esprit mais n’y parvint pas… trop de choses, et surtout trop de choses illogiques….

– Ah ! Me voilà ! Ouf, quelle journée ! On s’est même pas présentées, moi c’est Alice…
– Ça va mieux, je vais te laisser !
– Soit pas pressée, moi aussi j’ai parfois besoin de compagnie…

Ruuuum (Raclement de gorge !)

– Oui c’est quoi ? Demande Alice.
– Euh, c’est votre client ! Répondit une voix masculine.
– Ah ! Mais tu es en avance ! Non ? C’est moi qui suis en retard ! Viens !
– Ah ! Bonjour mademoiselle, je ne connaissais pas !
– Euh, c’est une amie ! Précise Alice. Kéni, tu peux m’attendre dans la salle, je me suis mélangée dans mes horaires de rendez-vous…
– Bon je te laisse !
– Votre amie peut rester, ça me plairait bien qu’on nous regarde ! Propose le type.
– Oui, mais c’est un peu plus cher ! Répond Alice du tac au tac.
– C’est pas un problème… Ou alors, vous pourriez me sucer toutes les deux !
– Ça te dit, Kéni ?
– Je ne sais pas si ça me dit, mais, il y a des choses pires que ça dans la vie, alors je veux bien. Répondit Kéni
– Bon alors, tu veux juste une pipe ? C’est ça ?

Alice demanda au type de se débarrasser au moins de son pantalon et de son slip, puis entrepris de lui faire une très rustique toilette intime au robinet du lavabo. L’engin enfin propre, elle se mit à genoux devant lui.

– Je pourrais peut-être voir vos nichons ?
– Si tu rajoutes un peu de sous, pas de soucis !

Les deux femmes se dépoitraillèrent pour le plus grand plaisir du client qui faisait des yeux tout ronds, puis après qu’Alice ait préparé le terrain en humectant de sa petite langue la verge tendue, elle laissa la place à Kéni qui de façon moins prosaïque mit tout dans la bouche et commença à pomper. Quelle ironie ! Alors qu’elle s’imaginait, il y a encore quelques courtes heures faire une fellation ou une autre gâterie au principal dignitaire de la planète, elle s’était fait rabrouer et la voilà en train de faire la même chose pour quelques sous avec un parfait inconnu ! Alice passa derrière le bonhomme et voulu d’abord lui faire une feuille de rose, mais devant ses protestations elle n’insista pas et de l’arrière se mit à lui gober les testicules, et ça, par contre, il appréciait. Ce double traitement dura moins de cinq minutes avant qu’il ne commence à grogner de façon grotesque puis qu’il finisse par éjaculer dans la bouche de Kéni, qui ne sachant que faire de ce présent non sollicité le recracha discrètement.

– Ça va ? Ça t’a plu ?
– Vous êtes une belle paire de salopes !
– Si c’est un compliment on te remercie, si c’est autre chose, ben tant pis !
– Je pourrais revenir ?
– Je ne sais pas si tu la retrouveras, mais moi je suis toujours là, précisa Alice…

L’homme se renfroqua et disparu !

– Ça va, tu n’as pas d’autres rendez-vous ?
– Non c’est tout pour aujourd’hui, un ou deux ça me suffit largement… Dis donc, qu’est-ce qu’elle est belle ta poitrine !
– Elle n’a rien d’extraordinaire, elle est même un peu trop grosse !
– Mais non, elle est superbe, et ces petits bouts… hummmm ! Pour la peine que je t’ai fait gagner un peu de sous, est ce que je peux te les embrasser ?
– Allez, vas-y !

Incapable de se modérer, Alice se jette sur les seins de Kéni, et que je te les embrasse, et que je t’aspire le téton et que je te le mordille, et que je te lèche. A ce rythme Kéni commençait à sentir l’excitation la gagner. Profitant d’une légère pause de sa partenaire, elle ouvrit très légèrement la bouche, humidifiant ses lèvres de sa langue et attendant la réaction de la petite serveuse. Ce fut immédiat, les deux bouches se rapprochèrent, et le baiser n’en finit plus. C’est les lèvres toutes baveuses que Kéni parvint à se dégager et à approcher à son tour les seins d’Alice… Nouvelle pause, elles se déshabillent complètement, s’embrassent à nouveau, roulent sur le sol s’étreignent, se pelotent, se caressent, se retournent. Les voilà parties pour un soixante-neuf infernal, et c’est à celle, qui de sa langue ira le plus vite, fera le mieux frétiller le petit bourgeon de l’autre jusqu’à l’éclatement final dans un maelström de plaisir, de tendresse et de sueur.

Chez Madame Georges

Madame Georges avait peut-être été une belle femme jadis, mais une nourriture trop riche et une tendance maladive à la consommation d’alcool avait dégradé son visage et son corps, des cheveux coupés trop courts finissaient de la rendre peu amène. Elle accueillit Kéni sans problème, mais sans sympathie non plus. Jaugeant la postulante, elle comprit de suite quels profits elle pouvait en tirer.

– Tu vas rester en doublon une journée, avec une fille, on va t’installer dans un placard avec un miroir sans tain, tu pourras regarder comment ça se passe, et elle t’expliquera tout le reste… Et demain tu commences, on va t’attribuer une chambre…

Elle n’apprit pas grand-chose, ce premier jour, il faut dire que son initiatrice était bien fade, peu causante et peu motivée, il y eut de l’autre côté du miroir une succession de pénétrations dont pas mal en levrette, beaucoup de pipes mais la seule fantaisie fut celle d’un client qui ne souhaitait pas que sa partenaire se déshabille. On lui expliqua le système de rétribution, le client payait à la tenancière qui reversait un salaire mensuel (diminué de la location de la chambre) aux filles, la chose n’était pas trop mal payée, mais sans que ce soit mirobolant. Par contre les  » pensionnaires  » avaient le droit de suggérer des prestations supplémentaires aux clients et d’en empocher le prix. Il lui faudrait aussi rembourser la tenancière du prix des vêtements et des accessoires…

Puis vint le premier client, on se rappelle toujours de son premier client. Il s’agissait d’un militaire de la garnison tout timide mais qui n’arrêtait pas de lui tripoter les seins et qui avait jouit en branlette espagnole. On passait facilement d’un extrême à l’autre, des prestations ultra rapides de types qui venaient uniquement se « soulager » jusqu’à des scénarios assez compliqués où intervenaient des fantaisies sado-maso. Très vite, elle acquit une réputation, quand le client savait qu’à la beauté s’ajoutait la gentillesse et l’efficacité, pourquoi aller voir ailleurs ? C’est ainsi que Kéni passait ses journées à fouetter, à attacher, à goder des hommes de toutes conditions. D’autres souhaitaient qu’on les insulte, qu’on les compisse. Et chose étonnante les demandes n’avaient rien à voir avec les personnalités des clients, on pouvait être compliqué et très sympathique, on pouvait aussi être très simple et très antipathique. Mais avec les premiers et avec le temps une certaine complicité se créait à tel point que Kéni était parfois contente de revoir certains de ses clients réguliers, et parfois ils discutaient entre eux de la pluie et du beau temps, le sexe ne devenant qu’un plus dans leur relation, certains la sortaient aussi au restaurant pendant ses heures de repos. Bref le début de cette nouvelle carrière ne se passait pas si mal, mais…

Car il y a toujours des mais…

L’argent ne s’amassait pas aussi vite qu’elle l’aurait voulu, certes, elle en avait suffisamment pour vivre à l’aise sur la planète, mais pas assez pour constituer un trésor de guerre qui la ferait partir d’ici et acheter les complicités nécessaires…. Ou alors il faudrait plus de temps, mais le temps jouait aussi contre ses projets.

Et puis, il y avait autre chose, l’ambiance, pas celle de la chambre, non c’était l’ambiance générale qui se dégradait, déjà une bonne partie de ses collègues ne lui parlait à peine, sans doute jalouse de son succès, et puis un jour Madame Georges la convoqua et lui reprocha de passer trop de temps avec ses clients. Kéni ne se laissa pas démonter et tint tête à la mère maquerelle :

– Je ne changerais rien du tout, le temps que je perds, je ne le perds pas, c’est un investissement, mes clients reviennent…
– Oui mais justement, il y a plus de demandes que ce que tu peux leur consacrer…
– Je suis désolée, je ne sais pas gérer ça, mais je n’ai pas l’intention de changer quoi que ce soit.
– Dans ce cas je vais baisser ton pourcentage ! Jusqu’à temps que tu changes d’attitude.
– Vous n’avez pas le droit !
– Ah, oui ? C’est écrit où que je n’ai pas le droit ?
– Bon je vais réfléchir, on en reparlera !

N’empêche qu’elle n’avait pas de solution. Peut-être refuser certains clients peu sympathiques afin de dégager du temps pour les autres ? Mais Madame Georges serait-elle d’accord ?

Robert

C’est quelques jours après cet échange qu’elle rencontra Robert. Elle qui n’était pas une fanatique de la beauté masculine flasha complètement sur ce beau corps viril mais sans trop, sur ce visage d’aventurier aux yeux clairs, à la bouche sensuelle surmontée d’une fine moustache et sur cette voix qui savait enchanter.

– Tu m’as l’air sympa, toi, tu veux quoi ?
– Une bonne pipe et après tu me fais une branlette espagnole !
– Ça va c’est une de mes spécialités. Rien d’autres ?
– On finira peut-être par une petite sodo ?
– Faut rajouter un peu…
– Ce n’est pas un problème !

Alors Kéni mit tout son savoir-faire à bien sucer la belle bite de son client, elle s’interrompait parfois pour lui faire des œillades coquines auxquelles il répondait par le plus beau des sourires. Elle vint ensuite sur lui, emprisonna sa verge entre ses deux globes et la fit coulisser, elle voulut le faire jouir ainsi, la sodo, ce serait pour quand il reviendrait, pour l’instant elle voulait qu’il jouisse en la regardant dans les yeux.

La jouissance venue, elle s’amusa à se badigeonner les seins avec le sperme giclé !

– Ça a été ?
– Super, t’es super gentille, mais je n’ai pas eu ma sodo !
– Si tu peux redémarrer tout de suite, on la fait, sinon c’est un avoir pour la prochaine fois, où alors je te rends l’argent.
– Non laisse, je reviendrais, tu es formidable, je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme toi, quelqu’un qui soit aussi gentille, aussi désirable et aussi décontractée face aux choses de l’amour.
– Ça sent un peu le discours ton truc, là !
– Oui, mais c’est sincère ! Je peux t’embrasser ! Osa-t-il.
– Oui, mais pas sur les lèvres !
– Tu ne fais jamais d’exception ?
– Si, mais pas cette fois !
– C’est une promesse ?
– Qui sait ?

Kéni était sous le charme, elle ne se faisait aucune illusion, un client, dit-on, ne peut tomber durablement amoureux d’une prostituée et quand bien même il y aurait une exception quel avenir pourrait avoir cette liaison ? N’empêche que quand il revint, elle fut toute contente, il eut sa sodomie mais point son baiser. Pour cela il fallut attendre… Mais Kéni se sentait à présent beaucoup mieux, la simple vue de ce client la rendait folle de joie, et comme une bonne chose ne vient jamais seule, Madame Georges n’avait pas renouvelé ses récriminations.

Et un jour Robert l’emmena au restaurant.

– Je voudrais que tu me parles de toi ! Demanda Robert la regardant de ses magnifiques yeux bleus.

Alors, elle lui expliqua, les tigranes, la position étrange de l’armée, son désarroi et son désespoir, mais aussi son plan, un plan de plus en plus improbable…

– C’est vrai que techniquement ce ne serait pas bien difficile, un commando d’une dizaine d’hommes, l’effet de surprise… Reprit Robert l’ai rêveur
– Oui, mais je n’y crois plus trop, elles ne vont pas garder les filles en camp indéfiniment, après ce sera autrement compliqué.
– J’ai peut-être une idée !

Une idée ? Kéni souhaitait en savoir plus, elle le pressa de dire à quoi il pensait.

– Je vais te dire ! Mais avant je voudrais te dire pourquoi je t’ai emmené au restaurant…
– Il y aurait une raison spéciale ?
– Oui c’est pour te dire adieu !
– A… adieu ?
– Oui, j’ai été envoyé par ma société pour voir comment on pourrait mettre les équipements de l’astroport aux nouvelles normes… et… mais je ne vais pas t’embêter avec des détails techniques, j’ai fini ma mission, je voulais te dire que je suis heureux d’avoir rencontré une femme comme toi, dans d’autres conditions j’aurais osé te proposer de venir avec moi, mais je sais que c’est impossible, tu as ta mission à accomplir, il te faut rester là…

Trop de choses, trop de choses à la fois, Kéni transpirait.

– Mais ton idée c’était quoi ?
– Je connais un mec, un marginal qui pourrait intervenir avec une petite équipe pour libérer tes amies.
– Je n’ai pas assez pour le payer.
– Moi si !
– Attends, tu ferais ça pour moi ?
– J’ai de l’argent, faire une bonne action en rendant service à une jolie femme ce n’est pas en perdre.
– Mais concrètement…
– C’est là que ça se complique, il faut que je le rencontre, que je lui explique… et ce type n’est pas sur cette planète.
– Alors ?
– Alors comme je ne connais pas les détails de l’affaire et qu’il ne manquera pas d’en demander, il aurait fallu que tu viennes avec moi…

Les jambes de Kéni commençaient à flageoler

– Tu accepterais que je vienne avec toi ?
– Accepter, mais c’est mon plus cher désir… et puis cela nous permettrait de faire d’une pierre deux coups.
– Comment ça, deux pierres deux coups ?
– Kéni, je crois que je t’aime… non, non, ne dis rien, on a le temps, je ne te demande rien en retour… Mais je pense aussi que je pourrais te faire embaucher dans ma compagnie…
– Mais…
– Chut, plus un mot, je pars demain matin à l’aube, rejoins-moi à l’astroport. Est-ce que Madame Georges va te laisser partir ?
– Je ne suis pas prisonnière, j’ai quelques affaires à récupérer, tu ne pourrais pas m’héberger cette nuit.
– T’héberger ? Pourquoi pas, mais j’ai une meilleure idée, prenons possession de notre cabine sur le vaisseau dès ce soir. Je m’arrangerais pour les formalités pendant que tu iras chercher tes affaires….

Kéni ne dit pas au revoir à Madame Georges pensant à la tête qu’elle allait faire quand elle ne la verrait pas revenir. A l’astroport Robert l’attendait…

– J’ai eu un peu de mal à arranger le coup, on va s’installer dans une cabine provisoire, demain on sera installé dans quelque chose de plus classieux, viens.

Effectivement la cabine était très simple mais elle s’en fichait.

– Je te laisse, j’ai deux trois choses à régler. J’arrive tout de suite…

Une heure plus tard Robert n’était toujours pas revenu, elle comprenait que celui-ci avait une mission importante et donc sans doute des tas de détails de dernières minutes à régler. Mais il aurait pu appeler ! Une nouvelle heure passa. Cette fois elle s’inquiéta, peut-être lui était-il arrivé quelque chose ? Mais comment savoir ? Il ne lui avait pas communiqué son numéro. Pour calmer sa nervosité, elle actionna la porte de la cabine, souhaitant se dégourdir les jambes. Laquelle porte refusa bel et bien de s’ouvrir !

– C’est quoi ce cirque ?

Elle actionna le canal de communication.

– Qu’est-ce que c’est ?
– Je ne peux pas sortir de ma cabine !
– Quelle cabine ?
– Mais j’en sais rien, vous devez bien le savoir, vous ?
– Je regarde !

Bruits, chuchotements…

– Oui, on a un petit problème électrique, patientez un peu…
– Et je fais comment si je veux sortir ?
– Ne vous inquiétez pas s’il y avait urgence vous pourriez toujours sortir, mais pour l’instant il n’y a pas d’urgence…

Le type coupa.

Et bien bravo, se dit-elle, il a choisi une super compagnie pour son voyage, Robert ! Et puis il est où Robert ? Peut-être de l’autre côté de la porte, moi je ne peux pas sortir mais lui il ne peut pas entrer… Mais non ça ne colle pas, il m’aurait appelé… Mais alors il est où

Une nouvelle heure passa encore, elle actionna de nouveau le canal de communication, mais cette fois le type raccrocha aussitôt. Elle tambourina en vain à la porte. Un piège, elle était tombée dans un piège, quelqu’un en voulait à Robert et à elle et Robert avait eu une chance inouïe de s’en sortir, il allait intervenir ou faire intervenir, il ne pouvait en être autrement….

Quatre heures qu’elle était enfermée dans cette cabine, elle était belle et bien prisonnière, c’était à présent clair. Il faudrait bien qu’il se passe quelque chose, si le lavabo permettait de se rafraîchir, elle n’avait rien pour se nourrir, il faudrait bien qu’on finisse par lui donner à manger. Elle attendit, essaya de dormir mais ne trouva pas le sommeil.

Au petit matin le haut-parleur diffusa une annonce :

– « Attention décollage du vaisseau dans 10 minutes, veuillez éviter la position debout… »

Et voilà, elle allait partir sur une planète inconnue, seule ! Mais cela n’avait aucun sens. Elle fut quand même persuadée qu’elle ne tarderait pas à savoir…

Effectivement…

Voyage vers l’inconnu

La porte qui s’ouvre, une montagne de muscles qui entre :

– Bon allez, toi, la pute, viens rejoindre les autres… Prends tes affaires !

C’était quoi ce langage ? Ce type la connaissait donc ? Elle le suivit, sa petite valise à la main, non sans lui avoir jeté un regard d’absolu mépris. Elle se retrouva dans une large salle, une dizaine de filles y étaient assises autour de quelques tables Elle n’en connaissait aucune.

– Je ne comprends pas, quelqu’un peut m’expliquer, j’étais avec mon fiancé dans une cabine, il est parti et je me suis retrouvée seule…
– Ton fiancé, ironisa l’une des filles. ? Tu sors d’où toi ?

Complètement dépassée par les évènements, elle répéta ce qu’elle venait de dire.

– Ma pauvre bibiche, t’attend toi à un choc, tu es tombée sur un maquereau, il t’a vendu au capitaine de ce vaisseau et on va nous revendre on ne sait pas trop où !
– Mais ce n’est pas possible !
– Ben si !

Quand la crise de larmes fut terminée, elle essaya de se ressaisir… Continuer de refuser d’admettre la réalité ne servait à rien.

– Mais pourquoi tout ce cinéma ?
– Ce genre de trafic est interdit, donc soit la fille est d’accord, moi par exemple, on m’a proposé de travailler ailleurs, j’ai accepté parce que bon, mais je ne vais pas te raconter ma vie… Sinon c’est tout bête : le mac, il trouve un prétexte pour que la fille embarque de son plein gré, après il l’abandonne.
– Le salaud, le salaud !

Ce n’était pas tant son propre sort, sans doute peu enviable qui la rendait rageuse, mais le fait qu’il avait utilisé pour la piéger la situation des prisonnières de sa communauté, ces gens n’avaient décidément aucun scrupule.

– Mais il est donc resté sur Katelya, ils doivent se faire pleins d’ennemis ces mecs-là, comment font les tenanciers de bordels pour ne pas les repérer….
– Les tenanciers sont complices, si un maquereau avait voulu « doubler » on t’aurait mis en garde, si on ne l’a pas fait c’est qu’il y avait eu accord sur ta vente…

Et elle qui croyait avoir feinté Madame Georges ! C’en était donc fini de sa mission, elle allait finir on ne savait où, sans doute dans un bordel minable sur une planète impossible ou pire dans un harem pour désaxé richissime. Il était illusoire de tenter quoique ce soit sur le vaisseau de toute façon…

Jerko

Quelques jours plus tard :

De temps à autre un homme d’équipage venait chercher une fille en particulier pour la conduire soit auprès du capitaine, soit auprès de l’un de ses lieutenants. Les retours étaient fort discrets mais un jour ce fut son tour :

– Suis-moi, toi, le capitaine veut te voir !

Kéni adressa un regard de mépris au gros benêt qui s’était adressé à elle et le suivit… Que faire d’autre ?

– Bon, je suis le capitaine Jerko, Ramon Jerko, une fois à destination on va organiser la vente, il est bien évident que j’ai une grosse influence sur ce qui va se passer, un mot, juste un mot et tu peux te retrouver dans de drôles d’endroit, où alors dans un établissement relativement peinard, c’est selon…Donc tu as tout intérêt à être très gentille.
– Vous m’avez appelé pour quoi ?
– Faut te faire un dessin à toi ? Tu vas me sucer, mais tu vas d’abord te mettre à poil !
– Non !
– Quoi, non ? Tu ne veux pas te mettre à poil ?
– Je n’ai pas envie de me mettre à poil et encore moins de sucer des bites !
– Est-ce que tu as compris au moins ce que j’essayais de te dire au début ?
– Vous pouvez me raconter tout ce que vous voulez, me promettre ce que vous voulez, je n’ai aucune confiance. Je peux rejoindre mes collègues maintenant ?
– Dis donc tu as oublié que tu n’étais qu’une pute ! Une sale pute !

La gifle faillit la faire tomber, elle fut à deux doigts de se rebiffer, s’en empêcha in extremis.

– Tu te déshabilles ou tu en veux une autre ?

Alors Kéni se débarrassa à toute vitesse de ses vêtements.

– Voilà t’es content ! Tu as vu la marchandise, maintenant si je te suce, moi à ta place je ferais gaffe, je peux très bien te mordre jusqu’au sang… Tu ferais mieux de me violer carrément, puisque tu ne sais faire que ça, vas-y, ce sera juste un mauvais moment à passer, mais dépêche-toi, je n’ai pas que ça à faire !

Jerko bouillait, cette fille lui tenait tête comme on ne l’avait fait que rarement. Lui infliger une correction pourrait si elle n’était pas retapée d’ici là faire baisser le prix de vente, mais dans ces moments-là on ne réfléchit pas trop.

Il appela alors deux de ses adjoints, une femme et un homme, et leur demanda de lui administrer une sévère correction à la cravache. Anéantie, fourbue de douleur elle fut ensuite violée brutalement par derrière par Jerko et par son lieutenant, pendant que la femme lui pénétrait le vagin à l’aide d’un énorme gode et on arrêtera là la description parce que mon intention n’est pas d’exciter les lecteurs avec une scène de viol…

On ne lui posa aucune question à son retour, elle essaya de ne pas montrer dans quel état moral et physique elle se trouvait et s’allongea sur sa couchette sachant déjà qu’elle ne dormirait pas… Se venger, se venger un jour… De Jerko et de ses sbires… de Robert aussi… cela était sans doute complètement illusoire, mais cela restait désormais sa seule raison de vivre !

Une heure plus tard, un homme qu’elle ne connaissait pas entra dans la cabine, il était accompagné de la femme qui avait participé au viol chez le capitaine !

– Non ! Cria-t-elle, horrifié.
– Venez, on va vous soigner !
– Vous allez me soigner, vous ? Hurla-t-elle, incrédule en direction de la femme.
– On pourrait peut-être dormir ! Intervint quelqu’un.
– Venez, on aurait voulu vous faire du mal on vous aurait emmené de force, allez venez.

Elle se rendit à l’argument, méfiante tout de même. On la conduisit dans ce qui semblait être la cabine du médecin du bord. Effectivement l’homme occupait cette fonction.

– On va regarder s’il n’y a aucune déchirure, et puis on va appliquer un onguent sur les coups de cravache…

Kéni se demanda s’il ne s’agissait pas d’un prétexte pour la tripoter, mais de guerre lasse, elle laissa l’homme opérer !

– Bon il n’y pas trop de bobos, on va vous donner quelques calmants. Pétra je te laisse faire pour l’onguent.

La femme lui appliqua la pommade sur ses boursouflures, c’était froid et ça faisait du bien.

– Il y a été fort, Jerko ! Dit-elle
– Et vous, vous avez été tendre peut-être ?
– Je suis désolée, je ne suis pas parfaite et il y a des moments où je ne sais plus me contrôler, mais j’ai conscience d’aller souvent trop loin. Pourquoi tu ne t’es pas laissé faire quand il t’a convoqué ? Il fallait considérer ça comme un mauvais moment à passer !
– C’est ce que je lui ai dit !
– Il fallait le penser, pas lui dire ! Bon ça fait du bien ? Toi, dit-elle, en s’adressant au médecin, tu vas établir un certificat expliquant qu’elle en a pour le reste du voyage à se retaper. Il ne la touchera plus, il aura trop peur de rater sa vente…

A suivre

nikosolo@hotmail.com

Première publication Octobre 2004. Revu et corrigé en août 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net

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5 réponses à Vargala station 2 – La quête de Kéni par Nicolas Solovionni

  1. feelgood dit :

    C’est du Zola érotique ?

  2. Lesignac dit :

    Passionnant et excitant et en plus le cadre me plait bien

  3. Muller dit :

    c’est vraiment très intéressant cette histoire, avec des passages… oh ! De plus Eddy l’a délicieusement illustré

  4. Forestier dit :

    Ça devient de plus en plus passionnant ce truc là et c’est vsasilien en diable. En plus si vous êtes fans de space opéra vous aller vous régaler

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