Martinov 15 – Professeur Martinov et le chronoscope de Télius 5 – Les déboires de Grégorio par Maud-Anne Amaro

5 – Les déboires de Grégorio

Même avec le journal cachant l’objet, Grégorio ne voulut pas prendre le risque qu’un collègue trop curieux lui pose des questions embarrassantes. Il avait jusqu’ici toujours réussi à ce qu’à son travail on ignore tout de ses activités extra-professionnelles. Il aurait l’air fin si un jour on découvrait que l’un des principaux responsables du marketing de Global-Flash se déguisait en adorateur de vampires la nuit ! Il s’empressa donc d’acheter un sac de sport dans la rue de Rivoli toute proche et dissimula le cadran à l’intérieur, puis s’acheta un sandwich.

Arrivé au bureau, il dut prendre sur lui pour ne pas commencer à examiner l’objet. Si seulement il n’avait pas cette réunion à 14 heures avec les gens de la Lynch Company, réunion qu’il ne pouvait manquer à aucun prix. Il rentrerait chez lui tout de suite après en déclinant l’inévitable invitation au restaurant. Il vérifia néanmoins son planning sur son ordinateur afin d’être certain de se trouver libre en fin de réunion. Et il faillit s’étouffer… Il appela sa secrétaire :

– La réunion avec Lynch Company, ce n’était pas à 14 heures ?
– Ils nous ont demandé de modifier l’heure ! Ils ne peuvent pas être là avant 17 heures
– Ils ne se font pas chier ! A cette heure-là je suis pris.
– Mais vous n’aviez rien sur votre planning…
– Faites changer l’heure de cette réunion.
– Je ne pense pas que ce soit possible, les gens de chez Lynch repartent pour les Etats-Unis demain matin.
– Putain ! Comment faire ?
– Peut-être pourriez-vous vous faire remplacer ?
– Par qui ? Non, j’ai une autre idée, je serai là à 17 heures, mais avant je vais passer chez moi, si on me cherche vous direz que j’ai une obligation familiale.
– Bien monsieur !

Et c’est ainsi qu’à 15 heures, Grégorio était déjà chez lui !

Karen, Tristan et Béatrice avaient convenu d’attendre Grégorio en bas de son immeuble, rue de Turenne à partir de 17 heures.

– On ne peut pas le manquer, il se rend à pied à son bureau, ce n’est pas très loin, c’est rue de Rivoli. Précisa Karen.
– Sauf s’il a décidé de passer la soirée avec des collègues ou avec une nana… Objecta Béatrice.
– Ça m’étonnerait, ce serait plutôt le genre à limiter au strict minimum les relations avec ses collègues. Ça peut se comprendre, t’imagines la scène : Un gars lui propose un tennis, il répond, « non ce soir je me déguise en vampire ! »
– Pardon ? Demanda Béatrice, quelque peu larguée dans la discussion.
– Ça lui a monté à la tête, il est réellement schizophrène, mais en même temps il est beau gosse et possède un certain charisme, ce qui fait qu’on ne s’en aperçoit pas tout de suite. C’est le syndrome d’appartenance…
– Ça vous dérangerait de m’expliquer mieux ? Insiste Béa.
– Au départ on a été plusieurs personnes à répondre à une agence de casting qui cherchait des gens de moins de 30 ans pour participer à un film de vampires. Il y avait des critères physiques très précis à remplir, disons pour faire simple, qu’il ne fallait pas : ni être moche, ni coincé côté cul, explique alors Karen. Moi ça m’intéressait, faire du cinéma, ça a toujours été un rêve de gamine ! On a commencé à répéter, à faire des bouts d’essais, ça a duré une quinzaine de jours, il y avait une super ambiance sur le plateau, on s’entendait bien et déjà Grégorio qui jouait le rôle de Dracula commençait à prendre de l’ascendant sur le groupe. Et puis du jour au lendemain, le projet a été abandonné. Plus rien ! Alors on a décidé de continuer à se voir entre nous, pas tous mais presque. On organisait des soirées un peu… spéciales, mais ce n’était qu’un jeu… du moins au début… Grégorio a commencé à s’intéresser à l’ésotérisme, à acheter des bouquins, à fréquenter des gens inquiétants, à nous donner des ordres… puis le groupe a évolué, certains sont partis, d’autres sont arrivés, ça n’a pas arrangé les choses !
– Et le cadran dans tout ça ?
– Ben justement on ne sait pas trop. Il a toujours des tas de projets en cours qu’il ne réalise pas souvent, je suppose que ça s’inscrit dans ce cadre, mais sinon…

Le temps s’était horriblement couvert et une petite pluie glacée commençait à tomber sur la capitale. Cela faisait maintenant une heure qu’ils patientaient avec deux parapluies pour trois.

A 18 heures, Béatrice reçut un appel du professeur Martinov, elle ne répondit pas, mais envoya un message sibyllin :  »

Ne t’inquiète pas je te rappelle ! »

A 18 heures 30, Karen lève distraitement les yeux vers l’appartement de Grégorio.

– Tristan ? Ce ne sont pas ses fenêtres qui sont allumées ?
– Euh, je ne sais pas !
– Moi, je crois que si ! Regarde on voit même sa plante à la con sur le rebord !
– Il est donc rentré chez lui plus tôt que prévu !
– Merde !
– On fait quoi ?
– Ben on monte !

La porte avait un digicode, il leur fallut patienter un quart d’heure avant de pouvoir entrer, le temps qu’une personne se décide à sortir.

A l’étage, ils sonnèrent, ils frappèrent, mais personne ne répondit. Alors ils tambourinèrent, mais sans plus de résultats.

– Il ne doit pas être là, il aura tout simplement oublié de fermer ses lumières ! Se lamenta Karen.
– Ou alors il roupille ! T’as son numéro de téléphone ?
– Il déteste qu’on l’appelle !
– On s’en fout, Béatrice, tu veux faire le numéro, il ne saura pas d’où ça vient…

Aucune réponse. Mais Karen est soudain saisie d’un doute.

– On dirait bien que… refais le numéro !

Elle colle son oreille contre la porte.

– C’est son téléphone qu’on entend, il est là, mais il ne répond pas.
– Il a la trouille, il nous a vu monter ?
– On va employer les grands moyens ! Décrète Tristan qui se met à tambouriner.
– Ouvrez, sinon nous appelons la police !

Aucune réaction si ce n’est que le voisin d’en face entrebâille sa porte pour la refermer aussitôt.

– Bon, ben on laisse tomber !
– Si quelqu’un avait la clé ?
– Amanda l’avait… avant !
– Elle ne lui a peut-être pas rendu !
– Béatrice, tu l’appelles, tu lui demandes ?

En quelques mots, elle lui résume la situation.

– … Il parait que tu as les clés de chez lui ?
– Mwais, on arrive, ça risque d’être un peu tendu, Karen n’est pas spécialement ma copine. On sera là dans une demi-heure. Ne raccroche pas Monsieur Martinov veut te parler.
– Allô, Béatrice ! Mais qu’est-ce que tu fabriques ? Je suis mort d’inquiétude.
– Mon téléphone déconne un peu, tout va bien, on va récupérer ce cadran et après toute cette histoire sera terminée, on pourra aller faire la fête au restau, à tout de suite mon petit professeur, je t’embrasse !

Grégorio

Grégorio a installé le dispositif à cadran sur la table de sa salle à manger. Il a auparavant relevé dans sa boite aux lettres le rapport qu’il avait demandé à Kévin Duchemin. Ce dernier s’est rendu à la Bibliothèque Nationale et a essayé de trouver des documents sur le chronoscope de Télius. Il y a dans l’enveloppe trois photocopies dont une représentant un schéma de l’appareil.

La seconde feuille reproduisait la page de garde d’un ouvrage édité à Lausanne en 1882 : « Faits et gestes à Paris dans les dernières années du règne de Louis XVI par Auguste Lebœuf. »

La troisième recopiait une page du livre : « On rapporte qu’un certain Honoré Letellier qui se faisait appeler Télius tenait baraque sur le Pont Neuf. Cet ancien horloger et créateur d’automates qui était aussi astrologue, attirait le chaland avec une machine de son invention baptisée « chronoscope » permettant de déterminer la position des sept planètes connues à cette époque. Il abusait de la crédulité des badauds en trichant sur l’emplacement des planètes, s’arrangeait pour qu’elles soient presque alignées et prédisait l’alignement complet pour dans quelques mois, ce qui devait provoquer la fin du monde. Seraient préservés de la catastrophe ceux qui se seraient réfugiés sur le plateau de Satory au sein du domaine royal de Versailles dans des refuges appropriés dont il convenait de financer la construction. Son pouvoir de conviction était dit-on fort grand car il recueillait à chacune de ses représentations de fortes sommes d’argent en échange d’un bon de réservation dont il était précisé qu’il ne devait pas être utilisé avant le 23 juin 1775, jour du solstice d’été. Télius qui fut aussi chansonnier et auteur de poésies licencieuses disparut du Pont Neuf du jour au lendemain et aurait été guillotiné pendant la Terreur non pas en raison de son escroquerie, mais de ses sympathies royalistes. ». Duchemin avait annoté sa photocopie : « Rien trouvé d’autre. Lebœuf ne cite pas ses sources ».

– Intéressant ! Très intéressant ! Se dit Grégorio.

Il se prit à rêver quelques instants. Duchemin n’avait pas cherché dans la bonne direction. Le chronoscope de Télius avait récemment fait l’objet d’un article et d’un croquis dans la revue britannique « Paranormal Evidence », après qu’un exemplaire ait été mis aux enchères chez Christy. L’article avait circulé parmi les habitués des soirées de Grégorio. Il expliquait que cette machine était capable de prévoir l’alignement des planètes grâce à son système d’horlogerie réglable. Et pourquoi réglable ? Parce que, selon la revue, la présence d’un élément perturbateur était de nature à modifier les positions actuelles et les vitesses de l’ensemble des astres.

Grégorio avait fantasmé là-dessus, il s’était vu en tribun tenant la vedette dans une immense salle, expliquant et démontrant que l’alignement des planètes prévu pour le 22 décembre serait une réalité cataclysmique. Aussi quand il avait vu ce Macherot extraire cet objet parmi un tas de vieilleries, il avait immédiatement reconnu les sept cercles ! L’objet de ses rêves les plus fous était là à sa portée ! Une copie bien sûr, mais qu’importe, il avait été prêt à tout pour le récupérer, et aujourd’hui, il l’avait devant lui !

Seulement voilà : cet objet ne correspondait pas à l’exact ni au croquis de la revue anglaise, ni à celui de la photocopie ! C’était plus une inspiration de l’orignal plutôt qu’une véritable copie.

Il lui faudrait donc du temps pour apprendre à le manipuler. A l’aide d’une petite pince, il parvint à faire bouger les clés correspondant aux sept aiguilles. Ce qui l’intriguait, c’était les deux petits cadrans annexes, si l’un représentait une horloge classique dont les deux aiguilles manquaient, le second, également sans aiguille était gradué de zéro à 90 dans le sens inverse du mouvement des pendules !

Il se mit à tout tripoter avec frénésie avant de comprendre au bout d’un bon moment que la clé réglant le cadran « 90 » agissait de façon imperceptible sur la position des aiguilles indiquant les planètes.

« J’ai compris, ce cadran « 90 » est un compte à rebours. Il faut le mettre sur zéro, aligner les planètes, puis le mettre sur… On est le combien aujourd’hui ? Le 7 ! Donc 22 moins 7, le mettre sur 15 ! Génial ! Récapitulons, d’abord faire ce réglage, ensuite trouver le remontoir, il est où le remontoir ? Après je réunis mon groupe, on s’occupe de la logistique : louer une salle, préparer la démo, vendre des bons de réservations pour… Pour où ça ? Bon on trouvera bien. On est limite dans le temps, il faudra faire très vite, il faut que tout soit réglé pour lundi… »

Allons-y pour les réglages.

Un quart d’heure plus tard, le compte à rebours étant sur zéro et les planètes alignées, il recula lentement jusqu’au point 15.

– Maintenant le remontoir ! Mais il est où ? Sans doute planqué sous une des plaques de cuivre. Si au moins je pouvais ouvrir ce truc ?

Il appuya partout, posa ses doigts de différentes façon, rien n’y faisait.

– Peut-être en faisant un mouvement simultané avec deux doigts ? Comme ça ? Ah, peut-être comme ça ? Merde ça pique ! Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Aargh !

A 19 heures 30, Martinov et Amanda rejoignirent le petit groupe. Après avoir échangé quelques mots, ils montèrent tous les cinq à l’étage, frappèrent à la porte et n’obtenant toujours aucune réponse, l’ouvrirent avec le double de clé que possédait Amanda.

– Le cadran est là sur la table ! S’exclama Karen.
– Mais… Grégorio… Il est là par terre ! Il a dû faire un malaise : Venez m’aider s’affole Amanda.
– Y’a du sang !
– Il s’est blessé à la main !

Tout le monde entoure le corps inanimé de Grégorio, à l’exception de Tristan qui observe le cadran avec un air dubitatif.

Le professeur Martinov, intrigué se baisse pour écouter le cœur de l’homme.

– Euh, le cœur bat faiblement ! Que quelqu’un appelle les pompiers ! Mais pas avec vos portables, avec le téléphone d’ici… s’il y en a un. Je ne comprends pas ce qui lui est arrivé.
– C’est quoi qui sort du cadran ? Demande Tristan.
– On dirait un truc en verre qui s’est cassé !
– Je crois que j’ai compris : le mécanisme devait contenir une ampoule de verre avec un poison, du curare ou quelque chose comme ça !
– Les pompiers seront là dans 10 minutes !
– OK, on se casse et on laisse la porte ouverte ! Reprend Martinov
– On ne les attend pas ?
– Non ! Après les pompiers, ce sera la police, on va leur expliquer quoi ? Comment le cadran est arrivé ici ? Le temps qu’ils démêlent tout et qu’ils vérifient ce qu’on va leur dire, on en a pour la nuit ! Nous ne sommes pour rien dans ce qui arrive à cet homme ! Allez, on s’en va ! Propose Martinov.
– Et le cadran ? Demande Béatrice.
– On le laisse là ! C’est dangereux, il reste peut-être d’autres ampoules de verre à l’intérieur. Répond Karen.
– Pour qu’il puisse en profiter, une fois qu’il ira mieux ? Pas question, on l’embarque, cet objet ne lui appartient pas. Je vais chercher de quoi l’envelopper. Proteste Béatrice.
– Si vous voulez, je me charge de le mettre en sécurité ! Propose Tristan.
– Non !

Elle dégote une grande serviette de toilette dans la salle de bains. Le chronoscope de Télius est enveloppé avec, puis déposé dans un sac de voyage tout neuf qui avait eu la bonne idée d’être abandonné là. Ils s’apprêtent à quitter les lieux, mais sont stoppés par des bruits de bottes se rapprochant. Les pompiers sont déjà là.

– C’est où ?
– C’est là !

Pendant que deux pompiers examinent le malade, un autre demande ce qui s’est passé.

– Et bien, nous étions invités chez ce Monsieur, répond le professeur Martinov et nous l’avons trouvé comme ça !
– Ah ! Mais qui vous a ouvert ?
– Ce n’était pas fermé ! Précise Amanda.
– On aura besoin de l’identité du malade et de ses papiers !
– Grégorio Sénéchal, sa veste est là, je suppose que ses papiers sont dans son portefeuille.
– On va l’emmener à l’hôpital Lariboisière.

Et voilà deux fonctionnaires de police qui s’amènent et qui reposent les mêmes questions tandis que Grégorio est évacué sur une civière.

– On va prendre vos identités, messieurs dames.

Pas moyen d’y louper !

– Putain quelle journée de merde ! S’exclame Béatrice une fois les formalités terminées. Bon on va manger un morceau, ça nous changera les idées.
– Moi je vous laisse, je rentre ! Intervient Karen.
– Restez avec nous ! C’est moi qui paie ! Répond Béatrice.
– Non, non, je préfère rentrer de mon côté.
– Il y a quand même un problème, c’est que si cette affaire à une suite, il vaut mieux qu’on raconte tous la même chose ! Et pour ça, faut qu’on se parle ! Intervint Martinov.
– Dans ce cas, je vous suis !

Et le petit groupe s’en alla déguster des fruits de mer près de la place de la Bastille. Le problème, c’est qu’ils n’arrivaient pas à monter une histoire cohérente, la version d’une invitation apéritive ne tiendrait plus une minute dès que Grégorio aura retrouvé ses esprits, et parler du cadran tout en évitant d’évoquer le hold-up de Karen s’avérait assez compliqué.

Quelques verres de Chablis détendirent néanmoins l’atmosphère, Amanda et Karen après quelques vannes mutuelles finirent chacune par admettre que les raisons de leur détestation réciproque n’étaient plus de mise et la conversation devint assez débridée. Le professeur Martinov, lui n’en pouvait plus d’être au milieu de trois superbes femmes et d’un très beau jeune homme. Tristan tentait de faire la reconquête d’Amanda tandis que Béatrice sympathisait de plus en plus avec celle qui pas plus tard que ce matin la tenait en respect avec un révolver. Bref, quand Karen proposa qu’on aille chez elle boire le dernier verre, il y eut bien quelques hésitations hypocrites, que le professeur Martinov fit taire en évoquant le fait que la version qu’ils devraient éventuellement présenter à la police n’était pas encore prête !

– J’ai toujours une bouteille de Champagne au frais ! Précisa Karen, installez-vous, j’arrive !

Martinov alla pour s’assoir sur le canapé, il y remarqua alors quelques objets incongrus qui avaient oubliés d’être rangés : un martinet dont le manche évoquait la forme d’un phallus, un gode ceinture, une boite de préservatifs.

– En voilà des choses intrigantes ! Fit-il remarquer l’œil égrillard.
– Ce sont des outils de plaisir ! Précisa Béatrice.
– J’entends bien, mais je ne me souvenais pas avoir déjà vu un tel modèle de martinet.

Il prend l’objet dans la main et le manipule tandis que Béatrice et Amanda s’assoient de part et d’autre, à ses côtés.

– Intrigant, n’est-ce pas ? Le taquine Karen qui revient avec les coupes.
– On ne sait pas par quel bout le prendre !
– Vous voudriez l’essayer ?

Le professeur se contente de sourire, sans lâcher l’objet. Karen retourne en cuisine et quand elle revient, il l’a toujours en main.

– Il va vraiment falloir que vous l’essayiez ! Insiste Karen sur le ton de la plaisanterie.
– Vous êtes amateur de ce genre de choses ? Lui lance Tristan.
– Je suis amateur de plaisirs divers et variés ! Répond Martinov d’un ton sentencieux.
– Divers et variés ! Belle façon de présenter les choses. Je la ressortirai à l’occasion. Moi aussi, j’aime varier les plaisirs.
– Eh bien qu’est-ce que tu attends pour la ressortir et nous présenter la chose ? Lui lance Karen sur le ton de la vanne.
– Oh, Karen ! Répondit-il en piquant son fard.

Karen avait versé le champagne dans les coupes.

– Alors trinquons aux plaisirs divers et variés !
Ce qu’ils firent tous. Impossible à ce stade de savoir combien d’entre-eux nourrissaient des arrière-pensées libidineuses… tout en parlant de tout à fait autre chose.

– Il ne reste plus beaucoup de Champagne mais j’ai un excellent whisky…

C’est Tristan qui relança les « hostilités »

– Je peux vous poser une question indiscrète, monsieur Martinov ?
– Appelez-moi donc André !
– Je peux ?
– Posez toujours !
– Les bites en plastiques vous fascinent, mais qu’en est-il des vraies ?
– Dites-donc tous les deux, ne vous gênez surtout pas, faites comme si vous étiez tous seuls ! Intervint Karen.
– On dirait que Tristan à envie de se faire sucer la bite par un homme un peu mature ! Ajouta Amanda.
– Tout à fait ! Demande lui donc carrément au lieu de tourner autour du pot. Reprit la rousse.

Tristan écarta les bras d’un geste embarrassé.

– Je dois faire quoi ?
– Faire ce que vous conseille Karen ! Répondit Martinov.
– Vous ne le prendrez pas mal ?
– Promis !
– Alors : est-ce que vous aimeriez me sucer la bite ?
– Encore eut-il fallu que je la visse !
– Pardon ?
– Je crois que vous avez compris !
– J’espère que je ne vais pas choquer ces dames !
– Bon t’as fini de faire des manières, tu vas te décider à la sortir, ta bite, oui ou non ? Intervient Amanda.

Alors Tristan se lève de son fauteuil, ouvre sa braguette, farfouille à l’intérieur et en extrait sa pine, il effectue quelques mouvements de masturbation afin de la raidir comme il se doit, et s’approche du professeur Martinov.

– Alors qu’est-ce que tu en dis ?

Martinov ne répond d’abord pas, la vue de cette jolie queue bien raide le fascine et l’excite. Car c’est vrai qu’elle est belle, pas exceptionnelle mais belle, bien raide, le gland bien dessiné et luisant.

Il finit par faire signe au jeune homme de se rapprocher davantage et s’accroupit devant lui. Il ouvre la bouche. Ça y est, il lui suce la queue et s’en régale, en appréciant la texture, le goût légèrement salé.

– Il se régale ce vieux cochon ! Commente Karen avant de se lever et de se diriger derrière Tristan.

Elle lui dégrafe son pantalon et le fait glisser sur ses chevilles, ainsi que son boxer, puis elle lui flatte les fesses avant de lui introduire un doigt dans le fondement et de le faire aller et venir.

Amanda excitée par le spectacle, a fait glisser son jean sur ses cuisses et a commencé à se masturber. Béatrice s’est approchée d’elle et lui prodigue le plus profond des baisers.

– Qu’est-ce que tu suces bien, toi ! Commente Tristan.

Pourtant, Martinov a connu charnellement au cours de sa vie bien plus de femmes que d’hommes ! Des hommes, il n’en a pas sucé tant que ça ! Mais combien ? Il faudra qu’un soir où il n’arrive pas à dormir, il s’amuse à les compter… c’est quand même plus rigolo que les moutons.

– T’aimerais que je t’encule ? Finit par proposer Tristan.
– Est-ce bien raisonnable ?
– Ce n’était qu’une suggestion !
– Ça me parait une très bonne suggestion ! Répond Martinov du tac au tac.

Du coup Tristan ne sait plus ce qu’il doit faire : continuer à sucer, ou se préparer pour après. Il choisit de continuer sa fellation laissant à son partenaire le soin décider de la suite des événements.

– On pourrait peut-être… Commence Martinov.
– Défais-toi, je vais te prendre ! Répond Tristan qui n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin. Euh on va peut-être s’isoler ?

Un concert de protestations féminines s’élève alors. Ces demoiselles veulent regarder !

– Vox fémini ! Vox dei ! Commente Martinov qui a fait un peu de latin dans sa jeunesse.

Martinov se débarrasse à la hâte de ses vêtements, mais conserve ses chaussettes.

Karen excitée comme une puce vient le narguer. Elle s’est emparée du gode-martinet.

– Tu aimes ça, te faire enculer, hein ? Dit-elle en faisant mine de le menacer de son joujou.
– Eh oui !
– Et si je te fouettais, pour t’apprendre ?
– Pour m’apprendre quoi ?
– Euh… Rien ! Pour t’apprendre !
– Dans ce cas, ça tombe bien, j’ai toujours adoré apprendre !
– Mais il se fout de moi, celui-ci ! Répond Karen en faisant claquer le martinet sur le derrière du professeur.
– Pas trop fort, s’il vous plait, ça m’embêterait de ne plus pouvoir m’asseoir !

Et il prononce ça sur un tel ton que ça fait rigoler tout le monde de bon cœur.

– Ça te fait rire toi ? Réplique Karen à l’adresse de Tristan.
– Ben oui !

Et sans crier gare, elle passe derrière lui et lui administre un coup de martinet.

– J’ai une idée. Les filles, on va leur rougir les fesses à tous les deux. Reprend Karen.
– Moi je préférerais les regarder s’enculer ! Intervient Amanda.
– Mais l’un n’empêche pas l’autre…
– Dans ce cas, vas-y on te regarde !
– OK ! Vous les mecs, mettez-vous à quatre pattes, l’un à côté de l’autre.

Ils obtempèrent tous les deux sans un mot et Karen se met à les flageller à la volée. Elle frappe plutôt modérément le cul du professeur et de façon plus appuyée celui de Tristan.

– Humm, ça m’excite tout ça ! Commente-t-elle.
– On a avait remarqué ! Ose Béatrice.
– Et en plus j’ai envie de pisser.
– Pisse leur dessus, ce sont des esclaves ! Suggère Béatrice qui elle aussi est de plus en plus remontée.
– C’est vrai, je peux ?
– Je vous en prie, faites comme chez vous, répond Martinov.
– Et toi, Tristan.
– Ai-je vraiment le choix ?

Karen pousse le tapis afin de dégager le carrelage et fait allonger les deux hommes côte à côte, les enjambe, puis sans transition leur pisse sur la bite.

– Je peux gouter ? Demande Martinov.
– Mais t’es un vrai cochon, toi !
– J’ai soif !
– Je n’ai jamais fait ça encore !

Elle s’avance, mais le jet rate sa cible.

– Il faut t’accroupir, lui explique Béatrice.
– Ah, bon ! Je vois que tu es une spécialiste !
– Hi ! Hi !

La jolie chatte de Karen, maintenant à quelques centimètres au-dessus de la bouche de notre coquin de professeur déverse son jet doré dans son gosier. Il en avale un peu, pas tout, ça va trop vite, c’est impossible.

Elle se déplace ensuite vers Tristan, qui manifeste son refus de l’offrande en conservant bouche cousue.

– Veux-tu m’ouvrir cette bouche !

Il remue la tête en signe de dénégation.

– Ça ne se fait pas de refuser un cadeau ! Vanne Amanda.
– Une autre fois ! Dit Tristan croyant l’affaire terminée.

Elle ne l’était pas. Karen ne pissait plus, mais elle s’assit carrément sur le visage de Tristan.

– Nettoie ma chatte !
– Hummmpffff
– Bon tant pis pour toi, tu ne sais pas ce que tu perds ! Commenta-t-elle en se relevant. Ça intéresse quelqu’un.
– Nous on est trop occupées ! Répondit Amanda qui à force de caresses et de pelotages avec Béatrice était désormais dans un état de débraillement spectaculaire.

Du coup Karen, s’accroupit au-dessus de la bouche du professeur Martinov qui comme vous le pensez bien, ne refusa point ce petit supplément si gentiment proposé.

– Oh, mais, se désola Karen en se redressant, Tristan ne bande plus !
– Et notre petit spectacle, alors ? Protesta Amanda.
– On va essayer d’arranger ça ! Intervint Martinov en introduisant une nouvelle fois cette jolie bite dans sa bouche.

Le fait que Karen ait pissé dessus ne fait que donner du piquant à la chose, et bientôt sous les coups de langue savamment prodigués du professeur, la bite redevient aussi raide que la justice.

– Et voilà ! Conclut-il, satisfait de sa prestation. Maintenant on va pouvoir passer à la suite.
– Tu la veux vraiment dans le cul, toi ?
– Bien sûr que je la veux !

Martinov se positionne en levrette tandis que Tristan se place derrière lui après s’être encapoté. Le passage est d’autant plus facile que notre vert professeur s’est déjà fait défoncer l’endroit par le godemiché d’Amanda en fin de matinée, la bite a donc tôt fait d’entrer totalement dans l’étroit conduit.

Tristan commence alors une série d’allers et venues ponctués de « Hi » et de » Han », tandis que Martinov râle de plaisir. Au bout de cinq minutes il ralentit le rythme, mais c’est pour mieux redémarrer et cette fois avec un rythme d’enfer. Un cri de jouissance, les deux hommes s’écroulent l’un sur l’autre pendant que les trois filles applaudissent.

Karen se cherche un ou une partenaire mais il n’y en a pas de disponibles : Amanda et Béatrice après ce court intermède se sont mises en soixante-neuf et se gamahuchent à tour de langues, et les hommes sont devenus hors service. Qu’importe ! Elle s’empare du manche en gode du martinet et se branle avec.

Petit moment de décompression. Martinov s’est endormi et ronfle fort peu discrètement avachi dans un fauteuil, Béatrice et Amanda somnolent dans les bras l’une de l’autre, Karen est en train de piquer du nez, les jambes écartées et dégoulinantes. Seul Tristan ne semble pas atteint par le sommeil. Il se lève pour aller se chercher un verre d’eau, revient…

Et son regard est soudain attiré par le sac de sport qui contient le cadran.

« Je tente le coup, ou pas ? »

Il commence par déplacer le sac dans l’entrée. Personne ne voit rien. Il récupère ses vêtements, ce n’est pas évident, il y en a partout et il ne retrouve pas ses chaussettes.

Ses gesticulations finissent par réveiller Karen :

– Qu’est-ce tu fous ?
– Faut que je rentre ! Je ne retrouve pas mes chaussettes.
– Fais moins de bruit.

Tant pis pour les chaussettes, il fera sans, il se précipite dans l’entrée, se saisit du sac et disparaît dans l’escalier.

Une fois dehors, alors qu’il tombe une petite pluie glaciale, il zigzague volontairement dans les petites rues au cas où on le poursuivrait, se retrouve sur une artère principale et attend un taxi. La chance : il en arrive un de suite et se fait conduire chez lui, porte d’Orléans.

Il est dans le taxi, bien au chaud et peut enfin réfléchir. Il se rend compte alors qu’il vient de faire une connerie. On va évidemment tout de suite savoir que c’est lui qui s’est emparé du sac contenant le cadran. Karen et Amanda connaissent son adresse. Bref la meilleure chose qu’il a peut-être à faire, c’est de rebrousser chemin.

– J’ai changé d’avis, on retourne rue de Rennes !
– Bien chef !

Sinon que faire ? Nier et faire porter le chapeau à Amanda ou à Karen ? Ça ne tiendra pas cinq minutes ! Se mettre quinze jours au vert en province ? Son budget ne le lui permet pas. Assumer son vol et faire front, en s’assurant la complicité d’Amanda qu’il se faisait fort de bien baratiner ? Pourquoi pas ? Que pourrait bien faire ce Martinov, il n’allait quand même pas jouer les James Bond à son âge, ni porter plainte pour un vieux cadran démantibulé.

– J’ai encore changé d’avis, on va Porte d’Orléans !
– Bien chef !

Karen ne s’est pas rendormie, elle entreprend de ranger un peu les verres et les bouteilles. Du coup tout le monde se réveille. Martinov part à la recherche de son slip.

– Je vais peut-être rentrer ! Dit-il à l’adresse de Béatrice.
– Tu ne vas pas rentrer à Louveciennes à cette heure-là, je vais t’héberger chez moi.
– Volontiers
– Mais, tu essayeras de ne pas ronfler, d’accord mon petit professeur ?
– Je ne te promets rien…

Tout le monde se rhabillait sauf Karen puisqu’elle était chez elle.

– Où qu’est passé Tristan ? Demande Amanda.
– Il est parti, ça m’a réveillée !

Et ce n’est qu’au moment des adieux que Béatrice réalisa que le sac de sport avait disparu.

– A tous les coups, c’est Tristan qui a dû l’embarquer ! Suggère Karen.
– Quel con !
– On fait quoi ? demande Béatrice.
– On va se coucher, on verra ça demain ! Propose Martinov.
– Il n’habite pas bien loin, intervient Karen, en mob j’en ai pour dix minutes, je vais vous le récupérer votre machin, je t’emmène Béatrice ?
– Euh, oui !
– Vous deux, gardez la maison, d’ici une demi-heure on sera revenues, ne faites pas de bêtises.

Et du coup elle se rhabilla à son tour…

Martinov et Amanda se retrouvent de nouveau seuls.

– Je vais prendre une douche ! Annonce cette dernière.
– Oui
– Tu viens ?
– Non vas-y !
– Tu ne veux pas me tenir compagnie ?
– Te tenir compagnie ?
– Ben oui on fera la causette !

De causette, il n’y en eut point, du moins au début, Amanda s’enferma dans la cabine de douche pendant que Martinov était assis sur l’abattant des toilettes se demandant ce qu’il faisait là.

Au bout de 10 minutes la jolie brune finit par sortir, et s’entoura le corps d’une grande serviette.

« Dommage, il n’y a plus rien à voir ! »

– Voilà, je n’ai pas été trop longue ?

Elle s’essuie, puis pose sa serviette, elle est à nouveau toute nue devant les yeux de Martinov qui malgré le fait qu’il ait eu le loisir de la contempler à deux reprises depuis ce matin ne se lasse pas d’admirer les courbes parfaites de son corps. Quelques idées que d’aucuns qualifieraient de libidineuses lui viennent à l’esprit. Oui mais voilà ! Deux éjaculations dans la même journée pour un homme de son âge, c’est beaucoup… Mais Andrej Martinov n’est-il pas l’inventeur de « Lapin dur », (voir cet épisode) le super remède contre les bites flaccides ? Et il en a presque toujours un petit flacon dans la poche de son veston. Il indique donc à la belle « qu’il revient de suite » et s’en va ingurgiter en douce son élixir de bandaison.

Amanda n’en finit pas de se lisser les cheveux :

– Je sais pas où elle range son séchoir… Je ne vais pas fouiller partout… J’aurais pas dû me mouiller les cheveux. Tu fais quoi ? Ah, tu me regardes, tu te rinces l’œil !
– On ne se lasse pas des belles choses !
– Gros coquin ! Et ça t’a plu cette petite sauterie ?
– Ma foi…
– Tu te fais souvent sodomiser ?
– J’aime bien les godes, pour le reste c’est une question d’occasion, je ne cherche pas spécialement.
– T’as chaud on dirait !
– Un peu, oui !

Les premiers effets de l’aphrodisiaque.

– C’est de te regarder qui me donne chaud !
– Flatteur !
– Non, c’est vrai !
– Tu ne vas pas me dire que tu as encore envie ?
– Je crois bien que si !
– Menteur !
– Tu peux venir constater !

C’est ce qu’elle fit !

– Et ben, mon cochon !

A son désespoir, Amanda s’éloigna et s’empara d’une serviette propre dans laquelle elle s’enturbanna les cheveux.

– Tu me trouve sexy avec ce machin ?
– T’es TOUJOURS sexy ! Mais dis donc, qu’est-ce que tu transpires ! Tu es sûr que ça va ?
– Je dois faire une crise de priapisme, il faudrait que je me soulage !
– Mon pauvre lapin ! Mets-toi donc à l’aise, je vais te dépanner.

En deux temps, trois mouvements, le vert professeur fut de nouveau à poil, la queue dressée comme une fusée Ariane avant le décollage.

– Eh ben quel épieu !
– Quel épieu qui croyait prendre !
– Hein ?
– Laisse tomber, je délire.
– Humm, une raideur pareille, je la veux dans mon cul !
– Faudrait peut-être une capote !
– Il doit en rester dans la boite à côté !

Effectivement, il en restait. Mais auparavant, Amanda tint à sucer cette fort jolie chose.

– On ne bouge plus ! Gloups !

Et hop la bite du professeur est aspirée par la bouche d’Amanda qui la fait aller et venir à un rythme frénétique, tout en balayant le gland de grands coups de langue.

– Pas si vite, pas si vite ! Proteste le professeur.

Amanda se retire, encapote délicatement le zizi de Martinov, et se positionne en levrette.

Martinov, ivre d’excitation rentre sa queue dans le fondement de la belle au pas de charge et la pilonne comme un damné. La pénétration ne dura que deux minutes chrono, mais envoya Amanda dans les nuages et le professeur à moitié dans les vapes.

– Je suis désolé, j’ai été trop vite !
– Pas grave, l’essentiel c’est que tu m’as fait jouir, viens donc m’embrasser mon vieux cochon !

Le professeur Martinov ne s’attendait pas à ce qu’Amanda lui roule une pelle, il en fut tout chose. Ils restèrent enlacés un moment avant de se mettre à somnoler de concert.

– J’ai le code, on monte ! Proposa Karen quand les deux femmes furent parvenues porte d’Orléans !
– T’as un plan ?
– Pas la peine !

Ils sonnent.

– Qu’est-ce que c’est ? Gueule-Tristan à travers la porte.
– Karen !

Il entrouvre la porte sans réfléchir. Découvre que Béatrice est là également.

– Qu’est ce qui se passe ? Bredouille-t-il.
– On est venu récupérer le cadran, tu as dû l’embarquer par erreur.

En même temps, elle a bloqué la porte avec son pied droit.

– Quel cadran ?
– Allez donne !
– Mais je ne l’ai pas !
– Tu veux qu’on appelle les renforts ?
– Les renforts ?

D’un geste brusque, Karen pousse la porte surprenant Tristan, qui ne peut l’empêcher d’entrer. Elle se dirige avec Béatrice vers la salle de séjour. Le chronoscope est là, déballé, en évidence sur la table.

– C’est ça qu’on vient chercher !
– J’avais envie de l’avoir chez moi un jour ou deux…
– Ben voyons…
– Je l’aurais rendu…
– Fallait demander !
– Vous dormiez !
– Bon, il est où le sac ?
– Là-bas ! Soyez sympa, laissez le moi quelques jours.
– C’est dangereux et c’est pas à toi…
– On peut peut-être s’arranger…
– Et tu serais prêt à lâcher combien pour un arrangement ?
– 1000 euros !

Béatrice commence à s’irriter de la tournure que prend la conversation.

– Cet objet nous a été confié par un client. Je n’ai pas l’habitude de négocier ce qui ne m’appartient pas ! Intervint-elle.
– Tout de suite les grands principes ! Tout a un prix ! Répond-il.
– Dans ce cas, 1000 euros ce n’est pas assez.
– Dites votre prix.

Imperceptiblement, Tristan s’approche d’un petit meuble, sa main se pose sur une poignée de tiroir… Il l’ouvre, y plonge la main.

Puis tout va très vite. Rapide comme l’éclair, Karen lui fonce dessus et d’un superbe coup de savate enfonce le tiroir en coinçant un moment la main de Tristan qui hurle de douleur en chutant au sol.

Karen ouvre le tiroir, en extrait un révolver.

– Tu nous aurais vraiment tiré dessus ? T’es vraiment malade !
– J’ai mal !
– On va appeler les pompiers, ils vont te soigner, on te laisse, on reprend le cadran, et on confisque le flingue.
– Salopes !
– Ah ! Tu trouves ?

Samedi 8 décembre

Grégorio se réveille incrédule sur un lit d’hôpital, ses yeux parcourent la chambre dans laquelle un autre patient entubé semble dormir.

« Entubé ! Moi aussi je suis entubé, mais bon sang qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? »

Il sonne l’infirmière !

– Qu’est-ce que je fais là ? Et je suis où d’abord ? Grogne-t-il
– Bonjour monsieur ! Répond-elle simplement.
– Je vous ai posé une question ! Grogne-t-il
– Et moi, je vous ai dit bonjour.

Il explose !

– Non mais, vous vous prenez pour qui ? J’ai quand même le droit de savoir ce qui m’est arrivé !
– Vous avez aussi le droit d’être poli !
– Va te faire foutre, pétasse !
– Arrêtez de crier, vous aller réveiller l’autre monsieur.
– Rien à foutre.

Il retomba dans l’inconscience et une autre infirmière entra dans la chambre une heure plus tard.

– Bonjour Monsieur, je vais vous faire une prise de sang.
– Non !
– Vous ne sentirez rien, je suis très douce !
– Dites-moi plutôt ce que je fais ici !
– Vous avez eu un empoisonnement du sang, vous êtes à l’Hôpital Lariboisière.
– Un empoisonnement ? Je ne comprends pas !
– Le docteur passera tout à l’heure, il vous expliquera.
– Comment ça tout à l’heure ! Je veux le voir tout de suite !
– Je pense que vous êtes capable de comprendre que vous n’êtes pas tout seul ici ! Serrez votre poing que je puisse vous faire la prise de sang.
– Je veux voir le docteur tout de suite sinon je fais un scandale !
– Si vous faites un scandale, j’appelle mes collègues, ils vous feront une piqure ! Serrez votre poing, s’il vous plait !
– On vous a déjà dit que vous aviez des beaux nichons ?
– Arrêtez de rêver, ils ne sont pas pour vous.
– Si vous me montrez vos nichons, je me laisse faire. Aïe ! Vous faites quoi ?
– Une prise de sang !
– Vous n’avez pas le droit !
– Taisez-vous !
– Pétasse !

Grégorio fit un énorme effort de mémoire pour se souvenir de ce qui s’était passé avant. Il y avait cette réunion avec les gens de la Lynch Company, mais il ne se remémorait ni ce qui y avait été dit, ni les visages des participants. Et avant ? Ben avant, il avait dû aller déjeuner comme d’habitude en solitaire au « Faitout bleu » d’un steak tartare et d’un crème brûlée ? Et avant ? Il retomba dans le sommeil jusqu’à l’arrivée du docteur :

– Monsieur Sénéchal, s’il vous plait ?
– Hein ? Quoi ?
– Je suis le docteur Martin, vous devriez nous remercier : On vous a sauvé la vie. Au lieu de cela, j’apprends que vous êtes odieux avec le personnel.
– Mais…
– Laissez-moi terminer ! Que vous vous amusiez à tripoter des poisons chez vous sans prendre les précautions nécessaires, c’est déjà limite, mais que vous vous figuriez avoir tous les droits cela dépasse les bornes.
– J’ai passé l’âge de recevoir des sermons, si vos infirmières ne sont pas capables de supporter une réflexion, qu’elles changent de métier.
– Bon écoutez-moi ! Vous avez été victime d’un empoisonnement au curare. Vous êtes tiré d’affaire, et vous sortirez lundi. Je ne veux plus entendre parler de vous, vous me débectez !

Grégorio répondit d’une mimique méprisante, il ne comprenait pas cette histoire d’empoisonnement. C’était absurde, ils avaient dû se tromper de dossier…

Encore une fois, il fait un effort de mémoire, il n’arrive toujours pas à se souvenir de ce qui s’est passé pendant cette réunion. Et après ? Rien ! Le trou noir ! Et avant… Ah oui, il avait demandé à Karen de récupérer le chronoscope. Il lui semblait même qu’il avait rêvé qu’il le récupérait place du Chatelet et qu’il avait été obligé de le dissimuler dans un sac de sport ! On va chercher de ces trucs parfois…

Dimanche 9 décembre

Grégorio rêve ! Il est en train de prononcer son discours sous un immense chapiteau. Soudain alors qu’il montre le doigt au ciel, une flèche atteint son doigt, c’est une flèche empoisonnée, il entend le rire d’un maya emplumé avant de se réveiller en sueur.

Bien sûr que c’est un rêve, mais c’est aussi un message, il a voulu jouer avec la prédiction des mayas, et ceux-ci n’admettent pas qu’il puisse leur faire de l’ombre. Mais comment seraient-ils au courant ? Quelqu’un de son entourage aurait donc été indiscret : Amanda ? Karen ? Duchemin ? Il lui faudra éclaircir ce mystère…

Lundi 10 décembre

Après avoir accompli les formalités de sortie, Grégorio rentre chez lui. Son programme est simple : Prendre connaissance de ses messages téléphoniques, se raser, prendre une douche, puis se rendre au bureau.

De messages, il n’y en a qu’un seul, il date du vendredi 7, à 17 h 25 mais il le laisse pantois.

« Grégorio, j’espère qu’il ne vous est rien arrivé, les gens de chez Lynch Company vous attendent depuis 20 minutes. Nous allons être obligés d’improviser si nous n’avons pas de nouvelles de vous d’ici 5 minutes. Merci de nous rappeler d’urgence. »

Ainsi son problème a eu lieu avant la réunion, voilà pourquoi il ne pouvait s’en souvenir.

Il n’avait aucun message de Karen au sujet du chronoscope, son portable indiquait qu’elle lui avait téléphoné vendredi en fin de matinée, mais il ne se souvenait plus pourquoi. Cette conasse avait donc échoué, il restait désormais trop peu de temps pour organiser le meeting qu’il projetait dans ses fantasmes. Il lui ferait payer très cher cet échec !

Il arriva de fort méchante humeur au bureau en fin de matinée. Le grand patron le reçut immédiatement.

– Nous sommes contents de vous revoir, qu’est-ce qui vous est arrivé ?
– J’ai reçu une flèche empoisonnée dans la main ! Répondit-il le plus sérieusement du monde. Vous voyez, j’ai encore un petit pansement.
– Et ça vous est arrivé comment ? Demanda son interlocuteur, époustouflé par cette réponse incongrue.
– Des mayas probablement, enfin leurs descendants.
– Vous êtes vraiment sûr d’être en état de reprendre le travail ?
– Oui, mais je vais vous demander de me fournir une protection rapprochée !
– C’est cela, oui ! Soupira le boss avec agacement.

Grégorio eut un sourire niais et se mit à regarder par la fenêtre, l’esprit ailleurs.

– Je pensais que vous seriez impatient de savoir au sujet de Lynch Company. Reprit le boss
– Ah oui ? Comment vont-ils ?
– Très bien merci ! Ils étaient très énervés, j’ai été obligé de de vous faire remplacer au pied levé par Giraud…
– Ce con !
– Ce con, comme vous dites, a réussi l’exploit de renverser la situation et de leur faire signer le contrat, nous lui devons une fière chandelle. Il aura droit à une promotion. Monsieur Sénéchal j’aimerais vous poser une question, où étiez-vous exactement vendredi après-midi ?
– Je ne sais pas, j’ai un trou de mémoire, je suppose que les mayas m’ont agressé pendant la pause de midi.
– Arrêtez vos délires. Ça devient pénible ! Vois avez eu un entretien avec votre secrétaire en rentrant de déjeuner, vous l’avez alors informée que vous aviez une obligation familiale et que vous seriez là pour la réunion. Elle vous a vu sortir du bureau avec un sac de sport à la main !
– Vous êtes sûr ? Ça ne tient pas debout !
– C’est pourtant ce qui s’est passé !
– Je comprends, ce sont les mayas qui m’ont tendu un piège !
– Arrêtez avec ça, c’est ridicule ! Vous savez ce que je pense ? C’est que vous êtes en train de jouer les amnésiques pour mieux masquer vos agissements. En n’étant pas présent à la réunion avec Lynch Company, nos chances de leur faire signer le contrat devenaient quasi nulles. C’est un miracle que Giraud s’en soit sorti !
– Pfff, c’est un con !
– Monsieur Sénéchal, je vous soupçonne d’avoir tenté de saboter en toute connaissance de cause la signature de ce contrat !
– Quelle drôle d’idée ! Et pour quelle raison, je vous prie ?
– Quelqu’un vous aurait peut-être, comment dire… suggéré de le faire !
– C’est une machination des mayas !
– Foutez-moi la paix avec vos mayas ! Expliquez-moi ce que vous avez fabriqué vendredi après-midi ! Démontrez-moi que vous n’avez pas séché l’entretien avec Lynch Company en toute connaissance de cause !
– Vous ne pouvez pas comprendre !

Le boss ne répond rien, il prend son téléphone :

– Odile, préparez moi une lettre de licenciement pour Grégorio Sénéchal, et faites lui verser les indemnités correspondantes… Ou plutôt non, pas d’indemnités, sortez-moi une lettre de révocation pour faute grave !

C’était du bluff, mais Grégorio ne broncha pas.

– Alors ? S’impatienta le boss.
– Alors, vous ne pouvez pas comprendre, vous êtes trop con !
– Disparaissez, Sénéchal ! Je ne veux plus vous voir. Vous êtes dispensé d’accomplir votre mois de préavis ! Dehors !

Le professeur Martinov a mis des gants de sécurité et un casque de soudeur afin de tenter d’examiner le chronoscope. Béatrice est parvenue à analyser le produit resté collé dans les débris de l’aiguille de verre projetée par un fin canon. Du curare ! La remise en place du mécanisme s’avère impossible. Il tente alors de démonter l’objet. En vain. En accord avec son assistante, il abandonne et écrit une lettre à Désiré Macherot.

A suivre avec le 6ème et dernier épisode

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2 réponses à Martinov 15 – Professeur Martinov et le chronoscope de Télius 5 – Les déboires de Grégorio par Maud-Anne Amaro

  1. Frank dit :

    Bonne intrigue et joyeuse partouze

  2. okapi dit :

    Ce professeur Martinov me plait décidément de plus en plus

  3. muller dit :

    Ah ! Les galipettes du professeur Martinov, on ne s’en lasse pas !

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