La brûlure de la bougie par O_L

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En saisissant sur Internet la litanie des numéros de sa carte bancaire, Alain a chaud. Son cœur bat, sa main tremble. Pas de l’excitation lubrique de la scène qu’il a mille fois imaginée. Non. Il tremble du sentiment de franchir un Rubicon situé quelque part au milieu de sa vie. Il sait qu’il y aura un avant et un après. Avant était le fantasme. L’après commence maintenant, en passant cette petite annonce dans ce journal spécialisé. Beaucoup de choses dans la vie n’ont qu’un seul sens. Le fil dévidé ne revient jamais dans sa bobine. L’eau versée par terre ne se ramasse pas. Et les fantasmes qui sortent du volcan bouillonnant de l’imagination laissent en s’épanchant dans la vie réelle une trace profonde. Un chemin en creux que le flot de la vie finit par prendre en habitude, après s’être détourné de ses anciens chemins jusqu’à les oublier.

L’innocence est une bougie. Chaque fantasme réalisé l’allume pour éclairer la nuit obscure et inquiète. Il aide à y trouver son chemin, à en discerner les paysages et les contours. Et en même temps la bougie de l’innocence brûle, petit à petit, sans retour. En payant sa petite annonce, Alain sait qu’il a allumé une nouvelle fois sa bougie et qu’elle a encore fondu un petit peu. Mais avait-il le choix ?

Il parait que la vie s’arrête au bout d’un nombre de battements de cœur fixé d’avance. Il parait que la vie s’arrête après qu’on ait absorbé un nombre de calories fixé d’avance. Alain croit que la vie, celle de l’esprit, s’arrête après la réalisation d’un nombre de fantasmes fixé d’avance. Mais il ne connaît pas ce nombre, alors, compulsivement, il parcourt cette route qu’il devine fatale.

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La bougie a recommencé à brûler.

Contrairement à ses suppositions, l’annonce d’Alain eut de nombreuses réponses. Pas mal de professionnelles qui ratissent à grand rayon de courbure pour étoffer leur carnet d’adresse et une petite dizaine de réponses apparemment sérieuses. Dissiper les doutes fut long et fastidieux. Répétitif. « Non, je ne fais pas ça pour de l’argent ». « Je ne donne suite que si je sens que nous sommes sur la même longueur d’onde ». « Non, je ne veux pas de rencontre préalable. Nous nous verrons pour la première fois face à face le jour J ».

La première à concrétiser fut Esther. Echange de photos, mise au point des règles du jeu dans les moindres détails. Mais Esther avait été avare de confidences, si bien qu’Alain savait ce qu’elle attendait de lui tout en ignorant tout de son histoire personnelle. Elle ne lui avait laissé connaître d’elle que le strict nécessaire pour que tout se passe comme elle l’avait décidé, si bien que les rôles de domination et de soumission n’étaient pas forcément conformes aux apparences.

La porte sonna. Esther parut dans un rayon de soleil. Des yeux bleu-gris sur un visage triangulaire auréolé de cheveux roux. La peau blanche, presque translucide, piquée de taches de rousseurs. Une nuisette de satin blanc qui laissait deviner la dentelle fine d’un soutien-gorge raffiné. Un pantalon en toile légère. Des pieds minuscules dans des escarpins à talon aiguille. De la tendresse, du raffinement, presque de la fragilité. Et pourtant un port de tête vif et un sourire franc. Dans son premier regard, le pétillement de satisfaction de découvrir qu’Alain en chair et en os était conforme à son désir.

Alain, la quarantaine, les cheveux épais et absolument noirs -sa fierté- le visage anguleux, le teint mat, les épaules larges et là-dessus, une voix caressante, des gestes doux, presque efféminés.

– Bonjour Esther
– Bonjour Alain.

Alain tendit la main. Esther apprécia la délicatesse. Elle aurait détesté qu’il se jette sur elle, qu’il la touche, là, tout de suite, comme un animal. Pourtant, la main d’Esther dans la sienne, lui communicant sa chaleur, sa confiance, de la tendresse aussi. Il dit sans protocole :

– Tu es beaucoup plus belle que sur les photos.

Et le geste répondant à la parole, il approcha sa main gauche de son visage et enfouis ses doigts dans ses cheveux roux. Esther était troublée. La beauté de cet homme face à elle lui avait fait perdre le contrôle. Que voulait-elle maintenant ? Une fessée vraiment ? Plutôt un baiser. Toucher sa peau. Sentir l’odeur de son corps. Tout oublier. Là, maintenant, pour toujours, pendant une heure. Elle tendit sa main vers les cheveux d’Alain. Ses lèvres s’entrouvrirent imperceptiblement, peut-être même ne fut-ce qu’en pensées, mais Alain perçut l’abandon.

– Viens dit t’il. Commençons. C’est par là.

Il la laissa debout au milieu du salon sans rien dire et alla s’asseoir sur le sofa.

– Es-tu prête ?
– Oui.
– Alors désormais, tu n’as plus le droit de parler
– Oui.
– Ni de voir.

et il se leva pour lui bander les yeux d’une ceinture de velours.

– Si tu enlèves le bandeau, le jeu cessera immédiatement, tu rentreras chez-toi et nous oublierons tout chacun l’un de l’autre. Si tu veux continuer, tu dois garder les yeux bandés. Il n’y a pas de troisième voie. Es-tu d’accord ?
– Oui.
– Alors déshabille-toi. Ne garde que tes escarpins et tes dessous.

Esther s’exécuta. Les habits tombèrent au sol dans des gestes simples qu’on ne fait que pour soi. Alain de son côté réalisait difficilement que la scène était réelle. Il l’avait imaginée tant de fois dans l’univers familier et changeant des corps sans visage qui peuplent ses fantasmes. Et là, devant lui, la lave brûlante et rouge du chaudron se répandait au sol, consumant tout sur son passage.

– Approche-toi.- Encore un pas.- Tu es très belle Esther. Te fesser va être merveilleux.

Il mit une main sur son ventre, l’autre sur ses fesses, et la fit tourner pour la mettre de profil. Le geste était impérieux mais doux. La paume de ses mains franche et chaude.

– Aie !!!!

Esther cria en sautant en arrière.

– Esther, tu ne dois pas parler, rappelle-toi. dit la voix chaleureuse d’Alain.
– Mais tu m’as fait mal ! Tu ne dois pas taper si fort !
– Esther, tu ne dois pas parler, rappelle-toi. répéta la voix sur le même ton calme et chaleureux. C’est la deuxième fois que tu parles. Tu sais qu’à la troisième tu auras la cravache n’est-ce pas ?
– Oui.
– Alors reviens. On va continuer.

Les fessées s’enchaînèrent avec un rituel immuable. Alain assis, Esther debout devant lui en dessous et en escarpins. Elle a le pubis à la hauteur de son visage. Il la fait tourner d’une main sur le ventre, l’autre sur les fesses. Il pose la paume de la main droite exactement là ou il veut que la fessée tombe. Elle a posé ses mains sur la main d’Alain qui la tient par le ventre. Cette main la rassure. Elle sait que quelque part, au bout de cette main, est le beau visage brun qu’elle a voulu embrasser tout à l’heure. Elle frémit. Le bruit est toujours clair et fort. Parfois Esther trébuche sous le coup et fait un pas. Toujours Alain l’encourage de sa voix chaleureuse et lente. « Très bien », ou « Bravo », ou « Superbe, continue comme ça » ou encore « Magnifique. je suis fier de toi ».

Peu à peu, son visage devient rouge. Son nez coule. Elle sanglote. On devine les larmes sous le bandeau. Alain la contemple avec tendresse. Il sait que le moment est venu. Le moment d’allumer une nouvelle fois la bougie. De faire cracher ce volcan qui lui laboure les entrailles.


 

Et Alain se souvient de la dernière éruption du volcan. C’était Elodie. C’était il y a cinq ans.

– Allo, Elodie? Comment tu vas ma chérie ?
– Bonjour Alain. Depuis quand ?
– Hier soir. Comment tu vas ? Tu sais, c’est juste quand j’entends ta voix que je sais qu’il fait chaud à Cotonou ! D’un coup je n’arrive plus à respirer !
– Hi Hi ! Tu n’as pas changé. Ca me fait plaisir d’entendre ta voix. Pourquoi tu n’appelles jamais depuis la France ?
– Moi aussi j’adore ta voix. Elle me rend fou. Alors, si j’entends ta voix et que je ne te vois pas, je vais souffrir plus que le plaisir de t’entendre ! Elodie, comment tu vas ?
– Je vais bien. Et toi, depuis l’an passé ?
– Tout va bien. Comment va ta maman ?
– Elle est là
– Et ton papa ?
– Il va bien. Il est au travail
– Quand est-ce qu’on se voie ?
– Là je ne suis pas à Cotonou. Je suis à Parakou. Je rentre le vendredi.
– On peut se voir ce soir ?
– C’est pas sur. Je suis chez ma tante. Je ne l’ai pas vue depuis deux ans et je viens d’arriver. Je ne peux pas repartir comme ça.

Elodie avait fait un stage dans la boite d’Alain trois ans auparavant, du temps ou il était chargé de mission, en poste à Cotonou, Bénin, Afrique de l’Ouest, quelque part juste sous l’équateur, dans la chaleur épaisse et moite qui sens la transpiration, le poisson séché et le sexe. Elodie était noire comme la nuit, belle comme le jour, et pieuse comme une statue de la Sainte Vierge. Son visage avait la douceur de la lune. Son sourire, l’éclat du soleil. Il l’avait aimée sans en être aimé en retour. Il l’avait follement désirée. Elle s’était coulée comme une anguille entre ses avances, ses déclarations, ses rendez-vous. Du haut de ses 17 ans, elle avait certes du parfois plier, si bien qu’il lui avait volé plus d’un baiser et même davantage. Mais elle n’avait jamais cédé. Tous prenaient Elodie pour la maîtresse d’Alain. On jalousait l’un et l’autre à cause de cela. Et pourtant, rien de définitif ne fut fait. Elle prétendait être vierge et, si tant est que ce fut vrai, le resta contre vents et marées. Alain avait d’abord admiré Elodie pour sa façon se dire non sans blesser, pour préférer se laisser faire plutôt que de dire les mots sans retour, gagner du temps par des reproches sans méchanceté, et puis dans un courant d’air et de gaieté, d’avoir disparu au moment qui eut été fatal. Trois ans avaient passé. Il l’appelait à chaque mission. Parfois, ils arrivaient à se voir. Il réservait une chambre d’hôtel, se jurait de la posséder enfin, échouait encore, mais rentrait heureux de l’avoir vue.

– Dis à ta tante que ta mère est malade
– Je ne peux pas, ce serait un mensonge. Je viendrais demain, à la première heure.
– Demain je ne serais plus à Cotonou
– Où seras-tu ?
– Ca dépendra du programme. J’ai un briefing à huit heures.
– Ah! là là. J’ai pourtant vraiment besoin de te voir.

Ca, c’était inhabituel. Elodie n’avait jamais BESOIN de rien. Elodie acceptait tous les cadeaux, petits comme déraisonnables, avec le même petit merci sobre et poli, sans effusion. mais, jamais, elle n’avait rien demandé. La curiosité d’Alain le fit trembler d’envie. Elle avait besoin de quelque chose ! Ah divine Providence, si ça avait pu arriver plus tôt ! Il eut soudain chaud dans son pantalon et dut l’ouvrir. Il finit la conversation en se masturbant frénétiquement, sur le même ton enjoué et tout en continuant à plaisanter.

Fidèle à son habitude, Elodie avait fait à sa manière. Elle avait passé la nuit chez sa tante et n’était venue que le lendemain. Il avait plu. Elle avait peur de voyager sous l’orage à cause des accidents. Et ce ne fut donc que le soir. Alain avait du changer les plans de la mission rien que pour la voir ! Au téléphone, il n’avait pas caché son désir d’elle, ni ses intentions de réaliser enfin son vieux rêve. Sans être explicite ni vulgaire, mais les termes étaient aisément décodables. Il avait aimé cette femme et l’avais désirée avec amour. Aujourd’hui elle allait se donner par intérêt. Il allait la prendre par vengeance, avec le sentiment pervers de salir cette pureté qui s’était refusée à lui après l’avoir séduit.

Elle n’avait pas dit oui, mais elle n’avait pas dit non. Elle s’était présentée à l’hôtel à 21h précises, habillée comme il le lui avait demandé : « mets des habits faciles à enlever ». Fallait-il qu’elle ait besoin de lui ! L’heure du rendez-vous et la tenue de la jeune fille rendaient par avance caduque toute récrimination ultérieure et même toute plainte. D’ailleurs le réceptionniste avait retenu sa carte d’identité, ce qui est l’usage dans la région pour les filles légères qui rendent visite aux clients. Malgré son affection et sa tendresse pour Elodie, Alain s’était surpris à savourer cette première humiliation pour la pieuse Elodie.

Une fois dans la chambre pourtant, Elodie avait essayé de gagner du temps, de s’assurer les faveurs d’Alain sans payer de sa personne. Avait prétexté n’avoir qu’un quart d’heure. Bref, son manège habituel. Taquinant et grondant tour à tour, Alain l’avait peu à peu déshabillée. Il était fou d’elle. La seule odeur de son corps parfaitement noir lui faisait perdre la tête. Le seul toucher de sa peau épaisse et satinée le rendait fou. Il avait d’avance abdiquée sa raison. Elodie disait non de la bouche et des mains, mais ne faisait pas les gestes décisifs qui allaient arrêter l’homme face à elle. Elle aurait pu crier, ou lui tenir tête. Certainement elle aurait perdu ses services, mais elle avait ce choix. Alors ses supplications n’ont fait qu’exciter Alain. Alain si proche de ce qu’il désirait tant. Elodie qui dit non, mais sa vulve qui se mouille et qui s’ouvre sous la caresse de l’homme blanc, beau, et riche qui la désire tant. Alain qui lui saisit les chevilles, qui force ses cuisses à s’écarter. Les cuisses d’Elodie qui cèdent enfin et se relèvent. Alain qui regarde le fruit tant désiré.

« Tu as une belle chatte »
« Tu exagères. S’il te plait, laisse moi, tu me fais mal ».

Alain qui pose son sexe sur l’entrée de la caverne. Alain qui pèse de tout son poids et qui sens, enfin, céder le rempart qu’il a assiégé des années. Elodie supplie mais ne se débat pas. Enfin il est en elle. Il la sent. Finalement il la recouvre de tout son poids d’homme. Son orgasme le déchire comme une lame. Il la mord. Il crie. Il a mis ses mains derrière elle. Il a empoigné ses jolies fesses rebondies. Il la serre contre lui. Il veut jouir, loin très loin dans son ventre.

C’est fini. Elle réunit ses bras derrière son dos et le serre contre elle sans avoir cessé de répéter comme une litanie « je t’en prie », « tu me fais mal », « je t’en prie », « tu me fais mal ».

Alain est confus. Il savait exactement que cela allait se passer de cette manière. Il le voulait pour son plaisir. Il a tiré le plaisir qu’il voulait. Est-ce un viol ? Un coin de sa tête dit oui. Pourtant il veut qu’en plus d’avoir accepté, elle lui dise que non. Il veut qu’il l’ait forcée car c’était sa vengeance, et il veut qu’elle y ait consenti, pour que le souvenir de cette nuit là soit libre d’aller et venir sans entrave dans sa mémoire. Le souvenir de la nuit ou il a franchi le Rubicon. La nuit ou la lave informe qui bouillonnait dans le volcan des fantasmes s’est répandue à la surface du sol, s’y est solidifiée, est devenue réelle et palpable, et a recouvert de noir la vie frémissante qui se trouvait là avant.

Elodie se relève et va à la salle de bain.

– Tu as vu comment tu as mis mes cheveux. Je ne peux plus sortir maintenant. Que va dire mon père si je rentre à la maison avec cette tête.
– Tu lui diras que tu as couché avec un blanc pour qu’il te rende un service.
– Tu es méchant -dit-elle sans reproche- Tu as changé. Tu n’es pas le gentil Alain que j’aie connu.
– Pardonne-moi. Je ne voulais pas te bousculer comme ça. Est-ce que tu me pardonnes ?

Un silence.

– Dis-moi, Elodie, est-ce que tu me pardonne ?
– Peut-être.

Deux jours après Elodie avait un petit collier d’or dans sa boite aux lettres et son frère, un rendez-vous avec le consul de France pour le visa qu’il essayait en vain d’obtenir depuis des mois. Coup de fil. Remerciements et promesses de retrouvailles. La mission est finie. La lave échappée du volcan allait commencer, lentement, à dicter sa loi à la vie sexuelle d’Alain. La loi de l’amour sous contrainte. La loi d’un monde où la transgression est possible. Un monde où la douceur et l’amitié se marient avec la contrainte. L’amour se marie avec la douleur physique.


 

Les pleurs d’Esther chassent le souvenir d’Elodie. Le regard d’Alain a changé. Si Esther pouvait le voir à travers son bandeau, elle se serait enfuie aussitôt. Cependant il réussit à contrôler sa voix et c’est avec la même chaleur réconfortante qu’il lui dit :

– Bravo Esther. Tu es magnifique. Je suis très fier de toi. Maintenant, tu vas te déshabiller complètement. Ne garde que tes escarpins.
– Mais, ce n’est pas ce qu’on avait dit
– C’est la troisième fois que tu parles Esther. Tu auras la cravache maintenant. Tu dois obéir ou enlever le bandeau. C’est la règle.

D’un coup elle a peur. Enlever le bandeau maintenant ? Se rhabiller ? Sortir seule dans la rue ? Rentrer chez elle ? Sans lui ? Non. Elle ne peut pas. Le salaud. Le salaud. Il ne devait pas faire ça. Elle sanglote maintenant bruyamment, mais elle ne dit plus rien. Elle joint les mains dans son dos et la boucle du soutien-gorge s’ouvre. Ses seins, libérés, descendent imperceptiblement, découvrant leur forme naturelle. Et avec elle les petits défauts que cachent si bien la lingerie de luxe. Esther est gênée. Nue devant cet homme qu’elle ne voit pas. Mais la voix est redevenue rassurante.

« Très bien Esther. Très bien. La culotte maintenant ».

Le geste d’Esther enroule la rondeur des fesses. Elle plie les genoux pour faire descendre la culotte au bas des jambes. Elle doit maintenant soulever un pied. Puis un autre. Elle est penchée en avant. Ses seins se sont légèrement décollés de son corps. Elle a un pied dans la culotte et l’autre au-dehors. Elle a honte. Comment font les strip-teaseuses pour rendre tout cela charmant. Pourtant elle ne pleure plus. Elle finit vite et se redresse. La voix est là, qui efface la honte, qui lui tient chaud. Elle voudrait qu’il ne cesse jamais de parler. La seule chose finalement qui provienne du monde réel est cette voix. Et derrière la voix, dans la voix, l’homme qu’elle commence à aimer en même temps qu’il l’humilie.

Alain la conduit par la main et traverse le salon. Leurs corps se touchent. Elle croit deviner qu’il est nu lui aussi.

« Allonge-toi sur la table. »

Il a remis ses mains sur elle. Elles sont enduites d’huile et il la masse. La brûlure de la fessée disparaît. Il masse merveilleusement. Il connaît chaque muscle. Il lui fait découvrir des mouvements imperceptibles, très bas dans le dos, qu’Esther ignorait que son corps pu faire. Elle a de nouveau l’impression de n’être rien. Et en n’étant rien, elle se sent étrangement bien. Elle se sent en sécurité. Le désir monte en elle en même temps qu’une grande paix intérieure. Le désir monte. Elle n’en peut plus. Les mains de l’homme sur ses fesses, ses cuisses, ses reins, son dos ne lui suffisent plus. Elle ondule. Il ne dit rien. Elle s’enhardit. Elle glisse une main sous elle et commence à se masturber.

– Tu ne dois pas faire cela. Ce n’est pas dans nos codes. (La voix est dure).
– As-tu compris ?
– Oui.
– Lève-toi. Je vais te donner la cravache. (La voix est de nouveau envoûtante).- Oui, comme ça. C’est bien. Très bien. Mets-toi à genoux.- Très bien. Tu es belle. Tu es superbe. Ecarte les genoux.- Voilà. Comme ça. Maintenant, penche toi en avant. Mets-toi en levrette.- Très bien. Pose ta tête par terre, sur le côté.- Bien, très bien. Croise les bras dans ton dos.- Magnifique. Très bien. Tu es superbe. Cambre toi. Plus. Plus !

Et d’un petit coup de cravache sur les reins :

– Plus ! Voila. Tu dois toujours garder cette position. Tu as compris.
– Oui.

L’obscurité dans laquelle elle se trouve distord les sens d’Esther et exacerbe dans son esprit l’obscénité de la situation. Elle s’étonne d’avoir tout accepté. Elle n’aurait jamais cru. D’un coup elle a peur de cet homme qui peut faire sortir cela d’elle-même. Des choses dont elle ignorait elle-même l’existence. Et puis, renoncer maintenant, c’est s’humilier irrémédiablement. C’est accepter qu’on se soit trompé. C’est se dédire. Et ce désir qu’elle sent toujours en elle ? Ce désir qui lui gonfle la vulve ? Non ! Il faut abdiquer, boire jusqu’à la lie. Il m’aimera pour cela, j’en suis sure. Il m’aimera. Je désire tellement qu’il m’aime.

Il posa une main rassurante sur ses reins cambrés. Aussitôt la cravache cingla les fesses. Un éclair blanc traversa la tête d’Esther. La douleur s’était répandue dans tout son corps. Mais la main était là. Et la voix. Et l’autre main. Il la caressait et c’était délicieux. Puis la voix cessa. La main revint sur le creux des reins cambrés. Et la cravache cingla à nouveau. Cela dura longtemps. Elle avait perdu le contrôle. Elle ne sentait plus. Parfois, elle tombait. La douleur avait tout envahi, jusqu’à la notion du haut et du bas. Alors elle tombait. Et pourtant elle sentait encore. Les caresses entre chaque coup. Précises, habiles. Intimes. La vulve. L’anus. Le clitoris. L’intérieur des cuisses, là ou la peau est si fine. Les fesses. Le dos. La vulve. L’anus. Et le clitoris encore. C’est bon. C’est tellement bon.

Elle se fatigue. Elle tremble. Et puis, les caresses changent. Plus fermes. Deux mains posées sur ses fesses. Elle se laisse aller et la cravache ne vient pas au moment attendu. Elle peut enfin se détendre, s’abandonner. Sa bouche s’ouvre dans un soupir. Le sexe de l’homme entre en elle comme une délivrance. Elle veut crier mais l’homme impose sa force et son rythme. Lent. Lent et fort.

Ca dure longtemps, mais il ne jouit pas. Il est comme une machine. C’est terrible et ça lui fait peur. C’est bon. Terriblement bon. Puis l’homme se retire. Elle sent la verge se presser sur son anus. La verge est dure. Elle entre d’un coup. Ca fait mal et c’est bon. Le pubis de l’homme cogne maintenant contre ses fesses. Ses grandes mains la fessent alternativement, trois coups assénés à droite, puis trois coups assénés à gauche. Elle crie. Elle crie.

L’homme se retire. La voix revient inchangée.

– C’est très bien.- Tu es parfaite.- Lève toi maintenant.- Par ici.

Le toucher doux d’une serviette épaisse et propre parcours son corps encore tremblant.

– Voila tes dessous. Remets-les.- Très bien. Tu es belle. Tu es magnifique.- Voila tes habits. Habille-toi.

Disant cela il l’aide et caresse tout son corps de ses grandes mains rassurantes et autoritaires. Elle voudrait s’abandonner, mais elle sait que c’est le dernier supplice et qu’elle doit l’endurer. Elle comprend que c’est par délicatesse qu’Alain la force à se rhabiller avant de lui retirer son bandeau. Elle comprend qu’elle ne lui aurait pas pardonné de la ramener nue au monde réel. Surtout après la manière dont il lui avait arraché son consentement à dépasser les limites préalablement consenties.

Enfin s’approche le moment tant redouté du retour à la réalité. Les mains d’Esther sont posées à plat sur le torse d’Alain. Ils se font face. Il dénoue le bandeau. Leurs corps sont proches. Le bandeau tombe. Leurs regards se plongent l’un dans l’autre comme s’ils en avaient soif. Ils s’étreignent. Ils s’embrassent.

Elle comprit que c’était fini.

– On peut se revoir ?
– Je te rappellerais. Tu ne dois pas me rappeler la première. Tu as compris n’est-ce pas ?
– Oui.- Si tu désobéis, tu seras sévèrement punie.
– Oui.

La voix est sans appel.

– Je t’aime Alain.
– Moi aussi je t’aime Esther.

Elle sortit sans se retourner, pensa en frémissant à la punition promise et se jura d’appeler dès le lendemain.

Alain n’avait pas joui et il ne pouvait pas fixer ses pensées. Finalement il s’approcha du téléphone.

– Allo, Elodie ? Comment tu vas ma chérie ?- Bonjour Alain. Depuis quand ?

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Une réponse à La brûlure de la bougie par O_L

  1. Muller dit :

    Très bizarrement construit, l’auteur semble se laisser aller au gré de ses idées sans structurer suffisamment son texte. Après avoir lu l’excllent « Qui est donc Papillon ? », cette lecture est pour moi une déception.

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