5 -Fantasmes en stock
Toujours le mercredi 27 février
Albert flâne sur les quais de la Seine, il a rendez-vous à midi avec Gina Molay et chemine sans se presser. A onze heures elle l’appelle.
– On peut se voir plus tard, je n’ai pas trop envie d’aller au restaurant. 16 heures ça irait ?
– Euh…en principe j’ai un rendez-vous à 18 heures, donc ça devrait aller !
– Personne ne vous suit ?
– Non, j’ai vérifié plusieurs fois !
– A tout à l’heure.
Et voilà que ça sonne de nouveau ! C’est Sonia ! Il est fou de joie !
– Sonia, enfin !
– Mon Bébert ! Alors ça a marché ?
– En tout cas j’ai fait comme on avait dit !
– Super !
– On se voit à 18 heures ? T’auras ce que tu m’as promis ?
– J’en ai une partie, mais je dois voir à 16 heures la femme du type dont je t’ai parlé l’autre jour, elle m’a dit qu’elle allait me donner des tuyaux.
– Super ! Rappelle-moi tout de suite après ! Je t’embrasse.
– Moi aussi je t’embrasse.
Darousse
Après le coup de fil de Remiremont lui expliquant son échec, Darousse ne mit pas longtemps à se satisfaire d’une explication : Gina Molay avait selon toute vraisemblance prévenu Albert Leberger que celui-ci était repéré. Ce dernier n’avait donc rencontré sa mystérieuse correspondante que pour lui signifier que la remise de la clé était différée. Quel imbécile avait-il été de se précipiter chez Gina Molay ! Sans cette précipitation, la clé, il l’aurait déjà ! Quoiqu’en y réfléchissant, fallait-il s’acharner à rechercher cette clé ? L’essentiel n’était-il pas d’identifier les gens qui étaient derrière tout ça ? En espérant qu’il s’agisse bien d’espionnage industriel et pas d’autre chose ! Quant à la réunion de demain, il pensa d’abord la faire annuler, puis il se dit qu’il fallait y présenter une clé… A défaut de l’originale, il pouvait toujours se débrouiller…
Darousse descendit au bureau de Leberger, en ouvrit la porte avec son passe et rechercha une clé USB dans ses tiroirs, il en trouva une. Parfait, la police y trouverait les empreintes digitales de Leberger et même son ADN, il l’empocha à l’aide d’une feuille de papier et regagna son bureau. La clé était vierge, il y recopia tout le dossier « facturation », en revanche, il s’abstint volontairement de copier les documents relatifs à la démission de Gérard Molay, on n’est jamais trop prudent.
– Allô Remiremont ! On a fait le point de notre côté, donnez la priorité absolue à la filature de la fille, on veut absolument savoir pour qui elle travaille.
– Je pense que nous le saurons facilement demain.
– Vous en êtes certain ?
– On n’est jamais sûr à 100 %. Par exemple, si la personne ne travaille pas demain, ben il faudra attendre.
– Dans ce cas, il y a d’autres moyens que la filature, non ?
– Bien sûr, bien sûr…
– Alors je compte sur vous !
– Pour la clé, on laisse tomber ?
– Disons que ce n’est plus la priorité.
« Fais chier, ce mec ! » Soupira Remiremont.
Tanya
Son cabinet de détective privé s’était d’abord occupé de constats d’adultères et de recherches de personnes avant d’acquérir, un peu par hasard, une certaine réputation dans des affaires d’employés indélicats. La filature était le moyen privilégié pour accomplir les enquêtes et le personnel employé n’était pas vraiment formé à autre chose. Cela expliquait sans doute l’échec de la récupération de la clé USB par « Starsky et Hutch ». Savoir pour qui travaillait le contact d’Albert Leberger sans filature était théoriquement possible, mais…
L’arrivée de Tanya interrompit ses pensées.
– Oh toi, tu as à l’air soucieux, mon Didi !
– On ne peut rien te cacher.
– Et qu’est-ce qu’il t’arrive, mon Didi ?
– L’affaire Choser & Ruppert me prend la tête !
– Pourquoi ? Je n’ai pas fait du bon travail ?
– Toi, si…
Il lui expliqua tout. Tanya était bien la seule à qui il faisait des confidences, mais il faut dire que ces deux-là avaient dépassé les simples relations patron-employée pour devenir beaucoup plus… (Comment ça vous vous en doutiez ?)
– On va manger ? Proposa-t-elle.
– J’ai pas grand faim, j’irai me chercher un sandwich.
– Faut se détendre, le midi c’est fait pour ça !
– Ben détends-moi !
– Tu ne penses qu’à ça !
– Oui !
– Alors je vais fermer la porte…
Elle lui tripota la braguette sous laquelle le membre viril commençait à raidir. Puis elle dégrafa la ceinture et fit glisser le pantalon jusqu’en dessous des genoux.
– Il est filé ! Remarqua Tanya en découvrant le bas auto-fixant qui lui gainait la jambe.
– Au prix où je les paie, ça devient une vraie ruine ces trucs-là !
Eh oui, notre détective privé avait un jardin secret qu’il ne partageait depuis peu qu’avec la belle Tanya, il portait parfois des dessous féminins ! Oh, ça n’allait pas bien loin, juste des bas et des strings de femme, un jour il irait peut-être plus loin, mais il n’était pas pressé.
L’aventure sans lendemain qu’il avait eue avec Gina Molay l’avait profondément troublé, non pas l’acte lui-même, qui restait un délicieux souvenir, mais les commentaires étranges que cette troublante femme lui avait formulés.
Didier Remiremont, assez bel homme dans la quarantaine avait divorcé depuis trois ans, n’arrivant pas à accorder sa vie professionnelle avec une vie de couple « normale ». Avant d’avoir une liaison régulière avec Tanya, il se satisfaisait de rencontres sans lendemain. Tout cela n’était pas désagréable mais manquait souvent d’originalité.
En une année il avait évolué, outre cette passion pour les dessous féminins qu’il assumait complétement, il s’était acheté un gode, de taille moyenne, assez réaliste, qui était creux de façon à pouvoir contenir un vibro-masseur à piles.
Il l’avait acheté dans un sex-shop pour pouvoir le sucer, afin de savoir qu’elle impression cela faisait de sucer une bite en plastique. C’est dans le métro, son paquet sous le bras, envahi par ses fantasmes qu’il décida qu’il se le foutrait dans le cul. Après tout c’était fait pour ça… et vu le nombre impressionnant de modèles qu’il avait vu en sex-shop, il ne devait pas être le seul à apprécier ce genre de plaisirs…
Arrivé chez lui, il s’était déshabillé et avait enfilé une paire de bas, puis il avait déballé le gode et l’avait porté à sa bouche, cela l’avait profondément excité, surtout, allez savoir pourquoi, quand sa langue passait à la base du gland. Rapidement il voulut passer à la suite, et s’aperçut alors qu’il aurait dû acheter du gel ou des préservatifs afin que l’objet puisse pénétrer en douceur dans son orifice anal. Qu’importe, un peu d’huile d’olive fit l’affaire, et il fit entrer l’objet très doucement, ce n’est qu’une fois introduit qu’il actionna la commande. Ça vibrait dans son cul et il aimait ça, il avait une fausse bite dans le derrière et il aimait ça, et même qu’il avait aimé la sucer. Il se branla en se pinçant les seins de l’autre main. Il jouit très vite, incapable de faire durer la séance tellement l’excitation était intense.
Il avait regardé sa montre, cela ne faisait même pas dix minutes qu’il était rentré à la maison, il alla se rincer la quéquette et nettoyer le gode. Il n’eut ni regret, ni stress post éjaculatoire, il assumait complétement et en ressentait une certaine fierté. Le soir il recommença.
Un jour, il le savait désormais, il remplacerait le gode par une vraie bite, mais ne savait trop comment provoquer l’occasion. Les hommes qu’il croisait dans la rue ne lui provoquaient aucun trouble sexuel, sauf en de rarissimes occasions quand il tombait sur un efféminé… et les femmes le troublaient toujours autant. « On peut aimer les bites et rester hétéro » lui avait dit Gina, pas facile de se classer, mais après tout pourquoi faudrait-il le faire ? Les travestis et les transsexuelles ? Peut-être est-ce parmi eux (parmi elles ?) qu’il trouverait son bonheur, de la féminité et de la bite en même temps ! Rendez-vous compte ! Un jour il irait dans un bar à travelos, il ne l’avait jamais fait.
Quand il avait commencé à draguer Tanya qu’il venait d’embaucher, celle-ci peu farouche se laissa faire. Il l’avait emmenée chez lui, lui avait demandé si elle voulait essayer le gode, cela l’avait amusée, il se demandait comment il allait procéder pour lui demander de l’utiliser sur lui sans passer pour le roi des pervers. Il n’eut pas cette peine, c’est elle qui demanda :
– Tu t’en sers, toi ?
– Ça m’arrive !
– Tu te le fous dans le cul ?
– Je l’ai déjà fait.
– T’est un cochon toi !
– Je…
– T’inquiètes pas, j’aime bien les cochons ! Tu veux que je te le mette ?
– T’as déjà fait ça ?
– Oui, mon ex, c’était son truc, j’adorais lui préparer son petit cul, je le léchais bien avec ma petite langue, puis je mouillais un doigt, je lui enfonçais bien dedans, je le faisais aller et venir…
– Arrête tu m’excites !
– Et alors ? On est là pour ça, non ?
Vous pensez bien que lui avouer après cela ses penchants pour les dessous féminins n’avait été qu’une simple formalité.
Tanya engloutit la bite de son amant et patron dans sa jolie bouche gourmande et la fit aller et venir accompagnant ses gestes d’un bruit de succion assez incongru.
– Déshabille-toi, j’ai envie de te peloter les nichons !
– Pas de problème ! Répondit la blackette en se dégageant.
En fait elle ne se déshabilla pas, mais se débrailla, Didier Remiremont ne se lassait pas des avantages de la belle et de sa peau veloutée couleur de chocolat noir. A croquer bien sûr !
Quand il la caressait, il commençait toujours par les seins (sans doute un réflexe masculin inné), puis ensuite s’occupait des fesses dont il aimait flatter le galbe.
A la hâte, il finit par enlever ses propres habits, tandis que Tanya farfouillait dans le tiroir du bas à la recherche du gode. Elle sortit également la boite de préservatifs et en déballa un afin d’habiller le sex-toys.
– Allez Didi ! Ouvre bien ton cul que je te le prépare :
Didier se retourna et s’arcbouta contre le bureau tandis que Tanya lui écartait les globes fessiers afin d’approcher sa langue du trou du cul… Elle procéda à de rapides balayages qui firent se pâmer d’aise notre homme. Puis elle mouilla son doigt, le fit glisser dans l’étroit conduit, le fit aller et venir, elle passa ensuite à deux doigts, puis à trois. Didier gémissait de bonheur.
– Et maintenant le gode !
– Ah ! Oui ! Vas-y encule moi bien !
– T’aimes ça ! Hein, vieux cochon !
– Je ne suis pas vieux !
– Oh ! J’ai oublié de te le faire sucer !
– C’est pas grave !
Mais Tanya, faisant fi des protestations de son patron, retira le gode du cul de Didier, et après avoir vérifié dans quel état il était, le porta à la bouche de ton amant.
– Allez, suce ! Suce la bite !
– Il n’est pas très propre ! Objecta mollement le détective.
– C’est juste un peu de merde, c’est rien du tout. Lèche !!
Après quelques minutes de délire, elle remit l’objet dans l’anus et le fit aller et venir. Elle se décida alors à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis pas mal de temps.
– T’as déjà essayé avec une vraie bite ?
– Non !
– T’aimerais pas ?
– J’en sais rien !
– Tu ne dis pas non !
– Peut-être que si un jour j’ai l’occasion, mais je ne cherche pas !
– Et dans tes fantasmes ?
– Ah… mes fantasmes ! Et ton copain que tu godais, il avait été plus loin, lui ?
– Ah ! Ah ! Tu voudrais bien savoir, hein ?
– Oui !
– Oui, une fois, on faisait la fête, on avait pas mal picolé et ça tournait un peu en orgie. Il a sucé une bite et après il s’est fait enculer. Assez bizarrement un gars et une fille qui étaient là et qui pourtant n’avaient pas l’air coincés ont été choqués. Du coup mon ex en a été contrarié. Les gens disent qu’ils ont les idées larges, mais dans la pratique ils ne les ont pas tant que ça !
– Et après ?
– Ben après, il m’a larguée, mais ça n’a aucun rapport…
– Tu n’as pas honte de me raconter des histoires aussi cochonnes ? Plaisante-t-il.
– Oh, là là ! Si, si, je suis toute honteuse !
– Ça mériterait bien une bonne fessée !
– Je crois que je l’ai bien méritée en effet.
C’est un jeu qu’ils adorent. Et ils se complètent bien, Tanya aime qu’on lui tripote et qu’on lui « maltraite » les fesses. Didier adore les regarder, les peloter et les cingler.
Didier Remiremont a couché la blackette sur ses cuisses et commence à la fesser à la volée.
– Tiens ! Ça t’apprendra à me demander si je suce des bites !
– Hi ! Hi ! Aïe !
– Je vais te faire un cul tout rouge.
– J’m’en fous, j’aime ça ! Aïe ! J’aime bien me faire donner la fessée par un suceur de bites.
– Mais c’est qu’elle insiste ! Tiens !
– Aïe !
– Tiens !
– T’es qu’un suceur de bites et un enculé !
– Mais tu vas te taire ! Tiens ! Tiens !
Didier en attrape mal aux mains, il arrête.
– C’est bon !
– Tu m’as excitée, mon salaud. Tu me suces un peu maintenant ?
Tanya s’assoit sur le bureau et écarte les cuisses tandis que Didier vient fourrer sa langue dans ce délicieux minou si gentiment offert.
Il aime se délecter de ce délicieux fumet d’odeurs intimes.
– Tu me fais une petite goutte ?
– C’est tout, tu ne veux pas 100 balles et un Mars, non plus ?
– Non, juste une petite goutte !
– Je ne sais pas si j’ai envie, attends je me concentre.
Quand elle se concentre, elle ferme les yeux, Didier kiffe sur son visage, mais il regrette que sa précipitation à sauter sur sa secrétaire l’empêche d’apprécier son corps. Il est ainsi assez rare qu’il la voie complétement nue ! Et pourtant elle est si belle, si désirable si…
– Je crois que ça vient, attention !
Effectivement, le gosier de Didier s’emplit d’un peu de pisse qu’il mâche en bouche comme s’il s’agissait d’un Grand cru de Bordeaux avant de l’avaler.
Il nettoie ensuite les dernières gouttes en balayant la chatte de sa langue, puis rassasié, il attaque le gros clitoris érigé de la belle.
Déjà Tanya se raidit, tandis que le rythme de sa respiration se modifie. Elle halète, ses yeux sont dans le vague.
– Je… Je…
Didier a compris, il porte sa main devant la bouche de Tanya afin d’étouffer le cri de sa jouissance. Puis très vite, il s’encapote, la pénètre, la lime et jouit le visage congestionné et le corps en nage moins de cinq minutes après.
Ils s’échangèrent ensuite un tendre baiser.
– Alors ça va mieux, t’es plus stressé ?
– Stressé, non ! Mais je ne sais toujours pas comment faire pour clôturer cette enquête Choser & Ruppert.
– Je peux t’aider ?
– J’en sais rien, peut-être. Si on ne file pas la petite dame, il faut la faire parler et pour faire parler les gens, il y a quatre solutions : le chantage, la violence, le sexe et le fric.
– Alors ?
– Eliminons le chantage on n’a rien pour en faire, le sexe aussi, on n’a pas le temps. La violence, je suis contre, il faudrait sous-traiter, j’ai pas envie d’engager des frais supplémentaires, et en plus ça peut être une source d’emmerdes.
– Reste l’argent ! Ça ne va pas non plus ?
– Je sais pas ! Un truc qui peut marcher, c’est le suivant : Tu vas voir la fille et tu joues cartes sur table : tu lui expliques que tu travailles pour un détective privé et que donc tôt ou tard tu sauras tout, mais que tu souhaites gagner du temps, et tu lui proposes du fric en échange en la persuadant que pour elle, c’est sans risque puisque pour tout le monde sera persuadé que les renseignements auront été obtenus par une enquête « classique » avec filature. L’idée c’est de payer en monnaie de singe soit avec un faux chéquier soit avec des faux billets…
– Humm, dangereux, ça !
– Mais non, une fois les renseignements obtenus, tu passes un coup de fil à la fille, tu lui expliques que les billets sont faux, comme ça elle n’est pas tentée de les remettre en banque et personne ne remontera la filière.
– Alors on fait comme ça ?
– Ben non, je n’ai ni faux billets, ni faux chéquier.
– Alors je le fais avec des vrais billets, et je les lui repique avant de partir.
– Comment ça ?
– Je me débrouillerai ! On passe à la Poste, on retire combien ?
– Bof, 2000 euros !
Nœud-Pap
Nœud-Pap est à l’heure pile au rendez-vous, il parait tout intimidé. Il m’a déjà vue « en civil » un jour où je lui ai payé un café mais jamais chez moi ! Je lui propose un verre, il se contente d’un peu d’eau gazeuse, et nous discutons cinq minutes à bâtons rompus sans qu’il ne soit question ni de sexe ni de mon activité professionnelle. Ce bonhomme est décidément d’une correction exemplaire.
– Je vais te montrer la salle de bain.
Ce tutoiement (à sens unique) reste en ce moment la seule référence à nos relations tarifiées, mais que voulez-vous je n’arrive pas à vouvoyer quelqu’un que j’ai auparavant tutoyé.
Il prend des mesures, me fait préciser ce que je souhaite, me demande l’accès à mon ordinateur, y introduit une clé USB contenant un petit logiciel, il recopie les notes qu’il a prises et miracle : la salle de bain de mes rêves apparaît sur l’écran ! La salle de bain ? Non, des salles de bains, je n’ai plus qu’à choisir, ce que je fais, mais demande néanmoins un délai de réflexion. Voilà c’est fini, Nœud-Pap prend congé, bisou, bisou, le voilà parti.
Je m’aperçois alors que Nœud-Pap a oublié de reprendre sa clé USB. Je la déconnecte de l’ordinateur et la laisse pour le moment sur la table du salon. Du coup je rebranche mon téléphone professionnel, si Nœud-Pap veut m’appeler… il n’a que ce numéro.
Voilà qu’on sonne à la porte. Sans doute Nœud-Pap qui revient chercher sa clé ? Ben non, c’est une ravissante blackette que je n’ai pas l’honneur de connaitre.
– Euh, Madame D’Esde ?
– Oui ?
– Sandrine Chambord, je suis désolée de vous déranger, c’est pour une affaire qui vous concerne, mais rassurez-vous, il n’y a rien de grave, je peux rentrer cinq minutes ?
– Démarcheuse ? Témoin de Jéhovah ?
– Non, non, rassurez-vous, rien de tout ça ! Je n’ai rien à vendre, je ne fais pas ni quête, ni propagande.
Je la fais donc entrer et asseoir.
– Donc, voilà, je suis…
Padoum, padoum (ça c’est la sonnerie de mon téléphone)
– Ah ! Excusez-moi !
Je m’éloigne dans la cuisine, ce n’est pas Nœud-Pap, mais un client qui veut un rendez-vous, mon agenda est resté rue des Saulniers mais de mémoire il me semble bien être libre demain à 15 heures. Ça lui convient très bien.
Je vais pour retourner au salon quand la sonnette de l’entrée retentit. Je repasse par le salon.
– Excusez-moi, je suis à vous tout de suite après ! Lançai-je à la petite dame.
J’ouvre. Cette fois c’est bien Nœud-Pap. Je le laisse sur le palier et m’en vais chercher la clé USB qu’il vient récupérer et que j’ai donc laissée sur la table.
Sauf que la clé n’y est plus !
C’est quoi ce cirque ? Il me semblait bien pourtant, je regarde à droite, je regarde à gauche…
– Vous cherchez quelque chose ? Demande la blackette.
J’ai une envie irrésistible de lui répondre « mais non pas du tout, je cueille des champignons » mais je reste correcte :
– Je croyais avoir laissé une clé USB sur la table.
Machinalement je regarde par terre : elle est là ! Je la ramasse et l’apporte à son propriétaire.
– Je te l’avais mis de côté, mais je ne la trouvais plus.
– Merci, à bientôt !
– A bientôt !
Je reviens, la blackette s’est levée.
– Je viens d’avoir un message, une urgence, je me sauve.
Une folle ?
Rejouons la scène mais version Tanya.
« Mon baratin est prêt, j’ai envisagé plusieurs scénarios différents, j’ai confiance.
La personne m’ouvre sans trop de difficultés, j’ai malgré tout l’impression qu’elle attendait quelqu’un d’autre.
Elle me fait asseoir, je m’affale dans un fauteuil super-moelleux et jette un coup d’œil circulaire (déformation professionnelle). C’est alors que j’aperçois sur une table ronde, juste à côté d’une corbeille de fruits en porcelaine à moitié vide… une clé USB.
Merde, voilà qui n’était pas du tout prévu. Et je ne peux changer mes plans, n’en n’ayant pas de rechange. Didi m’a bien précisé que son client ne faisait plus de la récupération de la clé, une priorité (pour quelle raison, d’ailleurs ?), mais elle est devant moi ! Si j’arrivais à m’en emparer ce serait un formidable « bonus »…
Même pas le temps de commencer à parler qu’on appelle Madame d’Esde au téléphone. Elle file à côté pour répondre, madame a ses petits secrets, ça peut être intéressant, je tends l’oreille sans saisir grand-chose, il est question d’un rendez-vous demain à 15 heures. Ça veut dire soit qu’elle ne travaille pas, soit qu’elle exerce une activité où il faut prendre rendez-vous ! Qu’est-ce qu’elle peut bien fabriquer ? Une pute ? Elle n’en a pas le genre pourtant.
Et soudain l’idée (en espérant qu’elle soit géniale) : je me lève, prends la clé et la pose par terre près d’un pied de table. Si elle se rend compte que la clé a disparu pendant l’entretien, elle la retrouvera, sinon je la ramasse et je l’embarque. Tanya, ma fille, tu es géniale !
La revoilà… On sonne à la porte, pas moyen d’être tranquille chez cette nana. Elle va ouvrir. Murmures. Je n’entends rien. Je me lève discrètement, j’aperçois juste un bout de chapeau. Elle revient, se dirige vers la table, regarde par terre, parait surprise. Putain, j’ai compris, elle cherche la clé pour la remettre à son visiteur ! C’est ce qui s’appelle se trouver là au bon moment ! Elle regarde de nouveau sous la table, cette fois elle la voit, la ramasse et la porte à son visiteur.
Il s’agit maintenant de prendre la bonne décision. Je me lève, remets mon manteau, sort mon portable.
– Je viens d’avoir un message, une urgence, je me sauve.
Je disparais, un mec en chapeau attend l’ascenseur, c’est le visiteur. Je déboule l’escalier et l’attends en bas, s’il est à pied, je le suis, s’il est en voiture, je relève le numéro.
Il attend l’autobus, quand il monte, je me colle derrière lui, on est serrés comme des sardines. Tant mieux. J’accède à l’une de ses poches de pardessus : pas de clé ! J’attends un arrêt pour changer ma position et avoir accès à l’autre poche. Allons-y ! La clé est là ! Trop la chance ! Si Didi ne me refile pas une augmentation après ce coup-là, c’est à désespérer du genre humain.
Il descend près des Halles et je le suis jusqu’à un magasin de salle de bains l’enseigne indique « Eau-confort ». Qu’est-ce que c’est drôle ! J’attends un peu, puis j’aperçois le bonhomme déambulant dans le magasin sans chapeau et sans manteau. Pas de doute, il travaille ici. ».
Un coup de fil aux renseignements pour avoir le numéro de téléphone, Puis j’appelle ici.
– Eau-confort ?
– Oui !
Je le vois à travers la vitrine
– Je voudrais parler au responsable du magasin ?
– C’est moi.
– Ah ! Bonjour Monsieur Richard !
– Pardon ? Quel nom vous avez dit ?
– Vous n’êtes pas monsieur Richard ?
– Non vous devez confondre.
– Je me suis mélangée dans mes fiches, vous êtes monsieur…
– Berton ! Marcel Berton !
– Ah, bon, excusez-moi !
Mission en principe terminée. Tanya en rend compte au téléphone à Didier Remiremont
Albert
Il est 16 heures, Albert a du mal à reconnaitre Gina Molay, elle a chaussé des lunettes noires et s’est maquillée comme une voiture volée.
– Vous êtes très chicos, cher Monsieur ! Lui lance-t-elle en guise de bienvenue.
– Pardon ?
– Je disais que vous étiez très chicos, de la tête aux pieds.
Puisqu’elle le dit, il est pourtant toujours habillé à peu près de la même façon, jean, blouson et pull-over, mais il est tout de même flatté dans son égo.
– Merci du compliment, mais vous, ça n’a pas l’air d’être la grande forme !
– Non, hier je vous ai dit que Darousse était venu me voir ?
– Oui !
– Il m’a cognée, heureusement le chien m’a défendue et il s’est barré, mais le soir je me suis engueulée avec Gérard, j’ai fait ma valise, je suis à l’hôtel.
– Je suis vraiment désolé pour vous ! Répond Albert, conscient de la banalité de sa réplique.
– Bon, on peut boire un chocolat, par là ?
– Allons là-bas, au coin !
Et une fois attablée, Gina livra ses confidences.
– J’ignore ce qu’il en est actuellement, mais quand on a forcé Gérard à démissionner, les rapports entre Darousse et la chef comptable… Comment elle s’appelle déjà ?
– Evelyne Roche.
– Oui, c’est ça, leurs rapports étaient apparemment exécrables. Ils le sont toujours ?
– Y’a pas pire, ils ne peuvent pas s’encadrer, ils sont toujours en train de s’envoyer des piques et de se contredire.
– Je vois que la comédie dure toujours !
– La comédie ?
– Vous savez où ils déjeunent ?
– Qui ça ? Darousse ?
– Darousse et Roche !
– Ma foi, non ! Pas ensemble en tous cas ! Répondit-il en riant.
– Non, ils ne déjeunent pas ensemble, par contre ils baisent ensemble !
– Impossible !
– Si ! Un midi Gérard était allé faire une course vers la rue de la Convention, ils les a vu sortir ensemble d’un hôtel.
– C’est quoi cette histoire ?
– Alors le lendemain comme il est un peu fouille merde, il a suivi la mère Roche, elle a retrouvé Darousse cinq cent mètres plus loin dans un coin où personne ne va parce qu’il n’y a rien à voir. Ils les a vus : gros patins et après hôtel…
Elle s’interrompit pendant que le garçon apportait les consommations.
– Le problème c’est que cette fois-là, Gérard s’est fait repérer, ils l’ont vu. L’après-midi même il était convoqué. Darousse lui a expliqué qu’il ne pouvait se permettre de le garder dans ses effectifs après ce qu’il avait vu et il a acheté sa démission… et son silence. Une fois les formalités accomplies, ça a été les menaces au téléphone. J’ai ensuite appris qu’ils avaient été jusqu’à payer un mec pour une séance d’intimidation musclée.
– Et puis ?
– Et puis plus rien, vous savez tout !
Albert se demanda un moment s’il n’avait pas affaire à une mythomane, mais il n’en était pas moins anéanti ! Tout ce cirque pour aboutir à une banale affaire de cul !
Bien sûr il se demande pourquoi Darousse et Roche se livrent à cette comédie, mais ce n’est vraiment pas son principal souci.
– Vous avez l’air déçu ? Reprit-elle.
– Non, enfin si, je pensais que votre mari avait été viré parce qu’il avait découvert un truc pas clair dans le processus de production…
– Mais vous vous rendez compte de ce que vous pouvez faire avec une telle information ? Par exemple les prendre en photo, les faire imprimer sur des flyers et les faire distribuer à l’entrée de la boite. Ou alors coller des papillons dans les chiottes genre « Roche se fait baiser tous les midis par Darousse à l’hôtel Machintruc », des idées comme ça j’en ai plein depuis un an, je les ai notées sur mon ordi. Tenez, je vous en ai fait une copie.
Elle lui tendit trois feuilles qu’il parcourut d’un regard machinal et distrait.
– Et qu’on ne me dise pas que c’est dangereux ! Continua-t-elle, l’idée c’est de multiplier les témoins, devant le nombre, il ne pourra rien faire.
– D’accord je lirai ça attentivement ! Je vous remercie.
– Mon mari n’a jamais eu assez de couilles pour faire ce genre de choses. C’est le roi des trouillards.
– D’accord, d’accord, murmure Albert.
Il est ailleurs. Que va-t-il maintenant raconter à Sonia après ce fiasco ?
– Bon vous avez un rendez-vous dans pas longtemps, vous m’avez dit ?
– A 18 heures !
– Une femme ?
– Non, un truc de copropriétaires, je ne sais pas combien de temps ça va durer.
– Vous êtes marié ?
– Oui, ça va faire vingt ans.
– Et ça se passe bien ?
– Y’a des hauts et des bas, comme dans tous les couples.
– Jalouse ?
– Non, elle serait mal placée.
– Je vois ! Gentleman agreement ?
– En quelque sorte.
– Je peux être très directe ?
– Je crois que j’ai compris.
– Ça vous tente ?
Elle lui prend sa main et la serre dans la sienne. Il se laisse faire un moment, puis se dégage.
– Je… Je… Balbutie-t-il
– Ne dites-rien, je me sens si désemparée, vous savez ! Et puis vous m’êtes vraiment très sympathique.
Le problème c’est qu’Albert n’est pas du tout motivé, ses pensées vont toutes en ce moment vers Sonia. Et il est partagé entre la joie de la revoir dans maintenant moins de deux heures et l’angoisse d’avoir à lui avouer son échec.
– Je vais vous laisser ! Finit par dire Albert !
– Vous voilà bien pressé. Dites-moi si je me trompe, mais vous avez l’air terriblement soucieux, or quand on est arrivé au bistrot, vous aviez l’air plutôt joyeux.
– Mais non !
– Mais si. Je vous ai donc dit quelque chose qui vous a contrarié ? Dites-moi ce que c’était, qu’on ne se quitte pas sur une mauvaise impression.
– Y’a rien du tout, vous vous faites des idées.
– Admettons ! Si votre rendez-vous ne s’éternise pas, passez-moi un coup de fil, on pourra reprendre la conversation.
– Au revoir, Gina.
Darousse
Le téléphone de Darousse émet sa petite musique, c’est Remiremont.
– L’enquête que vous m’aviez demandée est terminée, et en plus nous avons récupéré la clé USB, je vous la fait porter par un coursier. La personne à qui elle était destinée se nomme Marcel Berton, et est responsable de la société Eau-Confort, je vais vous donner l’adresse…
Darousse va enfin y voir plus clair, mais il est circonspect. Il se renseigne : la société dont on lui a fourni le nom est spécialisée dans les installations de salles de bains… Comment une boite ayant ce genre d’activités peut-elle se trouver impliquée dans de l’espionnage industriel avec la sienne qui fait dans l’agro-alimentaire ? Mystère !
La clé lui fut livrée trois quarts d’heure plus tard. Il l’introduit dans l’ordinateur.
Incrédule, il en découvrit le contenu : il s’agissait d’un programme de simulation d’installations de salle de bains !
Furieux, il s’empara du téléphone :
– Remiremont, est-ce que vous ne vous foutriez pas de ma gueule par hasard ?
– Pardon ?
Il lui explique le contenu de la clé.
– C’est probablement un camouflage ! Répond le détective sans se démonter le moins du monde !
– Comment ça ?
– Il faut entrer dans le programme, les informations que vous cherchez doivent y figurer sous forme de commentaires. Il est aussi possible que ce soit un fichier caché ou même effacé.
– Effacé ?
– Ils ne le sont jamais complètement, rassurez-vous, un expert en informatique pourra sans doute vous aider.
– Mais pourquoi ne l’avez-vous pas analysé ?
– Monsieur Darousse, vous nous aviez demandé de mettre le paquet pour découvrir le destinataire final des informations qui ont été volées chez vous…
– Mais…
– Laissez-moi terminer, nous l’avons fait et rempli notre part du contrat, vous nous aviez précisé lors de notre dernier entretien que la récupération de la clé n’était plus votre priorité. Par chance, on est tombés dessus, considérez cela comme un bonus.
– Et si c’était une fausse piste ?
– J’ai la prétention de connaitre mon métier, Monsieur Darousse ! Répondit-il très sèchement.
– Vous ne m’empêcherez pas de trouver très bizarre, que dans un premier temps, vous nous aviez dit qu’il n’y avait pas eu d’échange de clés, et que vous la retrouviez après !
– Considérez ce détail comme couvert par le secret professionnel !
– Je n’ai pas le droit de savoir ?
– Vous avez votre adresse, c’est bien ce que vous vouliez, non ? Je vous le répète : la clé c’est en prime !
– Vous est-il possible de chercher à savoir ce que ce marchand de baignoires recherche ?
– Je ne souhaite pas continuer à m’occuper de cette affaire, Monsieur Darousse !
– Mais enfin, je vous paie !
– Justement, je vais vous poster mes honoraires et mon rapport officiel et on en restera là.
– Si c’est une fausse piste, il est hors de question que je vous règle quoi que ce soit ! Hurla Darousse.
Remiremont raccrocha, appliquant le principe selon lequel toute discussion avec une personne en colère ne pouvait qu’être contre-productive.
Darousse poussa un grand soupir, il ne savait que faire, sinon « cuisiner » Albert Leberger le lendemain matin.
Albert
Albert rechercha un cyber café, il y rédigea une courte note :
« Des bruits persistants ont couru l’an dernier dans l’entreprise au moment de la démission surprise de Gérard Molay, responsable de la production. Ces bruits qui pointaient des anomalies au niveau de la chaine de production ont été démentis par la direction (annexe !) mais aussi par les conclusions de deux rapports des services sanitaires… Il semble que ces bruits n’avaient pour objectif que de servir de brouillage au véritable motif de la démission de Molay, une banale affaire de sexe impliquant deux cadres de l’établissement. »
Il incorpora le texte dans la clé contenant les factures, puis sortit. Il lui fallait maintenant contacter Sonia.
– Ça y est j’ai tout, je ne sais pas si ça te servira à grand-chose, mais j’ai fait ce que j’ai pu !
– Rien de sensas, alors ?
– Non, je te raconterai
– T’as quelque chose à nous donner quand même ?
– Nous ? Pourquoi nous ?
– Ben moi et mon chef !
C’est ce qui s’appelle se rattraper aux branches !
– Bon on retrouve comme d’habitude ?
– J’ai un petit contretemps de dernière minute, je ne rentrerai que demain.
Déception !
– Ah, bon ben d’accord, demain au pont de Grenelle, alors ?
– A 18 heures demain, au pont de Grenelle, mon Bébert ! Il va falloir qu’on rattrape le temps perdu !
– Et comment !
– Euh, tu peux remettre ce que tu as trouvé à Faby, elle t’attendra tout à l’heure devant le pont à 18 heures.
– Pour quoi faire ? Je te donnerai tout ça demain !
– Non, mon chef part tout le mois de mars en déplacement, j’aurais voulu qu’il l’ait avant. Tu vois ?
– Bon d’accord. On se voit demain, c’est sûr ?
– Sûr et certain, mon Bébert, j’ai déjà mon billet de train.
– D’accord, bisous, à demain.
– A demain, bisous mon Bébert.
Il est dépité, contrarié le « Bébert » et il est aussi pris d’un énorme doute. Si cette fille le faisait marcher ? S’il s’agissait d’une manigance pour essayer de percer les secrets de sa boite ? Bizarre tout de même cette attitude, elle est soi-disant en arrêt de travail, mais connait par cœur l’agenda de son chef.
« Pourtant, la photo, le sosie, la rencontre, ce ne pouvait pas être truqué ! Quelque chose m’échappe, quelque chose de pas très clair. »
A 18 heures, Faby était ponctuelle au rendez-vous. Albert se demanda si cette dernière ne pouvait pas lui en apprendre davantage.
– Bonjour, ça va ?
– Ça va, merci ! Répondit-elle en s’efforçant de sourire.
– Je vous paie un pot ?
– C’est gentil, mais je n’ai pas le temps. Vous avez apporté les documents ?
– Oui, vous n’avez vraiment pas juste cinq minutes pour prendre un « petit quelque chose » ?
– Je suis désolée !
Il lui tendit la clé.
– Tout est là ?
– Oui ! Bon ben je vous laisse, vous ferez un bisou de ma part à Sonia !
– Sonia ?
Moment terrible ! L’incompréhension de Faby ne dure qu’un instant, mais enfonce encore plus Albert dans ses angoisses.
– C’est vrai que c’est son vrai prénom, reprend-elle, mais au boulot on l’appelle tous Sophie.
– Ah d’accord, au service comptabilité ! Vous travaillez dans le même bureau ?
– Oui !
– Et, vous allez la voir quand ?
– Ben, tout à l’heure ! Allez, je file !
Son monde s’écroule, il réfléchit, se dit qu’il se fait sans doute des idées, qu’il voit inutilement tout en noir, mais non le comportement étrange de Faby ne cesse de l’interpeller.
Il a alors une idée, il masque son numéro de téléphone, compose celui de Sonia, puis prend soin de maquiller sa voix :
– Allo, Sophie ?
– Ah, non, c’est une erreur.
Il raccroche, complètement anéanti.
« Cette salope s’est foutue de moi ! Elle m’a manipulé. Je ne sais pas ce qu’elle cherchait exactement, mais quelque part je suis content de ne rien avoir trouvé. Et cette photo de sosie ? Un trucage ? Putain, ma pauvre tête ! »
Il n’a pas envie de rentrer de suite à la maison, il téléphone à sa femme.
– J’ai essayé de te joindre ce matin, ton portable ne répondait pas, et au boulot on m’a dit que tu étais en vacances.
Le portable qui ne répond pas ? Il comprend que le réseau ne devait pas passer dans le sex-shop où il était allé faire l’andouille.
– Pourquoi, y’a un problème ?
Sa femme ne l’appelle pratiquement jamais pendant le travail.
– Une fuite d’eau, je voulais le numéro de téléphone du plombier, mais bon, je me suis démerdé. Alors t’étais où ?
– On a eu une journée de séminaire, et justement ce soir y’a un restau de prévu.
– Bon d’accord ! Conclut-elle d’un ton peu convaincu.
Il pense d’abord retourner dans ce sex-shop de Montparnasse pour se changer les idées, mais la motivation n’est vraiment pas là, alors il appelle Gina Molay. Ils se retrouvent de nouveau Place Saint-Michel.
– Vous avez beaucoup de temps ? Demande-t-elle.
– Permission de minuit !
– Super ! On mange d’abord ou après ?
– En fait j’ai envie de parler, et vous devez être actuellement la seule personne au monde à qui je peux me confier ! Allons au bistrot.
– Mais, nous ne nous connaissons pas, mon cher ! Répondit-elle tout en le suivant à l’intérieur du premier troquet venu
– Je le sais bien. Vous voulez vraiment savoir pourquoi je me suis pointé chez vous l’autre jour ?
– Vous nous l’avez dit, mon mari n’a pas donné suite à votre demande, mais moi je suis là ! Mais j’ai effectivement l’impression d’avoir zappé un bout du film !
– En fait je me suis fait manipuler par une femme…
Et il raconta. Toute l’histoire. Gina fut attentive, ne coupant Albert que pour demander quelques précisions.
– Et ben, mon pauvre biquet, en voilà une histoire. Tu vas faire quoi maintenant ?
– J’sais pas, je vais me tenir tranquille, je ne vais pas chercher à revoir cette Sonia. J’espère qu’au boulot, ils ne vont pas me chercher des poux dans la tête, mais même, je ne crois pas que ça puisse aller bien loin.
– Espérons-le.
– Pouh ! Ça m’a fait du bien de parler.
– Je mangerais bien un truc vite fait, un croquemonsieur…
– J’ai pas très faim.
– Moi si, je n’ai rien avalé depuis ce matin. Et après on se paie une petite détente.
– Est-ce bien raisonnable ?
– Bien sûr ! Vous me disiez… On va se tutoyer, que j’étais la seule personne qui pouvait t’écouter, ben moi c’est pareil.
– Tu as besoin de parler ?
– Non, j’ai envie de baiser, mais avec mon œil au beurre noir, je ne peux pas draguer !
La peur de l’échec envahit Albert, mais il a une idée, si vraiment elle insiste, au moment fatidique, il lui suffira de dire qu’il n’a pas de de préservatifs sur lui… pas de pénétration, pas d’échec, c’est aussi simple que ça !
– Tu risques d’être déçue, je ne suis pas dans une forme olympique !
– Je prends le risque ! Et ne t’inquiètes pas, je vais te prendre en main et te faire oublier ta pétasse.
– En plus, je prends des médicaments pour le cœur et…
– Ecoute, biquet : tu vas te mettre à poil, et tu me raconteras ta vie après. D’accord ?
Albert se déshabilla, pratiquement certain de courir à la catastrophe. Il s’était fait des illusions avec Sonia se figurant qu’il suffirait à une femme d’être amoureuse de lui pour s’accommoder de ses pannes. Mais si Sonia jouait, Gina n’avait aucune raison de le faire.
– Pourquoi tu te tournes, t’as peur de me montrer ta bite ? Tu en as un joli petit cul dis donc, bouge pas, je touche ! Hum, c’est doux, tu fais du sport ?
– Pas trop le temps ! Répondit-il en s’étonnant de cette question car sa morphologie était assez peu sportive
– T’as peut-être raison parce que avec un cul pareil, t’aurais pas intérêt à faire tomber ta savonnette dans les douches !
Elle rit.
Un bref instant, Albert fantasma la scène : la douche pleine de mecs, il se baisse, on l’encule pendant qu’il suce une bite.
Du coup, il se met à bander. La main de Gina passe entre ses cuisses, lui attrape les couilles et les serre assez fort. L’érection est alors à son maximum. Gina s’éloigne, Albert se tourne :
– Et toi, tu ne te déshabilles pas ?
– Parfois, j’aime bien me déshabiller devant les hommes, une fois qu’ils sont à poil, ça me permet de les voir bander. Mais dans ton cas, c’est raté ! Tu tiens une de ces formes. Oh ! Mais dis donc ! Qu’est-ce qu’elle est belle !
Sa main s’en est emparée, elle décalotte, admire quelques secondes le joli gland brillant, et d’un coup d’un seul porte cette bite dans sa bouche, et l’attaque des lèvres et de la langue.
– Soit gentille, déshabille-toi ! Quémande Albert.
– Hummpf, humpf !
– J’ai envie de te voir nue !
– T’aimes pas les pipes ?
– Si, j’adore, mais j’ai envie de te voir toute nue.
– Bon on y va ! Je te fais un strip, ou j’enlève tout à l’arrache ?
– Non, normal !
Pendant que Madame se déshabille, Albert se branle un peu afin de maintenir son érection.
« Pour l’instant ça marche, pourvu que ça dure… »
– Quelle belle poitrine !
– T’as vu ça, hein ? En principe elle plait bien… et puis tu as de la chance, il n’y a pas tant d’hommes que ça qui l’ont vue. Tiens, il faudrait que je les compte, un jour où j’arriverai pas à dormir.
Mais Albert ne l’entend qu’à peine, tout occupé qu’il est à caresser et à peloter les seins de la belle Gina.
– On se calme ! On se calme !
Il ne se calme pas et entreprend de lui sucer les tétons, une fois l’un, une fois l’autre et après on recommence…
– Attends, attends attend… proteste Gina, je vais te faire sucer autre chose. Mets-toi sur les genoux, en face de moi.
Elle s’assoit sur le bord du lit et Albert croit qu’elle va lui demander de lui lécher la chatte. Elle lui tend alors son pied droit.
– Alors comment tu les trouves, mes petits pieds-pieds.
Le fait est qu’ils sont impeccables, bien nets, bien cambrés, les orteils élégants et les ongles vernis d’un joli rouge. Après, on apprécie ou on n’apprécie pas…
– Embrasse-les !
Il le fait, il n’est pas contrariant.
– J’adore qu’on m’embrasse les pieds. Ils sentent bon ?
La question est embarrassante. Le pied a transpiré, mais ne dégage pas pour autant d’odeurs désagréables. Albert n’est pas insensible aux odeurs corporelles qui auraient même le pouvoir de l’exciter. Alors pourquoi mentir ?
– Oui, ils sentent bon !
– Suce-moi mon gros orteils j’adore ça.
Albert trouva la suggestion incongrue mais s’y plia de bonne grâce. En suçant ce gros pouce, une évidence le saisit, il était en train d’effectuer les mêmes gestes des lèvres et de la langue que lorsqu’il avait sucé des bites l’autre jour dans le sex-shop de Montparnasse. Du coup il fantasma à fond en fermant les paupières.
– Suce le bien ! Suce-le comme si c’était une petite bite.
C’était plus fort qu’elle, chaque fois qu’elle couchait avec un nouvel amant, elle lui imposait cette pratique ensuite elle balançait son petit commentaire et s’amusait des réactions qu’il provoquait.
Car si le suçage d’orteil ne posait en lui-même aucun problème, lorsqu’elle osait la comparaison, elle n’obtenait souvent que silences polis ou dénégations plus ou moins offusquées.
Mais aujourd’hui elle n’en croyait pas ses oreilles. Elle avait pourtant cru entendre Albert répondre :
– Oh oui ! Oh oui !
Voulant en avoir le cœur net, elle ne put s’empêcher de lui poser carrément la question.
– Parce que tu en as déjà sucé, des bites, mon petit salaud ?
Albert est gêné, mais il devine que le sujet excite sa partenaire.
– C’est juste un fantasme comme ça…
– Et tu es sûr que tu n’as jamais essayé ? C’est dommage, tu m’aurais raconté…
Il fut à deux doigts de lui raconter sa petite fantaisie matinale, mais y renonça, cette expérience avait eu un petit côté sordide et lui avait laissé comme un sentiment d’inachevé. Il préféra inventer.
– C’était il y a bien 10 ans, nous étions chez des amis de rencontre pendant les vacances, on nous avait prévenus que ça tournerait peut-être en orgie, mais ça n’a pas gêné ma femme, au contraire, elle m’a poussé à venir. Bref on a pas mal picolé, et on a fumé des pétards…
– Elle est marante ta femme !
– Elle m’a demandé carrément si ça me gênait de la voir en train de s’envoyer des mecs. J’ai pas voulu faire le rabat joie. J’ai eu droit au grand discours, « c’est juste pour s’amuser, tu sais bien que c’est toi que j’aime etc…
– Alors ?
– Ben, un moment ça commençait à baiser dans tous les coins, ma femme se faisait peloter par deux mecs, et moi j’étais en train de caresser la poitrine d’une nana, toute mignonne, une allemande ou une hollandaise, je ne sais plus. Se pointe alors juste devant nous un mec, la bite bien bandée et il se met à se branler en nous regardant. J’avoue que j’ai été troublé parce que sa bite était vraiment très belle. Il m’a demandé avec un sourire « Tu la trouves belle ma bite ? » J’ai dû répondre un truc du genre « Oui, elle est très belle ! » Alors il m’a dit que je pouvais lui sucer si je voulais. J’ai refusé par reflexe, mais la nana que je tripotais m’a encouragé à le faire.
– Alors tu l’as sucé !
– Oui !
– Et tu as aimé ?
– Oui, j’en garde un bon souvenir.
– Tu n’as sucé que lui ? C’est ta seule expérience ?
– Oui
– Et ta femme, elle a dit quoi ?
– Elle y a fait juste une allusion, disant que ça l’avait amusée, mais après on n’a plus jamais abordé le sujet.
– Et le type il n’a pas voulu aller plus loin ?
– Lui si, moi je n’étais pas prêt.
– Humm, ça m’excite ce genre d’histoire, t’en a pas d’autres ?
– Ben non !
– C’est dommage ! Tu veux me prendre ?
Alors comme prévu Albert débite la phrase qu’il avait préparée.
– Je… j’ai pas de capotes… C’est idiot, je n’y ai pas pensé.
– Faut que ce soit les femmes qui pensent à tout ! J’en ai acheté une boite tout à l’heure…
Et la voilà qui s’en va la chercher dans son sac à main, qui en extrait une, qui la donne à Albert, qui débande comme un taureau mort, et qui se retrouve comme un con.
– C’est les médicaments, je t’avais prévenu, je suis désolé…
– Médicaments mon cul !
Et Gina s’en va sur le lit, se met en levrette en cambrant les fesses, dans cette position Albert peut voir tous ses trésors, la chatte et le petit trou.
– Vas-y, branle toi en me regardant, ça te plait ?
– C’est magnifique ! Quel spectacle !
– La forme revient ?
– On dirait !
– Dès que tu rebandes un peu comme il faut, tu te mets la capote et tu me prends direct, d’accord ?
Ça fait beaucoup de choses : rebander, se mettre le préservatif assez vite pour ne pas débander… et y aller. Un vrai parcours du combattant.
Mais le spectacle de ce cul d’enfer le stimule. Il approche sa bite de la chatte de Gina qui proteste :
– Dans mon cul, dans mon cul !
Et pourquoi pas ! Il sera plus serré ! Il entre, il lime. Contre toute attente son érection se maintient et tandis que Gina s’accroche les mains après le couvre lit, il donne coups de boutoir sur coups de boutoir se demandant où et comment il fait pour trouver une telle énergie. Il finit par jouir comme un sauvage, le visage congestionné. Ce n’est que quelques instant plus tard qu’il se rend compte que sa partenaire a pris autant de plaisir que lui dans ce court mais intense moment de plaisir.
Il en est tout fier !
(à suivre…)
© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) janvier 2014. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.
On n’est jamais décu, ça s’enfile, ça s’encule, ça se pisse dessus, ça ne reste pas en place…
Tout ça donne un peu le tournis dans ma tête et dans ma braguette !
Un chapitre qui porte bien son nom : Une jolie collection de fantasmes pour nous émoustiller en beauté