Au secours ! (Mes supplices -6) par Anne_M.

Fabienne et ses amours ? Mais il y aurait matière à écrire tout un roman
là-dessus !

Je vous ai déjà parlé de mon amie Fabienne. Mais si, souvenez-vous…
C’est une grande blonde (une vraie blonde) aux yeux noisette, bâtie tout en
largeur. Je ne dis pas qu’elle est grosse, empâtée ou adipeuse, non. Mais
tout est épais chez elle, aussi bien les traits de son visage que les formes
de son corps. Comme elle n’a que vingt-cinq ans et qu’elle est sportive,
toute cette chair généreuse se tient encore très bien. Ses rondeurs sont
pleines, mais fermes et musclées.
Je ne sais plus qui a trouvé cette expression, mais Fabienne est le genre de
fille à qui la jeunesse tient lieu de beauté. Elle ne manque pourtant pas
d’un certain charme. Quand nous allons ensemble à la piscine, je remarque
souvent le regard gourmand des baigneurs mâles à son passage. Sa plénitude,
ses bonnes joues rouges, la fraîcheur de sa peau rose, son sourire
engageant, son regard ingénu en font certainement l’idéal ou le fantasme de
beaucoup d’hommes. Les  » brindilles anorexiques  » dans mon genre plaisent
sans doute plus à quelques esthètes comme Philippe. Encore que je me demande
s’il n’éprouverait pas un réel plaisir à  » travailler  » à la cravache une
croupe aussi rebondie que celle de Fabienne (mais inutile de lui donner des
idées…).

Sexuellement (d’après les confidences qu’elle m’a faites), sans être
vraiment une nymphomane, je la crois dotée d’un fort appétit. Si elle
préfère nettement les hommes, elle ne dédaigne pas les aventures lesbiennes.
Certaines propositions non équivoques à mon endroit (ou à mon envers) me
l’ont déjà fait clairement comprendre. Mais j’ai toujours éludé

Son tempérament de jouisseuse, allié à un caractère peut-être trop candide,
naïf ou fleur bleue, l’entraîne souvent avec ses amants du moment dans des
aventures tumultueuses, sans lendemain. Fabienne voudrait se  » caser « , mais
les hommes la considèrent plutôt comme le  » bon coup  » d’un soir (ou de
plusieurs), qu’on laisse tomber quand on en a bien profité.
Et je dois souvent jouer le rôle de l’épaule secourable et consolatrice sur
laquelle la malheureuse, délaissée et déçue, vient épancher ses chagrins
d’amour.
Le dernier  » drame  » s’est passé il y a quinze jours à peine…
h g
Cet après-midi-là, je suis en congé. Pendant que Philippe travaille dans son
bureau à l’étage, vautrée sur le canapé du salon, je bouquine. Je suis en
débardeur et en slip (très sexy !). Les orteils de mes pieds nus pianotent
négligemment sur le bord festonné du désormais célèbre saladier de Klara ,
posé sur la table basse.
Chaussette, ma copine féline, est allongée de tout son long sur le coussin
voisin du mien et semble en proie à un rêve… érotique, peut-être.
Tout-à-coup, réveillée en sursaut, elle dresse l’oreille et relève la tête.
Pas de panique, ma belle, ce n’est que mon téléphone portable qui sonne. Je
décroche.
– Allo ?
– Anne ? C’est Fabienne. Au secours ! J’ai besoin de toi !
– Tu m’as l’air toute affolée. Qu’est ce qui se passe ?
– Viens chez moi le plus vite possible, je t’en prie… Et prend la clé de mon
appart, je ne pourrai pas t’ouvrir moi-même.
Je possède effectivement une clé de l’appartement de Fabienne, car je suis
préposée à l’arrosage de ses plantes vertes (une vraie jungle, chez elle !)
quand Mademoiselle part en escapade amoureuse pour plusieurs jours.
– Et pourquoi tu ne pourras pas m’ouvrir ? Tu es malade ? Tu es blessée ? Tu
veux que je demande à Philippe de venir aussi ?
– Non, non, pas Philippe ! Viens seule…, mais dépêche-toi !
Et elle raccroche. Qu’est ce que c’est que cette histoire !? De toute façon,
il me faut y aller voir.
Je saute dans mon jeans et j’enfile mes mocassins (ou si vous préférez,
j’enfile mon jeans et je saute dans mes mocassins…, mais le résultat est le
même).
Dans le couloir, je crie à Philippe que je sors, que je vais chez Fabienne,
que c’est urgent ! Et je pars en petites foulées (moi aussi, je suis assez
sportive) vers l’immeuble où habite ma copine, et qui n’est qu’à deux rues
de chez Philippe (je veux dire, de chez nous).

Deux minutes après, je suis devant l’entrée de cette ancienne maison de
maître divisée en appartements (un par niveau). Fabienne loge sous le toit,
au derrière étage. J’arrive un peu essoufflée sur le palier (oui, bon…) et
je m’approche de la porte. Fermée ! J’y colle mon oreille… Rien ! Pas un
bruit. J’introduis la clé dans la serrure et j’entre…
– Fab ? Fab, tu es là ?
La voix étouffée de Fabienne me répond :
– Ici, dans la chambre.
Je pénètre dans la chambre à coucher et je découvre un spectacle étonnant, à
la fois comique et navrant.

Fabienne, nue comme un ver, est allongée sur la couette à motifs ethniques
de son lit. Couchée sur le ventre, les bras dans le dos, elle a les mains,
paume en l’air, posées sur la raie de son cul joufflu. Elle essaye sans
succès de dissimuler son sexe qui s’ouvre impudiquement entre ses cuisses
écartées. Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire.
C’est ensuite seulement que je remarque qu’elle est attachée. Fabienne
possède un grand lit à barreaux en laiton poli (l’idéal pour le bondage !).
Ses jambes passent à travers les balustres verticaux du pied du lit. Chacune
de ses chevilles est fixée à un barreau par une chaîne en inox fermée par un
cadenas.
Avant de fondre en sanglots, Fabienne parvient à articuler :
– Anne, détache-moi, s’il te plait. C’est Félix qui m’a…

Félix ? Je ne connais pas ce Félix : l’amant ou le petit ami du moment sans
doute…
Je m’assieds sur le lit pour calmer d’abord la captive, qui pleure
maintenant à chaudes larmes, la joue droite posée sur la literie. Je sors
mon mouchoir de ma poche et je le lui tends. Sa main gauche quitte ses
fesses pour le prendre. En se tamponnant les yeux et en se frottant le nez,
Fabienne tente de m’expliquer, entre deux hoquets, le pourquoi et le comment
de sa situation ridicule :
– C’est… C’est Félix qui m’a attachée au lit…, pour jouer…, pour faire des  »
trucs « … Tu vois, Anne ? Tu comprends ?
Ah Fabienne ! Tu ne peux pas savoir comme je te comprends ! Je demande :
– Mais ce Félix, il est passé où ?
– Il est parti ! Il m’a laissée ainsi, le salaud ! me répond-t-elle d’une
petite voix étranglée. Au début, j’étais d’accord pour qu’il m’attache…,
mais seulement par les pieds. Et une fois enchaînée, au lieu de me faire
l’amour, il s’est mis à me frapper sur les fesses avec une latte en bois. Ça
m’a fait mal, j’ai crié, je me suis débattue…
Fabienne renifle bruyamment avant de continuer :
– Alors… Alors, il s’est fâché… et il est parti en m’abandonnant ainsi. Comm
j’avais refusé qu’il me lie les poignets, j’ai pu attraper mon téléphone
portable sur la table de chevet pour t’appeler. Je t’en supplie, aide-moi.

Pauvre Fabienne, bien sûr que je vais t’aider ! En me relevant, je découvre
sur la moquette l’instrument du supplice : une simple latte d’écolier en
bois, de cinquante centimètres. Je souris en imaginant le Félix en question
en train de corriger ma malheureuse amie. Mais il faut avouer que ce cul
ample, généreux, sensuel est une cible bien appétissante pour une fessée
érotique.

Je contourne le lit pour examiner les liens.
Chaque cheville est attachée à un barreau par plusieurs tours de chaîne très
serrés. Les cadenas sont bien encliquetés. Je demande à Fabienne :
– Où sont les clés des cadenas ?
– Mais je ne sais pas, moi. Félix avait un sac à la main en arrivant.
Regarde dedans.
Un sac en plastique, portant le logo de la quincaillerie de la Grand’Place,
est effectivement posé sur la commode, face au pied du lit. Je m’en empare
pour le fouiller. Il contient deux autres chaînes et deux cadenas,
probablement destinées aux mains de Fabienne. Hélas, les clés ne sont pas
là. En revanche, du fond du sac, je retire un vibromasseur de belle taille,
à hampe lisse en inox. C’était certainement la récompense réservée au vagin
de ma copine après la punition de ses fesses : la carotte après le bâton.
En reposant le sac, je jette encore un rapide coup d’œil autour de moi, sur
le meuble, puis sous le lit…
– Chérie, je suis embêtée, mais je ne trouve pas les clés des cadenas.
Fabienne se remet à sangloter de plus belle :
– Anne, fais quelque chose…
Je veux bien moi, mais quoi ? Je réexamine les cadenas, je tire dessus. Au
cinéma, l’héroïne parvient toujours à crocheter une serrure avec une simple
épingle à cheveux tordue, et en la tenant entre ses dents encore ! Mais je
ne possède pas ce talent. Et n’étant pas bâtie comme une nageuse de
l’ex-Allemagne de l’Est, les frêles muscles de mes bras n’ont pas la force
de plier les barreaux métalliques.
– Fab, il me faudrait au moins une pince coupante ou une scie à métaux. Tu
as ça ici ?
Fabienne ne possède pas ce genre d’instrument. La meilleure chose à faire
est d’appeler Philippe à la rescousse.
Mon amie, d’abord réticente, finit par admettre que c’est la seule solution.
J’appelle Phil et je lui expose brièvement la situation, en lui recommandant
de se munir des outils nécessaires.
– Il arrive tout de suite, dis-je en raccrochant.
– Mais je ne veux pas qu’il ne voie nue, pleurniche Fabienne.
J’attrape à terre un de ses tee-shirts roulé en boule. Je le déplie et je le
dépose en travers de son large fessier exposé. Je tends bien le tissu, puis
je glisse ses extrémités sous le ventre de Fabienne.

Je guette Philippe par la fenêtre qui donne sur la rue. Il ne lui faut que
dix minutes pour arriver, transportant sous le bras un objet allongé,
enveloppé dans une toile de jute.
Un doigt sur la bouche, au bord du fou rire, je le fais entrer dans
l’appartement et je le précède jusqu’à la chambre.

Quand Phil débarque dans la pièce et découvre Fabienne, il ne prononce qu’un
seul mot :
– Waw !
Je me rends compte à ce moment-là que j’ai trop tiré sur le tee-shirt blanc
sensé masquer pudiquement la nudité des fesses de ma copine. Le tissu de
coton fortement tendu a plutôt un effet moulant, qui met particulièrement en
valeur les globes charnus et rebondis.
– Bonjour, Fabienne. Content de te… revoir, bredouille-t-il.
Un petit coup de coude de ma part dans les côtes le ramène à l’objet précis
de sa mission.
Il s’agenouille pour tester la solidité des barreaux du lit, puis il
s’intéresse aux chaînes et aux cadenas. Le diagnostic tombe froidement de la
bouche du spécialiste : il faut amputer…, amputer chaque chaîne d’un
maillon. Ce sera plus simple que de sectionner l’arceau des cadenas.
Phil déballe sa grosse pince coupante, et en deux coups des puissantes
mâchoires de l’outil, il débarrasse Fabienne de ses liens.

Dès qu’elle est libérée, celle-ci se dresse d’un bond et se hâte d’enfiler
son tee-shirt, qui lui arrive au ras du bonbon. J’ai eu quand même le temps
d’apercevoir sa chatte rasée aux longues lèvres étroites, qui lui font la
vulve pointue vers le bas.
Elle s’assied sur le bord du lit et dégage son épaisse chevelure de
l’encolure arrondie du vêtement. Ce sont maintenant ses seins fermes que
moule harmonieusement le tissu de coton…
Philippe apprécie visiblement ce charmant tableau. En passant près de lui
pour rejoindre Fabienne, je lui décoche du revers de la main un méchant coup
sur la braguette. Je regrette aussitôt ce geste stupide de mauvaise humeur
ou de jalousie. Mais j’ai constaté, en touchant son entrejambe, qu’il bande
!

Fabienne, pliée en deux, se masse les chevilles, profondément marquées par
la trace des maillons, tout en répétant :
– Le salaud ! Non mais quel salaud, ce type !
Levant son visage aux yeux rougis vers moi, elle me lance :
– Quelle conne j’ai été ! Mais quelle conne ! Comme si une femme pouvait
éprouver du plaisir à être attachée et battue. C’est encore bien une idée
d’homme, ça !
Et moi, presque sans réfléchir, je réponds très calmement à mon amie :
– Tu te trompes, Fab, ça peut être très agréable au contraire.

Ça y est, l’aveu est lâché. Fabienne me dévisage, étonnée, la bouche à
demi-ouverte.
Et là, tout se passe en l’espace d’un simple regard entre Philippe et moi.
Ses yeux me font  » non, Anne, tais-toi ! « . Mais tant pis, je me lance.
Je me déchausse. J’empoigne mon débardeur et je l’enlève. Les seins nus, je
dégrafe ma ceinture et je boutonne de mon jeans, qui tombe aussitôt en
accordéon sur mes pieds. Je passe mes doigts sous l’élastique de ma petite
culotte et je l’abaisse sur mes cuisses. Mon déshabillage n’a pas duré plus
de quinze secondes.
Fabienne éberluée se retourne vers Philippe, toujours debout près du pied du
lit.
– Mais qu’est ce qui lui prend ? demande-t-elle.
Phil, qui a en fait très bien compris mon intention, lui répond par un
haussement d’épaules agacé.
J’attrape fermement mon amie par la main et je la force à se lever pour me
laisser la place sur le lit.
– Pousse-toi de là. Je vais te montrer qu’une femme peut souffrir et jouir
en même temps.
Le ton de ma voix est tellement décidé, que Fabienne s’exécute sans
protester et va se pelotonner dans le grand fauteuil en velours gris, placé
face au côté gauche du lit. Je commande ensuite à Philippe :
– Attache-moi et montre-lui !

Je vois bien qu’il est fâché de ma révélation et de la situation dans
laquelle je viens de le placer, contre sa volonté. Il peut encore tout
arrêter, me donner une bonne paire de gifles et me ramener à la maison. Mais
son regard, dur à cet instant, semble me dire au contraire  » tu l’auras
voulu… « .
Il demande à Fabienne :
– Tu as des bas pour la ligoter.
Malgré la colère froide que je sens en lui, Phil ne veut pas blesser ma peau
fine et sensible en m’enchaînant. C’est ce que j’apprécie chez mon  »
bourreau  » personnel : il sait se dominer, en toutes circonstances. Du
moins, je l’espère…
Pendant que je m’allonge à plat ventre sur la couette, jambes écartées et
bras tendus, j’entends Fabienne répondre à Philippe :
– Dans la commode derrière toi, tiroir du haut.
Il prend dans le tiroir désigné deux paires de bas, et je me retrouve, peu
de temps après, liée aux barreaux du lit par les poignets et les chevilles.

Philippe s’est saisi de la latte en bois. Il commence par en tapoter mon
postérieur avec la tranche, en partant du pli des cuisses et en remontant
jusqu’au bas du dos. Il  » attendrit la viande  » en quelque sorte. Il glisse
ensuite l’instrument dans le sillon de mes fesses, titille mon œillet au
passage, puis descend verticalement entre les bourrelets charnus de mes
grandes lèvres et les sépare. Je me trémousse sous ce frôlement qui découvre
mon intimité rosée, impatiente, frémissante et déjà trempée.
J’adore ce moment précis où, entravée et écartelée, mes orifices naturels
sont voluptueusement révélés. Mon bonheur s’augmente encore, je dois
l’avouer, parce qu’une tierce personne les contemple aujourd’hui. Et je sens
s’esquisser sur les babines de ma petite chatte comme un sourire vertical,
en remerciement aux regards admiratifs posés sur elle.

Je sursaute au premier coup du plat de la latte, donné avec force sur le
sommet de ma fesse droite. Je lâche un  » ouaille ! « , autant de surprise que
de douleur. Ma fesse gauche reçoit une même claque sèche tout de suite
après. Suivant une technique bien éprouvée, Philippe y va ensuite par séries
: trois petits coups précipités et rapprochés, suivis d’une quatrième tape
beaucoup plus forte et sonore. Il frappe indifféremment l’une ou l’autre
fesse, tantôt sur leur éminence arrondie, tantôt à leur base, tantôt sur
leur côté légèrement creusé, vers les hanches.
La douleur sur ma peau, qui doit virer au rouge, devient rapidement cuisante
et délicieuse. Je ponctue les coups de petits cris, qui vont du  » ahhh !  »
au  » ouch ! « , en passant par toute la gamme des  » hmmm ! « . Pour Fabienne,
j’essaye de donner à mes gémissements le plus de sensualité possible. Mais
en fait, je n’ai pas besoin de me forcer, puisque j’éprouve un réel plaisir
à être fessée ainsi. Pour être sûre qu’elle a bien compris mon état
d’excitation, après une série d’impacts particulièrement claquants, je lance
:
– Je mouille… Je mouille !
Philippe a dû comprendre mon intention envers ma copine, car je sens deux de
ses doigts se frotter un court instant sur l’entrée découverte de mon vagin,
comme pour en éprouver l’humidité annoncée. Puis il les essuie
ostensiblement sur l’une de mes cuisses.

La volée des coups reprend, sur un rythme plus soutenu et accéléré. Je sens
que Philippe y met plus d’âpreté que d’habitude, presque de la méchanceté.
Il frappe pour me faire vraiment mal. La brûlure sur mon pauvre petit
derrière se fait plus vive, plus irradiante. Je me contorsionne, je tire sur
mes liens, j’ai le cul en feu ! En geignant, je me tords le cou à gauche et
à droite pour essayer d’apercevoir mon bourreau et de capter son regard,
mais sans y parvenir.
Matée, je le supplie :
– Chéri, tu me fais trop mal. Arrête maintenant !
Philippe se penche vers moi, et il me chuchote à l’oreille,
avec un ton dont la rudesse me fait peur :
– Tu veux montrer à ton amie que tu es capable de jouir dans la souffrance.
Alors souffre d’abord, mon amour…, je te donnerai la jouissance ensuite.
Philippe me fait sévèrement payer le fait d’avoir révélé notre secret intime
à Fabienne. Et je vous jure que l’addition est salée !

Après ce court répit, l’orage de la fessée recommence à zébrer ma croupe
d’éclairs cinglants. La main gauche de Philippe me tient maintenant
fermement par la nuque et, la joue écrasée contre la couette, je ne peux que
subir mon châtiment.
Soudain, mes yeux s’embuent et de grosses larmes de douleur, d’impuissance
et d’amertume confondues se mettent à couler, sans retenue. De ma gorge
étranglée, monte une sorte de couinement aigu et continu.
Je pleure rarement. Aussi, quand il me voit sangloter pour de bon, Philippe
cesse immédiatement mon supplice.
Il approche à nouveau son visage du mien. Tout en tirant ma tête en arrière
par les cheveux, il me demande d’une voix redevenue plus douce.
– Tu as eu vraiment mal ?
– Ouiii !
– Vraiment très mal ?
– Oh oui !
– Alors tu jouiras d’autant plus fort.

Je sens la main ouverte de Phil qui se pose sur les fossettes du creux de
mes reins. La pulpe, puis l’ongle de son pouce descendent lentement dans le
sillon de ma croupe, à la recherche de l’œillet de mon anus. Les autres
doigts suivent le long de mon échine. Quand il atteint le petit orifice
plissé, Philippe y enfonce le bout de son pouce d’une poussée franche, qui
me fait sursauter. Mais il n’a pas l’intention de me sodomiser : c’est
simplement un point d’appui et un pivot pour sa main. De là, ses autres
doigts tournent et passent en la caressant sur ma fesse droite. Ils
s’insinuent ensuite, entre mes cuisses, sous ma vulve toute moite. Tandis
que son index et son médius écartent les lèvres de ma fente, son majeur
tâtonnant trouve le bourgeon décapuchonné de mon clitoris gonflé. Dans
l’état d’excitation où je me trouve, Phil n’a besoin que de quelques
attouchements pour me faire jouir.
Une onde déchirante et fulgurante semble partir de mon anus, toujours
pénétré, et vient électriser toute la hampe de mon clitoris. L’impression
est piquante sur le bout, comme si on y enfonçait des épingles. Mes mains
attachées se crispent et empoignent les barreaux de la tête du lit. Les
muscles de mes bras et de mes jambes se bandent. Je me cabre et je pars en
hurlant mon plaisir, le visage écrasé dans la couette…
L’orgasme a été foudroyant, pratiquement instantané, sans spasmes
précurseurs. Le flux pulsatile et précipité de mon sang martèle mes tempes.
Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Je soulève enfin ma tête vers
l’arrière pour aspirer une grande goulée d’air qui siffle dans ma gorge. La
joue droite posée sur la housse de la couette, humide de ma salive, de ma
sueur et de mes larmes, je reprends mon souffle et mes esprits. Il me semble
que mes orgasmes clitoridiens sous les doigts experts de Philippe sont de
plus en plus dévastateurs. Je reste à chaque fois sans force pour quelques
minutes, dans un état délicieux de complet anéantissement.

Avant de me détacher, Philippe me cajole un instant la nuque et les épaules.
Ses doigts tracent le contour de mes omoplates saillantes. Il me frotte les
côtes. Ses caresses descendent sur ma croupe exposée, toujours très
sensible, et que je suppose toute cramoisie. Il m’arrache de petits cris en
pétrissant sans ménagement ma chair malmenée.
Soudain, ses mains s’arrêtent. Un autre gémissement monte et emplit la
chambre :
– Oh… Oh… Oooh !!!
Ça alors, Fabienne va jouir à son tour !
Tournant la tête vers mon amie, je la découvre affalée, avachie dans le
large siège en velours, les fesses presque au bord du coussin, le menton
contre le buste. Son front et ses joues sont empourprés. Les yeux mi-clos,
elle frictionne vigoureusement son sexe rasé de la main droite, tandis que,
de la gauche, elle masse sa poitrine.
Ses doigts de pied en éventail griffent la moquette. Ses mollets et ses
cuisses sont agités de tremblements nerveux. Sa respiration est forte,
sonore, rauque. L’orgasme est prêt à éclater en elle, puis semble refluer.
La masturbation de ses doigts, posés à plat sur son clitoris érigé, devient
plus frénétique encore. Et enfin le spasme emporte Fabienne. Ses jambes se
soulèvent, se replient et se resserrent sur sa main. La bouche grande
ouverte, elle s’abandonne tout entière à sa jouissance dans une sorte de
mugissement énorme et prolongé, totalement obscène par son absence de
retenue.
En l’entendant, je ne peux m’empêcher de sourire.
Phil a vu mon sourire. Il m’embrase sur la joue en me disant :
– Bravo, ma puce, belle démonstration.

Philippe me détache rapidement et je m’assieds sur le bord du lit. Fabienne
me jette des regards incrédules. Une foule de questions se bouscule dans sa
tête, mais la présence de mon ami la gêne probablement. Elle dit simplement
:
– Ah ben toi alors !
Puis ses yeux se pose entre mes jambes, sur ma fente entrebâillée, qui
dégouline de sueur et de mouille mêlées. Fabienne me saisit par la main,
m’oblige à me remettre debout et m’entraîne, toute chancelante encore, vers
la porte.
– Un bon bain nous fera du bien à toutes les deux, dit-elle.

Fabienne me précédant, nous sortons de la chambre. Elle tire de sa main
libre sur le bas de son tee-shirt un peu trop court, pour soustraire ses
fesses au regard de Phil, oubliant qu’elle lui a offert, il y a quelques
minutes à peine, un spectacle beaucoup plus indécent que la simple vue de
son cul nu.

Une fois parvenues dans la salle de bains, je referme la porte derrière
nous. Me tournant le dos, Fabienne, debout devant le lavabo, s’examine dans
la glace. Nos regards se croisent par l’intermédiaire du miroir. Elle me
lance :
– Eh bien, Mademoiselle Anne Mulder, je ne vous prenais pas pour une
personne aussi luxurieuse.
L’expression sonne comiquement dans sa bouche.
– Et il y a longtemps que vous faîtes des trucs pareils, Philippe et toi ?
– Deux ans… presque trois.
– Et vous faites ça souvent ?
Je réponds  » oui  » de la tête, en me frottant nerveusement les mains et en
baissant les yeux, comme une petite fille polissonne prise en faute.
– La garce !!!
C’est sorti de la bouche de Fabienne comme un cri du cœur !

Fabienne empoigne son tee-shirt et le fait passer par-dessus sa tête.
Elle me fait face maintenant, complètement nue. Solidement campée sur ses
jambes, les bras ballant le long du corps, elle secoue son épaisse crinière
blonde, la tête rejetée en arrière. Elle me fait penser à une pouliche
percheronne qui s’ébroue. Et je dois avouer que son charme presque animal me
touche à cet instant.
Mon amie me fixe droit dans les yeux, avec quelque chose dans le regard qui
me semble être de la convoitise et de la gourmandise (du genre  » toi, ma
poulette, tu vas passer à la casserole ! « ). Dans un réflexe instinctif,
j’esquisse le mouvement de couvrir mes seins et mon sexe avec mes mains.
Mais Fabienne me saisit les poignets et m’écarte les bras à l’horizontale.
Nos doigts s’entrecroisent. Elle approche sa bouche de la mienne et
m’embrase fougueusement. J’ai d’abord un léger mouvement de recul, puis,
comme malgré moi, je réponds passionnément à ce baiser inattendu, tout en
langues et en salive.
Sous cet assaut, j’ai reculé de deux pas, et je me retrouve acculée (et non
pas…) contre la porte de la salle de bains. Fabienne en profite pour plaquer
son corps dénudé et épilé contre le mien. Sa jambe gauche passe entre les
miennes qui s’écartent. Son genou se plie. Sa cuisse touche ma vulve
entrebaîllée et, par des mouvements lents, de bas en haut, se met à la
caresser. Surprise et excitée par cette situation nouvelle pour moi, je sens
une douce chaleur se diffuser à nouveau dans tout mon bas-ventre.
Mon émoi a, comme toujours, des effets très érectiles, car Fabienne,
interrompant notre baiser, me lance, avec une œillade coquine et complice :
– Mais Anne, tu bandes !
Avant que j’aie pu répondre ou faire quoi que ce soit, elle s’est accroupie
entre mes jambes. Ses mains vigoureuses écartent mes grandes lèvres et son
visage se plaque contre mon entrejambe. Le bout de son nez, enfoui dans les
poils de ma toison, caresse quelques secondes ma gaine clitoridienne. Puis
sa langue, ferme et douce à la fois, entreprend de laper sur mes muqueuses
intimes la liqueur résiduelle de mon orgasme précédent. Et la gourmande a
l’air d’aimer ça.
Une fois cette toilette intime terminée, sa bouche vorace se ventouse
littéralement à ma vulve. Je sens la pointe dure de sa langue s’activer sur
mes nymphes gonflées, les parcourir, les séparer, les déplier, puis essayer
de pénétrer l’entrée de mon vagin. Je pousse des petits gémissements de
vierge effarouchée, tout en ébouriffant nerveusement la chevelure soyeuse de
mon amie.

Je perçois tout à coup des tapotements dans mon dos : Philippe frappe à la
porte de la salle de bains.
Par réflexe, je plaque mes deux mains, doigts ouverts, contre la porte, de
chaque côté de mes hanches. À travers le vantail, je l’entends me dire :
– Nanou, il faut que j’y aille. J’ai du travail à terminer. Ne rentre pas
trop tard.
D’une voix tremblante (l’effet du cunnilingus appuyé), je réponds :
– Non, je…
Mais Fabienne, interrompant pour un instant sa cajolerie, me coupe la parole
:
– Je te la rends dès que j’en ai fini avec elle, Philippe ! Et merci encore
!
– Ah d’accord… Amusez-vous bien, les filles ! lance-t-il sur un ton qui me
semble particulièrement tranchant.

Après quelques secondes, nous entendons le bruit de la porte de
l’appartement qui se claque violemment. Très violemment !
Fabienne pouffe :
– Pas content, le Philippe chéri à sa Nanou !
Inquiète, je baisse les yeux vers son visage tout souriant.
– Tu crois qu’il se doute que…
– À ton avis, Nanou ! Il n’est pas idiot, ton jules. À quoi peuvent bien
jouer deux filles chauffées à blanc, enfermées toutes nues dans une salle de
bains ?
Avant de s’aboucher à nouveau à mon sexe, elle me fait :
– Nanou ! C’est vraiment trognon comme petit nom !

La vie est pleine de surprises ! En me levant ce matin, je n’aurais jamais
pu deviner que j’allais connaître, l’après-midi même, ma première expérience
lesbienne et, si j’avais pu choisir ma partenaire, certainement pas avec
Fabienne.
Celle-ci, toujours agenouillée face à mon sexe, s’est un peu reculée.
Écartelant démesurément ma vulve avec ses pouces, elle a décapuchonné mon
clitoris entre ses index. Mon bouton nacré roule un instant sous la pulpe de
ses doigts. Oh, mon Dieu, que c’est bon ! Et voilà que sa bouche revient à
l’assaut. Je sens ma perle durcie aspirée entre ses lèvres arrondies, puis
coincée entre ses dents. Fabienne me mordille, me grignote, me mâchonne,
tandis que sa langue s’agite toujours sur l’extrémité dardée de mon bijou
tenaillé.
Tendue, tétanisée, tous les muscles de mon corps bandés à m’en faire mal, je
sens l’orgasme déferler à toute vitesse. Il me saisit d’un coup et me broie
dans l’étau d’une jouissance délirante. La bouche ouverte, la tête
renversée, je pousse une plainte étranglée, tout en martelant le vantail de
la porte de coups de poing rageurs.
Submergée, suffoquée, les jambes coupées, je me laisse glisser lentement,
pour me retrouver assise sur le sol, les épaules toujours contre la porte.
Pour la première fois de ma vie, mon sexe a exulté sous les doigts, la
bouche, la langue d’une autre femme, et a inondé tout mon être de sensations
à la fois familières mais tellement différentes.
La tête me tourne, comme enivrée de trop de plaisir. Je suis ailleurs. Mon
corps a perdu toute consistance, toute pesanteur. La tempête de mon orgasme
passée, je flotte un moment, les yeux perdus dans un firmament infini, sur
une mer calme, tiède, sans vagues ni récifs…

Les ahanements de Fabienne me tirent à regret de ma torpeur béate.
Elle est couchée sur le dos à même le carrelage, les cuisses très ouvertes,
les genoux en l’air, les talons contre les fesses. L’index et le majeur de
sa main droite pistonnent ensemble son vagin. Les  » han, han !  » qui montent
de sa gorge font écho aux  » floc, floc !  » du barattage de son sexe. C’est
une masturbation puissante, triviale et décidée, sans raffinement aucun.

Malgré l’ardeur obscène et presque brutale qu’elle y met, Fabienne tarde à
jouir à nouveau. Son visage, tout chiffonné sous l’effort, vire bientôt à
l’écarlate, et son corps se couvre d’une sueur abondante. Dans cette
position, jambes relevées et écartées, elle ressemble à une future mère en
plein travail, secouée par les douleurs d’un enfantement difficile.
Soudain, d’une voix impérieuse, elle me commande :
– Anne, fourre-moi tes doigts dans le cul !
Et en disant cela, elle ramène un peu plus ses genoux vers sa poitrine, ce
qui soulève son derrière et m’en dévoile le trou plissé.
J’ai un moment d’hésitation. Mais Fabienne insiste, sur un ton grossier :
– Anne, merde ! Encule-moi !!!

Obéissant presque inconsciemment à cet ordre cassant, je me retrouve à
genoux devant ce postérieur monumental agité de tremblements. Le trou dilaté
s’ouvre et se contracte par saccades, comme pour appeler à lui une sodomie
libératrice. J’effleure l’entrée déjà toute lubrifiée de l’orifice avec
l’index, puis, d’un coup franc et résolu, je l’y enfonce tout entier. En
fait, j’ai plutôt l’impression que c’est ce cul qui aspire mon doigt en lui.
Le sphincter répond à ma pénétration par une violente contraction. Quand il
se relâche un peu, j’entreprends un mouvement de va-et-vient rapide. Mais la
cadence des doigts de Fabienne dans son vagin est plus frénétique encore. Et
la voilà qui m’insulte maintenant :
– Mais vas-y, bordel ! Bourre-moi, bourre-moi plus fort, pauvre gouine !
À un moment donné, elle change de main et s’active avec une vigueur
renouvelée. Son bras droit, inerte et épuisé, s’est allongé sur le
carrelage, les doigts poisseux de mouille.
Moi, je la fouille toujours de mon mieux, à un rythme soutenu, malgré les
crispations spasmodiques et puissantes des muscles de son rectum. À chacune
de mes poussées, la rondelle brune s’enroule autour de mes phalanges et
s’enfonce ; puis elle se déroule et s’étire quand ma main se recule.
La liqueur vaginale s’écoule en abondance de son sexe malmené et se mêle aux
sécrétions anales que pompe mon index. Les doigts repliés et la paume de ma
main masturbatrice en sont trempés.
Pourtant, nos efforts conjugués ne semblent pas encore suffire à la faire
partir. Je lui enfonce un deuxième doigt, et je recommence à l’enculer de
plus belle. De ma main libre, j’envoie de grandes claques bruyantes sur la
peau moite et tendue de ses fesses. Mon poignet et tout mon bras droit me
font mal à force d’empaffer cette conne qui n’arrive pas à jouir ! Putain de
bordel de merde, je n’en peux plus, il faut qu’elle vienne ! Oups ! J’en
deviens grossière moi aussi…

Un vague sourire se dessine enfin sur la bouche de Fabienne et son visage
grimaçant se détend un peu. Le spasme s’annonce, d’abord par quelques
frémissements. Son dos arqué se soulève légèrement. Son souffle cadencé
s’accélère.
Et quand l’orgasme l’emporte finalement, elle jouit longuement, intensément,
comme secouée cette fois par un rire intérieur, muet et convulsif. Elle
referme les cuisses et roule sur le côté gauche, en poussant simplement un
profond soupir d’extase. En position fœtale, elle achève de savourer son
plaisir, mes doigts maintenant immobiles toujours fichés en elle.

Fabienne, encore affalée sur le côté, respire fortement, profondément, les
yeux clos. Avec prudence, je sors mes doigts de son rectum. Aussitôt après,
sa cuisse droite se soulève légèrement, son bas-ventre s’arrondit… et son
anus tremblotant lâche un petit pet, chuintant et mouillé.
Après ce  » rot  » inconvenant, j’espère que la garce est enfin rassasiée,
parce que moi, je suis épuisée.

Pour rejoindre Fabienne qui barbotte déjà, je dois m’y reprendre plusieurs
fois avant de pouvoir m’asseoir dans la baignoire remplie. Le contact de
l’eau chaude sur ma peau tannée par les coups de latte ravive la douleur
cuisante de mon postérieur.

Pendant que nous nous savonnons mutuellement, Fabienne me pose un tas de
questions.
– Alors, comme ça, tu es l’esclave de Philippe.
– Je ne suis pas son esclave, et je ne me considère pas comme telle. Nous
agrémentons simplement notre relation sexuelle par des jeux érotiques,
parfois un peu violents, mais toujours librement consentis.
– Mais tu dois l’appeler  » Maître  » et te plier à toutes ses lubies, même
les plus dégueulasses, non ?
– Pas du tout, nous…
– Et pour faire ça, tu dois te déguiser ?
Je me rends compte que Fabienne se fait une idée totalement fausse de ma
relation sado-masochiste avec Philippe. Elle me croit embarquée dans une
aventure perverse, faite d’humiliations et de dégradations corporelles et
mentales. Elle m’imagine sans doute comme un objet, un jouet sexuel soumis,
dont Philippe use et abuse à sa guise.
Peut-elle comprendre que la douleur physique a pour mon corps l’effet d’une
drogue dure ? Si j’en suis privée trop longtemps, je suis en manque, et tout
mon être la réclame et l’appelle. Cette indispensable souffrance, c’est
toujours moi qui la demande et pas Philippe qui me l’impose, même s’il
prend, de son côté, un réel plaisir à me la donner.
Ces supplices voulus ne sont pas une fin en soi, ils ne sont pas jouissifs
en eux-mêmes ; mais ils préparent mon tout corps, et mon sexe en
particulier, aux orgasmes ravageurs qui en sont l’ultime dénouement.
Mais je suis trop lasse pour entreprendre de lui expliquer tout ça. Sans
plus l’écouter, je m’abandonne aux effets émollients et bienfaisants de ce
délicieux bain moussant.

La dernière remarque de Fabienne m’empêche pourtant de savourer
tranquillement ce moment de détente :
– Et que va dire Philippe, maintenant qu’il se doute qu’on s’est envoyées en
l’air toutes les deux ?
h g
Il est presque dix-neuf heures trente quand je quitte l’appartement de
Fabienne.
J’appréhende le moment où je vais me retrouver devant Philippe. Ma bravade
et ma conduite de tout à l’heure n’auront-t-elle pas brisé notre complicité
et même notre amour. La trouille me prend au ventre. J’ai peut-être
stupidement tout gâché. Et si j’allais découvrir mes affaires, mes vêtements
jetés en pagaille sur le trottoir devant chez lui. Je presse le pas, malgré
le frottement douloureux du jeans sur la peau de mes fesses.

Rien sur le trottoir : c’est déjà ça ! Mais, circonstance aggravante, je
constate, en tournant la clé dans la serrure de la porte d’entrée, que
l’heure habituelle du souper est passée depuis trente bonnes minutes déjà.
Et Philippe (toujours un peu maniaque) aime manger suivant un horaire fixe
et bien réglé. Anne, ça va être ta fête (ou pire !)…

En passant dans le couloir, je jette un œil dans la cuisine. Philippe n’y
est pas. En revanche, nos deux couverts sont posés sur la table et nous
attendent. Une grosse casserole d’eau frémit sur la plaque de cuisson
électrique, et une bonne odeur de sauce tomate au basilic monte du poêlon
d’à côté.
Je poursuis mon chemin jusqu’au salon où mon ami est en train de regarder le
journal télévisé.
Il ne m’a pas entendue arriver, et il sursaute un peu quand je me présente
devant lui.
– Philippe, je…
Il se dresse aussitôt. Me prenant par la taille, il m’attire à lui et
m’enlace tendrement.
– Nanou, je suis désolé pour tout à l’heure…, j’ai été brutal et ridicule.
Je me suis énervé bêtement… Je te demande de m’excuser si je t’ai fait mal.
– Mais pas du tout, mon amour, c’est à toi de me pardonner pour avoir…
Il me ferme la bouche par un baiser. Tout est effacé, il ne s’est rien
passé.
Je sais à cet instant précis que Philippe est l’Homme de ma vie, l’unique
objet, désormais, de mes pensées amoureuses et de mes désirs charnels,
l’ordonnateur de mes souffrances et de mes plaisirs.

– Repose-toi pendant que je prépare le souper. Je n’ai plus que les
spaghettis à mettre dans l’eau.
Restée seule sur le canapé, je pousse un grand soupir de soulagement et de
bien-être. Le nœud d’angoisse qui me serrait la poitrine vient de se défaire
d’un coup. En revanche, au creux de mon ventre, mon estomac se met à
gargouiller : j’ai une faim de louve.
Pendant le repas, Philippe s’amuse de me voir un si bel appétit. Il faut
dire que les pâtes sont mon plat préféré et qu’il les prépare divinement
bien (tous les talents, je vous dis…).

Comblée et repue, je somnole toute la soirée sur le canapé.

Vers vingt-deux heures trente, Philippe éteint la télé et se lève de son
fauteuil. Quand il passe à ma portée près du canapé, j’agrippe sa main. Je
lui fais mon regard le plus câlin (celui auquel il ne résiste jamais) et je
murmure :
– J’ai envie de toi.
Il s’assied près de moi. Je l’enlace et je lui embrasse le front, le nez, la
bouche, les joues, le cou. Philippe me repousse et se relève. Il manœuvre
l’interrupteur mural et plonge la pièce dans la pénombre. Il revient vers
moi en commençant à déboutonner sa chemise. Je défais la boucle de ma
ceinture et j’ôte mon jeans. Ma petite culotte glisse le long de mes jambes.
Et quand ma tête émerge de l’encolure retournée de mon débardeur, je
distingue, dressée devant moi, la silhouette nue de mon amant.

Mollement étendue sur le cuir souple des coussins, j’écarte les jambes, je
m’ouvre, je m’offre. Philippe s’approche et se penche.
Sans tâtonner, sans l’aide de sa main, son pénis tendu trouve d’instinct
l’entrée de mon sexe et, d’une poussée unique, lente et ample, s’y enfonce
jusqu’à la garde. Cette pénétration résolue comble mon vagin étroit,
l’occupe tout entier.
Ses hanches pèsent sur les miennes et les immobilisent. Mes seins s’écrasent
sous le poids de son torse. Ses mains passent sous mon dos et pressent mon
ventre contre le sien. Nos lèvres se cherchent, se trouvent, se soudent, et
sa bouche étouffe mon premier râle de plaisir. Il me possède, il m’envahit.
Un instant inerte, je ne peux répliquer à cet assaut que par des
contractions de ma gaine vaginale autour de cette hampe fichée au plus
profond de mon ventre.
Desserrant enfin son étreinte, Philippe cambre son dos et relève son bassin.
Sa verge, lubrifiée par mes sécrétions intimes, sort entièrement de mon
sexe, pour s’y engouffrer à nouveau, jusqu’au fond. Commencent ensuite les
coups de reins, mesurés mais puissants, réguliers et appuyés. Je dois
quitter sa bouche pour respirer. Il en profite pour happer avec les lèvres,
puis avec les dents, le mamelon dressé et durci d’un de mes seins. Je
frisonne, je geins.
Le pénis de Philippe entretient en moi un va-et-vient cadencé et régulier.
Je sens bientôt une première onde de plaisir me parcourir l’échine. Une
deuxième suit, puis une troisième. Ma respiration est devenue un halètement
rauque et sifflant. Je trésaille, je m’agite. Le rythme de notre
accouplement s’accélère jusqu’à devenir furieux.
Je jouis la première, presque en silence. Philippe cesse un instant de
pilonner mon sexe affolé, pour me laisser prendre un orgasme profond, fort,
excessif, dont il peut mesurer toute l’intensité à la constriction furieuse
et répétée des muscles de mon vagin sur son membre.
Quand je me relâche et m’abonne entre ses bras, comme une poupée
désarticulée, il reprend ses coups de verges appliqués et vigoureux, pour
jouir à son tour. Et au bout de quelques secondes seulement, à travers le
trouble épais de ma jouissance, je sens en moi les soubresauts
avant-coureurs le long de son pénis, le gonflement ultime de son gland, puis
la chaleur des giclées saccadées de son éjaculation.
–––––– e f ––––––
Rien passé, rien passé…, c’est vite dit. Fabienne a beaucoup apprécié no
ébats dans la salle de bains. Et le spectacle de la fessée sur mon petit
postérieur semble avoir éveillé chez elle des instincts et des envies
sadiques, instincts et envies qu’elle espère sans doute pouvoir assouvir sur
moi un jour prochain.

En la quittant ce soir-là, j’ai bien recommandé à Fabienne la plus absolue
discrétion. Mais pipelette comme elle est, je présume que nos copines
communes sont déjà au courant de tout. Je l’entends d’ici :
– Coucou Nathalie. Tu ne devineras jamais à qui j’ai brouté le minou l’autre
jour : Anne ! Si, Anne Mulder ! Faut que je te raconte… Et en plus, tu ne
sais pas ce que son jules lui fait pour qu’elle jouisse ? Alors voilà,
imagine…
À la librairie où je travaille, je dois probablement m’attendre à quelques
sourires en coin dans les jours qui viennent, accompagnés de remarques
faussement compatissantes, du style :
– Pas trop mal aux fesses, aujourd’hui ?

Anne M.
ashc0001@wanadoo.be

Septembre 2002

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