2 – Amanda, puis Karen
Mardi 4 décembre
A son réveil Amanda constata que Grégorio avait tenté de la joindre plusieurs fois. Il avait laissé un message sibyllin : « T’attends quoi pour m’appeler ? » Elle ne répondit pas et ne le fit pas davantage à ses nouveaux appels.
A 11 heures, Grégorio se rendit chez Amanda et tambourina à la porte, elle ne put faire autrement que de lui ouvrir.
Pas bonjour, pas aimable.
– T’as décidé de ne plus me répondre ?
– Mon portable était en silencieux, j’ai rien entendu !
La gifle de trop !
Elle fut si violente qu’Amanda en fut déséquilibrée et se retrouva sur le parquet.
– Le cadran, il est où ? Demanda-t-il, se faisant menaçant.
– Ton cadran de merde, tu peux te le foutre au cul !
– Il est où ?
– T’as qu’à aller le chercher toi-même, si toutefois t’as assez de couilles pour le faire !
Grégorio fut un moment déstabilisé par l’attitude inhabituelle de la jeune femme. Il n’avait pas pour habitude de la voir se rebiffer et il renonça à la frapper de nouveau.
– Bon, tu te calmes et tu me causes gentiment.
– T’as rien compris, connard, je ne veux plus te voir, toi et ta bande de cinglés. Dégage et oublie-moi !
Grégorio se rendit alors compte qu’il avait été trop loin, il lui fallait à tout prix rattraper le coup !
– Bon, arrête de dire des conneries ! Je me suis un peu énervé, on fait la paix ?
– Dégage !
– T’as été chez le mec ?
– Si on te demande…
– Donne-moi l’adresse du mec !
Présumant qu’il la harcèlerait si elle ne lui communiquait pas, elle le fit. De toute façon, elle n’en n’avait plus rien à foutre du vieux Macherot et de son cadran.
Grégorio se dirigea vers la porte, puis demanda :
– Rends-moi mes 1000 euros et les clés de mon appart.
La rage au cœur, elle lui restitua ce qu’il demandait, puis fondit en larmes une fois qu’il fut parti.
« Petit con ! Si tu savais que j’ai fait faire un double de toutes tes clés ! »
Amanda les avait fait reproduire sans aucune malice, mais elle était une véritable tête en l’air, elle égarait tout, et c’est uniquement par crainte de se faire incendier par son amant en cas de perte qu’elle avait agi ainsi.
Cinq minutes après le départ de Grégorio, sa décision était prise. Si elle ne le faisait pas maintenant, elle ne le ferait jamais. Elle sortit son téléphone :
– Allô Tristan !
– Amanda ?
– Figurez-vous que tout d’un coup, je me trouve beaucoup moins débordée, je peux donc accepter votre invitation.
– Ce soir ?
– Pourquoi pas ?
– Alors je vous paie le restaurant…
Grégorio n’était pas du genre à rester sur un échec, mais il n’était pas non plus du genre à accomplir des taches dont d’autres pouvaient se charger à sa place. Il s’attabla dans un bistrot et entreprit de réfléchir.
« Karen ! Pourquoi pas Karen ? »
– Allô Karen !
– Allô, je suis au boulot, là, je te rappelle !
– C’est urgent !
– Je te rappelle à midi.
En fait elle ne le rappela qu’à 13 heures alors qu’il bouillait d’impatience.
– J’ai une mission à te confier, il faut récupérer un objet chez un type… Un cadran
Il lui fit une description sommaire.
– J’avais mis Amanda sur le coup, mais cette gourdasse n’a pas su faire, toi je suis sûre que tu sauras.
– Et en échange ?
– Devine ?
– Non !
– Si !
La perspective de devenir la favorite de Grégorio lui réchauffa le cœur, elle accepterait donc cette mission.
– Je suis en province aujourd’hui, je rentre à Paris tard dans la soirée, mais je pourrais m’en occuper demain matin.
– Ce sera parfait ! Je te mettrai une enveloppe avec un dessin du cadran et l’adresse du bonhomme dans ta boite aux lettres, et aussi 1000 euros en liquide, au cas où tu serais obligée de négocier, mais tu peux aussi lui piquer ou l’embobiner avec ton cul, tu as carte blanche.
– Compte sur moi !
La nuit porte conseil, elle réveille aussi la libido. Aussi, ce matin-là, les résolutions formulées la veille par Désiré n’étaient déjà plus aussi solides. Il avait là l’occasion de concrétiser son fantasme. Son épouse l’avait vertement éconduit lorsqu’il avait tenté une timide approche en ce sens, et une lointaine expérience avec une prostituée ne lui avait pas apporté ce qu’il était venu chercher. Il n’allait donc pas sacrifier cette opportunité pour un cadran qui cesserait probablement de l’intéresser dans quelques semaines. Après s’être menti à lui-même en prétendant qu’il prendrait sa décision au dernier moment, il finit par se dire qu’il accepterait. Après tout on ne vit qu’une fois !
Il sortit le chien, avala un café, et sauta le déjeuner, décrétant qu’il mangerait mieux ce soir.
Du coup, il devient anxieux, l’attendant avec impatience et fébrilité. A 15 heures, le chien réclama sa petite sortie hygiénique, il prit le soin de placarder sur sa porte une feuille de papier sur laquelle il indiqua le traditionnel « Je reviens de suite ». La promenade canine fut réduite au minimum syndical.
Et l’attente reprit. 16 heures, 17 heures… A 18 heures, il commença à se demander si elle viendrait. Il avait dû se passer quelque chose ! Ou alors, elle était passée en début de matinée, alors qu’il dormait encore ou qu’il effectuait sa promenade matinale avec le chien, à moins que ce soit quand il avait pris sa douche. Peut-être avait-elle laissé un mot dans la boite aux lettres ? Tout perturbé qu’il était, il avait complètement oublié de la relever. Il descendit en toute hâte n’y recueillant que des prospectus. Il remonta, totalement dépité.
« Elle ne viendra pas, il est trop tard, cette salope s’est foutue de moi. »
Il attendit tout de même jusqu’à 20 heures, puis s’apprêta à descendre au bistrot où il lui arrivait de dîner, le plat du jour y était très correct et la cuvée du patron pas si mauvaise. Il prit malgré tout le soin de placarder à nouveau sa porte « en cas d’urgence, je suis aux Deux Piliers ». L’espoir fait vivre.
– Toi le chien, tu m’attends, je vais revenir.
Il faisait la gueule, le chien. Il n’aimait pas que son maître le laisse seul.
Amanda et Tristan s’étaient retrouvés dans un bar à huîtres du Quartier Latin.
– J’ai rompu avec Grégorio ! Lui annonça-t-elle tout de go après quelques brefs échanges d’usage.
– Ah ! Commenta-t-il, manifestement ravi de la nouvelle. Il s’est passé quelque chose ?
– Il m’a battue !
– Comme ça ? Sans raison ?
– Il m’a confié une espèce de mission à la con, je pensais réussir mais il me fallait du temps. Et Monsieur trouvait que ça n’allait pas assez vite.
– Une mission ? Quel genre de mission ?
– Il fallait que je récupère une espèce de cadran pourri chez un vieux schnock qui l’avait ramassé dans une poubelle.
– Qu’est-ce qu’il avait de spécial ce cadran ?
– J’en sais rien, je l’ai pris en photo sur mon téléphone, vous voulez voir ?
– Oui, je veux bien, mais tutoyons nous.
Amanda lui présenta la photo de l’objet. Tristan l’examina, intrigué.
– Ça me dit quelque chose, il faudrait que je l’agrandisse. Transfère-moi l’image, je regarderai ça à la maison sur mon ordinateur.
Plus tard vint la question rituelle et convenue.
– Je t’emmène chez moi prendre un dernier verre ?
– Le dernier verre avant le plumard ?
– Oh ! Amanda !
– Je prends le risque, allons-y !
Amanda fut déçue que Tristan lui fasse prendre le métro, elle qui l’imaginait au volant d’une somptueuse voiture de sport. Elle fut aussi déçue de l’appartement, au lieu d’un duplex de standing dans un quartier branché, il l’emmena dans un modeste deux pièces au sixième étage d’un immeuble sans âme de la Porte d’Orléans. Tristan n’était donc pas l’homme fortuné qu’il prétendait être ! Restait son charme et sa beauté, elle s’en contenterait… Peut-être ou peut-être pas…
– Whisky, vodka, tequila ?
– Badoit !
Il apporta deux verres.
– Je te demande cinq minutes, ta photo m’intrigue de trop.
– T’as raison, faut savoir où sont les priorités, dans la vie ! Commenta-t-elle, un brin désabusée.
– Juste cinq minutes, pas une de plus !
Tristan eut tôt fait de transférer la photo prise par Amanda sur son ordinateur, il l’agrandit, l’examina.
– Ça ressemble au chronoscope de Télius.
– Au quoi ?
– Au chronoscope de Télius. Télius était une sorte de mage du 18ème siècle, à moitié illuminé, à moitié escroc.
– Ah ! Fit Amanda qui s’en foutait totalement.
– Je ne pense pas que ce soit l’original, ce doit être une copie. Intéressant en tous cas, très intéressant même ! Il faudrait que je fasse quelques recherches, mais on verra ça plus tard, j’avais dit cinq minutes, je tiendrai parole.
Et il mit son ordinateur en pause.
– On fait quoi ? Demanda-t-il, en s’approchant très près d’Amanda.
– On fait ce que tu brûles d’impatience de me faire !
– Quelque chose de coquin je suppose ?
– Embrasse-moi donc au lieu de causer. Conclue-t-elle avant d’approcher sa bouche de celle de Tristan.
Ils s’embrassèrent ainsi, goulument pendant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’Amanda, impatiente de passer à autre chose, se recule et commence à se déshabiller.
– Tu restes habillé ? S’étonne-t-elle.
– Non, non, mais je profite du spectacle.
– Et bien profite ! Après on va faire un triple A !
– Un triple A, c’est quoi ?
– A l’aise, à poil et au plumard !
Amanda est déjà nue et Tristan n’en peut plus d’admirer son corps parfait, ses seins, sa chute de rein, ses jambes… Il s’approche pour l’enlacer, Elle se recule.
– A poil, Tristan !
Jamais sans doute il ne s’était déshabillé aussi vite, lui d’ordinaire si méticuleux, envoie bouler ses vêtements dans un coin avant de rejoindre la femme qui cette fois accepte l’étreinte.
Tristan est comme fou et se met à embrasser son amante partout où il le peut… mais surtout sur la poitrine. Les tétons, il les bise, il les lèche, il les suce, il les aspire… Il n’en peut plus.
– On se calme !
– Je ne peux pas, tu me rends fou !
– Alors change de sein, j’en ai deux !
Il le fait, puis retourne au premier, puis saisi d’une impulsion, il s’accroupit brusquement afin que son visage soit en face du pubis glabre de la jeune femme et y introduit la langue. Amanda se laisse faire quelques instants avant de l’inviter à continuer ce genre de choses sur le lit.
Une fois sur place, Tristan a envie de continuer ce qu’il venait d’entreprendre, alors qu’Amanda s’impatientait d’avoir sa bite dans la bouche. Pour mettre tout le monde d’accord, vous l’aurez deviné, la position qu’ils adoptèrent sans même se concerter, fut le soixante-neuf.
Alors tandis que Tristan s’amusait à titiller le petit clitoris déjà érigé, Amanda gobait avec avidité cette jolie bite bien raide dont elle apprécie la douce texture et l’odeur légèrement musquée. Tristan de son côté, égarait sa langue dans le fouillis des chairs de cette chatte au gout d’herbe coupée, au grand dam de sa partenaire qui aurait préféré qu’il continue à s’occuper de son clito. Que faire, le guider ? Le guider ou sucer, on ne peut pas tout faire à la fois ! Alors elle suce ! Pour le reste, elle verra après, n’ont-ils pas toute la nuit pour eux ?
Après ces quelques fantaisies buccales, les mains se font caresses tandis que les chairs se joignent. Amanda souhaite être pénétrée, elle se retourne, offrant ses fesses en levrette à son amant. Elle se cabre, dévoilant la magnificence de ses orifices.
Tristan n’en peut plus. La pénétrer illico ou la lécher dans cette position de rêve ? Il hésite, puis saisi d’une pulsion incontrôlable il lui frappe la fesse du plat de sa main.
– Quel cul !
– Ben alors, faut pas te gêner ! Dit-elle pour le taquiner.
– Oh ! Excuse-moi !
– Mais non, continue, ça ne me dérange pas !
Tristan ne se le fait pas dire deux fois, et lui distribue des claques sur les fesses à tour de bras.
– Continue, j’aime ça !
– Un peu maso, hein ?
– Juste un peu. Aïe ! Pas trop fort quand même !
Qui lui avait confié cette étrange réflexion selon laquelle tous les beaux gosses seraient tous un peu sadiques ?
Les fesses d’Amanda ne tardent pas à devenir rouges comme des tomates. Elle juge alors que la fantaisie a assez duré et se retourne sur le dos. La levrette attendra un peu !
Les seins en position couchée ne sont pas à leurs vrais avantages, mais Tristan prend les tétons dans ses doigts et les serre, doucement d’abord… Amanda se pâme !
– Tu aimes !
– Plus fort !
– Comme ça !
– Oui ! Lèche-moi en même temps !
Il semble avoir du mal à trouver la bonne position pour ce faire. Ce n’est pourtant pas bien difficile, il suffit d’allonger les bras !
Sa langue se perd une nouvelle fois dans les méandres charnus.
– Le clito ! Ta langue sur le clito !
Il a compris cette fois et s’acharne sur le petit bouton de rose. Amanda sait qu’elle va jouir, elle retire les doigts de Tristan de ses bouts de seins et le remplace par les siens, elle peut ainsi mieux se contrôler.
Ça y est ! Amanda part. Son sang affleure sa peau, sa respiration devient haletante, le cœur s’accélère. Elle hurle, son corps se raidit, s’arcboute, avant de retomber comme une chiffe molle et en nage.
– Ça va ? Demande bêtement Tristan.
– Ça va ! Tu m’as bien léchée !
Tristan en est flatté dans son ego, et voyant Amanda se positionner de nouveau en levrette, il s’encapote prestement et la pénètre assurément.
Après quelques va-et-vient énergiques, Amanda susurre à son partenaire que son cul serait fort flatté d’accueillir cette bite en pleine forme.
Vous pensez bien que Tristan n’a rien contre. Son problème, c’est le timing, il n’aura pas de le temps de se dégager et d’entamer l’introduction anale, il se sent trop près de la jouissance. Alors il fait comme s’il n’avait rien entendu et jouit en rugissant.
Amanda faillit lui dire : « déjà ? », mais elle n’en fit rien, elle n’a pas un mauvais fond et n’aime pas vexer les gens.
Un temps calme, quelques caresses, quelques bisous. Amanda aurait volontiers remis le couvert, Tristan ne semblait pas prêt, sa bite non plus !
Ils dormirent ensemble cette nuit-là.
Désiré Macherot rentra à 21 heures, et ses illusions s’étant cette fois définitivement évanouies, il déplaça le mécanisme à cadrans pour le poser sur la table. Il ne comprenait rien à ces cadrans bizarres, l’un des petits était très certainement une horloge, mais les autres ? Ses yeux restaient maintenant fixés sur le gros cadran, ses sept aiguilles et ses sept cercles. Qu’est ce qui va par sept et qui se reproduit en cycle ? Les planètes, ça ne fait pas le compte. Un cycle ésotérique, un calendrier exotique ? Il possédait Internet mais ne savait pas bien s’en servir, il avait néanmoins déjà manipulé le moteur de recherche de Google et tapa « réparation mécanismes anciens »
Le résultat était surréaliste ! Réparateurs de carillons, de chasse-d’eau et même d’essuie-glace ! (essayez, vous verrez !)
L’attention de Macherot fut néanmoins éveillée par l’un des résultats enfoui au-delà de la dixième page : un certain professeur Martinov qui s’annonçait comme inventeur et réparateur de dispositifs. Il irait le voir demain matin. En recherchant ses coordonnées, il fut déçu de constater que le type n’exerçait pas sur Paris mais à Louveciennes, une banlieue huppée des Yvelines. Il sortit le chien, puis rentra se coucher, dépité par cette journée « perdue ».
Karen ne rentra chez elle que fort tard. Elle était passablement énervée. Attachée commerciale d’une importante société de distribution, on l’avait envoyé négocier la signature d’un contrat à Bordeaux. Elle avait vite compris que la réussite de sa mission passait par une partie de jambes en l’air avec son interlocuteur. Ce genre de situation n’était pas si rare, et elle les assumait d’ordinaire avec philosophie. Sauf que cette fois le type était à la fois adipeux, gluant et lourdingue, ce qui fait beaucoup pour un seul homme ! Et comme si ça ne suffisait pas, il avait beau s’y reprendre un nombre incalculable de fois, il n’y arrivait pas, à ce point qu’il s’énerva, l’accusant de ne pas coopérer complètement. Karen ne releva pas et tenta de le calmer. Peine perdue : le bonhomme se releva, se rhabilla en la traitant de tous les noms et en lui précisant que « ses » contrats, elle pouvait se les foutre au cul ! Carrément !
Karen admettait l’échec, elle admettait moins l’humiliation. Elle fut néanmoins obligée de la subir sans broncher afin qu’on ne puisse lui reprocher d’avoir définitivement brisé toutes possibilités de contacts entre les deux sociétés.
Elle releva son courrier. Montée chez elle, elle déballa le contenu de la grosse enveloppe kraft que Grégorio lui avait préparé, il contenait comme prévu l’argent ainsi qu’un dessin s’essayant à représenter le dispositif à cadrans. Mais la surprise était la présence d’un revolver.
« Qu’est-ce qu’il veut que je fasse avec un revolver ? Je n’ai pas besoin de ce truc et je ne m’en servirai pas ! »
Dans sa main, ça lui faisait bizarre, c’était la première fois qu’elle en tenait un. Il y a toujours une première fois ! Elle l’enfouit au fond de son grand sac à main.
Demain elle informerait son employeur de son échec et expliquerait qu’ayant raté le dernier train, elle ne rejoindrait son poste que dans l’après-midi. Elle pourrait ainsi se consacrer le matin à la mission que lui avait confiée Grégorio.
Mercredi 5 décembre
Amanda fut réveillée par Tristan qui lui apporta un plateau avec café, croissant, confiture et tartines. Elle apprécia le geste et déjeuna de fort bon appétit.
– Je voudrais te dire quelque chose… Commença Tristan après avoir avalé la dernière bouchée de son croissant.
– Vas-y, je t’écoute répondit Amanda avec une certaine appréhension.
– Un bisou d’abord !
Elle ne le refusa pas, mais quand elle sentit Tristan bandant comme un mulet et prêt à « remettre le couvert du matin », elle se dégagea brusquement.
– Mais… Protesta le jeune homme.
– Dis-moi d’abord ce que tu voulais me dire !
– Je voulais te dire que j’ai passé avec toi une soirée merveilleuse, sans doute l’une des plus belles de ma vie…
Amanda à cette évocation eut un frisson de joie.
– Oui, peut-être même LA plus belle !
Les yeux d’Amanda se mouillèrent de bonheur.
– J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir ! Je t’aime, Amanda !
Alors Amanda craqua et se mit à pleurer d’abondance. Son rêve se réalisait !
– Viens ! Je t’aime, Tristan !
Le baiser est long, excitant, bientôt les deux amants rejouent la symphonie de la veille, la pipe, le cuni, le soixante-neuf, l’exhibition en levrette et bien sûr la fessée !
– Tu n’as plus de traces !
– Manquerait plus que ça !
Une claque atterrit sur la fesse gauche de la femme.
– Je peux ?
– C’est avant qu’il faut demander, pas après !
– Excuse-moi, c’est de ta faute, tu m’excites de trop !
– Ben voyons !
– Je peux ou pas ?
– Bien sûr que tu peux !
– Et si j’essayais avec autre chose que les mains ?
– Les pieds ?
– Mais non ! Un petit martinet par exemple !
– On verra ça ! Achète-en un pour une prochaine fois, mais je ne te promets pas que ça va me plaire.
– En fait j’en ai déjà un !
– Ah ? Ah, bon ! Ben va le chercher !
Il revint quelques instants plus tard avec un martinet de sex-shop, tout noir avec l’extrémité du manche en forme de gode.
– Je voudrais t’attacher ! Demande-t-il.
– Moi, je veux bien, mais si tu m’attaches, je ne serais plus en levrette.
– Si ! C’est possible, les japonais le font, mais c’est assez compliqué et il me faudrait un modèle. Mais j’ai une idée, je vais juste t’attacher les mains avec des liens courts, et pour les chevilles je vais mettre des liens plus longs, et comme ça, ça va le faire.
Tristan alla chercher de la cordelette et commença à attacher Amanda de la façon qu’il avait décrite. Tous ces préparatifs saoulaient Amanda, mais la perspective d’être dominée dans la souffrance l’excitait.
– Attention on y va !
Amanda étouffa un cri de douleur.
– Ça va ?
– Vas-y fouette-moi !
– T’en veux combien ?
– Comme tu voudras ! Aïe !
Il se mit alors à frapper à la volée, son excitation était à son paroxysme, il lui faudrait à un moment cesser et la prendre dans cette position, violement sans autres préliminaires.
– J’ai peur de laisser des marques !
– On s’en fout, continue, fais-moi mal !
Il aurait dû compter, comme ça, pour le fun ! Le fessier de la victime consentante virait maintenant du rouge au violacé. Il ajusta un dernier coup et balança le martinet à l’autre bout de la pièce, s’encapota, et l’encula sans rémission.
– Oui, vas-y encule-moi comme une chienne !
« Trop vite, il va trop vite, il va prendre son pied avant que je… merde, quel con ! »
Elle simula la jouissance, mais restait sur sa faim. Ils s’embrassèrent, se caressèrent, mais à l’instar de la veille, Tristan n’eut manifestement pas l’intention de remettre le couvert.
– Je t’ai fait mal ?
– Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Il s’inquiétait pour les coups de martinet, mais ne doutait pas une seconde de la jouissance d’Amanda. Celle-ci décida néanmoins d’être un peu plus didactique la fois prochaine.
Après sa douche, Tristan s’habilla en sifflotant. Il avait informé Amanda qu’il avait un rendez-vous dans le cadre de son travail. Au débotté, il lui demanda :
– Ce cadran, il n’est vraiment pas récupérable ?
– Si ! Si je voulais ! Pourquoi ? Répondit-elle sans réfléchir.
– Tu pourrais le faire ?
– En travaillant un peu le bonhomme, ça me parait tout à fait faisable.
– Tu pourrais me le récupérer… Pour moi ?
– Mais bien sûr mon amour !
– Euh, le type n’a pas besoin de savoir qu’il s’agit du chronoscope de Télius.
– Ne t’inquiète pas pour ça !
Amanda se sentait merveilleusement bien, elle récupérerait ce cadran, apportant ainsi à Tristan une superbe preuve d’amour… Et en plus cela lui permettait de se venger de Gregorio.
Après avoir sacrifié à ses rites matinaux (la douche, le petit déjeuner, le chien). Désiré composa le numéro de Martinov. Ce dernier se révéla fort aimable et lui proposa qu’on lui envoie l’objet en colis recommandé afin qu’il puisse l’examiner. Le cout de l’expertise était tout à fait raisonnable. Tout allait bien.
Désiré a toujours quelques emballages postaux d’avance. Ils lui servent pour ses échanges. Il confectionne donc le colis, calant l’objet avec des chutes de polypropylène, le scotche et l’étiquette. Dans la foulée il en profite pour préparer un second colis à l’attention cette fois, de son correspondant amateur de réveille-matins à Toulouse. Il ne lui reste plus qu’à se rendre à la Poste, ce qu’il fera dans l’après-midi en sortant le chien.
C’est alors qu’on sonna à sa porte. Il devait être 10 heures du matin.
Une apparition ! Une superbe rousse, savamment maquillée, le ciré noir ouvert sur un petit bustier vert outrageusement décolleté, la jupe mini de chez mini.
– Bonjour, vous êtes bien Monsieur Désiré Macherot ?
– Oui ! C’est pourquoi ?
– C’est une surprise ! Je vais vous expliquer, mais permettez-moi d’entrer, je ne peux pas vous raconter ça sur le pas de la porte.
– Ecoutez, je n’ai besoin de rien…
– Rassurez-vous, je n’ai rien à vous vendre, je ne fais partie d’aucune secte ou organisation, je ne fais pas signer de pétition, c’est beaucoup plus simple que ça ! Je peux entrer ?
– Et vous ne pouvez pas me le dire là !
– Non je ne peux pas vous le dire là ! Répondit-elle avec un tel sourire désarmant qu’il la laissa entrer.
Le chien aboya par réflexe, mais sans agressivité excessive.
– Couché le chien ! Il n’est pas méchant, mais c’est un bon chien de garde.
– Il ne va pas me manger, alors, répondit Karen peu rassurée.
– N’ayez pas peur !
– Donc je vous apporte une surprise ! En fait c’est moi la surprise ! Je suis escort-girl et des amis à vous se sont cotisés pour vous offrir mes services : Elle n’est pas belle la vie ?
– C’est une erreur !
– Désiré Macherot, boulevard Voltaire, c’est bien vous, non ?
– Je ne comprends pas, c’est qui, ces amis dont vous me parlez ?
– J’n’en sais rien moi, l’agence m’a demandé de venir ici, alors je suis là ! C’est un cadeau, c’est gratuit ! Profitez-en !
– Il y a une erreur quelque part, je ne vois pas…
– Je ne sais pas moi, c’est peut-être votre anniversaire, votre fête…
– Mais non !
– Alors c’est une vraie surprise ! Vous savez, généralement les gens qui offrent ce genre de cadeau se manifestent tout de suite après… je crois que vous saurez bientôt… Bon on fait ça dans votre chambre ou sur le canapé ?
Désiré ne répondit pas. Il devait y avait un piège, mais il ne le comprenait pas, cette histoire de cadeau lui paraissait trop farfelue. Mais d’un autre côté cette créature de rêve en face de lui ne le laissait pas insensible.
– Je me déshabille normalement ou vous préférez un vrai strip-tease ?
Désiré était sur le point de craquer.
– On va rester là, mon lit n’est pas fait. Attendez-moi, je reviens. Le chien, couché, pas bouger !
Il commença par verrouiller la porte d’entrée au cas où la fille aurait un quelconque complice, puis cherchant un objet contondant il sortit un maillet d’un placard, qu’il plaça pour le moment dans la poche arrière de son pantalon. Il se cacha ensuite pour voir ce que faisait la fille. Rien de spécial, si ce n’est qu’elle paraissait intéressée par son fouillis. Il vint la rejoindre.
– On y va ? Je suis à vous pendant une heure, mais rassurez-vous, je ne regarderai pas ma montre. En préliminaire, je peux vous faire un strip ou alors un petit massage, un bon petit massage relaxant, ça vous dirait, ça ?
– Ma foi !
– Déshabille-toi mon petit chéri, je vais bien m’occuper de toi ! Dit-elle en enlevant son haut libérant une magnifique poitrine dont les tétons dardés semblaient le défier.
– Au fait je m’appelle Jenny ! Dit Karen.
– Enchanté !
Désiré ne réfléchissait plus à ce moment-là qu’avec son sexe (c’était bien là le but de la manœuvre) et se déshabilla à la hâte.
– Alors on y va pour un massage, étendez-vous sur le ventre pendant que je me mets à l’aise. Vous avez le droit de vous en mettre plein la vue, c’est votre jour de chance !
Plein la vue ! Oui, c’était le mot ! Une vraie rousse à la peau laiteuse constellée de taches de rousseurs. Des seins piriformes d’un bon volume et très probablement naturels.
« Le deuxième canon de la semaine ! La loi des séries ? »
Elle virevolta afin de lui montrer son cul.
« Un peu plat ! On ne peut pas tout avoir ! »
– Alors ça te plait ?
– Super !
– Tu as vu ça ? Y’a rien à jeter !
Les mains de la fille font quelques mouvements sur les épaules de Désiré. Puis elles se baladent un peu partout, le dos, les bras, les cuisses… Les fesses ? Non pas encore ! Tout cela ressemble plus à des caresses qu’à du massage, mais qu’importe !
Karen prenait son temps, il lui faudrait bien occuper l’heure promise. Sans doute, malgré tout la prestation ne durerait peut-être pas soixante minutes, mais elle ne pouvait se permettre de la bâcler, surtout pas !
Les mains vinrent sur les fesses et les malaxèrent comme il se doit. Karen lui écarta les globes et ses doigts s’approchèrent de l’anus mais sans insister. Pour le moment, elle resterait dans le « basique ».
– Soulève-toi très légèrement !
Désiré ne comprend pas.
– C’est pour que je puisse te caresser les couilles !
Evidemment, dit comme ça, il comprend mieux et obtempère. Au contact de la main de Karen, la bite se met à bander « pour de vrai ». Elle la masturbe quelques instants, puis lui demande de se retourner. .
– Humm ! Monsieur est en pleine forme ! On dirait !
– Hé !
– Quelle jolie queue ! Je crois que je vais me régaler !
Elle le caresse d’abord sur tout le corps, pour calmer un peu le jeu. Ses mains passent sur ses tétons.
– Ah, Oui ! Lance Macherot.
Ça lui a échappé.
– Sensible des tétons, hein ?
– Oui !
– T’aimes quoi ? Qu’on te les pinces ?
– Oui, oui !
– Comme ça ?
– Oui, même un peu plus fort ! Oui ! C’est bon !
– Un peu maso, hein ?
– Un tout petit peu !
– Un tout petit peu ? Voyons voir ça, tu voudras que je sois ta maîtresse ?
Il n’est pas certain de comprendre.
– Moi la maîtresse et toi l’esclave !
– Je ne sais pas !
– On ne t’a jamais fait de domination.
– J’ai juste vu des films, je ne suis pas assez maso !
– Justement, les films, c’est du cinéma, et le cinéma ce n’est pas la réalité…. T’aime ça, hein ? Ajouta-t-elle en augmentant la pression de ses doigts.
– C’est bon !
– Qu’est-ce que tu aimes d’autre encore ?
– Je ne sais pas !
– Tu peux tout me dire, j’ai les idées larges… et puis je ne serais pas toujours là, profites-en !
Désiré n’a nullement l’intention d’aller révéler ses fantasmes de travestissement et d’introduction anale, en revanche pour ce qui est du pipi : pourquoi pas ? Il lui dit.
– Oh ! Mais tu es un vrai coquin, toi ! Là je n’ai pas envie, mais peut-être que tout à l’heure ?
Si Karen n’a rien contre ces pratiques en soi, elle n’en est pas non plus accro et n’a pas envie de se prendre la tête avec ce genre de choses. Elle n’a pas envie maintenant, elle n’aurait donc pas non plus envie tout à l’heure.
– Je vais te faire une de mes spécialités ! C’est le body-body, tu connais ?
– Non ?
– Tu devrais sortir davantage, toi ! Tu apprendrais des tas de choses. Je ne t’explique pas, je vais le faire, tu vas aimer ! Tu vas forcement aimer !
Elle lui grimpa dessus, en s’arcboutant légèrement de telle façon que les pointes de ses seins soient en affleurement constant avec le corps de l’homme.
– Ça s’appelle un body-body ! Normalement ça se pratique avec des huiles de massage, mais moi je fais le body-body sec !
Ses tétons se baladaient partout en une infernale danse libidineuse. Partout, en fait pas vraiment, car si le sexe avait sa part, Désirée se demandait si la jeune femme oserait comme l’avait fait Amanda, lui glisser son téton entre les lèvres.
En fait, elle ne le fit pas !
« Moins professionnelle que l’autre ! » Ne put-il s’empêcher de penser.
– Tu peux me caresser un peu si tu veux ! Proposa-t-elle.
Il n’allait pas refuser, vous le pensez bien, et si ses mains s’enivrèrent du contact de ses bras, de son ventre, de ses cuisses, ce furent les seins qui furent bien sûr, l’objet de toutes ses attentions. Celles-ci d’abord timides, devinrent rapidement hardies.
– Doucement, doucement !
– Excusez-moi !
Il retira ses mains. Karen lorgna vers la pendule. Les arts du lit ont ceci en commun avec ceux de la table qu’ils ont la propriété de contracter le temps. Plus d’une demi-heure s’était écoulée, le temps de finir avec une petite pipe et de se rhabiller sans se presser on arriverait à une séance d’environ trois quarts d’heure, ce qui serait, jugea-t-elle bien suffisant.
– Tu veux que je te suce ?
Voilà encore une proposition que Désiré ne saurait refuser ! La dernière pipe à laquelle il avait eu droit datait du temps où son épouse était encore à la maison, autant dire une éternité. De plus ses pipes étaient sans passion ni talent !
Aucune comparaison avec ce que lui prodiguait en ce moment même cette jolie rousse, qui alternait les va-et-vient vigoureux avec des légers mais irrésistibles mouvements de la pointe de la langue sur le méat, des lèchements de la verge et même des gobages de testicules !
Bientôt notre homme se sentit partir, il crut bon d’en informer sa pipeuse qui n’en eut cure et continua sa besogne. Il se laissa alors aller et jouit dans un râle.
Karen savait, pour avoir été confrontée au phénomène, que certains hommes développent un stress post éjaculatoire aux conséquences parfois inattendues. Aussi se fit-elle chatte, elle lui caressa tendrement la joue et le torse, puis déposa un chaste baiser sur son front. Notre homme en fut tout chose.
– T’es sympa, toi ! Ce n’est pas le cas de tous les clients !
Alors, Karen se releva. Désiré découvrit alors que sa bite était recouverte d’un préservatif, maintenant rempli de son sperme ! Comment ne l’avait-il pas « senti » ? Et surtout comment avait-elle opéré pour le lui poser sans qu’il ne s’en aperçoive ? Cette femme devait être une sorcière !
– C’était bon ?
– Très bien merci !
Globalement et malgré la qualité de la pipe, c’était un peu moins bien qu’avec Amanda, et puis il n’avait pas eu son pipi, Mais bon, Il n’allait quand même pas faire le difficile. A cheval donné on ne regarde pas les dents !
– Je vais vous laisser, vous voyez tout c’est bien passé.
– Je suis quand même curieux de savoir qui est à l’origine de ce… de ce…
– De ce cadeau ? Vous devriez le savoir bientôt. Dites donc vous en avez des babioles !
– Oui, ce sont des trucs que je dégotte à droite et à gauche, ça occupe ma retraite.
– Vous êtes collectionneur ?
– Non pas vraiment.
– C’est quoi vos plus belles pièces ?
– Ben j’ai le petit tableau qui est là, je l’ai ramassé près d’une poubelle.
Karen jeta un regard distrait au tableau en question, représentant une rue de Paris
– Une rue de Montmartre ?
– Non, du 5ème, ce n’est pas le Sacré Cœur au loin, c’est le Panthéon !
– Ah !
– Sinon, j’ai ça ! Continua-t-il en montrant une grosse horloge. Je l’ai récupérée en province dans une gare, elle allait partir à la décharge, il faudrait que je la fasse réparer un de ces jours.
Chic, se dit Karen, voilà qui amenait miraculeusement la conversation, là où elle voulait en venir.
– Oh ! C’est superbe ! Moi j’aime bien aussi tout ce qui est horloges, pendules, cadrans un peu bizarres !
« Tiens, elle aussi ! » Ne manqua pas de s’étonner Désiré, sans toutefois pousser plus loin sa réflexion.
– Dans le genre vous avez quoi d’autres ? Reprit-elle.
– Ben, les pendules, je ne garde que celles pour lesquelles j’ai un coup de cœur, sinon je les envoie à un de mes correspondants en province. J’ai d’ailleurs un paquet qui est là, prêt à partir.
Et il d’un geste, il indiqua l’endroit où était posé deux paquets-poste dont les adresses étaient libellées en gros caractères au feutre violet.
– Et en cadran, vous n’avez que des pendules.
– Non, je dois avoir des boussoles, et aussi un baromètre, et puis l’autre jour j’ai trouvé un truc bizarre avec trois cadrans, je ne sais pas trop ce que c’est, je ne peux pas vous le monter, il est aussi emballé et prêt à partir, je vais le faire expertiser.
Le plan de Karen s’écroulait, il lui fallait réfléchir à une autre solution, et vite, mais d’abord gagner du temps.
– Vous n’auriez pas un café à m’offrir avant que je m’en aille ?
– Du thé ?
– Oui !
– Asseyez-vous. Euh, je pourrais avoir le numéro de votre agence, ils me diront peut-être qui sont ces mystérieux amis ?
– Je n’en ai pas le droit !
Le plan initial de Karen était simple et avait déjà prouvé son efficacité quand il lui avait fallu récupérer un vieil ouvrage ésotérique chez un vieux libraire qui ne voulait pas de prime abord s’en débarrasser. Elle avait couché avec lui, toujours en prétextant le cadeau-surprise, puis dans la foulée l’avait travaillé avec les mots qu’il fallait (toi tu es super sympa, ce n’est pas comme les autres… ça n’a pas été une corvée… je reviendrais volontiers… Je te ferai un prix… On pourrait même se voir comme ça, en copain…) à tel point que le type avait accepté de lui prêter (prêter, n’est-ce pas, pas donner) à condition qu’elle vienne lui restituer dans quinze jours. Elle lui avait alors donné sa carte de visite pour le rassurer, une carte complètement bidon bien entendu. Le libraire n’avait bien évidemment jamais revu ni la fille, ni le livre.
Là, l’affaire se compliquait, Karen était assez intelligente pour comprendre qu’elle pourrait charmer Désiré tant qu’elle voudrait, il n’irait probablement pas jusqu’à défaire son paquet-poste pour ses beaux yeux. Elle tenta quand même le coup, si ça ratait, elle avait une solution de secours.
– C’est vraiment dommage qu’il soit emballé, j’aurais bien aimé le voir !
Désiré répondit par un geste d’impuissance. Elle n’insista pas.
– C’est le premier paquet ?
– Oui. Répondit Désiré sans ni réfléchir, ni vérifier.
– J’ai un peu mal à la tête, vous n’auriez pas de l’aspirine ?
– Si, je vais vous en chercher.
Alors, très vite, elle s’empara du premier paquet, tout en visualisant (inconsciemment ? Au cas où…) l’adresse de destination du second, déverrouille la porte d’entrée et s’enfuit avec son larcin sous le bras !
Désiré a entendu le bruit de la porte, il revient, constate que la belle a disparu. Au lieu de lui courir après, il ouvre par réflexe le tiroir au fond duquel il conserve un peu d’argent liquide et son carnet de chèques. Elle n’a rien pris ! Il jette un regard circulaire sur ses étagères ou apparemment rien ne manque. Et puis l’évidence… l’un des paquets postaux manque. Il s’approche ! Celui destiné au Professeur Martinov est toujours là ! Quelle mouche a piqué cette fille d’aller se sauver en embarquant un paquet contenant un réveille-matin à l’effigie de Mickey Mouse ?
Et puis le déclic ! Elle s’est trompé de paquet, c’est l’autre quelle voulait ! C’était donc la deuxième nana à s’intéresser à ce mystérieux cadran. Quelque chose lui échappait, cette seconde fille était sans doute complice de la première… Mais au lieu de rester planté là, s’il lui courait après ? Ses chaussures, sa veste. Elle avait combien d’avance sur lui ?
– Couché le chien, non, je ne te sors pas, attends un peu !
Il dévala l’escalier à toute vitesse. Dehors il regarda à droite, à gauche, devant, partout… « Jenny » avait disparu !
(à suivre)
L’un des plus beaux chapitres de cette merveilleuse histoire, l’une des plus bandantes de celles des aventuras de Martinov. En lisant tout cela, je m’identifiai à Macherot, homme chanceux sans le savoir 😉
J’ignore pourquoi ce chapitre des aventures du Professeur Martinov jouit d’une telle popularité car son auteur en a écrit un bon paquet et en principe ce n’est que du bon. Mais il faut dire qu’ici la situation est plaisante dans son scénario et bandante dans son déroulement. Un bon moment de lecture, on ne peut pas dire le contraire 😉
Quelle imagination ! Ca fait bien bander
Je me suis régalé ! Merci pour ce joyeux moment de lecture
C’est bien raconté, joli plume, fantasmes intéressants, un bon moment de lecture passionnant, excitant. Bravo
Un délice !
Martinov et Béatrice ne sont pas dans ce chapitre, mais ce bon Monsieur Macherot, je ne vous dis pas ! Superbe lecture !
Bigre, cette lecture est passionnante, ce bon monsieur Macherot va finir par perdre la raison avec toutes ces visites de bimbo… vite la suite
J’adore ces personnages, ces situations, cet humour, cette écriture, bravo !
Vite vite la suite.
J’ai hâte d’en savoir plus sur les fantasmes de M Désiré Macherot 😉
Moi, j’aimerais bien être à la palce de Macherot 😉