Un bienfait n’est jamais perdu par Sophomore

Aimable lecteur, que vous soyez un homme ou une femme, donnez-moi la main
et venez vivre avec moi le fantasme que vous allez lire… Laissez-vous
faire et partons ensemble…

– Que je peux être con, c’est pas vrai !

C’est ce que j’ai entendu murmurer en me penchant sur le conducteur du break
qui m’avait doublé peu de temps auparavant et qui venait juste de se planter
contre un muret en pierre. Mais vous comprendrez mieux si je vous raconte
l’histoire depuis le début !

Je suis un jeune retraité, veuf, début de soixantaine et flatterie ou manque
de discernement de mon entourage, il paraît que je ne les fais pas. Je vis
heureux (et seul) près d’une petite ville du contrefort des Pyrénées.

Un après-midi propre à la rêverie, je roulais « tranquilot » (ici on prononce
le t final) sur la petite départementale sinueuse et ombragée qui me
ramenait chez moi. Il faisait beau, chaud et il n’y avait personne quand le
break m’a doublé et quasiment sous mes yeux a dérapé sur du gravillon puis
s’est précipité sauvagement sur un muret en pierres qui ne lui avait rien
fait. C’est pas une menterie, j’étais là !

Il y avait un couple à l’intérieur, la bonne quarantaine et passablement
groggys par le choc, mais pas blessés car ils pouvaient bouger – merci les
ceintures. D’ailleurs ça s’est confirmé quand la passagère s’est exprimée
elle aussi d’une voix faible, mais bien consciente. J’ai d’ailleurs cru
reconnaître quelques mots en patois local : merde, merde, merde, ou quelque
chose d’approchant… Ce n’était donc pas trop grave, ni pour eux ni pour le
muret qui à l’heure actuelle ne s’est encore plaint de rien.

Une mauvaise odeur et une petite fumée sortant du capot m’ont fait réaliser
qu’il fallait que je les sorte de là rapidement. J’ai extirpé le conducteur
en premier. En s’appuyant sur moi, il est allé péniblement s’asseoir sous un
arbre, j’ai fait de même pour la passagère toute aussi vaseuse. En se
prenant les pieds dans une pierre, elle a trébuché et s’est raccrochée à
moi. Pendant une seconde, en essayant de la retenir, sa poitrine a frôlé ma
main :

– Hypocrite et menteur, tu l’as bel et bien pelotée m’a dit immédiatement ma
conscience – laquelle se comporte avec moi comme une garce et ne me loupe
jamais !
– Même pas vrai, ça a été si bref que j’en ai même pas profité !
– Si, j’ai tout vu, c’était une caresse très appuyée et tu aurais voulu en
faire plus, salopard…

Je l’ai fait taire, sinon on y serait encore.

Bref, j’ai fait asseoir cette dame sous l’arbre et je suis revenu vers leur
voiture pour en sortir tout ce que je pouvais au cas où elle aurait pris feu
pour de bon : le sac à main, un attaché-case, un portable et ce qu’il y
avait de paperasse dans la boîte à gants. Ceci fait, l’homme me demanda
faiblement :

– S’il vous plait, aidez-moi à me relever.

Je l’ai aidé, comprenant qu’il avait un besoin naturel. Mais alors qu’il en
avait presque fini, l’effort était encore trop important et il est tombé à
genoux ! Je l’ai ramené vers l’arbre où je l’avais installé. Son sexe étant
resté sorti, il a bien fallu que je l’aide à le remettre là où il faut.

– Cochon, pourquoi as-tu fait ça, dit encore ma garce de conscience.
– Je l’admets, une pulsion fulgurante, tout à fait incontrôlée m’a fait
avoir ce geste… Un peu appuyé.

À mon âge, c’était une première et pendant un instant, je reconnais que j’ai
été une autre personne.

– Ok pour la découverte et la pulsion incontrôlée, mais tu savais bien ce
que tu faisais et ça t’a fait plaisir continua mon Jiminy Cricket, t’es
entrain de drôlement évoluer…
– Et alors, il fallait le laisser avec le zizi à l’air, donneuse de leçons !

Non mais, faut pas se laisser influencer au-delà du raisonnable par une
conscience qui voudrait tout régenter ! J’ai été marié assez longtemps pour
savoir où ça mène ! Silence dans les rangs, scrogneugneu. Fin de la
discussion.

Après cet intermède, je me suis rendu utile. Et d’un, appeler les secours
sur le portable ; et de deux, donner à boire à ces gens. J’avais une
bouteille d’eau fraîche, ils ont bu et je leur ai rafraîchi le visage, ce
qui les a fait sortir lentement de leur hébétude. Peu de temps après,
pompiers et gendarmes sont arrivés et ont pris les choses en main. Il était
juste temps, la voiture était entrain de cramer.

L’ambulance les a emmenés peu après vers l’hôpital pour examen, pendant
qu’il a fallu s’occuper des explications et déclarations diverses. J’ai
appris que lui était Paul G. médecin, et elle, sa femme Roxane, antiquaire.
Compréhensifs, les gendarmes m’ont dit de repasser à la brigade le lendemain
matin pour compléter et signer ma déclaration. Sur ce, je suis rentré à la
maison.

Le lendemain, j’ai donc revu les gendarmes et après avoir expédié la
paperasse, je leur ai demandé, pour leur faire une petite visite, vers quel
hôpital avaient été dirigés les accidentés.

Je les y ai trouvés en pleine forme. Après la mise en observation, les
radios etc. ils étaient prêts à sortir : pas de séquelles ! Il faut dire que
le personnel avait été aux petits soins pour eux car le mari était bien
connu de tout le monde.

Bien sûr, ils se sont confondus en remerciements avec une chaleur et une
gentillesse naturelle qui faisaient chaud au cœur et m’embarrassèrent un
peu.

Puisqu’ils étaient sans voiture, je ne pouvais faire moins que de leur
proposer de les ramener chez eux. Cependant, au moment de partir, j’ai pensé
demander au médecin de conduire ; pour faire passer le choc psychologique de
l’accident ai-je dit ! Il a d’abord refusé, puis il a vite compris la
thérapie : quand un cavalier tombe, on l’oblige à remonter en selle tout de
suite, même chose ici ! Au début du trajet, sa femme est restée derrière ne
parlant presque pas… Trouille de remonter en voiture, timidité ou autre
chose, je ne sais pas.

Pendant que nous roulions, la conversation a été agréable et si nous avons
reparlé de l’accident, nous avons aussi découvert que nous avions des goûts
en commun : musique, cinéma, lecture, dessin, Internet, simulateurs de vol
sur ordinateur etc.

À la station d’essence où il a fallu remettre un peu de sans plomb, j’ai
suggéré que sa femme conduise à son tour. Là, ça a été plus difficile, elle
a dit sur un ton péremptoire que plus jamais elle prendrait le volant, que
cet accident lui resterait toujours à l’esprit, qu’on ne pouvait pas lui
demander ça etc. Un vrai caprice, à tel point qu’au milieu de ses
vociférations et perdant tout contrôle, je l’ai prise par les épaules et je
lui ai crié sèchement :

– Arrêtez, je vous en prie.

Je devais avoir l’air sévère et autoritaire et elle s’est arrêtée de
récriminer. Il y a eu un silence complet et elle a baissé les yeux. Cette
attitude était le signe prémonitoire de quelque chose qui s’est révélé plus
tard et dont je vous parlerai peut-être.

Quoi qu’il en soit, si les choses ne se sont pas envenimées c’est peut-être
à cause de mon âge – pour une fois que ça m’était utile ! C’est son mari qui
a débloqué la situation par un silencieux mouvement de tête qui voulait dire
:

– Conduis !

Elle lui a lancé un regard glacé, a pris le volant et nous sommes repartis.
Au début on aurait cru une première leçon d’auto-école, concentration, hyper
prudence, lenteur, mais au bout de quelques centaines de mètres, les
réflexes d’une conductrice aguerrie sont revenus. Elle s’est décontractée et
a même commencé à parler ! Paul et moi en avons profité pour pousser un peu
le bouchon et la faire revenir là où avait eu lieu leur accident – dans un
but, là aussi, de thérapie ! En revoyant les lieux, elle s’est refermée,
mais très vite complètement décoincée – gage que c’est une femme
intelligente. Dans la foulée, elle s’est spontanément excusée pour son
« caprice ». C’était gagné et le retour chez eux s’est déroulé en jacassant.
Ensuite je suis rentré directement chez moi.
—oo0oo—
Je pensais ne plus les revoir quand quelques jours plus tard, coup de
téléphone : ils m’invitent à dîner. J’ai accepté avec joie !

Ils ont une maison au milieu d’un beau jardin, protégée des regards par une
haie très épaisse. Le portail grand ouvert signifiait que je n’avais qu’à
entrer. Ils m’attendaient devant le perron, et je me suis rangé derrière un
break tout neuf.

Très fière et sans rancune, Roxane m’a dit en me prenant les fleurs des
mains et m’embrassant :

– Merci pour le bouquet, et vous savez, je conduis tous les jours !

J’en ai profité pour la féliciter et aussi pour l’embrasser à mon tour en la
serrant un peu plus que j’aurais dû puisqu’elle accompagnait mon geste avec
complaisance ! Paul m’a gratifié d’un « abrazo » très espagnol, plus qu’amical
et presque complice.

Leur accueil a donc été sincèrement chaleureux surtout qu’en cette fin
d’après-midi torride mes hôtes bénéficiaient pour créer l’ambiance de l’aide
complice de cocktails délicieux, entre autres des « Planteurs », j’adore ça.
Le dîner sur la terrasse a été délicieux et la conversation n’est jamais
tombée. Décidément, nous avions des atomes crochus…

Et puis est venu le moment que je redoutais un peu, celui des « remerciement
officiels ». Ils sont venus tout près de moi et en me regardant dans les yeux
m’ont dit quantité de choses aimables sur ce que j’avais fait, que je les
avais sauvés et bla bla bla… Je suis un peu timide et j’étais tout rouge
d’entendre tant de compliments pour au fond peu de choses. Quand ils ont
rajouté qu’ils ne savaient comment matérialiser leur reconnaissance, j’ai
quand même commenté !

– Vous savez, je suis veuf, retraité, et je n’ai plus besoin de rien sur le
plan matériel. Seulement en prenant de l’âge, je m’attache à d’autres
valeurs surtout que je vis seul. Si jamais vous deviez me donner quelque
chose, ce qui me comblerait serait votre amitié et peut-être un peu de
tendresse…

Heureusement que nous n’avions plus nos verres à la main car instantanément,
ils m’ont enlacé et embrassé tous les deux ; oui, tous les deux ! Toujours
en nous serrant contre elle, son mari et moi, et en me regardant dans les
yeux, Roxane a ajouté :

– Nous vous offrons notre amitié et notre tendresse et même encore plus
puisqu’il semble qu’il y a affinité… Et elle m’a donné un petit baiser sur l
bouche, sous les yeux de son mari. Le message était clair : comme dans
Pretty Woman : ils en voulaient plus !

J’ai senti que je passerais à côté de quelque chose d’important si je
n’étais pas sincère avec eux. Intuitivement, j’ai réalisé que sans le
savoir, j’étais dans l’attente de quelque chose et qu’il était bien possible
que je l’aie trouvé. Dans une affaire comme celle-là, il faut partir du bon
pied, si ça doit ne pas marcher, il vaut mieux que ça casse dès le début.
C’était le moment de mettre les choses au net, là, immédiatement. Pas
question de commencer à nous fréquenter sans qu’ils sachent que j’avais un
poids sur la conscience – cette garce ne me ficherait pas la paix, si je ne
me débarrassais pas de ça !

– D’abord, dis-je, il ne peut y avoir autre chose au-delà de l’amitié et de
la tendresse que vous m’offrez et que j’accepte de tout cœur. Et ce, pour
bien des raisons. D’abord, je suis largement plus âgé que vous et je crois
que je ne pourrais que vous décevoir. Ensuite, pour ce qui concerne une
attirance que je pense réciproque, je dois vous avouer que je n’ai plus
toutes mes capacités depuis qu’on m’a enlevé la prostate. Certes, plus de
cancer ni d’éjaculations mais en prime, des érections minables – Il a eu
certainement un hic dans le travail intense de plomberie que le chirurgien a
fait dans mon ventre. Enfin, pour couronner le tout, il faut que je vous
avoue que j’ai abusé de la situation quand vous êtes sortis de la voiture,
j’ai profité que vous soyez tous les deux à moitié dans les vapes pour
laisser traîner mes mains tant sur l’un que sur l’autre. J’ai honte d’avoir
fait ça et je vous demande de me le pardonner, si c’est possible.

C’est après avoir dit ça que j’ai eu la plus grosse émotion de ma vie. On
aurait dit qu’une main me serrait la gorge, je ne pouvais plus respirer et
mon visage est devenu glacé et que je me suis évanoui… Et savez-vous bien
pourquoi bonnes gens ? Parce qu’avec une candeur incroyable Roxane m’a lancé
:

– Mais on s’est rendu compte de tout, autant Paul que moi, et nous n’avons
pas été choqués par cette caresse, c’était juste surprenant et insolite
puisqu’on réalisait à peine ce qui venait d’arriver, ce qui se passait
autour de nous et…

Paul, l’interrompant, a rajouté :

– Ce n’est pas parce que nous étions peu conscients et inertes que tes
caresses, autant sur Roxane que sur moi, sont passée inaperçues, au
contraire…

Il me tutoyait, et c’est là que je suis parti, ils savaient et je perdis
pied. Je me suis réveillé, chemise ouverte, sur le canapé. Ils étaient de
chaque côté de moi, souriants, et Paul me tendait un Armagnac. Ça aide…

– Maintenant c’est Roxane et moi qui allons nous occuper de toi, dit Paul.
Nous te devons beaucoup, mais surtout tu nous plais et même tu nous attires.
Nous n’avons pas d’enfants, et nous sommes devenus tous les deux des
« workomaniacs », des acharnés du boulot : moi avec mon cabinet et Roxane avec
ses activités d’antiquaire. Tu casses la routine de notre vie en apportant
un peu de piment, nous en avons même un peu besoin !

– Puisqu’on se dit tout, nous devons t’avouer que nous avons été tous les
deux bisexuels avant de convoler, mais très sages depuis, même trop ! Tu as
réveillé brutalement et simultanément notre libido à tous les deux. Tu dois
te douter que nous avons parlé de toi entre nous, et sans vouloir te choquer
nous aimerions tous les deux avoir avec toi des liens plus proches, plus
intimes, et euh… Et puis zut : on a envie que tu sois notre amant comme nous
voudrions être les tiens, avoir avec toi des relations « inhabituelles,
insolites et… discrètes ». C’est peut-être cru, mais nous voulons être aussi
sincères avec toi que tu viens de l’être. En avouant tout ça, autant te dire
que nous regretterions que ça ne marche pas entre nous trois et que tu
refuses. Voilà !

Je flottais. Après un moment de silence, et une rasade de ce médicament
ambré, servi dans un verre ballon… J’ai embrassé Roxane et ensuite Paul, oui
Paul et à pleine bouche et nous y avons tous mis tout notre cœur ! Pourquoi
ai-je accepté si vite ce pacte à trois, moi un type plutôt coincé, ne me le
demandez pas. Avec Roxane, c’est compréhensible, mais avec Paul ça reste,
encore maintenant, un mystère complet !

Ce fut une explosion de joie entre nous trois. Nous avons sombré dans les
caresses, les baisers, on s’est même dit des mots doux comme quand nous
avions bien des années en moins, ça nous a rajeunis. Nous étions excités
comme des puces à la veille d’une exposition canine.

Et puis ils ont fait l’amour sous mes yeux. Quand j’ai compris ce qui allait
se passer, j’ai voulu partir, mais elle m’a pris la main et l’a gardée tout
le temps. J’ai donc joué le voyeur pour la première fois de ma vie et eux
m’offraient leur plaisir… Je crois que j’ai eu l’air bien godiche pour ne
pas dire… Un peu con !

Même dans cette situation, une chose m’a semblé merveilleuse : je me sentais
détendu et parfaitement à l’aise avec eux, j’ai osé espérer qu’ils
éprouvaient la même chose à mon égard.

Cerise sur le gâteau, Paul a rajouté plus tard qu’il fallait que je passe à
son cabinet le lendemain après-midi avant la consultation – vers une heure
a-t-il précisé. Il pensait pouvoir faire quelque chose pour mes érections
faiblardes. Le vieux schnock que je suis avait trouvé le Nirvana ! Philippe
Mayer, comme il le disait à la radio, aurait sorti son si juste :
« Nous vivons une époque moderne ».
Paul.

Donc, comme promis, je suis allé au cabinet. Il m’a fait passer un examen
très complet et méticuleux avec test cardiaque et tout le bataclan. Au
moment où je pensais qu’il en avait fini et avant de me rhabiller (faut dire
que j’étais quasiment nu), il m’a dit de prendre un quart de comprimé de
Viagra et d’attendre un éventuel résultat allongé sur la table d’examen,
slip baissé pendant qu’il me faisait une ordonnance pour des analyses.

Un grand moment après, miracle ! J’ai ressenti un début d’érection. Il est
venu constater et pour mieux se rendre compte (tu parles !), il a touché mon
sexe. Le geste n’était pas médical du tout et j’ai pensé qu’il me rendait ma
caresse du jour de l’accident ! Je pouvais difficilement m’en insurger et
d’ailleurs, n’en avais pas du tout envie, trop heureux que j’étais de
ressentir une vraie quoique modeste érection. Paul dit qu’en augmentant
légèrement la dose, je n’aurai rien à envier à qui que ce soit et pourrai à
nouveau faire l’amour.

C’était prodigieux. Spontanément je me suis redressé et le prenant par les
épaules, je l’ai serré contre moi en le remerciant. Là, ce n’était plus le
toubib qui était contre moi, il s’est transformé en amant ! Le jour de
l’accident, j’avais fait le saut et accepté que le petit cochon d’homo
dormant au fond de moi remonte à la surface. J’ai juste eu à fermer les
yeux, c’est lui qui a craqué… Et ma salope de conscience a dû être si choqué
qu’elle a gardé le silence !

En rien de temps, je me suis retrouvé couché sur le dos sur sa table
d’examen, c’est lui qui me prenait, me pelotait et m’embrassait partout. Il
était en pleine excitation et moi je l’étais tout autant à voir l’effet que
je lui faisais. Je savais bien ce qui allait se passer, mais j’étais
d’accord, lui laissant tout me faire. C’était si imprévu, si nouveau, si
agréable ! Quand il m’a lubrifié et que j’ai senti ses doigts me préparer,
je n’ai rien fait à l’encontre, rien dit. Il m’avait mis à quatre pattes et
d’une main tout en continuant la méthodique préparation de mes fesses, il me
caressait les seins lesquels étaient devenus, à cause de la biroute en
berne, la partie la plus érogène de mon corps… Le pied !

Au bout d’un long moment il m’a retourné sur le dos. On s’est regardés
intensément, c’est tout. Il m’a pénétré, progressivement, lentement, me
faisant vivre les sensations contradictoires qu’ont dû éprouver tous ceux à
qui pour la première fois, cette situation est arrivée.

Pourquoi ai-je accepté et ensuite sciemment voulu vivre ça ? Pourquoi ai-je
aimé ressentir une volupté à la fois féminine et masculine, pourquoi ai-je
eu peur et confiance et réalisé ce qu’était le mélange plaisir (et un peu de
douleur), de tendresse et honte… La réponse à cette poussée d’homosexualité,
c’est probablement la curiosité, le désir de connaître un autre plaisir
érotique, transgresser un interdit, se connaître, ne pas vouloir louper un
moment exceptionnel et que sais-je d’autre ! Et peut-être que ce sont ces
mêmes raisons qui poussent les femmes au saphisme !

Et putain oui, j’ai en plus senti de la fierté quand il a eu du plaisir
parce que je l’ai fait jouir moi, oui moi. J’avais découvert une faculté
toute neuve. Sans oublier que j’ai aussi retrouvé le plaisir, ça faisait si
longtemps ! ! !

Il s’est écroulé dans mes bras. Je l’ai serré contre moi pour que mon
étreinte lui dise qu’il n’ait pas peur d’avoir été trop loin ou qu’il se
sente coupable. Nous étions silencieux et j’avais la gorge serrée.

Peu après, nous sommes repris et il m’a donné la petite boîte de Viagra en
me donnant rendez-vous pour le soir, « à la maison » dit-il, mais avec l’ordre
d’attendre pour en prendre qu’il me le dise !

Roxane

L’après-midi a été pour moi à la fois un mélange d’excitation, de jubilation
et d’exubérance, le petit nuage quoi !

Nous nous sommes retrouvés en fin de journée, toujours aussi heureux d’être
tous les trois ensemble. La première chose que Paul a faite, et devant moi
qui plus est, a été de dire à sa femme ce qui s’était passé entre nous au
cabinet. Je n’ai pas trouvé ça malin et ne savais plus où me mettre. Roxane
a quand même marqué le coup, mais pas trop, en résumant :

– C’est clair, maintenant nos relations seront libres, sans jalousie ni
égoïsme. Notre but sera de vivre intensément notre liaison triangulaire ;
chacun devra d’abord être à la recherche du bonheur des deux autre, d’un
équilibre et d’une harmonie commune. En plus, et seulement en plus, il y
aura le sexe – sans tabou. Notre liaison durera jusqu’à ce que l’un d’entre
nous, un seul, dise que c’est fini, que le plaisir d’être ensemble a disparu
ou que la routine, la peste des vieux couples, nous menace !

Elle nous a d’ailleurs demandé de dire à haute voix que nous acceptions cet
engagement, ce qui fut fait.

Après ce serment pornocrate (pas d’Hippocrate, hein), la soirée a commencé
au bord de la piscine par une baignade suivie d’un dîner de fraîcheurs.
Roxane est venue s’asseoir près de moi et Paul m’a dit, discrètement, de
prendre un demi Viagra. Nous avons beaucoup parlé, puis Roxane s’est mise au
piano. Paul et moi avons un peu bu et après un long moment, je suis allé
m’asseoir à côté d’elle sur le grand tabouret. La nuit nous a retrouvé
enlacés elle et moi…

Roxane doit être très psychologue car elle a fait monter mon désir très
doucement, ça s’est passé avec un naturel incroyable. Nous sommes revenus
nous installer sur le canapé et c’est elle qui a pris l’initiative des
baisers langoureux, des étreintes et des mots doux. Nous nous sommes
déshabillés l’un l’autre sans même nous en rendre compte tellement les
gestes étaient spontanés, on ne jouait pas, tout venait du cœur, tout était
simple. Et ne croyez pas que nous agissions comme des bêtes en rut qui se
retiennent, pas du tout, c’était comme un film très romantique qui se
déroulait avec une lenteur incroyable. Nos caresses les plus érotiques
étaient douces, délicates. Comment me suis-je retrouvé en elle ? Je n’en
sais rien.

Au moment où j’ai senti monter mon plaisir et alors que nous ne cessions pas
de nous regarder, Paul lui a tordu le bout des seins et alors, et alors…
Zorro est arrivé et a nous emmené tous les deux au Paradis, quasiment en
même temps !

Je me suis écroulé dans ses bras et je crois, enfin j’espère (je ne suis pas
présomptueux), qu’elle a été heureuse car tout son corps exprimait le
bonheur.

– Je ne sais plus où je suis, merci Roxane, merci…
– Repose-toi et tais-toi, mon amour namoua !

Nous avions, sans aucune honte, fait l’amour sous les yeux attendris de Paul
qui veillait affectueusement sur nous, juste comme moi sur eux hier soir. Je
dis bien veillait et pas « surveillait », comme pourraient le penser certains
ou certaines mal intentionnés, hein !

Jusque-là, la peur de l’échec, après une longue période d’abstinence forcée,
avait été pour moi un sentiment très inhibant. La crainte de ne pas jouir,
ou pire, de ne pas pouvoir donner de plaisir à ma partenaire m’enlevait tous
mes moyens et renforçait mon l’impuissance. C’était un cercle vicieux, mais
qui en fait manquait totalement de vice !

Tout ce triste passé a été balayé par leurs attentions. À tous les deux, ils
ont guéri mon corps l’un avec ses pilules, l’autre avec sa tendresse, j’ose
à peine dire son amour ! J’en avais mal à la poitrine de reconnaissance et
de bonheur. Roxane a fait un signe et Paul a apporté une bouteille de
champagne et l’a sabrée – la bouteille, bien sûr (auriez-vous pensé à autre
chose ?).

Au fil des jours, nous avons tous les trois trouvé la plénitude et
l’équilibre en nous apportant quelque chose les uns aux autres dans une
relation dont vous serez (peut-être) curieux de lire l’évolution…

En conclusion, trouver le bonheur de cette façon, c’est y pas encourageant
par les temps qui courent ?

Lecteur, lectrice, maintenant que le roman s’achève (ou du moins ce
chapitre), je suis curieux de savoir qui auriez-vous aimé être : Roxane,
Paul, moi ou encore un fantôme voyeur de passage ? Et puis surtout,
aimeriez-vous que le fantasme continue ?

Dites le moi, sur mon e-mail :
wellsboro@free.fr

Auteur : Sophomore – Décembre 2003

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2 réponses à Un bienfait n’est jamais perdu par Sophomore

  1. Lesignac dit :

    Et encore un bon bisex a redécouvrir, pas génial mais tout à fait sympathique

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