Novassa (Vargala – 2) 1 – Les exilées de Novassa suivi de la Secte de Saint-Pétersbourg par Nicolas Solovionni

1 – Les exilées de Novassa suivi de la Secte de Saint-Pétersbourg


Résumé du tome précédent.

Sur la planète Katelya, deux amies, Kéni et Malvina, miraculeusement rescapées d’un raid meurtrier perpétré par une communauté d’amazones fanatiques, décident de venger leurs proches : Kéni en essayant de susciter une intervention de la garde fédérale et Malvina en tentant de s’infiltrer dans les rangs des « agresseuses ». Elles échoueront l’une et l’autre. Après plusieurs péripéties, Kéni se retrouvera dans un bordel sur la planète Vargala, puis en deviendra quelques années plus tard la tenancière. Malvina immédiatement repérée sera envoyée en exil sur Novassa, la planète mère des amazones.

Parallèlement nous avons suivi les aventures de Leiris Misdas, cadet de la marine spatiale civile, embarqué pour son premier poste sur un vaisseau corsaire commandé par le capitaine Jerko. Leiris se liera d’amitié avec Palinsky le navigateur, qui garde jalousement le secret d’étranges logiciels permettant de déjouer la plupart des contrôles de sécurité planétaires. Leiris, avec la complicité de Palinsky fomente une mutinerie à bord du vaisseau qui tournera court, mais Jerko cherchera à se venger en envoyant un tueur à ses trousses une fois débarqué sur Vargala. Palinsky disparaît après avoir légué ses logiciels à Leiris qui trouve refuge dans une communauté d’exclus, tandis que, Murenko, le médecin du bord, joue sa carte personnelle en essayant de neutraliser le tueur, afin de récupérer les logiciels pour son compte.

Kéni qui a un vieux compte à régler avec Jerko finit par s’immiscer dans l’affaire, et offre sa protection à Leiris ainsi que le commandement d’un vaisseau. (Un peu embrouillé quand même tout ça…)

Les exilées de Novassa

Comme beaucoup de planètes habitables, Novassa ne l’est pas complètement, elle est trop chaude et si la vie s’y est adaptée comme elle a pu, des conditions acceptables pour les humains ne se rencontrent que dans les zones les plus septentrionales, et encore faut-il supporter ce climat gorgé de vapeur d’eau où il pleut les trois quarts du temps.

C’est ici qu’un jour Artémise Baal dite « Tigrane » débarqua à la tête d’une colonie entière de femmes avec l’intention de créer une gynarchie pure et dure. L’homme était pour ces dames, un parasite social, dont on pouvait se passer à partir du moment où la population pouvait se reproduire par clonage… Tout marcha très bien pendant quelques années, l’implantation faisait figure d’exemple aux yeux de certaines féministes terriennes qui s’empressèrent de les rejoindre et la population s’accrut assez vite… Puis virent les premières rivalités, problèmes de personnes exacerbés par des points de vue différents sur la gestion. Certaines eurent alors l’outrecuidance de se demander si n’aurait pas fallu quelques hommes… oh juste quelques-uns… et de toute façon maintenus en esclavage afin d’effectuer à la place des femmes un certain nombre de travaux pénibles et peu enrichissant. On avait touché là au crime de lèse-majesté ! Artémise le prit très mal et fit arrêter les hérétiques. S’en suivit une confrontation majeure entre les tenants d’une évolution et ceux de l’orthodoxie. Les partisans de Mademoiselle Tigrane l’emportèrent au prix d’un affrontement impitoyable et sanglant. L’ordre fut rétabli, mais la colonie devint affaiblie et dubitative. Artémise tomba alors un temps dans la mélancolie, l’affaire ne l’amusait plus, d’autant qu’elle avait découvert que son amie intime avait sympathisé avec ses adversaires. Elle eut alors un coup de génie. Elle confia le pouvoir à pire qu’elle, puis instrumentalisa sa propre déification, puis son départ vers la planète Simac3 entourée d’une poignée de fidèles. Elle déclara alors à qui voulait l’entendre qu’elle était devenue immortelle, du moins son âme, qui par les siècles et les siècles se réincarnerait dans les corps d’autres femmes. Elle se chargerait sur sa planète lointaine de l’expansion de sa pensée dans la galaxie, Novassa n’étant plus qu’une infime partie de ces préoccupations. Mais bien sûr, elle se tenait à la disposition de toutes celles qui viendrait la rencontrer afin de recueillir les fruits de sa sagesse infinie…

Elle avait donc pété un câble, mais celle qui lui succéda prit, (ou du moins fit très bien semblant de la prendre) tout cela au sérieux. On organisa de grandes messes pour célébrer la déification d’Artémise Tigrane qui devint Sainte Artémise. La religion Tigrane était née. Mais cette pitrerie et les événements sanglants l’ayant précédés firent que du coup, la colonie n’attirait plus grand monde !

La toute nouvelle dirigeante de Novassa s’attribua pompeusement le titre de papesse et le nom d’Artémise II. Butée et imbue de la confiance que lui avait accordée la « déesse », elle se crut tout permis, y compris de rendre encore plus difficile la vie de ses concitoyennes en interdisant tout ce qui pouvait ressembler à de l’informatique, de l’électronique, ou même à de la téléphonie à l’ancienne… Faute d’être correctement entretenus, les quelques vaisseaux de la flotte novasséenne rendirent, eux l’âme les uns après les autres, on ne les renouvela pas. L’astroport continua cependant de fonctionner tant bien que mal, assurant d’une part le trafic intérieur, ainsi que l’apport de matière première ou de matériel divers que la planète commandait en effectuant des appels d’offre intersidéraux. Les vaisseaux de livraison ne souhaitant pas repartir à vide, la planète exportait un bois exotique d’assez bonne qualité. Le trafic passagers interplanétaire réservé aux échanges entre communautés était des plus restreints et s’effectuait de la même façon.

Suite à ces décisions, les ravages sur l’économie de la colonie ne se firent pas attendre, et une vraie pagaille s’installa favorisant tous les marchés noirs. Artémise II finit par démissionner, l’hostilité à son égard ayant gagné jusqu’à son cercle le plus rapproché et fut remplacée par Perrine, une réformatrice affirmée, que son habileté à ramer entre les courants avait sauvé de la répression.

Celle-ci ramena l’interdiction de l’informatique aux seuls particuliers, on importa (clandestinement bien sûr) quelques milliers de bonhommes kidnappés par des trafiquants d’humains. On les mit tout de suite au travail, comme esclaves, dans les champs et sur les chantiers, et on prépara leur clonage afin d’avoir de bonnes réserves de muscles vingt années terrestres plus tard. La seconde réforme était plus pernicieuse. Se méfiant de tout le monde, la nouvelle papesse (elle avait conservé le titre) voulait se mettre à l’abri d’une éventuelle conspiration, elle inventa donc un système où chacune écoutait chacune. Ainsi chaque responsable pouvant un jour accéder aux plus hautes fonctions ou à ses échelons inférieurs se voyait flanquée de deux « suivantes » qui étaient encouragées à rapporter tous les faits et gestes qui ne leur semblaient pas orthodoxes. Imaginez l’ambiance !

Perrine II qui lui succéda, rompit les relations déjà plus que symboliques avec la Terre et proclama l’indépendance de la colonie. La Terre qui avait d’autres chats à fouetter ne fit qu’une protestation formelle. La gestion de l’esclavage s’avérant lourde, la nouvelle papesse eut l’idée de rendre les hommes autonomes partout où cela était possible, on créa ainsi des enclaves mâles, dont la principale jouxtait l’astrodrome de Novassa. Elles avaient leurs propres lois, leurs propres juridictions mais restaient en dernier ressort sous l’autorité des Tigranes… L’éducation des habitants des enclaves restait réduite au minimum nécessaire, et la propagande religieuse y allait bon train afin qu’ils se satisfassent de leur oppression. Quant aux mélanges des sexes… n’y pensez même pas !

Après ce nécessaire préambule, reportons nous à présent trois années en arrière avant de commencer à narrer les événements qui feront l’objet de ce présent tome…

Afda, la souveraine de la communauté Tigrane de Kateylia avait envoyé dans le cadre des échanges avec la planète fondatrice de cette religion féministe, Malvina Cooper, espionne capturée, et Graana ancienne milicienne et geôlière de cette dernière, considérée comme trop intrigante. (voir le premier tome)

La haine qui opposait les deux femmes avait fini par quasiment disparaître, et elles avaient convenues entre elles d’une sorte de pacte de solidarité.

Pendant toute leur période de formation, Malvina et Graana s’étaient efforcées, comme elles l’avaient convenu de « jouer le jeu ». Ce n’était pas toujours évident, ainsi, on reprochait à Malvina son manque de ferveur malgré ses efforts pour la simuler. Quant à Graana, il lui arrivait de péter les plombs et de manifester au grand jour son incompréhension de se voir traiter comme une gamine, elle qui malgré son jeune âge avait un passé de milicienne accomplie. Les punitions tombaient, coups de badines sur les fesses dénudées et longues heures d’isolement en prières semblaient pour les pédagogues tigranes des outils universels.

Mais les deux femmes se soutenaient en s’empêchant mutuellement de sombrer dans une révolte qui n’aurait mené nulle part. Pour le reste, elles étaient bien notées, remarquablement bien notées.

Le scénario était souvent le même, c’était Malvina qui commençait les hostilités, mais si Graana ne se sentait pas prête, elle n’insistait pas outre mesure…

– J’ai envie de te fouetter le cul, Graana !
– Encore !
– Je ne m’en lasserais jamais, c’est ma façon de me venger de ce que tu m’as fait, et de ce que tu as failli me faire…
– Il faudrait peut-être que tu tournes la page un jour, personne n’est parfait, je ne le suis pas, mais toi non plus !
– A poil, espèce chienne, et arrête de me raconter ta vie !
-Tu sais ce qu’elle te dit, la petite chienne ?

A ces mots Malvina gifla sa camarade, sans brutalité excessive, par jeu… Graana encaissa sans broncher.

– C’est ça que tu cherchais, hein, t’aimes ça que je te dérouille ?
– Vas-y continue !
– A te gifler, sûrement pas, ça ne m’amuse qu’au début, si tu veux que je continue à frapper, il faut me montrer tes fesses… tes grosses fesses de salope !
– Elles ne sont pas grosses !
– Pour moi elles le sont !
– Tu exagères !
– Bon… Tu te fous à poil ou tu me fais un discours ?
– Je me fous à poil !
– Elles sont bien blanches, dis donc, il y a combien de temps que je ne te les ai pas rougies ?
– Il y a trop longtemps !
– T’as vraiment envie de l’avoir ta frottée ?
– Oui !
– Et si je te la donnais pas… ça, ce serait du vrai sadisme…
– Tu en serais capable ?
– Oui ! Répondit Malvina sans se démonter et en étant sans doute très sincère.
– Mais peut-être pas aujourd’hui…
– Mais tu vas la fermer ! Répondit alors la jeune femme en claquant par pur réflexe le cul de sa partenaire.
– J’avais raison !
– Oui, parfois ça t’arrive… maintenant tu te tais, le tarif c’est cinquante !
– Et bien allons-y pour cinquante !

A ces mots, Graana, finit de se déshabiller et s’installa fesses à l’air sur sa couchette attendant placidement le châtiment promis. C’est cela qui énervait Malvina, sa collègue d’infortune était capable d’attitudes masochistes qui allaient très loin. Or Malvina n’avait pas envie de rapports si consensuels, sans être sadique, ce qui l’intéressait c’était de faire souffrir Graana sans que celle-ci y trouve trop sa part… C’est pour cela que le premier coup fut très dur !

– Hé, Ho, déconne pas quand même, cinquante comme ça, et je me retrouve à l’hosto ! Tu veux jouer ou tu veux me démolir ?

Graana s’était retournée, signifiant par-là que le jeu était sinon terminé, du moins suspendu. Malvina comprit alors qu’elle devait absolument reprendre l’ascendant, si la soumise dictait sa conduite à la dominatrice, c’était le monde à l’envers.

– Remets-toi en position, je ne vais pas te tuer, je sais très bien ce que je fais !
– Je me demande !
– Graana, soit tu te remets en position, soit tu te casses !
– Bien joué, Malvina, répondit l’ancienne milicienne en se recouchant sur le ventre, fesses offertes.

Mais Malvina enrageât d’être obligé de taper moins fort… L’autre poussait des petits soupirs de douleurs à chaque coup, mais était-ce uniquement de la douleur ? Pour s’en assurer la fouetteuse, passa une main entre les cuisses de sa soumise, et la ressortit trempée comme une soupe.

– T’aimes ça, hein ?
– J’aime beaucoup de choses !

Malvina partagée entre un désir évident de donner des coups plus durs, mais qui mettrait rapidement fin à la séance, et celui de continuer au rythme imposé par la soumise, avec le risque de voir se prolonger le jeu à son désavantage, choisit cependant cette dernière solution et elle aurait été bien incapable de dire pourquoi !

Il fallut bien que les cinquante coups se terminent, et même si trois ou quatre supplémentaires lui tombèrent sur les fesses, il n’était pas question de prolonger la mise inconsidérément. Et si le cul de Graana avait viré au violet, l’humidité de son entre cuisse ne s’était pas tarie. Comme une possédée, elle se rua alors vers Malvina, la dominant physiquement, sa partenaire fut immobilisée à terre avec une facilité déconcertante. Elle approcha alors sa langue de sa victime, en quémandant l’ouverture de sa bouche. Malvina ne résista pas longtemps, entrouvrit ses lèvres et laissa passer l’instrument d’un baiser fougueux, Graana savait pertinemment ce qu’elle faisait, elle ne se faisait dominer que parce qu’elle le voulait bien, estimant que son message était passée, elle se coucha sur le sol, de nouveau soumise, la bouche ouverte sachant que sa complice lui pisserait dessus. Mais ce ne serait pas une corvée, ce n’était jamais une corvée. Et quelques instants plus tard les deux jeunes femmes se retrouvèrent, chattes contre lèvres se gamahuchant mutuellement dans un accès de folie sauvage, dont seules leurs jouissances réciproques put y mettre fin. Elles se couchèrent alors l’une contre l’autre, épuisées, repues et en proie à des sentiments contradictoires.

Au terme d’une première année de bourrage de crâne, la directrice de l’établissement commenta les résultats en présence de Sœur Asseb, la représentante de l’assemblée des grandes prêtresses.

– Ces échanges avec la communauté de Nova-Tigra sont très décevants, seules deux filles sortent du lot, je me demande très franchement si nous devons continuer… Ou alors il faudrait poser des conditions…
– Parlez-moi de ces deux filles ! La coupa Asseb.
– Celle-ci ! Reprit la directrice en ouvrant le dossier, c’est Malvina, une nouvelle convertie, intelligente, des idées sur un tas de sujets, très pertinente, dotée d’une envie de discuter, de persuader, vraiment quelqu’un d’assez exceptionnel. Nous manquons de jeunes femmes comme elle. Je vous aurais sans soute suggéré de la récompenser et de lui attribuer un poste qui lui permettrait de nous être utile, mais il y a un petit détail qui me chagrine…
– Et bien dites-le, vous en mourrez d’envie !
– Disons que sa foi est assez superficielle !
– Je n’en fais pas un obstacle ! Déclara la représentante ! Elle avait une qualification sur sa planète ?
– Elle a fait des études d’architecte…
– Super ! Elle sera architecte à mi-temps, Le reste du temps elle ira aux cours réservés aux prêtresses. Nous la nommerons dès demain… Et l’autre ?
– Très différente, les résultats sont très bons, mais cette fille était milicienne dans sa communauté, elle considère sa présence ici comme le résultat d’un règlement de compte. Quand on essaie de la faire parler, ça tourne à la paranoïa, elle voit des complots partout, y compris au somment de sa hiérarchie… elle à l’âme d’une intrigante, ses nombreuses qualités n’arrivent pas à masquer ses défauts.
– Encore une fille pour laquelle nous nous sommes investies pour rien, donc ?
– Oui et non ! Je vous suggère de l’incorporer dans la filière des « suivantes ». Avec son esprit retord, elle devrait être très bien dans ce rôle. Par contre je vous conseille de n’envisager pour elle aucun poste de prêtresse même à moyen terme.
– Ni à long terme ! Vos analyses et vos suggestions sont toujours aussi pertinentes, ma sœur directrice ! Considérez qu’elles sont d’ors et déjà entérinées par le conseil…

La directrice sourit… tout s’était passé exactement comme elle l’avait voulu… comme d’habitude !

Encore une année plus tard…

Malvina et une quinzaine d’autres jeunes femmes attendaient dans la grande salle d’honneur du palais papal. Elle saurait dans quelques heures si son accession au titre de grande prêtresse proposée par ses pairs avait été acceptée par le conseil. Cette échéance était une aubaine, plus elle se rapprocherait des cercles du pouvoir plus la possibilité de pouvoir quitter cette planète se rapprochait également… Mais elle ignorait encore comment… Ce poste lui permettrait de tisser des relations, de former peut-être un groupe de pression incontournable dans cette société en crise permanente. Déjà, ses idées sur la gestion et la transformation nécessaire de l’organisation de cette planète gagnaient du terrain. Souvent après les cours en fin d’après-midi plusieurs filles se réunissaient spontanément autour d’elle afin de débattre des sujets les plus brûlants de la société novasséenne, mais parfois la conversation prenait un tour plus badin, qu’importe… elle s’attirait des sympathies, des complicités, des amitiés. Certaines parmi les professeurs s’en mêlaient et souvent favorablement. On l’invitait parfois à exposer ses idées chez certaines des dignitaires de la planète et si on ne l’approuvait que parfois, on l’écoutait toujours avec intérêt et on ne la désapprouvait que fort rarement.

Malvina avait gardé contact avec Graana qui faisait fonction de suivante auprès d’une vielle prêtresse acariâtre… L’emploi était à plein temps, mais elle avait des jours de repos et donc les deux femmes se voyaient. Pas facile au début en absence de tout moyen de télécommunication, mais quand on veut se voir, on se voit et ces gens avaient réinventé la poste, les messagers et les visites impromptues. Graana était bloquée, elle avait ressentie comme une profonde injustice ce poste qui ne lui apportait aucune perspective, quant à ses dons d’intrigante, elle aurait été bien en peine de s’en servir. Elle en venait à espérer qu’un jour Malvina ait assez de pouvoir pour la sortir de là ! Mais ce sentiment de ne pouvoir prendre seule en main son destin l’exaspérait.

Bien sûr, se disait Malvina, le poste de grande prêtresse avait aussi ses inconvénients, et notamment le fait d’être en quasi permanence flanquée de deux suivantes qui avait le libre pouvoir de reporter tous faits et gestes considérés comme non orthodoxes aux yeux des autorités… Mais cela ne l’inquiétait pas trop… Ces rapports étaient peu consultés, encore moins utilisés, l’administration avait trop à faire pour se permettre de sanctionner à tout bout de champs ses meilleurs éléments. Cette pratique n’était donc qu’un garde-fou, et elle saurait faire avec…

Cette cérémonie aurait dû se dérouler la veille, mais elle avait été décalée d’une journée au dernier moment. Cette entorse au protocole faisait courir les plus folles rumeurs. L’état de santé de la Papesse, des désaccords au plus haut sommet de la communauté… Malvina était loin de se douter que c’était elle la cause de ce report…

La veille…

Artémise III, l’actuelle papesse de Novassa tenait à entériner en personne les propositions de ses conseillères. Le dossier de Sœur Malvina, lui posait problème, à priori favorable, elle savait cependant que ce choix pouvait être dangereux.

– Il va être l’heure, votre sainteté, murmura Sœur Asseb, devenue la deuxième haute dignitaire de la communauté.
– Et, alors, on peut commencer en retard, non ? Pour cette Malvina, tu en penses quoi, toi ?
– Sœur Malvina est soutenue par la quasi-totalité de ses professeurs…
– Oui je sais…
– Un refus serait décourageant pour les filles qui travaillent, elles pourraient penser que d’autres critères sont plus importants que l’effort…
– Je sais aussi ! Cette fille propose des solutions à nos problèmes. Mais on a l’air de quoi nous ? On est dans une situation difficile, on ne sait pas trop comment s’en sortir et mademoiselle débarque avec ses idées et sa petite gueule d’amour ! C’est quelque part très frustrant. Si tu as une idée géniale c’est le moment, je t’écoute !
– Mettons là au pied du mur, toutes ses théories ne sont que des vues de l’esprit, nous allons lui confier une mission, c’est de nous mettre tout ça noir sur blanc, de le chiffrer, de réfléchir aux conséquences, éventuellement de le mettre en œuvre à titre expérimental dans certains domaines non prioritaire… Un vrai travail d’études qui devrait bien prendre une année… elle va peut-être rencontrer des difficultés imprévues, des résistances dans certains secteurs. Pour l’instant elle a eu de la chance, elle ne propose que du rêve, quand on sera dans le concret ce sera autre chose.
– Elle n’a pas que des mauvaises idées !
– Je sais bien, mais ses bonnes idées, on lui piquera… Répondit Sœur Asseb
– Mais quels contrôles auront nous sur elle ?
– Ses suivantes…
– Sœur Asseb, je vous en prie, pas à moi…
– J’ai peut-être quand même une idée là-dessus si vous permettez !
– Oui… répondit simplement la papesse invitant son interlocutrice à en dire davantage.
– Elle est très liée avec une fille de sa promotion, une dénommée Graana qui est suivante de la vielle Ouchi ! On attribue l’un de ces deux postes de suivante à cette Graana…
– …Qu’on aura auparavant soudoyée… je n’aime pas trop ces méthodes, les gens qui se laissent acheter sont toujours capables de faire double jeu…
– Non, votre sainteté, c’est bien plus simple que ça, Graana et Malvina ne pourront s’empêcher de parler malgré toutes les précautions qu’elles prendront, il suffit de nommer comme seconde suivante une fille particulièrement futée qui pourra les mettre en confiance… et qui nous racontera tout…
– Tu as quelqu’un ?
– Oui !
– Tu es géniale Asseb ! Fais immédiatement chercher Graana et l’autre, ça peut prendre combien de temps ?
– Elles sont peut-être sorties, elles sont peut-être en repos…
– Débrouille-toi pour me les trouver ! Et annonce que la cérémonie est reportée à demain pour des raisons que tu sauras bien inventer…

Graana attendait un messager. Il avait été convenu que Malvina la ferait prévenir du résultat de la cérémonie. Mais le messager lui apportait une toute autre nouvelle : On lui indiquait qu’elle serait choisie par le sort comme suivante d’une des nouvelles grandes prêtresses qui seraient désignées demain, elle en fut satisfaite, sans doute avec une femme plus jeune pourrait-elle s’affirmer autrement qu’en compagnie de la prêtresse sénile qu’elle était chargée de « suivre ». Et puis ce qui la faisait sourire c’est qu’à cette cérémonie il y aurait Malvina. Alors elle se mit à fantasmer, Malvina ordonnée grande prêtresse, et elle comme suivante… pourquoi pas… ? Cela n’expliquait pas pourquoi la cérémonie avait été retardée, pourquoi on venait la solliciter comme suivante alors que les nominations auraient dû être faites depuis longtemps… Quelque chose de grave et de complexe devait se passer au sommet de l’état…

La grande salle était pleine ! Au premier rang face à la scène, se tenaient les quinze postulantes à genoux. Sur la scène, assise sur son trône, Artémise III attirait tous les regards des spectateurs, ceux-ci ne comprenaient évidemment pas la raison du report de la cérémonie, d’autant que la papesse semblait en excellente santé. Sur le côté, les postulantes aux postes de suivante attendaient en robes grises. Quand la lumière éclaira la scène, Malvina découvrit alors la présence de Graana, les deux femmes se sourirent de façon un peu crispée.

La papesse fit signe à Sœur Asseb de venir à ses côtés :

– Commence par elle, ça va désamorcer le suspense ! Chuchota-t-elle.

Sœur Asseb débita quelques paroles rituelles sans grand intérêt avant de lire de façon solennelle son texte qu’elle connaissait de toute façon par cœur :

– Notre Papesse vénérée, Artémise III, sur proposition du conseil suprême de Novassa désigne aujourd’hui comme grande prêtresse de l’ordre gynarchique Tigrane…

Un moment de silence, puis elle se reprend se souvenant des conseils de la Papesse.

…Sœur Steya Malvina Cooper…

Malvina ne cacha pas sa joie, mais l’assemblée non plus qui se livra à une ovation majeure qui ne fut pas du goût de la Papesse. Sœur Asseb imposa le silence. Puis Malvina vint recevoir de la part d’Artémise III elle-même, les insignes de sa charge.

– Le sort va maintenant désigner tes deux suivantes qui te devront obéissance et fidélité…

Sœur Asseb piocha dans l’urne, repéra le premier papier préparé :

– Zarouny !

Une jolie petite « fouine » rousse avança, vint lui baiser la main de Malvina et s’agenouilla derrière elle. Sœur Asseb répéta l’opération.

– Graana !

Malvina eut du mal à retenir un cri de surprise, tandis que l’ancienne milicienne les larmes aux yeux vint à son tour embrasser la main de son ex prisonnière…

Et encore un an après…

Malvina a fini ce qu’on lui a demandé, son énorme rapport a été lu par la plupart des dignitaires du régime, elle l’a défendu et commenté avec conviction devant plusieurs aréopages. Elle attend, on lui a accordé des vacances, alors elle écrit, des histoires avec des fées, des ogres, des monstres, les fait lire à Graana qui ne comprend pas bien et à Zarouny qui comprend encore moins…

La papesse Artémise III a convoqué sa fidèle Sœur Asseb.

– Bon, on va mettre en place la presque totalité des mesures que propose Sœur Steya Malvina.
– Toutes, votre sainteté ?
– Nous pas toutes, il n’est pas question de laïciser la communauté par exemple… Ce qui est bien avec son rapport c’est que non seulement elle propose des solutions mais qu’elle nous dit comment les mettre en place…
– Il faudra réunir le…
– Nous ne sommes pas à un mois près ! Nous ne prendrons ces mesures que quand nous serons débarrassées de cette femme…
– Vous pensez que…
– On est obligée ! Si on ne le fait pas, on mettra en place les réformes, tout le bénéfice de ce qui fonctionne lui reviendra, et pour ce qui ne marche pas on dira que c’est parce que nous n’avons pas été assez loin dans les changements… ce genre de situation possède une dynamique et au bout du compte, elle sera poussée vers le pouvoir, si elle ne veut pas du poste de Papesse, elle installera une république ou je ne sais pas quoi , mais moi dans tout ça et vous, on passe à la trappe ! Il n’en est pas question.
– Comment allons-nous faire ? J’ai consulté les rapports que nous a envoyé Zarouny, la suivante, il n’y a pas grand-chose qui puisse servir à une machination, mais on peut toujours en fabriquer une !
– Certainement pas ! Ces moyens ne sont plus adaptés. Malvina a pris trop d’importance… Quoi qu’on fasse contre elle, elle sera considérée comme une martyre ! Et ceux qui prendront sa place n’auront ni son intelligence ni sa patience ! Merci !
– Je vais réfléchir !
– Pas la peine, il faut qu’elle se saborde elle-même… voilà mon plan….
– Hum… pas mal, Génial même !
– Qu’est-ce que tu crois ! Ne suis-je point la papesse ?
– Oui votre sainteté, mais on pourrait peut-être y ajouter quelques petites choses… par exemple…
– Excellent… On fait une belle paire de salopes toutes les deux, Sœur Asseb… Venez donc fêter ça dans ma chambre, il y a longtemps que je ne vous ai pas brouté le minou !
– Alors je reviens tout de suite, le temps de me faire quelques ablutions…
– Dois-je comprendre que vous ne vous lavez pas tous les jours, Sœur Asseb ?
– Parfois j’oublie, les obligations de ma charge me débordent.
– Ben voyons…

La secte de Saint-Pétersbourg

La comtesse Fédora Ivanova consulta discrètement sa montre. Encore dix minutes à attendre puisqu’on lui avait expliqué que la séance ne commencerait qu’à minuit. Elle jeta un regard circulaire dans cette longue salle rectangulaire aux murs de laquelle les tableaux avaient été dissimulés par d’insolites teintures jaunes. Une vingtaine de chaises étaient installées, toutes dirigées vers une sorte d’estrade au milieu de laquelle trônait un fauteuil d’aspect ancien. Fédora compta quatre femmes et onze hommes. Les plus jeunes avaient sans doute une vingtaine d’années, les plus anciens, la soixantaine. Fédora se situait donc dans la juste moyenne d’âge, mais était loin de paraître ses quarante ans. Très brune, très mate, mais aussi très grande, elle faisait plus italienne que russe, mais cela ne l’empêchait pas de revendiquer ses origines avec force. Fédora n’était d’ailleurs même pas comtesse. Son grand-père avait fait fortune, elle ne savait pas trop comment, et avait acheté, puisque tout s’achète et tout se vend, un titre héréditaire de comte. Ce grand père là avait eu un fils, le père de Fédora, donc, qui avait dilapidé l’immense fortune dont il était devenu l’héritier, finissant par vendre le titre avant d’être victime d’un mystérieux règlement de compte. Il avait malgré tout eu le temps de payer à sa fille des cours de violon, activité dans laquelle elle excellait. Les tribulations de son géniteur eurent tôt faut de lui barrer la route des emplois artistiques prestigieux auxquels elle aurait pu prétendre. Du coup après pas mal de péripéties, elle avait rassemblé un petit quatuor qui jouait des arrangements classiques ou folkloriques. Elle sillonnait la vieille Europe, allant de cabaret en cabaret avec un certain succès. Il lui arrivait au cours de ces prestations de rencontrer de riches admirateurs. Peut-être, s’était-elle dit, que ce sera ainsi qu’elle rencontrera un jour son prince charmant, mais pour l’instant tous ces Don Juan à la petite nuit ne pensaient qu’à tirer un coup sans lendemain. Fédora les prévenait alors que l’affaire restait possible mais moyennant finances. Cela ne décourageait que fort rarement ces messieurs, et c’est ainsi que notre ex comtesse acquérait au fil de ses voyages une réputation d’escort de luxe jumelée à celle d’une virtuose du violon. Elle disait d’ailleurs d’elle même qu’elle était autant experte dans l’art de l’archet que dans celui de la turlutte !

C’est à Bratislava qu’elle avait rencontré Dietrich, beau gosse, maniéré, riche, intelligent et monté comme un mulet, il l’avait payé pour la nuit, mais avait demandé le lendemain matin une prolongation de service. Fédora commença à se demander si cette attitude accro ne ressemblait pas au syndrome de l’oiseau rare, d’autant que de son côté elle était loin de se montrer insensible aux charmes multiformes de ce galant homme. Le midi, ils étaient encore ensemble, et c’est à ce moment-là que Dietrich évoqua les « précurseurs », autrement dit cette civilisation qui avait il y a très longtemps précédé la Terre dans l’exploration de notre coin de galaxie et dont la seule preuve tangible était constituée par une étrange colonne de 80 m de haut sur une planète depuis black-outée par les autorités ! Le sujet passionnait Fédora autant que son interlocuteur. Elle commençait à rêver assez lourdement, non seulement l’attirance réciproque s’installait, mais si en plus, ils se passionnaient pour les mêmes sujets. Fédora se dit là qu’elle tenait sans doute un bon poisson ! Encore fallait-il ne pas le lâcher !

Et puis il y a des fois comme ça, une situation qui a connu d’intéressants crescendos dont on pouvait un moment croire ne jamais redescendre, se met soudain à tanguer, à devenir instable ! Et on se dit alors, OK, ça tangue, mais il ne faudrait pas que ça vacille !

Et c’est exactement ce qui se passait pour le moment, Dietrich jusqu’ici brillant et illustrant son sujet d’anecdotes intéressantes se livrait maintenant à un véritable discours paranoïaque du genre « on nous cache tout, on nous dit rien » développant des théories complètements loufoques du genre « les précurseurs sont parmi nous, c’est eux qui veillent à ce qu’on ne découvre pas leur secret parce qu’en gros « les terriens sont vraiment trop cons et ne méritent pas de savoir tout ça ». Fédora, à ce stade se retint d’éclater de rire et se dit que décidément même les hommes les plus intelligents étaient capables de disjoncter à plein pots sur certains sujets ! Mais elle n’avait encore pas tout entendu : voilà que Dietrich lui accordait comme une importante confidence en lui apprenant qu’il pensait intuitivement savoir ce que les précurseurs attendaient du genre humain, et qu’il avait regroupé autour de lui un certain nombre de disciples. « Nous pouvons rassembler des informations les concernant, si notre comportement leur plaît, il nous laisserons aller à la rencontre de leur savoir ! Il faut leur montrer qu’une société dans laquelle il y ait à la fois plus de justice, plus de respect et plus de sexe est possible ! »

Le pire c’est que sur cette dernière partie, Fédora n’était pas loin d’être d’accord !

– Le maître sera un petit peu en retard, mais je crois savoir que c’est pour la bonne cause, je vous remercie de patienter un petit peu ! Annonça un grand escogriffe.

 » Le maître, le maître !  » Soupira Fédora, Dietrich se faisait appeler le maître ! Elle commençait à se demander ce qu’elle faisait parmi tous ces farfelus. Elle n’avait accepté de venir à cette réunion que par curiosité… Non ce n’était même pas ça… curiosité, oui, mais aussi l’espoir de conquérir ce beau Dietrich qui lui faisait chavirer le cœur.

L’ambiance est feutrée, peu de gens parlent entre eux, la plupart offrant un visage vide de pensée mais exaspéré par cette attente imprévue qui n’en finit pas de se prolonger.

– Le maître arrive ! Veuillez-vous lever ! Finit par déclamer d’un air morgue le même escogriffe que tout à l’heure.

« Se lever ! » et puis quoi encore ! Soupira la comtesse qui obtempéra néanmoins. Tandis que Dietrich fier comme Artaban et drapé dans une longue cape aux couleurs verte et argent faisait son entrée. Très grand seigneur il fit signe à la petite assemblée qu’elle pouvait maintenant s’asseoir. Il parcourut d’un bref coup d’œil l’assistance, Quand son regard croisa celui de Fédora, celle-ci lui offrit un de ses sourires enjôleurs comme elle savait parfois si bien le faire, mais le gourou se garda bien de lui rendre faisant s’envoler les derniers espoirs de notre belle aventurière qui désabusée se demandait désormais comment s’enfuir de cette mascarade.

Dietrich désigna d’un geste qui se voulait solennel mais qui n’était que ridicule, un des participants, puis un second. Les deux hommes, visiblement habitués à ce rituel, s’empressèrent de se déshabiller intégralement devant tout le monde avant de revêtir le même genre de cape que leur guide spirituel…

– Mes frères, mes sœurs, je regrette que nous ne soyons pas plus nombreux ce soir, car ce jour marquera sans doute le début d’une nouvelle phase dans notre recherche du contact avec les précurseurs, je vous ferais à ce propos une très importante déclaration dans quelques minutes, mais auparavant, je vais symboliquement avec le concours de deux d’entre vous offrir ma semence à ceux qui, il y a plusieurs milliers d’années nous ont précédé sur la route des étoiles ! Je vais vous demander de vous lever pendant le rituel.

Dietrich d’un geste théâtral, ouvrit alors sa cape, dévoilant son corps à la musculature de grand sportif et son sexe surdimensionné bandé comme un bâton ! Fédora sentit monter en elle une bouffée de désir, cet homme était fou, mais il était si beau !

Puis l’incident survint !

Le gourou désigna du doigt une jeune femme blonde au second rang. Elle sembla d’abord tout à fait ravie de ce choix, mais le fut rapidement beaucoup moins quand les deux assesseurs s’emparèrent d’elle sans aucun ménagement et commencèrent à essayer de la déshabiller !

– Mais, arrêtez de me tripoter, espèces de cinglés ! S’il faut que je me foute à poil, je n’ai rien contre, mais je sais le faire toute seule.

Les deux officiants ne prêtaient guère d’importance aux protestations de la malheureuse, jusqu’à ce que cette dernière, arrivant à dégager sa main droite asséna une gifle magistrale à l’un d’entre eux, qui décontenancé se tourna vers le maître afin de savoir quelle attitude adopter, tandis que le second ceinturait la taille de la femme.

– Je vous préviens tout de suite que si vous ne me lâchez pas, quoi qu’il arrive, je porte plainte pour viol et complicité de viol, j’étais venue ici pour m’amuser, pas pour me faire brutaliser.
– Lâchez donc cette imbécile ! Dit alors Dietrich. Quand vous vous êtes renseignée pour savoir comment les choses se passaient ici, je vous ai demandé d’avoir en tout moment confiance en moi. Je confirme que si vous étiez restée parmi nous, il ne vous serait rien arrivé de fâcheux, mais puisque vous n’avez pas eu la confiance que j’attendais de votre part, disparaissez immédiatement d’ici ! Ces rites sont aussi des tests, ceux qui ne les supportent pas n’ont rien à faire avec nous !

– Bande de cinglés ! Répondit simplement la femme, qui déjà se dirigeait vers la sortie en réajustant sa tenue.
– Je crains que moi aussi… Commença la comtesse.
– Fédora ! La coupa le gourou ! Il est normal que vous vous posiez des questions ! J’ai songé à vous ce soir pour un grand dessein ! Dans vingt minutes vous saurez tout, vous pourrez alors partir rejoindre cette… cette créature, si cela vous chante, mais en attendant ce moment, je vous implore de rester !

Fédora fut bien incapable de dire pourquoi, alors que l’occasion de quitter les lieux était là, devant elle, pourquoi elle se rassit alors sans rien dire !

Dietrich désigna alors successivement les deux seules femmes restantes dans l’assemblée hormis la comtesse. Celles-ci furent déshabillées sans presque aucune protestation nonobstant quelques gestes d’énervement consécutif à l’attitude inutilement rudes des apprentis assesseurs.

Fédora, dubitative, ressentait une incontrôlable jalousie. Quatre femmes dans l’assistance ce soir, et elle se retrouvait la dernière dans les choix de Dietrich. C’est vrai qu’elle était la plus vieille, la plus pute aussi, mais était-ce des raisons ? Alors bien sûr, il y avait ces étranges paroles, cette mystérieuse proposition ! Mais c’était quoi ?

Le spectacle qui se déroulait maintenant devant ses yeux interrompit ses réflexions : on avait demandé aux deux femmes, désormais complètement nues de se placer latéralement de part et d’autre de la verge du gourou. Ces deux-là avait une physique très contrasté, la première, nerveuse, musclée, transpirant le dynamisme, sous une belle chevelure aux reflets d’or, tandis que l’autre plutôt grande, blonde naturelle, affichait une peau très claire et de gros seins laiteux terminés par des bourgeons rosés. Bien sûr, elles ne purent s’empêcher de caresser ce fier pénis dressé tel un étendard et ses testicules extraordinairement gonflés. La première femme poussa même la privauté à l’aide d’une habile jeu de doigt sur la fesse jusqu’à aller s’aventurer du côté de l’anus du maître, par mais son projet lubrique fut interrompu par un ordre sec de l’officiant :

– Sucez !

Alors elles y allèrent de leur langue balayant de leur salive la hauteur de la verge, remontant, redescendant et ainsi plusieurs fois de suite, jusqu’à ce que la plus intrépide, toujours la même, ose porter en bouche le gros gland violacé. Elle commença à pomper, se régalant de ce doux membre, tandis que la blonde les yeux pleins de convoitise implorait sa part. Ce fut alors bientôt son tour, et elles s’échangèrent ainsi plusieurs fois l’objet de leurs désirs. Dietrich fit un signe à l’un des officiants. Celui-ci tira par les cheveux la femme à la peau dorée alors qu’elle suçait gloutonnement. Elle jeta un regard assassin à celui qui venait de la déranger dans une si agréable tâche, puis se mit en levrette comme on lui ordonnait de le faire. L’autre femme se plaça dans la même position à côté de l’autre. Elles furent alors invitées à se rafraîchir la langue. Devant leur incompréhension, l’officiant entrepris de rapprocher leurs visages. Cette fois elles comprirent et s’embrassèrent gloutonnement pendant plusieurs minutes.

Le second assistant de Dietrich revint alors avec une sorte de compotier transparent rempli d’une substance jaunâtre que l’assistance n’identifia pas de suite, en fait, il s’agissait de miel liquide ! On en badigeonna copieusement le cul des deux femmes en insistant longuement sur la région anale afin qu’elle soit tout à fait imprégnée par cette substance. Quand elles furent convenablement badigeonnées, le gourou se plaça alors derrière la grande blonde et sans autre formalité lui introduisit son dard dans l’anus, provoquant un léger cri de l’intéressée, puis commerça un énergique mouvement de va-et-vient. Les officiants s’étaient eux, placés de l’autre côté, devant les femmes et offraient leur membres à sucer. La blonde avait du mal à coordonner ses mouvements, déstabilisée qu’elle était par les coups de bélier de Dietrich. L’autre, la petite bronzée s’appliquait du mieux qu’elle pouvait mais ce fut bientôt son tour de subir les assauts sodomites du maître. Dans la salle l’excitation était à son comble, plusieurs hommes se tripotait la braguette qu’on devinait bosselée, quant à Fédora, sa bouche s’était desséchée, sa respiration devenait haletante et sa culotte humide. Dietrich alternait les entrées-sorties en changeant de femme fréquemment. Malgré tout, on sentait bien qu’il avait une certaine préférence pour la blonde à la peau pâle. La comtesse en ressentit comme une sorte de jalousie. Les deux officiants éjaculèrent assez rapidement dans les bouches de leurs fellatrices, et se retrouvèrent là, un peu ridicule, le sexe à l’air sans savoir trop quoi faire tandis que le maître de cérémonie semblait infatigable. Mais tout a une fin, et alors que l’affaire semblait devoir s’éterniser, il décula de la blonde et vint présenter son vit maculé à la bouche des femmes. La petite bronzée eut un petit mouvement de recul, qui ne persista pas, au contraire de la blonde qui se jeta sur la pine avec convoitise. Dietrich finit par éjaculer pour la seconde fois de la soirée

Il soupira un grand coup, renvoya tous les acteurs de la bacchanale à leur place, se livra à quelques gesticulations théâtrales qui eurent le don d’exaspérer Fédora, se drapa dans sa cape, demanda le silence et se lança dans un discours que nous résumerons ainsi :

– « Quand le capitaine Kékolo découvrit la grande colonne construite par les précurseurs, on sait que la flotte impériale plaça la planète en quarantaine. Officiellement les recherches entreprises pour en savoir plus échouèrent, la tour s’avéra vide et l’étude de l’environnement immédiat ne révéla rien. Le gouvernement impérial de l’époque entreprit une prospection systématique afin de tenter de découvrir d’autres vestiges de ce type. Peu de choses intéressantes ont filtré de ces explorations que le gouvernement suivant poursuivit mais de façon nettement moins ambitieuse. Il y eut les rapports officiels, on rendit public ce qu’on voulut bien rendre public, et puis il y a la publication des mémoires de Zakhia Aram, la seconde de Kékolo. On s’empressa de déclarer que ces souvenirs n’étaient que des affabulations et même que Zakhia n’en était pas l’auteure ! Or nous avons réussi à nous procurer la version originale de ces mémoires, nous nous sommes aussi procuré les plans de la navette dans laquelle naviguaient ceux qui ont découvert la colonne ! Tous les détails techniques et topologiques coïncident. Ce rapport n’est pas apocryphe. Alors pourquoi gène-t-il ? Et bien parce que Zakhia raconte comment les précurseurs leur ont envoyés des ondes sexuelles sous forme de mirage finissant par plonger les trois explorateurs dans une partouze absolument non programmée. Or la situation devenait dangereuse. Kékolo voulait se précipiter à l’extérieur sans aucune protection subjugué qu’il était par les mirages, c’est alors que Zakhia s’est empressée de le faire jouir pour le faire revenir à la réalité. Sachant que je considère ces faits comme exacts, que faut-il en tirer ? »

Silence solennel du gourou, qui pose certes une question mais à laquelle personne n’ose répondre.

– Et bien continue-t-il, première observation, on nous ment quand on nous dit que la colonne était vide ou quand on nous dit qu’on a rien trouvé autour ! Ces hallucinations sexuelles venaient bien de quelque part, non ? Probablement déclenché par un système automatique allez-vous me dire ? Mais ça ne tient pas debout, comment voulez-vous qu’une civilisation dont nous ne connaissons même pas la forme puisse anticiper les fantasmes de gens d’une autre espèce ? Pour que le mirage fonctionne il fallait qu’ils nous connaissent déjà secrètement ! Et quand on a compris ça on comprend tout le reste ! Ils pouvaient sans doute éliminer l’expédition de Kékolo sans avoir recours à des mirages. Ils se sont donc dévoilés intentionnellement. Et ils nous ont dit deux choses : que le sexe était pour eux ce qu’il y avait de plus important puisque leur message n’est que ça, et que le sexe pouvait nous sauver. Je prétends moi que pendant la partie, les trois personnes étaient entièrement instrumentalisées.

– Il y a gros à parier que les précurseurs aient été déçus que nous n’ayons pas analysé correctement leur message. C’est à nous de leur faire savoir que nous sommes quelques-uns à l’avoir aujourd’hui compris ! Encore faut-il trouver les moyens de les rencontrer, le contact ne se fera probablement pas sur Terre.

– Or mes amis, j’ai pu retrouver la trace d’une des personnes qui a participé aux expéditions qui ont suivis la découverte de Kékolo. Cette personne a eu aussi quelques ennuis avec la justice après avoir publié ses mémoires. Il coule actuellement une retraite paisible sous une fausse identité sur la planète Simac3.

– J’ai donc désigné Fédora Ivanova…

Du coup la comtesse qui n’avait écouté que distraitement les élucubrations du gourou qu’elle connaissait déjà pour les avoir entendues en privé, releva la tête, de surprise.

– … elle est la femme idéale pour faire parler ce vieux débris. Un navire de croisière de luxe part dans quinze jours pour cette destination, sa place est déjà réservée… Grâce à elle, nous allons faire bientôt un grand pas vers la rencontre avec les précurseurs ! Gloire aux Précurseurs ! Conclut-il provisoirement avec emphase.

– Gloire aux précurseurs ! Répéta l’assemblée à l’unisson.

à suivre

nikosolo@hotmail.com

Première publication Novembre 2007. Revu et corrigé en septembre 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net.

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7 réponses à Novassa (Vargala – 2) 1 – Les exilées de Novassa suivi de la Secte de Saint-Pétersbourg par Nicolas Solovionni

  1. Lemoine dit :

    Rassurez-vous, les suceuses sont bien là !

  2. Sochaux dit :

    Quelle imagination ! Ça fourmille d’idées. Dommage que le sexe soit réduit à la portion congrue

  3. Louis dit :

    Super intéressant et fourmillant d’idées

  4. Werber dit :

    Décidément cet auteur est talentueux et sait nous planter des décors étonnant et décrire des personages hauts en couleurs

  5. Jugan dit :

    Récit interessant mais peu de sexe dans ce premier long chapitre

    • Eddy dit :

      on va dire que c’est normal, c’est d’abord un récit de science-fiction qui incorpore des scènes de sexe plutôt qu’un récit érotique au sens propre. Mais rassurez-vous des passages chauds, il y en aura, et des bien excitants !

  6. Forestier dit :

    C’est reparti ! J’ai donc commencé la lecture de ce nouveau tome des aventures de nos libertins galactiques.
    Le cadre est rapidement planté, une planète gouvernée par des femmes (on voit tout de suite les possibilités que ça offre), Et une secte bizarroïde ou comme dans toutes sectes, il est conseillé de baiser avec le gourou.
    Toujours aussi passionnant, toujours aussi bien écrit, et avec une pincée d’humour.
    Impatient de lire la suite, ce qui ne saurait tarder puisque tout est sur le site 😉

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