Bacchanale par Marie Krysinska

Bacchanale par Marie Krysinska

(1857-1908)

Bacchanale

Sous les lampadaires verts des chênes,
La farouche et rythmique extase se déchaîne.

Les torses, aussi beaux que des ciels d’été,
Souplement ondoient. Et les seins lactés –
Ainsi que d’ivres nébuleuses –
Voguent au gué des danses amoureuses.

Et le flot du vin odorant se mêle
Aux flots des chevelures qui follement ruissellent.

Sous les lampadaires verts des chênes,
La farouche et rythmique extase se déchaîne.

Les sussurrants tambourins échappent aux mains lassées.
Et de plus âpres étreintes font les formes enlacées.

Ainsi que des lianes caressantes
De frêles bras s’éprennent des épaules puissantes ;
Et le saont Délire, en tournoyantes rondes,
Constelle l’horizon rose de chairs blondes.

Le rire divin sonne de somptueux tocsins,
Les lèvres rient, aussi les yeux, aussi les seins…
Et, tandis que la fin du jour déploie ses pompes,
Les Satyres, enflant leurs joues, soufflent dans les trompes.

in Eros émerveillé (Zéno Bianu, Ed. Gallimard, 2012) – p. 185-186

Née en Pologne, elle s’inscrit en arrivant à Paris au conservatoire de musique, mais l’abandonne pour se consacrer à l’écriture. Au Cabaret du Chat Noir, elle fréquente plusieurs cercles littéraires aux noms étranges (les Hydropathes, les Zutistes, les Hirsutes, les Jemenfoutistes…) dont elle est souvent la seule femme et l’égérie.
Elle publia plusieurs recueils de poèmes et quelques romans dont un au titre fort évocateur « Folle de son corps ».

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4 réponses à Bacchanale par Marie Krysinska

  1. Yorel dit :

    Satan la bite

  2. Claire dit :

    Des seins qui rient … comme c’est étrange !
    mais j’aime bien

  3. asemir dit :

    C’est vraiment le cabaret du Vat Noir ?

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