Professeur Martinov 13 – Professeur Martinov et le gaz de soumission 5 – Chaude Annette par Maud-Anne Amaro

5 – Chaude Annette

Résumé des chapitres précédents : Après la mort de Jean Laurillac, ses anciens amis se déchirent pour tenter d’obtenir ses cahiers sur lesquels il notait l’avancée de la fabrication d’un gaz de soumission. Béatrice est sur la piste de leur mystérieux cambrioleur et rend visite à Linda Gobert, l’ancienne gouvernante de Laurillac. Mario Grandbillard court après les cahiers et se dispute violemment avec son épouse, qui se réfugie chez Martinov. Quelle salade !

Jeudi 27 octobre

A 9 heures comme tous les matins, Béatrice sonne à l’entrée du domicile du professeur Martinov. Ça ne répond pas ! Elle a la clé, elle entre !

– Mon petit professeur ? Où es-tu ? Hou ? Hou ?

La table de la salle à manger dressée pour deux personnes n’est pas débarrassée, la cuisine est en désordre… Martinov n’est pas au labo, ni dans la salle de bain. Folle d’inquiétude elle gravit l’escalier de bois, ouvre la porte de la chambre et découvre Martinov et Annette Grandbillard ronflant côte à côte comme des bienheureux.

Elle referma la porte avec précaution et descendit travailler !

« Sacré professeur, j’espère simplement que cette bonne femme ne va pas l’embobiner ! » se dit-elle.

A l’âge de Martinov on a le sommeil léger, et malgré ses précautions Béatrice l’a réveillé. Il a un gourdin d’enfer et la présence d’Annette à ses côtés est une véritable provocation. Aussi en guise d’abordage, approche-t-il sa main de sa chatte.

– Gros coquin ! Répond la belle mature qui ne dormait plus que d’un œil.

Se sentant encouragé, il se met à la peloter de façon compulsive. La dame se laisse faire un moment avant d’avouer qu’un petit pipi préalable serait sans doute indispensable.

– Pisse-moi dessus ! Suggère Martinov, prêt ce matin à toutes les fantaisies.
– Tu es fou, j’ai une trop grosse envie, je vais niquer toute ta literie. Mais comme je suis bonne fille, je vais faire quelque chose qui te fera plaisir.

La salle de bain est toute proche et l’excitation du professeur s’amplifie en entendant le gentil clapotis du pipi de sa complice de la nuit.

– Voilà, dit-elle en revenant, j’en ai gardé quelques gouttes, j’espère que tu apprécies le cadeau que je te fais.
– Hum, j’en ai l’eau à la bouche !

Sa bouche ! Justement Annette vint s’accroupir dessus à quelques centimètres, et relâcha son « sphincter du pipi ». Inutile de vous préciser que Martinov dégusta ces quelques gouttes avec délectation !

– On nettoie ! Ordonna gentiment Annette.
– Pas de soucis ! Répondit notre coquin d’homme en y allant vaillamment de sa langue.

La coquine se dégagea de sa position pour s’installer en levrette, ses bonnes fesses tendues et ouvertes, laissant découvrir un bel œillet brun. Par cet appât attiré, le professeur Martinov y plaça le nez, les lèvres, la langue, quelques doigts. Annette crut devoir lui préciser qu’elle y verrait bien sa bite. C’était justement dans les intentions de l’homme, qui se mit à ramoner la belle de fort belle façon, à ce point qu’elle se mit à mouiller et à crier. Quant à Martinov qui avait oublié de s’encapoter (ce n’est pas bien !) il se retira et ne sachant que faire de sa semence il s’en mit plein les doigts.

A 10 heures, Martinov et Annette qui venaient de prendre leur petit-déjeuner vinrent saluer Béatrice. Bisous. Le professeur avait revêtu une robe de chambre, mais Annette n’avait pour seul habit qu’une chemise de nuit à ce point mal boutonnée qu’il fallait vraiment être un saint pour ne pas voir ses seins.

– Je me suis fait héberger pour quelques jours ! L’informa Mme Grandbillard, ça n’excédera pas une semaine, je ne vous gênerai pas dans votre travail, je disparaîtrai après mon petit déjeuner et je ne reviendrai qu’à l’heure du dîner !
– Je vous ai entendus, tous les deux ! Votre réveil a été démonstratif ! S’amusa Béatrice
– Que voulez-vous, je ne sais pas jouir sans faire du bruit !
– C’est très mignon, votre néné qui dépasse !
– Vous trouvez ?
– Oui, j’y ferais un bien un petit bisou sur le bout !
– Vous avez ma permission !

Béatrice se mit alors à sucer le joli téton droit de la mature avant de passer au gauche.

– Arrêtes, tu vas me faire mouiller !
– Et alors, c’est grave ?
– Non, pas du tout !
– Et d’ailleurs contrôlons l’état des lieux ! Ajouta Béa en mettant sa main là où il le faut.
– Humm, ta main… c’est bon !
– Assieds-toi sur le plan de travail, je vais te faire une léchouille.

Béatrice avait une vraie passion pour le léchage de chatte et avait l’avantage d’avoir une langue longue et agile. Après avoir écarté de ses doigts l’abricot d’amour, elle lécha tant qu’elle put, faisant haleter de plaisir sa partenaire du moment. Le clitoris érigé et décapuchonné attendait patiemment qu’on veuille bien venir le calmer, ce que ne tarda pas à faire notre gentille chimiste, provoquant le deuxième orgasme de la matinée de Madame Annette Grandbillard.

Béa n’avait pas joui. Elle aurait pu demander bien sûr à Annette de lui rendre la politesse et cette dernière n’aurait pas refusé. Mais donner du plaisir aux autres était pour elle en soi une satisfaction intellectuelle dont elle pouvait (parfois) se contenter… et puis, elle avait du travail

Un peu avant 19 heures, Damien de la Tournelle attendait Mario Grandbillard devant l’entrée du Compostelle, les deux hommes se saluèrent mollement.

– Il y a un petit changement, indiqua Damien, nous nous sommes installés au café d’en face.

Façon très diplomatique de dire qu’après son esclandre de l’autre jour, le groupe était devenu indésirable au « Compostelle ». Voilà quinze ans qu’il fréquentait ce restaurant, et du jour au lendemain il était devenu un pestiféré. Ça l’énerve, Grandbillard, ça l’énerve !

Ils sont tous là, même Geneviève ! Mario Grandbillard lance un discret « bonjour » à la cantonade, et s’assoit.

Rapidement, l’abbé Tilleul, après un raclement de gorge protocolaire, prit la parole :

– Je vous remercie d’être tous là, je serai bref : je voulais déjà vous informer que Damien a été cambriolé avant-hier. Et hier ma cellule au presbytère a été perquisitionnée par de faux flics. Est-ce que quelqu’un a d’autres informations à apporter ? Parce que sinon, moi j’ai encore des choses à vous dire !

Silence de l’auditoire. Enguebert qui s’est assis juste à côté de l’abbé, semble en proie à un grand trouble intérieur et Mario Grandbillard ne comprend absolument rien au sens de la démarche de Tilleul. Quant à Geneviève, tout ça à l’air de bien l’amuser.

– Les cahiers étaient il y a encore quelques jours entre les mains de Linda Gobert, l’ex gouvernante de Laurillac… reprend l’abbé.

Le visage d’Enguebert tourne au violet, Grandbillard est de plus en plus largué, Geneviève ricane en son for intérieur. Tilleul reprend :

– Je suppose qu’elle a essayé de les vendre à l’un d’entre-vous, apparemment elle possède la liste de notre cercle. J’ai pour ma part été approché, j’ai décliné, car non seulement le prix demandé était exorbitant, mais…

Tilleul ne peut pas finir sa phrase. Fou de rage, Enguebert se lève de son siège tel un diable qui sortirait de sa boite et se jette sur l’abbé, qui dégringole de son siège.

– Ordure ! Bien sûr que c’est hors de prix, c’est pour ça que tu me les as piqué, avec ton pédé !

Les deux hommes sont à terre et se battent comme des chiffonniers. Damien intervient, fait lâcher prise à Enguebert, mais celui-ci se dégage, sort un cran d’arrêt de sa poche et poignarde l’abbé. Carrément !

Le personnel intervient, Tilleul pisse le sang, Damien est en pleine crise de nerfs, la police et les pompiers sont prévenus. Enguebert profite de la confusion pour disparaitre.

Les pompiers arrivent les premiers, ils examinent le blessé.

– Il devrait s’en sortir, indique le médecin, mais c’était moins une : l’arme a frôlé le cœur de moins d’un centimètre !

Geneviève tente de calmer Damien :

– Tilleul, va s’en sortir. Il faut qu’on règle cette affaire nous-mêmes ! On ne sait rien sur l’agresseur, d’accord ?
– Mais pourquoi ?
– Au nom du ciel, faites ce que je vous dis, on entrera dans les détails plus tard. On ne sait pas qui c’est, il est entré, s’est approché de Tilleul, l’a pris à partie et point barre.
– D’accord avec toi ! Ajoute Grandbillard, qui a tout entendu.

On emmène Tilleul aux urgences. La police entend Geneviève, Grandbillard et Damien comme témoins. Les dépositions ne sont pas entièrement concordantes sur les points de détail mais s’accordent sur le point qu’ils ne connaissent pas l’identité de l’agresseur, présenté comme une personne ayant un contentieux non précisé avec la victime.

Enguebert est hagard, choqué, il est persuadé qu’il a tué Tilleul. Il ne rentre pas chez lui, convaincu que les autres l’ont balancé et que la police l’y attend. Après avoir erré dans les rues de Paris, il s’en va louer une chambre dans un hôtel, sans parvenir à trouver le sommeil.

Ce soir-là, Annette Grandbillard n’arriva chez Martinov qu’à 20 heures.

– Ce soir c’est pizzas. Elles vont arriver dans 20 minutes, j’ai apporté du Chianti. Ah, je vous avais promis un petit cadeau : le voici, dit-elle en lui tendant un paquet entouré d’une petite ficelle dorée.
– Il est très joli, concéda, Martinov, un peu confus malgré tout de découvrit un très joli godemiché très réaliste.
– Je l’ai pris de la même taille que l’autre, enfin je suppose !
– Oui, ce doit être la même taille !
– Vous allez l’essayer ?
– Pardon !
– J’aimerais que vous l’essayiez !
– M’enfin !

Quand il est question de sexe et que les hommes hésitent, c’est que leur cerveau travaille trop. La solution c’est de les brancher sur le cerveau du bas ! Et pour ce faire rien ne vaut une main qui vient coquinement caresser la braguette.

Et il fait comme tout le monde, le professeur Martinov, il se laisse faire. Il se laisse faire aussi quand Annette lui baisse le pantalon et le slip, il se laisse faire quand elle s’empare de sa bite et la branle quelques instants avant de l’engloutir dans sa bouche.

Quelques minutes de ce traitement et les hésitations de Martinov ne sont plus qu’un souvenir.

– Tourne-toi !

La langue d’Annette vient lui chatouiller l’œillet !

– J’aime préparer un petit cul ! Mais d’habitude c’est avec les femmes que je m’amuse à ça ! Tiens, tu sens mon doigt ?
– Oui !
– C’est bon, un doigt dans le cul, hein ?
– Oui, c’est bon !
– Mais ce n’est pas assez gros ! Il y en a deux maintenant, c’est mieux ?
– C’est bon !
– Bouge pas, on va mettre le gode, maintenant !

Il ne bougea pas ! Annette avait pris la précaution d’acheter un peu de gel lubrifiant avec lequel elle tartina le trou du cul professoral. Puis elle présenta l’engin, préalablement enveloppé d’une capote, à l’entrée.

– Allez ouvre-toi bien !

Entré complétement dans le trip, Martinov s’écarta les fesses afin de faciliter la pénétration du godemichet qui ne tarda pas à s’enfoncer dans ses entrailles. Annette fit quelques mouvements d’aller-retour avant d’activer le vibro-masseur intégré… qui refusa de démarrer !

Annette actionna de nouveau l’interrupteur, plusieurs fois et toujours sans résultat.

– Saloperie d’appareil ! Au prix que ça coûte ! Demain je vais faire un scandale !
– Il manque peut-être les piles ? Suggéra le professeur
– Ils n’ont pas mis de piles ! Ils exagèrent tout de même !
– Dans le placard de la cuisine, vers le bas à gauche…
– J’y vais ! Retiens le machin, pour ne pas qu’il sorte !

Et c’est juste au moment où Martinov maintenait le gode avec main, que la sonnette de l’entrée retentit.

– J’y vais ! Ne bouge pas ! Crie Annette.

Elle revient avec les pizzas.

– Ah, j’ai les piles, j’espère que c’est le bon format, mais tu as maintenu le truc pour rien : pour placer les piles, il faut enlever le truc.

Annette craint un peu que tous ces contretemps fasse retomber l’excitation du professeur. Aussi se presse-t-elle…

– On les place dans quel sens ? Rien n’est indiqué.
– Une chance sur deux ! Bingo ça fonctionne ! On se remet en position ! C’est reparti ! Moteur !

Ça vibre et notre professeur est aux anges.

– C’est bon de se faire enculer par un bon gode ? Hein Martinov ?
– C’est bon !
– C’est bon ! C’est bon ! Tu ne sais dire que ça, tu ne peux pas être plus explicite !
– C’est bon, C’est trop bon !
– Ah, il y a déjà du progrès !
– Et avec une vraie bite, tu as déjà essayé ?

Martinov n’était pas fou, il savait bien qu’il était là, le fantasme d’Annette, et que cette question devait être la seule qui l’intéressait ce soir.

– Tu ne veux pas me répondre ? Insista-t-elle.
– Si, j’ai essayé !
– Et tu as aimé !
– Ce n’était pas désagréable, mais maintenant j’ai passé l’âge !
– Tu ne le fais plus, alors ? Mais pourquoi ? Il n’y a pas d’âge pour se faire plaisir !

Elle stoppa le vibro, souhaitant qu’il lui réponde.

– Disons que c’est l’occasion qui fait le larron et que des occasions, ben j’en ai bien peu.
– Et si je te présentais à un de mes amis.
– Rien ne presse !
– Il a une belle bite, je suis sûre que tu aimerais la sucer. Tu aimes ça, sucer des bites ?
– Mais Annette, rien ne m’oblige à te répondre !
– Si parce que ta réponse va m’exciter ! Alors je t’écoute !
– Alors d’accord, j’aime bien sucer une belle bite de temps en temps.

Elle remit le vibro en marche en position maximum.

– Arrête, arrête, non continue c’est trop bon !

Annette retira le gode d’un coup sec !

– Ha !

Elle changea le préservatif, mit l’objet verticalement sur le plancher puis s’empala dessus. En même temps, elle engoba la bite de Martinov, qui rapidement redevint bien dure. Deux minutes après, le professeur explosait dans sa bouche. Trois minutes après Annette Grandbillard hurlait sa jouissance.

– Evidemment tout ce que je t’ai dit, ce n’est pas vrai, c’était pour délirer… commença Martinov.
– Je l’ai bien compris, n’empêche que je rêve du jour où je te ferai sucer une bonne bite ! Bon, à table !

Vendredi 28 octobre

Le lendemain, vers 5 heures du matin, Enguebert file chez lui, croisant les doigts afin qu’il n’y ait pas un flic en embuscade sur son palier, récupère son passeport, entasse dans une valise quelques affaires de première nécessité puis file à l’aéroport de Roissy où il achète un vol pour Montevideo en Uruguay avec escale à Buenos Aires.

Le même jour, Damien de la Tournelle se rend au chevet de Tilleul où on lui confirme que le pronostic vital n’est pas engagé, mais que le couteau ayant touché la moelle épinière, le blessé très faible, risque de rester tétraplégique. Il n’a rien dit aux policiers et ne dira rien. Damien rentre chez lui, se « déguise » en serrurier et se rend ensuite Avenue des Ternes où il a rendez-vous à 15 heures avec Mario Grandbillard en bas de l’immeuble où habite Enguebert.

– Il est probablement en planque, avait dit Damien, la police ne s’acharnera pas, j’aimerais faire un tour chez lui, je trouverai peut-être un indice pour le retrouver. Vous pourriez m’accompagner ? Geneviève viendra aussi.

Grandbillard avait accepté, non pas pour rendre service à ce jeune freluquet pour lequel il n’éprouvait aucune sympathie particulière, mais parce qu’il ne lui déplaisait pas de contribuer à ce qu’Enguebert se fasse coincer… et aussi parce que (on peut toujours rêver) apprendrait-il incidemment quelque chose de nouveau sur ces foutus cahiers.

Arrivés sur le pallier, Damien repère la porte :

– Bizarre ! Pour quelqu’un qui a été cambriolé, il n’y a pas de traces d’effraction ! Remarque Damien.
– Il a eu le temps de faire changer la serrure, non ? Répond Geneviève.
– Parce qu’il a été cambriolé ? S’étonne Mario.
– Ben oui ! Si j’ai bien compris, il acheté les cahiers à cette Linda puis se les ait fait voler. Je ne sais pas qui lui a mis dans la tête que c’était l’abbé Tilleul !

Mario Grandbillard ne comprend plus rien !

Ils sonnent mais n’obtiennent aucune réponse. Le contraire eut été surprenant. La serrure de son appartement n’a rien de sophistiqué et quelques coups de perceuse en viennent rapidement à bout.

Ils font le « tour du propriétaire ». L’appartement est coquet et bien tenu. Dans la chambre, le grand lit ne possède qu’un seul oreiller, preuve s’il en fallait que celui qui y dormait est célibataire. Des vêtements propres gisent sur le lit, l’armoire est restée ouverte.

– Il est passé, il a emporté des affaires ! Constate Damien avant d’ouvrir un tiroir assez profond dont le contenu le fait réagir :

– C’est quoi, ça ?

« Ça » c’est des bas, des strings, des soutiens-gorge, des nuisettes… Ailleurs dans l’armoire, ils découvrent des robes, des perruques, des boas…

– Il faisait du théâtre, Enguebert ? Demande naïvement Damien.
– Sans doute appréciait-il particulièrement le rôle du Chevalier d’Eon ! Répond malicieusement Mario.
– Pardon ?
– Laissez tomber !
– Bon tout ça ne nous avance guère, je vais jeter un coup d’œil sur l’ordinateur, indique Damien.

Damien y découvre la domiciliation bancaire d’Enguebert, la Société Générale, mais ne peut évidemment accéder à son compte ! Qu’importe, voilà qui tombe fort bien, il y connaît du monde.

Il passe un coup de fil dans la foulée, et demande communication des dernières opérations et des dernières factures cartes bleues.

– Je les aurai ce soir, on saura peut-être où il est passé ! Précise-t-il en raccrochant. On s’en va, je vais remettre une serrure, comme ça les voisins ne pourront pas dire qu’il y a eu effraction ! Et s’il nous faut revenir, un petit tour de clé suffira.

Geneviève qui se demandait ce qu’elle faisait là, poussa un soupir de soulagement. C’est à ce moment-là que Damien déclara à brûle-pourpoint :

– Je me pose tout de même une question : pour qu’on ait volé les cahiers chez Enguebert, il aurait déjà fallu qu’on soit au courant qu’il les avait achetés ?

Geneviève ne répond pas, elle s’en fiche. Quant à Grandbillard, il ne comprend pas le but de ce « mensonge » et reste de marbre.

– Ce serait donc cette Linda qui aurait renseigné le voleur ? Et ce voleur pourrait être n’importe quel membre de notre cercle… mais pourquoi Enguebert a-t-il accusé précisément Tilleul ?
– On le saura quand on l’aura retrouvé ! Répond Grandbillard. Je vous laisse, on m’attend.
– Je me demande si on ne devrait pas faire une expédition chez cette Linda ! Si seulement on avait son adresse !
– Moi je l’ai ! Répondit Geneviève. Je vous accompagne quand vous voulez !
– Ce soir ? Proposa Damien.

« A quoi jouait De la Tournelle » depuis tout à l’heure ? Se demandait Grandbillard, quand soudain l’explication lui parut évidente ! Tilleul avait doublé son filleul ! Ce n’est pas avec lui qu’il avait volé les cahiers mais avec un autre comparse. Et c’est bien sûr ce comparse qui avait mis les cahiers à l’abri ! Tout se tenait ! Sauf peut-être cette réunion qu’avait provoquée Tilleul, où il avait fait comme s’il n’avait pas les cahiers à sa disposition (mais pouvait-il faire autrement ?) et où il s’apprêtait à dire quelque chose d’important, juste au moment où Enguebert s’était jeté sur lui. Dans ces conditions retourner chez Linda n’avait aucun sens. Par contre une petite visite au chevet de l’abbé Tilleul …

– Ce soir, impossible ! Finit par répondre Mario, je suis pris.
– Demain ?
– Ce week-end, je suis à la campagne, désolé
– Tant pis, allons-y tous les deux ce soir ! Proposa Geneviève.

Ils se donnèrent donc rendez-vous place des fêtes à 19 h 30.

Bien sûr Mario ignorait la véritable motivation de Geneviève. Elle ne cherchait pas les cahiers (on les lui avait proposés, elle n’en avait pas voulu) mais toutes les occasions pour pourrir la vie de cette Linda lui semblaient bonnes à prendre !

Si Damien et Geneviève ne trouvaient rien chez Linda, ils chercheraient ailleurs, se dit Mario. Et dans ce cas Damien réaliserait peut-être enfin qu’il s’était fait doubler ! Il chercha donc une astuce…

L’astuce il la trouva une en découvrant une femme âgée, probablement SDF, qui faisait la manche non loin de chez lui. Grand seigneur, il lui refila 5 euros.

– Oh merci ! Mon Prince !
– C’est bien naturel ! Je vous donnerais bien 20 euros, mais il faudrait que vous me rendiez un petit service.
– Une embrouille ?
– Non, un coup de fil à donner, il vous suffira de lire un texte.
– 30 euros alors
– Ce sera 25 et on n’en parle plus. Ne bougez pas, je reviens dans 10 minutes.

Mario monta chez lui et rédigea un texte très court, il redescendit ensuite avec son papier.

– Voilà, on fait un essai. Lisez ça, mais de façon naturelle !

La femme devait avoir des dons de comédienne : l’essai parut satisfaisant à Mario. Ils s’enfermèrent dans une cabine téléphonique, où la promiscuité faisait ressortir l’odeur de saleté de la clocharde. Mario composa le numéro.

– Allez-y !
– Bonjour ! Ici c’est Monique.
– Monique ?
– Oui, attendez… Ce soir à 19 heures Damien de la Tournelle et Geneviève Baur vont venir chez vous. Leurs intentions ne sont pas pacifiques, soyez sur vos gardes.
– Mais qui êtes-vous ?
– Répétez ! Chuchota Mario

Elle répéta le message et raccrocha. Elle avait gagné 25 euros.

Linda était perplexe. Il pouvait s’agir d’un piège mais elle avait du mal à s’imaginer ce qu’il pourrait être. Première chose à faire : ne pas rester seule. Cet aspect fut vite résolu.

Il est 19 heures. Damien de la Tournelle et Geneviève Baur sonnent à l’interphone de Linda.

– Ne dites pas que je suis là, faites comme si vous étiez seul, elle aura la surprise quand elle ouvrira la porte. Précise Geneviève
– Mais pourquoi ?
– Je vous dirai !
– Oui, Mlle Linda Gobert, je ne sais pas si mon nom vous dit quelque chose, j’étais un ami de Jean Laurillac. Pourrais-je vous parler cinq minutes, c’est assez important.
– Je vais vous ouvrir mais vous allez monter seul, je n’ai aucune envie de recevoir la visite de la personne qui vous accompagne.

Moment d’hésitation de Damien qui n’avait pas prévu ça. Il regarde en l’air, cherche en vain une caméra.

– Cette personne a également des choses importantes à vous dire, il faut que nous vous rencontrions tous les deux.
– Vous montez seul, sinon je n’ouvre pas. Si on a besoin de Madame Baur, eh bien on pourra toujours l’appeler.
– Refusez ! Dites-lui qu’on monte tous les deux ! Chuchote Geneviève.
– Elle ne nous ouvrira pas.
– Alors on laisse tomber !
– Non je vais y aller, attendez-moi, je trouverai peut-être un truc pour qu’elle accepte de vous faire monter.
– C’est à quel étage ?
– Au troisième, ma porte sera ouverte.

Linda fait entrer Damien mais l’empêche de progresser dans l’appartement. Ils ne se sont jamais rencontrés mais ils se détestent déjà. C’est physique. Derrière la porte du salon, un homme se tient prêt à toute éventualité dans le cas où l’entrevue tournerait mal.

– Je vous écoute. Dit simplement la jeune femme.
– Pourriez-vous me confirmer que vous auriez vendu les cahiers de Jean Laurillac à Monsieur Enguebert ?
– C’est cela votre « chose importante » ?
– La suite va l’être !
– Il n’entre pas dans mes intentions de vous fournir des détails sur mes affaires privées.
– Sauf que ce n’est pas une affaire privée, ces cahiers ne vous appartenaient pas !
– Dans ce cas portez plainte ! Mais ça n’ira pas loin, j’ai ici une copie d’un document déposé chez le notaire prouvant que ces documents m’ont été légués par Monsieur Laurillac.

Damien en avale sa salive de travers ! Toute une partie de sa stratégie s’écroule. Il n’a pas de Plan B.

– On en reste là ? Propose Linda.

Alors Damien tente un coup désespéré avant de partir :

– Je vais m’exprimer autrement. Pour des raisons graves et personnelles, j’aimerais que vous ayiez la… la… la gentillesse (manifestement dire ça lui écorche la bouche) de me dire si vous avez informé un autre éventuel acquéreur potentiel du fait que vous auriez vendu ces cahiers à Monsieur Enguebert ?

« Oh, mais voilà qui change tout ! Se dit alors Linda ».

– Donnez-moi une bonne raison de vous répondre.
– J’ai de bonnes raisons de penser que Monsieur Enguebert s’est fait cambrioler après son achat, les cahiers ont disparus.

« Nous y voilà ! »

– Monsieur Enguebert a porté une accusation grave contre un de mes amis, le soupçonnant de ce vol. Je pense que maintenant vous comprenez mieux le sens de ma démarche !

« L’idée ! L’idée géniale ! »

– Mon pauvre Monsieur, vous allez tomber de haut !
– Pardon ?
– Vous voulez vraiment savoir ? Avant de contacter Monsieur Enguebert, j’avais contacté une autre personne. Celle-ci s’est dite intéressée, je lui ai donné mon adresse et on a pris rendez-vous. Le problème c’est qu’elle n’est pas venue. Je l’ai attendue une heure, je l’ai rappelée, ça n’a pas décroché. J’ai laissé un message lui indiquant que je m’octroyais la possibilité de négocier avec quelqu’un d’autre. C’est ce que j’ai fait et j’ai vendu les cahiers à Monsieur Enguebert. Une heure après, la première personne me rappelait, me racontait une sombre histoire d’empêchement… je lui dis alors que les cahiers étaient vendus. Elle a voulu me voir quand même. Elle s’est fait mielleuse, m’a embobinée, bref elle voulait savoir à qui je les avais vendus. J’ai eu la faiblesse de lui dire !
– Et cette personne c’est qui ?
– Attendez. Quand elle a eu le renseignement, le ton a changé : elle a commencé à me traiter de tous les noms et j’ai été obligée de la mettre à la porte manu militari. Vous comprenez donc pourquoi je n’avais aucune envie de voir cette personne ressurgir dans mon appartement.
– Vous voulez dire… C’est Geneviève Baur ?
– Eh oui !
– Et je suis obligé de vous croire ?
– Vous faites ce que vous voulez à partir du moment où vous ne me casserez plus les pieds… Quoi que si vous voulez une preuve, je peux vous en fournir une.
– J’aimerais bien, oui !
– Vous avez remarqué qu’aucune indication précise ne figure sur l’interphone. Sur le palier, il y a quatre portes, aucune n’est étiquetée. Vous allez donc téléphoner à Miss Baur et lui demander de venir vous rejoindre. De deux choses l’une : ou elle ne connait pas le chemin de mon appartement et elle le demandera, ou elle le connait et vous en tirerez les conclusions que vous voudrez. Allez, téléphonez-lui et regardez en silence derrière l’œilleton !

« Pourvu que ça marche ! »

Geneviève Baur arrive à l’étage, sans l’ombre d’une hésitation elle se dirige vers la bonne porte et frappe. Damien est blanc comme un linge.

– La salope ! Murmure-t-il. C’est pour ça qu’elle ne voulait pas qu’on parle à la police, je comprends mieux maintenant !
– Pardon ?
– Non rien ! Je fais quoi ?
– Ce que vous voulez, mais ne la laissez pas entrer. Ah ! Pas de scandale dans mon immeuble, ça m’arrangerait !
– Bon je vous laisse, désolé pour le dérangement et merci de m’avoir renseigné.
– Je pense que nous ne nous reverrons plus, adieu Monsieur !

– J’ai mon renseignement ! Dit Damien à Geneviève, on s’en va !
– Pourquoi m’avoir fait monter ?
– Vous le saurez dès que nous serons dehors.

Alors Damien ouvre la porte d’entrée de l’immeuble, il laisse sortir Geneviève devant lui, puis sans aucun préambule il la gifle deux fois de suite, faisant valser ses lunettes.

– Tiens Salope !
– Mais vous êtes cinglé !

Linda observe de son balcon cette charmante scène et se marre comme une bossue. Ils sont d’ailleurs deux à se marrer.

C’est à ce moment-là que retentit la sonnerie du téléphone portable de Damien. Geneviève en profite pour filer, elle est choquée, incrédule, elle a la rage au cœur, elle en oublie même ses lunettes.

Damien venait de recevoir le relevé des dernières opérations de la carte bancaire d’Enguebert. Il indiquait l’achat d’un vol à Roissy. Il suffirait d’attendre quelques jours de plus pour savoir où l’oiseau s’était envolé ! Quant à Geneviève, il s’occuperait de son cas plus tard. Il lui tardait d’avoir des nouvelles fraiches de l’abbé Tilleul.

Samedi 29 octobre.

L’esprit d’escalier ayant fait son travail et la nuit ayant porté conseil, Damien de la Tournelle se dit qu’il s’était peut-être emballé un peu vite en giflant en pleine rue Geneviève Baur. Les arguments de Linda paraissaient convaincants mais pas assez pour établir avec certitude le rôle de Geneviève dans cette affaire. Il aurait dû au lieu de s’énerver, lui demander une franche explication. Cela allait devenir difficile maintenant. Néanmoins il lui adressa via son portable un message lui demandant d’accepter ses excuses, lui indiquant ce que lui avait dit Linda en lui précisant qu’il était possible que cette dernière l’ait manipulé, et sollicitant un rencontre « amicale » afin de parler de tout ça.

– Peut se la foutre au cul, sa réunion amicale, ce pédé ! S’écria-t-elle en recevant le message.

Pour Geneviève la semaine avait été éprouvante. D’abord cette rencontre surréaliste avec cette pute de Linda, puis la visite de la pétasse travaillant chez Martinov, susceptible de revenir lui casser les pieds, « l’obligation » d’aller à cette rencontre de l’ancien cercle de Laurillac qui s’était terminée en pugilat et où elle a été obligé de faire preuve d’improvisation pour que la police ne découvre pas ce qu’elle n’a pas besoin de connaître, la visite de folie au domicile d’Enguebert, et pour couronner le tout cette volte-face de Damien de la Tournelle, qui lui avait flanqué deux baffes en sortant de chez Linda ! Et en plus elle a perdu ses lunettes !

Au moins est-elle rassurée sur un point : personne ne semble posséder la formule améliorée de Jean Laurillac. Par ailleurs, malgré ses démarches, elle n’a trouvé personne capable de lui fabriquer le petit appareil qui lui aurait grandement facilité la tâche. Estimant qu’elle a perdu assez de temps comme ça, elle décide de passer à l’action dès le lundi. Mais il lui faut un cobaye. Dégoter un gigolo sur Internet n’est pas bien difficile, mais il lui faut en trouver un qui soit un peu frêle. Elle n’a pas envie de tomber sur un « monsieur muscle » qui pourrait se rebiffer. Elle agirait juste après le coït, pendant ce moment où tous les hommes sont si vulnérables.

Elle finit par dégoter l’oiseau rare, un éphèbe assez ambigu, avec un visage d’ange, mais le genre de mec qui a dû sécher tous les cours de gymnastique de sa scolarité. Pas du tout son genre, à Geneviève, mais peu lui importe !

Lundi 31 octobre

Mario Grandbillard est sur le point de péter un câble. Voilà seulement quatre jours qu’il est célibataire et l’appartement est devenu un foutoir : la vaisselle s’accumule dans l’évier, le bac à linge déborde, le ménage n’est pas fait. Et puis pas de nouvelles d’Annette ! Il s’était persuadé qu’elle n’était partie que sur un coup de tête et qu’elle reviendrait rapidement, il en était beaucoup moins persuadé maintenant. Il fallait qu’il sorte faire des courses, qu’allait il acheter à manger ? Il manquait terriblement d’habitude, en quatre jours, il avait déjà eu droit aux spaghettis trop cuits, aux œufs sur le plat ratés et à la salade immangeable à cause de la sauce trop vinaigrée ! A moins qu’il aille au restau ? Il passa dans la salle de bain où rien n’était rangé, lui qui avait le désordre en horreur ! Non, il n’était pas fait pour cette vie.

On sait depuis Archimède combien la toilette du matin est propice aux idées géniales. C’est en prenant sa douche et en s’amusant à se faire bander la bite à coup d’eau tiède qu’il eut une idée.

Encore revêtu de son peignoir de bain, il composa le numéro de Linda Gobert :

– Allô, Bonjour, c’est Mario Grandbillard, je voulais vous présentez mes excuses pour mon attitude inqualifiable de l’autre jour.
– Bien, bien. Vous savez je suis très pragmatique, personne n’est parfait en ce monde. Mais…
– Une attitude inqualifiable, n’ayons pas peur des mots, mais j’ai voulu me racheter en vous faisant prévenir par une amie des intentions malveillantes de Geneviève Baur et de Damien de la Tournelle à votre égard.
– C’était donc vous !
– Et oui ! Et ils sont venus ?
– Oui ! Merci donc de m’avoir prévenue, ça m’a permis de me préparer et de me protéger
– Vous les avez reçus ?
– J’ai refusé de recevoir la mère Baur et j’ai fini par virer l’autre. En partant ils se sont chamaillés entre eux. Mais mon petit doigt me dit que vous ne m’appelez pas juste pour ça !
– Effectivement !
– Je vous écoute, vous êtes toujours intéressé par les cahiers, n’est-ce pas ?
– Non… je veux dire oui… Mais bon je suppose qu’ils me sont passés sous le nez !
– Pas forcement. Si vous vous décidez à y mettre le prix, ils sont à vous !

Grandbillard qui n’appelait pas pour ça, ne comprend plus ! Il se dit qu’elle bluffe, il « sait » fort bien que l’abbé Tilleul les a planqués quelque part.

– Je croyais que…
– Que quoi ?
– Rien… Je pensais que quelqu’un d’autre aurait été intéressé.
– Il y a effectivement plein de gens qui sont intéressés, mais si vous y mettez le prix…

Grandbillard choisit alors de ne pas creuser cette situation incompréhensible, il se dit que si Linda acceptait ce qu’il voulait lui proposer, il aurait ensuite toute facilité pour percer ce mystère.

– En fait, je voulais vous faire une proposition tout à fait différente. Je suppose que vous êtes au chômage ?
– En quelque sorte, pourquoi cette question ?
– Et qu’à moins d’une chance extraordinaire vous ne retrouverez jamais une place aussi juteuse que celle que vous aviez chez Laurillac ?
– Sans doute ! Mais qu’est-ce que ça peut vous faire ?
– Ça peut me faire que je vous propose de vous embaucher un mois à l’essai aux mêmes conditions que chez Laurillac !
– Quoi ?
– Voulez-vous que je répète ?
– Vous plaisantez, je suppose !
– Pas du tout, vous seriez libre quand ?
– Tout de suite si vous voulez !
– Tout de suite ?
– Ben, oui, tout de suite !

– Notez : je vous donne l’adresse et le code digital.

Et à 11 heures, elle était là. Mario Grandbillard ne s’était toujours pas habillé et reçut la jeune femme en peignoir.

– Voilà, ma femme est partie. Depuis c’est le bordel, il y a tout à faire.
– D’accord, vous m’avez préparé un contrat de travail ?
– Un contrat, il faut un contrat ?
– Ben oui, il faut un contrat.
– Non !
– Sans contrat, je ne travaille pas, à moins que vous ne me payiez la journée d’avance.
– O.K. On va faire comme ça ! Et sinon, j’aimerais bien un petit extra un peu coquin.
– Comme ça, là tout de suite ? Vous vous figurez que je suis à votre disposition ?
– Ça vous pose un problème !
– Non, pas trop, mais je boirais bien un café avant !
– Je ne sais pas bien le faire.
– Je vais me débrouiller, vous en voulez un aussi ? Dites-moi où est la cafetière… et le reste.

Linda avait hâte de trouver le moyen de faire parler Grandbillard. Quand elle saurait, elle déciderait si elle devait rester davantage. Il fallait qu’elle soit sur ses gardes, l’homme ne se confierait pas forcément facilement. Peut-être tout à l’heure, quand il aurait eu ce qu’il voulait. Ne dit-on pas que l’oreiller du lit d’amour est un magnifique déclencheur de confidences ?

– Vous voulez qu’on fasse quoi ?
– La petite séance de l’autre fois m’avait bien plus, mais elle avait un petit goût de trop peu ! Indiqua Mario.
– Tiens donc, vous voudriez qu’on fasse le grand jeu ?
– Le grand jeu ! Qu’appelez-vous le grand jeu ?
– Le grand jeu, c’est de faire tout ce que vous avez envie de faire !
– Vous acceptez tout ? Vous n’avez pas de tabous ?
– Si j’ai quelques tabous, je vous dirai ! Alors on fait quoi ? On commence par une fessée comme l’autre jour ?
– Et après, on peut faire l’amour ?
– Mais bien sûr, mon petit lapin !
– Voilà que je suis un petit lapin, à présent ! Vous croyez vraiment que c’est une façon pour une gouvernante de prénommer son employeur ?
– Mon cher monsieur, les fois où il vous prendra l’envie de me baiser, je ne serai ni votre gouvernante, ni votre domestique, ni votre soubrette, mais votre putain et vous vous cesserez d’être mon employeur pour devenir mon client. Et une pute a parfaitement le droit d’appeler son client « mon lapin » ! D’accord, mon lapin ?
– Vous avez réponse à tout !
– Vous me l’aviez déjà sortie celle-ci
– Quelle mémoire ! Vous voulez combien ?
– Pour cette fois ce sera à votre convenance, mais ne vous dérangez pas, nous verrons cela après ! Je me mets à poil, je suppose ?
– Vous n’avez pas des bas ?
– Non, mais achetez en pour la prochaine fois, taille 2, vous vous souviendrez ?

Linda, sans cérémonie particulière se débarrassa de tout le bas et d’une partie du haut, ne conservant que son soutien-gorge.

– Je le garde ou pas ?
– J’aimerais bien voir vos seins !
– O.K. Vous voulez me le dégrafer ou je le fais moi-même ?
– Faites vous-même, j’aurais peur de le déglinguer.
– Voilà une attention délicate ! Répondit Linda.

Mario ne perçut pas l’ironie moqueuse de cette réflexion, fasciné qu’il était par la vision de cette magnifique poitrine, qui n’aurait pas permis à Isaac Newton de découvrir la loi de la gravité.

– Vous pouvez toucher, c’est compris dans le forfait, cher monsieur.

Il ne s’en priva pas, les malaxant sans finesse, mais sans brutalité non plus, s’amusant à agacer les tétons bruns

– J’aimerais un petit scénario : je vais vous attacher sur le lit et…
– Non ! L’interrompit Linda.
– Pardon ?
– Je ne me laisse pas attacher, et ce point n’est pas négociable.
– Vous pouvez avoir confiance…
– Laissons la confiance de côté, la question n’est pas là, personne n’est à l’abri d’un coup de folie ! Mais dites-moi avez-vous lu « Jessie » ?
– Jessie ? Non, c’est de qui ?
– Stephen King !
– Non, ce n’est pas mon genre de lecture.
– C’est bien dommage, parce que c’est très bien, ça raconte l’histoire d’un couple illégitime. Ils sont dans une baraque isolée et ils sont partis pour s’amuser dans un scénario érotique, la fille est d’accord pour se laisser attacher. Donc le gars l’attache bien comme il faut à poil sur le lit et juste au moment de passer à la suite, le type nous fait une crise cardiaque mortelle et définitive.
– Ce n’est qu’un livre…
– Sans doute, alors si vous voulez, faites semblant de m’attacher, il suffit de faire des liens très lâches dont je peux me débarrasser comme je veux !
– Bon d’accord, si je comprends bien, c’est toujours vous qui menez la barque ?
– Souvent, oui ! On y va ?

Linda dut lui expliquer comment faire des faux liens, en fait des bracelets bricolés à chacune des extrémités d’une corde légèrement plus longue que la largeur du lit et passée sous le matelas. Elle n’avait plus qu’à glisser ses poignets dans les bracelets, la procédure étant similaire pour les chevilles. Ce qu’elle fit après s’être entièrement déshabillée.

– Vous allez frapper avec quoi ? Parce que dans cette position, avec la main, ce n’est pas évident.
– Une ceinture ?
– Je veux bien, mais allez-y mollo !

Mario était resté habillé. Il défit la ceinture de son pantalon ce qui l’obligea à le retenir de la main gauche afin qu’il ne tomba point. Puis il commença à frapper de façon plutôt faible. La personnalité de cette femme l’impressionnait et il avait peur de la blesser.

– Vous pouvez taper juste un tout petit peu plus fort ?
– Comme ça ?
– Oupff ! Oui comme ça, ça va !

Le pauvre derrière devint vite rouge tomate. Mario commençait à s’exciter et en oublia de retenir son pantalon, lequel dégringola brutalement à ses chevilles. Linda éclata de rire !

– Je vais t’apprendre à rigoler ! Rugit-il, augmentant la cadence de ses coups.

Il va pour avancer, oubliant que son pantalon l’entrave, trébuche et tombe en travers du lit. Linda est écroulée de rire !

– Il fallait me le dire, que vous vouliez une séance burlesque, j’aurais apporté un nez rouge !
– Tu vas voir ! Répond-il faussement menaçant.

Et le voilà qui remonte son pantalon ! Geste à contre-emploi dans la situation présente !

– Tu ne bouges pas, je descends chercher des préservatifs, je reviens de suite.
– Pas la peine, j’en ai dans mon sac à main, je vous autorise à l’ouvrir ! Répondit Linda qui avait prévu le coup.

Du coup, Mario se déshabille (enfin), s’encapote, puis libère les chevilles de Linda, lui laissant ses poignets faussement entravés, puis la fait se mettre en levrette.

Le spectacle de ce cul offert dans une position obscène l’excite au plus haut point, cette magnifique chatte exposant ses subites nuances rosées, ce petit trou du cul sans défaut couleur de café au lait, et le tout mis en valeur par des fesses aux courbes enchanteresses ! Notre homme bande comme un dingue. Il approche sa bite et sans aucun préliminaire s’enfonce dans le sexe béant, avant d’entamer une série de va-et-vient énergiques. Mais Mario à une idée en tête, il se rend compte qu’il fait preuve de timidité en hésitant à demander. Timidité ! Lui l’ancien militaire admirateur de Napoléon ! Mais que lui arrive-t-il ? Et puis n’a-t-elle pas indiqué, cette Linda qu’elle n’avait que peu de tabous ? Elle n’a probablement pas celui-ci ! Et quand bien même, ça ne coûte rien de demander ! Alors entre un hi et un han, il ose !

– Par derrière je peux ?
– Mais tu es déjà derrière, mon lapin ! Répond Linda qui fait semblant de ne pas comprendre.

Mario est dépité, il n’ose pas relancer, mais alors qu’il n’y croyait plus, Linda vient à son secours :

– Mais, oui, mon petit lapin, je te fais marcher, si tu as envie de m’enculer, ne te gênes pas, fais comme chez toi !

A ces mots, Mario, ne sait pas hésiter, sa bite bien lubrifiée sort de la chatte et vient se présenter à l’entrée de l’œillet. Ça passe, ça glisse, ça pistonne, il y met toute son énergie et ne tarde pas à jouir dans un râle.

Linda mime l’orgasme, au cas où sa propre jouissance intéresserait son partenaire, puis se relève pour se rhabiller !

– Ça va ?
– Très bien, vraiment très bien, Répond Mario.
– Bon, il est presque midi, vous voulez que je vous prépare à manger ?
– Je ne sais pas, accepteriez-vous que je vous paie le restaurant ?
– Pourquoi pas ?

« Drôle de bonhomme ! » se dit Linda.

– Vous fréquentez toujours les autres amis de Laurillac ? Attaqua-t-elle en dégustant ses escargots
– Bof ! C’est une bande de cinglés ! Vous savez la dernière ? Enguebert a violemment agressé Tilleul… Avec un poignard !
– Ha ? Et pour quelle raison ?
– A propos des cahiers !
– Non ?
– Si ! Enguebert est un caractériel, déjà il y a plusieurs jours, j’ai été obligé de lui allonger un pain pour lui apprendre à vivre !
– Et bien ! Quelle ambiance !

Voilà qui complétait les rares informations que lui avaient lâchées Damien. Linda jubilait mais n’en montra rien à son interlocuteur.

– Tilleul, il n’est pas sérieusement blessé tout de même ?
– Si, aux dernières nouvelles, il resterait tétraplégique.

Oups

– Oh ! Enguebert a été arrêté par la police, alors ?
– Non, il est en fuite, on sait qu’il a pris l’avion à Roissy. Damien de la Tournelle s’est juré d’aller venger son parrain jusqu’au bout du monde. Ça va barder !
– Je vois !

Un étrange malaise envahit alors Linda, jusqu’ici plutôt satisfaite de la tournure des événements, les anciens amis de Laurillac n’étaient plus en train de se chamailler, mais tout simplement en train de s’entre-tuer. Cette affaire commençait à aller trop loin.

– Et Geneviève ?
– Il me semble que vous l’ayez vue après moi.
– Juste entrevue, elle n’est pas entrée chez moi !
– Vendredi elle allait bien, mais elle manigance quelque chose, elle nous a demandé de ne pas dévoiler à la police l’identité d’Enguebert.
– Bizarre en effet !

Après un court silence, Mario Grandbillard attaqua à son tour.

– Les cahiers, vous les avez toujours ?
– Oui, je vous l’ai dit !
– Pourquoi mentez-vous ?
– Et pourquoi mentirais-je ? Si vous ne me croyez pas, je vous invite à me suivre chez moi, vous les verrez « en chair et en os » si j’ose dire !
– Alors chiche ! J’aimerais avoir confiance en vous. Pour ce faire, il me faut lever ce doute !
– Pas de soucis, mais qu’est-ce qui vous fait penser que je ne les ai plus ?
– Je pensais réellement que les autres seraient intéressés. Mentit-il.
– Ils le sont, mais c’est parait-il trop cher !

Fin joueur de poker, Grandbillard savait en principe déceler le bluff. Il eut alors la certitude que Linda ne mentait pas sur ce point. Mais pourtant il avait de ses yeux vu Enguebert sortir de chez Linda avec un gros sac de voyage ! Puis se le faire subtiliser ! Et d’ailleurs Enguebert avait bel et bien accusé Tilleul de les lui avoir volés avec les conséquences que l’on sait ! Y aurait-il deux différents jeux de cahiers ? Tilleul était-il de mèche avec Linda ? Etonnant mais après tout pourquoi pas ? N’avait-il pas hésité à doubler Damien, son protégé de filleul ? Mario savait qu’il n’aurait pas la réponse de suite ! Les femmes sont bavardes et Linda finirait bien par se couper, il suffirait d’attendre.

A suivre

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2 réponses à Professeur Martinov 13 – Professeur Martinov et le gaz de soumission 5 – Chaude Annette par Maud-Anne Amaro

  1. Baruchel dit :

    Je l’avais lu mais je ne l’vais pas commenté, c’est toujours aussi bien et aussi efficace, et Anette est toujours aussi chaude !

  2. Muller dit :

    Un chapitre qui porte parfaitement son titre, cette Annette est effectivement très chaude (au passage l’illustration qui est censé la représenter est… comment dire whaouuuu). Comme d’habitude l’érotisme fonctionne à fond en parallèle à une intrigue véritablement passionnante et très travaillée (mais on a intérêt à lire tout ça en une seule fois si on ne veut pas s’y perdre

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