Ecran de veille par Istvan Kovacs

D’abord, merci et félicitations pour le site. L’esprit, le contenu, la
réalisation, tout est digne d’éloges.
Et en témoignage de l’estime que j’ai pour Vassilia, je joins un court
récit. Au ouaibemestre de voir s’il convient.
Istvan Kovacs

L’Écran de Veille

Mon travail m’impose de grands déplacements, et je trouve que le train est
bien pratique. Sauf l’aléa toujours possible, je peux prévoir à quelques
minutes près l’heure de mon arrivée. On trouve, en général, un choix
d’hôtels intéressants à proximité des gares. Entre les étapes, si je me sens
fatigué, je peux dormir, si j’ai besoin de pisser ou simplement de me
dégourdir les jambes, je me lève et je peux déambuler. Et le plus important,
grâce à l’ordinateur portable, le temps des trajets n’est pas du temps
perdu. Même dans les vieux tortillards, la machine en équilibre sur ses
genoux, on peut en peu de minutes taper au moins le brouillon d’un rapport.
Dans les TGV, Thalys et autres Eurostar, même dans les bon vieux Corail, on
est assez bien installé avec l’ordinateur sur la petite tablette. Bon,
d’accord, dans l’Eurostar, conçu pour des voies plus étroites, on est un peu
serré, et c’est de la sorte que cette histoire m’est arrivée.

L’ordinateur n’est pas seulement un outil de travail, c’est aussi un moyen
de détente. Sur le mien, comme pas mal d’autres j’imagine, j’ai une
impressionnante collection d’images pornographiques. Maintenant qu’on peut
butiner librement et souvent gratuitement sur la Toile, je n’ai plus besoin
pour me délasser le soir, de chercher des magazines de cul dans les
librairies des gares où d’ailleurs il faut souvent demander ce qui est
derrière la caisse. Et, grâce à l’écran de veille, depuis la version du
millénaire de Windows, quand je m’arrête momentanément de travailler avec
mon joujou, après quelques instants il se met à me passer, au hasard d’une
sélection informatique et aléatoire, de plaisantes images coquines. Pratique
le soir à l’hôtel : ça laisse les mains libres. Evidemment, dans le train,
ça peut, suivant le voisinage, se révéler gênant, et le plus souvent, j’ai
soin de sélectionner pour ces passages à vide l’affichage d’un écran noir.

Ce jour-là, j’avais oublié. Réveillé et levé en catastrophe, d’humeur
maussade, je m’étais installé à Waterloo dans ma place de coin, côté
fenêtre, et je m’étais mis à taper. La place côté couloir était vide au
départ, mais à la vue de la voisine qui est montée à Ashford, je n’étais pas
trop dépité. Grande, mince, brune, belle, quand elle s’est étirée pour
ranger son manteau au-dessus de ma tête, la jupe noire tendue sur une motte
renflée, les seins qui gonflaient le chemisier ont réveillé mes mauvaises
pensées comme son parfum me montait à la tête. Je lui ai dit bonjour avec le
sourire, elle a rendu mon salut avec le strict minimum de politesse. J’ai
fait mine de travailler, puis je me suis mis à travailler pour de bon. Il
fallait que je ponde du texte, et puis que faire d’autre trois heures
durant? Réfléchissant comment tourner une explication difficile, j’ai dû
m’assoupir, oh, quelques instants seulement. Couché tard, levé tôt, énervé
et épuisé par le trajet avant même d’arriver à Waterloo, gare de triste
mémoire. Bon. C’est un petit roucoulement appréciatif qui m’a fait reprendre
conscience. Ma voisine s’était tournée de trois quarts, et elle regardait
mon ordinateur avec un petit sourire béat. Sur l’écran, deux femmes
défiaient notre regard, le visage barbouillé de foutre. L’une d’elles tenait
encore à la main la verge qui venait de les asperger.

– Oh, excusez-moi ! J’ai avancé la main pour enfoncer une touche, mais elle
pose la sienne dessus pour m’interdire ce mouvement.

– Non, laissez, je vous en prie. Vous avez de bien jolies images.

Je suis confus. Sur l’écran maintenant, une bitte fait le trait d’union
entre deux paires de fesses, les couilles comme un écho de la paire la plus
poilue. Gêné par la situation, je ne vois que des objets dénués de
signification érotique. Ma voisine, par contre, semble apprécier. Elle se
penche, me frôle; sa main droite, qu’elle avait posée sur la mienne, quitte
le clavier de l’ordinateur et descend vers ma ceinture. Devant nous,
l’ordinateur montre une jeune femme réjouie qui chevauche un éphèbe. Puis
une autre, à quatre pattes, le visage tordue, tenue aux fesses par un mâle
poilu qui l’empale. Pendant que nous regardons ensemble et en gros plan les
traits fins d’une Asiatique qui s’apprête à emboucher un gland luisant, sa
menotte s’insinue dans mon pantalon. Automatiquement, je creuse le ventre;
ses doigts fouillent, puis se referment sur ma bitte. Je recommence à
trouver de l’intérêt aux images, une femme grosse, tatouée et rigolarde,
broussailleuse du bas-ventre et des aisselles, fière de l’être et de se
montrer; un mec couché sur le dos, sa longue verge plantée dans le con d’une
fille à genoux qui lui tourne les fesses pour sucer un autre type debout.
Une bitte serrée entre deux seins.

La mienne de bitte est doucement serrée entre les doigts de l’inconnue, son
pouce se promène lentement, délicatement sur le gland. Je me tourne vers
elle pour glisser ma main dans son chemisier. Obligeamment, elle arrondit
les épaules, et je peux facilement passer ma main dans le soutif. Son sein
est rond et doux. Ce qu’on voit à l’ordinateur pourrait être un photomaton :
deux femmes jeunes, une blonde et une brune à nattes, joue contre joue,
faisant la grimace à l’appareil; la brune a remonté son ticheurte pour
exhiber un nichon. Les deux suivantes ont le même air d’être contentes
d’elles, mais elles sont toutes les deux toutes nues; l’une appuie sa joue
sur l’épaule de l’autre, qui tient les cuisses écartées pour montrer qu’elle
a une bitte dans le cul.

Je tiens le sein de ma voisine dans le creux de ma main, je sens son poids,
et nous voyons sur l’écran une rousse aux seins tombants; agenouillée sur un
lit, elle regarde une brune qui s’applique à sucer, tenant la hampe d’une
main, les couilles de l’autre, elle arrondit ses lèvres autour du gland;
elle a les yeux fermés, on dirait que pour elle rien n’existe en dehors de
cette bitte. Le reste du type est à peine visible, d’ailleurs: les cuisses
devant, le haut de la tête derrière. La rousse paraît suivre une leçon.

Je bande dure. Le mouvement du pouce qui me taquine le gland est facilité
par une goutte de mouille qui suinte de mon méat. Les doigts serrent et
relâchent, serrent et relâchent.

– C’est doux, doux et dur à la fois, elle me susurre.

Nous sommes pour ainsi dire seuls : de l’autre côté du wagon, c’est les
bagages. Si un autre passager vient vers nous, il vise plutôt la poignée de
la porte. Ceux qui reviennent du buffet ont les mains pleines et l’esprit
ailleurs. Nous, dans notre coin, nous avons aussi la main pleine, mais
l’esprit par contre tout à notre affaire, nos yeux rivés à l’écran : une
blonde accroupie et une noire à genoux, leurs langues se touchant ; entre
les cuisses de la blonde les cuisses poilues et les couilles du mâle qui a
sa bitte enfoncée en elle. C’est une image ColorClim’ d’il y a une trentaine
d’années, avant la mode des pubis rasés, passés à la tondeuse double zéro,
ou subissant l’épilation brésilienne : la blonde montre une belle toison
fournie et triangulaire, elle a même du poil sous les bras.

Je me demande si ma voisine sacrifie à cette mode. Justement, assise un peu
de biais sur le siège, elle a les cuisse écartées et le genou droit
légèrement relevé. C’est une invite. Quittant avec tout de même un petit
regret ce joli sein, j’avance ma main sous la jupe tendue. De ma main
creusée j’empaume une motte bien rebondie et de mon médius je cherche
l’humidité du sillon. Le tissu est sec, et un doute m’effleure au contact de
cette masse à la forme inhabituelle. Du bout des doigts glissant sur ce
ventre qui s’offre à moi, je cherche l’élastique de la culotte. Passant ma
main dedans, je trouve non pas des lèvres gonflées autour d’un petit bouton
qui se dresse, mais, sous des poils soyeux, une dureté inattendue. J’avance
ma main plus loin. Découverte, une bitte se déplie, se redresse, cherche à
sortir de sa cachette en fin coton. Mes doigts descendent encore. Sous ma
paume elle est ferme, à la saignée de mon poignet la couronne est douce,
plus bas, du bout de mes doigts, je touche ses couilles, dures, rondes, et
ridées comme des noix. Cette belle créature à mes côtés est – je sens le
poids de sa tête sur mon épaule, un petit coup de langue dans mon cou, sous
l’oreille, me fait frissonner – oui, cette belle créature est une belle
créature.

Sur l’écran devant nous, une odalisque rend ses hommages à un obélisque.
Chez la femme, tout est faux : ses boucles blondes, sa couche de fard, la
façon dont elle applique le bout de sa langue contre le frein. Cela est sans
importance, ce qui compte c’est ce phallus qui dresse fièrement à la
verticale sa longueur majestueuse. La base est noire comme les poils qui
l’entourent, mais au long de la hampe sa couleur pâlit progressivement, à en
être rouge sous le gland, dont l’extrémité est tachetée de marron.
Délicatement, j’effleure le pénis de ma voisine, mes quatre doigts ensemble
sous la hampe, le pouce dessus. Une pression appliquée de sa main autour de
moi m’encourage. Je commence à monter et à descendre le long de cette tige,
remontant pour enfoncer le gland dans le creux de ma paume, descendant pour
toucher les couilles du bout des doigts, remontant encore…

Comme s’il était sensible à la situation, mon ordinateur est parti pour nous
montrer une série de bittes profitant d’attentions variées prodiguées par
des femmes plus ou moins visibles. Celle-ci n’est qu’une paire de fesses,
maculées de sperme, au- dessus desquelles une main brandit comme une
matraque un pénis luisant. Puis, dans le V des cuisses relevées, une touffe
de poils noirs, plus loin le visage détourné, mais l’oeil du spectateur est
rivé sur le vit qui est en train de lui pénétrer l’anus. Là, une autre femme
à genoux, les mains dans le dos, la bouche ouverte et les yeux fermés. La
photo a dû être prise par le type debout devant elle : on en voit son ventre
blanc et poilu et sa bitte, courte et rose comme la mienne, qu’il va poser
sur cette langue qui s’offre à lui. Autour de ma bitte à moi le rythme des
doigts qui serrent et relâchent se fait plus insistant. Mes propres caresses
sur le sexe de l’étrangère se répercutent dans son action sur le mien. La
caresse qu’on donne est rendue, retransmise et amplifiée ; souvent, en
faisant l’amour avec une femme – je ne l’avais jamais encore fait avec un
homme ou une transsexuelle – mon excitation est augmentée quand un de mes
mouvements, comme de lui enfoncer un doigt dans le petit trou, accentue sa
pression sur ma verge. Là, j’agis sur une bitte, une bitte comme la mienne,
et j’ai plus l’impression de savoir ce que je fais et pourquoi. Le corps
d’une femme est différent, et, surtout quand c’est la première fois, on ne
sait pas exactement ce qu’elle aimera, ce qui lui fera de l’effet. Ici, je
suis en train de faire de que je voudrais qu’on me fasse.

Je me mords la lèvre. Prenant exemple sur la conduite de ma
voisine, je passe le gras de mon pouce sur le méat pour prendre de cette
liqueur qui en suinte. Le pouce ainsi lubrifié, j’accentue mes caresses sur
la couronne tandis que je maintiens mes quatre doigts serrés ensemble sous
la hampe. Je la croyais dure, cette bitte, mais voilà qu’elle semble se
raidir encore. J’arrondis ma paume, et en même temps que je sens mon gland
enserré dans le poignet de l’autre, ses jets de foutre s’écrasent dans le
creux de ma main. J’éjacule dans ses doigts. Nous nous embrassons, nos
langues s’emmêlent. Puis sans parler, d’un commun accord, nos mains se
retirent et se retrouvent. Une poignée de main presque fraternelle, mais
scellée par du foutre frais.

– Je suis bien, murmure-t-elle. Moi aussi. A tel point que je m’assoupis de
nouveau. C’est le fracas de l’entrée de notre rame dans la gare du Nord qui
nous réveille. Ma main droite est collée à la sienne. Nous nous sourions,
échangeons un baiser, rompons le contact. Elle se relève, je me rajuste. Je
mets plus de temps qu’elle à rassembler mes esprits et mes affaires. Quand
la rame s’arrête, elle est déjà à la porte du wagon.

Sur le quai, je la vois se hâter. Pressant le pas, j’arrive à la barrière
juste à temps pour la voir se jeter au cou d’un beau jeune homme, ou du
moins de quelqu’un que je crois tel. Après tout, sait-on jamais ? Ils sont
beaux tous les deux comme des dieux. Je les regarde s’éloigner. A chaque pas
que je fais, je sens ma bitte qui ne réussit pas à se décoller du slip. Je
me demande ce que feront ce soir mon ex-voisin(e) et son ami(e?). Lui
parlera-t-elle de moi ? Se souviendra-t-il de moi ? Je crois que je vais
chercher des images de transsexuelles pour compléter ma collection.

fin

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2 réponses à Ecran de veille par Istvan Kovacs

  1. Muller dit :

    Complétement improbable, mais on s’en fout, c’est bien écrit et ça fait bander

  2. transMonique dit :

    Belle illustration, on en sucerait ♥

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