Chanette 29 – La croisière de l’Espadon – 1 – Les bijoux de Jimmy par Chanette

Chanette 29 – La croisière de l’Espadon – 1 – Les bijoux de Jimmy

Prélude

1er mars

Hubert Vargas, le directeur général de « Mariano Incorporation » a rendez-vous avec Loïc Jampeau dans un petit bistrot de Montmartre.

Jampeau est officiellement agent de sécurité, mais c’est aussi une sorte d’exécuteur de basses œuvres qui ne se pose pas trop de questions, Si on lui demande de démolir quelqu’un il le fait sans aucun état d’âme.

– Le marché pourrait tenir en deux mots, nous voulons éliminer Chauvière ! Commence Vargas.
– Pourquoi « pourrait ». Je contacte un tueur et l’affaire sera tout de suite réglée.
– Non, la police enquêtera, ils voudront savoir qui a commandité le tueur, ils savent faire.
– Le risque est minime…
– Il est peut-être minime mais il existe ! Il faut faire autrement, Je pense à une mise en scène impliquant l’un de ses clients. Si on a un coupable identifié on ne remontera probablement pas jusqu’à nous. Reprend Vargas
– Et vous croyez que le faux coupable ne va pas se défendre ?
– Si, mais j’ai une petite idée…
– Vous pouvez me dire ?
– La méthode Kennedy !
– C’est quoi ça ?
– En 1963, aux Etats-Unis, un mec assassine le président Kennedy, on ne sait pas qui avait commandité l’assassinat, et on ne le saura jamais, et vous savez pourquoi ?
– Non, j’étais pas né !
– Ben l’assassin a été assassiné dans la foulée.
– Oui bien sûr, tout est possible, mais ce n’est pas si simple. Je réserve ma réponse sur cet aspect des choses, Pour le reste je vous écoute.

Et Vargas expliqua à son interlocuteur l’esquisse d’un scénario…

– J’y réfléchis, j’affine tout ça, on se revoie demain, même heure.

Laissons ces sales bonhommes échafauder leur plan crapuleux et venons plutôt dans mon studio (où il fait chaud) quelques jours plus tard

Lundi 7 mars

Aujourd’hui je porte une petite robe noire en vinyle, se terminant à mi-cuisse et dotée d’un décolleté plongeant.

Je ne connaissais pas ce type, banal, quelconque, crâne rasé, jean et blouson de cuir, baskets neuves et tape à l’œil.

– Bonjour, je suis Jimmy, j’ai rendez-vous…
– Entre mon grand, et dis-moi ce qui te ferais plaisir ?
– Des fessées, j’aime bien les fessées, mais pas trop fort !
– Juste des fessées ? Tu ne veux pas essayer autre chose ?
– Non, non !
– C’est comme tu veux, mais en principe mes clients ne se plaignent des prestations que je leur propose.

Bon, je ne vais pas insister lourdement. Eventuellement j’improviserais en cours de séance.

– Tu aimes bien qu’on te domine ? Tu aimes obéir ?
– Comme ça…

Quel enthousiasme !

– Bon tu me paies et tu te fous à poil.

Il se déshabille sans se presser, il ne bande pas

– Je ne dois pas être très en forme ? M’indique-t-il.
– T’inquiète ! On va arranger ça !
– Vous ne vous déshabillez pas ? Murmure-t-il
– Non ! Sauf si tu rallonges un peu de sous.
– On ne feras pas l’amour alors ?
– Ecoute, mon gars, je me demande si tu ne t’es pas trompé d’adresse, je ne fais que de la domination et je n’ai jamais aucun rapport sexuel avec mes soumis (oh, la menteuse !) Alors si tu veux on arrête de perdre notre temps tous les deux, tu te rhabilles, tu reprends tes sous et on arrête-là.
– Non, non, vous êtes vraiment très belle, je veux passer un moment avec vous.
– O.K. mais maintenant plus de retour en arrière possible, si tu te sauves, ce sera sans les sous !
– Oui !

Je me positionne devant lui, lui passe la main sur son torse en cherchant à faire pointer ses tétons qui pour le moment sont complètement raplapla.

J’insiste un peu, les escargots sortent de leurs coquilles et je pince.

– Mais… bredouille-t-il
– Quoi ? tu n’aimes pas ?
– Si…
– Et en plus ça te fait bander, regarde comme elle se redresse, la coquine !
– Vous êtes une diablesse !

Je pince davantage.

– Aïe !
– Ça fait mal ?
– Pas plus fort !
– Chochotte !

Je le pinçouille encore un peu, lui arrachant une vilaine grimace.

– Maintenant tu vas l’avoir ta fessée ! Mais dis-moi pourquoi veut-tu une fessée ? Tu as fait des bêtises ?
– Non, j’aime bien, c’est tout

Pas très joueur le bonhomme !

– Et tu la veux comment ta fessée ? Cravache, paddle, mains nues.
– Mains nues !
– Humm, tu sais que quand on fesse quelqu’un trop longtemps, on attrape vachement mal aux mains ?
– Ne le faites pas longtemps !
– Bon on y va, tu vas aller dans la petite salle de bain à côté et tu me rapporte une serviette, je n’ai pas envie que tu me fasses des saloperies sur ma jolie robe.

Je ne le fais pas pénétrer dans le donjon, ça ne lui apporterait rien, et m’assois dans le fauteuil du salon. J’invite ensuite mon soumis à poser la serviette sur mes cuisses, puis à s’allonger sur elles.

– Hum, mais dis donc tu as un beau petit cul, toi !

En fait il est très quelconque, mais je dis ça à tout le monde. Il ne répond pas. Je tape une dizaine de fois avant de m’arrêter.

– Ça chauffe, hein ?
– Oui, c’est bon…
– Dis-moi, on t’a déjà mis un doigt dans le cul ?
– Ah, non ! Non !
– Et si je te le fais, qu’est-ce que tu vas dire ?
– Non pas ça.
– Je te propose un deal, si tu te laisses faire, je te montre mes nichons sans supplément et tu pourras leur jouir dessus…
– Ah ?

Il n’a pas dit non ! Il n’a pas dit oui non plus !

Je continue à taper, j’ai de petites mains délicates et en ce moment cette petite fantaisie est en train de leur faire mal.

– Relève-toi !
– C’est déjà fini ?
– Non, retourne dans la salle de bain et apporte-moi ma brosse à cheveux, celle avec les piquants.

Il obéit sans rechigner. Normal à moins d’être complètement obtus, facile de comprendre ce que je vais faire.

On se remet en place, et cette fois je tape avec le dos de la brosse, ça à l’air de convenir à monsieur.

– Bon, on va conclure, tu bandes toujours?!
– Oui !
– On fait comme on a dit ?
– Ben…
– Ben si tu n’arrives pas à te décider, je vais me décider pour toi !

Et sans attendre de réponse, je mouille mon doigt et je le lui fous dans le trou du cul.

Il est surpris, le Jimmy et doit se demander comment exprimer sa réprobation, mais je ne lui laisse pas le temps, j’agite mon doigt en une série d’aller et retour avant de le retirer

– Ça va ?
– Oui !

Il ne sait pas faire des phrases, ce mec ?

– La prochaine fois, je te mettrais un petit gode !

La tête qu’il fait !

J’écarte le haut de ma robe libérant ma poitrine, Il écarquille les yeux, il bave, il y avait longtemps que je n’avais pas fait un effet pareil à un bonhomme !

Il s’agite le poireau avec frénésie,

– Pas sur le visage !

Trois grosses giclées m’atterrissent sur les nénés. Ça tombe bien on n’avait pas rangé la serviette.

Fin de la prestation. Mais voici que contre toute attente, Jimmy me montre qu’il est capable de faire des phrases :

– J’ai une affaire à vous proposer… Me dit-il tout en se rhabillant avec une lenteur désespérante.
– Dites toujours, mais ne vous faites pas d’illusion, je ne cherche pas à faire des affaires…
– On dit ça, on dit ça ! Je vais vous montrer quelque chose.

Et le voilà qu’il sort de sa veste un petit pochon lacé, en velours bleu outremer, il l’ouvre et en recueille le contenu dans sa main gauche.

Ça brille. On dirait bien des diamants. Je pose évidemment la question idiote que tout le monde aurait posé en pareilles circonstances.

– C’est des vrais ?
– Oui je vais vous expliquer ! Vous avez cinq minutes ?
– Cinq minutes ? Oui !
– Je ne me livre à aucun trafic, je gagne bien ma vie, je suis directeur des ventes dans une grosse boite… Passons, vous avez entendu parler du casse de la bijouterie Kleberson ?
– Oui, comme ça !

En fait non ! Mais peu importe !

– Je me trouvais rue Castelvoisin dans le 8ème arrondissement, et j’ai vu un type courir comme un lapin, il m’a dépassé, les bras chargés de boites, du moins je crois, je ne l’ai pas vu longtemps. Un sachet tombe carrément devant moi, par réflexe je le ramasse. Quelques instants plus tard une voiture de flic déboule, ils ont rattrapé le type et l’ont embarqué. Et moi je suis resté avec mon sachet. Evidemment je n’ai pas été le rendre !
– Et c’est quoi votre affaire ? Vous voulez me les vendre, vos cailloux ?
– Pourquoi pas, si vous m’en proposez un prix raisonnable. Sinon, peut-être que vous connaissez un receleur ?

Alors là mon cerveau se met à fonctionner à 200 à l’heure. Première chose, j’ai horreur de ces gens qui se figurent que parce que je fais commerce de mes charmes, je suis forcément en relation avec des tas de trafiquants en tous genres. Et d’ordinaire lorsqu’on me débite cette sornette, je sors de mes gonds mais dans le cas présent je me suis tue ! Pas folle la guêpe, si je peux faire quelque chose avec ses bijoux et en tirer bénéfice, je ne vais pas aller le contrarier.

– Je peux me renseigner ! Lui répondis-je simplement.
– Vous pensez avoir une réponse quand ?
– J’en sais rien… Une semaine ? Il faudrait que vous m’en laissiez un.
– C’est un peu délicat… Bredouille l’homme d’un air un peu bizarre.
– Si vous n’avez pas confiance, on laisse tomber.
– Mettez-vous à ma place, après tout on ne se connait pas ! Me dit-il en rougissant comme une tomate.
– Bon, allez salut !
– A moins que vous me signiez un reçu ! Reprend-il
– Un reçu ? Ça va vous obliger à me dévoiler votre identité…
– Oui, bon, je vais vous en confier un.

Et il m’en sort un de son pochon.

– C’est une affaire, il y en a 60, je n’ai pas tout emporté… c’est un lot à 200 000 euros, je peux vous le laisser à 150 000 !
– Hum !

Comment il a fait pour estimer la valeur du lot ?

– Alors je repasse vous voir dans une semaine ! A la même heure ?

J’ai bloqué le rendez-vous pour la semaine suivante et le type est parti.

J’avais un client tout de suite après, ce qui fait que je n’ai plus pensé à cet évènement jusqu’à l’heure de mon départ en fin d’après-midi

Dans le métro, saisi d’un doute, j’ouvrai mon smartphone et recherchais des infos sur ce casse de la rue Castelvoisin. Je trouvais :

« Casse chez Kleberson. Deux individus cagoulés ont braqué la célèbre bijouterie du 8ème arrondissement au cours d’une opération éclair, à 10 heures, ils se sont fait ouvrir un présentoir de bijoux dont ils ont embarqué le contenu dans un sac. La bijouterie n’a pas souhaité nous révéler le montant du préjudice mais on peut aisément l’estimer à plusieurs millions d’euros. L’alarme ayant été donnée, la police a pu se rendre très rapidement sur les lieux, mais les malfaiteurs avaient pu prendre le temps de s »enfuir. »

Bon voilà qui en pose des questions ! Parce que la version de Jimmy ne peut être que fausse : De deux choses l’une ou bien il a récupéré ces diamants je ne sais où et a brodé sur le casse de Kleberson pour faire « réaliste ». Ou alors les diamants viennent bien de chez Kleberson, mais dans ce cas, je n’ai pas affaire à un ramasseur chanceux, mais bien à l’un des braqueurs. Celui-ci aurait donc pris le temps de dessertir tous les diamants avant de me les présenter ?

Alors pourquoi me solliciter ? Les receleurs ça existe, non ? Je suppose que la police les connait presque tous, sans doute sont-ils à moitié indics. Est-ce pour cela que Jimmy ne va pas les voir ? Ou alors, la bande qui a fait le coup ne connait pas le milieu. Allez savoir ?

N’empêche que l’idée de proposer un troc chez quelqu’un de complètement étranger au milieu paraît astucieuse.

Maintenant voyons les choses autrement, j’ai amassé pas mal de sous avec ma petite activité. Je paie des impôts, mais les inspecteurs du fisc changeant tout le temps, j’ai eu droit à trois redressements fiscaux. Si je pouvais éviter ça en changeant mon liquide contre des diamants que je pourrais acheter « au rabais », je ferais une excellente opération !

Ça me turlupine, je ne sais pas quoi faire !

Mardi 8 mars

Ce mardi matin, n’ayant aucun rendez-vous et après avoir récolté quelques adresses sur Internet, j’ai pris le métro et me suis rendu à l’autre bout de Paris.

– Bonjour, monsieur j’ai trouvé ça dans les affaires de ma mère…
– Vous voulez le vendre ? Me répond le bijoutier gras comme un moine.
– Non je voulais juste savoir si c’est un vrai ?
– Autrement dit vous voulez une expertise ?
– Oui, m’sieu !
– Je vais vous demander 20 euros et votre carte d’identité.

Il m’énerve ce mec, je le plante, sors de là-dedans et me rends à une deuxième adresse.

Le type, genre fis à papa et content de l’être, ne me demande pas d’argent mais me demande une pièce d’identité. Comprenant qu’ils vont tous me la demander, je la lui présente. Il en fait une photocopie (mais pourquoi faire, bon sang ?) Puis il se met sur l’œil une espèce de loupe et observe l’objet.

Temps de l’expertise : à peine une minute !

– C’est du vrai ! C’est un joli saphir , si vous voulez je vous le reprends pour 2.500 euros.
– Non je ne vends pas !
– Je peux aller jusqu’à 3 000 ! C’est dommage que vous n’ayez pas apporté le pendentif qui va avec, c’est vous qui l’avez desserti ?
– Non, je l’ai trouvé comme ça dans les affaires de ma mère.
– Oui, bien sûr !

Il ne me croit pas ce con ! Serais-je une mauvaise menteuse ?

– Bon merci pour le renseignement, je peux récupérer ma carte d’identité ?
– Mais bien sûr chère madame, la voici. Si vous en avez d’autres même moins jolis, j’achète à un bon prix.
– Au revoir monsieur !

Je voulais simplement savoir si les diamants étaient en toc ou pas, j’ai ma réponse.

J’hésite. J’ai un peu de mal à évaluer les risques, mais j’ai une idée, je contacte Didier Remiremont mon détective préféré. (voir les épisodes 20, 24 26 et 27). Je lui explique l’affaire.

Ça l’intéresse et il veut bien procéder à une petite enquête… contre une petite prestation (le gros coquin). Ça tombe bien je peux le recevoir demain !

A suivre

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Chanette 29 – La croisière de l’Espadon – 1 – Les bijoux de Jimmy par Chanette

  1. Mermillaud dit :

    Se faire donner la fessée par Chanette, ce doit être génial

  2. Dumigron dit :

    Pas trop téméraire, ce Jimmy

  3. Baruchel dit :

    C’est toujours avec plaisir que j’entame la lecture d’une nouvelle histoire de Chanette.
    Le décor est déjà planté, un client bizarre, de la domination, de l’humour, tout va bien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *