Une victoire des travailleuses du sexe !
Les intervenantes du milieu de la prostitution à Québec saluent la décision de la Cour suprême du Canada qui a invalidé trois dispositions majeures du Code criminel qui encadrent la prostitution, car elles sont considérées comme dangereuses et menaçantes pour la santé et la sécurité des prostituées.
« Ça a un impact émotif. On est très contentes de ce jugement, de cette victoire ! », se réjouit Amélie Bédard, coordonnatrice du Projet LUNE qui vient en aide aux travailleuses du sexe.
Dans un jugement unanime, la Cour suprême dit qu’il est inconstitutionnel de considérer comme criminel le fait de se trouver dans une maison de débauche ou d’en tenir une, de vivre des produits de la prostitution ou de communiquer avec quelqu’un en public en vue d’un acte de prostitution.
« Ces femmes vont pouvoir aspirer à un statut, ça en fait des citoyennes à part entière », ajoute Amélie Bédard. » Je pense que c’est le message qu’on leur envoie. En tout cas, j’aimerais que ce soit ce qu’elles retiennent. »»
La décriminalisation de certaines dispositions qui encadrent la prostitution va aussi encourager les femmes à porter plainte dans les cas d’exploitation ou d’agression sexuelle, selon la coordonnatrice du Projet intervention prostitution Québec (PIPQ). « En ce moment, ces femmes vivaient une relation conflictuelle avec le service de police. Si je subis une agression sexuelle dans le cadre d’une activité criminelle, c’est sûr que ça fait obstacle à ce que je porte plainte. », fait valoir Geneviève Quinty.
Des intervenantes se réjouissent du fait que les conditions de travail des prostituées vont changer. « Quand on parle de l’article sur la sollicitation qui vient de tomber, ce sont des femmes qui n’avaient pas les bonnes conditions pour négocier un service sur la rue, parce qu’elles avaient toujours peur d’être prises. Elles ne sont pas capables de mettre des limites ou de discuter du service, donc elles peuvent accepter un peu n’importe quelles conditions », illustre Amélie Bédard.
Ce jugement historique apporte aussi son lot d’inquiétudes. Certaines craignent qu’il puisse banaliser la prostitution et donner plus de marge de manœuvre aux proxénètes. « Je suis un peu partagée », dit Maryline, bénévole au PIPQ. « Les plus jeunes, les petites filles vont dire : « Ah, c’est légal, pourquoi pas! ». Et les proxénètes, ça, ça m’écœure un peu. »
Les intervenantes se font rassurantes. Ce jugement ne rend pas légitime l’exploitation sexuelle. Il y a des lois qui encadrent le proxénétisme et leurs organismes vont demeurer en place. Elles espèrent être consultées dans la démarche qui s’amorce pour modifier le Code criminel.
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