3 – Didier Remiremont, détective privé
Suite du Flash-back – Jeudi 21 février
Albert était furieux contre lui-même, il eut été si simple de dire à Sonia qu’il n’avait qu’un accès limité au réseau ne lui permettant pas d’aller fouiller dans les petits secrets de sa boite. Là il s’était mis tout seul au pied du mur. D’un autre côté, s’il trouvait quelque chose, il passerait pour un héros aux yeux de cette fille qu’il avait dans la peau.
Il n’avait rien d’urgent à faire ce jour-là, et commença à farfouiller à distance dans l’ordinateur du responsable de la production. Après avoir ouvert une centaine de lettres et plusieurs tableaux sans intérêt, il changea de cible et se mit à ausculter la machine de la chef comptable. Toutes les factures y étaient archivées après avoir été scannées. Il fut alors saisi par l’ampleur de la tâche : il ne connaissait rien aux processus de fabrication et était donc incapable d’effectuer une analyse critique des factures si celles-ci recelaient des anomalies. Evidemment, il pouvait toujours recopier tout ça sur une clé et la refiler à Sonia, ses patrons seraient peut-être capables d’en tirer quelque chose. Alors il copia, c’était si facile.
Cela avait été rapide, pourtant cela ne le satisfaisait pas. Si l’analyse des factures ne donnait rien, Sonia n’aurait pas sa promotion. Il faudrait chercher ailleurs mais l’idée ne venait pas. Il décida d’attendre 18 heures, heure à laquelle il avait rendez-vous avec sa dulcinée. Il en parlerait avec elle.
Sonia estimait que l’essentiel de cette mission était terminée. Elle n’avait plus qu’à attendre le résultat des investigations d’Albert. Coucher avec lui aujourd’hui, ou même simplement le revoir était pour elle absolument inenvisageable. Comment pourrait-elle maintenant le regarder dans les yeux après une telle honteuse comédie. Elle lui envoya un message :
« Contretemps pour ce soir. On se voit demain. Je t’aime ! »
« Je viens de faire une belle connerie, il va récupérer mon numéro ! Merde de merde et mille fois merde ! »
Certes, Albert était dépité, mais elle avait écrit « Je t’aime ! ». N’était-ce pas l’essentiel ?
La nuit porte conseil, et peut-être que demain il aurait une idée géniale. Qui sait ?
Suite du Flash-back – Vendredi 22 février
On ne pense pas toujours aux choses les plus évidentes car, se dit Albert : « Qui dans la hiérarchie de Choser & Ruppert était mieux placé que le responsable de la sécurité pour gérer les petits secrets de la maison ? »
Il farfouilla donc à distance dans l’ordinateur du responsable de la sécurité, et fut rapidement intéressé par un petit tableau intitulé simplement « licenciements ».
Il l’ouvrit. Le tableau était très bien fait, il comprenait la liste – peu importante mais chronologique – des personnes licenciées ou révoquées avec dates, motifs, et un ou plusieurs liens menant aux documents annexés.
Albert parcourut la liste rapidement et fut étonné d’y voir figurer le nom de Gérard Molay, l’ancien responsable de la production. En effet le départ de Molay avait fait jaser l’an dernier dans l’entreprise mais pour tout le monde il s’agissait d’une démission et non pas d’un licenciement. Il consulta les pièces annexées, et tomba sur une note qui retint son attention.
« Note confidentielle aux cadres de production, copie à ….
Dans l’intérêt de la sécurité de l’entreprise, nous avons été contraints de nous séparer à l’amiable de notre collaborateur Gérard Molay. Il est demandé à tous les destinataires de cette note de contester fermement les différentes rumeurs fantaisistes qui commencent à circuler au sujet de ce départ en affirmant de façon claire et définitive et sans commentaire inutiles que l’intéressé a donné sa démission pour raisons personnelles.
Par ailleurs, la direction tient à préciser que les allégations circulant dans certaines sphères au sujet de manipulations douteuses au niveau de la chaine de production doivent être considérées comme nulles et non avenues. Prière à ce sujet de se référer aux rapports de contrôles sanitaires des 26 juin et 14 janvier derniers, en libre consultation sur l’intranet aux pages…
« Intéressant ! » se dit Albert, qui effectivement se souvenait de ces « bruits », « Il y a rarement de fumée sans feu, et puis un contrôleur sanitaire, ça doit pouvoir s’acheter, il suffit d’en payer le prix ! »
Il recopia la note et le tableau sur sa clé et récupéra également l’adresse de ce Gérard Molay.
Philippe Darousse, ancien militaire qui cumulait les fonctions de DRH et de responsable de la sécurité chez Choser & Ruppert était réglé comme du papier à musique. Tous les matins à 9 heures 30, il consultait sur son ordinateur un certain nombre de fichiers log. En fait il faisait de l’espionite, mais n’en avait pas tiré grand-chose jusqu’ici, sinon le fait d’avoir pu faire distribuer blâmes et avertissements à quelques gradés subalternes s’étant un moment égarés sur des sites cochons. Lors de la dernière mission d’audit commandée par l’entreprise, le consultant avait eu un entretien avec Darousse.
« Il faut toujours se méfier des gens qui sont responsables de l’informatique, ils se croient incontrôlables, ce sont souvent des feignants, et de plus ils peuvent être dangereux, ils savent tout de l’entreprise. Je vais vous faire cadeau d’un petit utilitaire, chaque matin vous aurez une idée de ce qu’il fabrique. »…
Et ce matin, le « journal d’administration » indiquait :
« 09:20 : 8812 a recopié le répertoire « factures » du disque 1029 sur le périphérique K. »
En clair Albert Leberger a recopié sur une clé USB le répertoire « factures » de la chef comptable à 9 heures 20 !
« A quoi joue ce con ? Lui demander ? Bon ce n’est pas une bonne idée, s’il mijote quelque chose, il va continuer… je vais imprimer ce rapport et en parler au patron… »
C’est alors que l’imprimante se bloqua en plein travail. Darousse incapable de la réparer appela donc Albert puisque c’était son boulot.
Pour ce dernier le dépannage fut facile, un simple bourrage, il dégagea la feuille de papier coincée, en fit une boule et allez donc savoir pourquoi, ne voyant pas la corbeille où la jeter, l’enfouit dans une de ses poches.
Darousse attendit qu’Albert soit sorti de son bureau pour relancer l’impression.
De nouveau dans son bureau, Albert s’installa pour continuer ses recherches. Cherchant quelque chose dans sa poche, il en sortit la feuille froissée qu’il avait dégagée de l’imprimante de Darousse.
Il la défroissa… c’est toujours intéressant de savoir ce que s’amuse à imprimer un responsable de la sécurité.
Il n’en crut pas ses yeux ! Darousse l’espionnait ! Il devint tout pâle avant de se ressaisir.
« De deux choses l’une : ou bien il est tellement con qu’il a dû prendre ce que j’ai recopié pour un simple travail de routine, ou bien il se doute de quelque chose. Voyons, s’il l’a imprimé ce n’est pas par hasard, mais pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? Sans doute veut-il savoir si je vais continuer ? Putain, sur le prochain rapport il y aura l’indication de ce que j’ai fait ce matin ! » Me voilà dans de beaux draps… »
L’angoisse le prit, si on l’interrogeait sur la raison de ces copies, il faudrait qu’il réponde quelque chose qui tienne la route. Il eut alors une idée : noyer le poisson !
Il se mit alors à recopier des tas de fichiers choisis parce qu’apparemment anodins, attendit une heure puis les recopia de nouveau mais cette fois, depuis la clé jusqu’à leurs emplacements d’origine. Ainsi si on le questionnait, il pourrait raconter qu’il avait tout simplement traité une attaque virale.
Le midi, il ne mangea pas, et il occupa son après-midi à faire des tâches de routine qui ne parvinrent pas à calmer ses angoisses. Le week-end risquait d’être bien long. Heureusement ce soir, il y aurait Sonia.
Darousse était impatient de savoir ce qu’Albert avait fait de sa journée, il n’était pas question qu’il attende lundi matin. Et à 15 heures, il afficha le journal d’administration.
Incroyable ! Albert avait recopié plus d’une centaine de fichiers, puis les avait ensuite réinjectés dans leurs ordinateurs respectifs. Cela n’avait apparemment aucun sens. Sauf que le premier fichier concerné était le tableau des licenciements, et ce, bien avant tous les autres.
Et ça changeait tout !
Pas question pour lui de convoquer Albert, pas avant que le fruit soit mûr, pas avant de savoir ce qu’il mijotait.
– Allô, monsieur Remiremont, ici Darousse responsable de la sécurité de chez Choser & Ruppert. Vous vous souvenez de moi ?
– Euh, vous savez nous traitons beaucoup d’affaires…
– C’était l’année dernière, je vous avais demandé de suivre un type que nous venions de virer.
– Ah ! Oui, je me souviens maintenant ! Mentit effrontément Remiremont. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
– J’aimerais que vous me filiez l’un de nos employés… Disons pendant huit jours, y compris ce week-end. C’est notre responsable informatique, je l’ai surpris à fouiner dans nos archives et à recopier des trucs sur des supports personnels. Je veux savoir pour qui il roule ?
– Il est en voiture ?
– Non, vous ne m’avez pas compris, je veux savoir quels sont les gens qui sont derrière lui, il me parait impossible qu’il agisse en free-lance.
– J’avais parfaitement compris, mais je vous demandais si aujourd’hui il était en voiture
– Non à pied ! Pourquoi !
– Ben pour le suivre ! Vous allez me le montrer comment votre bonhomme ?
– Je vais vous expliquer…
Remiremont était ravi, l’affaire n’était pas trop compliquée et ne nécessitait que peu de moyens. Par pure curiosité, il rechercha qu’elle était cette précédente affaire qu’évoquait Darousse.
Didier Remiremont se voulait moderne, tout était archivé sur l’ordinateur y compris documents et photos qui y étaient scannés et/ou transférés.
« Darousse… Darousse : c’est ici, affaire Gérard Molay, Vélizy ! »
Flash-back dans le flash-back
La mémoire lui revint aussitôt. Il rechercha la note de commentaires. Elle ne contenait que quelques mots : « client suffisant, antipathique et chiant ». Evidemment il n’avait pas noté le reste.
Il s’était à l’époque occupé lui-même de l’affaire. Pendant trois jours, il ne s’était rien passé. Molay allait le matin faire quelques courses, puis ressortait en début d’après-midi, faire une longue promenade avec le chien, il allait vers le lac, se posait sur un banc en faisant des mots fléchés, puis rentrait. La surveillance continuait jusqu’à 21 heures sans qu’il ne se passe rien. Passionnant.
Le quatrième jour, Gina Molay sortit de chez elle vers 9 heures. Remiremont se souvint que c’est son sourire qui le fit craquer. Du coup, il s’intéressa au reste, une jolie femme brune aux formes agréables. Il se mit à fantasmer : Pourquoi ne pas aller sonner chez elle cet après-midi quand son mari sera parti faire ses mots fléchés ?
Un appel de Darousse sur son portable interrompit sa rêverie.
– Je voulais savoir si vous aviez trouvé quelque chose ?
– Non, rien, il se balade, tranquille, peinard !
– Ce n’est pas normal ! Commentât-il d’un ton sec qui agaça le détective.
– Je ne sais pas si c’est normal ou pas, mais c’est comme ça.
– Vous pouvez continuer la surveillance, on se donne deux semaines maxi, ça va ? Vous me faites un forfait ?
– Pas de problème !
– Si vous trouvez quelque chose, vous m’appelez de suite !
– D’accord ! Répondit Remiremont s’efforçant de ne pas soupirer d’exaspération.
– Il y a autre chose, je suis persuadé que si vous ne trouvez rien, c’est qu’il agit autrement !
– C’est à dire ?
– Par téléphone, par internet.
– Oui mais là je ne peux rien faire !
– Allons, Remiremont, je ne vais pas vous apprendre votre métier.
– Dites-moi donc carrément ce que vous avez en tête !
– Un ordinateur ça se pique !
– Vous vous trompez d’adresse, monsieur, je suis détective privé, j’ai une charte à respecter.
– Si c’est une question de prix…
– J’ai dit : « non »
– Vous pourriez sous-traiter !
– Je vais raccrocher Monsieur Darousse.
– Alors, trouvez un moyen d’avoir accès à son ordinateur sans le voler !
– Est-ce qu’au moins vous vous rendez compte du côté aléatoire de la chose, un mail ça s’efface, il peut avoir plusieurs ordis sans compter son Smartphone…
– Je m’en fous, je vous demande de le faire, c’est moi le client après tout !
– Ce sera facturé « hors forfait » !
– Je m’en fous !
– Bien je vais vous faire faxer un devis par ma secrétaire !
– Je n’ai pas fini, Remiremont !
– « Monsieur Remiremont », je préfère.
– Désolé ! Si vous ne trouvez rien de suspect, je veux que vous lui foutiez la trouille de sa vie…
– Pardon ?
– Je vais vous précisez ce qu’il faudra lui dire, vous avez de quoi noter ?
Remiremont fut à deux doigts de lui répondre qu’il n’entrait pas dans ses attributions d’aller proférer des menaces physiques ou morales à l’encontre de personnes désignés par ses clients. Mais il s’en abstient. Il venait d’avoir une idée géniale, aussi nota-t-il ce que lui dicta Darousse sur son petit calepin.
Quelques nuages obscurcissaient le ciel et Remiremont pria le dieu de la météo afin qu’il fasse beau cet après-midi. Il fallait absolument que Gérard Molay aille faire sa petite promenade.
Le temps se leva et à 14 heures Gérard Molay et son chien quittèrent le pavillon. Remiremont ne les suivit pas ce jour-là, il attendit quelques minutes puis sonna à la porte du pavillon.
– Daniel Douglas, détective privé, pourrais-je vous parler cinq minutes ?
– C’est à dire, mon mari, n’est pas là…
– Je le sais il est parti promener le chien comme tous les autres jours. Mais c’est à vous que je veux parler. Ce ne sera pas très long.
– Et bien parlez-moi !
– Vous ne me faites pas rentrer ?
– On devient méfiant par les temps qui courent.
– C’est comme vous voulez ! Voilà, je vous disais donc que je suis détective privé, dans notre profession il y a des choses que nous faisons et d’autres que nous ne faisons pas.
Gina Molay ouvrait de grands yeux d’incompréhension.
– J’ai été engagé par l’ex patron de votre mari. Il est persuadé qu’il va se venger d’avoir été viré de sa boite. Dans un premier temps il m’a demandé de le suivre afin de savoir quel genre de vengeance il préparait.
– C’est complétement dingue ça !
– Comme vous dites ! Mais ce n’est pas cela le pire…
– Bon, entrez cinq minutes.
Gina le fit assoir dans un fauteuil du salon.
– Il y a des choses qu’on me demande faire, mais qui ne me plaisent pas trop, alors je les fais ou je ne les fais pas, ça dépend d’un tas de trucs…
– Vous ne pourriez pas être un peu plus clair ?
– On m’a demandé par exemple de fouiller dans votre ordinateur…
– Et vous pensez vous y prendre comment ?
– Aucune idée, je dirais que je n’ai rien trouvé, il n’ira pas vérifier !
– Vous me parliez de quelque chose de pire…
– Darousse m’a demandé, je cite ses paroles, de flanquer à votre mari, la trouille de sa vie, cela afin d’étouffer dans l’œuf toute velléité de vengeance. Il a été très loin, il voulait que je dise à Monsieur Molay que s’il passait outre les menaces, non seulement son intégrité physique serait menacée, mais qu’on pourrait s’en prendre à vous, à votre famille, à votre maison, votre voiture, votre chien…
– Comment soit-il que j’ai un chien ?
– J’n’en sais rien !
– Et donc vous n’allez pas le faire !
– Non !
– Et vous vouliez me prévenir, c’est ça ?
– C’est exactement ça !
– C’est assez habile votre truc, les menaces restent sans qu’il y a eu de violence.
– Ce ne sont pas MES menaces, chère madame !
– Dans ce cas, je suppose que dois vous remercier de votre attitude, même si je présume que vous faites ça parce que ça vous arrange !
– Bien sûr que ça m’arrange ! Ma surveillance devait continuer pendant 15 jours, je la laisse tomber aujourd’hui, j’enverrai des rapports bidons à mon client. Mais je me permettrai de vous téléphoner avant pour ne pas qu’on se coupe !
– D’accord ! Répondit-elle dubitative.
Remiremont avait fantasmé sur une suite éventuelle qu’il ne voyait pas venir… Elle aurait pu par exemple le remercier de son attitude en couchant avec lui… Mais les rêves ont une fin, il s’apprêta à prendre congé.
– Je vous offre un café ?
– Ah ! Volontiers !
Gina s’en alla dans la cuisine et poussa un juron.
– Un problème ?, S’inquiéta Remiremont
– Non c’est pas grave, mais je me suis toute dégueulassée, je reviens, je vais changer mon tee-shirt.
Il ne la vit de face que lorsqu’elle revint avec le café, elle avait effectivement changé de tee-shirt, et celui-ci était outrageusement décolleté.
Un signe, ce ne pouvait être qu’un signe. Notre société fonctionne par codes. On ne dit pas « Venez donc me sauter ! » On envoie un code et on ne passera à la suite que si le destinataire suit. Alors évidemment Remiremont à les yeux rivés sur ce décolleté !
– J’aurais pu mettre quelque chose de plus discret, mais j’ai pris le premier qui venait, je ne vais pas foutre en l’air toute l’armoire !
– Il vous va très bien ! Balbutia Didier.
– Oui, alors qu’est-ce qu’on disait ? Ah vous voulez peut-être du sucre ?
– Non, pas pour moi !
Gina attendait un signe de l’homme, mais ça ne venait pas. Elle décida donc d’en remettre une couche.
– Je regardais l’autre jour un vieux film avec Ugo Tognazzi quand il était plus jeune, c’est fou ce que vous lui ressemblez !
Remiremont n’en pouvait plus et se mit à bander. Il devait passer à l’initiative, si ça ratait, il s’en sortirait avec une bonne baffe, ce ne serait pas la première…
– Vous avez comme une poussière sur votre tee-shirt !
– Ah ? Tiens donc ! Et je suppose que vous espérez que je vous invite à l’enlever.
– Ma foi…
– Alors d’accord enlevez la, mais sans me toucher les seins.
– Je crains que ce soit impossible ! répondit Didier dépité.
– Alors essayez, si vous me touchez le sein, je ne vous en voudrais pas !
Remiremont se leva, enleva une poussière imaginaire sur la partie inférieure du sein gauche, puis resta planté là, comme une andouille.
– Il y a une autre… là ! Dit-elle en se pinçant le téton à travers le tee-shirt.
Cette fois l’invitation était claire, il lui pinça le téton offert, puis elle l’entraina rapidement dans la chambre où ils se déshabillèrent à toute vitesse.
– Tu as une belle bite ! Lui fit-elle remarquer.
Didier ne répondit que d’un sourire mais fut flatté dans son ego masculin. Il n’en revenait pas d’avoir la chance d’avoir devant lui cette femme magnifique aux formes parfaitement appétissantes. Gina s’approcha de lui, s’empara de sa bite qu’elle branla doucement.
– J’adore sucer les belles queues ! Pas toi ?
– Moi ? Ah ben non, je ne suce pas des queues, je suis hétéro ! Se défendit-il.
– Et alors, on peut être hétéro et sucer des bites !
Didier ne trouva rien d’intelligent à répondre.
– Moi aussi je suis hétéro, ça ne m’a pas empêchée de m’envoyer quelques nanas.
– C’est pas pareil !
– Et pourquoi ce ne serait pas pareil ? Pour un mec, deux nanas qui se tripotent : c’est un fantasme érotique, deux mecs qui se tripotent, c’est limite anormal.
– J’ai pas dit ça !
– Tu sais, une fois, je suis allée dans une boite échangiste…
– Avec ton mari ?
– Non pas avec mon mari ! Il y avait deux mecs qui se faisaient des trucs entre eux devant leurs femmes, un attroupement s’est formé, ça m’a fascinée et terriblement excitée !
– Ils faisaient quoi ?
– Un soixante-neuf ! Après je n’ai pas vu la suite, ils ont été s’enfermer dans une cabine avec leurs nanas.
– Ils se sont peut-être enculés ! Commenta Didier que cette évocation troublait bien davantage qu’il ne le laissait paraitre.
– Sans doute ! Mais je n’ai jamais eu d’autres occasions comme celle-ci.
– On dirait que vous le regrettez ?
– Un peu ! J’ai un mari que j’adore, mais pour ce qui est du sexe, son manque de curiosité est abyssal. Mais c’est normal, remarquez bien !
– Normal ?
– Oui, j’ai eu l’occasion de coucher avec pas mal de mecs, j’ai remarqué que les mecs puissants, sexuellement parlant, n’ont généralement aucune curiosité sexuelle. Ils liment, ils tiennent le rythme et ils sont contents avec ça, ils aiment les pipes parce que ça fait partie de la procédure – et encore pas tous – , mais les autres préliminaires les emmerdent et ils considèrent les petites fantaisies un peu déviantes comme des trucs de détraqués. En fait ils ne comprennent pas que d’autres ont des besoins qui ne sont pas les leurs.
– Nous voilà en pleine philosophie… Mais ce n’est pas idiot.
– Tu aimes ça, qu’on te fasse des pipes, toi ?
– J’adore !
– Je vais t’en faire une quatre étoiles !
C’est qu’elle était douée, la Gina, sa langue virevoltait à une vitesse incroyable sur le gland du détective privé qui s’abandonnait complétement. Bientôt une goutte perla sur le méat. Gina en ressentit le goût salé et cessa sa fellation.
– T’as des capotes ?
– Heu… Non…
– Alors on baise pas ! J’en ai pas non plus. T’es en voiture ?
– Oui, elle est garée pas très loin !
– File à la gare, en voiture tu en as pour cinq minutes aller-retour, il y a une pharmacie.
– OK, je fonce !
C’est ce qu’il fit, tout en se demandant si cette interruption n’allait pas tout casser.
Elle s’était revêtue d’un peignoir pour lui ouvrir mais s’en débarrassa aussitôt, et c’est complétement nue qu’elle le précéda dans la chambre, où Didier ne tarda pas rebander fort correctement sous les coups de langue de cette très belle femme.
Gina s’assit sur le bord du lit et croisa les jambes. Didier ne compris pas ce geste qui lui cachait le minou de la belle. Elle tendit son pied gauche, impeccable avec ses ongles vernis d’un joli rouge.
– Tu aimes mes pieds ?
– Oui, ils sont très jolis ! Répondit Didier dont ce n’était absolument pas le truc mais qui pour rien au monde ne souhaitait contrarier sa partenaire.
– Embrasse-les
Il commença par faire de chastes bisous sur le plat du pied mais Gina le recadra.
– Non lèche mes orteils !
Didier n’était pas fétichiste du pied, mais avait quelques fantasmes de soumission, du coup il exécuta l’ordre avec une évidente bonne volonté.
– Suce bien le gros orteil, mets le bien dans ta bouche.
– Hummpf, humpf
– Suce-le comme si c’était une petite bite.
« Décidemment, c’est son obsession » se dit Didier, mais l’image suggérée s’imprima dans son cerveau et le troubla profondément. Après avoir bien léché et sucé cet orteil, il se recula un peu et bredouilla :
– Tu veux que je fasse pareil avec l’autre pied ?
– Mais bien sûr, cher ami…
Cinq minutes plus tard, Gina se coucha sur le dos, jambes écartées et porta sa main à sa chatte.
– Viens me lécher !
Didier ne se le fit pas dire deux fois, il adorait le parfum et le goût des sexes féminins. Il commença à lécher cette chatte légèrement humide dont l’odeur l’intriguait.
– Quand tu es parti aux capotes, j’ai été pisser, et je ne me suis pas essuyée. J’espère que tu apprécies ?
– J’adore ! Balbutia-t-il.
– T’aimerais que j’essaie de t’en faire encore une petite goutte,
– Pourquoi pas ?
– Alors attends, ne me touche pas, je me concentre… je te dirais…
Elle ferme les yeux, elle sait qu’elle va y arriver, on n’a jamais vraiment finit de faire pipi, il y a toujours une petite goutte qui traîne… encore faut-il que les sphincters veuillent bien la laisser passer. Elle fait un geste faisant comprendre à Didier, que ça va venir, incessamment, sous peu… Encore quelques secondes, puis elle ouvre les yeux lui fait signe de venir.
Didier se penche sur le sexe de Gina, entrouvre la bouche. Quelques petites gouttes arrivent dans son gosier. Il avale. Ce geste terriblement pervers le fait bander comme un cerf.
– C’était bon, hein ? Lèche ma chatte ! Lèche ma bonne chatte pleine de pisse !
Déjà elle haletait, Didier se demanda s’il fallait faire durer le plaisir ou lui porter l’estocade. Il choisit de temporiser, mais dut admettre qu’il n’était pas maître de la conduite des ébats.
– Fais-moi jouir !
La langue de Didier se pose sur le clitoris de Gina, commence à tourbillonner, tandis que les lèvres opèrent un mouvement de succion. Le corps de Gina se raidit, elle pousse un cri fulgurant à ce point que Didier dans un regard incongru s’assure que la fenêtre est bien fermée.
Il est à peine revenu de sa petite fierté masculine d’avoir envoyé en l’air la petite dame que celle-ci, après avoir assuré de nouveau la bandaison maximum de sa bite à l’aide de sa bouche, lui demande de se poser une capote, puis se positionne en levrette et écarte ses fesses à l’aide de ses mains !
– Ça va, la vue est intéressante ?
– Superbe, j’y passerais bien mes vacances ! Plaisante-t-il.
– Viens me mettre ta bite dans le cul !
Il est des propositions qu’un homme ne saurait refuser. Aussi sodomise-t-il la belle à tour de bite. Elle y est serrée dans cet étroit conduit et Didier, sentant la jouissance proche se met à ralentir, mais encore une fois ce n’est, pas lui qui commande.
– Ne t’arrête pas, continue !
Il n’a plus le choix, il lime comme un damné et finit par jouir dans un spasme, il grogne pendant l’éjaculation, tandis que Gina se remet à hurler. Il décule, retire sa capote dont il ne sait pas quoi faire. La femme se retourne. Ils s’enlacent et s’embrassent.
– T’as une cigarette, demande Gina ?
– Oui, dans ma poche ! Répond-il en allant en chercher deux.
– Ça t’a plu ?
– Tu m’étonnes !
– Tu vas écrire dans ton journal intime, « Aujourd’hui, j’ai enculé Gina Molay ! »
– Je n’ai pas de journal intime !
– Si tu en as un, comme tout le monde… Dans ta tête ! Tu pourras écrire aussi : « Cette salope a l’air excitée par l’image de deux mecs qui se font des pipes, même qu’elle a voulu me convertir à son fantasme ! » et elle éclata de rire.
– T’es vraiment unique, toi !
– Je ne sais pas si je suis unique, mais faut que je te dise quelque chose : autant que les choses soient claires, ce que je viens de faire, je ne l’ai pas fait gratuitement…
– Pardon ?
– Laisse-moi finir, mon kiki ! Mais rassure toi ça n’avait rien d’une corvée, c’était même très agréable. Le prix c’est ma sécurité et celle de ma famille. Est-ce que je peux compter sur toi ?
– Je t’ai dit en entrant que je n’avais aucunement l’intention d’exécuter les instructions de Darousse, donc il n’y a aucun problème. Et nous n’aurions pas couché ensemble, le résultat aurait été le même.
– Peut-être, peut-être, mais en l’ayant fait je me sens plus rassurée. Ah, au fait, si tu en veux encore, ça reste possible, tu me passes un coup de fil avant. Evidemment faudrait pas que ça devienne une habitude, mais je ne me fais pas de soucis, tu es un gentleman.
Délicieuse façon de le cadrer tout en ne fermant pas toutes les portes…
– Tu veux boire quelque chose !
– Volontiers, ça m’a donné soif tout ça, mais je ne vais pas m’éterniser…
– La vie est courte et elle passe trop vite, quand on a des occasions, il faut en profiter… des occasions de rencontres mais aussi des occasions d’essayer des choses. Allez, je vais te laisser rentrer, j’ai du ménage à faire. Bisous…
Didier Remiremont a abandonné sa surveillance, a rédigé de faux rapports de filature et a facturé deux semaines de travail à Darousse. Il lui a fait un compte rendu oral d’une soi-disant séance d’intimidation sous-traitée auprès de deux malfrats et pour laquelle il lui a demandé un règlement occulte.
Didier s’est acheté un cahier pour écrire son journal intime, suivant ainsi les conseils de Gina Molay, mais il est resté vierge, et n’a jamais revu Gina, ce n’est pourtant pas l’envie qui lui manquait, mais la vie d’un détective privé ne laisse que peu de temps de libre et puis il avait embauché Tanya…
N’empêche ! Depuis cette aventure Didier Remiremont garde toujours un préservatif de prêt dans son portefeuille
Fin du flash-back dans le flash-back
A 16 heures 30 « Starsky » se présentait au bureau de Philippe Darousse.
– Il ne part jamais avant 17 h 30. Retrouvons nous dans le hall à cette heure-là et je vous montrerai qui c’est…
A suivre
© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) janvier 2014. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.
Il ya de ses passages… humm
Remiremont est un cochon
Chanette nous surprend toujours et nous offre de jolies pages bien croustillantes. Une lecture délectable
Chanette ne pleine forme nous décrit un détective privé aussi sympathique que lubrique ! on se régale de cette lecture