Les loups-garous de Paris – 2 – Elizabeth Chinchard par Boris Vasslan

Les loups-garous de Paris – 2 – Elizabeth Chinchard par Boris Vasslan

— Alors ? Demande Andréa après qu’elle ait repris ses esprits.
– Fabuleux, j’ai rarement joui aussi intensément. Répondis-je
– Ce doit être un effet secondaire de notre transformation.
– Justement…
– Je sais, je vais vous expliquer tout ça. La première nuit de pleine lune, j’ai été attirée inexorablement vers la clairière où vous m’avez baisée. Ou tu m’as baisée devrais-je dire car au point où nous en sommes on ne va pas continuer à se vouvoyer, d’accord ?
– Bien sûr !
– Il faisait très beau ce jour-là, et l’orgie a duré jusqu’à l’aube. Dès que la lune a disparu, on a tous retrouvé notre état normal. En regagnant les voitures j’ai été interpellé par Gondard qui m’a donné rendez-vous le lendemain chez lui. Evidemment, je me suis précipitée, je voulais comprendre, mets-toi à ma place !
– C’est qui ce mec ?
– Le chef de meute, on va dire. Il m’a d’abord fait un exposé technique et historique. En gros un mec très vieux était dépositaire d’un certain nombre d’éprouvettes datant probablement de la seconde guerre mondiale contenant un produit expérimental, ainsi que des cahiers expliquant le mode d’emploi. Ce type avait lié une relation sans doute homosexuelle avec Gondard. Le vieux sentant sa fin prochaine s’est inoculé volontairement le produit, une dose trop forte, le transformant en loup-garou et a mordu Gondard avant de succomber. Gondard est devenu loup-garou à son tour, il a lu les cahiers du vieux, ça lui a monté à la tête et il a décrété qu’il allait devenir le maître du monde…
– Rien que ça !
– L’ambition des imbéciles est sans limites ! Il m’a tenu ensuite un discours carrément nazi genre : « le monde va mal, il faut sauvegarder la race blanche et éliminer tous les autres. Mais pour cela il faut que le peuple des loups-garous prolifère. »
– Je rêve !
– Hélas non, mais c’est là que les choses se compliquent. Pour créer un nouveau loup-garou il faut mordre quelqu’un du même sexe…
– Mais comment peut-il y avoir des femmes si à l’origine Gondard était seul ?
– Il a inoculé le bacille à une nana avec une autre éprouvette. J’ignore ce qu’elle est devenue ? Je continue, le problème c’est que souvent ça ne fonctionne pas, il faut une certaine compatibilité sanguine et hormonale. Donc, je n’ai pas de statistiques mais la population de loups-garous ne s’accroît que très lentement. J’ignore combien nous sommes, à Paris nous devons être une trentaine, il y a deux gros foyers l’un à Angers, l’autre à Lyon, il y en a aussi en Allemagne et en Autriche…
– Est-ce qu’il y a un vrai danger ?
– A court terme, non, mais Gondard travaille avec un biologiste, son but est de rendre les morsures efficaces quel que soit le sexe ou le groupe sanguin de la victime. Les mordus vont mordre à leur tour et il y aura un effet exponentiel.
– Et comment éviter ça ?
– En tuant Gondard et son biologiste.
– Carrément !
– Ben sûr !
– Et tu comptes sur moi pour faire ça ?
– Absolument !

Ça devient n’importe quoi cette affaire !

– Tu l’as déjà proposé à d’autres, ce genre de choses ?
– Non, t’es le premier, je suis consciente de prendra un risque énorme, si tu racontes ça à Gondard, il me tuera à la prochaine pleine lune car je n’aurai pas la force de ne pas aller dans la clairière, et là il me fera déchiqueter par sa garde rapprochée.
– Et concrètement on fait quoi ?
– Va à ton rendez-vous avec Gondard, tu te rendras compte du genre de bonhomme que c’est, et ensuite on se revoit !

Mercredi 3 octobre
 »
Je me rendis donc chez Gondard. Il habite à Neuilly dans un immeuble super chic : Sur sa porte une plaque dorée : « Philippe Gondard, avocat d’affaires ». C’est à la fois l’adresse de son domicile et celle de son cabinet.

Le mec est massif, costume à rayures et cravate bleue marine, visage buriné, cheveux blancs coiffé en brosse, yeux très bleus, un certain charisme, on sent le décideur.

– Asseyez-vous ! Je suis navré de ce qui vous arrive, mais je suis là pour vous aider. Je suis le président d’une association qui regroupe et qui s’occupe des personnes victimes de morsures lycantropiques. Et vous vous êtes ?
– Théo Clérambard, agent d’assurance.
– Vous avez été mordu dans quelles circonstances ?
– Je suis obligé de répondre ?
– J’aimerais assez, mais vous pourrez me raconter ça plus tard. Je vais d’abord vous expliquer ce qui va se passer. Nous sommes en lune descendante, vous allez garder votre état normal jusqu’à la nouvelle lune donc pendant quinze jours. Ensuite les poils vont recommencer à pousser jusqu’à la nuit de la pleine lune. Il vous faudra faire avec ! Utilisez si vous voulez une crème épilatoire pour les mains et le visage, celle-ci est très bien, c’est du Papoiloprane, je vous en offre un tube.
– Merci !
– Maintenant les avantages parce qu’il y en a ! Vous voilà quasiment immortel, bien sûr vous pouvez être victime d’un accident, mais je veux dire qu’à partir de maintenant vous ne vieillirez plus.
– Ah ?
– Il y a juste une contrainte, c’est que pour votre immortalité soit effective, il vous faudra mordre quelqu’un….

Et là il m’explique en gros ce que m’a déjà dit Andréa, le mordu doit être du même sexe, la compatibilité sanguine et hormonale…

– Et si je mords une femme ?
– Il ne se passera rien si vous êtes sous votre aspect humain, par contre si vous êtes en loup-garou, elle meurt ! Mais pourquoi voudriez-vous mordre une femme ?
– Je demandais ça comme ça !

Bizarre ce mec, il n’attire pas vraiment la sympathie mais il est loin du monstre mégalo décrit par Andréa..

– Passons au second avantage ! Poursuivit Gondard. Ça vous dirait de devenir châtelain avec plein de domestiques des deux sexes, prêts à satisfaire tous vos désirs même les plus secrets ?
– Evidemment, mais…
– Cette vie, nous pouvons vous l’offrir : Les loups-garous seront les surhommes de demain ! Avez-vous lu Nietzche ?
– Non.
– Lisez-le, c’est trop puissant ! La terre va mal, il y a trop de monde et surtout trop de races impures. Nous devrons les éliminer, ça fera de la place !

Du coup je comprends mieux le point de vue d’Andréa. N’empêche que ça m’intéresse de savoir comment il voit les choses, il m’explique :

– Le bacille est mortel à une certaine dose, les morsures actuelles ne sont pas létales, et nous n’avons plus le bacille original, mais nous travaillons d’arrache-pied pour le reconstituer. Imaginez, nous larguons au cœur de l’Afrique dix loups mutants, ils n’auront que 24 heures à survivre mais ils ne le sauront pas et pourront mordre chacun dix personnes qui à leur tour…, bref vous avez compris, au bout de huit jours à peine, il ne restera quasiment aucun habitant sur le continent, évidemment nous ferons de même en Inde et en Chine. Quand il n’y aura plus personne à mordre la pandémie s’arrêta d’elle-même avec la mort des loups mutants. Pendant cette période, nous les seigneurs nous nous protégerions. Ensuite nous établirons un ordre nouveau ! Qu’en pensez-vous ? C’est beau, c’est grandiose, n’est-ce pas ?

Il me fait froid dans le dos, ce mec !

– C’est un projet fabuleux ! Commentais-je, afin de ne pas le contrarier.
– Je ne vous le fait pas dire !
– Et vous pensez passer à l’action quand ?
– Il faut deux conditions, que le bacille mortel soit prêt, il peut l’être demain ou dans un an, je ne suis pas biologiste, mais avant de lancer l’attaque, il serait souhaitable que nous nous accroissions un peu, nous ne sommes pas encore assez nombreux. Il nous faut fixer des objectifs, une morsure par jour en sachant qu’environ, une sur vingt seulement sera efficace, ce n’est pas évident de mordre une personne par jour, voyez-vous ?

Il voudrait peut-être que je compatisse, ce con ?

– Et qu’attendez-vous de moi ?
– Mordez, mordez, mes meilleurs loups-garous seront intégrés à ma garde rapprochée avec tous les avantages inhérents.
– Je ferais de mon mieux.
– Dites-moi, vous êtes homosexuel, n’est-ce pas ?
– En fait, non, je suis très légèrement bisexuel.
– Oh, comme c’est dommage ! Et vous ne voulez toujours pas me dire dans quelles circonstances vous avez été mordu ?
– J’étais bourré !
– Mais non ! Trop d’alcool dans le sang et la morsure ne fonctionne pas, racontez-moi autre chose.

Apprès tout, qu’est-ce que j’en ai à foutre ?

– Un mec m’a dragué dans les chiottes d’une brasserie à Angers.
– Ah, et vous avez fait quoi ?
– Rien, je me suis un peu déshabillé et il m’a mordu, je me suis sauvé !
– Vous pourriez le reconnaître ?
– J’en sais rien, il avait un loup de tatoué sur le torse !
– Ah ?

Le type semble un moment perdu dans ses réflexions avant de conclure.

– Bon, je ne vous retiens pas plus longtemps, si vous avez besoin de renseignements, vous avez ma carte, je vous souhaite de nouveau la bienvenue parmi nous et de bonnes morsures.

Jeudi 4 octobre

J’ai repris le boulot et le soir je retrouvais Andréa.

– Alors ?
– T’avais raison, il est trop grave, ce mec, mais je suis le roi des cons, il m’a demandé si j’étais homo, je lui ai dit non, il me regardait bizarrement, je suis sûr qu’il aurait voulu coucher avec moi.
– Et pourquoi tu dis que tu as été con ?
– Je lui faisait croire que j’étais homo, je lui mordais la bite, et on était débarrassé.
– Ne crois pas ça, rien ne dit qu’il aurait accepté que tu lui fasses une fellation et puis il a ses gardes du corps cachés.
– Donc je ne peux même pas regretter de ne pas avoir sauvé l’humanité ?
– Ça viendra ! Chez lui ce n’est pas la peine et pendant les rassemblements de la pleine lune, il a sa garde rapprochée. Faut trouver autre chose !
– On fait comme les gangsters, une balle quand il est dans la rue, à partir d’une moto ou d’une bagnole.
– Mais ensuite il faudra lui couper la tête !
– Quoi ?
– Ben oui, sinon il est capable de se régénérer ! Faut se procurer un véhicule, un flingue et une hache de bucheron. On peut le faire ! Les flics ne comprendront pas le mobile. Je m’occupe du véhicule, et de la hache, pour le flingue tu as un port ?
– Non mais des flingues, il paraît qu’on peut en trouver aux Puces !
– Aux Puces ?
– Ben oui !

Mercredi 10 octobre

Nous sommes Andréa et moi, en embuscade devant l’immeuble où habite Gondard depuis 6 heures du matin, la plaque de la moto a été bricolée et nos casques nous rendent non identifiables. C’est Andréa qui conduit, moi j’ai le pistolet prêt à tirer. Pour l’instant la rue est très calme.

Le plan est simple, soit on à l’occasion de le tuer, soit on se limite à faire du repérage et on revient le lendemain.

– Et s’il est avec un garde du corps, ?
– Tu le descends en premier.

À 7 h 30, Gondard sort de son immeuble, il est seul, je tire plusieurs fois, l’homme s’écroule. Je descends de moto à toute vitesse la hache à la main et je lui coupe la tête, Puis remonte sur la moto qui démarre en trombe, on l’abandonne dans une rue déserte, quelqu’un se chargera bien de la voler.

Eh bien voilà, j’ai tué quelqu’un, et je l’ai décapité, ça avait beau être un salopard, ça fait drôle quand même !

On est allé boire un café dans un troquet avec Andréa, contrairement à moi, elle ne parait nullement traumatisée par ce que nous venons de faire et aborde son toujours délicieux sourire.

– Il fallait le faire, on l’a fait ! Commente-t-elle.
– Mwais ! Il va se passer quoi, maintenant ?
– A la prochaine pleine lune, je suppose qu’il y aura un nouveau chef de meute ! J’espère simplement qu’il n’aura pas les mêmes velléités belliqueuses que son prédécesseur.

Andréa m’informa alors qu’elle avait plusieurs déplacements en province de programmé, et qu’on ne se rêverait donc que dans une semaine.

– Mais on pourra s’appeler en soirée, évidemment aucune allusion à tout ça par téléphonie.

– C’est indiscret de te demander ce que tu fais comme activité ?
– Chargée de mission au ministère de l’équipement.

Le lendemain la presse s’excitait :

« Philippe Gondard, l’avocat d’affaires défendant les intérêts d’Elizabeth Chinchard dans le dossier à rebondissements des laboratoires Ladrome a été abattu de plusieurs balles en sortant de son domicile par des individus en motos qui avant de s’enfuir lui ont tranché la tête. La police privilégie l’hypothèse d’un contrat en rapport avec l’une des affaires délicates que la victime avait en charge. »

Super, ils ne sont pas près de me retrouver !

L’inspecteur Gérard Bourdalou n’a pas encore la quarantaine, physique de play-boy et fana de tennis, il arbore une fine moustache qu’il considère comme son image de marque, resté longtemps célibataire, il s’est marié récemment avec une ancienne collègue de dix ans son ainée, Bourdalou a toujours eu un faible pour les femmes mûres, cela au grand dam des jeunes fliquettes qui auraient bien voulu… Il a aussi quelques légers penchants bisexuels, mais il le cache bien.

Bourdalou hérite du dossier et il n’est pas content du tout, il déteste ce genre d’affaire. Il lui parait évident qu’un tueur a été payé pour descendre l’avocat lequel accumulait les révélations troublantes sur les agissements de la partie adverse dans le dossier Chinchard. Le coup venait donc très probablement des fils Ladrome, héritiers de la fortune de leur mère. Mais comment prouver quoique ce soit ? Dans ces milieux-là les exécuteurs de basses œuvres sont payés avec de l’argent noir. Alors il demanderait les relevés de comptes et de cartes bancaires des frangins Ladrome et il les rencontrerait, parce que c’est la routine, idem pour les relevés téléphoniques et tout ça pour rien, sauf gros coup de chance.

L’inspecteur se renseigna sur les détails de cette affaire, assez simple du moins sur le papier. Berthe Ladrome, PDG de l’entreprise surprit un jour son monde en démissionnant, puis en faisant élire Elizabeth Chinchard à son poste. C’est qui s’appelle une brillante promotion. Secrétaire de direction, puis secrétaire personnelle de Berthe, elle devint aussi son amante mais aussi sa principale héritière. Les fils Ladrome, dépités ne purent faire autrement que d’accepter les décisions de maman. Mais quand un an après et sans qu’on n’en connaisse la raison Berthe se suicida, les fils Ladrome reprirent du poil de la bête, attaquèrent le testament et manipulèrent le conseil d’administration pour en chasser Elizabeth et prendre sa place. D’où procès…

– Mais pourquoi lui avoir tranché la tête ? Lui demande son supérieur hiérarchique.
– Pour maquiller le mobile du crime, on veut nous faire croire qu’il s’agit d’un sérail-killer avec un mode opératoire à la con. Je vais d’ailleurs demander à ce que la presse ne relate pas ce détail. Il faut toujours déstabiliser les tueurs.
– Et si c’était vraiment un sérail-killer ?
– Il y aura d’autres décapitations.

Accompagné de son adjoint, il se rendit aussi, parce que ça aussi, c’est la routine au bureau de Gondard. L’avocat employait trois personnes, deux secrétaires; l’une peu engageante, sans doute près de retraite et en surpoids, l’autre, une grande perche brune au teint blafard. Il y avait aussi un agent de sécurité, genre armoire à glace avec un look à la « men in black » sauf qu’il n’était pas black.

– Vous êtes venu travailler aujourd’hui ? Demanda Bourdalou.
– Faut bien que je range mes affaires ! Répondit l’homme d’un air peu aimable.
– C’était quoi exactement votre rôle, ici ?
– Offrir une protection rapprochée à monsieur Gondard, il avait reçu des menaces…
– Par téléphone ?
– Non, des lettres anonymes !
– Elles ont été conservées ?
– Je n’en sais rien !
– Faudra donc que l’on fouille, mais dites-moi, quand il est sorti, hier, vous n’assuriez pas sa protection ?
– Je l’accompagne rarement à l’extérieur.
– Il vous disait où il allait ?
– Non jamais !

En principe Bourladou devinait quand les gens mentaient.

– Vous n’avez pas envie de faire avancer l’enquête ?
– Je ne pense pas que ses visites aient un rapport avec son assassinat.
– Vous n’en savez rien ! Répondit sèchement Bourdalou. Dites-m ‘en plus.
– Je n’ai rien à vous dire de plus !
– Avec votre silence, vous êtes peut-être en train de couvrir un assassin. J’ai bien envie de vous coffrer et de vous mettre en examen pour complicité d’assassinat.

L’agent de sécurité n’était pas très malin, l’homme se rappela les conseils de son patron « les nuits de pleine lune, il faut absolument que tu puisses venir à la clairière et que personne ne puisse voir ta transformation en loup-garou. Imagine-toi la catastrophe si tu te transformais en plein milieu d’un bistrot ! » Là c’était pire, s’imaginer se retrouver en cellule derrière les barreaux avec une gueule de loup ! Perspective intolérable ce qui fait que le bluff du policier fonctionna.

– Il allait chez le chimiste ! Indiqua-t-il alors.
– Quel chimiste ?
– Le chimiste de chez Ladrome !
– Vous n’avez pas son nom ?
– Non, le maître disait simplement « le chimiste »
– Le maître ?
– Je veux dire : maître Gondard.
– Je peux les trouver où les coordonnées de ce chimiste ?

Le type fit un geste d’impuissance.

– Vous l’avez déjà vu ?
– Non !
– Bon on va se débrouiller.

Le siège social des laboratoires Ladrome est situé dans le quartier d’affaires de la Défense, mais la société possède un centre de recherches à Aubervilliers. C’est donc là, un peu au pif que se rendirent Bourdalou et son adjoint.

On n’entre pas là-dedans comme dans un moulin, il faut montrer patte branche et passer par un sas sécurisé.

– Police ! Se présenta le policier au planton de service. Est-ce que Maître Gondard venait ici ?
– Connais pas !
– T’as un registre, non ?
– Je ne sais pas si je suis autorisé à vous répondre, je vais demander à mon responsable.
– Tu laisses ce téléphone tranquille et tu me réponds, sinon on t’embarque !
– Oui !
– Oui quoi ? Il venait ici ?
– Oui !
– Et il rencontrait qui ?
– Le professeur Bérault.
– Il est là aujourd’hui ?
– Je ne sais pas, je vais appeler, je lui dis quoi ?
– Que la police veut lui poser deux ou trois questions.

Le planton appela, lui fit la commission, enregistra une réponse et raccrocha.

– Le professeur Bérault est en pleine expérience, il ne peut pas vous recevoir !
– C’est ce qu’on va voir ! Accompagnez-moi à sa porte !
– Je n’ai pas le droit !
– On va le prendre !

Le planton finit par obtempérer. Les deux policiers entrèrent dans un petit bureau vide mais s’ouvrant sur une pièce contiguë : le laboratoire de Bérault.

Pierre Bérault affiche une cinquantaine d’années et possède une certaine classe malgré son aspect chétif, visage régulier, yeux clairs, sans lunette, chevelure abondante, mais non ébouriffée.

– Police !
– Pas le temps, foutez-moi le camp, on ne vous a pas dit que j’étais sur une manipulation délicate ?
– Et votre manipulation, elle est sans doute plus importante que la mort d’un homme ?
– De quoi ? Qui est mort ?
– Maître Gondard !
– Il est mort ?
– Vois ne saviez pas ?
– Non !
– Ils en ont parlé aux infos !
– J’ai pas la télé, je ne lis pas les journaux et je ne m’en porte pas plus mal.

Bourdalou est stupéfait, d’une part parce qu’il est persuadé que Bérault ignorait réellement la mort de Gondard, d’autre part parce que manifestement il avait l’air de trouver la chose amusante.

– Vous n’aviez pas rendez-vous avec lui, hier matin ?
– Ça ne vous regarde pas !
– Je suppose que ses visites avaient un rapport avec l’affaire qu’il avait en cours…
– Et si vous me foutiez la paix ?
– Si vous nous cachez des choses je vous fais citer comme témoin assisté, dans un premier temps.
– Bon, là je n’ai pas le temps, passez chez moi après 19 heures, j’essaierais de répondre à vos questions !
– Vous êtes un malin, vous, et comme ça vous aurez le temps de préparer vos réponses.
– C’est pas tout à fait ça, mais j’aimerais réfléchir à ce que je peux vous dire ou pas !
– Parce qu’il y a des choses que voulez gardez pour vous ?
– Tout à fait, il y a des choses qui ne regarde pas la police.
– Et vous avez besoin de réfléchir pour faire le tri ?
– Oui, monsieur.
– Et si on se voyait à midi ?
– Impossible j’ai un repas d’affaires.
– Annulez-le !
– Surement pas !
– Bon, je sonnerais chez vous à 19 heures.

Les deux inspecteurs se retirèrent, dépités.

– Tu crois qu’on tient une piste ?
– J’en sais rien, mais j’aimerais comprendre les rapports entre ce mec et l’avocat ! Filoche-le pensant l’heure du repas, on ne sait jamais…

Sitôt les inspecteurs partis, Bérault prend son téléphone mais la personne qu’il veut joindre ne répond pas, il laisse un message.

« Est-ce que je peux venir aujourd’hui au lieu de jeudi ? »

Arrivé devant le sas, Bourdalou eut une idée :

– Vous enregistrez toutes les entrées-sorties sur un cahier ? Demanda-t-il au planton.
– Non, sur l’ordi ! Maintenant tout est sur ordi, on se demande comment ils faisaient avant…
– On peut voir ?

Le type leur laissa la place avec un soupir d’agacement

Gondard rendait visite à Bérault au moins une fois par semaine et la durée des entretiens excédait rarement dix minutes !

– C’est quoi ce cirque ?
– A mon avis ces deux-là n’étaient pas copains, ça sent le chantage, on en saura plus ce soir, on va le cuisiner.
– Et sinon ?
– On va se rendre au siège social, faudrait qu’on rencontre Elizabeth Chinchard et les deux frangins Ladrome, ça ne servira à rien mais faudra bien que ça figure sur le rapport. On fera ça à ton retour de filature

A 11 heures, Pierre Bérault quitte le site d’Aubervilliers et se rend en taxi avenue Victor Hugo.

– Bonjour professeur, madame vous attend dans la chambre rouge. Lui dit Corinne la jolie blackette qui fait office de soubrette en ces lieux.

– Elle est attachée ?
– Oui, monsieur !
– Détachez-là s’il vous plait, il faut qu’on cause avant.

Corinne précède Bérault dans la salle rouge, Elizabeth est attachée, per devant, complétement nue contre une croix de Saint-André. La soubrette lui défait ses liens.

– Oh ! Vois faites quoi tous les deux ? Proteste Elizabeth
– Faut qu’on cause ! Répond le professeur. Laissez-nous seul cinq minutes, Corinne, on vous rappellera.

– Tu savais que Gondard avait été tué ? Demande Bérault.
– Evidemment ! On aurait pu en parler après !
– Sauf que les flics sont sur mon dos, ils sont venus me faire chier dans mon labo !
– Qu’est-ce que tu en à foutre ? Tu as quelque chose à te reprocher ?
– Non ! Mais pourquoi venir me voir moi ?
– C’est leur méthode, ils frappent à toutes les portes ! Bon, faut pas t’énerver comme ça mon grand, il n’y a rien de grave ! Demande à Corinne de venir me rattacher.

Elizabeth Chinchard est une belle femme mature, grande, beaucoup de classe, port altier, peau bronzée; ses cheveux blonds cendrés plaqués sur le crâne ?

– Ces messieurs dames auront-ils besoin de mes services ? Demande Corinne.
– Pour l’instant non, mais ne vous éloignez pas trop on ne sait jamais. Ah où sont…
– Comme d’habitude ! J’ai disposé tout ce que vous pourrez avoir besoin dans la corbeille, monsieur ! Les capotes, le gel, le gode, les pinces, la bougie… Enumère-t-elle en pointant son index dans la corbeille. La cravache est à côté, la bâche aussi.
– Tu sais que t’es mignonne ? Lui dit Bérault.
– Oui, mais pas touche !

Et elle disparaît en dodelinant du croupion.

– J’aimerai bien vous observer un jour toutes les deux, ça doit être passionnant. Dit-il à Elizabeth.
– C’est peut-être passionnant, mais ça ne te regarde pas. Dépêche-toi le temps presse et on a déjà perdu un quart d’heure.

Et c’est parti ! Madame Chinchard est profondément masochiste.

Maso ? Eh oui, Nombre de grands cadres d’entreprise, de hauts fonctionnaires et autres décideurs qui dominent leur entourage tout au long de la journée, ont parfois envie d’inverser les rôles et de se sentir dominés à leur tour. Une inversion des rôles pour déstresser, en quelque sorte !

Elizabeth fréquentait de temps à autre le « Paddle-club », une boite de rencontre privée au droit d’entrée exorbitant, spécialisée dans les rencontres sadomaso.

Il y avait de tout là-dedans y compris des frapadingues. Certains étaient masqués, cela allait du petit loup qui ne servait à rien jusqu’à la vilaine cagoule. Si chez les femmes on trouvait de tout, chez les messieurs il y avait beaucoup de machos, de tatoués et de bodybuildés (que faisaient-ils dans la vraie vie, ceux-là ?), mais aussi des messieurs tout le monde. Elizabeth qui venait chercher des sensations fortes préférait ces derniers, être dominée par un freluquet lui semblait bien plus humiliant et donc excitant que par un lutteur de foire.

Pierre Bérault ne payait pas l’entrée, être cousin de l’éclairagiste était en l’occurrence bien pratique. Il adorait faire des petites misères aux femmes consentantes avant de les baiser sauvagement. Bien sûr, il s’était fait une raison, sa constitution de gringalet ne lui permettait pas de jouer avec les canons du lieu, mais comme il n’y avait pas que des canons…

Il fut donc agréablement surpris quand cette belle quadragénaire au port altier lui demanda tout de go :

– Ça te dirai de t’occuper de moi ?

Ça lui disait, Elizabeth aimaient plein de choses (nous allons y revenir) Pierre Bérault dominait avec courtoisie s’inquiétant constamment de savoir si ce qu’il faisait subir à sa victime lui convenait. Tout le contraire d’une brute en fait.

Une certaine complicité s’instaura entre eux deux. Et puis soudain Elizabeth Chinchard se retrouva sous le feu médiatique, on parla d’une belle PDG destituée avec photo à l’appui. Le loup était insuffisant, la cagoule noir ridicule, elle proposa en conséquence à Bérault qu’il vienne lui faire ses petites misères à domicile. Du coup leur complicité se renforça.

Et ces explications nécessaires étant fournies, nous pouvons revenir au présent.

Le scénario est désormais bien rodé, mais il y a des variantes, et heureusement qu’il y a des variantes sinon ce serait monotone.

– Alors vieille pétasse, tu vas encore être mon objet !. Commence-t-il en lui pinçant et tortillant les tétons.
– Aïe !
– Ta gueule, je ne veux pas t’entendre, chiennasse, ouvre la bouche, tiens avale.

Il lui crache plusieurs fois dans la bouche.

– T’es bonne qu’à ça, à te faire cracher dans la gueule, bourgeoise dégénérée !

Bérault est déjà en plein dans le trip et se déshabille à la hussarde dévouant ainsi une bite magnifiquement bandée.

– Tu la voudrais ma grosse bite ? Dans sa chatte du pute ? Ben non je préfère me branler que d’aller me perdre là-dedans.

Et le voilà qui s’empare des pinces et sans se presser, il en pose une sur chaque téton, provoquant des grimaces de la part de sa soumise consentante. Et après les tétons, ce sont les grandes lèvres, et là ce ne sont plus des grimaces mais des cris de douleur. Quelques larmes viennent perler aux coins de ses yeux.

– C’est ça chiale, tu pisseras moins !

Bérault se demande s’il n’en fait pas trop, mais il sait aussi qu’Elizabeth possède un mot de sécurité pour tout arrêter, et que s’il n’obtempérait pas dans ce cas-là, Corinne avait instruction d’intervenir.

Il s’empare ensuite d’une cordelette avec laquelle il entoure son sein gauche, puis il serre fortement comprimant ainsi l’organe, puis passe à celui de droite lui faisant subit le même traitement. La poitrine ainsi comprimée ressemble alors une étrange paire de ballons dont la couleur vire au rose légèrement violacée.

Bérault allume la bougie, l’approche des seins de la belle suppliciée, et l’incline afin que la cire fondue puisse couler sur le téton.

Bien sûr ça ne brule pas, enfin presque pas mais la douleur qui se répète au fur et à mesure que les gouttelettes tombent et se solidifient est bien là. De nouveau Elizabeth grimace et larmoie.

Ses bouts de seins sont désormais recouverts d’une gangue de cire de bougie.

Le temps a passé vite, par pure délire, il vient lui marquer le front avec un gros feutre rouge, il marque juste « Salope », inutile d’en faire de trop.

Il la détache de la croix. Facile puisqu’elle était juste immobilisée avec des clips aux poignets et aux chevilles. Il installe la bâche

– A genoux, morue !

Elle le fait, sachant pertinemment ce qui va se passer.

– Corinne, vient voir ta patronne comme elle est jolie.
– Oh, vous avez bien arrangée Madame ! Dit simplement celle-ci.
– T’as vu comme je bande ?
– Je vois bien, mais cela ne m’intéresse pas.
– Tu pourrais faire un effort ?
– Vous devriez penser à autre chose, si vous ne débandez pas un petit peu, vous n’arriverez pas à pisser sur Madame.

Et du coup, Elizabeth éclate de rire.

– Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? Feint de s’étonner Bérault.
– Ratatouille ! Dit alors Elizabeth.

Elle vient de prononcer le mot qui met fin à la domination.

– Ah, bon, on arrête ? Ça a été, je ne t’ai pas fait mal ?
– Mais, non, tu as été très bien comme d’habitude ! Je suis toute excitée maintenant, tu peux me pisser dessus si tu en a envie, mais après je veux que tu m’encules ! Et dépêche-toi sinon tu vas être en retard au labo !
– Alors, ouvre bien ta bouche.

Et Bérault remplit le gosier de la belle businesswoman de son urine. Elle adore ça et s’en pourlèche les babines. Puis elle s’installe en levrette sur la bâche humide de la pisse de l’homme. Lequel après s’être protégé comme il se doit, la pénètre à la hussarde par le petit trou et la fait monter au ciel.

Kevin Perrotin, l’adjoint de Bourdalou rend compte de sa filature :

– J’ai suivi Bérault ! Tu sais où il est allé ?
– Non, mais tu vas me le dire !
– Chez Elizabeth Chinchard !
– Ben v’la aut’choses!

à suivre

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5 réponses à Les loups-garous de Paris – 2 – Elizabeth Chinchard par Boris Vasslan

  1. Orsini dit :

    Quelle imagination, quelles perversités ! Bravo !

  2. Taz911 dit :

    L’énergie sexuelle avec l’expérience, quelle combinaison fantastique.

  3. voisin dit :

    C’est le maso du midi, alors ?

  4. Marylu dit :

    De plus en plus intrigant. une chimiste sadique, une PDG maso… hâte de lire la suite

  5. Forestier dit :

    Une petite domination à l’heure de l’apéro, ce n’est jamais désagréable

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