Une fort belle Garce
Je vis ces jours passez une fort belle garce
Négligemment coiffée, assise sur du foin,
Ayant ses deux genoux l’un de l’autre si loin
Au large escarquillez qu’ils occupaient la place.
Ses cuisses elle ouvroit d’une si bonne grâce
Qu’on voyait entre deux, vers le haut, en un coin,
Un trou large et ouvert à y mettre le pain,
Mais qui faisait, ce semble, une laide grimace.
Joyeuse, elle tenait à belles plaines mains
Un chose gros et long d’un quartier pour le moins
Qu’elle mettait dedans d’une mine assurée;
Et, remuant toujours, si fort elle pressoit
Que jamais en repos elle ne la laissoit
Qu’une douce liqueur elle n’en eut tirée.
Je ne le veux céder, quand je me trouve à point
Je vais voir mon ami, je le prends, je l’embrasse
Et si souvent son nerf entre mes doigts je passe
Que je le fais roidir, ne le voulant il point :
Après, le voyant prêt, gaillard et bien en pont
Mes deux cuisses s’ouvrant d’un assez large espace
Je le mets entre deux et si bien je le place
Qu’on ne nous diroit qu’un, tant de près il me joint
Adonc, d’un maniement frétillard et adextre
Remuant haut et bas, ore à gauche, ore à dextre
Entre mille douceurs, j’accomplis mon désir :
Et si parfois son nerf devient lâche et s’abaisse
Avec les deux doigts si bien je le redresse
Que plus qu’auparavant j’en tire du plaisir
Pierre de Larivey (1)
Les facétieuses nuits de Straparole, 1576 (2)
(1)Pierre de Larivey (1541-1619) : écrivain, traducteur et dramaturge champenois qui influença considérablement Molière
(2) Giovanni Franscesco Straparola est un auteur italien de la Renaissance (1480-1558) Il est donc l’auteur de la version originale du poème dont Pierre de Larivey a assuré la traduction
Assez bizarrement, ce poème a été publié dans une version limitée aux quatre premières strophes dans « La poésie érotique, anthologie réunie par Marcel Béalu (Ed. Seghers, 1971) p.74 ». Celui-ci l’interpréta alors comme la description d’une fille du village qui pile des herbes dans un mortier, le lecteur étant trompé sur le sens de l’action. Le net à repris cette version raccourcie titrée parfois « Vision du plaisir solitaire », « une femme qui pile » ou « énigme ».
Vassilia est heureux de vous offrir la version complète.
Certes la lecture est plaisante mais le texte n’est manifestement peu travaillé à moins que l’on considéré ce genre de phrase « Un trou large et ouvert à y mettre le pain, » comme une license poétique !
Un délicieux poème qui a traversé 6 siècles des tumultes sans se départir de sa force érotique
Jolie trouvaille
merci pour cette ravissante trouvaille