Pauline à Paris par Léna Van Eyck –13 – Commissaire Granjean

Georges Chamuseaux et Auguste se concertent.
– J’ai une idée ! Explique Georges, je n’ai pas le temps de me rendre à Paris, je vais te faire une lettre de procuration et….
Et dès le lendemain, mon frère Auguste se rendait à Paris rue de Lutèce au siège de la Police des mœurs
C’est le commissaire Grandjean, un gros moustachu débonnaire, doté d’une corpulence de bon vivant qui le reçoit.
– Je suis le frère de Pauline Chamuseaux, voici mon livret de famille, et j’ai ici une lettre de procuration de son mari, elle a quitté le domicile conjugal et nous avons quelques raisons de penser qu’elle se prostitue à Paris. Pourriez-vous me le confirmer ?
– Je vais regarder, voyons où est la boite des « C », Ah , la voilà… Chamuseaux, Chamuseaux, oui, elle est fichée.
La fiche comprenait mon identité, mon pseudo, ma date de naissance et celle de l’entrée dans le bordel spécifié.
– Vous me dites qu’elle est fichée comme prostituée ?
– Parfaitement, monsieur.
A cette nouvelle, Auguste s’effondre, ce qui n’était qu’un soupçon devient donc réalité et il ne l’admet pas..
– Elle a dû être entrainée, ce n’est pas une pute !
– Ça monsieur je ne peux point vous le dire… Cette femme est majeure et nous ne nous intéressons pas aux circonstances qui l’ont conduit à exercer cette activité.
– Vous appelez ça une activité, vous ?
– Ecoutez monsieur, je comprends votre désarroi et je compatis, vous vouliez un renseignement je vous l’ai fourni, je ne peux rien faire d’autre pour vous.
– Ben si, vous pouvez me dire l’endroit où elle se livre à ce genre de turpitude.
– Je ne suis pas autorisé à vous fournir ce genre de renseignements. Si cette personne s’adonnait à cette activité sous la contrainte, nous le saurions, mais apparemment ce n’est pas le cas.
– Un petit billet serait-il de nature à vous faire changer d’avis ?
– Non monsieur, l’entretien est terminé, aurevoir, monsieur et bon courage.
Désespéré, Auguste s’en va se poser sur un banc public, cherchant vainement un plan qui tienne la route.
Grandjean, enfile sa pèlerine et quitte les locaux de la brigade, s’assure qu’il n’est pas suivi et se dirige prestement vers « La poule d’eau ».
– Ciel ! S’écrie Madame Hortense, la maréchaussée ! J’ose espérer que vous n’allez pas m’annoncer une catastrophe !
– Non, pas vraiment. J’ai reçu un péquin qui cherchait après Simone, elle est toujours chez vous ?
– Oui, à moins qu’elle vienne de s’envoler ! Et pourquoi cette question ?
– Il voulait savoir si elle était fichée, j’ai répondu par l’affirmative, mais j’ai refusé de lui indiquer où elle se trouvait.
– Vous avez fort bien fait !
– Figurez-vous que cet abruti voulait me soudoyer. Mais je ne mange pas de ce pain-là.
Hortense sentit où le policier voulait en venir.
– Il voulait vous offrir combien ?
– Il ne m’a pas dit ! Je ne sais pas ce que vous allez faire de l’information ? Pensez-vous qu’elle mérite une récompense ?
– Et cette récompense, vous l’estimez à combien ?
– Pourquoi pas une passe gratuite avec cette Simone.
– Ça peut se faire ! Vous n’allez pas être déçu.
On m’appelle, je descends. Madame Hortense me rappelle en chuchotant qu’il s’agit d’un condé.
– Est-ce que l’on peut faire comme l’autre fois ? Demande le poulet.
– Euh, j’ai comme un trou de mémoire, je ne me souviens plus… et puis vous ne venez pas si souvent…
– Que voulez-vous ! Je papillonne parmi toutes ces joyeuses maisons !
– Rappelez-moi donc ce qui vous ferais plaisir.
– La présence d’un autre homme !
– Gros coquin !
– Eh, oui, j’ai mes faiblesses !
– Commencez à vous déshabiller, je vais chercher Igor.
Igor est un solide gaillard, il occupe ici les fonctions de cuisinier et d’homme de ménage et ne rechigne pas à satisfaire les clients qui aiment la bite .
– Bonjour monsieur, on fait quoi ? Demande Igor en arrivant
– Je te suce et tu m’encules. Et pendant ce temps-là Simone va me montrer ses nichons…
– Oui, oui, je me souviens…
Il me plote le nénés quelques instants mais en fait le condé souhaite surtout que je l’humilie pendant qu’il fait des trucs avec Igor.
– Alors allons-y…
Et tandis qu’il suce avec gourmandise la bite d’Igor, je l’insulte copieusement.
– Tu n’as pas honte de sucer des bites ? Gros pédé ?
– Si, si j’ai trop honte mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est si bon la bite !
– Je devrais te fouetter pour ça, gros dégueulasse.
– Oui, fouette-moi, je le mérite.
Je l’empare d’une cravache et je lui cinglé le cul énergiquement.
– Aïe, ça fait mal !
– Ta gueule, pédé, continue à sucer puisque tu n’es bon qu’à ça !
– Oh, j’ai honte !
– Suce au lieu de parler ! Hum tu l’a fait bien bander cette jolie bite, espèce de vieux cochon !
– Humpf, humpf
– Bon tu assez sucé maintenant, tourne-toi, Igor va t’enculer.
– J’ai honte !
– Tu parles que t’as honte ! T’en meurs d’envie, oui. Y’a pourtant pas de quoi être fier !
Ce n’est pas évident de jouer cette comédie, d’autant que non seulement je n’ai rien contre les hommes qui se font des trucs entre eux, mais je prends un plaisir trouble à les regarder faire. Mais parfois la prostitution c’est comme le théâtre, il fait savoir jouer un rôle.
Je continuais à l’insulter jusqu’à ce qu’Igor jouisse dans son cul et décule.
– Maintenant va au coin comme un vilain garçon et branle-toi ce qui te sert de quéquette.
Et comme j’avais ses fesses devant moi, par pure vacherie je lui flanquais quelques coups de cravache pendant qu’il finissait de se palucher
– C’était bien, ça t’a plus ?
– Oui, oui ! Je ne me souviens plus si je me suis présenté, Damien Grandjean, commissaire à la brigade des mœurs.
– Ah ? Je suppose que vous n’êtes pas en service ?
– Oui et non ! Savez-vous que votre frère vous recherche.?
– Pourquoi ? Vous l’avez rencontré ?
– Oui, je lui ai indiqué que vous étiez fichée, j’aurais pu le lui cacher, cela aurait été plus simple, mais on ne peut pas penser à tout. Mais en revanche j’ai refusé de lui dire à quel endroit vous étiez.!
– Je vous en remercie, mais quelle chance a-t-il de me retrouver ?
– En fait il y a très peu de chances, il ne va pas visiter tous les bordels de la ville… c’est ingérable… mais on ne sait jamais, les maris jaloux et les frangins protecteurs sont de vrais calamités de nos jours, d’autant que ces gredins se baladent avec des pistolets chargés ou des couteaux bien affutés.
– Brr !
– Et comme la justice est trop gentille avec les crimes passionnels, ils savent qu’ils ne risquent pas grand-chose.
– Arrêtez, vous me foutez la trouille !
– J’ai peut-être une idée pour vous éviter un désagrément de ce genre.
– Et quelle est cette idée ?
– Je vais vous dire, mais ce ne sera pas gratuit !
– Ciel ! Mais combien me demanderez-vous ?
– Non, il n’est pas question d’argent, juste une petite fantaisie en mon domicile…
– Et pourquoi pas ici ?
– Parce que je veux vous voir brouter la minouche de mon épouse.
– Voilà qui peut se faire !
– Disons demain soir, je vais demander à Madame Hortense de libérer votre soirée.
Le facteur apporte une lettre recommandée au domicile de Georges Chamuseaux. Il n’aime pas ça, pour lui ces lettres sont synonymes de tracas divers et variés, c’est donc avec appréhension qu’il l’ouvre et en prend connaissance.
La lettre à en-tête de la Préfecture de police, Brigade des mœurs, dit à peu près ceci :
Suite à la requête effectuée en nos locaux par Monsieur Auguste Féval agissant en votre nom, nous vous informons que la dame Chamuseaux Pauline née Féval a été radiée de la liste des personnes fichées pour prostitution suite à son départ pour la Nouvelle Orleans.
Georges, la lettre dans sa poche, s’en va voir Auguste.
– Pauline est partie à Orléans, on va pouvoir la retrouver facilement.
– Comme-tu peux savoir ça ?
– J’ai une lettre, regarde !
– Ce n’est pas Orléans, c’est la Nouvelle Orléans !
– C’est où ça ?
– Jamais entendu parler, si on demandait à l’instituteur ?
Celui-ci leur expliqua que la Nouvelle-Orléans se situait aux Etats-Unis, ce qui provoqua le désarroi des deux hommes qui se demandèrent s’il fallait y aller ou pas.
Je ne peux pas laisser mon exploitation pendant plusieurs semaines ! Finit par admettre Georges. Vas-y toi, je te paye le voyage.
C’est ainsi que mon frère Auguste franchit l’Atlantique, puis parvenue à la Nouvelle-Orleans, ne trouva évidemment pas ma trace, mais tomba amoureux d’une gourgandine locale avec laquelle il ouvrit un restaurant français au titre évocateur « Nichons d’amour ».
Il écrivit à Georges qu’il ne savait pas où j’étais passée mais qu’il continuait à chercher. (le menteur !)
A suivre
Coquin, ce commissaire !