Pauline à Paris par Léna Van Eyck –12 – Fantaisies en chambre suivi de la quête de Verbouillon

Dès le lendemain matin alors que je finissais se servir une cliente, se pointe un vieux beau, très élégant et charmant.
– Mademoiselle, je m’en voudrais de vous importuner, mais votre réputation vous précède.
– Ma réputation ?
– L’on chuchote que vous excellez dans l’art de la turlutte.
– On dit tellement de choses… Et d’abord, je ne vous permet pas…
– M’accorderez-vous cette faveur juste le temps d’un petit quart d’heure ?
– Et si je refuse ?
– J’en serais fort marri.
Alors j’ai accepté, et je lui ai fait une pipe dans les toilettes. Il m’a gratifié d’un bon pourboire ! »
Et en début d’après-midi se pointe l’une de mes collègues en furie.-
– Espèce de salope ! Tu veux me piquer mon mec ! Hurle-t-elle.
– Oh ! on se calme !
Ben non, elle ne se calme pas et m’envoie une gifle à travers la tronche.
Dans ces cas-là, le sang ne fait qu’un tour et ne laisse aucun temps à la réflexion, je lui rends sa baffe, elle m’agrippe, on se retrouve en corps à corps, on roule par terre. J’ai rapidement le dessus, hé, c’est qu’on se muscle à la campagne, je lui balance quelques gifles à la volée, elle hurle. On vient nous séparer.
Le chef de rayon nous intime l’ordre de nous rendre immédiatement chez Minier le chef du personnel.
Il y a un moment de flottement, ça braille de partout, c’est le bordel.
– C’est Pauline qui a commencé ! S’égosille une nana !
– C’est vrai, je l’ai vu ! Ajoute une autre.
– Bon vous deux, vous voulez témoignez ? Montez aussi chez Minier
Il ne m’est pas difficile pour moi de deviner quelle sera la suite, on va me virer, je. ne vois donc pas pourquoi j’irais perdre mon temps chez Minier, j’ai bifurqué vers la sortie et me suis retrouvé à l’air libre.
Je suis allé boire une limonade afin de me calmer les nerfs puis je suis partie faire une grande ballade sur les bords de Seine.
Et le lendemain matin, j’empruntais la rue de Vaugirard et me présentais à l’entrée de la « poule d’eau » et demandait à voir Madame Hortense.
– Mais qui voilà ? Bienvenue Pauline. Tu viens m’annoncer ta venue parmi nous ?
– Eh oui, je suis partie un peu précipitamment du Bonheur des dames !
– Je vais te mètre en binôme deux ou trois jours avec Augustine, elle va t’expliquer comment ça se passe ici et les règles de la maison…
Finalement les procédures n’étaient guère différentes de celles de l’Oursin bleu à ceci près qu’ici la décoration était plus riche et la clientèle plus sélect.
On m’a attribué un nom de guerre, je serais donc « Simone » (qui rit quand on la ramone)
Mais une fois à poil un client reste un client, et je retrouve tout le panel allant de gens courtois jusqu’à ceux imbus de leurs personnes.
Quant aux pratiques certaines sont arrivées à me surprendre…
Ainsi celui-ci…
– Mesdames, au salon ! Annonce Madame Hortense.
Cela signifie qu’un client vient d’arriver. Avec trois de mes collègues non occupées nous nous présentons devant le client en exhibant nos charmes.
Le client me reluque avec concupiscence.
– Vous pissez ? Me demande-t-il.
Encore un poète !
– Bien sûr, je suis une bonne pisseuse.
– Alors on y va !
Une fois en chambre je me déshabille, pas lui !
– Ben alors mon loulou, tu ne vas pas rester habillé ?
– Si ! Je ne baise pas, je me finirais à la main.
– Mais attends, si je te pisse dessus, je vais en mettre partout.
– Non, ce n’est pas ça que je veux. Tu vas te pisser sur les pieds
– Ah ? Ah bon ?
Je m’empare de la serpillière dédiée à ce genre de fantaisie, je m’installe dessus et je me lâche inondant mes petits petons de mon gentil pipi.
Le bonhomme semble ravi, mais ne fait rien sinon de s’assoir sur le bord du lit.
– Maintenant approchez, je vais vous lécher les pieds.
C’était donc ça !
– Allez-y mais attention, je suis chatouilleuse.
Il ne répond pas, monsieur est taiseux, et il commence à me lécher les pieds en se régalant comme s’il suçait une bonne glace à la vanille.
Bien sûr, c’est surtout les orteils qui l’intéressent, le gros surtout sur lequel il pratique une quasi-fellation.
Il lèche tant et si bien que bientôt il ne reste plus une goutte d’urine, alors il dégage sa bite et se branle frénétiquement, les yeux révulsés. Il sort un mouchoir de sa poche et éjacule dedans. Il en fait une boule et le remet dans sa poche. Elle va sentir bon sa poche ! Il se réajuste et me quitte sans un mot
Évidemment ce genre de fantaisie rompt un peu la monotonie des passes mais un peu de convivialité, un doigt d’humour, ça ne lui aurait pas bouché le trou du cul. Heureusement que tous les clients ne sont pas de ce genre !
Vous en voulez une autre ?
Ce jour-là arrivent deux clients ensemble, ce sont des choses qui arrivent. Ils me choisissent tous les deux… ce sont aussi des choses qui arrivent.
– L’un après l’autre, ou on fait ça en doublette ? Demandais-je.
– Nous allons monter ensemble.
Alors on monte, mais ce que je vous ai pas encore dit, c’est que l’un des bonhommes se baladait avec un étui à violon.
J’ai craint un moment que son étui puisse renfermer je ne sais quel objet diabolique, mais non c’était bien un violon puisqu’il le déballa dès notre entrée en chambre.
On se déshabille, je lave la bite du premier, le violoniste refuse arguant qu’il ne baisera pas.
Je demande au premier client ce qu’il désire… il ne souhaite pas de pipe (il ne sait pas ce qu’il perd), juste une pénétration en levrette.
Alors on y va, et tandis que le type me pénètre, le violoniste sort son instrument de musique et se met à jouer une mélodie tzigane.
– Avec la musique c’est mieux, non ? Commenta le premier client après qu’il ait pris son pied.
Il y a à Livarot, un drôle de bonhomme, laid et célibataire, répondant au joli nom de Verbouillon. c’est néanmoins un personnage local estimé de ses concitoyens. Il faut dire qu’il est un peu rebouteux, un peu guérisseur, un peu (juste un peu) vétérinaire et prétendu mage. Son plus bel exploit fut de retrouver après deux mois de disparition la fille des Filâtre.
En fait Verbouillon est un petit malin. Lors d’un déplacement à Rouen il aperçut la fille des Filâtre mendigoter à la sortie d’une l’église. Il ne fit rien et en rentrant il s’en alla rencontrer ses parents.
– J’ai eu une révélation cette nuit, c’est assez imprécis, mais je pense pouvoir localiser votre fille.
– Elle est vivante !
– Absolument !
– Ne nous donnez pas de faux espoirs.
– Ce n’est pas mon genre et d’ailleurs je ne vous demande rien, mais si je la retrouve, je ne saurais refuser une petite récompense.
Et le lendemain il la retrouva à la même place et fit intervenir la maréchaussée afin qu’on la ramène chez ses parents.
Verbouillon eut droit à une récompense substantielle et sa réputation ne s’en porta que mieux.
Mon frère Auguste se dit alors que si le mage avait retrouvé la fille des Filâtre, il pourrait aussi bien me retrouver.
– Et elle serait où ? Demande le mage.
– A Paris, je crains qu’elle se prostitue. Lui indique Auguste.
– A Paris, voyons voir, Paris c’est 2 millions et demi d’habitants donc on compte 1 million et demi de femmes, on enlève les gosses et les vieilles, on reste dans sa tranche d’âge et ça nous fait un échantillon de 200.000 femmes ! C’est énorme, mais ça peut se faire.
– Vous avez une science des chiffres fabuleuse !
– Je me débrouille. Donc 200.000 femmes mais il n’y a pas 200.000 putes donc l’échantillon se resserre.
– Pourquoi parlez-vous de putes ? Ma sœur n’est pas une pute.
– Je croyais vous avoir entendu dire qu’il était possible qu’elle se prostitue.
– Ce n’était qu’une supposition. Et si elle fait ça, c’est qu’elle a été entrainée.
– Oui je comprends.
– Je n’ai pas beaucoup de photos d’elle, juste une photo de mariage….
– C’est inutile, je la connais de vue.
Verbouillon se rend à Paris, sans plan précis et comptant sur sa bonne étoile pour me retrouver. Après une journée de vaines pérégrinations, il se décide à prendre une chambre d’hôtel.
« Ça ne va pas être de la tarte mais si je la trouve, je vais ramasser un de ces pactoles, c’est qu’il y a du pognon chez les Chamuseaux ! »
Il ressortit avec cette fois un plan, un plan simpliste puisqu’il consistait à entamer une visite systématique de tous les bordels parisiens
Il acheta un journal dont son seul intérêt était de faire de la publicité pour les principaux établissements de plaisir de la ville. Il avait donc les adresses, il pouvait commencer…
Dans le premier, on lui présenta quatre filles, quatre belles filles.
– Monte avec moi, mon beau, je vais mettre ta bite tout entière dans ma bouche ! Lui proposa une jolie blondinette.
– Tu préfères peut-être explorer ma forêt vierge, renchérît une belle africaine aux seins magnifiques ?
Il expliqua fort gauchement que ces demoiselles ne lui convenaient pas et ressortit sous leurs quolibets.
Il comprit alors son erreur,
« Si Pauline est occupée au moment où je passe, je ne la trouverais jamais ! »
Il continua néanmoins, comptant encore une fois sur sa chance. Il fit choux blanc au second bordel.
Et au troisième, un établissement répondant au doux nom du « colibri amoureux »…
– Une petite cravate entre mes nichons, ça ne te tente pas ? Lui lança une petite brune très bustée
– Si tu veux des spécialités bien cochonnes, j’en ai à revendre.
– Non désolé, toutes ces demoiselles sont bien jolies mais ce n’est pas ce que je cherche.
– Et vous cherchez quoi ?
– Euh, excusez-moi je m’en vais.
– Patientez donc quelques minutes, Renée va descendre, je suis sûre que vous allez l’apprécier.
Verbouillon s’assoie sur une banquette moelleuse et pendant ce temps la mère maquerelle entretien le videur.
– On ne me l’a fait pas, ce mec cherche quelque chose, à moins qu’il cherche Renée, il va ressortir, tu le suivras et tu te débrouilles pour le faire parler.
Quand la dénommée Renée, une brune sculpturale, descendit, celle-ci l’aborda.
– Alors mon mignon, il parait que tu m’attends, suis-moi je vais te faire grimper aux rideaux
– Non, j’ai confondu, excusez-moi.
– Je ne te plais pas ?
– Je m’en vais excusez-moi.
– Monsieur est bien difficile ! Ne put s’empêcher de persifler l’une des filles.
– Encore un malade ! Ajouta une autre.
– Non c’est un pervers, il vient pour mater et il n’est pas foutu de baiser…
Peu habitué à de telles réflexions, Verbouillon ravale sa honte. Et alors que la nuit commençait à tomber, il se dirigea vers un autre des bordels qu’il avait sélectionné sur le journal, il lui fallait pour se faire emprunter une rue mal éclairée.
C’est le moment que Roger le videur, choisit pour agir. Il rattrape Verbouillon, le saisit fermement par le colbac et le colle au mur.
– T’es de la police ?
– Ah non pas du tout, lâchez-moi s’il vous plait.
– Tu cherches quelqu’un on dirait ?
– Mais pas du tout !
Et shlack, une gifle en pleine poire !
– Mais ça ne va pas, non !
– Tu cherches qui ?
– Personne, aïe !
Verbouillon cherche du secours, mais la ruelle reste désespérément déserte.
– Et une fois que je vous l’aurez dit, vous allez faire quoi ?
– C’est moi qui pose les questions, tu cherches qui ?
– Elle s’appelle Pauline Chamuseaux.
– T’es vraiment con ! Tu crois que les filles travaillent sous leur vrais noms ! Tu habites où ? T’as pas vraiment l’accent de Paris.
– Rouen !
– D’accord ! Il va falloir te mettre dans la tête qu’ici on aime pas les fouineurs, alors viens avec moi.
– Vous n’avez pas le droit !
– Ne panique pas, je vais pas te faire de mal, je t’accompagne à la gare.
– A la gare ?
– Ben oui, tu vas rentrer à Rouen et ne t’avises pas à revenir, j’ai le souvenir de quelques types trop curieux qui ont fini dans la Seine ou dans le canal Saint-Martin. Ça a fait de la compagnie aux poissons.
A la gare Roger obligea Verbouillon à acheter un billet, il patienta avec lui vingt minutes, le temps que le train arrive à quai, puis le fit monter dans le wagon en s’assurant qu’il ne redescendrait pas.
A Livarot Verbouillon rendit compte de son échec
– C’est trop dangereux, je me suis fait agresser. Je suis désolé mais ça dépasse mes compétences.
A suivre
Un peu de fétichisme du pied, c’est pas souvent donc j’apprécie d’autant plus