Textes pour Brigitte
2 – Je revois Brigitte
par Ricky
Je n’arrive pas à dormir de la nuit… Toutes les demi-heures, je me redresse brusquement, en sueur. J’ai mal dans le bas-ventre : je bande pratiquement sans arrêt depuis qu’elle m’a quitté. A nouveau je me caresse en pensant à tout ce que j’ai fait avec elle. Je n’ai qu’une envie, la revoir et la toucher. Je me rappelle chaque instant passé, chaque sensation. Il faut que je la revoie. Il faut que je lui fasse l’amour. Il n’y a que ça qui pourrait m’apaiser. ‘Fight fire with Fire’ comme le chante Metallica ; combattre le désir par le désir. Je ne sais rien d’elle, et pourtant je n’arrive pas à concevoir la vie sans elle. Jusqu’où cela va-t-il aller ? Cela va-t-il seulement un jour cesser, ou hantera-t-elle mes pensées indéfiniment ? Suis-je condamné ? Condamné à être prisonnier de ma passion pour elle ? …
Le lendemain matin, un zombie me fait face dans le miroir. Même les lendemains de cuite me font une tête moins affreuse.
Ça va un peu mieux après avoir pris mon petit-déj.
Je finis de ranger mes affaires, et suis en train de me demander comment protéger l’écran du PC pendant le transport, quand Régis frappe à la porte. Il est accompagné par sa copine Isabelle. J’avoue avoir un petit faible pour elle. Petite, très blonde, on dirait un petit ange tombé de son nuage, un nuage que viendrait percer le ciel bleu de ses grands yeux.
On discute de tout et de rien, mais ils ne me font pas de remarques sur ma tronche de déterré.
On commence à descendre les affaires dans la bagnole. Prise de tête. On avait prévu de tout foutre dedans en une fois pour éviter les allers-retours, mais c’est plus difficile que prévu. Finalement, on y arrive. Régis s’assoit au volant avec le moniteur sur le siège passager. Nous, on prend place derrière. Comme la banquette arrière est à demi- occupée par mes affaires, il ne reste plus beaucoup de place pour s’installer, ce qui fait qu’Isa est serrée tout contre moi. Je sens sa hanche contre moi, et sa jambe caresse la mienne. Elle dégage son habituel parfum de fraise et de myrtille. Ça lui donne un petit côté enfantin qui me touche beaucoup. Durant le voyage, sans doute inconsciemment, elle a à moitié posé sa main sur ma cuisse.
On arrive devant mon nouveau chez-moi. Ça prend toute l’après-midi pour m’installer et on est tous les 3 assez fatigués d’avoir tout monté comme ça sans ascenseur. Le soir, je les invite au resto. C’est le moins que je puisse faire pour les remercier. Ils insistent pour payer leur part : d’un côté, ils gagnent largement plus d’argent que moi, lui comme inspecteur des impôts et elle comme prof de bio. Mais une invitation est une invitation.
Au retour, ils m’invitent à venir boire un dernier verre chez eux. Je devine qu’ils auraient sans doute préféré finir en boîte, mais tous deux savent que je ne les aurais pas accompagnés. C’est pas fait pour moi, les boîtes de nuit. Un bar sympa, pas de problème. Mais les discothèques, ça me donne de l’urticaire. C’est mon côté vieux con, j’aime bien le calme.
Arrivé chez eux, je m’installe dans le canapé. On a déjà pas mal picolé au resto, mais la demi-bouteille de rhum sur la table ne me fait pas peur. Eux s’attaquent à la vodka. Comme je ne me mets une race que très rarement, préférant surfer à la limite de l’ivresse, Régis commence à se poser des questions. Je lui réponds que c’est pour fêter mon emménagement, une sorte de crémaillère d’avant l’heure. En réalité, le but est d’être suffisamment bourré cette nuit pour être certain de dormir sans penser à Brigitte. Des flashs m’apparaissent chaque instant depuis ce matin, où je goûte à nouveau à l’étreinte passionnée que nous avons eus.
Je me lève pour aller aux toilettes. Avec tout ce que j’ai bu, j’ai une terrible envie de pisser.
Au moment où je me lave les mains, j’aperçois un petit bout de dentelle noire dépasser de la corbeille à linge. Je soulève le couvercle. C’est une petite culotte. Je la déplie pour m’apercevoir que c’est un string. Très joli, tout en dentelle transparente. La doublure en coton de l’entrejambe est toute humide. Isa vient sans doute de l’enlever juste avant, quand elle est passée dans la salle de bain pour changer son pantalon sur lequel elle avait fait une tache en mangeant. Je porte les tissus à mon nez. L’odeur est délicieuse. Je commence à le lécher. Hmmmmm…. C’est très excitant. Si elle savait que je joue avec ses sous-vêtements ! Et Régis, que dirait-il s’il me voyait ainsi en train de goûter à la mouille de sa copine ? Je passe à la bande de tissus qui, il y moins d’une heure, était encore coincée entre ses fesses, au contact de son petit trou… J’aperçois un soutif noir. Je le déplie pour m’apercevoir qu’il est maculé de traces blanches. Tiens, tiens… Sacré vicelard…Il doit prendre plaisir à çà. Et là, encore une petite culotte toute salie. Eh ben, mon salaud, vous cachez bien votre jeu.
– « Ça va, t’es pas tombé dans le trou au moins ?»
Je recrache le string que je suçote et repose toute cette lingerie dans le bac.
– « Si, mais j’ai réussi à ressortir »
J’ouvre la porte. La fin de la soirée se passe comme si de rien n’était, si ce n’est que je regarde Isabelle de façon différente. Elle est adorable, toute innocente avec ses grands yeux candides. Je commence à comprendre le plaisir de Régis de la pervertir comme ça. Peut-être même remet-elle ses dessous une fois qu’il a giclé dessus. Ça doit être bandant de savoir que sa copine porte des sous-vêtements souillés par son sperme toute la journée.
– « Bon, il se fait tard et je dois me lever demain pour aller bosser, alors bonne nuit Fred et à la prochaine. »
Elle se lève et me fait la bise. Ses cheveux lui tombent sur le visage quand elle se penche, ce qui fait que j’embrasse une de ses mèches blondes entre mes lèvres.
– « Bonne nuit, dors bien » lui dis- je peut-être plus tendrement que je ne l’aurais voulu.
Une demi-heure plus tard, je décide de rentrer chez moi. L’air frais de la nuit me redonne un peu de peps, et je parcoure les quinze minutes de marche sans m’en apercevoir.
Je croyais pouvoir dormir en paix cette nuit, la force de l’alcool et la douceur du visage d’Isa réussissant à me faire oublier Brigitte. Tu parles… Toute la nuit, à chaque fois que je m’endormais, ses lèvres se posaient sur mon corps et, tremblant et fiévreux, je jetais des regards dans la pénombre de l’appart, espérant distinguer l’éclat de son regard dans les ténèbres infinies…
Le lendemain se passe tristement, à ranger toutes mes affaires dans mon nouveau logement. Je ne sors pas de la journée. De toute façon, il pleut. Pas un coup de fil, aucune visite… J’aime bien passer des moments solitaires de temps en temps, mais là, c’est la mélancolie qui m’envahie. Une seule pensée occupe mon esprit : Brigitte. Je crois que je vais devenir fou.
Je ne sais pas si je suis amoureux… Peut-être n’est-ce qu’une attirance purement physique. Après tout je ne la connais pas. Je comprends maintenant la vraie nature du désir : du latin ‘de-siderare’, loin de l’étoile. Je suis loin de mon étoile, et je ne sais comment faire pour m’en rapprocher.
Je vais faire ma petite séance de muscu quotidienne, ça me détendra. Quelques pompes 1, 2, 3… Vers 50 je commence généralement à faiblir. Mais là, il faut que je me fasse mal. 70… Une douleur physique pour ne plus sentir mon bleu à l’âme…85… En sueur, le cœur battant à tout rompre, les bras tétanisés, je m’effondre sur le sol. Je reste allongé ainsi… Mal au crâne… Mal partout… 4 du matin, je me réveille, tout courbaturé. Je me suis endormi comme une merde.
Me vient une idée : peut-être qu’elle ne voulait que s’amuser avec moi, mais moi, j’en veux plus. Alors je vais la voir cash, et lui dire … lui dire tout… enfin je verrais bien.
5 h 15. Je suis devant l’agence. Qu’est-ce que j’ai de mieux à faire de toute façon ? J’attends. Je pense à elle. Une demi-heure, une heure… Ça n’ouvre qu’à 9 h. Il est 6 h 23, plus que 2 h 37 avant de la revoir… Plus que 2 h 36…
8 h 47. Quelqu’un vient. C’est une vieille, elle doit être la gérante. D’autres personnes arrivent, des hommes, des femmes mais pas elle. 9 h 30. Je me décide à entrer.
– « Bonjour »
– « Bonjour, euh, une certaine Brigitte m’a demandé de passer à l’agence ce matin… »
* « Ah, elle ne travaille pas aujourd’hui, c’est son jour de congé. C’était à quel sujet ? »
– « Oh, ce n’est pas important. Je repasserais. Au revoir… »
Déçu ? Certainement. Triste ? Encore davantage. Mais surtout décidé à revenir demain. Demain et tous les autres jours de ma vie jusqu’à ce que je l’aie revue.
Encore une nuit agitée. Au réveil, plus de petite bosse sous les draps. Au contraire, elle est toute molle et émerge à peine de la touffe de poils. Je me tripote un peu mais sans résultat. Aucune érection depuis la veille, c’est rare chez moi.
8 h 15. Je suis de nouveau devant l’agence. Une demi-heure plus tard, la petite vieille. Et enfin… Elle se gare de l’autre côté de la rue. Elle sort de la voiture. Elle est superbe. Elle me voit. Elle sourit. Je suis paralysé. Elle traverse. Elle s’approche. Je sais ce que je vais lui dire : je vais lui dire tout ce que je ressens, franchement et sans fioritures.
– « Je…. »
– « Ce soir, 21 h, chez toi » Et elle me donne un petit baiser sur la bouche.
Elle se retourne, retraverse et disparaît dans l’agence.
Qu’est-ce que c’est encore que ça ? J’en ai marre qu’elle se joue de moi comme ça sans arrêt. Que dois-je faire ? Rentrer chez moi et l’attendre…
Un texte de transition qui ne laisse que peu de place à l’érotisme. Attendons sagement la suite…