Chanette 19 : Trafics (roman) 12 – Nadia et Paulino (suite) par Chanette

12 – Nadia et Paulino (la suite)

Le donjon

J’aurais préféré attendre un peu pour initier Nadia au petit monde de la domination, mais l’occasion est intéressante, le client est sympa, l’ambiance de la soirée est joyeuse. Que des bonnes conditions !

Les gens de mon immeuble ne sont pas habitués à me voir à cette heure-là, je croise la professeur de piano du premier étage qui nous regarde avec un tel mépris que j’en éclate de rire.

N’empêche que la découverte du donjon, lui a fait un choc à Nadia !

– C’est quoi tout ce bazar ?

Je lui explique en deux mots que certains hommes ont besoin d’être dominés physiquement ou humiliés (voire les deux) pendant le temps d’une séance…

– Des masos, quoi ! Répond-elle en me regardant bizarrement.

J’ai tout d’un coup très peur ! J’ai été trop vite. J’ai soudain peur de la perdre ! Elle secoue la tête, soupire.

– Finalement je découvre un mode de dingues.
– Non ce ne sont pas des dingues. Dans mes clients je dois avoir trois ou quatre mecs pas très clairs, mais c’est une minorité, la plupart sont des gens très corrects, et probablement assez bien dans leur peau.
– Mais quelle idée…
– C’est un jeu, un jeu pour les grands ! Pourquoi les grands n’auraient-ils pas le droit de jouer ?
– Je n’sais pas, parce que il y un âge pour chaque chose, non ?
– Alors pourquoi les gens jouent aux cartes ou aux boules ou au scrabble ?
– Ce sont des jeux inoffensifs, on ne se fait pas mal !
– Qu’est-ce que tu en sais ? Quand on joue aux cartes, on prend le risque de perdre et quand on perd ça fait mal.
– Mwais, on va dire que c’est une façon de voir les choses… et tu vas lui faire quoi à Monsieur Paulino ?
– C’est une bonne question ? Mais on va lui demander. Tu voudrais quoi, Bertrand ?

Il me regarde bizarrement comme gêné, puis m’entraine un peu à part afin que Nadia ne puisse pas entendre :

– J’aurais voulu que Nadia me fouette, mais j’ai l’impression qu’elle est en train de se bloquer !
– Laisse-moi faire, je vais arranger ça !

On revient vers Nadia.

– A poil, Bertrand, tout de suite ! Ordonnai-je alors.

Puis une fois qu’il fut déshabillé :

– Répète-moi maintenant tout fort ce que tu viens de me dire en douce :
– J’aurais voulu que Nadia me fouette !
– Je suis désolée, mais je n’ai pas envie de faire du mal à qui que ce soit ! Répond l’intéressée.

Je lui tends une cravache.

– Nadia, tu ne vas pas lui faire du mal, tu vas lui faire du bien. Essaie, ça ne va pas te tuer. Tourne-toi, Bertrand, et place-toi contre la croix, je vais t’attacher et elle va essayer.
– Vas-y, Nadia, essaie ! Ajoute ce dernier.

Nadia prend la cravache et lui cingle le cul. Elle n’y a pas été très doucement et Paulino se retient de crier.

– Comme ça ?
– Un peu moins fort peut-être ! Précisai-je.

Je prends une autre cravache et lui montre.

– Comme ça ! Vas-y !
– Shlafff !
– Bravo, maintenant tu essaies de monter en puissance, un peu à chaque coup, un moment ça va être trop fort, il va crier, à ce moment-là tu baisses d’intensité, tu auras trouvé la bonne force de frappe et tu continues.
– Bon, je veux bien essayer, mais je crois que je vais me spécialiser dans les douceurs !

N’empêche qu’elle le fouette pas si mal que ça !

– Donne-lui en trente !
– Ça fait beaucoup ! Objecte-t-elle.
– Commence, je te relaierai. Toi l’esclave, tu comptes à voix haute et ne te trompes pas, sinon on recommence à zéro.

Elle y va, elle se prend au jeu et cingle durement ce « pauvre » Paulino » qui ne demande que ça.

A ce petit amusement, j’en a vu se tromper exprès. Mais justement tricher n’est pas jouer et dans ce cas la punition n’est jamais celle qu’ils attendent.

Paulino compte : 28, Shlafff, 29, Shlafff, 30.

– Continue ! J’ai l’habitude de toujours donner deux ou trois coups supplémentaires et le dernier je le frappe plus fort, pour que l’esclave puisse gueuler pour quelque chose !

Pas contrariante, elle fait comme j’ai dit, faisant hurler Bertrand Paulino sur le dernier coup.

– Maintenant détache-le, il va se retourner et tu vas l’attacher face à nous.
– Qu’est-ce qu’on va lui faire ? Demande-t-elle tout en effectuant ce que je lui demandais.
– Ah ! Ah !

Il bande joliment, Paulino.

– Il faut que je le suce ? Demande-t-elle.
– Non, ça ne fait pas partie du programme ordinaire !

Elle me regarde avec des yeux tous ronds, je remets les explications nécessaires à plus tard.

Je caresse le torse de Bertrand, puis avec un air complétement détaché et au moment où il s’y attend le moins, je lui attrape les tétons et les tortille. Inutile de lui demander s’il aime ça, je le sais déjà et ça se voit tout de suite, il se pâme.

– Vas-y prend le relais, Nadia, tu faisais ça très bien hier soir !
– Vous avez fait quoi hier soir ?

La question peut paraître incongrue, ne serait-ce que parce que ça ne le regarde pas, mais certains clients adorent qu’on leur raconte des histoires un peu salaces pendant la séance. Quand on connait bien le client, ou plutôt quand on connait bien ses fantasmes, cette petite pratique possède un pouvoir bandulatoire très efficace. Parfois j’en invente, d’autre fois ce n’est pas la même pas la peine. Mais bon, je ne vais pas aller lui raconter que la veille on a baisé avec un flic !

– « Hier on a fait une partouze avec deux mecs, il y en avait un qui aime bien sucer des bites, l’autre était d’accord, alors je lui ai demandé de le faire. Ils se sont régalés.
– Quelle chance, j’aurais bien voulu être là !
– Gros coquin ! Tu y as déjà eu droit, si j’ai bonne mémoire, je vois que tu en gardes un bon souvenir.
– Oui, j’ai hâte de recommencer. Ils se sont juste sucés alors ?
– Ah ! Ah ! Tu voudrais bien savoir la suite, hein ?
– J’avoue !
– Celui qui suçait a demandé à l’autre s’il était d’accord pour l’enculer, il voulait bien, alors il s’est tourné, nous a montré son joli petit cul et il s’est fait prendre comme une salope.
– L’heureux homme !

Un peu de liquide séminal perle sur sa bite ! L’efficacité des mots, c’est quand même quelque chose !

– Et Nadia lui pinçait les seins pendant qu’il se faisait prendre ?
– Tout à fait, vas-y Nadia montre lui comment tu faisais !
– Aïe ! Ouille !
– Ben quoi, ça fait mal ?
– Non c’est bon !
– Je me disais aussi… Si je te mettais des pinces ?
– Ah, Non, non, non !
– Mais dis donc, toi, tu as fini de faire ta jeune fille ! On peut essayer, non ?
– Une autre fois !
– Dis donc Bertrand, qui c’est qui commande ici ?
– C’est vous Maîtresse.

C’est bizarre, avec Nadia à côté de moi, je ne me sens pas entièrement libre de mes mouvements, si elle n’avait pas été là, il y a longtemps que j’e l’aurais giflé le Paulino et que je lui aurais craché dessus, puisque ça fait partie du rite. Mais là je n’ose pas, j’ai peur de la choquer.

J’attrape deux pinces à faible pression et j’accroche la première. Il me rend une mauvaise grimace. Je n’en tiens pas compte et accroche la seconde. Il ne dit rien pour le moment mais je vois bien que ça l’insupporte, je tente de les placer différemment pour baisser un peu la pression. Il ne dit plus rien, mais du coup ça ne lui les serre pas assez, il faut que je superpose me doigts pour le faire réagir. Je laisse tomber, et les enlève. Je farfouille dans mon attirail, j’ai une paire de pinces dont je ne me sers pratiquement jamais, ce sont des pinces à visses, et donc à pression réglable, je les essaie en les réglant de telle façon que la douleur puisse être sublimée. Cette fois ça marche, mais me voilà bloquée un peu pour la suite, ces pinces ne se prêtant pas trop ni à l’ajout de poids, ni au détachement brutal à coups de cravache.

On va passer à autre chose !

Je décroche un gode ceinture de sa patère et le tends à Nadia.

– Enfile ce truc ! Tu vas le prendre avec, je vais te guider.
– Par-dessus mon jeans ?
– Non, enlève-le.

Il est vrai que cette séance de domination en tenue de ville dans mon donjon a quelque chose d’insolite, mais je n’ai pas envie de me déguiser en domina ce soir, j’ai la flemme…

J’ai attaché Paulino sur un chevalet, ses jambes sont écartées. Je me mouille le majeur de la main droite et je le lui fous dans le cul.

– Aaaah !
– T’aimes ça, hein qu’on te mette un doigt dans le cul !
– Oui !
– Enculé, va !
– Oui !

J’effectue quelques va-et-vient, il se pâme de plaisir.

– Allez maintenant on passe aux choses sérieuses. Nadia, tu mets une capote sur le gode, c’est pour le maintenir propre, prend ça, c’est du gel, tu lui en tartines un peu sur le trou du cul et après tu pousses pour rentrer, tu fais ça doucement, on n’entre pas dans un cul comme dans un bistrot.

Nadia suit mes conseils, réussit à placer la capote du premier coup et entre progressivement.

– Voilà, et maintenant tu fais des va-et-vient. Comme ça, un peu plus vite !

Paulino paraît tout à fait apprécier ce traitement et nous le signifie en émettant des grognements de plaisir.

Au bout de dix minutes, elle fatigue un peu.

– Tiens voilà du sopalin, tu retires la capote avec et tu la jettes dans la petite corbeille, là-bas.

Je ne vais pas aller lui raconter que je fais sucer le gode qui sort de leur cul à certains soumis !

– Tu veux jouir comment, Bertrand ?
– Avec Nadia !
– Comment ça avec Nadia ? Et que veux tu qu’elle te fasse ?
– Qu’elle vienne sur moi !

Ce n’est pas de la domination, ça…, mais qu’importe ! La situation est particulière et puis il ne faut jamais se laisser enfermer dans des schémas.

– Y’a pas de plumard, vous allez faire ça par terre…

J’ai détaché Paulino qui s’est couché sur le sol.

– Mets-lui une capote !

La pose en est rendue facile vu l’érection qu’il se tape.

– Et maintenant tu t’empale sur sa bite…
– Un petite pipe avant ? Quémande-t-il.

Décidément, c’est de moins en moins de la domination.

– Suce-le, mais juste un peu, c’est pas Noël !
– J’enlève la capote ?
– Mais non !

C’est vrai qu’il faut s’habituer à sucer du latex ! En ce qui me concerne je ne fais pas ça très souvent, cette prestation ne faisant pas partie de mon catalogue ordinaire, mais de mes rares extras.

La pipe a été brève, elle chevauche maintenant Bertrand qui ferme les yeux et respire fortement.

Trois minutes plus tard, il jouissait en poussant des cris comme un malade !

Journal télévisé de 23 heures

« Enorme coup de filet dans les milieux des trafiquants de stupéfiants à Paris cet après-midi, la police a procédé à plusieurs arrestations dont celle de René Zimmerman l’un des parrains de la drogue, propriétaire de plusieurs restaurants. Sylvio Tedesco, un artiste peintre qui dissimulait de la drogue à l’intérieur de ses tableaux a également été appréhendé. Ces personnes seraient également impliquées dans l’assassinat particulièrement crapuleux de l’abbé Laroche Garaudy… »

Rebecca verse une larme. Elle a un moment l’idée de demander à Mattéo s’il est au courant mais y renonce, craignant que l’un ou l’autre de leurs téléphones soit sur écoute.

Jeudi 4 Octobre

Mattéo avait passé la soirée de la veille dans un bar des Champs-Elysées et était rentré à moitié torché. Il se réveilla avec un mal de cheveux conséquent, qu’il tenta de soulager en prenant une douche et un Alka-Seltzeir. Il descendit ensuite au café du coin où il avait ses habitudes, commanda un café américain et s’empara d’un des journaux mis à la disposition des consommateurs.

Le choc !

Le « Parisien » titrait sur cinq colonnes à la une : « Le caïd de la drogue sous les verrous »

Mattéo savait comment à partir d’un dépêche laconique, les journalistes savaient broder, extrapoler voire carrément déformer les faits.

L’arrestation de Zimmerman était en elle-même une surprise, du moins ne l’attendait-il pas si tôt. Paradoxalement il ne considérait pas l’information comme une mauvaise nouvelle. D’abord cela éliminait l’hypothèse peu rassurante de la menace d’une bande rivale, ensuite parce que si les preuves existaient pour confondre Barbizier probablement piégé avec un tableau sous le bras, il ne voyait pas quels éléments étaient susceptibles de charger Zimmerman. Il était donc fort probable qu’il soit relâché au plus tard après les quatre jours de garde à vue autorisés dans ce genre d’affaire. Quant au peintre, sa bonne foi devrait se révéler rapidement évidente aux enquêteurs. Pas de soucis, donc ? Si quand même, cette histoire de curé assassiné pour laquelle il ignorait tout. Il imaginait mal Zimmerman en assassin, en revanche Barbizier…

Toujours est-il qu’il décida de ne rien changer à ses projets immédiats, ce soir il retournerait chez cette Christine d’Esde… Il demanderait l’adresse du peintre afin e pouvoir aller le solliciter à la fin de sa garde à vue.

Anna-Gaële

Anna s’en veut à mort d’avoir « trahi » sa meilleure amie, d’une façon stupide en plus. Elle n’arrive pas à la joindre ni sur son téléphone professionnel, ni sur le privé. Au remords qui la ronge, s’ajoute désormais l’inquiétude.

Nadia et Paulino

A 11 heures Nadia sonne chez Paulino, sa robe de chambre n’est pas fermée et il n’a aucun sous-vêtement. Nadia a un regard amusé en direction de ce pénis en état de veille.

– Merci d’être à l’heure, Nadia, j’attache une grande importance à la ponctualité ! Ma tenue ne vous choque pas j’espère ?
– Vous savez : après la séance que nous avons vécue hier soir, je ne vois pas comment je pourrais être choquée.
– Est-ce que je peux vous offrir une coupe de champagne ?
– A cette heure ?
– Pourquoi pas, nous dirons que c’est l’heure de l’apéritif !

Il remplit deux coupes, ils trinquent.

– Nadia, j’aimerai vous voir nue !
– Maintenant ?
– S’il vous plaît ! Gardez juste vos chaussures !

Voilà une situation qui sied fort bien à Nadia, se retrouver à la merci d’un homme qui l’a payée et qui la commande. Son fantasme !

Paulino la fait tournicoter devant lui, se ravissant du spectacle. Il avait des plans en pagaille pour cette première rencontre privée. Trop peut-être ? Ou trop compliqués ? En fait il est désemparé, il n’a jamais été à l’aise avec les femmes, elles le paralysent, lui ôtent toutes initiatives. Difficile de draguer dans ces conditions et pourtant les postulantes ne manquent pas dans son milieu. Les aventures avortées ne se comptant plus, il a d’abord acquis une réputation d’homosexuel, puis ces messieurs n’arrivant pas non plus à se placer, une réputation d’asexuel. Pourtant il n’est pas le dernier à regarder une belle femme, une belle poitrine, une jolie croupe. Un article dans un journal people se demandait s’il ne faisait pas partie d’une secte religieuse à laquelle il aurait adhéré en faisant vœu d’abstinence.

Depuis cette publication, les tentatives de rapprochements étaient devenues rarissimes. Il passait pour un cul béni dont la seule permissivité était celle du regard.

En payant les femmes dont c’était la profession, Paulino avait trouvé la solution à ses angoisses, et il s’en satisfaisait.

N’empêche qu’aujourd’hui, il ne savait trop quoi faire !

– Là, maintenant j’ai envie ! Déclara-t-il.
– Oui ! Mais précisément ?
– Ben je ne sais pas trop ! Que suggérez-vous ?
– Vous voulez des trucs comme hier soir ou plutôt des douceurs ?
– Je ne sais pas trop ce que je veux.
– Vos fesses sont-elles remises de cette séance ?
– Dites-le-moi ! Répondit-il en retirant sa robe de chambre et en exhibant son cul.
– Pas de marques ! Enfin presque pas !
– Vous le trouvez comment, mon cul ?
– Il ne me déplaît pas !
– Ça ne vaudra jamais un cul de femme.
– Sans doute !
– Tournez-vous, j’ai envie de m’occuper du vôtre.
– Vos désirs sont des ordres, cher monsieur !

Et voilà Paulino qui se met à peloter et à malaxer compulsivement les jolies fesses de Nadia… Au bout d’un moment il s’agenouille, lui écarte les globes et se met à lui sucer la rosette. Cette langue agile sur son anus commence à émoustiller Nadia qui trouve la chose bien agréable et le lui fait savoir par quelques onomatopées fort expressives.

Il finit par se relever :

– J’aimerais bien que vous me donniez une fessée ! Suggère-t-il
– Avec la main ?
– Oui !
– Je ne sais pas si je vais bien faire ?
– Essayez !

Il se cambre légèrement en arrière, Nadia lui claque la main droite sur sa fesse gauche.

– Parfait, continuez !

Un deuxième, un troisième… toujours sur la même fesse.

– Si vous changiez de côté !
– J’allais le faire !

Elle découvre ainsi que l’on n’a nullement besoin d’être gauchère pour bien appliquer une fessée de sa main gauche. En revanche l’exercice lui fait mal aux mains.

– Vous n’avez pas de cravache ?
– Ni cravache, ni martinet, il va falloir que j’investisse !
– Votre ceinture peut-être ?
– Hummm, j’en ai justement une très belle, je vais aller chercher ça de suite !

Paulino met un temps fou à dégoter l’objet en question. Elle aimerait bien inverser les rôles, que ce soit Bertrand qui la fesse, mais elle a peur que ce ne soit pas vraiment son truc. Elle se dit qu’elle essaiera malgré tout de lui demander.

Il revient enfin avec trois belles ceintures de cuir.

– Je vous laisse le choix !
– Celle-ci !
– Je l’aurais parié ! Allez-y, pas trop fort au début !
– Shlack !
– Un peu plus fort quand même !
– Shlack !
– Ouiiiii !
– Shlack !
– Oui, c’est bon !

Nadia se prend au jeu et lui assène des coups de ceinture à la volée. Paulino encaisse jusqu’à ce qu’il se retourne brusquement !

– On arrête, me voilà dans un drôle d’état ! S’exclame-t-il en exhibant sa bite bandée comme un point d’exclamation ! Maintenant, il faut que je baise. Vous avez apporté des capotes ?
– Euh, non, parce que vous n’en n’avez pas ?
– Non, je n’en ai pas ici, c’est vraiment malin de les avoir oubliées !
– C’est à dire, je ne pensais pas…
– Je me fous de vos explications, vous avez tout fait rater, je n’ai plus qu’à me branler maintenant. Foutez-moi le camp, vous m’énervez !

C’est qu’il est réellement en colère, Paulino ! Nadia sent les larmes lui monter aux yeux.

– Je vais descendre en chercher ! Propose-t-elle en se rhabillant à la hâte.

Elle sanglote dans la rue, se demande si cette expérience chez Paulino n’est pas déjà mort-née. Elle cherche une pharmacie, n’en voit pas, demande à un passant, s’y rend.

Elle est morte de honte, une pharmacie n’est pas une sex-shop et jamais dans ses fantasmes, elle ne s’est imaginée « obligée » d’acheter des préservatifs. Elle beau se dire qu’acheter ce genre de produit aujourd’hui est un geste d’une banalité confondante, elle n’arrive pas à dominer sa gêne. Que voulez-vous faire contre l’irrationnel ?

Elle pénètre dans la boutique, il y a deux clients dont on s’occupe, le premier servi par un homme, le second par une femme. Elle attend, espérant que personne d’autre ne va entrer. Peine perdue, une bourgeoise mère de famille entre avec ses deux mouflets.

Elle va pour s’en aller, se dit qu’elle pourrait attendre qu’il n’y ait plus de clients, mais se ravise, Paulino ne va pas l’attendre trois heures !

Le premier guichet se libère, celui tenu par un homme.

– Madame ?
– Je voudrais de l’aspirine ! Balbutie Nadia.
– Effervescente ?
– Oui !
– Voilà !
– Et est-ce que vous avez des pré… pré.. préservatifs ? Bafouille-t-elle.
– Bien sûr, ils sont sur le présentoir là-bas.

Là-bas ? Où ça là-bas, elle a complètement perdu ses moyens et ne remarque pas les boites qui sont devant son nez. Un homme âgé entre dans la pharmacie ajoutant à sa panique.

– Juste devant vous ! Précise le pharmacien.

« Ah ! C’est ces trucs-là ! »

Elle prend une boite au hasard et l’apporte au comptoir. »

– 15 euros 30 ! Vois voulez un sac ?
– Oui, oui, oui, oui ! Répond-elle. Un sac.

Elle va pour s’en aller ! La corvée est terminée !

– Votre monnaie !

Elle revient la chercher, pale comme un verre de lait, manque de se tamponner un client en sortant. L’air libre lui fait un bien énorme, elle est groggy, elle transpire. Elle est obligée de demander son chemin pour retrouver l’adresse de Paulino.

Il n’a pas verrouillé sa porte, elle entre.

– Tiens, vous revoilà ? Fait mine de s’étonner Bertrand Paulino de nouveau en robe de chambre et qui de façon tout à fait inattendue a retrouvé son sourire.
– Je peux rentrer ? Ou vous préférez ne plus me revoir ?
– Rentrez donc, sinon vous allez me faire de la peine.
– J’ai acheté ça ! J’espère que ça ira ! Dit-elle en exhibant sa boite de capotes tel un trophée.
– C’est bien ! Répond-il laconique.
– Vous vous êtes peut-être terminé tout seul ?
– Je n’ai pas pu, mon téléphone a sonné. Nous aurions été tous les deux, je n’aurais pas répondu, mais là… Remarquez, j’ai bien fait, c’était une bonne nouvelle.
– Ah !
– Oui, ma société de production vient de conclure un contrat qui va être juteux, je n’ai plus qu’à y apposer ma signature. Je boirais bien une coupe de champagne pour fêter ça. Je peux vous demander d’aller en acheter une bouteille ?
– Mais, vous avez entamé une bouteille tout à l’heure !
– Oui, mais je ne l’ai pas remis au frais !
– Si je sors en acheter, il ne sera pas frais non plus !

Il retire alors sa robe de chambre.

– Alors, nous irons alors le boire où il sera frais. En attendant essaie de me faire rebander. Suce-moi !

Nadia lui tripote la bite, elle ne sait pas trop comment le masturber efficacement, elle se penche donc pour engloutir tout ça dans sa bouche.

Une certaine excitation la gagne alors. Normal, elle est dans son fantasme, elle suce des bites et on la paie pour ça. Elle veut se racheter de sa « bévue » de tout à l’heure. Et à défaut d’avoir une technique irréprochable, elle apporte à ce qu’elle fait une énorme bonne volonté qui a tôt fait de faire rebander correctement Bertrand Paulino.

Elle se dégage, se recule, admire le résultat de son travail.

– On baise ? Propose-t-elle.
– Bien sûr.

Avec soulagement, elle constate qu’il se pose tout seul le préservatif.

– Je peux t’enculer ?

Elle ne s’attendait pas à ça, mais pourquoi pas, ce sera une première mais elle ne lui dira pas. Il la conduit dans la chambre, ils grimpent sur le lit.

– Je me mets comme ça ? Demande Nadia en se mettant en levrette.
– Oui, mais relève un peu ton cul. Putain, qu’est-ce que c’est beau un cul de femme qui va se faire enculer !
L’introduction s’avère difficile et douloureuse.

– Pas habituée ?
– Non, mais ça fait rien.

Ça finit par entrer. Drôle de sensation que la présence de ce corps étranger dont les sphincters cherchent à se débarrasser, normal, ils sont faits pour ça. Ça avance et ça recule en cadence, de plus en plus vite, sollicitant son autre intimité qui s’humidifie. Ses lèvres gonflent, son clitoris se dresse. Son plaisir monte maintenant lui faisant complétement oublier la gêne du début. Elle halète, elle gémit, elle est en phase plafond, le moment de la jouissance n’est plus qu’à quelques secondes. Elle s’agrippe nerveusement au couvre-lit.

Elle jouit maintenant, elle hurle, elle dégouline, elle est partie dans la stratosphère, ne se rendant alors compte que Paulino vient de la suivre dans son orgasme que quand celui-ci, épuisé s’affale sur elle, la faisant basculer sur le côté.

Ils se regardent, Bertrand sourit aux anges, il s’apprête à dire quelque chose mais semble renoncer, il approche son visage pour l’embrasser. Nadia fait semblant de ne pas comprendre et se lève.

« Une pute, ça n’embrasse pas ! » Lui a dit Chanette.

– Je peux prendre une douche ?
– Au fond du couloir, la porte à droite.

Paulino a emmené Nadia dans un restaurant de fruits de mer, non loin de son domicile.

– Tu aimes les huitres ?
– Oui !
– Ça tombe bien, moi aussi ! Léon-Paul Fargue disait « Quand on mange des huitres on a l’impression d’embrasser la mer sur la bouche. »
– Quelle culture !
– Non, j’ai quelques citations comme ça que j’aime bien placer. Ce sera donc huitres et champagne. A 15 heures, il faut que je sois au studio…

Nadia ne sait pas trop quoi dire, se sentant mal à l’aise dans ce restaurant pour rupins. Mais Paulino a des choses à lui confier :

– Je t’ai fait une proposition hier soir !
– Oui !
– C’était débile !

Geste d’incompréhension de Nadia.

– Débile, parce que trop compliqué pour moi ! Et quelque part trop contraignant. Quand on a des fantasmes trop compliqués, on les concrétise mal, peut-être parce qu’inconsciemment, on ne souhaite pas les réaliser.
– On laisse tomber, alors ?
– Disons qu’on va faire autrement !
– Et on va faire comment ?
– Tu seras ma danseuse !
– Ta danseuse ?
– Oui ! Je subviens à tous tes besoins ordinaires, en contrepartie tu me réserves disons deux ou trois journées par semaine pour moi tout seul, tu m’accompagneras au restaurant, au théâtre, au cinéma, dans les expositions, peut-être même en voyage…
– Rechercherais-tu une maitresse ?
– Oh ! Non ! Avoir une maitresse est une source d’emmerdes, très peu pour moi ! Non, je te laisse libre, tu pourras faire ce que tu veux de ta vie, ça ne me regarde pas !
– Et pour le sexe ?
– J’allais y venir ! Ce sera en plus ! Tu seras payée pour cela, à chaque fois ! Les jours où nous serons ensemble, tu seras à la fois ma dame de compagnie et ma… Comment dire…
– Ta pute ? Suggère-t-elle avec un grand sourire malicieux.
– Je cherchais un autre mot, mais si tu ne le trouve pas péjoratif, allons-y pour celui-là.
– Humm ! Humm !
– Alors, t’en dit quoi ?
– Réponse au dessert

En fait sa décision était prise. La proposition de Bertrand Paulino, lui convenait parfaitement, mais allez donc savoir pourquoi, elle choisit de le faire lanterner.

En sortant et alors qu’elle avait donné son accord, ils passèrent devant une maroquinerie plutôt chic.

– Viens, je vais te payer un sac ! Lui dit-il.
– En quel honneur ?
– Parce que le tien ne me plaît pas !

à suivre

© Vassilia.net et Chanette (Christine D’Esde) mars 2013. Reproduction interdite sans autorisation des ayants droits.

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8 réponses à Chanette 19 : Trafics (roman) 12 – Nadia et Paulino (suite) par Chanette

  1. Gorgonzola dit :

    Un texte très riche et très érotique que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire. (la scène de la pharmacie m’a fait mourir de rire)

  2. Carita dit :

    Un bon texte, bien construit et intelligent et surtout très érotique

  3. Muller dit :

    Très bien construit, se déguste comme une friandise 😉

  4. darrigade dit :

    J’aime bien les bonnes sœurs qui se défroquent, après ce sont des vraies cochonnes

  5. Gaston dit :

    Un vrai plaisir de lire ces « chanetteries »

  6. sapristi dit :

    Deux excellentes séquences dans ce chapitre où Nadia la débutante s’initie aux subtilités de l’érotisme. C’est bien vu parce que dans les deux scènes ça ne se résume pas à la description mécanique mais ont sent bien les hésitations, les embarras et les contradictions de cette Nadia, un personnage attachant parce que bien réussi 😉

  7. pluviose dit :

    J’adore les récits où il est question d’initiation (ou d’apprentissage, c’est comme on veut) et celui-ci est ne m’a pas laissé indifférent. Me voici tout raide dans mon boxer.

  8. Kiroukou dit :

    Intéressant chapitre dans lesquels trois longues scènes hot montrent l’évolution des rapports entre Nadia et Paulino. Il est évident que les récits de Chanette sont des œuvres de fictions, elle n’a jamais prétendu le contraire, mais ils incorporent des scènes de vécu (la scène de la pharmacie, ou celle où Paulino se rend compte qu’il échafaude des plans trop contraignants pour être réalisable…) ceci ne fait que renforcer le plaisir de lire ces textes.

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