Gazette 428 – Québec

428 – Mars 2013 – Québec

Le film documentaire Les Criminelles de Jean-Claude Lord sorti le 22 février au cinéma Beaubien à Montréal dresse le portrait de travailleuses du sexe (danseuses, escorts, prostituées) que le réalisateur laisse s’exprimer sur le bonheur qu’elles ressentent à pratiquer le plus vieux métier du monde.

C’est en cherchant des réponses aux questions entourant la criminalisation de la prostitution et l’image qu’elle projette sur la société que le réalisateur a commencé ses recherches. « Pourquoi deux personnes adultes, consentantes et hétérosexuelles qui font l’amour moyennant échange d’argent c’est criminel, alors que les deux mêmes personnes qui feraient l’amour moyennant échange de statut social, de voyage, de souper sont acceptables ? Quels en sont les coûts sociaux ? Quelles sont les conséquences de cette hypocrisie sur la santé publique et la violence faite aux femmes ? »

Des rencontres sommes toute convenues ouvrent le documentaire, alors que l’on découvre, dans les premières minutes, une femme modèle nue et des amoureux du naturisme.

Le message de surface véhiculé par ceux-ci, est que le corps est beau et que l’on ne devrait pas être gêné de le montrer. Ce message se voudra la porte d’entrée vers le monde des travailleuses du sexe pour le réalisateur à la recherche de réponses.

Au fils des entrevues, on écoutera – et verra – ces « criminelles » parler de leur amour du métier. D’abord, des danseuses nues, soulignant tout le bienfait de se retrouver nue sur une scène ou dans un isoloir avec un inconnu, puis des masseuses et escorts, affirmant qu’elles jouent également un rôle de thérapeute auprès des hommes qui sollicitent leurs services.

Pour ses entrevues, Jean-Claude Lord a volontairement choisi des filles qui, certes, ont vécu des problèmes en devenant travailleuses du sexe – toxicomanie, violence physique, abus, rejet de la famille – mais qui revendiquent tout de même avec passion le droit d’exercer cette profession. A cela s’ajoutent les commentaires de professionnels bien connus qui évoluent dans le quotidien des travailleuses du sexe.

Jean-Claude Lord a mis en confiance ses participantes – plusieurs témoignant à visage découvert -, et à obtenu d’elles un discours articulé, souvent passionné, surtout lorsqu’il s’agit de dénoncer les abolitionnistes, féministes radicales qui militent pour la disparition de la prostitution en infantilisant et en victimisant les travailleuses du sexe.

Un regard différent sur une profession à propos de laquelle tant de gens s’autorisent des avis définitifs alors qu’ils n’y connaissent rien, ou pire qu’ils ne veulent en connaître que ce que leur dicte leur imaginaire et les médias dominants.

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