Résumé des chapitres précédents : Le récit a commencé avec l’attaque des tigranes contre la communauté Kom sur la planète Novassa. Deux rescapées ont pour le moment échoué dans leur tentative de vengeance. Mais nous avons abandonné Keni et Malvina pendant quelques pages pour nous intéresser à un autre personnage clé de cette histoire, Leiris Misdas, qui sur Terre, avec deux compagnons vient de trouver du travail à bord d’un vaisseau indépendant.
6 – Dans le silence de l’espace profond
Adieu la Terre !
Le lendemain matin, ils s’étaient donné rendez-vous à l’astroport et c’est d’un pas commun qu’ils se rendirent vers leurs destins, observant d’un air de dépit les fières carènes des vaisseaux des grandes compagnies à bord desquelles ils ne voyageraient probablement pas de sitôt. Le Fly28, le vaisseau qui les avait engagés faisait à côté pâle figure, mais c’était néanmoins un navire de l’espace, sa coque avait communié avec le grand vide des espaces intersidéraux, ses tuyères avaient craché leurs gaz sur des sols vierges de tout contact humain… L’aventure serait peut-être au rabais, mais elle était là tout de même…
Ils franchirent le sas ! Et si Enzo s’avança sans un regard derrière lui, Leiris et Morgan ne purent s’empêcher de se retourner afin de graver dans leur mémoire une dernière image de cette planète qu’ils quittaient sans doute pour très longtemps…
En fait le capitaine Jerko, capitaine du Fly28 était considéré par ses pairs comme l’un des corsaires les plus réputés et les plus efficaces dans son domaine. Il fit une drôle d’impression à Leiris, ce mec s’était forgé une physionomie pseudo militaire en se coupant les cheveux en brosse et en laissant subsister un filet de moustache absolument grotesque. De beaux yeux bleus couleurs de mer, dont il était très fier vous fixaient avec une intensité que peu de monde pouvait sans doute soutenir. On devinait l’homme habitué à donner des ordres et à n’admettre aucune discussion, le genre « silence dans les rangs « . Mais cette impression de force virile qui émanait de sa personnalité était vite oubliée quand l’individu se mettait à parler, car là, très vite la médiocrité intellectuelle reprenait le dessus. C’est ainsi qu’il croyait brimer les nouveaux engagés en leur ordonnant de se mettre à poil avant de leur poser de multiples questions souvent stupides.
L’équipage comportait une centaine de personnes, une majorité d’hommes et une poignée de femmes. Personne ne fit d’effort pour intégrer les trois nouveaux venus à la vie du bord, au contraire on les laissait volontairement à l’écart… ils avaient sans soute le grand tort de cumuler tous les défauts possibles, jeunes, bleus, sortant de l’école et terriens de surcroît…
Après tout cela n’était pas bien grave, et ne pouvait qu’être temporaire, mais très vite les trois nouveaux astronautes se rendirent compte que la vie à bord n’avait rien d’une partie de plaisir, douze heures terrestres de travail, sous les ordres parfois illogiques de supérieurs hiérarchiques rigides avaient vite fait de vous transformer soit en larves vivantes soit en pétard prêt à exploser
Morgan travaillait en salle des machines, dans un univers impossible où se mélangeaient des tas d’appareils, certains à la limite de la panne, d’autres devenus incompréhensibles à cause de bricolages successifs. N’ayant aucune expérience pratique en ce domaine, il commettait bourde sur bourde et son responsable l’avait d’ors et déjà prévenu qu’il ne le reprendrait pas à la prochaine escale. Il ignorait si ce comportement était légal, mais comme de toute façon les engagements s’étaient fait à l’amiable, il se voyait déjà débarqué sur une planète complètement exotique dont il aurait sans doute beaucoup de mal à repartir, et commençait à déprimer sérieusement.
Leiris s’était vu octroyé le poste de subrécargue adjoint, poste inintéressant au possible, surtout pour quelqu’un qui a accompli des études de pilotage et de navigation intersidérale. Mais faute de mieux il s’y pliait d’assez bonne grâce, se disant qu’après tout, il n’est point de sot métier. Sa supérieure, Petra Van Yaguen, fidèle aficionados de son capitaine ne daignait ouvrir la voix que pour donner des ordres, toute autre réflexion ou question se heurtait à un impressionnant mur de silence que les reformulations successives n’ébranlaient pas le moins du monde.
Pétra van Yaguen, la subrécargue
Petra van Yaguen était une grande et forte femmes, blonde aux yeux bleus, le visage très pâle et très lisse, sans doute plus proche de la cinquantaine que de la quarantaine, il émanait d’elle une sorte de beauté ambiguë, sans doute lié au fait qu’on la voyait beaucoup plus souvent rouspéter que sourire. C’était bien simple : tous les jours, il se faisait engueuler, le problème c’est que ça allait de mal en pis, aux simples réprimandes succédaient les injures, les vexations et les humiliations.
Un jour, alors qu’il était en train de ranger consciencieusement de curieuses petites plaques métalliques cuivrées en les sortant d’un container où ils étaient en vrac, Petra l’interrompit telle une furie :
– Mais c’est pas possible d’être aussi nul !
– Mais qu’est-ce que j’ai fait, encore, vous m’avez dit de ranger les plaques, non ?
– Tu ne vois pas qu’il y en a de deux couleurs différentes ?
En y regardant de plus près, il était exact qu’il y avait deux légères nuances de couleurs, mais on lui avait demandé de ranger, pas de trier.
– Vous ne m’aviez pas dit…
– Il fallait demander, connard, ou faire preuve d’initiative…
– Bon, écoutez, je commence à en avoir marre de votre fichu caractère ! On ne vous a jamais appris à respecter les autres ? Et puis, je ne sais même pas ce que c’est que ces trucs, vous ne me dites jamais rien !
La gifle arriva aussi brutale qu’inattendue. Leiris prit sur lui de ne pas se rebeller davantage, se contentant d’un pauvre :
– Vous n’avez pas le droit !
La seconde gifle tomba, sans doute moins forte que la précédente…
– Je sais, mais tu vas aller te plaindre à qui ? Demanda-t-elle avec un air cynique.
– Et si je me rebiffe ?
– Si tu te rebiffes, on me croira, moi ! Dans cette cale, il n’y a qu’un seul règlement, c’est le mien. Et quand quelqu’un fait de l’insoumission, si ça m’amuse de le punir, je le fais !
Leiris ne répondis pas, il se savait coincé, mais entrer dans son jeu lui coûtait.
– Baisse ton pantalon !
– Hein !
– Je t’ai demandé de baisser ton pantalon, pendant ce temps-là, je vais aller chercher de quoi te rougir le cul !
– Mais vous êtes complètement folle !
– Bon, on va dire que ça mérite une autre gifle, mais cette fois je vais faire autre chose. Ou bien quand je vais revenir, tu auras baissé ton pantalon, et à ce moment-là tout restera entre nous, ou alors je vais appeler du renfort pour t’aider à te tenir tranquille… ça me parait même une excellente idée… Alors ?
Elle n’attendit pas la réponse, laissant Leiris affolé. La perspective d’être humilié devant témoins lui était insupportable. Que faire alors ? Pétra voulait jouer, jouer à des jeux sadiques, sans doute ne prenait-elle son plaisir que dans ce genre de mise en scène… Elle revint rapidement tenant à la main un martinet de facture très classique.
– Bien, je t’avais dit de baisser ton pantalon, tu ne l’as pas fait. Tant pis pour toi !
Et finissant sa phrase la subrécargue, actionna son bracelet de communication, se préparant à solliciter ses « renforts ».
– Non, je vous en prie, je vais obéir, n’appelez personne !
– Trop tard !
– Non, tout mais pas ça, je vous en supplie.
Nouvelle gifle, Leiris serra les dents. Petra toisa Leiris, il était déjà vaincu, c’en était presque trop simple, son intention n’était pas de le briser, mais d’en faire son jouet. La voix se fit alors presque conciliante :
– Bon, alors, allez, baisse-le ! Ce truc aussi, je te veux le cul à l’air, tourne-toi, ta bite ne m’intéresse pas, voilà, pose tes mains sur les bords de la caisse… Hum, joli cul… Il faudra que je t’encule, mais on fera ça une autre fois, on n’est pas pressé…
Puis soudain le premier coup tomba, de force plutôt moyenne, la douleur était supportable, mais Leiris trouva stratégique de crier plus que nécessaire, illusoire précaution censée prévenir la force des coups suivants.
– Tu peux crier tant que tu veux, c’est insonorisé, cela dit, tu devrais réserver tes cris pour quand je te ferais vraiment mal.
Leiris ne répondit pas, tendant ses muscles dans l’attente du deuxième coup. Il fut plus fort, une onde de douleur parcourut son corps, curieusement quelque chose ne le laissait pas indifférent, le violent contact du cuir cinglant sur sa peau réveilla de vieux démons enfouis, il se surprit à se retrouver dans une situation où l’excitation n’était pas absente. Le troisième coup confirma son état, il souffrait, mais supportait, y trouvait son compte, il bandait à présent de façon fort correcte. Pétra s’en aperçut :
– Ça t’excite, hein petite salope ?
Leiris ne répondit pas, encaissant le quatrième coup qui le cingla en plein milieu de ses fesses.
– Dis donc, toi, je t’ai posé une question, j’aimerais bien que tu me répondes !
– Je ne sais pas !
– Tu es sûr ?
Le cinquième coup fut volontairement plus appuyé, Leiris hurla, son masochisme avait tout de même ses limites.
– Alors ?
– Oui, ça m’excite, mais si vous tapez trop fort ça ne va plus m’exciter du tout !
Elle frappa le sixième avec la même force que le précédent.
– Aie !
– Parce que tu t’imagines sans doute que mon intention était de t’exciter ?
Heureusement, pour Leiris, elle n’exigea pas de réponse à cette question embarrassante, et tout aussi heureusement, le septième coup fut nettement plus supportable. Ainsi donc Leiris eut alors la conviction que la sculpturale subrécargue recherchait une relation de nature beaucoup plus sadomasochiste que des rapports de sadisme pur. Cette constatation ajoutait à son excitation et c’est la bite bandée comme un arc qu’il reçut les derniers coups de martinet.
– C’est terminé pour aujourd’hui, annonça Pétra, les yeux brillants de lubricité, mets-toi à genoux devant moi et dis-moi merci !
– Merci !
– Merci maîtresse, on dit !
– Merci maîtresse !
Un instant, elle s’empara de son visage et le colla sur sa combinaison au niveau du pubis, mais elle se reprit.
– Demain, nous ferons d’autres choses, je veux que tu sois mon petit esclave attitré, demain ou après-demain, tout dépendra de mon humeur…
– Oui maîtresse !
– Il faudra que je t’encule, ce .serait dommage de laisser vierge un aussi beau cul, mais ce sera toi qui devras me le demander
– Oui maîtresse ! Balbutia encore une fois, Leiris pas trop sûr de bien comprendre la logique érotique de sa dominatrice
– Je te laisse pour l’instant, il y a du travail, à moins que tu ais envie de te branler ?
– Euh…
– Oui ou non ?
– Peut-être !
– Oui ou non, j’ai demandé !
– Alors oui !
– Alors fait-le devant moi, tout de suite.
Leiris marqua un moment d’hésitation, alors Pétra le gifla :
– Il y a une chose qu’il te faudra assimiler : Quand je te donne un ordre, ou quand je te pose une question, c’est tout de suite !
– Pardon maîtresse !
– Maintenant, dépêche-toi !
Leiris se masturba donc devant sa supérieure hiérarchique, à ce moment il aurait souhaité la voir nue, à défaut il resta les yeux rivés sur son visage, ce qui ne laissa pas l’intéressée indifférente. La jouissance vint vite, et Petra le laissa alors seul, ses pensées étaient confuses, et surtout il se demandait la raison qui lui avait fait accepter si facilement et si rapidement son rôle de soumis.
Le reste de la journée se passa sans fait notable, les contacts avec Pétra redevinrent strictement professionnels, sans aucune allusion aux événements du matin. Mais surtout Leiris fut soulagé de constater que la subrécargue avait cessé de lui aboyer dessus.
Le soir, alors que ses compagnons s’étonnaient qu’aujourd’hui, il ne récrimine pas contre sa chef, il répondit simplement, que les choses étaient en train de s’arranger, mais sans autres commentaires. Leiris essayait d’analyser l’attitude de Pétra, si le rapport de force imposé par celle-ci avait débouché sur cette curieuse séance de domination, la chose n’était pas évidente en soi, il lui faudrait du temps pour comprendre. N’empêche qu’il passa une nuit fort agitée, peuplée de fantasmes les plus fous et que sa main dut finir par le calmer.
Il ne passa rien le jour suivant, les ordres de Pétra étaient toujours aussi secs, mais son agressivité semblait avoir disparue. Leiris engrangea le fait, se disant que la petite séance de la veille n’était peut-être qu’une tocade ?
Le surlendemain, Leiris vit débarquer Pétra, l’œil malicieux. Chose exceptionnelle, elle avait dezipé la fermeture de sa combinaison assez bas pour que l’on puisse découvrir la naissance de ses seins, pourtant pendant plus d’une heure, il ne se passa rien. « Ce n’est pas possible, elle joue avec mes nerfs » se dit alors le jeune homme. Quand enfin, elle l’appela, c’est brûlant de désir qu’il se précipita.
– Est-ce que mon petit esclave est prêt à se faire faire des petites misères par sa belle maîtresse ?
– Oui, maîtresse !
Petra lui balança alors, deux paires de gifles qu’il encaissa sans broncher, il aima moins quand de façon très inattendue, elle lui cracha au visage, il fit le geste de s’essuyer mais elle lui interdit de le faire.
– Tout ce qui vient de ta maîtresse est un cadeau que je te fais, je serais énormément contrariée si tu refusais mes cadeaux, tu as compris, esclave ?
– Oui, maîtresse !
– Fous-toi à poil, et dépêche-toi !
Leiris obéit, il se déshabilla rapidement et resta planté devant la dominatrice quand il la vit déziper le haut de sa combinaison libérant complètement deux magnifiques mamelles laiteuses. Il bandait alors comme jamais. Pétra consciente du trouble qu’elle provoquait chez le jeune homme s’empara alors de ses bouts de seins entre le pouce et l’index afin de les serrer le plus fort possible. Leiris cria, partagé entre une douleur bien réelle et une excitation qui ne l’était pas moins. Elle refit plusieurs fois le même geste, puis sa main descendit vers les testicules qu’elle pressa de sa paume.
– Tourne-toi que je vois ton cul ! Bon, ça va, je n’ai pas laissé de trace la dernière fois, on va pouvoir recommencer…
Voilà une perspective qui enchantait Leiris, mais Pétra avait d’autres fantaisies dans sa besace :
– Humm, pour l’instant j’ai comme une grosse envie de pisser, ça t’intéresse ?
– Oui, maîtresse !
L’idée de voir Pétra se déshabiller et se soulager devant lui l’émoustillait au plus haut point.
– Alors puisque ça t’intéresse, je vais t’offrir mon pipi !
Leiris réalisa alors ce qui risquait de se passer.
– Je n’ai jamais fait ça !
– Il y a un commencement à tout… allonge-toi par terre et ouvre la bouche, tu as intérêt à tout boire !
Pétra s’accroupit à quelques centimètres de la bouche de Leiris, puis se baissa encore, collant carrément sa chatte sur son visage, il n’y eut pratiquement pas de phase préliminaire, tout de suite un flot tiède dégringola dans le gosier du jeune subrécargue qui tant bien que mal essayait d’avaler ce qu’il pouvait, mais en rejetait aussi à côté, et ce malgré les efforts de la femme pour réguler sa miction.
– Alors c’était bon ?
– Ça va !
– Je ne t’ai pas demandé si ça allait, je t’ai demandé si c’était bon, conard !
– C’était bon, maîtresse !
– Bien, alors lèche-moi le cul ! Et tu t’appliques, je veux sentir ta langue me chatouiller le trou !
– Bien maîtresse !
Leiris fit donc feuille de rose à sa maîtresse, il était clair qu’elle ne venait pas de prendre une douche, une odeur tenace émanait de son gros derrière, tenace mais supportable.
– C’est bien, tu m’as bien léché le cul, tu vas avoir une belle récompense !
Leiris s’attendit au pire ! Aussi quelle ne fut pas sa surprise quand il vit sa maîtresse approcher son visage du sien chercher sa bouche et lui rouler une pelle comme un couple d’amoureux bien classique.
– Depuis le temps que je cherche un mec comme toi ! On pourra continuer à s’amuser tous les deux, mais il faut que tu me prennes comme je suis ! D’accord ?
Il ne répondit pas, se contentant d’un sourire qui voulait tout dire…
Hermann Palinsky, le navigateur
Enzo avait eu lui beaucoup plus de chance que ces deux compagnons car affecté comme assistant de navigation, il fit la connaissance, puis se lia d’amitié avec Hermann Palinsky, le vieux navigateur de l’équipage. Ce dernier était devenu quasiment misanthrope. Personnage complexe, il se lançait dans de grandes explications, racontant par le détail comment, grâce à des astuces informatiques, il avait pu rompre les défenses de planètes entières, ce qui avait permis à Jerko d’en voler une partie des richesses.
– Tu vois, une planète qui veut se protéger, elle installe des satellites sentinelles en orbite, ceux-ci détectent tout objet non bienvenu qui essaie de pénétrer l’atmosphère. S’il s’agit d’une météorite ou d’un astéroïde, ils peuvent le bombarder, s’il s’agit d’un vaisseau, les types au sol en sont avertis, et éventuellement peuvent mettre en branle des moyens de défense et de destruction. Mais moi j’ai trouvé le moyen de pénétrer dans leurs systèmes, je les paralyse, et en bas ils ne voient rien arriver, on est sur eux qu’ils n’ont pas le temps de réaliser.
– Et vous faites comment ?
– Secret, mon petit, secret ! Mais j’y arrive, pourquoi sinon Jerko me garderait-il ? Je ne peux pas supporter ce type et il me le rend bien, mais je lui rends service, et en retour il me fout la paix et me paye comme un roi. Mais un jour j’aurais mon propre vaisseau, et je ferais ce que je voudrais, je continuerais à faire sauter les verrous de protection des planètes, mais pour des causes justes et non pas pour les piller, et j’emmerderais Jerko !
Tout à fait le genre de discours auquel mordait Enzo, et presque naturellement quand les horaires de vacations le permettaient, ils se réunissaient à quatre, Palinsky, Leiris, Enzo et Morgan et le premier repartait dans des exposés compliqués expliquant et répétant la façon dont il pouvait feinter les systèmes de défenses les plus compliqués et les plus sophistiqués, mais sans jamais rentrer dans les ultimes détails techniques.
Un jour Leiris s’adressa à Enzo
– Si ça se trouve, il bluffe, est-ce que tu lui as demandé de te montrer ses programmes ?
– Oui mais il ne veut pas, sauf en payant un prix que je ne veux pas lui donner !
– Ah bon, il est…
– Je suppose, il ne m’a parlé que par allusions, mais je commence à avoir l’habitude…
– Mais le cosmos pourrait être à nous…
Mais l’argument le ne touchait manifestement pas. Leiris, lui rêvait, rêvait qu’il était capitaine de vaisseau, et que les programmes que lui avait enseignés Palinsky, le rendrait maître de l’univers, libérant des planètes entières à la surface desquelles des seigneurs néo-féodaux avaient affamé des colons qui croyaient avoir trouvé le paradis en émigrant et qui se retrouvaient plongés dans un quasi Moyen-Âge.
Il ne comprenait pas l’attitude d’Enzo qui refusait d’accéder à cette connaissance magique pour des problèmes de cul, alors que justement cela ne devait pas le gêner, lui !
– Mais enfin, s’il dit vrai, le cosmos est à nous, et tu vas refuser cela alors que vous êtes du même bord ! Reprit Leiris, se répétant volontairement, et prenant conscience mais un peu tard de l’extrême maladresse de son propos
– Un ! Le cosmos je m’en fous, je lui demande rien et il n’attend pas après moi, et Deux ! Je ne suis pas ta pute, et je ne couche qu’avec les gens qui me plaisent !
C’était la première fois que Leiris s’engueulait avec Enzo, une engueulade ? Pire sans doute : tous les éléments d’une rupture d’amitié étaient contenus dans ce vif échange et Leiris le regretta aussitôt. Le cosmos sans doute. Oui mais la perte d’un ami, et surtout de celui-là lui paraissait insupportable.
Si à ce moment-là Enzo était réapparut, lui demandant de renoncer à ses prétentions cosmiques en échange de son amitié retrouvée, il était à peu près certain qu’il aurait choisi de renouer avec son camarade et de mettre le reste entre parenthèses.
La nuit de Leiris fut mauvaise, il eut du mal à trouver le sommeil, s’imaginant avoir tout perdu. Quelque part, il lui faudrait quand même faire un choix, un choix douloureux, mais un choix.
– Si cette andouille d’Enzo ne veut plus de mon amitié, j’irais de toute façon voir Palinsky, et moi je n’aurais aucun scrupule…
Mais dans ses rêves Palinsky était un odieux sadique imposant des relations à la limite du supportable… C’est en sueur et de très méchante humeur qu’il se réveilla ce jour-là. Il descendit en cale 6 faire ce qu’on attendait de lui, l’air sombre et mélancolique. Il s’acharnait à étiqueter le fouillis hétéroclite que contenait cette soute, Pétra Van Yaguen dut se rendre compte de sa mine caverneuse et eut la bonne idée de ne lui adresser pratiquement pas la parole. Le midi, prétextant un manque d’appétit, il ne se rendit pas au réfectoire, mais le regretta aussitôt, il faudrait bien qu’un jour il croise de nouveau Enzo, il faudrait bien que ce croisement débouche sur quelque chose… Prétextant en début d’après-midi l’envie de prendre un café, au grand dam de sa supérieure qui n’avait pas l’habitude qu’on la laisse plantée là au milieu de ses caisses et de ses emballages, et qui lui promit une sévère correction dès son retour, il se dirigea vers la cabine de navigation.
Palinsky était plongé sur un pupitre l’air hébété, et Leiris put remarquer que son écran restait immobile, Enzo, au contraire s’activait sans que l’on comprenne bien ce que ce dernier voulait faire…
Rien ne semblait pouvoir réveiller le vieux navigateur de son état second, et à ce moment-là Leiris eu la conviction que celui-ci se droguait. Ne sachant que dire comme introduction, Leiris lâcha un médiocre :
– Je n’aurais pas laissé traîner un disque, un machin avec une étiquette verte ?
– Attends, je vais regarder !
Enzo, lui répondait normalement, sans aucune animosité, il en éprouva un immense soulagement. Ainsi, Enzo ne lui en voulait pas, ce souci écarté, il considéra alors que le champ était libre. Il se débrouilla donc, plusieurs heures plus tard à la fin de son service pour être seul avec Palinsky, en espérant que ce dernier serait en meilleure forme.
– Cela me ferait plaisir que tu me montres tes programmes !
– Toi aussi ! C’est une manie ! Je ne les ai pas montrés à Enzo, ce n’est pas pour te les montrer à toi !
Et boum, prend ça dans la gueule ! Normalement, il aurait dû abandonner, il ne sut jamais pourquoi, malgré sa gêne et sa honte, il put reprendre :
– Je suis moins beau que lui, je ne vais pas dire le contraire, c’est vrai qu’il a quelque chose de magnétique, je crois que plein de mecs fantasment sur lui mais ne veulent pas se l’avouer…
– Le monde est plein d’hypocrites, répondit machinalement Palinsky.
– Un jour il dira peut-être oui, faut être patient…
– Tu crois ?
– Ça t’excite de penser à lui ? Demanda Leiris préférant biaiser.
– Qu’est que ça peut te faire ?
– C’est juste pour savoir… répondit le jeune homme… et tout en parlant, il plaça sa main sur la braguette du navigateur.
Celui-ci réagit mais après quelques secondes d’hésitations.
– Tu retires ta main !
– Ecoute, Palinsky, on fantasme tous les deux sur Enzo, alors pourquoi ne pas fantasmer ensemble.
– Je t’ai dit de retirer ta main !
Mais sous les doigts de Leiris, le sexe du navigateur grossissait.
– Tss, tss ! Tu bandes tout dur ! Laisse toi faire, je vais te faire une super branlette.
– Bon, alors vas-y, mais tu as intérêt à être brillant !
– T’inquiète pas ! Ça s’ouvre comment ce machin ?
– Débrouille-toi !
Leiris dézipa la fermeture éclair du navigateur, puis introduisit sa main, il farfouilla d’abord par-dessus le sous-vêtement s’amusant à prendre la verge à travers le tissu, puis tirant sur l’élastique, sortit le membre qui se dressa raide d’excitation, le gland violet et déjà humide de liqueur séminale.
– Hum ! Joli ! Je vais te faire un super truc !
Leiris se cracha dans les mains, puis passa ses mains ainsi humidifiées sur la colonne qu’il masturba quelques secondes. Il recommença ensuite l’opération mais se consacra cette fois ci au gland qu’il agaça de la paume. Palinsky commençait à frétiller de plaisir.
– Je te dégage un peu tout ça, c’est pour le confort… Précisa Leiris en baissant le pantalon et le slip du navigateur.
Puis il saisit de nouveau la verge entre le pouce et l’extrémité de ses autres doigts et commença une masturbation en règle, tandis que l’autre se pâmait.
– Tu ne veux pas me sucer un peu, juste un peu ? Finit par demander Palinsky en sueur.
– Tu ne veux pas me montrer tes plans, juste un peu ! Répondit Leiris. C’est donnant donnant.
– T’es vraiment une petite pute, toi !
– Hum, regarde-moi comme elle est excitée cette belle bite ! Humm ce qu’elle doit être bonne sous ma langue, ma petite langue de pute, hum rien que d’y penser ça me fait bander.
– Montre-moi comment tu bandes !
Heureusement Leiris ne bluffait pas, ce défi fou l’excitait maintenant au plus haut point, et c’est très fier qu’il se déculotta devant Palinsky qui n’en pouvait plus.
– Allez suces-moi ! Supplia-t-il
– Donnant-donnant ?
– Mais oui !
Leiris plongea alors sa bouche vers la verge tendue et sans aucun préambule l’engloutit dans son palais, il laissa passer quelques secondes le temps de s’accoutumer à ce contact, d’assimiler le fait qu’il était en train de pratiquer la seconde fellation de sa vie et que cela ne lui posait aucun problème particulier. Il essaya de rythmer du mieux qu’il pouvait ses va-et-vient buccaux, puis quand il sentit le navigateur commencer à accélérer sa respiration, d’une main il lui serra les testicules puis augmenta la cadence.
– C’est bon, ça vient !
Leiris ne répondit pas et continua de la même façon, recueillant les giclées de sperme dans sa bouche.
– T’es vraiment une petite salope ! Conclue le navigateur, de façon très décontractée.
– Ça t’a plu !
– Faut pas se plaindre ! Tu es homo aussi alors ?
– Non, j’adore les femmes, mais je suis ouvert à la discussion, tu vois !
– Tu crois qu’avec Enzo ce ne sera jamais possible ?
– Il ne fait jamais dire jamais, si je peux aider à vous… comment dire…
– A nous rapprocher…
– A vous rapprocher, c’est cela, alors je le ferais…
Palinsky était manifestement en proie à un grand trouble intérieur, même si le trip sexuel avec Leiris avait été fort, ce n’est pas ce dernier qui l’intéressait, mais Enzo. Il avait donc le choix, ou bien respecter sa part de contrat en lui montrant « très vite » ses programmes ce qui ne l’engageait à rien, ou bien aller un peu plus loin en espérant que cela serait de nature à encourager les bons offices de Leiris auprès d’Enzo….
Leiris, lui, planait sur son nuage, il venait de passer avec une étonnante facilité une épreuve qui lui donnerait peut-être un jour les clés du cosmos, et le reste n’avait absolument aucune importance.
– Alors, ces programmes, je peux les voir ?
– Bien sûr puisque c’est ça que tu es venu chercher !
Le ton était cinglant, Leiris ravala le trait, mais il faisait mal. D’autant que Palinsky savait ne prendre aucun risque
– Et alors j’ai payé le prix non ?
– Comme une pute !
– Sans doute, mais tu n’as pas le droit d’insulter les putes qui font correctement leur travail !
Où Leiris avait-il trouvé un argument pareil ? Sans doute nulle part, sinon dans l’élan de la spontanéité, toujours est-il que Palinsky ne sachant que répondre finit par s’approcher de son ordinateur personnel qu’il alluma, puis s’en fut chercher un sac contenant des tas de supports de stockage, qu’il entreprit de trier.
– Excuse-moi, mais je ne voudrais pas que tu penses non plus que je sois prêt à donner n’importe quoi contre une séance de sexe ? Reprit le navigateur.
– J’avais bien compris !
Mais pour l’instant Leiris avait l’esprit ailleurs. Car quel était ce fourbi ? Trop, il y en avait trop ! Des disques, des cartes, des tiges, des billes. La plupart des supports étaient d’un format non standard, donc illisible sur la plupart des appareils. Leiris était dépité, il s’attendait sinon à quelque chose de simple, du moins à un support unique ou presque, en tout cas quelque chose qu’il aurait été facile de copier quand Palinsky aurait eu le dos tourné.
Mais tout ce bazar était ingérable, il faudrait une éternité pour recopier tout cela. Ou alors amener Palinsky à lui faire des copies, mais il n’y croyait pas, l’arme de la séduction ne marcherait jamais une seconde fois, il en était persuadé, quant à réengager la conversation avec Enzo sur ce sujet, il ne voulait même pas y penser. Tout son petit rêve s’écroulait soudain…
– Ça ne t’intéresse pas tant que çà on dirait ?
Des lignes incompréhensibles défilaient sur l’écran. Palinsky avait l’air amusé du dépit de Leiris.
– Tu croyais peut-être qu’il s’agissait d’une formule magique ?
Leiris choisit de jouer l’humilité.
– Formule magique, peut-être pas mais je pensais à un programme somme toute assez simple !
– Et ça aurait changé quoi ?
– En le regardant de près, j’aurais pu essayer de le comprendre et de le reproduire !
– Tu peux toujours t’aligner !
– Tant pis pour moi ! Répondit Leiris, se forçant à faire bonne figure.
– Si tu avais su que cela se présentait comme ça, tu ne m’aurais jamais fait de propositions ?
Aie ! Surtout ne pas tomber dans le piège de ce genre de conversation !
– J’ai joué, j’ai perdu, je ne regrette rien !
– C’est bien, t’es beau joueur !
Des lignes et des lignes continuaient de défiler, il ignorait en quel langage informatique était écrit ce charabia. De temps à autre, celui-ci était annoté par des lignes de commentaires, certaines assez hermétiques, d’autres assorties d’interjections dans le genre de ceux que Palinsky affectionnait. Il eut soudain la conviction que ces lignes complémentaires étaient rédigées par au moins deux personnes différentes.
– C’est toi qui as écris tout cela ?
– Non, tout ce que j’ai fait c’est de déchiffrer tout ce merdier, cela m’a pris des mois et des mois, après je me suis rendu compte que l’on pouvait améliorer ces trucs, alors j’ai un peu bricolé.
– Mais il y a besoin de tout ?
– Tout dépend de qu’on veut faire, la plupart des planètes colonisées sont gardées par des réseaux satellites classiques, tous du même modèle, pour les neutraliser, on se sert de ce qui défile… Mais d’autres sont plus compliqués.
– Et t’as trouvé cela comment !
– Par hasard ! Un type me vendait des programmes de navigation, un jour il est arrivé avec un stock, il en voulait assez cher mais n’avais aucune idée du contenu, et je n’avais pas de quoi le payer de toute façon. J’avais quand même voulu regarder de quoi il s’agissait mais, ce n’était pas évident, tous les supports étaient non-standards, Je lui ai dit que cela ne valait rien, mais que si ça l’arrangeait, je lui reprenais au prix des supports. Ce con a marché. Le plus difficile a été ensuite de bricoler des lecteurs capables de lire ces fichus bidules, mais bon avec l’aide de quelques copains on y est arrivé… Et là j’ai découvert que c’était des machins provenant de l’armée, probablement périmés. Mais en en comprenant le principe on pouvait les adapter… et voilà !
– Tu peux avec ça pénétrer toutes les protections électroniques ?
– Non pas toutes ! Mais les systèmes de protections par satellites : presque tous, et les systèmes internes, n’en parlons pas…
– Y compris les systèmes de protection d’un vaisseau, les systèmes internes ?
– Bien sûr !
– On pourrait donc théoriquement s’emparer du vaisseau ?
– Sans problème !
– Et qu’est-ce que t’attends ?
La tête de Palinsky !
– C’est vrai que ça m’a parfois traversé l’esprit, mais qu’est-ce que tu veux que je fasse, je n’ai aucune vocation d’être capitaine, moi mon truc c’est la navigation.
– Tu te rends compte de ce que l’on pourrait faire, débarrasser l’espace de tous les mecs qui exploitent les colons, on n’aurait pas de problèmes de réapprovisionnement, ils nous fourniront tout le nécessaire pour nous remercier…
– Et on aurait l’armée sur le cul, on n’y irait pas loin !
– Pas si on fait cela intelligemment, après chaque mission on se cacherait, on deviendrait insaisissable.
– Arrête de rêver !
– Mais tu te rends compte le pouvoir que tu as entre tes mains. Il est criminel de ne pas vouloir s’en servir !
– Tu ne crois pas que tu devrais aller te coucher ?
Leiris n’insista pas, décidément cette visite ne s’était pas passée du tout comme prévue ; mais il reviendrait à la charge…
– T’as raison bonne nuit !
C’est à ce moment que de façon complètement inattendue, Palinsky lui colla la main aux fesses !
– Humm si tu me montrais ton petit cul avant de partir ?
– Non, non, j’aurais trop peur que tu m’encules ! Répondit Leiris sur le ton de la plaisanterie.
– Justement j’y pensais !
Leiris pris conscience qu’il allait lui falloir rejouer une séance, sans doute moins facile, mais il tenait à rester dans les bonnes grâces du navigateur, et décida de se laisser faire. Il baissa donc simultanément pantalon et slip, puis se plia légèrement en avant.
– Ça te convient ?
– Ah ! Je dois reconnaître que c’est pas mal ! Tu as des trésors cachés, dis donc, quelles belles fesses !
C’était bien la première fois qu’on le complimentait de la sorte pour la beauté supposée de son postérieur. Palinsky approcha son visage du fessier gentiment offert à sa concupiscence et commença par en embrasser les globes, il les écarta ensuite, se lécha un doigt qui s’approcha afin d’explorer l’anus.
– Doucement ! Ne put s’empêcher de dire Leiris
– C’est juste mon doigt, tu vas voir tout à l’heure ce que je vais te mettre
Ben oui, c’était bien ça le problème !
Le doigt entrait et sortait provoquant de curieuses sensations dans le conduit rectal du jeune homme. Quand il cessa, ce fut pour humecter l’entrée de salive à l’aide de grands coups de langues qui se voulaient le plus profonds possible. Du coup Leiris se mit à bander, ce qui ne n’empêchait nullement d’appréhender la suite. Suite qui se concrétisa bientôt sous la forme d’un gland demandant l’entrée. Le jeune homme écarta ses sphincters, l’autre poussa, la bite entra.
– Aie !
– Décontracte-toi !
– Doucement, doucement !
– Je vais doucement.
Palinsky s’enfonça encore plus ! Délicieuse sensation d’être ainsi rempli, puis il commença à pilonner, une curieuse onde traversa le corps de Leiris, du plaisir, certes, mais un plaisir bien trouble, mais il s’habituait, la cadence augmenta, augmenta encore et le navigateur finit par jouir en lui. Leiris se redressa, la bite raide, il crut un moment que son partenaire s’occuperait de lui, mais ce ne devait pas être dans ses intentions.
– Finalement, je vais peut-être faire quelque chose de toi, tu seras ma petite femme à moi, on en reparlera demain, fait un gros dodo !
Voilà qui n’était pas du tout prévu au programme, si Palinsky devenait collant et le sollicitait maintenant tous les jours et cela en plus des séances que lui imposait Pétra Van Yaguen il allait péter un câble ! Il faudrait qu’il remette les choses au point… A moins que, à moins que… En attendant, il réalisa qu’il venait de perdre son pucelage anal et l’idée le fit sourire.
Mutinerie !
Le lendemain, il réunissait Enzo et Morgan.
– J’ai réussi à le persuader de me montrer ses programmes !
A son grand soulagement, Enzo ne fit aucun commentaire, mais il se serait passé du petit sourire en coin que lui adressa Morgan. Il leur raconta ce qu’il avait vu, et entreprit de leur faire partager son enthousiasme à propos d’une prise éventuelle du vaisseau.
– Il faut le convaincre, s’il ne baratine pas l’appareil est à nous en 5 minutes, l’équipage suivra ! On se débarrassera de Jerko et de ses sbires les plus dangereux sur une planète bien calme, et comme cela personne ne pourra nous accuser de mutinerie aggravée !
– O.K. pour moi ! Dit simplement Enzo.
– Bon d’accord, en espérant qu’on ne fait pas une belle connerie, murmura Morgan se ralliant au projet.
– Bon, dès que je vous aurais donné le signal vous neutraliserez Jerko et Wilcox, s’ils ne sont pas dans leurs cabines, on les récupère et on les enferme, s’ils y sont déjà, ça se fera automatiquement…
– Van Yaguen aussi ! Ajouta Morgan.
– Non, pas Van Yaguen ! Rétorqua Leiris
– Pourquoi « pas Van Yaguen » ? Répondirent les autres regardant alors leur camarade d’un air étrange.
– Rien, elle n’est pas méchante…
– Ce n’est pas ce que tu nous disais au début…
– Il y a des gens qui gagnent à être connus…
Mais voyant que ses compagnons se posaient des questions, il rectifia le tir…
– Je veux dire si on commence à enfermer tous ceux qui ont des sympathies pour l’état-major actuel, ça va nous faire une masse de prisonniers et ça va devenir ingérable.
– Tu penses à qui ?
– Je ne sais pas, moi, la copine de Wilcox, le médecin, le chef mécanicien…
– Mais, non ce n’est pas comme ça qu’il faut raisonner ! Reprit doctement Morgan. On neutralise les responsables uniquement parce qu’ils sont responsables et ont à ce titre accès à des procédures d’urgences qui peuvent faire capoter notre projet, et puis si on veut les remplacer, il faut bien les écarter. Donc nous n’avons aucune raison de réserver un traitement particulier à Van Yaguen. Quant aux autres quand ils sentiront le vent tourner, ils se rallieront à nous, c’est aussi simple que ça…
Ben oui, énoncé comme ça, c’était en effet tout simple…
Palinsky n’avait sans doute pas le dos au mur, mais il fit comme si. Et deux jours plus tard, les alarmes étant toutes neutralisées, les canaux de communications entièrement brouillés (à l’exception de l’un des canaux d’urgence, celui qui justement était attribué à Palinsky), les quatre mutins en armes neutralisèrent rapidement Jerko, son second et sa subrécargue et les consignèrent électriquement dans leur cabine. L’affaire ne fut pas spécialement discrète et la nouvelle se répandit très rapidement parmi l’équipage mais sans provoquer de réactions particulières.
Il avait été entendu que Leiris hériterait de la charge de Capitaine…
– …Et pourquoi moi ?
– C’était bien une idée à toi, au départ, non, alors tu assumes ! Répondit Morgan, peu aimable.
Enzo et Morgan deviendraient donc tous les deux « seconds », Palinsky souhaitant pour sa part conserver son poste de navigateur. Il fut ensuite décidé de rassembler l’ensemble de l’équipage dans le mess.
– Messieurs je suis votre nouveau capitaine…
Leiris s’était attendu à être salué par un hourra d’enthousiasme, au lieu de cela, s’il put dénombrer quelques sourires indéchiffrables, il ne recueillit que des visages pâles d’inquiétude et manifestement dérangés dans leurs habitudes quotidiennes. Leiris vexé, voulut donc rectifier le tir et recentra son message.
– Je vois que vous êtes inquiets, mais soyez sans crainte, la tyrannie et l’abus de pouvoir de Jerko, c’est fini, nous allons maintenant réunir des commissions pour réorganiser le travail, nos missions vont changer…
– Je suppose que vous connaissez bien sûr les articles du code spatial relatifs aux mutineries ?
Leiris ne s’attendait à aucun contradicteur, à fortiori de ce type, celui qui venait de parler était considéré par l’équipage comme un brave homme, il s’agissait de Yassaka Murenko, qui avait pour charge le domaine santé de l’équipage.
– Bien sûr !
– Menteur ! Murenko enfonçait le clou. Vous vous êtes fait piéger par Palinsky, cet homme est sans doute un navigateur hors pair, mais il est complètement fou, Je veux dire qu’il est incapable de se rendre compte des conséquences de ses actes ! Je te l’ai déjà dit, tu ne peux pas dire le contraire Palinsky ?
Palinsky n’avait d’abord pas souhaité participer à cette sorte de meeting mais pressé par les trois jeunes gens, il avait fini par s’y rendre mais en adoptant une position très en retrait, il se tenait près de la porte, prêt à déguerpir si l’affaire l’ennuyait de trop. Piqué au vif par la réflexion de Murenko, il n’aurait bien sûr pas dû répondre, laissant à Leiris le monopole de la réplique, mais fort énervé par ce contradicteur imprévu ; il fit l’erreur d’essayer de le faire :
– N’écoutez pas ce type, il est à la solde de Jerko, on aurait dû l’enfermer aussi, c’est le pire de tous…
– Palinsky ? Combien de fois suis-je intervenu pour modérer Jerko dans ses expéditions chez les colons, combien de fois je l’ai empêché d’aller trop loin, et pendant ce temps-là que faisais-tu Palinsky ? Rien ! Tu ne faisais rien, des belles théories autour d’une table, mais après, rien, trop content que tu étais que tes programmes à la gomme nous aient permis de franchir les barrières satellites…
L’ambiance devenait électrique, Murenko était en train de gagner tout l’équipage ou presque.
– Et d’ailleurs, reprit ce dernier, regardez bien ! Où est-il passé votre héros ? Il a disparu, il est déjà en fuite !
Un éclat de rire soulagé salua cette répartie. C’était vrai ! Palinsky avait quitté la salle. Murenko avait maintenant les rieurs de son côté, tout était perdu ! Et Yassaka Murenko qui se remettait à parler.
– Non, Leiris tu ne connais pas le code, du moins tu ne connais pas la façon dont on l’applique. En cas de mutinerie, tous ceux qui d’une façon ou d’une autre n’ont pas essayé de rétablir l’ordre ancien sont considérés comme mutins, avec toutes les conséquences que cela peut avoir… De plus…
Déjà un groupe d’hommes menaçant s’avançait vers le trio de mutins.
– Non ! Stop ! Cria Murenko.
L’ambiance était tendue à l’extrême, Leiris et ses deux compagnons arc-boutés contre la paroi du mess avaient sans doute fait la double erreur l’erreur de ne pas s’armer et de se tenir loin de la sortie, ils attendaient l’assaut, verts de peur, réalisant qu’ils venaient de faire là la connerie de leur existence, la dernière peut-être…
– Rendez-vous ! Messieurs, moins cette pochade durera de temps et plus vous vous montrerez coopératifs, moins les conséquences seront graves pour vous ! Reprit le toubib du bord.
Les visages de Leiris et d’Enzo se rencontrèrent, livides. Ils ne pouvaient qu’obtempérer… Mais tout d’un coup, une sirène retentit, suivi d’une voix préenregistrée :
– Alerte numéro 4. Avarie grave dans le secteur B6. Tout le personnel à son poste. Je répète…
Instantanément, le mess se vida, Leiris n’avait pas de rôle particulier en cas d’alerte de ce genre, il se résolut donc à rejoindre la cargaison, attendant des ordres ultérieurs. Ses deux camarades n’étaient plus à ses côtés, fallait-il alors qu’il prenne la responsabilité de libérer Jerko. ! Seul Palinsky pouvait le faire. Il se rendit compte alors que le capitaine qu’il avait failli devenir n’avait aucune idée de la conduite à tenir en pareille circonstance. Il se rendit à l’aire de pilotage où s’affairait Palinsky. Celui-ci envoya au diable les quelques personnes présentes !
– J’ai l’analyse de la panne, descendez tous aux machines, et attendez les ordres, c’est là que vous serez le plus utile
– Mais qu’est ce qui se passe ?
Palinsky attendit d’être seul avec Leiris et Enzo, et tout d’un coup son regard changea. Leiris compris : voyant qu’il était en train de perdre la face pendant ce meeting improvisé, Palinsky avait sciemment provoqué une panne.
– Ce n’est pas bien grave, il y en a pour trois jours de réparation, pendant ce temps-là, ils nous foutront la paix. Mais il faut enfermer Murenko et le foutre avec les autres !
– Non !
– Et pourquoi Non, Môssieu Leiris ?
– Parce que je n’ai pas envie d’aggraver notre cas…
– C’est moi ou lui !
– Chiche ! Si je dis à ces connards de choisir entre Palinsky et Murenko et d’en mettre un aux fers, ils vont faire quoi à ton avis ?
– Dégage, j’ai du boulot !
– Il faut que l’on s’organise ! Pas question de dormir tous les quatre en même temps. Et demain on reparle de tout cela !
– Bon ! Bon !
à suivre
nikosolo@hotmail.com
Première publication Novembre 2004. Revu et corrigé en septembre 2011 © Nicolas Solovionni et Vassilia.net
Se faire enculer afin d’avoir accès aux logiciel du collègue ! Après tout c’est un deal comme un autre !
Les révoltés du Bounty, version SF et porno
Ciel ! Une mutinerie ! Déjà ce n’est pas simple a gérer mais quand les protagonistes sont tous de joyeux obsédés sexuels, ça devient très compliqué. Mais rassurez-vous l’auteur est malin et prend un malin plaisir a nous raconter tout cela, ce cocktail science-fiction et sexe est un cocktail gagnant.