Une soirée entre filles
par Vox Aranéa
– Comment ça, tu n’es pas là samedi ?
Je ne suis pas content. Il y a sur la porte du réfrigérateur un calendrier mensuel. Nous y inscrivons les choses à ne pas oublier, comme payer les impôts, l’URSSAF, les rendez vous à ne pas oublier etc… C’est pratique. Et pour samedi, demain, ma femme a inscrit » sortie copines « .
– Tu le sais bien, c’est la soirée avec mes copines, me répond ma femme Valérie.
– Encore une…Je commence à croire que tu préfères passer tes soirées libres sans moi.
– Tu exagères Pascal. C’est une fois de temps en temps, et puis c’est avec mes copines. Cela ne va pas chercher loin.
– Tes copines … Je ne les connais même pas… Tu vires ta cuti ou quoi ?
L’allusion est franchement injuste. Je connais trop bien ma femme pour savoir que le plaisir au féminin ne la tente pas. D ‘ailleurs, elle ne répond même pas et s’absorbe dans son livre !
Un silence… Puis je me lance :
– Emmène-moi…
Elle lève la tête, l’air interrogateur…
– Ça va pas non ?… C’est une soirée entre filles. Il faut te le dire comment ?
– Déguise moi … Elles ne me connaissent pas. Prend ça comme une bonne blague.
Avec mon mètre 75, mes 68 kg, fin de corps et peu poilu, ça se joue.
– Mon pauvre Pascal, tu es vraiment fêlé… Et je leur dis quoi ? Que je t’ai rencontré dans la rue, qu’on a sympathisé et que je t’ai invité… comme ça… ?
– Non… Dis leur que je suis une vieille copine de lycée.
– Ce sont des copines de lycée
– Une copine de maternelle ?
– Laisse tomber. Tu me fais confiance ? Non ? Alors samedi, je sors avec mes copines, sans toi !
Je sors de la pièce en maugréant. Quand Valérie a décidé, ce n’est pas la peine de contester !
C’est elle qui m’a relancé le soir. J’étais avachi sur le canapé en zappant mollement devant la télévision, quand elle s’est approchée de moi…
– Et si je disais que tu es une vieille corres’ rencontrées par hasard et que je t’ai emmenée, plutôt que de te laisser avec mon mari ?
– Hein ? De qui tu me parles ?
– Pour samedi… Je t’emmène en te faisant passer pour une correspondante étrangère… ainsi, tu n’auras pas trop à parler… Mettons que tu serais hollandaise. Elles ne parlent pas hollandais.
Je reste songeur. Le petit jeu a pris forme dans sa tête et je me suis trop engagé ce matin pour faire machine arrière. Et puis ça me tente, sinon, je ne l’aurais pas proposé…
– Ok… Et les détails pratiques ?
– Je m’occupe du costume…Et toi du reste. Il faudra t’épiler les jambes et un peu les sourcils. Le maquillage fera le reste.
– Bon d’accord. Je m’y mets demain après midi.
Le lendemain, je m’enferme dans la salle de bain alors qu’elle part faire des courses. Après m’être douché, je m’attaque aux jambes au rasoir. J’ai la chance d’avoir des jambes féminines, longues aux attaches fines, et ce ne sera pas la première fois que je les rase. A l’adolescence, j’avais découvert avec passion un fétichisme pour le nylon, et la douceur de ces matières sur la peau épilée.
Les poils partent rapidement avec la mousse et je prends bien soins de ne pas me couper. Je m’attaque ensuite aux fesses à l’anus. Une fois bien lisse, je termine avec le sexe. Intégralement rasé, je ne laisse persister qu’une touffe réduite sur le pubis. Le ventre subit le même sort, mais il n’y a pas grand chose à enlever. Idem pour les seins, où les quelques poils qui se battaient en duel subissent le même sort que leurs camarades. Je finis avec les aisselles, c’est plus dur, il faut se contorsionner pour obtenir un résultat acceptable.
Je me sèche ensuite pour terminer le rasage par un massage à l’aide de crèmes trouvées dans le fouillis des placards de ma femme. Dernier point, le visage. Avec une lame neuve, je me rase le plus parfaitement possible, et je finis les sourcils à la pince à épiler, sans me faire un visage qui choquera lundi quand je retournerai travailler
J’en étais là, en peignoir, quand Valérie est rentrée des courses. Joyeuse, elle était excitée comme une collégienne qui prépare un canular.
– Parfait ! s’exclame t’elle lorsqu’elle découvre mon œuvre. Le maquillage fera illusion… Regarde ce que j’ai acheté…Tu sais la guêpière que nous avions vu rue des Martyrs, je nous l’ai prise.
Elle déballe une superbe guêpière en satin, blanche avec des motifs floraux imprimés en bleu.
– Je t’ai pris ta taille et la mienne. Strings assortis.Essayes-la.
Je me déshabille et l’enfile. Le tissu est doux et me comprime agréablement le ventre. Elle ajuste les jarretelles et m’enfile les bas, gris fumée. La coquine. Elle connaît bien mes goûts en matière de lingerie. Avec cet accoutrement, l’effet sur mes jambes est saisissant. Elle est presque jalouse…Elle sort alors de ses sacs une paire de chaussures. Elles sont noires, avec une fine lanière qui passe sur mes chevilles. Les talons font environ 6 cm. Je vais devoir m’entraîner un peu avant de pouvoir marcher sans me tordre les pieds.
-Tu sais, pour les chaussures, cela a été plus dur. J’ai du aller du coté de Pigalle pour trouver mon bonheur. C’est fou ce que l’on trouve dans ce quartier là, ajoute t-elle avec un sourire malicieux. Tu verras ce soir, enfin si tu le mérites…
Je suis au milieu de la pièce, une légère érection commence à m’envahir. Elle veut la cacher avec le string, la ficelle me rentre entre les fesses, c’est très agréable, mais le résultat est déplorable. Mon érection grandit et passe par dessus la culotte.
– Ça, ce n’est pas très féminin… Va te soulager aux toilettes et revient quand tu seras calmé !
Je m’exécute et me branle furieusement. Le plaisir m’envahit rapidement et je me déverse dans le lavabo. Explosion de couleurs…Sensation de plénitude puis d’abandon total…Blanc dans ma tête qui succède… Je reste prostrés quelques instants, puis me rince le sexe sous l’eau froide… Je nettoie les reliefs de ma jouissance. Cela va mieux, mon sexe maintenant flasque et atone reprend sa place sagement dans la culotte… Je retourne dans le salon.
– Cela va mieux ? … Fais voir ?
Elle recule de deux pas.
– Pas mal… Pour les seins ?
Je me dandine jusqu’à la chambre et je sors ma trouvaille de l’après midi : j’ai rempli deux mi-bas avec une centaine de grammes de riz, j’ai fais un nœud, puis coupé le surplus de tissus. Je les fourre dans le balconnet et les ajuste.
– Tu vois, le nœud suggère les tétons et le riz donne du corps et du volume à ma » poitrine « .
Valérie me passe alors la robe. Elle est noire, peu décolletée, s’ouvre en corolle sur mes jambes et s’arrête à mi-cuisse.
– Il faudra faire attention si tu danses à rester digne et à ne pas trop monter tes bas, dit-elle.
– Parce que je devrais danser ? Avec ces chaussures ?
– Et oui ! Tu ne t ‘ai jamais demandé comment c’est d’être sexy et de ne rien monter ?
Non, je ne m’étais jamais posé la question et maintenant, c’est mon problème !
– Allez, marche un peu, comme si tu mettais tes pieds l’un devant l’autre sur une corde invisible…Cela te fera rouler les fesses. C’est très facile, tu verras. Pendant ce temps, je vais me changer dans la salle de bain.
Quand elle ressort, elle est maquillée, et porte un tailleur gris sur des bas identiques aux miens. En dessous, je sais que nous avons les mêmes et cela m’émoustille.
-Viens avec moi, que je m’occupe de ton visage, on en a pour un moment.
Je la suis au salon, maintenant presque à l’aise sur mes » échasses « . Elle me fait asseoir et pose devant moi tout un attirail de brosses, de crèmes, un nécessaire de maquillage, du rouge à lèvres…
Elle m’enduit le visage d’une couche fond de teint afin de gommer tout ce qui rappellerait un visage masculin, puis le colore d’un peu de rose. Le galbe des sourcils est fini au crayon noir et me pose des faux cils. Un peu de bleu pour rehausser celui de mes yeux, et elle ne peut s’empêcher de se féliciter de son travail.
-Ta mère ne te reconnaîtrait pas, me lance t-elle fièrement.
La séance de maquillage se termine par le rouge à lèvre. Il faudra que tu en remettes en cours de soirée, m’explique Valérie et me montre comment faire. Ca n’a pas l’air bien sorcier, et je pense que je m’en sortirai aisément… On verra bien ! Ensuite viens le tour de la perruque. Elle en sort une de son dernier sac.
– Ça m’a coûté un peu, mais l’illusion sera parfaite dit-elle. Elle est de la même couleur que mes sourcils, courte, coupée au carré. Je ne serai pas gêné par une chevelure que je ne saurai pas dompter.
Après l’avoir posée, elle clipse des boucles à mes oreilles et me met un collier en or autours du cou et finit avec trois bracelets en or.
– Pour les mains, je n’ai pas eu d’idée…On va masquer en attirant l’attention sur tes ongles.
Valérie prend alors des faux ongles qu’elle a achetés et me les colle sur les doigts. Elle les peint ensuite en rouge. Le temps du séchage, elle m’asperge d’Opium, parce » qu’une fille, ça doit sentir bon » !
Nous sommes enfin prêtes et tandis que j’enfile une veste en cuir, elle me tend un foulard pour masquer ma pomme d’Adam.
-Allons s-y, et n’oublie pas, tu t’appelles Birgit, tu ne parles ni français, ni anglais,
Nous sortons. J’ai quand même une légère appréhension mais la présence de ma femme à mes cotés me rassure.
La sensation est extraordinaire. La fraîcheur de la nuit s’insinue sous ma robe, et le frôlement de mes jambes gainées ravive mon érection. Le claquement de nos talons ponctue notre progression dans la rue vide à cette heure là. Nous arrivons trop rapidement à la voiture et je grimpe sur le siége passager. Je me sens un peu plus détendu et mon excitation disparaît alors que je me concentre sur la conduite un peu sport de mon épouse.
– Fais attention, on voit tes jarretelles !
Je me rajuste, en me promettant d’être plus attentif à l’avenir. Le trajet est de courte durée. Nous arrivons rapidement à destination. Nous entrons dans un restaurant où vont se faire les présentations.
– N’ai pas peur, me souffle t-elle. Tu es parfaite. Personne ne détectera la supercherie.
Ses trois amies sont déjà là.
– Salut. Je vous présente Birgit. C’est une correspondante hollandaise que j’ai retrouvée par hasard… Je n’allais pas la laisser à mon mari…
– Tu as bien fait, dit la plus proche. Moi c’est Sophie…
– Je balbutie à chacune quelques mots, en prenant mon temps ce qui me laisse loisir pour adopter une voix aiguë.
Le premier contact se passe plutôt bien. Valérie me présente ses copines et nous nous attablons. Aucune ne semble déceler la supercherie et leur conversation va bon train. De temps en temps, je dis quelques mots, pour monter que je participe, mais mon statut d’étrangère me protège d’interrogations trop poussées. Je peux me consacrer à mimer ces femmes, leurs expressions et leur façon de se tenir à table. Ce n’est pas facile ! N’importe qui peut enfiler des bas et une jupe, mais c’est une autre affaire de se comporter comme une femme ! De penser féminin, de parler de choses de femmes…Cette soirée m’aura beaucoup appris sur ma femme, sur son comportement et sa façon de penser.
Elles ont démarrées d’abord sur leurs derniers achats, puis les propos ont glissés vers leurs maris…Elles sont toutes plus ou moins mariées mais manifestement très amoureuses. Celles qui ont des enfants nous expliquent leurs difficultés de mener de front vie professionnelle et vie privée, des nourrices en particulier…Finalement, des propos plus intéressant que les derniers résultats de foot !
A la fin du repas, je m’éclipse dans les toilettes (pour dames s’il vous plait !) et je vérifie ma tenue. A priori, tout est OK. Un léger raccord de rouge à lèvres que j’avais emporté dans mon sac à main et je les rejoins.
– Maintenant, en boite ! Lance Hélène. Tu nous accompagnes, Birgit ?
J’acquiesce et nous voilà parties.
Là, c’est encore plus facile. L’obscurité, le vacarme n’aident pas à tenir une conversation. Je me permets même d’aller danser, pas longtemps car je sens que mon manque d’habitude des escarpins risque de me trahir. L’anonymat de la foule est une parfaite couverture. Pas question non plus de me laisser draguer, je ne suis pas une fille facile ! Ni une » fille « , d’ailleurs !!!Et puis ma femme me surveille du coin de l’œil, mine de rien !
A la fin de la soirée, ma femme et moi reprenons le chemin du retour. J’admire encore une fois les reflets des réverbères sur mes jambes… Je m’écroule sur le canapé. La tension nerveuse m’a littéralement éreinté.
Mais ma femme ne l’entend pas de cette oreille. Elle me rejoint au bout de quelques minutes. Une bosse déforme la jupe de son tailleur, incongruité que l’on s’attendrait plutôt à voir chez Rocco Siffredi…
-Tu as été génial, mon chéri ! Il ne me reste plus qu’à parfaire ton éducation et faire de toi une » vrai » femme… Je t’avais dit qu’on trouvait des super trucs à Pigalle… Tu ne vas pas être déçu…
FIN
Vox Aranéa