Marjorie rue Sylvabelle par Georges_K

Marjorie
Rue Sylvabelle
par Georges_K

C’est une responsable du marketing au centre de commerce international. Me recevant, elle m’a tendu un bol de cacahuètes, que j’ai refusé. Marjorie a parlé sur un ton interrogatif de régime. J’ai raconté que j’avais perdu quinze kilos, depuis mon divorce : et alors je faisais gaffe à pas les reprendre.

– « Eh ben moi, avec mon divorce j’ai pris dix kilos » a déclaré Marjorie, et comme ça j’ai su qu’elle était libre.

Ensuite je l’ai invité à dîner. Bien sûr elle pouvait ne pas être libre, avoir un amant, et de fait, elle en avait un. Comme je l’ai su ensuite. Et pas n’importe qui. On a bouffé des crêpes rue Sylvabelle, et puis on est allé chez elle, à quelques mètres de là. Marjorie est une fille charmante, une grande belle femme de quarante-cinq ans. Comment est-ce que j’ai su son âge ? Elle me l’a dit facilement. Sensuelle, avenante, mais quelle est la part professionnelle là-dedans ? C’est ce que je me demandais. Toujours est-il qu’elle m’a entraîné chez elle, et ça, ça n’était pas professionnel, mais personnel. Son appartement, c’est quelque chose de spécial. Un pauvre gars comme moi dirait : où sont les rollers, pour naviguer ? Trois cent mètres carrés ? Ou un vélo ? Très beau piano. Bien sûr, durant le dîner de crêpes, je lui avais parlé musique.

Elle m’a demandé une mazurka, au minimum. J’allais pas lui jouer une ballade. J’ai joué « Doctor gradus ad parnassum », la première pièce de « Children Corner » de Debussy.

J’ai toujours trouvé ça orgasmique. Elle s’est assise à côté de moi, l’œil humide, et m’a pris le bras. Je l’ai embrassée (que faire d’autre ?). Un patin appuyé.

Elle m’a entraîné dans une pièce genre salle de sport. Remise en forme. Au mur, une échelle de bois mais large, un mètre. Et là, presque haletante, elle m’explique les liens, le bâillon, le fouet, etc. Enfin, pas un fouet, un martinet. Je suis décontenancé, la tête vide, donc je suis. On se déshabille. Non, je la déshabille. Elle est vraiment bandante, avec ses fesses toutes blanches. Bien fichue, un peu grasse, de vrais seins. Elle m’explique que je suis le maître et que je peux tout, mais que je dois tout. C’est du Hegel. Je lui dis que je crains de ne pas savoir fouetter, que ce soit trop fort et que cela la blesse. Elle m’explique que le risque est au contraire, que je ne frappe pas assez. Elle me propose d’ôter mon pantalon, et elle me frappe avec le martinet, de toutes ses forces. Bon, ça donne une idée. Comment dire ? Ca fouette, voilà. Elle m’explique que ça marque peu parce que les lanières sont conçues pour ne pas marquer, le lendemain c’est rouge et puis c’est tout. Elle me dit que je n’ai qu’à arrêter quand je serai fatigué de frapper. Que je fais ce que je veux, qu’elle est ma chose. Je retiens une légère envie de rigoler. Quelle drôle de manière de dire, alors que tout ce qui compte c’est qu’elle est au contraire une personne.

Ah, et puis elle va chercher un genre de boite de cigares, mais dedans ce sont des préservatifs. C’est très bizarre de l’attacher et surtout de la bâillonner. Je lui attache les mains assez haut. Face contre le mur, bien entendu. Je la bâillonne et je lui mets un bandeau sur les yeux.

Maintenant c’est une personne muette, et puis aveugle. Et alors, je l’attache autrement, parce que c’est une chose, et qu’il faut qu’elle soit disposée comme ça me plait. Elle est grande, je fais en sorte que ses fesses saillent, ce qui lui fait perdre des centimètres parce qu’il faut que je sois à la hauteur, et moi je ne suis pas grand. Je lui attache le buste et aussi les pieds. Elle est là, attachée serrée, toute nue, je l’entends respirer assez fort, je prends conscience de la pièce, du volume de cette pièce. Il fait chaud, on est au mois de janvier, le chauffage est à fond. Normal pour des plaisirs infernaux. Je me demande si on est seuls ?

On est tous seuls. Je me balade, je vérifie qu’on est seuls et que la porte est verrouillée. Je retire ma chemise. Mon sang vibre. En slip, je ne ressemble pas à Spartakus : pas assez bronzé. Marjorie s’agite, elle doit s’impatienter. Moi je suis un type plutôt genre câlin, mais là, je suis entré dans le rôle : pas de bisous, je commence sèchement, une claque sur une fesse.

C’est ridicule. Je baisse le nez, j’ai envie de pleurer, je souffle un maximum et je me mets à la fouetter, exactement comme j’ai sauté du plongeoir de cinq mètres, quand j’avais douze ans, sans réfléchir, en profitant d’une absence de décision. C’est le premier coup qui coûte, le premier claquement qui compte.

Je la fouette sur les fesses, sur le dos, un peu sur les épaules, et puis sur les cuisses. Au bout d’un temps, je suis en nage, et très excité. Je me maîtrise, je pose le fouet, je défais le lien d’un genou et je le rattache plus haut. Je fouette de bas en haut, pour viser le sexe, les lèvres. Elle gémit. Je fais ce qu’il faut. Quand je n’en peux plus, je la pénètre par le cul. Je suis raide comme du fer, elle jouit tout de suite, je sens le spasme. Je prends mon temps, je prends un plaisir très vif.

Je la détache, je retire les bandeaux, cessez de rire, charmante Elvire ! Je me sens à moitié un monstre, à moitié un arlequin. Je me fiche de ce que tu penses.

Elle est contente, le visage rouge, plein de sueur et de larmes, quelle guerre ! Je suis très fier.

Je n’avais jamais fait ça. Elle m’emmène dans une somptueuse salle de bains et me savonne de partout. Elle me demande si j’ai aimé. Je lui dis que je n’avais jamais fait ça, oui, j’ai adoré. Je ne lui dis pas que j’aime aussi des trucs plus conventionnels, comme l’amour à la papa. Elle me parle d’elle. C’est la maîtresse d’un député, il ne vient pas souvent la voir. Elle est la fille d’un notable, etc. Je ne suis pas très intéressé. Je retourne au piano. Il est presque minuit, mais les murs sont épais me dit-elle. Je joue des Kinderscenen de Schumann, nu. Il y a des partitions dans un meuble, sa mère jouait (elle est morte). Je joue du Chopin, l’étude en mi de l’opus 10 et le premier nocturne de l’opus 37. On boit un thé … de l’Himalaya.

Au bout d’une heure, je la pénètre normalement, elle est très douce, mais je crois que ça ne lui fait rien. Je parle de rentrer chez moi, elle dit qu’on va se revoir. Sans doute, je le crois aussi. Je prends un taxi.

Marjolai-ne, toi si jolie, Marjolaine le printemps fleurit …
Ah, Marjorie…
Et puis ?
C’est tout. Les rendez-vous suivants, je les ai reportés. Il y avait toujours quelque chose.

Georges K.

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Une réponse à Marjorie rue Sylvabelle par Georges_K

  1. Thomas dit :

    C’est un récit érotique ça ?

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