Eléonore 2 – Pure par Kebur

Eléonore
Chapitre deuxième : Pure
par Kebur

Lieu : arrondissement de Passy – appartement d’Eléonore
Date & Heure: 23h30, jeudi 27 octobre 2016
Temps : orageux, 6-7°C

-Enfin !

Aux alentours de 22h15, il fut annoncé à la radio que le poids-lourd avait enfin été dégagé de la voie, et après maintes plates excuses concernant la gêne occasionnée, qu’il ne restait plus qu’à nettoyer intégralement le bitume pour éviter une chaussée trop glissante. Dans un élan d’espoir, le présentateur ajouta que cette dernière opération ne saurait être longue … elle dura tout de même facilement trois-quarts d’heure. Ce n’est donc que vers 23 h que la colle de taule fut enfin diluée et que la circulation reprit, doucement d’abord, puis de plus en plus fluide, jusqu’à devenir complètement liquide, aussi peu visqueuse que de l’eau.

Vingt minutes plus tard Eléonore se trouvait dans le parking souterrain de l’immeuble où se trouvait son appartement, et pliée en deux, à moitié dans le parking et à moitié dans la Mini, elle écopait avec la bouteille vide le maximum d’urine, pour éviter de tâcher à vie le cuir du siège – peine perdue après plus de deux heures d’imprégnation. Puis elle se retrouva dans son entrée, en train de remettre mécaniquement les clefs dans le vide-poche sur la console, avant de se diriger vers le dressing pour y ranger sa veste, son sac et ses escarpins. Elle était épuisée, n’avait pas le moins du monde envie de passer aux toilettes, ni d’aller travailler le lendemain d’ailleurs. C’était le 28, elle avait plein de réunions plus ou moins importantes, des brevets plus ou moins gros à classer … elle n’irait pas, elle se ferait porter pâle. Et c’est dans cette optique de week-end prolongé qu’elle se jeta sur le lit toute habillée avant de se lover dans les coussins et de s’endormir, quasi-immédiatement.

Dans une ruelle sombre, au beau milieu d’une ville inconnue, elle courait nue, tâchant d’échapper à un poursuivant inexistant. D’une manière presque grotesque, son bas-ventre était enflé à l’extrême, et à chacun de ses pas, le bruit d’un ballon de baudruche qu’on secouait résonnait contre les hautes parois de la sinueuse mal éclairée. Elle n’avait pas froid malgré sa tenue de Vénus, mais elle ne se sentait pas très bien, la tête un peu douloureuse, la vision floue sur les bords. A ses oreilles ne parvenaient plus que des bruits étouffés, son pas de course devenait plus lourd, plus gauche, et la fin de la ruelle n’arrivait pas. Et soudain, au loin, un vif point lumineux apparut, d’une puissance telle qu’il ne pouvait que brûler les rétines si l’on en était trop prêt. Mais encore loin, si loin … Et ce bruit idiot de ballon de baudruche, sans cesse … Et plus elle avançait, plus la partie basse de son abdomen si fin d’ordinaire se gonflait, se gonflait, sans rompre pourtant. Puis elle le sentit. Ce fut d’abord comme un glaçon qui courait le long de son épine dorsale, puis comme une plume avec laquelle on lui caresserait la plante des pieds et enfin ce fut comme une orgasme, beau et puissant, un de ceux qui rend les jambes flageolantes et grâce auxquels l’âme s’élève, loin, loin … C’était mouillé, c’était chaud, c’était agréable. En réalité elle avait froid, même si elle avait avant relégué cette sensation à l’arrière plan, mais cette douce chaleur liquide qui se propageait le long de ses jambes la faisait frissonner de plaisir et de bien-être. Quand Eléonore baissa de nouveau la tête, elle vit son bas-ventre dégonflé, et une mare d’or en fusion dans laquelle baignaient ses pieds. Si chaud, si doux, si bon … Et puis un oiseau apparut soudain, un oiseau étrange, cubique, jaune citron et bleu glacier, qui faisait

-Bip ! Bibibip ! Bibibip ! Bibibip ! Bib …

Il ne fallut qu’un coup de poignet pour envoyer le malotru valser contre le mur de la chambre et le faire taire. Elle était chez elle, dans son lit, il était 6h30, et elle avait terriblement envie d’aller aux toilettes. C’est d’un pas endormi, peu précis qu’elle gagna la salle de bain jouxtant sa chambre, souleva le couvercle des toilettes, baissa son léger bas de pyjama et s’assit pour se soulager à grands jets. C’était tellement bon, ce bruit de source mutin qui émanait de sa douce vulve, puis la sensation de devenir plus légère, au fur et à mesure que la sensation de soulagement envahissait le corps tout entier et … ! Seulement elle n’était pas en pyjama, et le temps qu’Eléonore ne se rende compte qu’elle n’avait baissé que son pantalon et ses bas, sa belle petite culotte de soie était déjà trempée, collante et chaude et … agréable. Subitement, elle avait bien sûr arrêté le flot, mais cette sensation agréable qu’elle ressentait la fit s’abandonner de nouveau pour ne profiter que de cette chaleur liquide qui envahissait sa vulve avant de former un fin filet direction l’eau des toilettes. Les brumes du sommeil envahissaient encore son esprit, mais elle se souvenait aussi de la veille, dans la voiture, où elle avait ressenti un tel plaisir, où l’orgasme avait été si fort avec sa vessie pleine à craquer … et elle se souvînt aussi qu’elle voulait se faire porter pâle. Un coup de pied, deux, et pantalon et bas auréolés sur l’assise valsèrent dans un coin de la salle de bain. Deux trois trémoussements sensuels, et les dernières gouttes tombées dans la cuvette, la belle Eléonore retourna se coucher avec une démarche exquisément féline.

De nouveau il ne fallut que peu de temps à la jeune femme pour replonger dans un lourd sommeil réparateur, et n’être plus accaparée par aucune sensation sinon celles que son rêve lui procurait. Il n’y avait plus de hauts buildings, plus de bitume ni de sombre ruelle. Le ciel n’était qu’ocre et argent, un ciel onirique sans trace du moindre nuage, de la moindre fumerolle. Eléonore était court vêtue, de fines sandales qui semblaient du même argent liquide que le ciel et d’un lambeau de soie brodée qui recouvrait pudiquement ses parties les plus intimes. Étrangement, le sol n’était pas visible, camouflé sous une brume miroitante sur laquelle la belle marchait. Car elle marchait, mécaniquement, sans même s’en rendre compte, vers une destination inconnue dont le sol devait sans doute être aussi recouvert de cette douce brume pailletée de reflets du ciel qui s’étendait à perte de vue. Puis subitement apparurent dans ses mains deux petites bouteilles d’eau qui, étrangement, ne détonnaient par le moins du monde avec ce paysage céleste. Et comme Eléonore sentit instantanément une soif inextinguible l’envahir, elle but ; elle but d’un trait ce litre d’eau, avant de voir les bouteilles se remplir d’elle même. Et elle but, elle but beaucoup … des litres et des litres peut-être de cette eau qui se trouvait à une température parfaite : ni trop tiède, ni trop froide.

Pour boire, l’ondine s’était arrêtée, et peut-être cela dura-t-il une heure, deux, un mois, mais un moment, elle se remit en marche, lorsqu’enfin les bouteilles eurent disparu. Elle était pleine, pleine de cette eau douce qu’elle sentait se déplacer en elle alors qu’elle marchait. Elle était d’eau, l’eau était elle. Et elle sentait cette masse liquide, ce volume impressionnant, migrer doucement depuis son estomac jusque dans sa vessie, qui ne cessait d’enfler tandis que son estomac, lui, dégonflait. Et toujours aucune aiguille ne venait la titiller, lui signaler qu’elle n’était pas une outre et qu’il fallait qu’elle lâche le liquide en elle. Rien. Au contraire, elle était bien, si bien, que sa belle et douce vulve en pleurait de plaisir. D’une liqueur tout autre que l’eau s’emplit bientôt sa grotte rosée, et commença à couler -chaleur divine !- le long de ses cuisses. Une force irrésistible l’empêchait de s’arrêter et de soulager, non pas sa vessie, mais son clitoris, ses seins blancs érigés éhontément vers le ciel, et sa vulve à peau de pêche. Elle ne pouvait pas descendre sa main vers son bas-ventre, ni non plus toucher ses seins – rien ne lui était permis pour se soulager. Et à chacun de ses pas elle sentait sa vessie s’alourdir considérablement, exquisément. Et elle pleurait, pleurait cette liqueur sucrée et chaude dont l’intérieur de ses cuisses et sa vulve en feu étaient recouverts. Alors elle l’entendit. De sa droite s’élevait un murmure, un essoufflement, des gémissements. Lorsqu’enfin il lui fut permis de s’arrêter pour regarder, elle vit un miroir. Un miroir immense qui camouflait l’horizon pour rendre celui auquel elle tournait le dos. Et Eléonore était là, dedans ce miroir, une fée cabotine dans un corps de diane, en tenue de vénus, allongée sur le sol. Sa peau était dorée à souhait, et semblait si douce … Les yeux clos, la respiration rapide, ce reflet aux joues rosies était échevelé – joliment.

Un rapide coup d’œil sur le bas-ventre de la succube assura Eléonore qu’à son instar, sa vessie était pleine, atrocement et splendidement pleine. De sa main gauche, elle pétrissait sauvagement ses seins, les maltraitait, les faisait dépasser leurs limites et pointer toujours plus haut vers le ciel ambré, proche de l’éclatement. Sa main droite quant à elle était douce, aérienne et virevoltait autour et sur la vulve du reflet. Ses cuisses étaient elles aussi brillantes de sa liqueur sucrée, et son sexe gonflé de plaisir à l’extrême. Eléonore regardait, dévorait avidement pour ne laisser aucune miette ce spectacle, ce canon de beauté à la peau couleur de pêche qui n’était autre qu’elle même se livrer à la plus intime et salvatrice des activités. Mais à regarder sans cesse, la belle ne tarda pas à sentir ces caresses et ces électrochocs de plaisirs que se communiquait la démone ; elle ne tarda pas à être ce reflet, à réintégrer sa moitié cabotine. Ses mains furent libérées de leurs entraves, son corps digne d’Aphrodite aussi et elle s’effondra sur le sol, une main pétrissant et soulageant enfin ses beaux globes laiteux, tandis que l’autre faisait son office plus bas, dans la plus grande intimité d’Eléonore où elle prodiguait merveilleuses caresses et divines touches. La soie protectrice et les sandales ne tardèrent pas à disparaître dans la brume fraîche, et la nymphe à se retrouver nue, échevelée, soumise comme jamais à ce plaisir extraordinaire qui ne cessait de croître, croître, au delà de toute limite connue du vivant. Et un souvenir lui vînt : elle était dans sa voiture, bataillant désespérément pour retenir ses eaux ; elle se souvenait s’être masturbée et avoir succombé à un plaisir, à un orgasme d’une intensité rare. Et ce fut le déclencheur de toutes choses.

D’allongée sur la brume elle se retrouva cambrée complètement, avec uniquement les pieds et l’arrière de la tête reposant dans l’agréable humidité. Puis vinrent les spasmes, des spasmes de plaisir pur, de petites tornades orgasmiques à eux seuls qui la traversaient de part en part, de plus en plus vite, toujours plus forts. Et quand l’un déclencha de violentes contractions dans son bas-ventre, son or liquide fut expulsé à grands jets puissants – de ceux que seules les gens qui poussent leurs muscles abdominaux au maximum peuvent produire – et elle s’évanouit submergée par le plaisir. Pour une seconde. Quand elle reprit conscience d’elle même, elle déversait toujours à grands jets ses eaux, et l’orgasme qui la terrassait était d’une telle violence -procurait un tel plaisir- que le cri qui l’accompagna fut magnifique, capable à lui seul de faire jouir les étalons d’une nation entière. Le silence fut brisé …

Eléonore était dans son lit, brûlante, haletante, trempée de sueur et de cyprine. L’orgasme, elle l’avait réellement vécu, le cri poussé. Le cocon dans lequel elle se trouvait n’avait rien à voir avec celui que procure le réveil. Elle était transportée sur un fleuve de coton et de miel doré, seule, profitant le plus possible du courant et des picotements agréables qu’il fournissait, elle était aux anges. La tête encore brumeuse, son lit ressemblait à un champ de bataille miniature d’un mètre quatre-vingt sur deux : le dessus de lit avait volé de l’autre côté de la chambre, contre le mur, tandis que les draps et couverture étaient roulés en boules à divers endroits du lit, accompagnés par le traversin et les oreillers qui ne possédaient plus rien de leur forme initiale. Et au milieu de ce désastre de chambre, trônait une ondine au corps de diane, le souffle court, les yeux brillants de mille feux, les cheveux artistiquement en bataille, la culotte de soie souillée déchirée, les cuisses luisantes de sa cyprine sucrée. Elle était l’allégorie parfaite d’une déesse antique, une déesse de la guerre et de l’amour, vierge effarouchée trônant sur son lieu de prédilection. Après avoir récupéré ce qu’il fallait, la belle Eléonore se dirigea vers la salle-de-bains. Il était 9h15.

Ce contenu a été publié dans Histoires, Récits, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *