Destinée en virage 1 – Le hasard par Betwo21

 

Destinée en virage
1 – Le hasard

par Betwo21

Ce mardi après-midi j’étais allé en ville faire quelques courses, notamment dans un grand magasin où je devais récupérer du matériel informatique mais j’avais fait chou blanc : contrairement à ce que l’on m’avait dit mon portable n’était pas prêt. Ma voiture était garée assez loin et, comme il faisait très chaud, le temps passé dans la galerie commerciale m’avait donné soif. En temps normal je serais rentré chez moi au plus vite mais je ne voulais pas m’être déplacé pour rien et j’envisageais de passer au retour dans un magasin de bricolage pour acheter quelques produits dont j’aurais besoin dans les jours qui viendraient. Voilà pourquoi je décidai d’entrer dans le bar qui serait assez proche de ma voiture pour me désaltérer.

A environ cinq cents mètres de mon lieu de stationnement, en empruntant une rue dont je n’avais pas l’habitude, je vis une enseigne indiquant qu’il y avait de quoi se désoiffer. J’entrais donc dans ce bar et quoiqu’ un peu surpris par la lumière tamisée et une sorte de softness qui se dégageait du décor je m’assis à une table, le dos tourné à l’entrée. Le bistrot était tout en longueur avec un bar à l’ancienne contre lequel cinq ou six clients étaient appuyés, assis sur des tabourets hauts. Immédiatement le barman vint me demander ce que je voulais, je lui commandais une eau pétillante en 33 cl et quand il retourna vers son bar je remarquai qu’il était vêtu de manière spéciale : un débardeur moulant pour le haut laissant voir une partie du dos au-dessus d’un short en jean, frangé et, cela me frappa, les jambes gainées par un collant couleur chair. Mes yeux habitués à la lumière atténuée, je regardais les clients accoudés au bar et vit deux groupes : au plus loin un homme seul qui semblait plongé dans une rêverie et plus près ce que je pris de suite pour un couple homo, l’un des deux hommes tenant l’autre par un peu plus bas que la taille, et à côté deux autres hommes qui discutaient avec le couple. Il n’y avait que moi à être assis à une table. Peu importait, le hasard m’avait fait entrer dans un bar gay, j’avais soif et allait l’étancher.

Je reportais, tout en buvant, mon regard sur l’homme seul et je me dis de suite qu’il était beau – c’était bien la première fois qu’une telle remarque me venait à l’esprit à propos d’un homme – de visage, fin et typé italien du nord, de corps, sa chemisette laissait voir une musculature de bon aloi – pas body building – et son pantalon noir des jambes assez musclées. Comme je le détaillais, il était de profil et je me pensais non voyeur, il tourna la tête et son regard – yeux gris bleus – croisa le mien et s’y attacha. En reprenant mon verre j’essayais de m’en détacher mais je sentais ce regard me pénétrer intensément et quand je relevais la tête je repris immédiatement ses yeux qui me fixaient mais avec un mélange de force et de douceur et je ne pus m’empêcher de lui sourire légèrement avant de ressaisir mon verre pour en finir avec cette pause désaltérante.

Je venais juste de le reposer quand je sentis sa présence à côté de moi, debout contre ma table, je le regardai et son sourire se transforma en paroles douces mais fermes :

– « tu viens danser… ».

Il ne semblait pas y avoir la place à un refus et de manière très étrange je le laissai me prendre la main, me levai et le suivis : il y avait au fond du bar, invisible de l’entrée, une pièce qu’un rideau fermait et c’est là que vingt secondes plus tard je me retrouvai, au son d’un slow langoureux et susurré, entre ses bras, comme une femme au bal ; je n’avais pas d’autre solution – sauf à fuir – que de l’enlacer aussi, les bras autour de son cou, tant il me pressait contre lui, une main sur mon omoplate gauche et l’autre sur mes reins. Tout s’était passé très vite et je n’avais fait qu’obéir à un ordre à peine formulé et que jamais je n’aurais jusqu’alors imaginé qu’il me serait présenté et encore moins que j’y aurais répondu positivement.

Il dirigeait la danse, très bien au demeurant, et j’étais « sa cavalière » un peu ébahi par cette situation en même temps que subjugué par cet homme qui était toujours beau dans ma tête. Il n’y avait plus rien de plus étrange qui puisse m’arriver, les choses devaient suivre leurs cours, aussi quand il tourna sa tête vers la mienne et que ses lèvres vinrent chercher les miennes je fondis : sa langue n’eut pas besoin de forcer ma bouche, en quelques secondes nous fûmes soudés dans un « french-kiss » qui me laissa pantois et amolli entre ses bras. Je venais, sans y avoir réfléchi, sans m’y opposer de quelque manière d’entrer dans un nouveau jeu : il était un bel homme qui m’avait séduit et je suivais toutes ses demandes y compris quand ses mains commencèrent à me caresser, me palper le dos et même le fessier. Puis une de ses mains s’introduisit entre les boutons de ma chemise et me caressa les seins dont les tétons étaient fortement érigés et ultra sensibles à ses caresses, alors que mon sexe ne réagissait pas, au contraire du sien dont l’érection m’était bien perceptible tant nous étions étroitement enlacés. Que pouvait être la suite, car danser sur cette musique n’était pas, à l’évidence, une fin en soi.

Nos lèvres se détachèrent, il me dit s’appeler Andréas, je lui dis que j’étais Ilia (héritage culturel étrange), et il me proposa que l’on s’installât dans une des alcôves – que je n’avais pas remarquées – qui entouraient la piste de danse, fermées elles aussi par des lourdes tentures. Je n’ai pas osé dire non et c’est là que l’aventure a vraiment commencé.

– « Je vais chercher nos consos, me dit-il, installe-toi ».

Et, en effet, je m’installai sur un canapé ample et large presque comme un lit qui entourait une petite table basse : à l’évidence c’était un lieu autre que de discussions. Andréas revint vite et après avoir posé nos verres sur la table m’enlaça de nouveau et de nouveau je ne pus résister à l’attrait de son baiser et de ses bras qui me serraient si fort. Bizarrement je ne me sentais pas en situation sexuelle et n’avait pas d’érection, simplement j’étais dans ses bras, savourant ses lèvres, sa langue qui cherchait la mienne et je me mis à jouer aussi avec force au baiser voluptueux : je découvrais quelque chose sans en être vraiment surpris, comme happé par la situation. Andréas ne tarda pas à diriger ma main gauche vers son entrejambe où je sentis sous le pantalon un sexe de bonne taille et, contrairement au mien, fortement érigé, l’effet ne fut que de redoubler d’ardeur dans le baiser et de commencer à me sentir étrangement envoûté par cet homme qui avait osé me « draguer ».

Vite il défit le bouton de son pantalon et ouvrit sa braguette : il ne portait pas de sous-vêtement et ma main fut de suite au contact d’un pénis à la fois doux et dur que je me mis à caresser, sentant la double impression d’un gland d’une douceur de soie et d’une tige douce comme une peau de femme. Je n’avais encore jamais remarqué, chez moi, combien le gland se distinguait du reste mais je mesurai aussi combien nous étions différents : mon sexe paraissait tout petit à côté de cette verge d’une forte masculinité. Mes caresses de mieux en mieux formulées ne semblèrent pas suffire à Andréas car il me demanda, en interrompant notre baiser, si je voulais bien prendre son sexe en bouche. Je ne réfléchis même pas, les faits s’enchaînaient d’eux-mêmes, et je me pliai pour pouvoir remplacer ma main par mes lèvres sur son gland dont la texture me fit frissonner d’envie comme d’un met que l’on aime et que l’on n’a pas eu depuis longtemps, ma langue s’amusa de jouer avec ce bijou et rapidement je m’en emplis la bouche. Sensations exquises d’autant qu’un liquide goûté suintait de son méat et que ma gorge en déglutit avec plaisir. Je ne savais pas ce qu’était une fellation dans ce sens et compris tout d’un coup pourquoi ma compagne du moment y prenait apparemment du plaisir. Je changeai alors de position, me mettant à genoux entre ses jambes et je découvrais mieux les gestes des lèvres, de la langue et de toute la bouche pour faire plaisir à cet homme qui m’avait sans contrainte obligé à lui faire cet acte si particulier de l’amour. Andréas me mit les mains sur la tête non pas pour me forcer, simplement pour accompagner mes mouvements et me dit au bout de quelques minutes :

– « Je vais venir, retire-toi si tu veux… »

Je n’en ressentis pas l’envie et poursuivant mon abouchement je sentis d’un coup que son sexe se raidissait un peu plus et subitement il fut pris de spasmes accompagnés par une éjaculation puissante de plusieurs jets : j’avais la bouche envahie à la fois par son sexe et par son sperme au goût un peu étrange mais que je goûtai comme bon et que j’avalais petit à petit. Quand il eut terminé ses expulsions je continuais ma succion pour exprimer tout son sperme de sa verge et poursuivis au-delà tant j’éprouvai un plaisir intense dans cet acte tout nouveau pour moi. Andréas avait beau vouloir me relever la tête je poursuivis jusqu’à mon contentement puis enfin me détachai de sa verge et le regardais : il semblait encore plus beau et comme en extase et je ne puis m’empêcher de lui dire :

– « Andréas, c’est la première fois pour tout et surtout parce que je te trouve beau, c’est comme si j’avais eu un coup de foudre, je ne sais ce qu’il m’arrive… ».

Il m’interrompit :

– « Dès que t’ai vu j’ai compris que j’avais enfin près de moi l’homme dont je rêve depuis toujours ».

Je bus deux gorgées d’eau pétillante et nous scellâmes ces déclarations par un nouveau baiser à la fois langoureux et plein de passion pendant lequel il me prit de nouveau les seins en main et m’agaça avec douceur les bouts encore témoins de ma joie sexuelle. J’étais étrangement sûr d’être tombé amoureux malgré l’incongruité d’une telle pensée.

Tout a une fin, au moins provisoire, l’après-midi s’avançait et j’avais quelques impératifs, je lui fis savoir.

– « Tu sais, me répondit-il, l’important c’est que l’on se soit rencontrés et déjà si bien accordés mais… cela ne peut pas rester volatile, il faut que l’on se revoit et plutôt ailleurs. Que fais-tu, quel temps as-tu ? Dis-moi quand on peut se revoir ».

Je n’avais pas envisagé cela mais je trouvai vite la réponse :

– « Je suis presqu’entièrement libre puisque j’ai peu de cours mais j’ai une compagne pour l’instant, on en reparlera si tu veux, donc libre, oui un peu quand même à ma guise, disons qu’après-demain ou le jour suivant plutôt, je peux prendre tout l’après-midi jusqu’à six heures et demie, il suffit qu’on le veuille encore et que l’on trouve un lieu propice à ce que nous voulons voir arriver ».
– « D’accord, me dit Andréas, et pour communiquer comment fait-on ? ».
– « On se donne nos adresses mail ce qui est le plus facile et sûr, en tous les cas de mon côté car je suis le seul à y avoir accès : tu me dis ta proposition et dès demain soir je te réponds »

J’étais vraiment parti hors de ma pensée habituelle, donnant les clefs d’un rendez-vous à un homme que je connaissais d’à peine moins d’une heure. C’est ainsi que nous échangeâmes nos e-mails et que nous clôturions par un nouveau baiser enflammé. Je finis mon verre d’eau et avant de le quitter je ne pus m’empêcher de lui dire :

– « Andréas, je crois, et cela me fait drôle, que je t’aime… »

Je suis sorti de ce club, que j’avais pris pour un simple café, dans un état second, avec encore le goût de son sperme, la rémanence du plaisir ressenti à ses baisers et la fellation que je lui avais pratiquée et ce ne fut que dans ma voiture, au son de la radio, que je pris conscience que quelque chose d’étrange venait de se passer mais qui n’était pas inéluctable. Après avoir fait mes emplettes au magasin de bricolage je rentrai à la maison et l’accueil de Lise, ma compagne, ne manqua pas de me troubler, sans qu’elle s’en aperçût : depuis quelques temps nos baisers n’étaient que fugaces et rares. Lise avait dû supporter un changement d’horaires et rentrait très tard. Nos rapports amoureux en avaient été transformés : nous n’avions plus de coït que de temps en temps, et des fellations longues qu’elle accompagnait de patientes caresses de mes bouts de sein qu’elle avait fini par rendre très sensibles et surtout plus développés que ceux des hommes que j’avais l’occasion de voir torse nu, caresses que je lui rendais d’ailleurs naturellement mais sans plus tellement sa jouissance sexuelle semblait difficile voire pénible. En fait ces fellations qu’elles pratiquaient avec envie manifestaient son désir de me rester sexuellement attachée et quand j’étais bien disposé j’en retirai une réelle satisfaction, évidemment bien inférieure aux coïts que nous avions tant pratiqués. Notre vie amoureuse s’était ainsi dissoute assez rapidement dans un habitus de « vieux couple » avec les frustrations qui grandissaient insidieusement peu à peu. Jusqu’alors rien n’était venu troubler cet équilibre, sans doute fragile, car mes études et son travail, de fait, dominaient notre vie, complétée quand même largement par des meetings fréquents avec nos amis et collègues respectifs de travail. Nous vivions en somme une routine sereine : c’est ce que je me dis avant de m’endormir ce soir-là après avoir repassé le film de mon après-midi. Je crois que j’avais déjà décidé de prolonger mon début d’aventure avec ce bel Andréas.

J’avais vingt et un ans et lui ? Un peu plus certes mais de combien : qu’y avait-il de possible entre nous ?

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