Coups francs… par Isabelle Lorédan


C’en était trop… Cette fois, il avait dépassé toutes les limites. Jeanne n’en revenait encore pas de la goujaterie de son mari. Quinze ans qu’ils étaient mariés, et s’il n’était pas un modèle de délicatesse, il avait su rester dans certaines limites de correction. Mais là… Il avait osé lui refaire le match France-Espagne au lit ! Dopé qu’il était par la victoire, par deux fois il l’avait prise sans ménagement, hurlant comme un fou « buuuuuuuuuuttttttttttt » au moment de l’orgasme. Enfin, de son orgasme à lui, parce qu’elle avait fait ceinture, la pauvre !

C’était plus qu’elle ne pouvait en supporter. Quinze ans qu’elle supportait les matchs à la télé, les canettes vides qui traînent partout le lendemain matin, la pizza froide collée sur la table du salon, et surtout, la panoplie du parfait supporter accrochée au mur de la chambre, juste en face du lit conjugal. Sa vie de couple était devenue un cauchemar. Elle avait eu un bref espoir, lorsqu’en début de compétition, l’équipe de France avait fait match nul face à la Suisse… Ils allaient être éliminés très vite, et sa vie reprendrait un semblant de normalité ! Mais sa joie avait été de courte durée ! Marco devenait chaque jour plus enragé, au fur et à mesure que les chances de ses héros d’aller en finale s’affirmaient. Il ne parlait plus que de cela, vivait pour cela, respirait pour cela, et depuis peu, baisait aussi pour cela. Hé oui, on ne pouvait même pas appeler cela faire l’amour ! Tout au plus de la baise, primaire, brutale et sans âme.

Le constat que Jeanne faisait n’était pas mirobolant. Elle n’avait rien dit lorsqu’il lui avait annoncé qu’en guise de vacances, cette année ils partiraient un mois en Allemagne plutôt que sur la Côte. Rien dit non plus quand elle avait su qu’ils devraient se contenter du confort sommaire d’un modeste camping, parce que tout le budget « vacances » était englouti par l’achat des billets de match. Elle avait supporté encore lorsqu’il avait exigé que sa tenue fétiche soit nickel à chaque rencontre. Aucune tâche, aucun pli n’étaient tolérés ! Leurs vacances étaient pour elle l’équivalent d’un mois de goulag. Et que dire des copains avec qui il arrosait la victoire ! Ils empestaient la bière, et devisaient grossièrement tout en rotant !

Elle repensait à tout cela en faisant les courses ce matin. Marco n’avait pas pu l’accompagner, il fallait qu’il fasse l’analyse du match de la veille avec ses potes. Aussi était-elle partie seule. Elle ne le regrettait pas, au moins avait-elle un peu de tranquillité ! Une heure sans entendre parler de ballon rond, c’était pour elle une petite victoire.

Une fois son approvisionnement terminé, les courses rangées sans la voiture, Jeanne décida de visiter un peu la ville. Après tout, un peu de tourisme ne pourrait pas nuire, bien au contraire. Déambulant au hasard des rues et ruelles, elle découvrit une cité charmante, avec des maisons de caractère, et perdit rapidement toute notion du temps. Elle finit par se retrouver devant un immense bâtiment, fraîchement rénové. Jeanne feuilleta son guide de la ville, afin de chercher quel pouvait être ce lieu, et tomba rapidement une réponse à sa question. Il s’agissait d’un bordel grand luxe, ouvert spécialement pour la Coupe du Monde… Sa curiosité la poussa à lire en détail ce qu’il en était dit. « Comportant un sauna, un jacuzzi et de nombreuses chambres à thèmes, l’Artémis saura satisfaire vos moindres envies » précisait la brochure. Puis, en bas et en petits caractères, figurait une précision qui laissa Jeanne songeuse. « Mesdames, vous rêvez d’une soirée de volupté et de plaisir, nous avons pensé à vous. Nous vous proposons de réalisez vos fantasmes dans le luxe et la sécurité lors de nos soirées gratuites » et suivaient quelques dates, dont celle du jour même.

Les jambes de Jeanne tremblaient, son esprit était en ébullition. Elle sentait dans son ventre grandir une boule de feu qui la ravageait. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pris son pied ? Elle n’en avait même aucune idée, tellement ça remontait à loin ! Et ses fantasmes… Marco ne lui avait jamais demandé ce qu’ils pouvaient être… Mais savait-il seulement ce que cela pouvait signifier ? Elle en doutait ! Pour lui, l’acte charnel se résumait en quatre ou cinq allers-retours compulsifs avant l’éjaculation. Il lui déposait (dans le meilleur des cas) un baiser sur le front et se retournait pour ronfler. Quinze ans de ce traitement, quinze ans que son corps attendait que l’on s’occupe dignement de lui… C’était décidé, ce soir Jeanne viendrait ici, et advienne que pourra ! Ça ne pourrait pas être pire qu’avec Marco de toute façon.

Toute la journée, Jeanne fut fébrile, vaquant à ses tâches journalières comme si de rien n’était pour ne pas attirer l’attention de Marco. Celui-ci, comme à son habitude avait passé une partie de sa journée à « analyser » L’Equipe, et à faire des pronostiques avec ses copains. Occupation on ne peut plus passionnante, vous en conviendrez ! Tout juste s’il avait levé le nez de son journal quand elle lui avait annoncé qu’elle sortait avec une amie pour aller au cinéma. En grognant, il lui avait donné son accord…

Après une bonne douche, elle avait opté pour une tenue d’été légère, sobre, mais sexy. Une petite robe noire, courte et des sandales assorties à talons hauts. Rien ne devait laisser soupçonner ce qu’elle s’apprêtait à faire. Un maquillage discret mettait son visage fin en valeur, et elle avait relevé ses longs cheveux bruns en un chignon lâche, duquel s’échappaient quelques mèches folles.

C’était parti… Elle se gara à proximité de l’Artémis. Décidément, ces allemands avaient tout prévu ! Quelle organisation… Son cœur battait la chamade, et ses jambes tremblaient lorsqu’elle se décida à pousser la porte de l’établissement. Un réceptionniste l’accueillit chaleureusement, et l’accompagna jusqu’à un salon cossu, où d’autres jeunes femmes étaient installées. Un verre lui fut offert en guise de bienvenue, ainsi qu’une brochure détaillant tous les services offerts par la maison. Ainsi, en sous-sol se trouvaient le sauna et le hammam, et elle imaginait que ce pourrait être un bon moyen pour se détendre. La brochure indiquait également une piscine, un salon de massage, des salles de cinéma et un restaurant. Elle ne s’attendait pas à autant de choix… Pour tout dire, elle se sentait même un peu perdue !

« Mes hommages, madame »

Devant elle se tenait un homme d’une quarantaine d’années, très grands, les tempes grisonnantes.

« Je me suis permis de vous observer, et vous me semblez perdue. Me laisserez-vous vous faire l’honneur des lieux ? Oh, mais je manque à tous mes devoirs… Je ne me suis pas présenté. Pierre G. pour vous servir ! »

Jeanne ne savait plus quoi penser… Les joues empourprées, elle ne savait que répondre. Elle se faisait l’effet d’une petite fille prise en faute. Elle bredouilla quelques mots parmi lesquels son prénom.

« N’ayez pas peur, vous ne risquez rien avec moi jolie dame… Vous êtes venue ici pour passer une agréable soirée, alors laissez-moi vous y aider, dans la mesure de mes moyens. Que pensez-vous d’une visite des lieux, et ensuite vous vous déciderez ! »

Elle découvrit avec un plaisir non dissimulé tous les trésors que cachait l’endroit. Partout, des tapis épais, des banquettes moelleuses sur lesquelles des couples s’ébattaient. Des alcôves permettaient à ceux qui le désiraient de s’isoler un peu, tout en restant en partie visibles. Pierre l’avait questionnée longuement sur ses envies, ses fantasmes inavoués, et elle s’était livrée comme jamais auparavant. Elle avait confiance en lui, et lui avait raconté l’inavouable. Ses désirs de brutalité, de bestialité… Comment elle aimerait être livrée à des mâles en rut, être l’objet de leur désir. Elle qui ne connaissait avec Marco que le missionnaire dans le noir, rêvait de levrette, de sodomie, de double pénétrations… Rien que d’en parler, elle en avait mouillé sa petite culotte ! Ils étaient assis au bar et la main de Pierre posée sur sa cuisse, caressait l’étoffe légère de la robe, la faisant doucement remonter sur la chair dorée. Cette femme le rendait fou par sa fragilité. Elle avait quelque chose d’enfantin qui l’émouvait.

« Et si je vous proposais maintenant, de réaliser vos fantasmes, Jeanne ? Me feriez-vous confiance ? » Lui demanda-t-il.

Après une brève seconde d’hésitation, elle murmura un oui timide, en baissant les yeux.

« Bien, suivez-moi alors, n’ayez pas peur… Je ne veux que votre plaisir ! »

La prenant par la main, il l’emmena dans un dédale de couloirs capitonnés. Des gémissements se faisaient entendre, étouffés, mais au combien excitant pour la jeune femme.

Ils arrivèrent dans une grande chambre tendue de velours pourpre. En son centre, un lit immense, pourpre lui aussi. Pierre prit un bandeau dans sa poche, et lui banda les yeux, tout en lui parlant. Il lui dit combien elle était belle et désirable, comment elle allait prendre du plaisir, plus qu’elle ne l’imaginerait jamais. Doucement, il fit tomber les bretelles de la fine robe, et elle apparut dans toute sa splendeur, le corps doré par le soleil, juste vêtue de son string blanc. Il fit courir son majeur sur l’étoffe humide, longeant les lèvres.

«Garde tes sandales… N’aies pas peur, suis-moi » lui dit-il en lui prenant la main.

Il la guida jusqu’au lit, et l’y installa.

« Détends toi, fais le vide dans ta tête. Tu vas avoir une soirée de reine ma belle… Je vais commencer par te masser le dos… Comme ça… Tu aimes ? »

Doucement, Jeanne se laissa aller, et s’abandonna aux mains douces et expertes de Pierre. Elles pétrissaient son dos, ses cuisses et lui procuraient un bien être extraordinaires. Etre privée de la vue lui permettait de faire fonctionner son imaginaire, et ça la mettait dans un état d’excitation terrible. Des voyeurs devaient être en train de l’observer, elle en était sûre ! Elle les imaginait en train de mater, la queue à la main, bandant pour elle et ça la rendait folle. Alors qu’il l’aidait à se remettre sur le dos, Pierre constata que l’auréole du string s’était élargie, et sourit. Elle était à point… Il se pencha vers son oreille et lui murmura :

« Et maintenant, que la fête commence… Tu vas jouir que cela ne t’est jamais arrivé. Tu rêvais d’être livrée à des mâles en rut ? Et bien soit… Je t’en ai trouvé qui devraient te satisfaire. Tu vas être à eux pour toute la nuit, jusqu’à ce que tu tombes d’épuisement… Cela te convient-il ? »

Le feu du désir dévorait ses entrailles, et c’est dans un cri qu’elle dit le oui tant attendu. Son corps, trop longtemps endormi se réveillait, et réclamait son dû. Le sevrage avait été trop long.

Trois hommes entrèrent dans la pièce. Tous grands et bien bâtis, leur peau huilée mettait en valeur leurs muscles. Jeanne sentit bientôt son corps parcouru de douze mains. Les caresses étaient partout à la fois, ne lui laissant aucun répit. Une langue douce et chaude parcourait sa fente par-dessus le tissu trempé de son string, tandis qu’une bite forçait sa bouche. Pierre était toujours à ses côtés, lui murmurant des paroles rassurantes à l’oreille, et dirigeant la scène.

« Hum, tu aimes ça, hein… Une bite dans chaque main, une dans la bouche… Vas-y, donne-toi petite salope… Libère-toi ! Tu es une jouisseuse, alors profites-en… »

Jeanne n’était plus elle-même. Suçant, branlant, elle était dans un état second. De femme, elle était passée à l’état de femelle en chaleur. Elle projetait son bassin à la rencontre d’un sexe qui se faisait attendre. Dans un râle de poitrine, elle dit

« Je vous en prie, baisez-moi ! J’en peux plus… »

Dans sa tête, elle s’imaginait assaillie par une équipe de football… Ha Marco aimait le foot ! Très bien, elle aussi, mais pas de la même manière ! Ils allaient tous la baiser, même les remplaçants !

Une bite l’envahit jusqu’au fin fond de sa matrice, l’ouvrant en deux, comme elle l’avait rarement été, tandis qu’une autre baisait sa bouche. Ses mains branlaient du mieux qu’elles pouvaient les deux autres membres. D’autres hommes les regardaient, en cercle autour du lit, la bite à la main. Les appels de Jeanne n’étaient pas passés inaperçus, et avaient rameuté les mâles qui passaient par là. Déjà l’homme qui la pilonnait avait cédé sa place à un autre, après avoir craché dans son préservatif. Il vida celui-ci, étalant le foutre chaud sur les seins de Jeanne. Ils se succédèrent ainsi de longs moments, qui dans sa chatte, qui dans son cul, qui dans sa bouche, jusqu’à ce qu’elle demande grâce… Epuisée, elle était à la limite de la défaillance. Pierre renvoya immédiatement tout le monde, et s’occupa de lui couler un bain mousseux. Il la porta dans la baignoire, et pris soin d’elle avec beaucoup de tendresse. Il la lava, la sécha, avant de la coucher. Elle n’avait plus conscience de rien, flottait dans un monde parallèle. Elle était fourbue mais heureuse comme elle ne l’avait jamais été. Pierre la pris dans ses bras pour calmer les derniers soubresauts de son corps, et l’entendit prononcer quelque chose qu’il ne comprit pas…

« Ha quel beau match, on a fini aux tirs au but mon chéri ! »

Mais qu’avait-elle voulu dire ?

Au même moment sous sa tente, Marco râlait…

« Mais qu’est-ce qu’elle a foutu du pack de bière ? Ha ces bonnes femmes, toutes bonnes à rien, j’vous jure ! »

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