A Genoux par Anne-Abigail Lemeunier du Chesne

A Genoux par Anne-Abigail Lemeunier du Chesne

Le parvis écrasé de soleil, puis je me glisse dans l’ombre fraîche.

Silence.

Il n’y a personne, mes premiers pas, encore précipités, résonnent.
Je reprends mon souffle, j’écoute plus attentivement, mon cœur bat.

Personne.

A droite, dans l’ombre plus profonde, le confessionnal, petite lampe rouge éteinte.
Je m’avance, de plus en plus lentement, je m’aperçois que mes mains étreignent mon petit sac à hauteur de ma poitrine, quelle posture empruntée !
Je m’arrête devant le lourd rideau de velours aux trois quarts écarté.
J’ai repoussé mon sac à main sur mon dos, je laisse retomber mes bras le long de mes hanches.
Je suis nue sous ma jupe.
Je sens cette fraîcheur inhabituelle sur mes cuisses, le tissu sur la peau de mes reins.
Immobile, je me sens nue, je suis nue sous ma jupe, mais qui pourrait le savoir ?

Silence.

Je suis seule, je peux ne pas être convenable, par exemple pousser ma poitrine en avant, comme pour montrer mes seins dont je suis fière, accentuant la pression de mon chemisier sur ma peau, nue là aussi, on les voit bien comme cela.
Je peux creuser les reins, pour sentir mes fesses s’arrondir, je suis belle, je sens un frémissement dans le bas de mon ventre.
J’ai envie d’être plus nue que cela, mes doigts cherchent l’ourlet de ma jupe, je n’ose pas, je reste songeuse.
Il devrait arriver bientôt, il faut que je prenne place.
Je fais un pas, baissant la tête, il fait presque noir, parfum de cire, je touche les boiseries.
Je m’agenouille sur le petit coussin de velours.
Je ne peux pas refermer le rideau, on croirait que la confession a commencé alors qu’il n’est pas encore là, la petite lampe est éteinte.
Voilà, ici je suis en sécurité, au creux du secret, où je puis tout confier.
Où je suis acceptée, comprise, où tout me sera pardonné.
Où je suis aimée peut-être ?
Où mes pensées les plus intimes, mes désirs les plus spontanés ne vont pas provoquer une réprobation immédiate.
J’aime l’idée de me confesser.
J’aime ce mot : « me confesser ».
Mes fesses sont nues sous ma jupe.
J’ai envie de me les toucher, ce serait « me confesser » à ma façon.
Ici, je peux peut-être le faire sans que personne ne le voie ?
J’ajuste ma position, écartant légèrement les genoux pour tenir en équilibre sans l’aide de mes mains.
Mes mains sont libres, je les croise dans mon dos.
Ce n’est pas indécent, on pourrait croire que j’attends simplement, dans une position à la fois digne et humble, assez appropriée après tout.
J’attends, j’écoute.
J’ai envie de le faire, personne ne me verra : il n’y a personne.
Si quelqu’un arrive, je l’entendrai et j’aurai le temps de réajuster ma posture.
J’écoute, mes oreilles en bourdonnent presque, je laisse descendre mes mains jusqu’à l’ourlet, je le saisis.
Je respire plus fort, je sens mon cœur battre, je ferme les yeux.
Je remonte lentement ma jupe, je sens la fraîcheur sur le haut de mes cuisses.
Sur le bas de mes fesses maintenant.
S’il y avait quelqu’un ! Quelle honte !
Je ramène mes mains croisées sur mes reins, dans la même position humble et digne, mais mes fesses sont complètement nues maintenant.

Silence.

Je vous montre mes fesses.
Il n’y a personne.
Je creuse le dos pour les arrondir.
Je les tends même en arrière, je suis indécente.
J’expose mes belles fesses blanches mais personne n’est là pour les voir.
Je peux être aussi « effrontée » que je veux.
J’ai envie de l’être, je suis ici pour me confesser.
Regardez mes fesses.
Mes mains redescendent pour les empaumer.
Je me sens défaillante, je respire de plus en plus fort.
Je commence à bouger les mains, je me touche les fesses.
Je me tâte doucement, je me pétris du bout des doigts.
J’ai envie de m’écarter les fesses pour être encore plus exposée.
Mes doigts se glissent entre elles.
Je les écarte un peu, je les presse de nouveau, puis je les écarte encore.
Cela m’excite, j’ai envie, j’ai envie de cela, de m’exposer.
Je me creuse le dos un peu plus, mes doigts s’arriment plus profond, se rencontrent.
Je m’écarte les fesses.
Je m’écarte les fesses complètement, la fraîcheur vient me caresser la raie.
Je suis complètement exposée.
Regardez mon cul.
J’ai envie… J’ai envie …
Mais de quoi ? Comment aller plus loin ?
Je me ressaisis, remets prestement ma jupe en place en ouvrant les yeux.
Il fait bien sombre, mon cœur bat la chamade.
Quand même, il faudra que je fasse attention, je ne suis pas sûre d’avoir bien écouté à tout moment…

Silence.

Je reprends mon souffle, glisse un regard circulaire au dehors.
Qu’est-ce qui a changé dans la qualité de la pénombre ?
Mon sang se glace : la petite lumière rouge est allumée.

fin

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Une réponse à A Genoux par Anne-Abigail Lemeunier du Chesne

  1. Danielle dit :

    Joli texte, tout en petites touches comme un tableau impressionniste !

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